• Israël : Nétanyahou en négociations avec l’extrême droite pour élargir sa majorité
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/05/19/israel-netanyahou-en-negociations-avec-l-extreme-droite-pour-elargir-sa-majo

    M. Nétanyahou a rencontré mercredi après-midi M. Lieberman. Des équipes de négociation ont été formées. L’ancien chef de la diplomatie s’est vu proposer le poste de ministre de la défense. Son entrée au gouvernement permettrait d’élargir de six sièges la coalition. M. Nétanyahou n’aurait plus à se soucier en permanence des petits chantages de certains membres du Likoud.

    Mais cette ouverture déporterait le gouvernement vers l’extrême droite, au risque d’un isolement accru d’Israël sur la scène internationale. M. Nétanyahou deviendrait aussi dépendant du bon vouloir de M. Lieberman, vieil adversaire personnel. Ce serait aussi une nouvelle douche froide pour les pays qui, comme la France, continuent d’agir pour relancer des négociations de paix israélo-palestiniennes, dont M. Nétanyahou ne veut pas. Mardi, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi avait appelé à une reprise du dialogue avec les Palestiniens, en soutenant l’idée d’un gouvernement d’union nationale en Israël. M. Nétanyahou avait salué cette intervention, avant de se tourner vers M. Lieberman dès le lendemain.
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    En revanche, le ministre de la défense, Moshe Yaalon, issu pourtant du Likoud, a fini par exaspérer le premier ministre. M. Yaalon a systématiquement pris la défense de l’état-major, le félicitant pour ses rappels déontologiques. Il a défendu la liberté de parole des hauts gradés. Pour ne pas aliéner cette figure populaire, M. Nétanyahou songerait à lui proposer les affaires étrangères.

    Avigdor Lieberman, lui, était il y a quelques semaines en tête du rassemblement d’extrémistes défendant le soldat Elor Azria, jugé pour avoir abattu d’une balle dans la tête un agresseur palestinien inerte à terre, près d’Hébron. Il n’a cessé de critiquer la politique sécuritaire du gouvernement, face à la vague d’attaques palestiniennes depuis octobre 2015. En mars, l’ancien ministre avait posé dix conditions à son retour au gouvernement. Parmi elles : le rétablissement de la peine de mort pour les terroristes, la fin du contrôle de la bande de Gaza par le Hamas, la reprise des assassinats ciblés de responsables terroristes, la construction de deux mille nouveaux logements dans les colonies en Cisjordanie ou encore l’interdiction des partis à la Knesset promouvant le « terrorisme ».
    Son éventuelle arrivée à la tête de l’armée, la première institution du pays, provoquerait des étincelles. C’est lui qui, juste avant les élections il y a un an, avait suggéré de « décapiter » les Arabes israéliens déloyaux. Mais derrière ces provocations se cache un calculateur ayant faim de pouvoir.