Entretien avec Sébastien Louis après les affrontements entre hooligans anglais et russes samedi 11 juin 2016 à Marseille
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Sébastien Louis est historien spécialisé dans l’étude des supporteurs radicaux, coauteur notamment de Soutenir l’équipe nationale de football (Editions de l’Université de Bruxelles).
Comment décririez-vous ces hooligans ?
Nous avons affaire à une nouvelle génération de hooligans depuis la fin des années 90, venus des pays de l’Est, Russie et Pologne principalement : ce sont des gens qui font des #sports_de_combat, qui s’entraînent quotidiennement. Ils ne prennent pas de drogue, pas d’alcool, ils ont un mode de vie ascétique pour se dédier à ces affrontements. Ils organisent même des tournois en parallèle dans les bois, sur les parkings, des « fights » organisés à 15 contre 15. L’image du hooligan bedonnant qui buvait plus que de raison est dépassée. C’est aussi un problème géopolitique. Ces supporteurs radicaux ont une certaine liberté en Russie, ils sont parfois manipulés par les services secrets qui les encouragent à mener certaines actions violentes.
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Cette situation est aussi le fruit d’une absence de stratégie de la part de la DNLH [Direction nationale de lutte contre le hooliganisme] et de *l’amalgame qui est fait entre #supporteurs, #ultras et #hooligans¨. Les interdictions de stade se sont multipliées – 218 cette année liées notamment à l’état d’urgence –, mais nous avons toujours été dans une politique répressive. Dire que ces incidents sont uniquement le fruit de la consommation d’alcool est une erreur. Il faut se confronter aux supporteurs, dialoguer avec eux, se former dans les conditions les plus difficiles. C’est bien beau de faire des répétitions avec les étudiants, mais quand on se retrouve face à des hooligans russes pratiquant le #MMA, c’est autre chose.