Mai 68 Les archives secrètes de la police

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    • Le 6, Daniel Cohn-Bendit comparaît en fin de matinée à la Sorbonne, ce qui entraîne évidemment de nouvelles échauffourées, scandées par le slogan désormais célèbre « Libérez nos camarades ! ». A l’issue de cette nuit chaude (plus de 300 policiers blessés, 422 arrestations), le commissaire Maurice Gravaud alerte sa hiérarchie sur l’inadaptation des forces de police face à cette nouvelle guérilla urbaine : « Ces groupes organisés sont extrêmement durs et mobiles et ne sont retenus par aucune considération morale et sociale. [...] Si le courage physique de nos unités comme des autres formations (gardes mobiles ou CRS engagés) est très grand, notre matériel s’avère toutefois peu adapté à des actions adverses si violentes. Il serait utile, sur les grands axes, de disposer de véhicules protégés ne craignant ni la crevaison ni les obstacles et pouvant abriter la progression à pied. [...]

      Les liaisons radio, liées aux véhicules, sont insuffisantes. C’est ainsi que, mon véhicule ayant été immobilisé par une crevaison, j’ai perdu le contact radio, pendant mon engagement boulevard Saint-Germain. Enfin, le public curieux dans lequel se diluent des manifestants devrait être avisé par tout moyen d’information d’avoir à fuir au plus vite les lieux de cette manifestation. »

      Les souhaits du commissaire vont être exaucés au fil des émeutes. Les boucliers opaques, sans visibilité, qui obligeaient les policiers à exposer leur visage, seront remplacés par des boucliers transparents. Les lourds bulldozers utilisés contre les barricades laisseront la place à de petits engins à pelleteuse Mercedes plus mobiles. Les liaisons radio seront considérablement développées. On inventera même des petits barrages métalliques pliables spécialement destinés à protéger les ponts... Bref, le matériel de maintien de l’ordre a, lui aussi, connu sa révolution.