Le pacifisme comme pathologie (par Derrick Jensen) – Le Partage

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  • TLAXCALA : Le pacifisme comme pathologie<br><i>Préface à l’édition 2007 du livre de Ward Churchill, « Pacifism as a Pathology »(1986)</i>
    http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=16894

    Ce livre extraordinairement important plonge au cœur d’une des principales raisons pour lesquelles les mouvements cherchant à faire advenir la justice sociale et environnementale échouent. La question fondamentale est ici : la violence peut-elle être un outil acceptable pour contribuer à mettre en place du changement social ? Il s’agit peut-être de la plus importante des questions de notre époque, et pourtant, bien souvent, les discussions à son sujet tournent autour de clichés et d’une sorte de pensée magique : comme si, d’une certaine façon, si nous étions tous assez bons et gentils, l’État cesserait d’utiliser sa violence pour nous exploiter tous. J’aimerais que cela soit vrai. Mais, bien évidemment, ça ne l’est pas.

    Il s’agit d’un livre nécessaire, et plus encore à chaque jour qui passe. Nous sommes vraiment le dos au mur. La culture dominante est en train de tuer la planète. 90% des grands poissons des océans ont disparu. Les forêts amazoniennes pourraient entrer en phase de déclin irréversible dans l’année. Tous les cours d’eau des USA sont contaminés par des carcinogènes. Cela ne devrait pas nous surprendre, étant donné que le lait maternel de la totalité des mères de la planète — humaines et non-humaines — est contaminé par des carcinogènes. Le réchauffement climatique s’accélère, et avec lui la possibilité réelle de rendre cette planète inhabitable pour l’essentiel, et la réponse de ceux au pouvoir est de nous dire que ce mode de vie — ce mode de vie qui détruit la planète, qui commet des génocides contre chacune des cultures indigènes qu’il rencontre, qui dégrade et appauvrit la vaste majorité des humains, qui, véritablement, est basé sur et dépend de chacune de ces choses — n’est pas négociable.

    En même temps, les efforts de ceux d’entre nous qui combattent le système sont insuffisants. C’est manifeste, sinon nous ne serions pas en train de perdre. Les taux de déforestation ne seraient pas en train de continuer à s’accélérer, les océans ne continueraient pas à être assassinés, les peuples indigènes à être massacrés ou expulsés de leurs terres.

    Qu’allons-nous faire ? Avec la planète entière en jeu, il est plus que temps que nous mettions toutes nos options sur la table.

    Il s’agit d’un livre nécessaire, et plus encore à chaque jour qui passe.

    #résistance #non-violence #pacifisme #violence_d'état

    • deux jour plus tard parait un article un peu plus complet sur http://partage-le.com/2015/12/le-pacifisme-comme-pathologie-par-derrick-jensen :

      Mais je vais vous raconter quelque chose de très important : les Juifs ayant participé à l’insurrection du Ghetto de Varsovie, y compris ceux qui se sont lancés dans ce qu’ils pensaient être des missions suicide, ont eu un taux de survie plus élevé que ceux qui se sont pliés. N’oubliez jamais ça.

      La seule solution pour sortir d’une double contrainte, c’est de la briser. N’oubliez jamais ça non plus.

      J’ai repris contact, récemment, avec un vieil ami. Durant les années qui se sont écoulées depuis notre dernière rencontre, il est, apparemment, devenu pacifiste. Il dit qu’il pense possible d’atteindre n’importe qui à l’aide d’un argument suffisamment convaincant.

      « Ted Bundy ? », ai-je demandé.

      « Il est mort »

      « Lorsqu’il était en vie »

      « Okay, j’imagine que non ».

      « Hitler ? » Il est resté silencieux.

      J’ai dit : « Gandhi a essayé. Il lui a écrit une lettre en lui demandant de bien vouloir cesser ce qu’il faisait. Il a été évidemment surpris que Hitler ne l’ait pas écouté ».

      « Je pense toujours », dit-il, « que dans la plupart des cas, vous pouvez parvenir à une sorte d’entente avec les gens ».

      « Bien sûr », ai-je répondu. « La plupart des gens. Mais, si quelqu’un veut ce que tu as, et que cet individu est prêt à tout pour l’obtenir ? » Je pensais aux mots de Red Cloud, Indien Oglala, qui parlait de l’insatiabilité et du comportement abusif des membres de la culture dominante : « Ils nous ont fait des promesses, plus que je ne puis m’en souvenir. Mais n’en ont tenu qu’une. Ils ont promis de prendre notre terre, et ils l’ont prise ».

    • @val_k : Le passage que tu cites fait-il partie des compléments trouvés sur l’article du site « partage-le » ? Je te pose cette question car le passage existe également sur la page de « tlaxcala ».

      Sinon j’ai bien apprécié la vidéo avec Chris Hedges (la pathologie des super-riches).