Crimes de Hissène Habré : HRW prépare un rapport accablant sur le rôle de la France
▻http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/05/31/le-rapport-de-human-rights-watch-qui-pointe-la-complaisance-de-la-france_492
Hissène Habré a été condamné lundi 30 mai à la prison à vie pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre, tortures et viols commis durant sa présidence du Tchad de juin 1982 à décembre 1990. Durant toute cette période, l’ex-dictateur a bénéficié d’une aide importante de la France. Que savait Paris de ses crimes ?
Difficile à déterminer sans l’accès aux archives officielles, que les autorités françaises ont refusé à Human Rights Watch (HRW). « Que cherche à cacher l’Etat français ? », demande l’ONG, qui enquête depuis 1999 sur le système de répression d’Hissène Habré et a préparé deux rapports en voie de finalisation : un premier sur les relations entre le Tchad et les Etats-Unis et un second sur la France, rédigé par Henri Tullier.
En janvier 1983, Hissène Habré instaure par décret la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS). « Cet organisme s’est rendu responsable d’innombrables exactions pendant toute la durée du régime Habré », écrit HRW en 2013 dans son rapport intitulé « La Plaine des morts ». Dès la création de la DDS, Claude Faure, ancien agent de la DGSE, écrit : « Au Tchad, une équipe du service action de la DGSE est détachée auprès de la DDS tchadienne. Les membres de cette équipe ont pour mission de conseiller et de former les personnels de ce service. »
Paris pouvait-il ignorer les pratiques de torture de la DDS ? A son procès à N’Djaména, en 2014, Saleh Younous, premier directeur de la DDS (1983-1987), a déclaré : « Les renseignements venaient de l’extérieur et de l’intérieur. Nous avions une relation très étroite avec la DGSE, la CIA, le Mossad, les services soudanais, etc. (…) La DGSE était très proche de nous. »
« La Plaine des morts »
▻https://www.hrw.org/sites/default/files/reports/chad1013frwebwcover_0.pdf