Des chercheurs américains veulent réécrire le génome humain

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  • Des chercheurs américains veulent réécrire le génome humain

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/06/03/des-chercheurs-americains-veulent-reecrire-le-genome-humain_4933983_1650684.

    Il y a quelques années, le généticien américain George Church avait proposé de ressusciter Néandertal, en recréant son génome – il restait à trouver des mères porteuses volontaires pour l’expérience. Toujours iconoclaste, le chercheur à la barbe prophétique souhaite désormais se lancer dans la synthèse d’un génome humain entier. Ce projet, baptisé le Human Genome Project-Write, présenté dans Science jeudi 2 juin, serait le pendant du projet de séquençage du génome humain (Human genome project, HGP) qui avait abouti au début des années 2000 : il ne s’agirait plus cette fois de lire la séquence des 3,3 milliards de paires de bases – l’immense enchaînement des « lettres » A, T, C et G qui constituent l’alphabet du patrimoine génétique de chacun d’entre nous – mais de la réécrire, de la synthétiser, pour la faire s’exprimer dans des cellules. Il n’est cependant pas question dans l’article d’en dériver un individu.

    Cette perspective n’enthousiasme guère Francis Collins, qui avait conduit le consortium public du HGP et dirige aujourd’hui les National Institutes of Health (NIH) américains, rapporte la presse américaine : « Les NIH n’ont pas considéré que le moment était approprié pour financer un tel effort orienté vers la production à grande échelle tel qu’il est présenté dans l’article de Science, a-t-il déclaré. La synthèse de fragments ADN d’une taille limitée pour des expériences de laboratoires ne soulève que peu de questions éthiques. Mais la synthèse de génomes entiers et d’organismes entiers va bien plus loin que nos capacités scientifiques actuelles, et soulève immédiatement de nombreux signaux d’alarme éthiques et philosophiques. »

    Les auteurs de l’article soulignent l’importance de discuter des implications éthiques de ce projet, qui avait été conçu en secret lors de deux réunions, dont la dernière, tenue début mai, avait été rendue publique après des fuites. Ce secret avait suscité un malaise chez certains chercheurs, qui considèrent que des discussions éthiques ouvertes auraient dû précéder l’initiative HGP-Write – George Church s’était défendu en arguant que cette furtivité n’était due qu’au souci de ne pas éventer le contenu de l’article en préparation avant sa publication.