• À contre-courant | À La Une | L’Orient-Le Jour
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    Quand les Beyrouthins, jusqu’alors relativement épargnés par les coupures électriques, ont le terrible sentiment d’un retour en arrière dans le quotidien des années de guerre.

    Bien sûr, nous avons eu des guerres qui dans nos souvenirs ne prennent aucun répit. À chaque panne de générateur nous rejoignons de mémoire ces temps obscurs où le chuintement du Lux était notre seul fond sonore. Les cartouches bleues se faisant parfois rares, nos tiroirs étaient pleins de ces bougies blanches de mauvaise qualité, destinées aux églises, et qui ont laissé sur nos murs de longues auréoles de suie. La paix venue, ce fut d’ailleurs un crève-cœur de ripoliner ces évidences de nos angoisses et de nos espérances, de nos veillées de traqués, de notre parenthèse sauvage. Bien sûr quand l’#électricité manquait, l’eau, allant de pair, désertait nos canalisations. Il fallait laisser le robinet ouvert et poser dessous une bassine, de préférence métallique pour être alerté par le bruit si le flot surgissait en pleine nuit. L’ascenseur, il y avait longtemps qu’on avait renoncé à l’attendre. Depuis le jour où il avait fallu y passer la nuit. Se chauffer n’était pas une option. On n’avait qu’à ajouter des couvertures pour dormir. Dans la journée, même à l’intérieur, on gardait son manteau. Son chapeau si affinités. Parfois on se parlait en faisant de la buée et les enfants se tordaient de rire. Ainsi équipé, on avait toujours l’air prêt à partir. Ce qu’on était. Mais on ne partait pas.

    Et la caricature du jour est au diapason :

    Pour ceux que cela interpelle, un témoignage littéraire méconnu sur cette période : Balcons et abris, de Dalia Fathallah : voir http://rumor.hypotheses.org/259
    #Liban