L’« infobésité » des services secrets britanniques

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  • L’« infobésité » des services secrets britanniques
    http://www.lemonde.fr/pixels/article/2016/06/08/l-infobesite-des-services-secrets-britanniques_4942305_4408996.html

    L’accumulation massive de données personnelles renforce-t-elle la sécurité des Etats ? Le site The Intercept s’est procuré une présentation confidentielle qui met en lumière l’inflation des données collectées par l’un des programmes secrets du GCHQ, les services secrets britanniques. « Contrairement à [l’attentat de] Mumbai, la majeure partie des données utiles lors du G20 de Londres ont été recueillies par les moyens classiques », se félicite la présentation. Mais elle révèle aussi une ombre – de taille – au tableau : seule une infime partie (3 %) des informations collectées a été réellement « vue » par des agents.
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    Ce document et d’autres, fournis par le lanceur d’alerte Edward Snowden, montrent que les services britanniques souffrent depuis la fin des années 2000 d’« infobésité » : trop de données, trop peu d’agents, et trop de « bruit » numérique qui ne permet pas d’isoler les informations significatives.
    « A l’exception des enquêtes les plus prioritaires, le manque d’effectifs et d’outils fait que les enquêteurs se retrouvent confrontés à des données brutes et non filtrées, note un autre rapport britannique datant de 2010. La plupart du temps, ces informations ne sont pas traitées complètement, en raison du temps nécessaire pour les analyser. »
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    Mais un autre document Snowden, publié lundi 6 juin, montre qu’en 2012, les services de renseignements britanniques estimaient ne pas avoir besoin d’un nouveau cadre légal, notant toutefois que d’autres agences de maintien de l’ordre, dont la police, étaient confrontées à davantage de difficultés.Pour la police, qui ne dispose pas des mêmes capacités que les espions, les surveillances des flux Internet, plus complexes à mettre en place que les surveillances téléphoniques, se traduisaient par un « déclin significatif » des capacités d’écoutes, estimait alors le GCHQ.
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    Ces révélations mettent en difficulté une partie de l’argumentaire utilisé par la ministre de l’intérieur, Theresa May, pour défendre le nouveau projet de loi sur la surveillance électronique. Le texte prévoit toute une batterie de mesures, dont la plus emblématique est l’obligation faite aux fournisseurs d’accès à Internet de tenir à la disposition de la police l’historique Internet de tous leurs abonnés, sur une durée d’un an.