l’armée renonce au controversé protocole Hannibal

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  • Israël : l’armée renonce au controversé protocole Hannibal
    Par Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant) | 28.06.2016 à 17h46
    http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2016/06/28/israel-l-armee-renonce-au-controverse-protocole-hannibal_4960006_3218.html

    L’armée israélienne a décidé de mettre un terme à une procédure extrêmement controversée : le protocole Hannibal. Celui-ci prévoit l’utilisation de moyens militaires quasiment illimités pour empêcher l’enlèvement, au cours d’une opération, d’un ou plusieurs soldats par l’ennemi. Quitte à sacrifier la vie de ces soldats. Cette décision, prise il y a plusieurs semaines par le chef d’état-major, Gadi Eizenkot, devance la publication d’un rapport imminent du contrôleur d’Etat, qui est censé plaider en ce sens, selon la presse israélienne. « Cette décision a été prise après l’examen des précédents, dans le cadre d’une zone de combat asymétrique moderne, explique au Monde un responsable militaire. Le protocole posait des questions professionnelles, opérationnelles et éthiques. »
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    Longtemps couvert par le secret militaire, ce protocole a été largement commenté et décrié après son utilisation, le 1er août 2014, au cours de l’opération « Bordure protectrice », dans la bande de Gaza.

    Un cessez-le-feu venait d’entrer en vigueur, mais les soldats cherchaient des tunnels du Hamas, près de Rafah, au sud du territoire. Après la capture du lieutenant Hadar Goldin par les combattants du Hamas, son unité a ouvert le feu de façon indiscriminée, tuant plus d’une centaine de Palestiniens, tandis que l’aviation israélienne pilonnait cette zone densément peuplée. Des hôpitaux et des ambulances ont été visés. On ne sait si le soldat était vivant ou déjà mort au moment de sa capture. Ce jour fut surnommé « vendredi noir ».

    Dans un rapport publié un an plus tard, fin juillet 2015, Amnesty International a dénoncé de « sérieuses violations du droit humanitaire international » pouvant relever de crimes de guerre, commis dans « un climat pervers d’impunité qui existe depuis des décennies ». Un lieutenant d’infanterie, qui a figuré parmi les dizaines de témoins interrogés par l’organisation non gouvernementale Rompre le silence pour son rapport sur « Bordure protectrice » publié au printemps 2015, résumait ainsi cette procédure : « Hannibal, c’est genre : tout est permis. »