• http://www.sante-et-travail.fr/dans-l-actu---le-travail-poste-nuit-gravement-a-la-sante_fr_art_641
    Dans un avis présenté le 21 juin, l’Agence de sécurité sanitaire dresse un sombre tableau des effets du travail de nuit sur la santé. Elle recommande de le circonscrire au strict nécessaire, à l’heure où il ne cesse de se développer.

    « Travailler de nuit tue ! » Verra-t-on un jour cet avertissement au bas des feuilles de paye des salariés postés, à l’instar des messages de #prévention sur les paquets de cigarettes ? Sans doute pas. Pourtant, les constatations de l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du #travail (Anses), dans son avis sur les
    #risques_sanitaires liés au #travail_de_nuit présenté le 21 juin, sont inquiétantes.
    _ De nuit ou de jour, c’est le travail qu’il faut supprimer ! _

  • Marché du travail : Manuel Valls devrait se renseigner davantage
    http://www.alternatives-economiques.fr/marche-du-travail---manuel-valls-de_fr_art_633_70069.html

    Mais Manuel Valls a surtout tort de considérer que les salariés en CDI seraient en France particulièrement protégés contre les licenciements, qu’ils soient individuels ou collectifs. Toujours selon l’OCDE, les salariés français en CDI étaient certes en 2013 nettement mieux protégés qu’aux Etats Unis et au Royaume Uni, mais ils l’étaient à peine plus qu’au Danemark, considéré comme le summum de la flexibilité du marché du travail avec leur fameuse flexisécurité, et autant qu’en Corée. Tout en étant nettement moins protégés qu’en Allemagne, le modèle à la mode du moment, malgré les réformes Schröder, ou encore qu’aux Pays-bas, souvent considérés eux aussi comme un modèle particulièrement enviable en matière d’organisation du marché du travail mais aussi qu’en Chine ou en Inde contrairement à ce qu’on croit souvent… De plus ces résultats ont été établis avant l’entrée en vigueur de la loi dite de sécurisation de l’emploi adoptée mi 2013, qui allège encore beaucoup les procédures de licenciement collectif. Bref, circulez il n’y a vraiment pas grand-chose à voir pour tous ceux qui ne se laissent pas aveugler par l’idéologie et la propagande patronale…

  • Arnaud Parienty » Blog Archive » Air France : que fait l’Europe ?
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/parienty/2014/09/27/air-france-que-fait-leurope

    Les personnels hostiles à la grève des pilotes manifestent, le gouvernement annonce le retrait du versant européen du projet et la compagnie dément : on atteint les sommets de la confusion dans ce dossier. Les choses sont pourtant assez simples et, comme d’habitude, le gouvernement et l’Europe sont gravement responsables de ce qui se passe.

    Que veut la direction d’Air France ? Développer un opérateur low cost capable de concurrencer Ryanair ou Easyjet. Vaste programme : la filiale low cost du groupe Air France KLM, Transavia pèse aujourd’hui 14 avions, contre 500 avions combinés pour les deux spécialistes du secteur, qui sont en train de capter l’essentiel du trafic moyen-courrier en Europe par des tarifs imbattables.

    Comment faire pour avoir des prix compétitifs sur ce marché ? Il faut réduire les coûts, en baissant les salaires, en réduisant les services à bord et au sol, limitant le nombre des pilotes et en augmentant leurs horaires de travail. Primes comprises, un commandant de bord en fin de carrière émarge à plus de 200000 € chez Air France, un pilote débutant peut gagner dix fois moins dans une compagnie low cost.

    Déréglementation européenne

    Travailler (un peu) plus pour gagner (un peu) moins ? On comprend que les pilotes soient réticents. Mais le point essentiel est que, si Transavia acquiert une vraie dimension européenne, il devient possible d’embaucher des pilotes basés au Portugal aux conditions portugaises, en Roumanie aux conditions roumaines, etc… en fait de nantis, c’est contre une dérégulation généralisée que se battent les pilotes.

    Le basculement des salariés sur des systèmes sociaux étrangers aurait aussi de graves conséquences sur les retraites. Celles-ci sont gérées, dans des conditions très favorables pour les personnels, par une caisse spécifique, la CRPN. Celle-ci est aujourd’hui en équilibre précaire et lancée dans une fuite en avant, allant chercher des cotisants additionnels dans les pays francophones comme le Maroc. Si le nombre de cotisants baisse, c’est la catastrophe.

    Le low cost ou la mort ?

    D’un autre côté, que peut faire la compagnie, sinon jouer cette carte ou abandonner le terrain, comme l’a fait British Airways, aujourd’hui concentrée sur les long-courriers ? Le marché des vols courts et moyens courriers est important et totalement dominé par les compagnies low cost. Ryanair et Easyjet ont aujourd’hui les marges opérationnelles les plus fortes du secteur en Europe. Les résultats financiers d’Easyjet sont particulièrement impressionnants. Alors que Rynair incarne un modèle de hard discount aérien et d’astuces fiscales et sociales douteuses, dont on peut imaginer que les perspectives sont limitées, Easyjet est en concurrence frontale avec Air France, avec une sacrée longueur d’avance. Avec 22% de voyageurs « pour affaires », la compagnie a réussi à perdre son image « bas de gamme », tout en maintenant des coûts très bas. Desservant les grands aéroports et les destinations majeures, elle incarne un modèle de compagnie complète, mais bon marché.

    Si Air France veut exister en dehors du long courrier, il lui faut réduire fortement ses coûts. L’autre enjeu pour la compagnie est la gestion des sureffectifs. Les pilotes partant à 65 ans et les recrutements excessifs des dernières années font que le nombre de pilotes de la compagnie est trop important et que les jeunes pilotes attendent désespérément des promotions. Les autres personnels sont également attachés au développement ou au maintien de l’emploi et ont moins à perdre aux changements envisagés, ce qui peut expliquer que la grève soit restée cantonnée aux pilotes....

    #Air_France
    #low_cost
    #Europe
    #Ryanair
    #Easyjet
    #Déréglementation_européenne

  • Christian CHAVAGNEUX » Blog Archive » Le décret Montebourg en 4 questions
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/chavagneux/2014/05/19/le-decret-montebourg-en-4-questions

    Quel en est le principe ?

    Patriotisme économique, une idée présente dans un décret décembre 2005 du premier ministre d’alors Dominique de Villepin à l’occasion d’une OPA hostile de Pepsi Cola sur Danone.

    Le premier ministre définit 11 secteurs stratégiques et fournir une liste d’une dizaine d’entreprises dont il souhaite voir les centres de décisions maintenus en France : Carrefour, Société générale, Saint Gobin, Suez, Alcatel, etc.

    Après une bonne année de négociations avec la Commission européenne, la liste des secteurs stratégiques est réduite aux questions de défense nationale, de sécurité privée et de jeux d’argent hors casino (sûrement pour des raisons de maîtrise d’éventuels réseaux de blanchiment)

    Arnaud Montebourg étend la liste des secteurs stratégiques à l’énergie, l’eau, les transports, les communications électroniques et tout ce qui touche à la protection de la santé publique. Le décret lui donne le pouvoir d’examiner si en cas de rachat d’une entreprise française par une entreprise étrangère dans les secteurs stratégiques mentionnés la préservation des intérêts nationaux est respectée.

    Il va donc pouvoir être informé de ce qui se passe dans tous ces secteurs, donner son avis si nécessaire et, en cas de besoin, il pourra assortir son autorisation d’une ou plusieurs conditions quant à la préservation par l’investisseur de la pérennité des activités, des capacités industrielles, des capacités de recherche et de développement, et de la continuité de l’approvisionnement.

    La France fait-elle exception en la matière ?

    Absolument pas. Une dizaine de pays européens ont recours aux mêmes types d’intervention (Allemagne, Espagne, Italie…), de même que les Etats-Unis ou la Chine et d’autres émergents. La tentative actuelle de prise de contrôle du laboratoire pharmaceutique britannique Astra Zeneca par l’américain Pfizer montre que même les libéraux anglais ne sont pas insensibles aux prises de contrôles de leurs grandes entreprises nationales......

    #décryptage
    #décret
    #Montebourg

  • Gilles RAVEAUD » Blog Archive » Sortie de l’euro : Bernard Maris vire sa cuti (3)
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/raveaud/2014/04/20/sortie-de-leuro-bernard-maris-vire-sa-cuti-3

    La deuxième guerre civile
    Par Bernard Maris

    En 1992, François Mitterrand a ouvert une deuxième guerre de 30 ans en croyant par la monnaie unique arrimer l’Allemagne à l’Europe.

    L’Allemagne réalise sans le vouloir par l’économie ce qu’un chancelier fou avait déjà réalisé par la guerre : elle détruit à petit feu l’économie française. Certes, elle n’est pas responsable de cette situation, au contraire ; elle n’est jamais intervenue dans la politique intérieure de la France, elle a tendu la main aux Français du temps de Balladur pour réaliser un début d’unité fiscale et budgétaire (qui lui fut refusée).

    C’est François Mitterrand qui a deux reprises a voulu arrimer la politique monétaire de la France à celle de l’Allemagne, détruisant une industrie qui n’allait pas bien fort : en 1983 d’abord, avec le tournant de la rigueur et la politique du « franc fort », en 1989 ensuite, en paniquant après la réunification Allemande, et en avalisant celle-ci au prix d’une monnaie unique et d’un fonctionnement de la BCE calqué sur celui de la Bundesbank.

    Plus de vingt ans de guerre économique ont passé, et l’industrie Allemande a laminé les industries italienne et surtout française. Aujourd’hui la guerre est terminée et gagnée. La part des exportations de l’Allemagne en zone euro représente 10% du total. Le reste est hors zone euro, aux Etats-Unis et en Asie. L’Allemagne n’a plus besoin de la zone euro. Au contraire : la zone euro commence à lui coûter cher, à travers les plans de soutien à la Grèce, au Portugal, et à l’Espagne, à tel point qu’elle songe elle aussi à quitter l’euro.

    Il est bien évident que ni la Grèce, ni le Portugal, ni l’Espagne, ni même la France et l’Italie ne pourront jamais rembourser leur dette avec une croissance atone et une industrie dévastée. La zone euro éclatera donc à la prochaine grave crise de spéculation contre l’un des cinq pays précités.

    La Chine et les Etats-Unis contemplent avec ravissement cette deuxième guerre civile interminable, et se préparent (pour les Etats-Unis une deuxième fois) à tirer les marrons du feu. La Chine et les Etats-Unis pratiquent une politique monétaire astucieuse et laxiste. On pourrait ajouter à la liste des pays pratiquant une politique monétaire intelligente la Corée du Sud, et aujourd’hui le Japon. La Grande Bretagne, elle, prépare tout simplement un référendum pour sortir de l’Europe.

    On a le choix : sortir de l’euro ou mourir à petit feu. Sinon, le dilemme pour les pays de la zone euro est assez simple : sortir de façon coordonnée et en douceur, ou attendre le tsunami financier.

    Une sortie coopérative et en douceur aurait le mérite de préserver un peu de construction européenne, un tsunami sera l’équivalent du Traité de Versailles, les perdants étant cette fois les pays du Sud. Et au-delà des pays du Sud, toute l’Europe.

    La sortie douce et coordonnée est assez simple, et a été déjà envisagée par nombre d’économistes. Il s’agit tout simplement de revenir à une monnaie commune, servant de référentiel aux différentes monnaies nationales. Cette monnaie commune, définie par un « panier de monnaies » nationales, atténue les spéculations contre les monnaies nationales.

    C’est un retour au SME (Système monétaire européen) ? Oui. Des marges de fluctuations autour de la monnaie commune. Une stabilisation de la spéculation par des limitations des mouvements de capitaux, stabilisation qui pourrait être accrue par une taxe type Tobin sur ces mêmes mouvements de capitaux. Mais le SME a échoué direz vous… Oui, parce que le SME ne s’était pas donné de lutter contre la spéculation, et n’avait pas adopté une « Chambre de compensation » comme la souhaitait Keynes dans son projet pour Bretton Woods (abandonné au profit du projet américain).

    Le meilleur moyen de rendre l’Europe odieuse, détestable pour longtemps, de faire le lit des nationalismes les plus étroits, est de poursuivre cette politique imbécile de monnaie unique associée à une « concurrence libre et non faussée » qui fait se pâmer de joie ceux qui en profitent, Chinois, Américains et autres BRICs.

    Bien évidemment la mainmise du politique sur la monnaie ne suffit pas à faire une économie puissante : la recherche, l’éducation, la solidarité sont certainement aussi importantes. Mais laisser les « marchés » gouverner les pays est tout simplement une honteuse lâcheté.

    (A suivre)

    Bernard Maris

    #économie
    #sortie-de-l'Euro
    #Bernard-Maris ( O.B. )

  • Berlin doit cesser d’asphyxier l’Europe
    http://www.alternatives-economiques.fr/berlin-doit-cesser-d-asphyxier-l-eu_fr_art_633_67195.html

    En privilégiant des politiques trop restrictives et en traînant les pieds pour réformer l’architecture de la zone euro, la politique du gouvernement allemand menace toujours l’avenir de l’Europe. Il est temps de secouer le cocotier.

    Cette tribune a également été publiée dans le quotidien Le Monde

    « Il serait à la fois tragique et ironique que, avec les meilleures intentions du monde et des moyens pacifiques cette fois, l’Allemagne soit, pour la troisième fois en un siècle, à l’origine de la ruine de l’ordre européen » écrivait en 2012 Joschka Fischer, ancien ministre des affaires étrangères allemand. En ce début 2014, l’ordre européen ne s’est pas effondré mais l’interrogation soulevée par Joschka Fischer n’en reste pas moins d’actualité : en privilégiant toujours des politiques économiques excessivement restrictives, en cherchant à freiner les actions de la Banque centrale européenne et en persistant à traîner des pieds sur tous les projets – OMT, Union bancaire… – susceptibles de corriger les défauts structurels patents de la zone euro, la politique du gouvernement allemand continue de menacer l’avenir de la construction européenne. Face à cela, les autorités françaises ont manifestement choisi pour l’instant de faire profil bas et de se plier aux desiderata d’Angela Merkel en espérant pouvoir ainsi l’amadouer et infléchir suffisamment le cours de sa politique avant qu’il ne soit trop tard. Une politique qui n’est à la hauteur ni des risques ni des enjeux.
    La crise de la zone euro est loin d’être finie

    Qu’on ne s’y trompe pas en effet : ce n’est pas parce que la zone euro devrait retrouver un petit peu de croissance cette année, que la question de la survie de l’euro cessera de se poser. Cette faible lueur au bout du tunnel a toutes chances au contraire d’aiguiser les tensions. Ce n’est pas quand la crise s’aggrave que se produisent les explosions sociales : chacun cherche alors à préserver son emploi, sa famille, ses proches. Quand, par contre, revient un peu de croissance, c’est à ce moment là que les frustrations accumulées pendant la crise s’expriment : ceux qui ont vu leur pouvoir d’achat fondre veulent se rattraper tout de suite, ceux qui ont perdu leur emploi veulent en retrouver un sans attendre… Il n’est pas certain cependant que les tensions les plus vives se produisent dans les pays de la périphérie de l’Europe : la France semble être aussi un bon candidat pour des crises majeures avec sa gauche très affaiblie et son extrême droite puissante, ses multiples groupes sociaux exaspérés et ses corps intermédiaires débordés. Mais c’est le cas également des Pays-Bas où l’activité stagne depuis longtemps, qui n’arrivent pas eux non plus à rétablir leurs finances publiques, où les tensions ethniques sont très fortes et l’extrême droite puissante. Comment faire comprendre à nos voisins que la politique allemande mène l’Europe au bord du gouffre ? Et notamment ses deux principaux alliés et partenaires commerciaux.

    #Europe
    #Allemagne
    #Berlin
    #crise
    #zone-euro
    #stratégie suicidaire
    #politique stupide

  • Déficits : pourquoi la Cour des comptes se (et nous) plante
    http://www.alternatives-economiques.fr/deficits---pourquoi-la-cour-des-comptes-se--et-nous--plante

    La cour des Comptes vient de rendre public son rapport annuel. Elle a mis en garde à cette occasion contre une dégradation des comptes publics plus forte qu’attendue jusque-là pour 2013 et contre des risques de dérapages pour l’avenir. A juste titre : c’est en effet le résultat prévisible d’une politique d’austérité excessive, et cela d’autant plus qu’elle est aussi menée chez tous nos voisins. Mais les conclusions et les recommandations que la Cour en tire sont fausses.
    Comme prévu, l’austérité n’a pas fonctionné

    L’année 2013 s’est en effet – malheureusement – déroulée exactement comme on pouvait le prévoir (les lecteurs réguliers d’Alternatives économiques nous ont en effet déjà entendu maintes fois tirer la sonnette d’alarme à ce sujet depuis que nous avions lancé en particulier l’appel « Les 3 % c’est pas maintenant » en septembre 2012). En 2012, Nicolas Sarkozy avait déjà engagé une politique d’austérité ambitieuse. Mais à son arrivée aux affaires, François Hollande l’a nettement renforcée en organisant un violent tour de vis budgétaire pour 2013 : 30 milliards de restriction budgétaire d’un coup, soit 1,5 points de PIB, - 10 sur les dépenses, + 20 sur les recettes. Il voulait en effet à tout prix tenir son engagement de campagne de ramener les déficits publics sous la barre des 3 % du PIB dès l’an dernier.

    Au final cette politique s’est révélée franchement contreproductive. Sous le poids de l’austérité budgétaire, l’activité a calé avec 0,3 % de croissance seulement l’an dernier (après déjà 0 % en 2012). Cela a entraîné de nouvelles pertes significatives d’emploi – 130 000 dans le secteur marchand – et une nouvelle hausse du nombre des chômeurs – 280 000 inscrits de plus à Pôle emploi sur l’année en catégorie A, B et C – mais aussi des recettes fiscales moindres qu’attendu et un déficit accru des régimes sociaux. Et au final le fameux déficit s’est à peine réduit, passant seulement de 4,8 % du PIB en 2012 à 4,3 % en 2013 au lieu des 3 % initialement visés....

    #économie
    #Déficit
    #déficit-structurel
    #Cour-des-comptes
    #austérité

  • « Pendant que nous admirons ces réformes, les Allemands, eux, cherchent à en sortir »
    http://www.alternatives-economiques.fr/--pendant-que-nous-admirons-ces-reformes--les-allemands--eu

    François Hollande a rencontré mardi, à l’Elysée, Peter Hartz, le père des réformes du marché du travail en Allemagne il y a dix ans. Alors que le chef de l’Etat a perdu son pari d’inverser la courbe du chômage, voilà que le modèle allemand refait surface.

    Entretien avec Guillaume Duval, rédacteur en chef du magazine Alternatives Economiques, auteur de Made in Germany : le modèle allemand au-delà des mythes, paru aux éditions du Seuil, en 2013.

    Article initialement publié sur le site de RFI.

    RFI : Peter Hartz est le père de la réforme du marché du travail en Allemagne. Pouvez-vous nous rappeler ce qu’il a fait pour l’économie allemande ?

    Guillaume Duval : Peter Hartz était le chef du personnel de Volkswagen. Il a réalisé un rapport qui proposait un certain nombre de réformes sur le marché du travail allemand. Et donc c’est lui qui est à l’origine des quatre lois qui ont suivi en 2003 et en 2004 en Allemagne. Ces lois portaient sur l’introduction de l’intérim qui n’existait pas du tout outre-Rhin à ce stade-là ; le développement de ce qu’on appelle les « mini-jobs », c’est-à-dire les boulots où les gens gagnent moins de 400 euros par mois et qui ne sont pas soumis à cotisations sociales ; et surtout celle qui a le plus marqué : celle qui a réduit la durée d’indemnisation du chômage et soumis les chômeurs à un régime très strict pour les obliger à prendre du boulot. En gros, c’est ce qu’on appelle la loi « Hartz 4 ».

    Des réformes qui ont aussi et surtout permis à l’économie allemande de se redresser…

    Absolument pas. Elles ont beaucoup creusé les inégalités en Allemagne, elles y ont développé la pauvreté. L’Allemagne est un pays qui a été géré par les conservateurs quasiment tout le temps. Tant qu’il était géré par les conservateurs, il y avait moins de pauvreté et moins d’inégalités qu’en France. Il y en a davantage aujourd’hui et, surtout, ce sont des réformes qui ont aussi affaibli notablement la négociation sociale en Allemagne. Il n’y a plus qu’une grosse moitié des salariés allemands couverts par des conventions collectives. Et c’est d’ailleurs parce que c’est très embêtant pour les Allemands que quasiment tout ce qui s’est disputé dans le contexte de la dernière élection législative et du nouveau contrat de coalition entre madame Merkel et l’USPD consistait à justement déterminer comment revenir sur les réformes Hartz et les inconvénients très graves qu’elles ont causés à la société et à l’économie allemandes. C’est pour cela que, pendant que nous, nous voulons copier les réformes Hartz, les Allemands, eux, introduisent un Smic, comme la France. Ils sont même en train d’adopter le système qui existe en France, celui de l’extension des conventions collectives et de remettre en cause les « mini-jobs ». Il y a cinq millions de personnes qui gagnent moins de 400 euros par mois et qui n’ont pas cotisé pour la retraite pendant dix ans : c’est une bombe sociale qui est préparée par ces réformes. Ils sont donc en train d’obliger ces gens-là à cotiser maintenant pour les retraites. Donc pendant que nous, on admire ces réformes, et c’est le paradoxe, les Allemands cherchent à en sortir.....

    #économie
    #crise
    #réformes
    #Allemagne ( modèle Allemand )
    #France
    #François-Hollande
    #Peter-Hartz

  • L’austérité contre l’emploi n°029 Septembre 2013
    http://www.alternatives-economiques.fr/l-austerite-contre-l-emploi_fr_pub_1242_liv.html

    Quand la croissance n’est pas au rendez-vous, les politiques publiques doivent donner la priorité à la création d’emplois et non à l’austérité budgétaire. Tel est l’argument développé dans ces extraits de La Science économique et l’action, de Pierre Mendès France et Gabriel Ardant, publié en 1954. Pour le démontrer, ils s’appuient sur l’histoire : le mauvais exemple des politiques de Brüning et de Laval au début des années 1930, le bon exemple du New Deal de Roosevelt.

    Ces textes semblent avoir été écrits aujourd’hui tant ils font écho aux préoccupations économiques françaises sur l’austérité budgétaire et la montée du chômage. Une contribution très actuelle au débat politique européen !

    #économie
    #austérité contre l’ #emploi
    #Pierre-Mendès-France ( 1954 )
    #Gabriel-Ardant

  • Jean-Marie Harribey » Blog Archive » Ce n’est pas si fréquent, l’année commencerait-elle bien ?
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2014/01/07/ce-n%E2%80%99est-pas-si-frequent-l%E2%80%99annee-commencera

    Si l’on met de côté le « pacte de responsabilité » proposé par le président de la République aux irresponsables du Medef, dont le « responsable » Pierre Gattaz se dit « prêt à jouer le jeu » (Le Monde, 5 et 6 janvier 2014), c’est-à-dire à faire empocher par les actionnaires quelques dizaines de milliards d’euros supplémentaires, l’année des économistes commence plutôt bien.

    Plusieurs économistes renommés expriment maintenant ouvertement leur scepticisme vis-à-vis des incantations à la croissance économique pour résoudre des problèmes qui ne proviennent pas autant qu’on le dit d’un manque de celle-ci. Souvent, ils abjurent même leurs anciennes convictions, mais ne boudons pas notre plaisir.

    L’OFCE, anciennement temple de la relance keynésienne de court terme, est en train de virer de bord et peut-être de renouer avec le Keynes des Perspectives économiques pour nos petits-enfants. Xavier Timbeau, dans un article intitulé « Réduire les émissions de CO2 est un impératif mondial » (Le Monde, 7 janvier 2014), pose la question : « Comment une planète aux ressources finies peut-elle supporter une croissance sans fin ? » Et il répond : « Le développement soutenable ne peut faire l’économie de l’égalité selon le genre ou l’origine ou les fondements des inégalités de revenus. Ce n’est donc pas une histoire de dette publique, de croissance ou d’infrastructure. Ce n’est pas réductible à l’application d’un taux d’intérêt dans les analyses coût-bénéfice ou au calcul de la valeur d’un stock de capital étendu à la nature ou aux ressources naturelles. »

    Le 18 juin 2002 (il y a donc près de 12 ans), l’OFCE m’avait invité à présenter mes travaux sur la soutenabilité. Tout le staff de l’OFCE était là, Jean-Paul Fitoussi en tête, qui présidait la séance. Tous avaient ouvert des yeux ronds en m’entendant expliquer exactement ce qu’écrit aujourd’hui Xavier Timbeau. Un bon bout de chemin parcouru par les keynésiens !

    Le même jour, dans le même Monde, Daniel Cohen livre un stimulant « Affranchissons-nous de notre dépendance à la croissance ». Non pas en usant du désormais argument admis presque partout, « la croissance infinie est impossible », mais en prenant à revers l’idéologie entourant les dépenses publiques et sociales : « Le problème posé n’est pas économique au sens comptable du terme, il est politique. Une économie totalement privée de croissance, qui ne produirait plus rien du tout[1], pourrait néanmoins embaucher des médecins pour soigner des malades, à charge pour la société de s’occuper plus tard des soignants devenus à leur tour malades. La croissance – en général – n’a rien à y faire. »

    Je traduis : le travail effectué dans les services non marchands est éminemment productif. C’est justement l’un des points que j’essaie de démontrer dans La richesse, la valeur et l’inestimable. Qu’en penses-tu Denis Clerc ?....

    #pacte-de-responsabilité
    #Medef
    #Pierre-Gattaz
    #OFCE

  • 5,5 millions d’inscrits à Pôle emploi, un actif sur cinq
    http://www.alternatives-economiques.fr/5-5-millions-d-inscrits-a-pole-empl_fr_art_633_66153.html

    Le nombre des chômeurs de catégorie A a un peu diminué en octobre dernier, mais le détail des chiffres de Pôle emploi montre que la dégradation du marché du travail se poursuit malgré cela.

    Le ministère du Travail a publié récemment les chiffres du chômage en octobre dernier. Ceux-ci font apparaître une baisse de 20 500 personnes des chômeurs de catégorie A (ceux qui n’ont pas travaillé du tout). Mais parallèlement le nombre des chômeurs de catégories B et C (ceux qui ont travaillé quelques heures dans le mois) augmente de 60 100 personnes. Tandis que les inscrits en catégories D et E (chômeurs en formation ou en emploi aidé) augmentent de 16 300 personnes....

    #Chômage
    #Pôle-emploi
    #actif

  • Jean-Marie Harribey » Blog Archive » La haine de la République et l’incapacité de penser
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2013/11/24/la-haine-de-la-republique-et-lincapacite-de-penser

    Le texte que j’ai écrit sur ce blog « Les fonctionnaires sont productifs. Ras-le-bol des âneries ! », ainsi que sa version publiée dans Libération le 29 octobre 2013, « Les fonctionnaires, créateurs de richesse et de valeur », ont soulevé un torrent de haine et d’insultes sur le site de Libération et sur un site de droite extrême délirant d’idéologie ultra-libérale nommé « Contrepoints », relayées ici même. La haine et les insultes déversées contre moi sont une chose qui, somme toute, ne devraient susciter qu’un haussement d’épaules. Mais elles donnent une idée effrayante de la haine de la République qu’éprouvent leurs auteurs, en même temps que de leur incapacité de penser.

    La haine de la République

    Je reviens donc une nouvelle fois sur un point de théorie qui bouscule à droite et aussi à gauche parce qu’il vise à montrer que la terre économique tourne autour du soleil et non pas l’inverse.

    Ce que ne comprennent pas ceux qui enverraient bien dans un camp de rééducation, ou pire, s’ils en avaient le pouvoir, tous les citoyens qui ne pensent pas en rond comme eux, a trait à l’économie vue comme un circuit. Ils ne comprennent pas qu’on puisse mettre en doute l’idée selon laquelle seule l’économie marchande crée de la richesse, en tant que biens et services utiles, mais aussi de la valeur, en tant que quantité de monnaie qui circule dans l’économie en contrepartie de la production. La thèse que je soutiens est que, à l’inverse, les travailleurs employés dans la sphère non marchande créent eux aussi de la richesse qui a une valeur économique monétaire, bien que non marchande, qui s’ajoute à celle produite dans la sphère marchande.

    Il s’ensuit que les impôts et autres prélèvements sont effectués sur un PIB total, incluant sa part marchande et sa part non marchande. Donc, les fonctionnaires ne sont pas payés par les seuls citoyens travaillant dans la sphère marchande, ils sont payés par tous les citoyens, eux compris....

    #haine
    #République
    #incapacité-de-penser

    • D’abord, parce que les délireurs ultra-libéraux ne supportent pas que la collectivité décide qu’une partie des ressources humaines et matérielles disponibles soit affectée à la production de services qui ne pourront pas engendrer de la plus-value grossissant le capital avide de rentabilité, ces ressources n’étant dès lors plus disponibles pour cela.

      Oui cette idée que la part de richesse produite qui est gérée (c’est à dire affectée à des dépenses, donc par raccourci « dépensée ») par la collectivité ne serait pas une vraie richesse (puisqu’elle n’enrichit pas directement un investisseur privé), c’est vraiment un lieu commun à combattre.
      Les capitalistes, à travers leur belle mythologie néolibérale, ont réussi à convaincre les masses qu’une activité privée rentable pour des investisseurs était forcément économiquement meilleure, plus performante, plus saine qu’une activité publique utile pour la collectivité. Ils sont très forts ( = on très naïfs)

      Cette confusion entre la richesse produite par l’activité du territoire dans son ensemble (PIB) et la richesse qui intéresse les capitalistes (la production du secteur privé), @monolecte en avait dégoté un bel exemple ici
      http://seenthis.net/messages/161287

      Cette controverse n’est pas anecdotique, cette volonté de nier à la puissance publique son rôle/efficacité économique, on comprend bien quel intérêt cela a pour le pouvoir capitaliste, pour lesquels les Etats redistributifs sont le dernier obstacle à leur pouvoir total.

      D’où l’importance pour tous de bien comprendre de quoi on cause quand on parle de PIB..
      http://seenthis.net/messages/190597
      #idéologie

    • Le privé n’a pas démontré sa performance en matière de gestion. Je prends pour exemple celui de la Sécurité sociale qui a réduit ses coûts de gestion entre 2005 et 2010 de 3,6% des dépenses à 3,07%. ▻http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20110323trib000610153/comment-la-securite-sociale-veut-reduire-ses-couts-de-gestion.html

      Les mutuelles se situent actuellement vers 12% .
      En 2014, obligation d’informer les assurés du pourcentage de frais de gestion prélevé sur leur cotisation http://www.argusdelassurance.com/acteurs/mutuelles-de-sante-ip/un-arrete-reporte-a-2014-la-publication-des-frais-de-gestion-sant
      ,

    • Au delà des préjugés sur la « productivité » du secteur public, il y a un autre aspect idéologique qui fait que les libéraux ont du mal à admettre que le secteur public puisse créer des richesses : pour eux toute dépense collective qui ne passe pas par le « marché » n’est pas une richesse car elle est « subie » par le consommateur (le libéralisme a transformé le citoyen-contribuable en consommateur-tout-court).
      Si celui ci n’a pas la liberté de dépenser son argent comme il l’entend sur un marché, si le financement de ce bien passe par l’impôt au lieu de passer par une transaction de marché, ce consommateur compulsif se sent dépossédé, floué, appauvri.

      Dans le libéralisme, le moteur c’est la liberté d’assouvir ses instincts égoïstes. Et dans la psychologie libérale, le collectif c’est l’oppression. Une richesse produite/consommée collectivement c’est un non-sens pour eux. La richesse publique, c’est pour eux quasiment un oxymore.. D’où l’agressivité des réactions aux propos de JM Harribey..

  • Chômage, impôts, croissance zéro : et si tout n’était pas de sa faute ?
    http://www.alternatives-economiques.fr/chomage--impots--croissance-zero---et-si-tout-n-etait-pas-d

    L’exécutif français a ses responsabilités dans le marasme économique, mais le contexte européen n’aide vraiment pas. Pour redresser la barre dans l’Hexagone, François Hollande doit changer significativement la donne européenne.

    A peine plus d’un an après avoir été élu, François Hollande est donc devenu le chef de l’Etat le plus impopulaire de toute la Ve République. A sa décharge, il faut reconnaître qu’il est toujours difficile d’être populaire lorsqu’on se donne comme objectif prioritaire de rétablir l’équilibre des comptes publics, puisque cela implique d’augmenter les impôts en même temps qu’on réduit les dépenses.

    Ceux – nombreux – qui approuvaient en théorie une telle priorité avant l’élection et qui y voyaient même un gage de sérieux et de crédibilité découvrent brusquement qu’eux-mêmes, ou les structures auxquelles ils appartiennent, vont y laisser quelques plumes. Que ce soit en tant que contribuables, fonctionnaires ou encore bénéficiaires de telle ou telle prestation sociale ou subvention. Leur enthousiasme se mue alors rapidement en scepticisme quand ce n’est pas en franche hostilité. D’autant qu’on a quasiment toujours le sentiment, dans ces cas-là – et il peut être justifié –, qu’une injustice est commise parce que telle ou telle autre catégorie de la population est moins mise à contribution que soi-même. Notamment quand, faute d’harmonisation fiscale en Europe, il reste compliqué de rétablir une véritable progressivité de l’impôt et d’obliger les multinationales à verser, elles aussi, leur écot à l’effort commun.

    Le jeu en vaut-il la chandelle ?
    Mais si la mise en œuvre d’une telle stratégie rencontre autant de critiques aujourd’hui, c’est aussi parce qu’on peut légitimement douter que le jeu en vaille véritablement la chandelle. Jamais personne, en effet, n’a réussi à se désendetter dans un contexte de faible croissance et de quasi-déflation comme celui qu’organisent structurellement les règles qui régissent actuellement l’espace économique européen. On peut également douter qu’au final, une telle politique puisse aboutir à autre chose qu’à un appauvrissement global du pays et à une remise en cause des systèmes de solidarité progressivement mis en place, en France comme ailleurs, pour tenter de dompter un capitalisme qui, livré à lui-même, broie les sociétés et les individus qui les composent.

    Comment ne pas constater les énormes dégâts sociaux et économiques entraînés par les politiques prônées depuis trois ans dans les pays de la zone euro en crise, sans que ceux-ci voient le bout du tunnel en matière d’endettement public ? Et comment s’enthousiasmer pour les succès d’un modèle allemand obtenus au prix d’une hausse spectaculaire de la pauvreté et des inégalités, et d’un formidable déséquilibre démographique, faute de dépenses collectives suffisantes ? On peut se demander s’il ne s’agit pas simplement d’engager la France à son tour dans la course au moins-disant social commencée au sud de l’Europe depuis trois ans.

    Bref, l’exécutif français a ses responsabilités dans le marasme actuel, mais le contexte européen n’aide vraiment pas. Et on peut douter que François Hollande parvienne à redresser la barre dans l’Hexagone s’il ne réussit pas à changer significativement la donne au niveau des Vingt-Huit.

    #économie
    #crise
    #austérité
    #chômage
    #impôts
    #croissance-zéro

  • Excédents allemands : pourquoi la zone euro marche sur la tête
    http://www.alternatives-economiques.fr/excedents-allemands---pourquoi-la-z_fr_art_633_65850.html

    La Commission européenne vient d’entamer une procédure contre l’Allemagne à cause de ses excédents extérieurs excessifs : ils frisent en effet les 200 milliards d’euros cette année. Et dépassent donc les 6 % du PIB allemand, la limite maximale fixée dans le six pack, l’ensemble de règles de bonne conduite macro-économique au sein de la zone euro adopté en 2011 pour réformer le pacte de stabilité. Alors que jusque-là on ne s’intéressait qu’aux déficits et aux dettes publics, on surveille désormais également les déficits extérieurs et l’endettement privé, et c’est une très bonne chose même si, concernant les excédents extérieurs, la limite prévue a été placée trop haut (à la demande du gouvernement allemand à l’époque).

    Ces excédents monstrueux sont en effet le signe que l’Allemagne ne fait pas ce qu’elle pourrait pour soutenir sa demande intérieure. Ni même en réalité ce qu’elle devrait dans son propre intérêt si l’idéologie n’aveuglait pas ses dirigeants (et pour une large part son opinion publique sur ce terrain) compte tenu de la pauvreté très importante qui s’est répandue suite aux réformes menées par Gerhard Schröder au début des années 2000 - près de 16 % de la population en 2012, un record – du fait notamment de l’absence de salaire minimum, compte tenu également de la dégradation des infrastructures publiques très peu entretenues depuis quinze ans par volonté de comprimer les dépenses publiques, compte tenu enfin de l’insuffisance des dépenses en matière en particulier de crèches et de structure d’accueil des enfants scolarisés ce qui entretient un grave déficit démographique… Un soutien accru de la demande intérieure allemande sur ces terrains permettrait en effet aux autres pays de la zone euro - et notamment à la France - d’exporter davantage vers l’Allemagne. A l’issue des dernières élections générales de septembre dernier, la grande coalition en cours de formation entre la CDU d’Angela Merkel et les sociaux-démocrates du SPD semble (enfin) prête à aller quelque peu dans cette direction. Mais compte tenu de la tendance très forte dans l’opinion allemande à considérer que seule l’austérité est possible et souhaitable, il n’est certainement pas inutile que la Commission européenne et les autres gouvernements européens exercent (enfin) également une pression suffisante sur le gouvernement allemand à ce sujet.

    #économie
    #excédents
    #Allemagne
    #zone-euro
    #austérité
    #crise

  • Jean GADREY » Blog Archive » Après « PV sans frontières », bientôt « justice fiscale sans frontières » ?
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2013/11/12/apres-%c2%ab-pv-sans-frontieres-%c2%bb-bientot-%c2%ab-justi

    Ce court et excellent billet n’est pas de moi mais de Gérard Gourguechon (présenté à la fin). Vingt-cinq pays de l’Union européenne viennent de se mettre d’accord pour qu’une infraction au Code de la route commise par un de leurs ressortissants dans un autre pays signataire puisse être effectivement appliquée. Ainsi, les questions de “souveraineté nationale”, parfois mises en avant pour expliquer, par exemple, l’absence de coordination et d’harmonisation en matière fiscale, n’ont posé, cette fois, aucun problème.

    Il devient donc possible de faire suivre et poursuivre une sanction au Code de la route commise dans un pays même quand le contrevenant est domicilié dans un autre pays de l’Union européenne. Ceci va se faire alors même que les législations en matière de Code de la route ne sont pas toutes les mêmes. Pour ce genre d’infraction, ceci est donc maintenant réglé. Force restera donc à la Loi. Et c’est très bien.

    Cette volonté de respect de la loi, cette volonté d’application effective de sanctions, manifestée enfin par les dirigeants de vingt-cinq états membres de l’Union européenne, devrait certainement maintenant se traduire dans une démarche identique dans la lutte contre les fraudes fiscales. Car il est certain que ces gouvernements, soucieux de l’application des sanctions aux Codes de la route, seront également soucieux d’agir contre les infractions aux Codes généraux des impôts.

    Après l’opération “PV Sans Frontières” (PVSF), nous allons bientôt voir apparaître sur nos écrans l’opération “Justice Fiscale Sans Frontières” (JFSF). Le Luxembourg, l’Autriche, d’ordinaire réticents à faire collaborer leurs administrations, d’ordinaire très avares dans la fourniture de renseignements aux administrations et aux justices des autres états, viennent de le faire pour lutter contre les infractions routières. Nous ne pouvons douter qu’ils vont faire de même pour agir tout aussi efficacement contre les infractions fiscales, dont les méfaits à l’égard des populations et des Etats sont sans commune mesure avec les infractions routières. De même, nous attendons des dirigeants des vingt-trois autres états une volonté d’agir contre les fraudeurs au fisc égale à celle qu’ils viennent de manifester à l’égard des tricheurs au Code de la route.

    Si rien n’était fait, mais nous ne pouvons envisager une telle turpitude de nos dirigeants, ce serait manifestement un mauvais signe donné aux populations. Ces populations pourraient croire qu’il y a des infractions contre lesquelles il convient d’être intransigeants (absence de paiement d’une place de stationnement du véhicule, parcage de la voiture sur un endroit interdit, etc), infractions commises par le tout venant, et d’autres infractions pour lesquelles il faut ménager la chèvre et le sou, pour lesquelles la liberté individuelle de chacun doit être privilégiée. Ces populations, sidérées, pourraient penser qu’il y a deux “justices”, que la vieille formule “suivant que vous serez puissant ou misérable, etc” est, en fait, une formule d’une brûlante actualité. Ils pourraient penser que, s’il s’agit des infractions commises par le gratin des états, par celles et ceux qui suivent les pratiques de ministres du budget ayant des comptes en Suisse, alors rien n’est possible, alors les frontières entre les états sont intangibles.

    Nous attendons, avec empressement, que toutes ces mauvaises pensées nous soient effacées.

    Gérard Gourguechon est un ancien inspecteur des impôts, ancien secrétaire général du Syndicat National Unifié des Impôts (SNUI), membre du Conseil scientifique d’Attac (Fiscalité, mondialisation financière, paradis fiscaux, etc) et membre de la Fondation Copernic (Fiscalité, Dépendance, etc).

    #économie
    #PV-sans-frontières (fait)
    #justice-fiscale-sans-frontières ( ? )

  • Jean-Marie Harribey » Blog Archive » Économie positive, économie circulaire, ça fonctionne ou ça tourne en rond ?
    http://alternatives-economiques.fr/blogs/harribey/2013/09/27/economie-positive-economie-circulaire-ca-fonctionne-ou-ca-t

    Plusieurs nouveaux concepts font fureur en ce moment : l’économie de la fonctionnalité, l’économie circulaire, depuis quelques années déjà, et l’économie positive, depuis trois jours, qui englobe les premières. Et l’éclectique Jacques Attali a compris la leçon de Carrefour : positiver. À moins qu’il ne se soit inspiré du milliardaire américain John Mackey, promoteur du conscious capitalism, mais qui considère que les syndicats dans l’entreprise sont un herpès, ainsi que le rapporte Le Monde magazine du 28 septembre 2013. Attali s’est donc saisi de ce gadget pour en faire un rapport, « Pour une économie positive », remis à grand renfort de trompettes radiophoniques avant-hier matin.[1]

     

    Tout positiver pour ne pas négativer

    L’histoire du capitalisme est jalonnée de leurres idéologiques pour faire oublier sa violence quotidienne, particulièrement en période de crise, de chômage, d’inégalités croissantes et de montée de la pauvreté, car il faut donner le change, multiplier les camouflages du délitement de la société par tous les bouts.

    On s’en serait douté, il n’est pas question dans le rapport sur l’économie positive de renverser le capitalisme, ni même, version soft, de le dépasser. Il s’agit de le rendre « patient » (p. 16 et 53) et « conscient (p. 25). D’ailleurs, « conscient » s’entend encore mieux en anglais : le conscious capitalism est encore plus conscient que le capitalisme conscient.

    Pour cela, il faut positiver : « L’économie positive vise à réorienter le capitalisme vers la prise en compte des enjeux du long terme. L’altruisme envers les générations futures y est un moteur plus puissant que l’individualisme animant aujourd’hui l’économie de marché. » (p. 15). On recycle donc pour l’occasion le développement durable, un peu en perte de vitesse il faut le dire.

    À propos de recyclage, dont l’économie actuelle se contrefiche sauf s’il est susceptible de rapporter, il ne suffit plus de parler de réutilisation des déchets ou d’échanges inter-industriels, il faut dire « économie circulaire ». Ainsi, on aura l’impression que le recyclage à 100 % est possible, dépassant la loi de l’entropie....

    #économie_positive
    #économie_circulaire

  • 40 propositions pour la santé des plus pauvres
    http://www.alternatives-economiques.fr/40-propositions-pour-la-sante-des-p_fr_art_633_65004.html

    Un rapport remis au Premier ministre fait 40 propositions pour favoriser l’accès aux soins des plus pauvres, fragilisés par la crise.

    Un rapport, remis au Premier Ministre le 25 septembre, sur les difficultés d’accès aux soins des plus démunis dresse un constat sévère sur le volet santé de notre système de protection sociale et ses déficiences pour la prise en charge des plus précaires. « En France, la santé des plus pauvres est préoccupante, souligne Aline Archimbaud, sénatrice écologiste et rapporteure, et ce malgré tous les outils que nous avons à disposition ».

    La faute à la crise d’abord, dont les effets se manifestent par une dégradation de la santé de certaines catégories de la population. Ce phénomène est observé dans toute l’Europe. Dans une note publiée en mars dernier, l’association Médecins du monde s’alarmait des conséquences des politiques d’austérité sur l’accès aux soins des plus pauvres. Observant les patients reçus dans ses centres de soins dans plusieurs villes européennes, l’ONG y notait le niveau extrêmement élevé de personnes privées d’accès aux services de santé et ne recevant plus de soins appropriés à leur pathologie, notamment en Espagne et en Grèce [1].

    Malgré tout un arsenal pour les plus pauvres, la France n’est pas épargnée. Les renoncements aux soins sont importants : En 2010, selon l’Insee, 16,2 % des 18-64 ans ont renoncé à se soigner dans les 12 mois précédent. Ce taux grimpe à près d’un tiers pour ceux qui ne bénéficient pas de complémentaires santé, souvent les plus précaires. Ce phénomène tend à s’aggraver, sous l’effet conjoint de l’augmentation du nombre de personnes pauvres (la France compte 8,8 millions de personnes vivant avec moins de 983 euros par mois, soit près d’un million de plus qu’en 2002) et des carences des dispositifs à destination des plus précaires.....

    #Santé
    #Pauvres