Quand les femmes régnaient sur Hollywood - Télévision

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  • Quand les femmes régnaient sur Hollywood - Télévision - Télérama.fr
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    Elles étaient les reines du monde, et tout d’un coup elles se sont retrouvées dans l’ombre, à servir de script doctor et à retravailler les films d’autres réalisateurs. Certaines ont tout lâché, comme Frances Marion, qui s’est mise à la poterie et à la peinture, et beaucoup ont fini en dépression, dans l’oubli total, avec le sentiment d’avoir été spoliées.

    Depuis, ces femmes ont été largement gommées de l’historiographie officielle.

    C.K. : Ally Acker le dit dans notre documentaire : « L’histoire a été écrite par les vainqueurs. » Et les vainqueurs, en l’occurrence, ce sont les hommes, qui ont commencé à raconter l’histoire du cinéma dans les années 1930-40. Aujourd’hui encore, les femmes n’apparaissent presque pas dans les études sur le sujet. Un livre est sorti récemment sur Lois Weber aux Etats-Unis (3) , mais il n’en existe pas beaucoup d’autres. Et aucun des ouvrages de ­référence américains n’a été traduit en français.

    J.K. : C’est comme si, encore aujourd’hui, quelque chose coinçait. Aux Etats-Unis, lorsque nous montrons notre documentaire à des hommes d’un certain âge, ils ont tendance à penser qu’on en rajoute. On s’entend dire : « Mais c’est quoi encore, ces films de bonnes femmes ! »

    Il existe encore une méconnaissance de cette histoire. A Los Angeles, nous avons été invitées à la projection d’un film restauré de Lois Weber, Shoes, à l’académie des Oscars. La salle était pleine. A la fin, une cinquantaine de femmes se sont levées et ont dit : « Nous sortons d’écoles de cinéma, et nous n’avons jamais entendu parler de Lois Weber. Qui est-elle ? » Cela paraît fou, mais encore aujourd’hui les filières d’apprentissage du cinéma n’enseignent rien, ou pas grand-chose, au sujet de ces femmes.

    Ce documentaire tombe pile au moment où on parle beaucoup du sexisme dans l’industrie hollywoodienne.

    C.K. : Il est déprimant de voir à quel point le fossé s’est creusé. Il a fallu attendre les années 1980 pour qu’une deuxième vague de pionnières émerge. Et aujourd’hui, les femmes sont présentes à Hollywood, mais surtout dans le cinéma indépendant.

    #cinéma #histoire #femmes #historicisation #domination_masculine #misogynie

    • UNE FRANÇAISE DE PREMIER PLAN
      Son nom est tombé dans l’oubli, pourtant le cinéma lui doit beaucoup. Secrétaire employée à la Gaumont à la fin du XIXe siècle, la française Alice Guy (1873-1968) eut très tôt une intuition géniale. Pourquoi ne pas utiliser les petites caméras fabriquées par sa société pour raconter des histoires ? Marquée par la projection de La Sortie de l’usine Lumière (1895), elle convainc son patron, Léon Gaumont, de la laisser — en dehors de ses heures de travail — tourner des saynètes de fiction. Début d’une carrière prolifique, qui va en faire une des personnalités les plus puissantes de son époque.
      Devenue la première femme réalisatrice et productrice au monde, elle prend la tête du département fiction de Gaumont, avant de s’installer aux Etats-Unis et de créer, en 1910, son propre studio, Solax. En l’espace de vingt-cinq ans elle aura lancé des réalisateurs — dont Louis Feuillade —, tourné ou supervisé des centaines de films, dans tous les genres : de la superproduction La Naissance, la Vie et la Mort du Christ au film Les Conséquences du féminisme — inversant les rôles entre hommes et femmes dans l’univers domestique — en passant par des westerns, des mélos... Avant l’ère du cinéma parlant, cette pionnière aura expérimenté la technique du chronophone, enregistrant pour la postérité des prestations de chansonniers ou de chanteurs d’opéra.
      Riche et célèbre, Alice Guy connaît pourtant la déchéance à partir des années 1920. Quittée par son mari, Herbert Blaché, elle termine sa vie seule, ruinée, obligée de se battre pour faire reconnaître la paternité de ses œuvres. Et meurt à 95 ans, oubliée de tous, et en particulier de cet univers du septième art qu’elle a contribué à inventer. Aujourd’hui, les plus cinéphiles s’en souviennent de part et d’autre de l’Atlantique, mais son œuvre est rarement mise à l’honneur. Allô, la Cinémathèque ? A quand une rétrospective ?