• « Elle » fait bander les critiques ; il est à gerber | Delphine Aslan
    http://www.huffingtonpost.fr/delphine-aslan/elle-fait-bander-les-crit_b_10253466.html

    Vous, peut-être pas, mais nous, quand on voit une meuf qui se fait violer au cinéma, on a envie de l’aider, pas de regarder ses seins. Mais les critiques semblent tous s’identifier au violeur, et non à la victime. C’est peu dire que la volonté du réalisateur d’érotiser le viol semble avoir fonctionné !
    C’est peut-être ça aussi, un des problèmes du cinéma français : ses critiques. Hermétiques au concept apparemment abstrait de consentement mutuel dans les relations sexuelles, ils préfèrent voir une fumeuse célébration de l’amoralité et de la transgression quand ils assistent à des scènes de viols à répétition.

    #culture_du_viol

    • Diglee en parle aussi sur son blog
      http://diglee.com/le-coup-de-poing-dans-la-gueule-presque-un-mercredi-soir

      J’ai pleuré de découragement en sortant du très très mauvais film, « Elle », visionné dans l’après midi (je ne pouvais pas faire plus à propos…) qui parle d’une femme bourgeoise qui se fait violer dès la scène d’ouverture par un inconnu cagoulé qui pénètre chez elle par effraction… et qui finalement aime ça et en redemande, tombant sous le charme de son agresseur, d’abord sans le savoir, puis en le sachant très bien.
      Le film rend le viol totalement anecdotique, un détail qui ne la fragilise pas outre mesure et disparaît bien vite au profit d’un jeu sexuel volontairement dérangeant, et fait de surcroît passer l’héroïne pour une tordue, ELLE, d’aimer ça quand celui qui la viole passe pour un simple « torturé ».
      J’en passe sur ce film qui est une vision bien romancée et masculiniste du viol (et pourtant, j’avais aimé Basic Instinct. Je ne partais pas braquée, je l’attendais même beaucoup).
      Pas étonnant que le film soit en sélection officielle pour Cannes, qui a choisi un film de Woody Allen pour ouvrir le festival… HEM.

    • Alors voilà, lisant ton message, je m’étais dit est-il vraiment intéressant d’enfoncer encore des clous dans le cercueil de ce l’on appelle la critique cinématographique en France, d’autant que le problème a été réglé une mauvaise fois pour toutes il y a une quinzaine d’années, il y avait eu une très belle opération de muselage de ce qui pourtant était assez inoffensif, pour tout dire, la profession du cinéma trouvait les critiques de Téléàpapa trop incisives et on avait invité les critiques à faire leur mea culpa, les pauvres ne se rendaient pas compte qu’à force de critiques qui contenaient encore des morceaux critiques, même très émoussés, ils mettaient en danger toute la profession du cinéma français.

      Hier soir un dysfonctionnement de l’éclairage dans une des salles du Mélies à Montreuil a fait que le film que je voulais aller voir A war de Tobias Lindholm ― n’était pas visible, et donc le seul choix à la même heure était cette saloperie d’Elle de Paul Verhoeven. Je me suis dit, allez comme ça je saurais au moins de quoi je parle.

      Ben je n’ai pas été déçu, j’en suis parti à un peu moins de la moitié sans doute, je crois que c’est la troisième fois de ma vie que je ne regarde pas un film jusqu’au bout en salle, ce qui veut dire que je suis même resté au bout de deux ou trois films de Xavier Nolan que j’ai vus, c’est pour vous dire que je suis quand même hyper tolérant et drôlement patient comme gars.

      Franchement je ne sais pas par quel bout commencer. Tant ce film est mauvais, mais au-delà même du mauvais, les acteurs de ce film à l’exception peut-être de la courte apparition de Vilma Pons en prof de yoga décontractée, les acteurs sont en bois, ils sont mal dirigés, je pense par exemple qu’il doit être possible d’obtenir quelque chose d’acteurs comme Anne de Consigny ou Charles Berling, voire d’Isabelle Huppert, Michael Hanecke, lui, y arrive et que là c’est justement impressionnant à quel point ils n’ont pas l’air d’y croire eux-mêmes. Il est étonnant de voir que c’est assez systématique de constater que des acteurs et des actrices français tueraient père et mère pour être dirigés par des cinéastes américains alors qu’ils pourraient l’être, peut-être pour moins cher, par d’excellents metteurs en scène français.

      Toutes les situations du film suintent le toc, le fabriqué et surtout le stéréotype, mais pas n’importe quel stéréotype, celui que les Américains se font de façon systématique de la France, (Ah la France toujours…) et qui bien sûr regardent surtout du côté de leurs amis fortunés. Dans un film américain tourné en France, tout se passe de grands appartements parisiens. C’est-à-dire dans la portion sociologique des 1% des personnes les plus riches du pays.

      L’intrigue est construite n’importe comment, on aménage les pièces seulement quand on en a besoin, ah putain oui, c’est vrai, de temps en temps il faut laver ses habits, vite on construit une buanderie (la scène d’échange bref du personnage de Michelle avec la sage-femme qui vient de faire accoucher sa belle-fille est assez illustrative, tout d’un coup le personnage interprété par Anne de Consigny a mis au monde un enfant mort-né, et elle a allaité le fils de Michelle, ça pourrait servir et ça expliquerait bien des choses et tout est l’avenant). La scène du repas de Noël est affligeante c’est d’ailleurs elle seule qui a fini par motiver mon départ à mi parcours, je n’avais même pas envie de savoir qui était le violeur, je m’en tapais depuis le début de toute manière et j’imagine que c’est un truc tordu, du genre, c’est elle-même qui s’envoie des fichiers menaçant et qui a engagé un des gigolos de sa mère pour se faire violer ou même son fils qui n’est pas vraiment son fils, le truc capillotracté du réalisateur pas doué mais qui veut jouer au plus malin.

      Question fantasme c’est évidemment du court de chez court, trois fois la même scène du viol nous est remontrée avec une variante fantasmée encore plus violente que les autres, et naturellement, le personnage de Michelle ne demandait en fait que ça on l’a bien compris vous-mêmes vous le saviez peut-être pas, mais en fait les femmes ne demandent qu’à se faire violer, elles font semblant que non pas du tout, mais en fait si, les femmes sont d’une perversité, vous n’avez pas idée, vous n’avez qu’à voir le décolleté de Michelle le jour de Noël, une ou deux semaines après son viol, si ce n’est pas incitatif ça, alors je ne sais pas ce qu’il vous faut , d’ailleurs on voit bien que quand son ami-amant, mari de sa meilleure amie, vient dans son bureau pour se faire traire quelques jours après le viol, pas de problème elle est obligeante, et pareillement une semaine ou deux après le viol, elle ne pense qu’à se branler en matant à la jumelle le beau voisin, dont d’ailleurs elle se demande si d’aventure il ne serait pas son violeur, Paul Verhoeven est vraiment un pauvre type, un branleur pour lequel le fin du fin en matière de sexualité c’est un show de strip tease à Las Vegas (voir showgirls , tiens c’est un des deux autres films que je n’ai pas regardés jusqu’au bout).

      Que Paul Verhoeven soit un pauvre type, un branleur, dont le seul mérite aura été le caractère décalé et anti américain de Starship Troopers (et dont il aura lutté pendant des années depuis, pour tenter de nous convaincre qu’il ne l’avait pas fait exprès, ce en quoi il dit sans doute la vérité), oui, tout cela est su, en revanche, effectivement, la critique dans son emballement à assurer la promotion de ce genre de saloperies a assez clairement montré son ignorance crasse, son absence de jugement et de discernement et aussi son manque de culture cinématographique, parce que naturellement, ce film en plus d’être très con est le collier, dans lequel ont été enfilés un grand nombre de clichés qui viennent de mille autres films, pas tous bons en plus.