Achille Mbembe : « La France peine à entrer dans le monde qui vient » - Libération
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Les temps sont propices, pour les pays européens, à redéfinir les paramètres non plus de l’universel, mais de ce qui nous est commun en cet âge planétaire. A cause de sa très riche et complexe histoire, la France pourrait, si elle le voulait, contribuer à une compréhension inédite des enjeux nouveaux liés à notre condition terrestre. Ce que l’humanité a désormais en commun, c’est le fait que nous sommes appelés à vivre exposés les uns aux autres, et non enfermés dans des frontières, des cultures et des identités. C’est le propre de l’humain, mais c’est aussi le cours que prend désormais notre histoire avec d’autres espèces sur cette Terre. Vivre exposés les uns aux autres suppose de reconnaître qu’une part de notre « identité » s’origine dans notre vulnérabilité. Celle-ci doit être vécue et entendue comme un appel à tisser des solidarités, et non à se forger des ennemis. Malheureusement, tout cela est trop compliqué pour le tempérament de notre époque, portée qu’elle est vers des idées toutes faites. Plus notre monde se complexifie, plus nous avons tendance à recourir aux idées simples.