• La NSA et le Pentagone ont échoué à protéger leurs lanceurs d’alerte

    http://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/05/23/la-nsa-et-le-pentagone-ont-echoue-a-proteger-leurs-lanceurs-d-alerte_4924618

    En 2013, quelques mois avant qu’Edward Snowden ne révèle au monde entier l’existence du système de surveillance de masse d’Internet mis en place par la NSA (l’agence américaine de sécurité) et ses alliés, un enquêteur travaillant pour le Pentagone était poussé à la démission par sa hiérarchie, au terme d’une longue procédure interne. John Crane était spécialisé dans les informations fournies par des lanceurs d’alerte : il était le responsable de la cellule dédiée du Pentagone lorsqu’en 2002, il avait été approché par un autre lanceur d’alerte célèbre, Thomas Drake, lui-même haut placé à la NSA.

    Thomas Drake, régulièrement cité en exemple par Edward Snowden, était très critique vis-à-vis d’un nouveau programme de la NSA, baptisé Trailblazer, un outil d’analyse de données qu’il jugeait à la fois illégal et peu efficace. Il avait donc contacté, avec d’autres collègues, le service dédié aux lanceurs d’alerte internes, pour faire remonter ses craintes. L’enquête avait été confiée à John Crane.

    John Crane, qui s’exprime pour la première fois dans un livre du journaliste américain Mark Hertsgaard, « Bravehearts : Whistle Blowing In The Age of Snowden » (non traduit en français), est convaincu que ses propres collègues du Pentagone ont trahi Thomas Drake au lieu de le protéger, d’abord en fournissant son identité au FBI pour qu’ils ouvrent une enquête, avant de détruire des documents internes qui auraient été utiles à sa défense. Bien que les charges aient été abandonnées contre lui, Thomas Drake est aujourd’hui ruiné, et a vu sa carrière professionnelle s’effondrer. Tout juste a-t-il réussi à trouver un travail dans un Apple Store. « Le gouvernement a passé de nombreuses années à essayer de me briser, et plus je résistais, plus ils se sont montrés cruels », a-t-il témoigné auprès du journaliste.