« La loi travail est l’affront qui fait monter au front »

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  • «Il y a des moments où c’est intelligent d’aller tout péter»
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    Recours à la #violence

    Marius : « Il y a des moments où c’est intelligent d’aller tout péter parce que ça va créer une rupture, et d’autres où l’action citoyenniste est plus utile. C’est l’intelligence du moment. C’est peut-être moins d’adrénaline, mais plus intelligent. Il y a des glissements des uns vers les autres. »

    Clémence : « Il est important de ne pas plaquer des gestes qui pourraient devenir répétitifs et inutiles. Si la foule n’accompagne pas le mouvement, ça ne sert à rien, comme une action pacifiste non partagée. »

    Marius : « Si je fais un tag en manif mais que je sens l’hostilité des gens derrière moi, ça ne me fait pas marrer. De la même façon, il y a des jours où je ne me sens pas de me mettre en K-Way noir et cagoule. On s’est affronté trois fois avec les flics à Nation, et la troisième fois, ça ne m’a pas fait marrer. On faisait exactement ce qu’ils attendaient de nous. »

    Clémence : « On peut très bien partir en manif sauvage sans être dans l’affrontement. Quand les flics décident de nous gazer et nous virer, l’intérêt, c’est aussi de passer entre les mailles. En plus, le cortège en noir, ça a un côté un peu sinistre, morbide, automatique. »

    Marius : « Il faut aussi que les gens réalisent qu’on est des personnes normales. On est plein à avoir un boulot, on n’est pas des jeunes désœuvrés qui n’avons rien à perdre. Des fois, on jette des pavés sur des banques, mais on est aussi hyperjoyeux. On veut un monde joyeux. Cultiver la terre, faire des banquets à prix libres ou gratuits, c’est ça. On est animés par des sentiments constructifs. Par ailleurs, j’aurais pu participer à pas mal d’actions violentes qui ont été faites, mais certaines fois, il n’y a pas l’envie. Parce qu’on est des êtres humains, qu’on flippe, qu’on ne veut pas se faire gauler. Je ne suis pas une machine violente prête à assumer la prison. Des fois, la nuit, quand j’entends une bagnole, je crois que c’est la BAC [brigade anticriminalité, ndlr]. »

    Clémence : « Après, pour moi, la destruction matérielle, ça n’est pas de la violence. La vidéo de la bagnole incendiée, je l’ai d’abord vue à la télé, c’était très saccadé. Puis je l’ai revisionnée sur Internet et je n’ai pas eu l’impression de voir la même scène. Quand les flics sont sortis, la voiture n’était même pas enflammée. Le bris de glace, ce n’est pas que je le dédramatise, mais je le relativise. »

    Clémence : « Sur la question de la violence physique, je n’aurais pas envie qu’un policier meure. Mais je fais la différence entre les agents de la voiture incendiée et les CRS qui sont dans la répression et te matraquent dès qu’ils en reçoivent l’ordre. Pour moi, ces gens sont dangereux. »

    Marius : « C’est aussi une question stratégique. Si demain un flic meurt, on va se faire anéantir. On a beau essayer de rester anonymes, on est assez facilement identifiables. Nos lieux seront perquisitionnés très vite. On ne veut pas forcément venir en manif casqués, avec une gazeuse. Je n’ai pas envie de tomber dans une forme nihiliste, parce que je suis arrivé là bien plus par les idées que par les pulsions violentes. Je préfère prendre le risque de recevoir un coup de matraque que de venir avec un casque en manif. »

    Clémence : « Moi, j’aimerais bien avoir un casque, parce que j’ai une peur panique du flash-ball. Quand tu vois un copain avec un cratère au milieu du visage, ça fait réfléchir. »

    Marius : « Un autre truc marrant, c’est qu’en manif, dans le Black Bloc, on se reconnaît sous les capuches. Il y a des démarches, des regards. Ce qui compte aussi, c’est la bienveillance portée sur les autres, notamment quand quelqu’un participe à une action pour la première fois. Par exemple, je n’aime pas les attitudes virilistes, autoritaires. Ce n’est pas forcément l’armoire à glace qui doit péter une vitrine. Si une fille doit s’y reprendre à quatre fois, pas de problème. »

    «#casseurs»