• La Ligne rouge, l’analyse politique de Saïd Bouamama
    La contestation, tant qu’elle reste dans son coin, c’est tolérable. Tant qu’elle reste dans son rôle. C’est-à-dire quand elle est vouée à l’échec. Alors, on la regarde d’en haut, on la snobe, c’est juste le carnaval traditionnel de quelques « privilégiés ». Tant qu’on touche pas à l’outil de production, la condescendance est un peu amusée. Après, les choses rentrent dans l’ordre, la « réforme » passe, et on peut préparer la suivante. Ce petit manège permet de vanter au tout-venant le caractère démocratique des exploiteurs organisés en classe, lesquels n’aiment rien tant que le « dialogue social », la caution des travailleurs au système écrasant qui entend leurs doléances.

    http://www-radio-campus.univ-lille1.fr/ArchivesN/LibrePensee/CHDM160603.mp3
    L’analyse, à partir de la 9 iéme minute.

    Mais lorsque la contestation fait un pas de côté, sort du cadre réglementaire, contrevient aux convenances établies, brusque les calendriers, franchit la ligne rouge, quand, en bref, elle s’en prend à l’outil de production, à la propriété privée, alors, toutes les règles élémentaires de la politesse de classe volent en éclats.
    http://www.campuslille.com/index.php/entry/la-ligne-rouge
    La contestation est « réactionnaire » (sic). La contestation est « terroriste ». Les coups pleuvent, les calomnies, les chantages, les menaces, et soudain, la bourgeoisie, si policée dans l’exercice du bavardage démocratique, devient grossièrement policière. Et rien ne ressemble plus à un flic qu’un voyou. Gattaz devient vulgaire, Hollande est dégueulasse, Valls est brutal, Macron ordurier, Berger sordide, et l’éditorialiste mondain prend ses rêves de milicien pour la réalité de demain. On parle d’interdire les grèves, les manifestations, la CGT... Il a suffi qu’on dépasse un peu leurs bornes pour voir que derrière la quiétude bourgeoise de la vieille République, se tapit le grand méchant loup du Capital, prêt à toutes les violences, prêt à casser toutes ses vitrines « sociales » pour conserver le dessus.

    Désormais les choses sont claires : dans ce système, nous ne sommes plus en sécurité. Chaque coin de rue peut devenir un guet-apens. A la nuit tombée, on peut se faire détrousser par la première « réforme » venue. Le type en costard qui croise notre chemin est peut-être l’assassin. Les bruits de bottes qui se rapprochent, c’est peut-être pour nous...

    (Parce que notre ligne est rouge, et que par conséquent nous sommes des voyous, nous allons bloquer notre antenne ce mercredi, en compagnie de notre camarade Saïd Bouamama. Rejoignez-nous ! Plus on est de voyous, plus on rit !)
    Source : http://www.campuslille.com/index.php/entry/la-ligne-rouge
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