/The_Strategic_Logic_of_Credit_Claiming_

  • Max Abrahms : "Why the conventionnal wisdom on ISIS has been totally wrong"
    https://www.academia.edu/25800049/Why_the_Conventional_Wisdom_on_ISIS_Has_Been_Totally_Wrong?auto=download

    Résumé. L’article de cet universitaire explique que la communication gore et spectaculaire de Da’ich traduit une mauvaise stratégie, contrairement à la présentation fascinée du groupe qui est faite généralement dans nos médias. Selon l’auteur la promotion publicitaire que Da’ich crée autour de ses atrocités n’est pas une réussite. Ses principaux gains territoriaux se sont faits avant que ses fameuses vidéos ne se diffusent en Occident. Celles-ci ont au mieux comme bénéfice de diriger vers lui cette extrême minorité des populations qui sont fascinées par cette violence extrême, plutôt que vers des groupes concurrents, mais dans le même temps elles contraignent les Etats attaqués à répliquer militairement (comme Obama après la décapitation de Foley) et à agir pour tarir ses sources de recrutement, et de plus elles ont un effet négatif sur le recrutement « local » tandis qu’elles mobilisent contre lui les groupes visés ; et de fait Da’ich est maintenant en train de perdre et se retrouve sans soutien international.
    Ceci a contrario des groupes que l’auteur juge proches par l’idéologie de Da’ich, comme Nousra ou Ahrar, et qui ont adopté une stratégie de communication plus classique pour des groupes terroristes tendant à passer sous silence les atrocités qu’ils commettent contre des civils, ou à tenter de limiter la casse quand cela se sait, et à focaliser leur communication vers l’extérieur sur leurs cibles militaires. L’auteur rappelle comment Ahrar, accusé d’opprimer les minorités, a rédigé une tribune pour se défendre de cette accusation dans le WaPo ou bien comment Nousra, après que ses membres ont massacré 20 civils druzes, a fait savoir que les responsables seraient jugés devant une cour islamique. Ceci leur permet de continuer de bénéficier du soutien des pays du Golfe et de la Turquie.

    Citations pour conclure :

    ISIS is led by a stupid leader who exercises terrible brand management. Most terrorist leaders have a much better appreciation of the costs of extremism and therefore try to market their group as more moderate.

    et :

    These examples aren’t just anecdotal. In separate studies, I find all sorts of evidence that unlike Baghdadi, most terrorist leaders are smart enough to try to reign in their fighters and brand their group as more moderate. In separate large-n statistical studies covering hundreds of militant groups around the world, I find that militant groups tend to attack civilians when the leadership is too weak to constrain its fighters.I find that terrorist group leaders tend to refrain from claiming attacks when their operatives strike civilian targets. And in a content analysis of terrorist propaganda videos, I find that terrorist group
    leaders tend to showcase only their groups’ attacks against military targets.
    Like CEOs in business, terrorist CEOs have to be smart about how to brand their organization for the widest appeal.
    There’s “power in numbers” even in the world of terrorism. Twitter and Facebook shouldn’t be condemned for helping ISIS broadcast its heinous behavior – they should be commended for exposing the group and thereby turning the world against it. Islamic State’s leader will soon be fired, perhaps by drone.

    • @fil : c’est vrai qu’apparemment ça ne va pas dans le même sens. Mais c’est pas tout à fait inconciliable, je pense. Je tente le truc.
      Peut-être que la maîtrise de la communication comme signe de la modernité de Da’ich (Atwan) va même très bien avec le non-sens de sa stratégie. Abrahms soutient que si la communication de Da’ich (publicité maximale en incarnant le rôle de supervilain des comics ou d’Hollywood) à court terme lui a permis de recruter plus que ses concurrents dans le même vivier, à plus long terme elle a contraint des acteurs puissants à se mettre en branle contre lui - songeons par exemple au changement d’attitude à contre-coeur et contraint d’Ankara - ce qui a eu des effets stratégiques négatifs qui contrebalancent nettement maintenant les bénéfices du départ. Une communication efficace devenue une stratégie déplorable (une guérilla a besoin de bases de repli et de soutiens extérieurs, nul besoin d’avoir lu Galula ou Trinquier pour savoir ça).
      Donc court-termisme, et subordination de tout, et notamment de la stratégie, à la logique extrinsèque de la communication, n’est-ce pas là des attributs de plein droit, avec la maîtrise des codes et des techniques cinématographiques hollywoodiens, de la modernité la plus avancée ? C’est en tout cas ce qu’essaie d’exemplifier chaque jour @dedefensa (on peut aussi penser au Debord des Commentaires).