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  • Sainte-Soline : après les blessures, la peur de l’#hôpital | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/france/060423/sainte-soline-apres-les-blessures-la-peur-de-l-hopital

    De nombreuses personnes blessées à Sainte-Soline lors de la manifestation contre les mégabassines le 25 mars ont fui les hôpitaux les plus proches par peur de se faire arrêter ou ficher par la police. Le procureur de la République a fait saisir les noms des blessés graves ainsi que les vêtements d’un manifestant hospitalisé.
    Jade Lindgaard
    6 avril 2023

    Deux nouvelles plaintes ont été déposées par des personnes blessées dans la manifestation contre la mégabassine de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) du 25 mars, a annoncé mardi 4 avril le procureur de la République à Rennes. 

    Un homme grièvement blessé au pied par l’explosion d’une grenade porte plainte contre X pour des « violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente », aggravée par la circonstance d’avoir été « commise par une personne dépositaire de l’autorité publique avec usage ou menace d’une arme ». L’autre procédure, que Mediapart n’a pas pu consulter, concerne une femme de 19 ans souffrant d’un polytraumatisme facial très important et de blessures aux jambes. Son interruption temporaire de travail (ITT) a été provisoirement estimée à cent jours, indiquant un diagnostic médical lourd.
    Dix jours après le rassemblement, le bilan du nombre de blessé·es est toujours contradictoire entre les autorités et le gouvernement. La préfecture décompte seulement sept prises en charge médicales parmi les manifestant·es – dont deux journalistes, dans son rapport faisant office de bilan. Alors que les Soulèvements de la Terre annoncent environ 200 blessé·es. Au total, 47 gendarmes ont subi des dommages physiques, selon le procureur de la République de Niort, dont au moins 18 souffrent de traumatisme sonore – sans doute lié aux innombrables grenades ayant explosé autour d’eux. 

    Une liste fournie par l’organisation de la manifestation à partir des informations réunies par les medics, ces militant·es prodiguant des soins, révèle une grande diversité de blessures : des brûlures sur les membres, des plaies profondes ou superficielles, des éclats de grenades, des hématomes, acouphènes, douleurs gastriques, crises de panique, des fractures. Certaines semblent sérieuses : « trauma cervical et crânien. Trouble neuro ? », « plaie mollet profonde taille d’un œuf », « volumineux hématome œil droit et plaie pommette », « plaie profonde et délabrante avant-bras droit », « éclat d’obus grenade, plaie 3-4 cm, ronde avec nécrose et perte substance fesse droite », « surdité oreille gauche », « plaie œil éclats de verre », « plaie par arrachement de nez », « trauma crânien + signes d’engagement cérébral ». Les cas d’environ 150 personnes y sont résumés, à côté de la cause supposée de leurs maux : « grenade », « probable tir LBD », « impacts LBD + grenade », « éclatement très proche d’une grenade assourdissante ». 

    S’y ajoutent « plusieurs dizaines d’acouphènes », avec perte d’audition dans certains cas, plus d’une trentaine d’appels de détresse psy et des dizaines de plaies superficielles et brûlures. Où sont passées toutes ces personnes ? Pourquoi ne les a-t-on pas retrouvées dans les hôpitaux de la région ? 
    « Par peur de la répression, on a fait en sorte qu’un maximum de blessés ne passent pas par l’hôpital, explique A., ambulancière militante lors du rassemblement. On leur explique les risques et les bénéfices à être hospitalisés s’ils sont vus comme des “casseurs” » : interpellation, garde à vue ou soins de moins bonne qualité, selon elle.
    En octobre 2022, lors d’une précédente manifestation à Sainte-Soline, elle a vu une personne blessée à la tête, avec le plancher orbital fracturé, en cours d’évacuation par les pompiers, se faire interpeller par des gendarmes qui sont montés à bord du camion. « Ce n’est pas nouveau, pendant les mobilisations contre la loi Travail et les “gilets jaunes”, la police est venue chercher des gens à l’hôpital. Je trouve ça ignoble d’arrêter une personne qui souffre. » Plusieurs personnes ont été placées en garde à vue pour être auditionnées lors du précédent rassemblement contre les bassines, mais une seule est actuellement poursuivie. 

    Le 25 mars, « la plupart des personnes qu’elle a transportées ou soignées ont exprimé leur inquiétude à l’idée d’aller à l’hôpital le plus proche », ajoute la medic, qui précise que les transferts vers l’hôpital de Niort, jugé hostile aux manifestant·es, avaient d’emblée été exclus. Des blessé·es ont préféré faire plusieurs heures de route vers d’autres établissements.
    C’est le cas de Julien*, 25 ans, blessé au pied par une grenade GM2L, à la fois lacrymogène et explosive, selon lui : « Je l’ai vue me tomber sur le pied. » Cela fait environ une heure que les manifestantes et manifestants sont entrés dans le champ entourant la bassine de Sainte-Soline. « Les gens commençaient à refluer, de dos à la police, et je venais de retrouver des amis. On discutait en repartant. Et ma chaussure a volé en éclats. » Des personnes le portent, des medics le prennent en charge mais ne parviennent pas à retirer sa chaussure. Il perd plusieurs fois connaissance et attend plus d’une heure au bord du chemin où ont été réuni·es d’autres blessé·es, jusqu’à ce qu’un habitant le ramène au campement, avec deux autres blessés au pied. « Et là, c’était la guerre : des personnes sur des brancards, du sang, des gens qui crient. Il y avait de vrais médecins et infirmiers. Une phrase m’a marqué : “Prends un seul gant, on n’en a pas assez.” »
     
    Même si demain je perds une main, je me fais exfiltrer et je ne vais pas à l’hôpital de Niort.
    Camille, manifestant à Sainte-Soline le 25 mars 2023.

    Une fois les plus gros éclats retirés de son pied et une injection de morphine faite, le soignant lui dit qu’il doit aller à l’hôpital dans les prochaines heures. « Je ne voulais pas la double peine de l’hôpital et de la garde à vue. Après discussion avec ma petite équipe, on décide de rentrer et que j’irai à l’hôpital vers chez nous. » À 400 kilomètres de là. Ce choix de « s’exfiltrer » n’était « pas agréable ». « Je savais que je partais pour cinq heures très inconfortables. Il y a un seuil de douleur colossale. Mais je ne regrette pas. Pour éviter le fichage, c’était la meilleur décision. » Sur la route du retour, surgit la crainte d’un contrôle policier. « J’ai mis un manteau sur mes jambes, comme si j’avais froid. » Comme dans un film, comme « après un braquage » et « qu’il faut chercher un vétérinaire pour retirer une bastos ». Dix jours après, il dit que « c’est taré en France de faire 400 kilomètres pour se faire soigner et éviter les flics ». Finalement opéré, il s’en sort bien : les tendons du pied n’ont pas été touchés, il pourra marcher. 
    « Pour moi, même si je suis blessé, je vais attendre d’être de retour dans ma ville pour me soigner », affirme Faouzy*, un jeune manifestant de Sainte-Soline, quelques jours après. Même point de vue pour Camille*, qui lui aussi était en première ligne : « Même si demain je perds une main, je me fais exfiltrer et je ne vais pas à l’hôpital de Niort. À moins d’une urgence vitale, à part si je suis en train de crever, je ne vais pas à l’hôpital le plus proche. » 
    Un organisateur du rassemblement se souvient d’avoir vu une jeune fille blessée à la fesse pleurer car elle ne voulait pas aller à l’hôpital. A. se souvient qu’elle avait perdu son entourage et se trouvait seule. Des personnes se sont finalement portées volontaires pour la conduire chez elle. 
    Camille*, 30 ans, en formation pour devenir agriculteur, a reçu un projectile à l’arrière du genou alors qu’il tournait le dos aux gendarmes. Résultat : « une plaie superficielle de la taille d’une balle de tennis, et un bleu de 10 centimètres en dessous du genou à 10 centimètres au-dessus ». Pris en charge par des medics pendant les affrontements, il ne s’est pas rendu à l’hôpital. « On m’a conseillé d’y aller mais je me suis dit que ce n’était pas suffisant comme blessure. Le soir, au camp, ma plaie a été désinfectée. » Et maintenant ? « J’ai boîté pendant cinq jours. Là, ça fait dix, ça ne cicatrice pas et ça fait de nouveau mal quand je désinfecte. » Les images de Sainte-Soline le hantent-il depuis ? « J’ai subi des violences quand j’étais jeune. Ça ne me fait pas grand-chose. Je n’y ai pas spécialement pensé. » 

    Marc*, 28 ans, en formation paysanne, a eu les tympans abîmés par des grenades qui ont explosé « pas loin » de son oreille. « J’ai eu tout de suite un acouphène. On n’entend plus rien pendant plusieurs secondes. » Au bout d’un moment en première ligne de la manif face aux gendarmes, malgré ses protections, il n’en pouvait plus : « Ça pétait trop autour de moi. J’ai eu un élan : “Il faut partir sinon tu peux mourir.” »
    Il ne s’est pas rendu aux urgences sur le moment car il a « eu le sentiment qu’il y avait tellement de blessés graves que [s]a blessure ne l’était pas tant ». Depuis il a « une douleur un peu tout le temps présente » au niveau du tympan de ses deux oreilles : « Je le sens plus si je suis fatigué. » Il a pris rendez-vous chez un médecin, aucun ORL n’étant disponible dans l’immédiat. « Je vis en campagne. Pour trouver un spécialiste, c’est compliqué. »
    Dix jours après, l’impact émotionnel se fait toujours sentir. « J’espère que je n’aurai jamais à revivre ça. J’ai ressenti beaucoup de colère et des sentiments négatifs. » Selon un chercheur présent dans la manif, qui travaillait comme psychologue clinicien auparavant, beaucoup de militant·es présentent des symptômes de stress post-traumatique. Un groupe psy a été monté pour que les manifestantes et manifestants sachent qui appeler en confiance. Dix jours après la manifestation, une trentaine d’appels de détresse ont été reçus, selon les Soulèvements. 
    D’après les militant·es, entre 20 et 30 personnes ont dû être hospitalisées, dont un bon nombre sont entrées à l’hôpital sous X, c’est-à-dire sans donner leur identité. Ce chiffre correspond à celui donné par le Samu de Niort : 27 blessé·es ont été répertorié·es dans le système d’information hospitalier SI-VIC, déclenché lors d’événements graves, qui renseigne sur l’identité des patients et patientes, et sur leur prise en charge. SI-VIC est interconnecté avec l’outil des pompiers Sinus, sous l’autorité du ministère de l’intérieur. En 2019, Le Canard enchaîné avait révélé que les hôpitaux parisiens avaient fiché des personnes blessées pendant les manifestations des « gilets jaunes », et répertorié leurs blessures.
    Mais l’information était encore insuffisante pour le procureur de la République de Niort, Julien Wattebled, qui a réquisitionné auprès de plusieurs hôpitaux la liste des blessés graves. La section de recherche de la gendarmerie de Poitiers est chargée de mener les investigations visant à déterminer l’état de santé des blessés, les circonstances dans lesquelles les blessures sont intervenues et l’intervention des secours. Certaines personnes s’étant présentées spontanément dans des centres hospitaliers d’autres départements, le parquet a également demandé des recherches « pour vérifier si un lien peut être établi avec les manifestations du week-end »
    Un officier de police judiciaire a demandé à la cadre de la clinique, de garde à ce moment-là, de lui remettre les vêtements du patient.
    Est-ce une façon d’enquêter sur les blessé·es en vue de les poursuivre ? Sollicité par Mediapart, Julien Wattebled répond qu’« au regard du décalage très important entre le nombre de blessés pris en charge par le Sdis [les pompiers – ndlr] et le Samu, et le nombre de blessés avancé par les organisateurs, [il a] lancé des investigations pour obtenir des données objectives et consolidées, et établir le bilan des personnes blessées à Sainte-Soline »

    Mais ne s’agit-il que de compter les victimes ? Le 27 mars, deux jours après la manifestation, un blessé hospitalisé à Poitiers a fait l’objet d’une réquisition dans sa chambre d’hôpital. Un officier de police judiciaire a demandé à la cadre de la clinique, de garde à ce moment-là, de lui remettre les vêtements du patient. « Cette personne a pris ses affaires et les a apportées dans une pièce où se trouvait la #police, qui les a triées, a pris ce qu’elle voulait et photographié le reste », décrit son avocate Chloé Chalot, qui se trouvait sur place. Elle se déclare « scandalisée par la démarche de la section de recherche de Poitiers, dont la première réaction face à une personne risquant de perdre l’usage de son pied et sous le choc est de faire immédiatement procéder à une perquisition dans sa chambre d’hôpital, sans aucune précision ou explication »
    Pour le parquet de Niort, « c’est une saisie classique d’éléments de preuve dans le cadre des enquêtes ouvertes, y compris en recherche des causes des blessures graves ». Sollicités sur la compatibilité de ces réquisitions avec le respect du secret médical et de la qualité des soins, ni le #CHU de Niort ni celui de Poitiers n’ont répondu à nos questions.

  • 🛑 Passages à tabac, intimidations... Les écologistes pris pour cible

    De nombreux écologistes – militants, écologistes, élus... – sont attaqués ces derniers mois. Une flambée de violences attisée par l’État.
    C’est un sinistre feuilleton. Depuis quelques mois, les agressions contre les défenseurs de l’environnement se multiplient. Il y a les violences perpétrées par l’État, comme celles vécues par les militants antibassines à Sainte-Soline le week-end du 23 mars. Mais pas uniquement. Des pêcheurs, des agriculteurs, des chasseurs... attaquent ou intimident militants, élus ou journalistes écologistes (...)

    #écologie #violences #intimidations...

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  • Sainte-Soline : les autorités pistent les manifestants grâce à un produit invisible
    Reporterre | Par Marie Astier 5 avril 2023
    https://reporterre.net/Sainte-Soline-les-autorites-pistent-les-manifestants-grace-a-un-produit-

    Après la manifestation de Sainte-Soline, pour la première fois, deux personnes ont été interpellées sur la base de « produits de marquage codé », invisibles à l’œil nu et persistants sur la peau et les vêtements.

    Une toute petite tache sur la main, révélée par une lampe à UV. C’est ce qui a poussé la gendarmerie à mettre deux personnes dont un journaliste en garde à vue, dimanche 26 mars. Ils étaient présents à la manifestation de la veille, le samedi, contre les mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) (...)

    #UV #PMC = produit de marquage codé
    #mégabassines #méga-bassines
    #Sainte_Soline #Soulèvements_de_la_Terre #No_Bassaran

  • 🛑 Sainte-Soline : les autorités pistent les manifestants grâce à un produit invisible... - Reporterre

    Après la manifestation de Sainte-Soline, pour la première fois, deux personnes ont été interpellées sur la base de « produits de marquage codé », invisibles à l’œil nu et persistants sur la peau et les vêtements (...)

    #SainteSoline #ViolencesPolicières...

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  • Je suis en désaccord avec ce texte : Le moment est critique, tenons bon , par Corinne Morel Darleux
    https://reporterre.net/Le-moment-est-critique-tenons-bon

    L’idée que Corinne Morel Darleux défend (et a somme toute toujours défendu) est qu’

    Il s’agit de faire, sans attendre, avec le déjà-là

    Qu’il s’agit de

    passer du registre revendicatif au registre performatif, tout en évitant le piège de l’avant-garde éclairée.

    Elle précise :

    « Initiés par chaque homme et chaque femme, ici et maintenant » ; je crois que c’est ce dont nous avons besoin : un changement de perspective qui puisse mettre en mouvement des individus sans attendre que les conditions soient réunies.

    Cela passe par des mouvements collectifs comme Les Soulèvements de la Terre. Cela passe aussi par l’acquisition de connaissances et compétences pour faire soi-même, comme le proposent les chantiers de Reprise de savoirs, l’Atelier paysan, les initiatives low-tech ou les Universités populaires. Cela passe par le soin, les liens affinitaires et de proximité pour s’entraider sur les territoires à partir d’un vécu commun. Cela passe aussi par tout ce qui permet de réduire nos dépendances au système, au pétrole et à l’électricité, à traquer chez soi comme dans la société. Cela passe enfin par le fait d’observer, écouter, décrypter et politiser nos émotions.

    Nous ne sommes pas en guerre, eux le sont.

    Or, pendant ce temps-là, la classe capitaliste pouffe, saccage ce qui reste et prépare la Troisième guerre mondiale.

    La vérité, me semble-t-il, c’est que si à la guerre que mène le capital le monde du travail ne répond pas par les armes de la guerre totale, le monde et l’humanité sombreront dans l’abîme.

    Il ne s’agit pas de construire des îlots de résistance au milieu du saccage généralisé, il s’agit de se donner les moyens de passer à l’étape suivante de l’histoire de l’humanité : l’émancipation de l’humanité au travers de l’émancipation des travailleurs, c’est-à-dire par la révolution sociale des opprimés, des exploités, s’opposant aux exploiteurs.

    C’est la seule condition d’un changement véritable et permanent, le seul préalable : mettre un terme à l’organisation capitaliste de l’économie.

    Le capital a fait son temps, il faut l’achever sans faiblesse ni pitié.

    Le reste n’est que dérisoire et, au fond, sans autre effet "performatif" que sur la conscience d’une petite-bourgeoisie en quête de réconfort illusoire.

    Nous hériterons de tous les problèmes que l’organisation capitaliste aura crées et amplifiés, et il s’en créera des nouveaux, peut-être plus complexes encore, mais l’humanité ne pourra les prendre à bras le corps, les régler consciemment, qu’en se débarrassant définitivement de ce monde basé sur la seule loi du profit et qu’en mettant la propriété collective des moyens de production sous le contrôle démocratique des travailleurs eux-mêmes.

    Car comment autrement permettre à l’humanité de prendre en compte de façon rationnelle la totalité des paramètres ?

    Comment autrement soumettre la production à un plan commun d’organisation répondant aux besoins de la population sans détruire la planète et, en économisant au maximum les ressources

    Comment autrement mettre fin à l’impérialisme, aux guerres, aux aux intérêts concurrents des trusts – et notamment aux intérêts des multinationales de l’agro-alimentaire ?

    Comment autrement convertir les dépenses d’armement de l’industrie de mort en fabrication de biens utiles aux populations ?

    Comment autrement rendre partout la vie de l’homme de moins en moins précaire, et de plus en plus riche à tous les niveaux ?

    Donc, pour commencer, non pas de vivre « comme si nous étions déjà libres » ni « empêcher que le monde se défasse », mais créer l’armée qui liquidera le capitalisme et se préparer à une guerre totale.

    Oui, parlons de « liens affinitaires et de proximité pour s’entraider sur les territoires à partir d’un vécu commun », mais pour désigner la conscience d’appartenir à la seule classe internationale en position de renverser les rapports sociaux, pour désigner cette « conscience de classe » qui se forge dans les luttes du prolétariat au mépris des divisions qui l’affaiblissent encore aujourd’hui.

    Tout dépendra de l’issue de cette guerre de classe, et de cela seulement.

  • Philippe Descola : « Darmanin fait de la vieille politique au service du vieux monde »
    https://reporterre.net/Philippe-Descola-Darmanin-fait-de-la-vieille-politique-au-service-du-vie

    Non, on ne peut pas dissoudre des idées. C’est une profonde lame de fond qui touche notre société. S’y opposer est un combat d’arrière-garde. Il est illusoire de croire que l’on peut stopper un mouvement comme Les Soulèvements de la Terre. Il est trop diffus, trop collectif, trop multiple et insaisissable. Il relie autour de lui des associations, des naturalistes, des syndicats.

    Permettez-moi même un parallèle. C’est comme en 1789, au moment de la révolution française. On ne pouvait pas dissoudre le Tiers État. C’était un mouvement de protestation trop vaste qui gagnait les villes et les campagnes et qui répondait à une situation intolérable. Aujourd’hui, il se joue quelque chose d’aussi profond, des milliers de personnes bifurquent et désertent. C’est faire beaucoup d’honneur à des intellectuels que leur imputer la responsabilité de ces mouvements, qui naissent de la lucidité de milliers de personnes ouvrant les yeux sur le monde qui les entoure.

    • maramara.ravi via instagram :

      L’article de Descola commence cependant par une idée qui me semble trop optimiste : il semble penser que Darmanin croit à son propre discours, agit en fonction de ses idées, « pense » en croyant aux idées, comme un intellectuel. Or, les multiples mensonges de Darmanin montrent que ce n’est pas le cas - son « eco-terrorisme » est une invention du pouvoir, instrumentale, il le sait. Ce n’est pas une bataille d’idées, c’est un rapport de force, et en tant que tel il n’a rien de vieilli ou de dépassé. C’est pourquoi je partage d’autant plus vos inquiétudes pour l’avenir.

    • Merci, je vais aller voir par là.

      [Edit]

      http://revueperiode.net/la-nature-du-capital-un-entretien-avec-jason-w-moore

      KA : très vite dans le livre vous vous référez à l’observation de Marx selon laquelle l’industrialisation transforme « le sang en capital ». Vous poursuivez en parlant de la terrifiante conversion du travail de toutes les formes de nature en valeur. Historiquement, quelles sont les formes de nature que le capitalisme s’est appropriées et comment qualifieriez-vous sa tendance actuelle à l’égard des natures non encore exploitées ?

      JWM : Le capitalisme est un système étrange car il n’est pas anthropocentrique au sens où les écologistes entendent ce terme. Il est anthropocentrique en un sens étroit, quand on considère le travail humain à l’intérieur du système marchand, c’est-à-dire en tant qu’il est basé sur l’exploitation : le travailleur travaille quatre heures pour toucher son propre salaire et entre quatre et dix heures supplémentaires pour le capitaliste. C’est la dimension sur laquelle insistait Marx, mais il avait également perçu l’existence d’un ensemble de dimensions plus large.

      Le capitalisme traite une partie de l’humanité comme sociale – celle qui existe à l’intérieur du rapport monétaire, et s’y reproduit. Cependant – et il s’agit là d’un aspect moins intuitif – le capitalisme est également un îlot de production et d’échange de marchandises au sein d’un paysage plus large d’appropriation de travail/énergie non-payé. Tout procès de travail – celui disons d’un travailleur chinois de Shenzhen ou d’un ouvrier automobile de Détroit il y a 70 ans – repose sur l’appropriation d’un travail/énergie non payé fournit par le reste de la nature. Le capitalisme est avant tout un fantastique système destructeur qui « s’approprie les femmes, la nature et les colonies » pour utiliser la formule remarquable de Maria Mies.

      Le problème du capitalisme aujourd’hui est que les opportunités d’appropriation de travail gratuit – celui des forêts, des océans, du climat, des sols ou des êtres humains – se réduisent dramatiquement, alors même que la masse de capital parcourant le monde à la recherche de lieux à investir est de plus en plus grande. Ce livre considère la dynamique présente du capitalisme en tant qu’elle entretient une situation qui sera de plus en plus instable au cours des prochaines décennies. On a d’un côté cette masse énorme de capital demandant à être investie et de l’autre cette réduction considérable des opportunités d’exploitation de travail gratuit. Cela signifie que le capitalisme doit commencer à payer les conséquences de ses propres agissements, à savoir le rétrécissement de ses possibilités d’investissement. Il se retrouve ainsi avec tout cet argent dont il ne sait que faire.

  • Les Soulèvements de la Terre sur Twitter :
    4:18 PM · 2 avr. 2023


    https://twitter.com/lessoulevements/status/1642531999377158145

    #Darmanimp | Réponse des Soulèvements de la Terre à la Trumpisation de @GDarmanin suite à son entretien avec le @leJDD.

    Découvrez en exclusivité notre réponse aux plus #dangeureux et #radicalisé ministre de France dans ce fil

    Depuis vendredi matin, 50 000 personnes, dont des milliers de personnalités, syndicalistes, artistes, scientifiques, élu-es, et des dizaines d’organisations politiques, associatives et syndicales en France et à l’international ont affirmé leur adhésion à notre mouvement à travers un appel « Nous sommes les Soulèvements de la Terre » initialement publié dans le Monde : lessoulevementsdelaterre.org/blog/nous-somm… (disponible en 7 langues, dont le russe depuis ce matin).

    Cependant et alors que les autres initiatives de soutien se multiplient à travers plusieurs tribunes indépendantes, un Ministre de l’Intérieur, aux abois, s’entête hier soir encore dans une ITW à prétendre dissoudre cette large coalition pour la défense des terres et de l’eau.
    Après les Soulèvements de la Terre, c’est désormais aussi les « zads », et derrière ce terme les luttes locales, que le gouvernements prétend faire disparaître.

    Rappelons en passant qu’à #SainteSoline, que ce soit lors des mobilisations d’octobre ou de mars, aucune zad n’était envisagée à l’issue des mobilisations, à part par @Darmanin qui agitait une pure chimère pour pouvoir affirmer qu’il avait empêché quelque chose de se produire.

    En réalité, au vu de la carte des 42 « sites sous surveillance » offerte par le JDD sur la base des services de renseignement, c’est l’ensemble des luttes écologistes vivaces de ce pays - face à des projets inutiles et écocidaires d’autoroutes, d’extension d’aéroports, de mines de lithium, de méga-bassines, de bétonisation de jardins populaires - qu’il s’agit pour ce gouvernement de museler.

    Sa cellule « anti-zad » et ce qu’elle recouvre réellement est bien une déclaration de guerre au mouvement écologiste et paysan dans son ensemble, aux habitant-es des territoires qui lui font face.
    Par ses fables sur la menace d’ultra-gauche et ses mensonges éhontés, le ministre de l’intérieur déploie évidemment un exercice de propagande destiné à se protéger de l’ensemble des vives critiques sur sa gestion brutale du maintien de l’ordre à #SainteSoline et dans les rues.

    Critiques desquelles il devra répondre devant l’ONU, le Conseil de l’Europe, les défenseurs des droits, la commission des lois, la @LDH_Fr ou encore @amnestyfrance.
    Mais nul doute que dans les délires paranoïaques et fantasmes diabolisateurs du ministère de l’intérieur, l’ensemble de ces personnes soient désormais passées dans le camp des « éco-terroristes ».

    Nul doute aussi que ses allégations délirantes sur les manifestant-es venus pour « tuer du flic » ne cherche qu’à cacher la réalité : ceux qui ont tué ces 20 dernières années dans ce pays ne sont pas les manifestant-es écologistes, mais bien la police.
    Dans son service du maintien de l’ordre et dans les quartiers populaires, entre autre. Elle a éborgné et mutilé de très nombreuses personnes durant le soulèvement des gilets jaunes, le mouvement loi travail, l’expulsion des zads ou le mouvement actuel des retraites.
    Quant à son déni réitéré sur l’usage de LBD, d’armes de guerre et surtout sur l’obstruction faite au secours par les force de l’ordre à #SainteSoline, on constate une trumpisation effarante de la parole gouvernementale passée dans une réalité alternative en qualifiant de fake news des éléments délivrés par des journaux de référence sur la base d’enregistrements et de témoignages concordants délivrés par des observateurs de la @LDH_Fr, élu-es et réprésentant-es syndicaux présents sur place :

    Mais @GDarmanin entend aussi détourner l’attention sur le fond du problème : l’action anti-écologique du gouvernement au profit d’intérêts privés.
    En pleine crise climatique et hydrologique, alors que des centaines de milliers de personnes à travers le pays ressentent une urgence aussi vitale que salutaire à agir, Darmanin se permet de mettre le doute sur la sincérité de leurs motivations.

    Il est désormais clair en tout cas que la motivation de son gouvernement est de continuer à protéger les profits de quelques industries du ciment, agricoles, des engrais, des pesticides, etc. Et ce, quel qu’en soit le coût humain, écologique, et d’ailleurs économique.
    5 millions d’euros de coût de l’opération de maintien de l’ordre le 25 mars à #SainteSoline - soit plus que la facture du chantier, des bassines qui profitent aux intérêts privés de quelques agriculteurs mais qui sont financées à 70% par de l’argent public.

    @MFesneau, le ministre de l’Agriculture, vient tout juste de revenir sur l’interdiction du S-metholachlore en guise d’allégéance au nouveau président de la FNSEA , émissaire de l’agro-business.

    Nous ne savons pas jusqu’où ira ce gouvernement pour espérer sauver sa peau en mutilant sa population et en mentant toujours plus dans les médias. Mais, nous réaffirmons qu’il est grand temps que @GDarmanin démissionne et que ce gouvernement se dissolve.

    Enfin et pour l’heure nos premières préoccupations vont toujours aux blessé-es que le gouvernement a choisi délibérément de démultiplier pour tenter de terrifier un mouvement.
    Pour elles et eux, parce qu’une lame de fond ne peut-être dissoute, nous continuerons notre combat pour les terres et l’eau, immédiatement en solidarité avec le mouvement des retraites et pour la fin des #mégabassines.

    C’est « dangereux » et pas « dangeureux » et « au » et pas « aux », c’est pas parce qu’on est d’ultra-gauche qu’on doit faire des fautes d’orthographe.

    https://threadreaderapp.com/thread/1642531999377158145.html

    https://reporterre.net/Face-a-Darmanin-une-lame-de-fond-ne-peut-etre-dissoute

  • Paris 2024 : infiltrez les J.O. avant le 3 Mai 2023 Alexandre-Reza Kokabi

    Les Jeux olympiques de Paris sont en quête de milliers de bénévoles. Dénonçant du « travail dissimulé » et le saccage de la biodiversité, de nombreux opposants sont prêts à s’engager pour semer la pagaille.

    Ils veulent hacker les Jeux olympiques de Paris. Comment ? En se fondant parmi les bénévoles et en semant la pagaille dans la grande compétition sportive prévue en 2024. « J’espère de tout cœur être retenue... pour mieux gâcher la fête de l’intérieur ! » dit à Reporterre Amel , 27 ans et étudiante en Seine-Saint-Denis. Comme cette membre du collectif Saccage 2024, en résistance aux Jeux olympiques de Paris, de nombreux activistes vont tenter d’intégrer l’équipe de volontaires.


    La brèche s’est ouverte le 22 mars. Ce jour-là, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) a lancé sa « campagne de recrutement ». Il cherche à attirer une armée de 45 000 bénévoles, qui deviendront les petites mains des J.O. de Paris en 2024 : celles qui accueilleront les spectateurs depuis les gares et les aéroports jusqu’aux différents sites de la compétition, celles qui transporteront des délégations au volant d’un minibus, ou encore celles qui disposeront les starting-blocks avant les courses d’athlétisme. « Les missions sont variées, il y en a pour tous les goûts », dit à Reporterre Alexandre Morenon-Condé, directeur aux opérations Relations humaines (RH) de Paris 2024. Sauf que celles-ci ne seront pas payées.

    Cette campagne a fait bondir le collectif Saccage 2024, qui a lancé une « contre-campagne de recrutement de bénévoles ». Fin mars, Amel, Camille et Alain ont donc pris « une quarante de minutes » pour répondre à toutes les questions du formulaire d’inscription, comme tous les autres candidats. Les inscriptions peuvent être envoyées jusqu’au 3 mai, et seront examinées durant l’été. Les volontaires apprendront à l’automne s’ils ont été sélectionnés.

    Faire grève, travailler trop lentement...
    Leur objectif : « Mettre du sucre dans le réservoir des J.O. », dit Camille à Reporterre. « Nous pourrions ne pas venir, venir et déployer des banderoles, nous mettre en grève en demandant d’être rémunérés, former un collectif et attaquer les Jeux olympiques aux prud’hommes... », dit le jeune homme de 25 ans, qui habite en Seine-Saint-Denis.

    Autre possibilité : « Faire une grève du zèle et bloquer les Jeux olympiques en travaillant trop lentement, ou pas correctement », propose Amel, qui n’a pas encore décidé ce qu’elle ferait. « Le coût d’engagement est faible, la charte du volontariat précise bien qu’on peut renoncer à son rôle jusqu’au dernier moment », poursuit-elle. « C’est une campagne accessible à tout le monde, à peu de frais », résume Camille.

    Alain, activiste écolo de 34 ans, privilégie un autre mode d’action. « Une fois devenu bénévole, je compte dénoncer le modèle des Jeux olympiques de l’intérieur, auprès de toutes les personnes que je rencontrerai », explique cet ancien judoka, « dégoûté » de l’olympisme depuis la destruction de plusieurs favelas de Rio, lors de la compétition de 2016, qui avait entraîné l’expulsion de centaines de familles pauvres. Il rêve d’accompagner des officiels et des sportifs « pour les mettre au courant ».

    Du « travail dissimulé »
    Ces militants dénoncent avant tout ce qu’ils qualifient de « travail dissimulé ». Durant la compétition, les volontaires travailleront parfois entre 8 et 10 heures par jour, 6 jours sur 7. Le tout sans salaire et sans prise en charge de leurs frais de transport ou d’hébergement pour celles et ceux qui viendront de loin. « Nous serons à disposition du Cojop, nous aurons des fiches de poste, des missions, des supérieurs hiérarchiques et sans nous, les Jeux ne pourront pas fonctionner », dit Camille. Pour ce jeune syndicaliste, « la présomption de salariat est totale » et « c’est d’autant plus révoltant dans un département comme la Seine-Saint-Denis, où les perspectives d’emploi manquent cruellement ».

    Pour la sociologue Dan Ferrand-Bechmann, autrice du livre Le bénévolat : au bénévole inconnu ! (Dalloz, 2014), « le bénévolat n’est pas un problème en soi. Si vous avez choisi librement d’être volontaire pour être ramasseur de balles aux épreuves de tennis, vous pouvez y trouver votre compte [approcher les sportifs, assister aux épreuves, etc.]. C’est quelque part rémunéré symboliquement. Peut-on alors parler de travail dissimulé ? Je ne le pense pas. En tout cas, les frontières juridiques de ce statut sont trop floues pour pouvoir l’affirmer ».

    « Si on annulait les J.O., on ferait du bien à la planète ! »

    C’est aussi ce que met en avant Alexandre Morenon-Condé, de Paris 2024. « Personne n’est forcé à s’inscrire, et c’est l’opportunité unique de vivre de l’intérieur les premiers Jeux d’été organisés en France depuis un siècle, d’incarner les valeurs de Paris 2024 aux yeux du monde entier, dit-il à Reporterre, avant de préciser qu’il a lui-même été bénévole lors des Jeux olympiques d’Athènes, en 2004. Ça a changé ma vie, ma trajectoire professionnelle et j’y ai noué des amitiés durables. »

    Pour autant, selon Dan Ferrand-Bechmann, « dans le cadre des Jeux olympiques les bénévoles pourraient être payés », car « le Cojo en a les moyens ». « Je suis persuadée que la moitié des postes qui seront occupés par des bénévoles pourraient être rétribués et permettre à des jeunes — et des moins jeunes — d’accéder à l’emploi, dont ils ont terriblement besoin. » « Le recours massif au bénévolat est indécent pour une si grande compétition sportive, qui génère des milliards de profits », s’indigne d’ailleurs Alain. Le budget du Cojop s’élève à 4,4 milliards, et celui des Jeux de Paris dépasse les 8 milliards. « Paris 2024 offre déjà plein d’opportunités : on estime déjà à 150 000 le nombre d’emplois directement liés aux Jeux, entre la construction, le tourisme et l’organisation », soutient de son côté Alexandre Morenon-Condé, de Paris 2024.

    Saint Denis aussi dit Non à la loi olympique 2 ! Caméras hors de nos vie. La loi arrive à l’assemblée aujourd’hui ! @laquadrature#directan#nonaujop2024 pic.twitter.com/ISxCIpQXBn

    Au-delà des accusations de travail dissimulé, « les raisons d’agir ne manquent pas », soupire Camille. Avec les Jeux olympiques, la vidéosurveillance algorithmique fait son entrée dans le droit français, rappelle-t-il. Pour Amel, en Seine-Saint-Denis, la compétition « est un accélérateur de projets de destruction, de pollution, d’expulsion et de spéculation ».

    Une partie des jardins ouvriers d’Aubervilliers ont été rasés pour construire une piscine d’entraînement et un solarium. Un échangeur routier est en cours de construction juste à côté du groupe scolaire Pleyel Anatole France, à Saint-Denis, pour desservir plus rapidement le futur « Village des athlètes ». Des travailleurs sans-papiers sont exploités sur les chantiers et les places en hôtels sociaux se réduisent, remarque aussi Camille. « Bref, si on annulait les Jeux olympiques, on ferait du bien à la planète ! », conclut Alain.

    Source (titre modifié) : https://reporterre.net/Paris-2024-des-activistes-ecolos-veulent-infiltrer-les-J-O

    #jo #jeux_olympiques #activisme #écologie #bénévolat #travail_dissimulé #résistance

  • Violences en manifs : « L’État donne carte blanche à la police »
    https://reporterre.net/Violences-en-manifs-L-Etat-donne-carte-blanche-a-la-police

    Les armes non létales utilisées par la police expliquent la hausse des violences dans les manifestations, selon l’économiste Paul Rocher.

    L’appareil policier voit le jour au moment où s’établit une concentration ouvrière dans les usines et apparaissent les premières revendications ouvrières. Il est indissociable du capitalisme et vise à faire taire les perdants de ce système.

  • Quand une note des renseignements fait l’éloge des Soulèvements de la Terre, Gaspard d’Allens
    https://reporterre.net/Quand-une-note-des-renseignements-fait-l-eloge-des-Soulevements-de-la-Te

    Depuis plusieurs mois, les autorités ont dans le collimateur Les Soulèvements de la Terre — l’un des collectifs organisateurs de la mobilisation à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) contre les mégabassines. Reporterre s’est procuré une note des renseignements généraux datée de novembre 2022 qui révèle le long travail d’investigation mené par les services de police sur le mouvement. À l’époque, Le Parisien l’avait déjà citée dans un article.

    En filigrane, la police reconnaît « l’ingéniosité », « l’intelligence » et « la communication parfaitement maîtrisée » des activistes qui ont su rallier autour d’eux intellectuels, associations et syndicats pour créer un véritable mouvement social de l’eau et devenir « un acteur majeur de la contestation écologique radicale ».

    Les renseignements voient Les Soulèvements de la Terre comme une véritable menace. Ce qui expliquerait d’ailleurs le discours du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui réclame leur dissolution.

    Les Soulèvements de la Terre : révélations sur le fer de lance de l’écologie radicale en France, 20 décembre 2022
    https://www.leparisien.fr/faits-divers/les-soulevements-de-la-terre-revelations-sur-le-fer-de-lance-de-lecologie

    C’était le 11 décembre en fin d’après-midi, jour de l’arbre de Noël de la société Lafarge à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône). Vêtus de combinaisons blanches et masqués, plus d’une centaine d’activistes se sont introduits en force dans l’usine du cimentier

    #paywall..

    #renseignements #police #écologie #Soulèvements_de_la_Terre #transversalité #écosabotage #désarmement

  • 🛑 Blessés à Sainte-Soline : Serge, entre la vie et la mort, « sali » par les médias...

    La famille et les amis de Serge, le blessé grave de Sainte-Soline entre la vie et la mort, s’indignent du traitement médiatique réservé à leur proche...

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    ▶️ https://reporterre.net/Blesses-a-Sainte-Soline-Serge-entre-la-vie-et-la-mort-sali-par-les-media

    💧💦🌳🔥🌍 #écologie #environnement #eau #SainteSoline #mégabassine #inondation #sécheresse #FeuxDeForet #climat #déforestation #pollution #productivisme #consumérisme #croissancisme #dérèglementclimatique #canicule... #ViolencesPolicières #médias

    • Nous apprenions mercredi 29 mars, via un communiqué du Syndicat des accompagnateurs de montagne que Serge était guide de montagne. « Nous tenons à vous témoigner, nous acteurs professionnels de la montagne, de l’amour que Serge porte à sa terre et à son métier, mais aussi de notre admiration pour son humanisme et son humilité », écrivent-ils. Serge est apprécié par ses pairs, « reconnu comme un professionnel passionné et passionnant, brave et humble, engagé pour le respect de la nature et de l’être humain, profondément altruiste, impliqué dans le partage de cet amour de nos montagnes et de nos terres avec chacun. Nous sommes avec lui, ensemble, pour la vérité et le respect des droits de l’homme. »

  • 🛑 Mégabassines : comment le gouvernement a préparé l’opinion à un mort...

    Avant la mobilisation à Sainte-Soline contre les mégabassines, les autorités ont préparé les esprits à une forte violence et de lourds blessés. Alors que S., le blessé le plus grave risque de mourir, la situation rappelle l’affaire Sivens (...)

    💧💦🌳🔥🌍 #écologie #environnement #eau #SainteSoline #mégabassine #inondation #sécheresse #FeuxDeForet #climat #déforestation #pollution #productivisme #consumérisme #croissancisme #dérèglementclimatique #canicule... #ViolencesPolicières

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    ▶️ https://reporterre.net/Megabassines-comment-le-gouvernement-a-prepare-l-opinion-a-un-mort

  • « J’ai été victime de policiers qui ont manœuvré mon fauteuil à ma place et qui m’ont provoqué cinq fractures au pied. J’ai ensuite été accusée de les avoir violentés. »

    Manifs et handicap, le long parcours du combattant... - Reporterre

    Pour les personnes en situation de handicap, il reste difficile de manifester dans les rues. Si des collectifs sont plus inclusifs, les progrès restent lents (...)

    🛑 💧💦🌳🔥🌍 #écologie #environnement #eau #SainteSoline #mégabassine #inondation #sécheresse #FeuxDeForet #climat #déforestation #pollution #productivisme #consumérisme #croissancisme #dérèglementclimatique #canicule... #handicap #ViolencesPolicières

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  • Médecin à #Sainte-Soline, je témoigne de la #répression

    Alors que le pronostic vital d’un opposant aux #mégabassines de Sainte-Soline est toujours engagé, une médecin urgentiste lui ayant porté secours témoigne. Elle pointe la #responsabilité de la #préfecture pour le retard de sa #prise_en_charge par les #urgences.

    Le week-end de mobilisation contre les mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) a été marqué par de nombreuses violences policières et des #blessures très graves, avec une personne encore entre la vie et la mort.

    En attendant de plus amples informations, Reporterre publie d’ores et déjà le témoignage d’Agathe, médecin urgentiste présente à la manifestation, qui a suivi et s’est occupée de cette personne toujours dans le coma et au pronostic vital engagé. Elle pointe la gravité des faits et la responsabilité de la préfecture pour le retard de sa prise en charge par les urgences.

    • La marche de printemps

    Départ du camp vers 11 h. Trois cortèges marchent à travers champs. Le premier cortège nous annonce qu’il n’y a aucun barrage des forces de l’ordre sur le parcours. Ils gardent la bassine. Un vulgaire trou recouvert de béton. Ils la gardent comme une forteresse. Ils auraient même creusé une tranchée de huit mètres de profondeur et un talus de plusieurs mètres de hauteur sur tout le tour de la bassine pour la rendre inaccessible. Les douves du château-fort. Le cortège au sein duquel je me trouve est joyeux, les manifestants marchent dans la boue, un champ de colza, premières fleurs du printemps.

    • Arrivée à proximité de la mégabassine

    Les cortèges se retrouvent. Ils fusionnent. Une marée humaine. La victoire d’être si nombreux. 20 000, 25 000, 30 000 personnes, impossible d’estimer. On aperçoit les #forces_de_l’ordre soigneusement disposées autour du bassin, enceinte de camions de gardes mobiles, plusieurs blindés. Une colonne de #quads avec un binôme de #gardes_mobiles dessus. Certains auraient vu la cavalerie. Personne n’est inquiet à cet instant. Que peuvent-ils faire contre cette foule hétéroclite et déterminée ?

    Un instant je me demande pourquoi les forces de l’ordre sont là. Ils ont creusé une tranchée de huit mètres de profondeur et un énorme talus. La bassine nous est inaccessible. Je me demande pourquoi la présence de toute cette artillerie est nécessaire. Qu’aurions-nous fait en leur absence ? J’en discute avec un·e ami·e, on se dit qu’ils font de la lutte contre les mégabassines un symbole de l’autorité de l’État.

    • Premiers gaz

    Je suis venue manifester avec une bande d’ami·es, je marche avec une copine. Dans mon sac à dos des compresses, du désinfectant, des antalgiques, des bandes, des pommades anti-inflammatoires, quelques kits de sutures si nécessaires pour l’après. Nos expériences de manifestations des dernières années nous ont appris qu’il fallait s’équiper en matériel de secourisme. Je ne me suis pas identifiée comme « medic » officiel. Mais il me semble évident d’avoir un minimum de matériel, au moins pour les copin·es.

    Les cortèges se rejoignent à proximité de la bassine. Le cortège à notre droite est déjà noyé par les #gaz alors que nous sommes encore à plusieurs centaines de mètres. Ils remontent vers nous, alors que nous continuons à avancer, heureux de se retrouver après ces nombreux kilomètres parcourus à travers champ.

    Les manifestants s’approchent des gardes mobiles avec leurs banderoles. On avance ensemble. Nous apercevons les visages familiers de quelques vieilles amitiés. À peine le temps de se retourner. Il pleut des #grenades_lacrymogènes, et d’autres, assourdissantes ou désencerclantes. Nous reculons. Je vois une femme faire demi-tour et repartir en arrière. Énorme détonation entre ses jambes. Elle boite. Nous reculons pour l’accompagner, la soutenir. Ça commence fort. On constate les blessures, un bel hématome sur la cuisse, un peu de gel anti-inflammatoire, deux gorgées d’eau. On se retourne, les manifestants crient « medic » de tous les côtés. On vient à peine d’arriver.

    C’est un homme jeune avec une plaie délabrante de la main. Grenade de désencerclement. Je nettoie, une compresse, une bande, un antalgique. « Tu devras refaire le point sur la base medic arrière, être sûr qu’il n’y ait pas de corps étrangers. » D’autres « #medic » s’affairent. On continue. On entend dire que quelqu’un serait inconscient au sol à proximité d’une banderole devant. On cherche cette personne. Impossible de la trouver. Un ami nous arrête, il s’est pris un #Flash-Ball à l’arrière de la tête. On s’assoit pour l’examiner derrière une haie. On remonte sur un chemin en terre.

    • Le chemin des blessés

    Le niveau d’intensité a été maximal d’emblée. Pas de demi-mesure. Tous ces blessés qui reculent. Allongé dans un champ. Assis dans un fossé. La haine monte contre les forces de l’ordre. Que font-ils, que défendent-ils, quelques mètres cubes de béton valent-ils tous ces corps mutilés ?

    Quelqu’un nous attrape par le bras. Un infirmier avec lequel j’ai discuté un peu plus tôt dans la journée. Il nous emmène à proximité d’un homme allongé à côté d’un fossé. « Fracture ouverte de fémur », me dit-il. Un pansement est déjà installé, je ne vois pas la plaie. Je vois un hématome de cuisse volumineux. Il n’y a pas d’extériorisation de sang. Je sens son pouls. Il est conscient. La première chose à faire : le mettre en sécurité. Un antalgique. À huit personnes, on le déplace plus loin. Quelqu’un prend des constantes. La fréquence cardiaque est normale. Je suis rassurée, il n’est pas en train de se vider de son sang. Pour une fracture ouverte de fémur, le risque hémorragique est majeur. Je demande à ce que quelqu’un appelle le Samu pour une évacuation.

    Derrière nous, un deuxième blessé est transporté par des manifestants. Une plaie délabrante de la fesse gauche. La plaie n’est pas hémorragique. Elle est douloureuse. Il ne peut pas marcher.

    On aperçoit une nouvelle charge de la police. Des quads ? Des lacrymos ? Je ne sais pas, je n’ai pas le temps de lever le nez des blessés. Il va falloir qu’on recule de nouveau pour mettre les blessés en sécurité. On fait un portage sur le chemin en terre pour s’éloigner vraiment définitivement des zones d’agressions.

    On arrive à un croisement. Je demande à ce que les constantes des blessés soient prises de nouveau pour s’assurer de leur stabilité. Je demande à ce qu’on rappelle le #Samu pour qu’il nous envoie des #secours. Je vois que sur le chemin d’autres blessés continuent d’affluer.

    Je refais le point sur la suspicion de fracture ouverte du fémur. Je déballe la plaie. La plaie est profonde. Il y a quelque chose de dur et de blanc qui ressort en son sein. Ce n’est pas de l’os. C’est un corps étranger en plastique blanc, une part cylindrique, une part plate. Je laisse le corps étranger en place. Il doit être retiré dans un bloc opératoire au cas où il existe une plaie vasculaire sous-jacente. Je rectifie le diagnostic à la régulation du Samu.

    À ce croisement de routes où se retrouvent de nombreux blessés, des élus et des observateurs de la Ligue des droits de l’Homme sont présents.

    Un homme est installé par des manifestants juste à ma gauche. Il a le visage déformé. Il s’est pris une grenade dans le visage. Je l’examine. Il a une plaie de la paupière hémorragique. L’œdème de la paupière ne me permet pas d’examiner l’œil, sa vision, sa motricité. Il a une très probable fracture du maxillaire gauche, je ne peux rien dire pour son œil.

    Des personnes viennent me voir pour me dire que les #ambulances sont bloquées par les gardes mobiles en amont. Je commence à m’énerver. Je transmets : « Nous avons appelé le Samu, nous avons des blessés graves. Ils doivent laisser passer les ambulances. Nos appels sont enregistrés sur les bandes de la régulation du Samu. S’ils entravent le passage des ambulances, ils seront pleinement responsables du retard de soins. On ne se laissera pas faire. Y compris sur plan juridique. » « Mettez-leur la pression, c’est pas possible autrement. »

    D’autres blessés arrivent entre-temps, ils ont l’air stables. Je n’ai pas le temps de les voir. Certaines personnes s’occupent d’eux. Des complicités de bord de route.

    • L’« urgence absolue »

    Quelqu’un vient me chercher pour me demander d’intervenir plus en amont sur le chemin. Mon amie reste avec les blessés.

    Je remonte vers la zone où un homme est au sol. Du monde autour de lui. Je m’approche de sa tête. Un « medic » réalise une compression du cuir chevelu. Des gens essayent de le faire parler. Du sang coule sur le chemin. Il est en position latérale de sécurité. Je me présente auprès des autres personnes qui prennent soin de lui. « Je suis médecin urgentiste, est-ce qu’il a déjà été évalué par un médecin ? Est-ce que quelqu’un a déjà appelé le Samu ? » Le Samu est prévenu. Pour l’instant aucun moyen ne semble engagé. Je l’évalue rapidement. L’histoire rapporte un tir tendu de grenade au niveau temporal droit (juste en arrière de l’oreille). Il se serait effondré. Extrait par des manifestants. Au début il aurait été agité. Là, il est en position latérale de sécurité. Il est trop calme.

    Je fais un bilan de débrouillage :

    – une plaie du scalp de plusieurs centimètres en arrière de l’oreille. La plaie est hémorragique ;

    – un traumatisme crânien grave avec un score de Glasgow initial à 9 (M6 Y1 V2), une otorragie qui fait suspecter une fracture du rocher ;

    – pupilles en myosis aréactives ;

    – vomissement de sang avec inhalation ;

    – les premières constantes qu’on me transmet sont très inquiétantes. La fréquence cardiaque serait à 160, la tension artérielle systolique à 85. Le shock index est à presque 2.

    Je demande à ce qu’on rappelle la régulation du 15 et qu’on me les passe au téléphone. Mon petit matériel ne va pas suffire. Quelle impuissance…

    Je prends la régulation du 15 au téléphone. Je demande à parler au médecin. Je me présente en tant que médecin urgentiste : je demande un #Smur [service d’aide médicale urgente] d’emblée pour un patient traumatisé crânien grave, avec une plaie du scalp hémorragique, et des constantes faisant redouter un choc hémorragique. Le médecin me répond que la zone ne semble pas sécurisée et qu’il est impossible pour eux d’intervenir au milieu des affrontements. J’explique que nous sommes à distance des zones d’affrontement. Qu’il y a des champs autour où il est possible de faire atterrir un hélicoptère. Il me dit qu’un point de rassemblement des victimes (PRV) est en cours d’organisation, qu’il va nous envoyer des pompiers pour extraire les victimes. J’insiste sur le fait que cet homme a besoin d’un Smur d’emblée, qu’il s’agit d’une urgence vitale immédiate et qu’il n’est pas en état d’être transporté vers un PRV. L’appel téléphonique prend fin, je n’ai pas l’impression que ma demande ait été entendue.

    Un traumatisme crânien grave peut aboutir à la mort cérébrale, ou à la présence de séquelles extrêmement lourdes.

    Je retourne auprès de la victime. Je la réévalue. Son score de Glasgow est tombé à 7. Le coma est de plus en plus profond. Une équipe de médecins infirmiers des gardes mobiles arrive. Je suis en colère. Ils viennent apporter les bons soins à ceux qu’ils ont presque tués. Je ravale ma colère, il faut penser à cet homme, à ce qu’il y a de mieux pour lui. Je fais une transmission médicale. Je propose que le médecin rappelle la régulation pour appuyer ma demande de Smur dans le cadre d’une #urgence_vitale_immédiate. En attendant, j’aide l’infirmier à poser une perfusion. Traitement de l’hypertension intracrânienne. Traitement pour l’hémorragie. Le médecin des gardes mobiles me demande si j’ai de l’oxygène. Je ris nerveusement. Non, moi j’ai des compresses et de la biseptine, j’étais là pour manifester initialement.

    Leur matériel est limité. Ils n’ont pas de quoi faire des soins de réanimation. Je ressens leur stress. Nous sommes dépendants du Smur.

    Des pompiers en pick-up arrivent, ils nous demandent pourquoi le Smur et les #VSAV [véhicules de secours et d’assistance aux victimes] ne sont pas là. Je craque et leur hurle dessus, je dis que les ambulances sont bloquées par les GM [gardes mobiles] en amont.

    Combien de temps s’est écoulé ? Depuis combien de temps était-il au sol avant mon arrivée ? Comment peuvent-ils assumer un tel niveau de violence pour quelques mètres cubes de béton ?

    Je pense à Rémi Fraisse.

    Le Smur arrive. J’aide à son installation sur le brancard du Samu. Le médecin du Smur prépare de quoi l’intuber dans le camion. Je quitte les lieux pour rejoindre les autres blessés.

    Je pense à cet homme. À ses amis. Aux miens. Je me demande où ils sont. Y en a-t-il d’autres comme lui ? Je pense à tous ceux qui ont été blessés ces dernières années par les armes de la police. À la zad, au Chefresne, au Testet, pendant la loi Travail, les Gilets jaunes. À ceux qui ont perdu des doigts, une main. Un œil. Ceux qui ont perdu la vie. À lui.

    https://reporterre.net/Medecin-a-Sainte-Soline-je-temoigne-de-la-repression
    #témoignage #violences_policières #maintien_de_l'ordre #méga-bassines

  • Après Sainte-Soline, repenser la lutte
    https://reporterre.net/Apres-Sainte-Soline-repenser-la-lutte

    Le message de Sainte-Soline est limpide : le pouvoir est prêt à tuer pour défendre son modèle mortifère. Une violence étatique dont le mouvement social doit tenir compte pour ne pas se laisser enfermer dans la confrontation.

    La manifestation qui s’est déroulée à Sainte-Soline ce week-end marque un tournant dans l’histoire du mouvement climatique. Elle atteste que l’écologie génère le conflit, et non le consensus. Jusqu’à récemment, beaucoup pensaient que la passivité des dirigeants à l’endroit du réchauffement climatique était le reflet de leur ignorance. Si on les alertait avec suffisamment de force, si on les aidait à « prendre conscience », si on comblait leur ignorance supposée, la lumière leur viendrait et ils « agiraient » pour éviter la catastrophe.

    Le déchaînement de violence à Sainte-Soline fait tomber les illusions. Les gouvernants savent très bien que les bassines ne répondront pas aux sécheresses à venir. Ils savent très bien que le dossier scientifique supposé les légitimer est hautement douteux. Ils savent très bien que plusieurs de ces projets sont illégaux, comme l’a rappelé Stéphane Foucart.

    Ils le savent, mais ils ont choisi d’imposer les mégabassines pour maintenir à tout prix l’agriculture industrielle, aux effets sanitaires, climatiques et humains désastreux.

    Clarification

    De même, en ce qui concerne le climat, ils savent très bien qu’une politique vigoureuse d’économies d’énergie serait la priorité pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, que construire des autoroutes est un contresens absolu, que laisser se développer l’artificialisation des sols dégrade rapidement la biodiversité et altère la résilience au réchauffement à venir. Et ainsi de suite. Ils savent, mais ils continuent à détruire. Pour préserver sans scrupules un système gouverné par l’objectif de créer du profit et d’accumuler du capital financier, quelles qu’en soient les conséquences écologiques — donc humaines.

    La surdité du gouvernement, qui ne sait répondre que par des doigts d’honneur — brandis à l’Assemblée nationale par le ministre de la Justice — et des moyens de police démesurés n’est donc pas pathologique : elle est sa réponse à la montée de l’inquiétude que génère la situation écologique et de la révolte que nourrit l’évidence du mépris et des inégalités. Elle exprime la radicalité du capitalisme, fermement décidé à maintenir son fonctionnement face à toutes les possibilités d’alternatives.

    Le masque tombe, le champ politique s’est clarifié, il met face à face le technocapitalisme, ou technosolutionnisme, et l’écologie redistributive. Et toutes celles et ceux qui comprennent la gravité de la situation actuelle comprennent aussi que la solution ne peut passer par un consensus paisible, mais par des conflits assumés : sortir du système destructeur impose de faire reculer de puissants intérêts...

    https://twitter.com/KEMPFHERVE/status/1640365163223154688

  • Médecin à Sainte-Soline, je témoigne de la répression
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    Je prends la régulation du 15 au téléphone. Je demande à parler au médecin. Je me présente en tant que médecin urgentiste : je demande un Smur [service d’aide médicale urgente] d’emblée pour un patient traumatisé crânien grave, avec une plaie du scalp hémorragique, et des constantes faisant redouter un choc hémorragique. Le médecin me répond que la zone ne semble pas sécurisée et qu’il est impossible pour eux d’intervenir au milieu des affrontements. J’explique que nous sommes à distance des zones d’affrontement. Qu’il y a des champs autour où il est possible de faire atterrir un hélicoptère. Il me dit qu’un point de rassemblement des victimes (PRV) est en cours d’organisation, qu’il va nous envoyer des pompiers pour extraire les victimes. J’insiste sur le fait que cet homme a besoin d’un Smur d’emblée, qu’il s’agit d’une urgence vitale immédiate et qu’il n’est pas en état d’être transporté vers un PRV. L’appel téléphonique prend fin, je n’ai pas l’impression que ma demande ait été entendue.

    Un traumatisme crânien grave peut aboutir à la mort cérébrale, ou à la présence de séquelles extrêmement lourdes.

    Je retourne auprès de la victime. Je la réévalue. Son score de Glasgow est tombé à 7. Le coma est de plus en plus profond. Une équipe de médecins infirmiers des gardes mobiles arrive. Je suis en colère. Ils viennent apporter les bons soins à ceux qu’ils ont presque tués. Je ravale ma colère, il faut penser à cet homme, à ce qu’il y a de mieux pour lui. Je fais une transmission médicale. Je propose que le médecin rappelle la régulation pour appuyer ma demande de Smur dans le cadre d’une urgence vitale immédiate. En attendant, j’aide l’infirmier à poser une perfusion. Traitement de l’hypertension intracrânienne. Traitement pour l’hémorragie. Le médecin des gardes mobiles me demande si j’ai de l’oxygène. Je ris nerveusement. Non, moi j’ai des compresses et de la biseptine, j’étais là pour manifester initialement.

  • Médecin à Sainte-Soline, je témoigne de la répression
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    Alors que le pronostic vital d’un opposant aux mégabassines de Sainte-Soline est toujours engagé, une médecin urgentiste lui ayant porté secours témoigne. Elle pointe la responsabilité de la préfecture pour le retard de sa prise en charge par les urgences. (...)

    #mégabassines #Bassines #méga-bassines
    #Sainte_Soline
    #no_bassaran
    #violences_policières #maintien_de_l'ordre

  • Contre les mégabassines, une mobilisation massive et fortement réprimée
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    Cette mobilisation est pourtant loin d’être un échec, au contraire : « Je comprends la frustration car certains auraient aimé envahir la zone rouge, pour le symbole », explique Pierre, un militant parisien. « Mais c’est un moment historique : jamais une lutte pour l’eau n’avait rassemblé autant de personnes. »

    Pour mieux comprendre le chemin accompli, il propose de regarder dans le rétroviseur. En septembre 2021, la manifestation contre la bassine de Mauzé-sur-le-Mignon avait rassemblé un petit millier de personnes.

    Dix-huit mois plus tard, le combat a changé d’échelle et les bassines sont devenues un sujet d’intérêt national majeur. « J’espère que cette journée permettra de mettre en œuvre un rapport de force suffisant en vue d’une victoire politique contre ces projets », conclut Pierre.

  • #ViolencesPolicières #répression #manifestation #grèves...

    🛑 Retraites : le gouvernement ressort la matraque

    Les manifestations qui ont suivi le 49.3 et le passage en force de la réforme des retraites sont fortement réprimées. Une situation « extrêmement inquiétante » pour La Ligue des droits de l’Homme et les syndicats (...)

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    • « Ils nous traitent comme des chiens Il est temps de mordre »


      https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2023/03/23/black-bloc-dans-le-monde-anatomie-d-un-activisme-radical_6166676_4500055.htm

      Dans l’importante mobilisation contre la réforme des retraites en France, imposée par le gouvernement d’Elisabeth Borne par l’utilisation de l’article 49.3, les débordements du mouvement sont attribués à un certain « black bloc ». Soit un terme générique, souvent mal défini mais utilisé quasiment systématiquement lors des manifestations. Il désigne les méthodes de militants d’ultragauche situés en tête de cortège, vêtus de noir et équipés pour affronter les forces de l’ordre. Dans de rares articles, il sert de raccourci pour évoquer les manifestants eux-mêmes, entretenant le flou sur sa définition exacte.

      La première fois que Le Monde utilise le concept, le 23 avril 2001, à l’occasion de manifestations antimondialisation à Québec, au Canada, pendant le Sommet des Amériques, le journaliste Patrice de Beer l’écrit avec des majuscules. L’envoyé spécial cite la police montée canadienne qui affirme que ces « “provocateurs” » font partie d’un groupe « d’anarchistes américains ». Réaction du président américain de l’époque, George W. Bush : « “D’après ce que je comprends, il y a des gens qui n’aiment pas le commerce. Je suis complètement en désaccord avec eux.” »

      En juillet 2001, le black bloc passe à la postérité à Gênes, en Italie, lors du G8, à la suite des violences policières qui ont fait des centaines de blessés et un mort, Carlo Giuliani, membre de ces « groupes autonomes » et « violents » qui secouent et perturbent le mouvement antimondialisation, rapporte le quotidien le 27 juillet 2001.

      Pour analyser cette façon de protester dans l’espace public, Le Monde regarde du côté de San Francisco, « la désobéissante », où le mouvement antiguerre, organisé contre l’invasion de l’Irak, ouvre de nouvelles réflexions sur la désobéissance civile. « Le visage masqué par un foulard, ­souvent casqués, parfois armés de barres de fer et de frondes, les militants du Black Bloc, qui se définissent les uns comme anarchistes, les autres comme communistes, voient dans la “destruction de biens privés” un mode d’­expression légitime », résume Patrick Jarreau dans les pages « Horizons » du ­journal daté du 9 avril 2003.