Pas inintéressant non plus, dans Libération, Balanche imagine Deïr az-Zour en point de jonction des forces soutenues par la Russie et de celles soutenues par les Américains ("SDF" dont YPG) contre Da’ich. Ca semble aussi un appel pour une plus grande entente entre Russes et Américains et ce qu’elle permettrait (briser les communications Mossoul-Raqqa de Da’ich).
L’article développe un scénario, présenté comme tel et certes pas impossible, mais il a surtout l’avantage de rappeler le sort de la plus grande ville assiégée en Syrie et de la nombreuse population civile qui s’y trouve encore, ainsi que des durs combats entre l’armée syrienne et Da’ich - tu sais ces deux larrons qui s’entendent secrètement... - qui ont lieu en ce moment :
Deir el-Zor : un pont russo-americain contre l’EI ?
▻http://www.liberation.fr/debats/2016/05/17/deir-el-zor-un-pont-russo-americain-contre-l-ei_1453256
Morceaux choisis :
La situation de la population et de l’armée syrienne, encerclée à Deir el-Zor par l’Etat islamique (EI), au nord-est de la Syrie, est de plus en plus critique. La ville ne peut plus être ravitaillée que par les airs. L’EI accentue sa pression pour reprendre la totalité de la ville avant que l’armée syrienne n’ait réussi à rouvrir la voie terrestre depuis Palmyre. Car il serait pris en tenaille dans le nord-est syrien entre l’armée syrienne et les Kurdes, qui progressent vers Deir el-Zor depuis Hassaké. La jonction des YPG kurdes [branche armée du Parti de l’union démocratique kurde syrien, ndlr] avec l’armée syrienne couperait les communications de l’EI entre Raqqa et Mossoul.
Et :
Mais les assauts répétés de l’EI rendent la situation très précaire à Deir el-Zor. Après un an de siège, les 100 000 habitants de l’enclave ne survivent que grâce aux parachutages de nourritures, car l’aéroport militaire n’est plus accessible aux avions-cargos. L’accentuation des pressions de l’EI sur Deir el-Zor ces derniers mois s’explique par les différents revers qu’il subit face à l’armée syrienne à Palmyre et à l’est d’Alep, mais également vis-à-vis des Kurdes au nord de Deir el-Zor.
A noter que cette tribune est le résumé de cet article que Balanche avait publié sur le site du WINEP :
▻http://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/the-battle-for-deir-al-zour-a-u.s.-russian-bridge-against-the-i
Plusieurs passages ont été supprimés dans l’article pour Libération, dont notamment celui-ci qui soulignait que la reprise des combats à Alep et Lattaquieh a entraîné l’annulation de l’offensive du régime pour réouvrir la route Palmyre-Deïr az-Zour :
Retaking Palmyra was a relatively simple step in the wider, more complicated offensive to break the siege around Deir al-Zour. Led by the capable regime officer Gen. Suhail al-Hassan, efforts to open up the road from Palmyra have been slow. The resumption of fighting in northeastern Latakia and Aleppo forced the army to withdraw some of the troops intended for the Deir al-Zour campaign, and while General Hassan could still reach the city with limited forces, he cannot secure a 300-kilometer corridor without reinforcements.
Pour mémoire cette reprise des combats à grande échelle a été inaugurée par l’offensive d’al-Nousra et de groupes qui se sont alliés à elle au sud d’Alep (offensive de Tall al-’Eiss), comme noté ici il y a plus d’un mois : ►http://seenthis.net/messages/475842