La cartographie communautaire : Une géographie au service de la résistance

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    Le cas des organisations indigènes latino-américaines (celles surtout de l’Équateur, la Bolivie, le Mexique et la Colombie) est peut-être le plus emblématique en ce qui concerne le changement de discours sur cet imaginaire. En politisant leur identité et en considérant comme un aspect fondamental leur différence ethnique, ceux qui s’identifiaient jusque là comme des paysans vont modifier radicalement leurs discours et leurs stratégies. Ainsi, l’ancien combat pour la terre s’est élargi et il s’est transformé en un combat pour le territoire, l’autodétermination et l’autonomie. Cependant, la revendication de la diversité culturelle (et des territorialités respectives) au sein de l’État ne se limite pas au mouvement indigène : d’autres secteurs urbains, noirs, paysans, cueilleurs (comme les seringueiros du Brésil), ont commencé à se rassembler, à partir des années 80, autour d’un discours qui réclame la reconnaissance ou le respect des revendications d’autonomie territoriale au sein des États nationaux.

    En contact permanent avec ces mouvements et avec les sciences politiques, la géographie a traversé elle aussi une période de réexamen critique, à partir de laquelle la neutralité supposée de la production universitaire et scolaire a commencé à être mise en doute. La « nouvelle géographie » de l’école brésilienne, avec en tête Milton Santos, Carlos Walter Porto Gonçalves ou Rogério Haesbaert, a élargi sa vision des aspects politiques et territoriaux pour cesser de les associer exclusivement à l’État. Le territoire et les rapports de pouvoir ont commencé à être perçus d’un point de vue plus large, à travers les multiples sujets qui partagent l’espace. Le territoire cesse d’être un monopole d’État, la géographie devient un outil pour marquer ou démarquer la terre, pour la ‘graphier’, afin que les groupes subalternes puissent se l’approprier, de façon matérielle et symbolique. C’est pourquoi le territoire n’est pas un fait préalablement établi, mais le résultat d’une lutte d’intensité variable de divers acteurs pour l’appropriation d’un espace déterminé qui est continuellement redéfini.

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