• Israël. Le régime autoritaire de Netanyahou contesté. Quelle dynamique ?
    Par Meron Rapoport (Article publié sur le site israélien +972, le 23 juillet 2020 https://www.972mag.com/netanyahu-authoritarian-protests-corruption ; traduction rédaction A l’Encontre)
    http://alencontre.org/moyenorient/israel/israel-le-regime-autoritaire-de-netanyahou-conteste-quelle-dynamique.htm

    Les chemins des avocats israéliens Lea Tsemel et Gonen Ben Yitzhak se sont croisés dans le passé, même si ce n’est pas directement. Lea Tsemel a défendu des générations de Palestiniens devant les tribunaux militaires israéliens, qui ont très souvent fondé leurs décisions sur des informations classifiées fournies par le Shin Bet (Service de sécurité intérieure israélien). Ben Yitzhak a représenté des agents du Shin Bet, qui ont fourni ces informations sous un régime antidémocratique dans les territoires occupés.

    Mercredi dernier, Tsemel et Ben Yitzhak se sont à nouveau rencontrés. Cette fois, Ben Yitzhak, qui est l’une des figures de proue des manifestations du nom « le ministre du crime » contre la corruption de Benyamin Netanyahou, a été amené menotté au poste de police du Russian Compound de Jérusalem [un des plus vieux quartiers au centre Jérusalem où se trouve l’église orthodoxe] pour que sa détention préventive soit prolongée, un jour après avoir été arrêté lors des manifestations du « Jour de la Bastille » devant la résidence du Premier ministre.

    Lea Tsemel est également arrivée au poste du Russian Compound ce jour-là, tout comme elle l’avait fait d’innombrables fois lorsqu’elle représentait des détenus palestiniens ; cette fois pour représenter Ben Yitzhak et sept autres personnes qui ont été arrêtées. Mais la police a décidé de maintenir Lea Tsemel en dehors du poste du Russian Compound, affirmant qu’elle était censée être en quarantaine à cause d’un supposé contact avec quelqu’un qui avait contracté le Covid-19.

    Lors d’une petite conférence de presse le lendemain, Ben Yitzhak a affirmé que la police ne disposait d’« aucune preuve » que Lea Tsemel devait être isolée. Les détenus, a déclaré Ben Yitzhak, n’ont pas pu bénéficier d’une représentation juridique. Ceci, a-t-il conclu, « ne peut pas avoir lieu dans une démocratie ». L’ironie de la situation le dépasse.

    Ce petit incident montre à quel point les dirigeants des manifestations anti-corruption sont des membres privilégiés de l’establishment lui-même. Mais il montre aussi la situation complexe créée par les manifestations anti-Netanyahou – qui ont pris une ampleur considérable en raison de la mauvaise gestion de la pandémie et de l’économie par le gouvernement. Ces mêmes personnalités de l’establishment se considèrent désormais comme des « dissidents ». Les protestations, qui ont été menées par les « privilégiés », ont conduit à la remise en cause la plus directe du pouvoir de la droite de la dernière décennie.(...)

    #Israelmanif

  • Israël. Des meurtriers parmi nous
    Par Gideon Levy Article publié dans Haaretz, le 7 juillet 2019 ; traduction A l’Encontre)
    http://alencontre.org/moyenorient/israel/israel-des-meurtriers-parmi-nous.html

    (...) Tel est le policier des frontières qui a tiré sur le jeune Abdallah Gheith, le 31 mai 2019. Un jeune ? En fait, un garçon, il avait 15 ans. Comme le dit son oncle Halaf : « Il n’a jamais vu la mer. »

    Abdallah rêvait de prier à la mosquée Al-Aqsa avec son cousin le dernier vendredi du Ramadan. Ils étaient tous les deux trop jeunes pour obtenir un laissez-passer. Son père les a déposés près d’un trou dans la clôture et Abdallah a été tué par balle alors qu’il était coincé entre deux clôtures. Une zone de mort israélienne non déclarée, comme en Corée du Nord. Quiconque la traverse est condamné à mort. A l’époque, ça choquait tout le monde quand ça s’est passé à Berlin-Est. C’est insignifiant quand ça arrive à Bethléem.

    Après la parution, l’autre jour, de l’article de Haaretz sur l’assassinat du jeune homme, le porte-parole de la police des frontières a attiré mon attention sur quelques erreurs dans cet article. Comme il l’a dit, le jeune a été abattu alors qu’il escaladait la clôture, et non pendant qu’il était au sol, et les agents de la police des frontières lui ont tiré dessus lors d’une embuscade sans courir vers lui.

    Le tableau est donc maintenant complet, au cas où il y aurait encore des doutes. Le garçon a été liquidé : il a été assassiné. On pourrait aussi dire qu’il a été exécuté.

    Un garçon, désarmé – regardez les photos de lui, le regard innocent – qui grimpe une clôture pour réaliser un rêve et prier sur un lieu saint un jour saint. La police des frontières lui a tiré dessus avec une arme mortelle, un fusil de marque Ruger, que l’avocat général militaire considère comme un acte de tir effectif. Ils l’ont fait alors qu’ils étaient allongés en embuscade au moment où les jeunes grimpaient une clôture. Une seule personne était en danger dans cette scène : le garçon. (...)

    source : Israel’s Border Police, Murderers Among Us
    Gideon Levy - Jul 07, 2019 3:09 AM
    https://www.haaretz.com/opinion/.premium-israel-s-border-police-murderers-among-us-1.7451743

  • A l’encontre » Israël. « Oslo », la stratégie des fake news. Faut-il changer le nom de la capitale norvégienne ?
    par Amira Hass – Haaretz en date du 20 mai 2019, traduction A l’Encontre
    http://alencontre.org/moyenorient/israel/israel-oslo-la-strategie-des-fake-news-faut-il-changer-le-nom-de-la-capi

    Bien avant que les fausses nouvelles (fake news) ne fassent partie de nos vies, de concert avec son parent légal, Donald Trump, le champion en titre du genre était « Oslo ». Cette référence à Oslo (les accords d’Oslo dès 1993) est devenue synonyme de dissimulation de la réalité par le biais de fausses informations et de leur diffusion par des voies officielles respectées. Si j’étais Norvégienne, je lancerais une pétition pour changer le nom de ma capitale.

    Et pourquoi ne proposerais-je pas simplement une pétition demandant que le nom de la capitale norvégienne soit retiré du nom officieux mais commun des accords qu’Israël a signés avec l’OLP à partir de 1993 ? Parce qu’étant donné l’énorme puissance mondiale d’Israël, aucune pétition de ce genre n’aurait la chance d’être entendue.

    Il est très commode pour Israël que ses mesures calculées pour détruire l’espace géographique des Palestiniens et user la société palestinienne au point de susciter des pensées suicidaires et des rêves d’émigration restent à jamais enveloppées dans le manteau de la respectabilité scandinave, blonde et froide. (...)

  • A l’encontre » Jérusalem : Al-Aqsa unifie le combat des musulmans
    Par Amira Hass
    (Article publié dans le quotidien Haaretz, en date du 23 juillet 20017 ; traduit par Yves Jardin ; édition par A l’Encontre)
    http://alencontre.org/moyenorient/israel/jerusalem-al-aqsa-unifie-le-combat-des-musulmans.html

    Un jeune homme non religieux de la région de Ramallah a exprimé son étonnement sur la façon dont (la question de) Jérusalem était en train d’unifier l’ensemble du peuple palestinien, et a comparé Omar al-Abed, l’auteur de l’attaque à Halamish [Omar al-Abed, âgé de 19 ans, a tué les trois membres de la famille de Yossef Salomon 70 ans – soit Chaya Salomon, 46 ans, et le fils, Elad Salomon, 36 ans – dans la colonie d’Halamish, Cisjordanie occupée] vendredi soir [21 juillet], à Saladin [XIIe siècle, premier sultan d’Egypte et Syrie, premier dirigeant – « d’origine » kurde – de la dynastie ayyoubide qui a régné un siècle ; Saladin a gagné une bataille décisive à Hattîn, en 1187, près du lac dit de Tibériade, au nord-est de la Palestine, contre le Croisés, ce qui a permis la reconquête de Jérusalem presque un siècle après sa conquête par les Croisés en 1099].

    Une comparaison idiote, tous en conviendraient. Néanmoins, le besoin de mentionner Saladin résume le ras-le-bol ressenti par les Palestiniens quant à ceux qu’ils considèrent comme les nouveaux Croisés.

    Ce jeune homme ne peut pas aller à Jérusalem-Est ni dans la Vieille Ville, qui est à moins de 30 kilomètres (environ 18 milles) de chez lui, parce que, même en temps ordinaire Israël n’accorde pas d’autorisations d’entrée « comme ça » à des gens de son âge. Et peut-être fait-il partie de ceux qui estiment qu’il est humiliant d’avoir à demander une autorisation d’entrée dans une ville palestinienne. La dernière fois qu’il est allé (à Jérusalem) c’était quand il avait 13 ans – il y a presque 13 ans.

    Et donc ce jeune Palestinien n’a pas entendu vendredi à Jérusalem quelques-uns des prédicateurs parler de leur nostalgie de Saladin. Parce que les Palestiniens s’en sont tenus à leur interdit d’entrer à Al-Aqsa en passant par les détecteurs de métaux israéliens, des soi-disant (« self-styled ») prédicateurs se sont adressés à des groupes de fidèles qui s’étaient rassemblés dans les rues de Jérusalem-Est et de la Vieille Ville, encerclés par des membres de la Police des Frontières les visant avec des fusils de précision à longue portée.

    traduction en français de l’article original signalé ici : https://seenthis.net/messages/617080

  • A l’encontre » Israël. Une décision de la Cour suprême qui froisse le régime colonial et « le transfert paisible
    http://alencontre.org/moyenorient/israel/israel-une-decision-de-la-cour-supreme-qui-froisse-le-regime-colonial-et

    <i>Garde privé israélien à Jérusalem-Est en 2015 (Credit : Emil Salman)</i><p><b>Par Amira Hass</b><p>D’après la décision de la Cour suprême de justice de la semaine …

  • A l’encontre » Le sang de Khaled Bahar clame justice, mais personne en Israël ne l’entend
    par Gideon Levy
    Article publié dans Haaretz, le 27 octobre 2016 ; traduction A l’Encontre
    http://alencontre.org/moyenorient/israel/le-sang-de-khaled-bahar-clame-justice-mais-personne-en-israel-ne-lentend

    Khaled Bahar

    Le sang de Khaled Bahar clame justice. On peut presque entendre cette clameur là où il est tombé [le 20 octobre sous les balles d’un soldat israélien], à l’ombre de quelques abricotiers, où il reste une tache noire de sang coagulé à côté de quelques cailloux et d’une bouteille d’eau en guise de mémorial. On entend la clameur de son sang dans la salle 1207 du lycée à Beit Ummar, entre Bethléem et Hébron – la classe du 10e degré, dont les élèves sont restés à la maison en signe de deuil. Cette grève a été décidée spontanément par les étudiants. Ils ont posé des pétales de fleur colorés sur chaque pupitre, suspendu des fleurs en plastique commémoratives sur les murs. Et, sur le pupitre du mort, ils ont mis sa dernière photographie, entourée de couronnes de fleurs. Jeudi, juste quelques heures avant qu’un soldat israélien le tue, Khaled était encore assis dans cette classe.

    Le sang de Khaled clame justice dans le silence de mort qui enveloppe la salle de classe vide comme un linceul, dans le drapeau en berne qui flotte dans la cour de récréation. Son sang clame justice à cause des circonstances qui ont entouré sa mort : un jeune de 15 ans que les soldats ont pourchassé avec une jeep parce qu’ils le suspectaient d’avoir jeté des pierres sur leur véhicule blindé, avant que trois soldats sortent de la jeep et que l’un d’entre eux l’abatte d’un coup de feu tiré dans le dos d’une distance de 20 mètres, le tuant alors qu’il fuyait désespérément pour sauver sa vie.
    (...)
    Le sang de Khaled clame justice. Cette semaine j’ai été sur les lieux de la tuerie et sur les lieux de commémoration chez lui et à son école à Beit Ummar, et vendredi je ferai un rapport détaillé. Depuis cette visite, j’ai de la peine à garder le silence, à ne pas dénoncer cet acte ignoble et lâche, si déplorable et rageant qui consiste à abattre un adolescent en fuite en lui tirant dans le dos, sans sentiment de culpabilité et sans encourir de sanction.(...)

    https://seenthis.net/messages/535446

  • A l’encontre » Israël : Shimon Peres a « défini la poussée coloniale comme étant un processus de paix »
    par Amira Hass | Article publié dans la rubrique « opinion » de Haaretz, en date du 7 octobre 2016 ; traduction A l’Encontre
    http://alencontre.org/moyenorient/israel/israel-s-perez-a-defini-la-poussee-coloniale-comme-etant-un-processus-de

    (...) Le discernement et la débrouillardise de Peres ont beaucoup contribué à ce qu’Israël puisse asseoir et élargir son entreprise coloniale profitable : en définissant la poussée coloniale comme étant un processus de paix, il a même réussi à obtenir des subsides internationaux pour la mener à bien.

    La réalité des enclaves palestiniennes – séparées au milieu des colonies israéliennes en plein développement et résultat inébranlable des négociations d’Oslo – ne constitue pas un malencontreux accident historique. La « solution » des enclaves palestiniennes a pris forme, sous différentes tournures, depuis l’occupation de 1967 : c’était une manière d’harmoniser la version israélienne des colonies de peuplement dans une ère post-coloniale.

    Cette réalité des enclaves palestiniennes a été en partie créée par des idées exprimées publiquement, mais surtout en les imposant sur le terrain : les colonies, les routes, l’annulation des statuts de résidants de milliers de Palestiniens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est), le manque d’entretien de l’infrastructure et les obstacles mis au développement des zones où vivent les Palestiniens. Lorsque cela nous convenait, nous avons accordé aux Palestiniens une liberté de mouvement. Lorsque cela leur donnait trop de moyens (notamment lors de la première Intifada – qui a commencé en décembre 1987), nous l’avons révoquée. Et Peres était présent à chacun de ces différents moments.

    Dans les années 1970, Peres et Moshe Dayan [1915-1981] ont promu l’idée du « compromis fonctionnel » – il s’agissait non pas d’une partition des terres, mais plutôt d’une partition de l’autorité gouvernementale. Nous, les Israéliens, devions contrôler le territoire. Les colons continueraient à s’y multiplier et à être des citoyens israéliens, alors que la Jordanie contrôlerait les Palestiniens. Le plan d’autonomie issue des Accords de Camp David avec l’Egypte au cours du mandat de Menachem Begin en tant que Premier ministre [1977-1983] était une variante de ce « compromis fonctionnel ».

    Peres, qui a donné sa bénédiction pour l’établissement d’un partenariat confidentiel lors des négociations d’Oslo, a été très clair à l’époque sur le fait qu’il était opposé à la constitution d’un Etat palestinien.

    Cette opposition a entravé les négociations, et lorsqu’il a finalement été décidé d’accepter l’accord et de l’appliquer graduellement, il n’y avait plus d’objectif final. Mais dans quelle direction pouvaient aller un accord si l’objectif n’avait pas été défini ? La réponse est évidente : ils iraient là où le déciderait le pouvoir souverain – le côté ayant la suprématie militaire, économique et diplomatique. C’est ainsi qu’on est arrivé aux enclaves. Et ce n’est pas par hasard si l’avocat Joel Singer [conseiller légal du ministère des Affaires étrangères] a participé aux négociations et aux rédactions des accords aussi bien à Camp David ]1978] qu’à « Oslo » [« finalisé » en 1993].(...)

  • Israël. « Le pays déborde des adeptes du sionisme religieux »
    Gidéon levy | Haaretz, le 14 août 2016
    http://alencontre.org/moyenorient/israel/israel-le-pays-deborde-des-adeptes-du-sionisme-religieux.html

    Les commentaires de mon collègue Ari Shavit [membre du comité de rédaction du quotidien Haaretz] selon lesquels le mouvement des colons est enthousiasmant montrent que dans ce pays même le mouvement qui se dit « centriste radical » est obscurantiste.

    On se frotte les yeux d’incrédulité. Un journaliste israélien qui se définit comme n’étant ni religieux ni nationaliste a écrit : « Les gens de Mercaz Harav et de Gush Emunim [1] n’ont rien volé à personne. Ce qu’ils ont fait depuis ces 49 dernières années a été d’éduquer, ce qui est impressionnant, et de mobiliser et recruter, ce qui est enthousiasmant. » (Ari Shavit, 11 août)

    Nous sommes en 2016, et le crime a ainsi été blanchi, voire devenu un exemple pédagogique. La victoire a été déclarée.

    Un mouvement qui n’a pratiquement fait que voler des terres [colonie] gagne donc l’admiration d’une personne qui se définit comme étant du « centre radical ». Ce mouvement dont l’existence est fondée sur l’expulsion, la fraude et la corruption est devenu non seulement légitime, mais même « enthousiasmant » et « impressionnant » pour une personne qui se considère pourtant comme étant éclairée. Un mouvement basé sur la manipulation des croyances religieuses est admiré par une personne qui se considère pourtant comme étant laïque.(...)

  • Israël. Imposer le silence sur les crimes de l’occupation
    par Gideon Levy
    Article publié dans Haaretz le 10 juillet 2016 ; traduction A l’Encontre
    http://alencontre.org/moyenorient/israel/israel-imposer-le-silence-sur-les-crimes-de-loccupation.html

    (...) Israël règne sur deux sociétés qui sont l’une et l’autre incapables de débattre de l’occupation. Il y a, d’un côté, la société juive qui vit dans le déni et la répression, qui n’est au courant de rien et ne veut rien savoir, et, de l’autre, la société palestinienne qui est au courant de tout ce qui concerne l’occupation, mais qui est privée de droits.

    Dans ce contexte où il y a, d’un côté, une société qui détient le pouvoir mais ne reconnaît pas la situation réelle et, de l’autre, une société qui connaît cette situation mais à qui personne ne demande son opinion, il est impératif de faire sortir le débat, de faire en sorte que le monde sache à quoi ressemble l’occupation israélienne et connaisse ses crimes. C’est la seule manière d’y mettre un terme.

    L’argument selon lequel ce serait là une mesure anti-démocratique est l’un des plus éhontés et des plus hypocrites qui aient jamais été exprimés en Israël. Il ne semble plus y avoir de limites à l’hypocrisie et à l’effronterie.

    Yair Lapid, le dirigeant de Yesh Atid, veut régler les choses à l’intérieur, comme on le fait dans une cour hassidique de Gour [la dynastie hassidique la plus importante en Israël], comme on le faisait autrefois dans les kibboutz et comme on le fait dans les familles du crime organisé.

    Lapid a écrit sur Facebook : « Breaking the Silence [initiatives de soldats apportant des témoignages sur les crimes de l’occupation] n’est pas intéressé à influencer la société israélienne depuis l’intérieur et préfère nous calomnier à l’extérieur. »

    Il estime que l’édition anglaise de Haaretz est un partenaire dans ce crime de diffamation. Yair McCarthy mène d’ailleurs une guerre sans limites contre l’édition anglaise de ce journal ; il met même en cause la nomination de la prochaine éditrice de l’édition anglaise sous prétexte que son mari fait partie de Breaking the Silence. Accusé de sexisme, il a modifié une petite partie de sa déclaration.

    Les soldats et les vétérans de Breaking the Silence ont le devoir de renseigner tout le monde – et Haaretz a le devoir de le transmettre à tout le monde – en Israël, mais surtout ailleurs dans le monde. Les crimes de l’occupation doivent être connus partout. Les choses ne peuvent pas être « réglées entre nous », « chez nous », parce que chez nous il y a un système de lavage de cerveau et de blanchiment des crimes qui atteint de nouveaux sommets. Maintenant on prétend non seulement qu’il n’y a pas de crime, mais en plus qu’il n’y a pas d’occupation. On ne peut pas débattre avec des gens qui sont autant coupés de la réalité, de cette réalité qui est que les crimes de l’occupation sont horribles et ne font qu’empirer.(...)

  • Israël. « Ce n’est pas la campagne BDS qui est criminelle »
    Par Gideon Levy
    http://alencontre.org/moyenorient/israel/israel-ce-nest-pas-la-campagne-bds-qui-est-criminelle.html
    Publié par Alencontre le 15 - juin - 2016 | (Article publié dans le quotidien Haaretz, le 9 juin 2016. Traduction A l’Encontre)

    La lutte contre le mouvement pour boycotter Israël (BDS – Boycott, désinvestissement, sanctions) a atteint en Israël un niveau inédit – celui de la criminalisation. A partir de maintenant il ne s’agit pas simplement d’une campagne de propagande contre BDS (qui ne fait d’ailleurs que le renforcer), ni de l’attitude habituelle qui consiste à se poser en victime, ni même des bobards colonialistes prétendant que le boycott fait du tort aux travailleurs palestiniens. Il ne s’agit même plus d’une diabolisation, qui implique d’accuser les partisans du boycott d’antisémitisme, soit la mère de toutes les accusations.

    Non, maintenant le boycott est devenu un crime. C’est devenu un crime de boycotter le criminel [l’Etat colonisateur]. C’est un crime d’éviter d’acheter des denrées produites dans des territoires du crime. C’est un crime d’éviter de soutenir une fabrique de crime. C’est un crime de lutter contre les violations du droit international.

    Le puissant travail du lobby juif-israélien est en train de marquer des points. Le feu vert a été donné par la Cour suprême en France, qui, l’année dernière, a jugé – cela paraît incroyable – que le fait de boycotter Israël était un « crime de haine » [1]. Ce ne sont donc ni les colonies ni les exécutions aux check-points, ni la violence des colons ni les arrestations de masse qui sont un crime. Non, c’est le fait de les boycotter qui constitue un crime.