• Je ne sais pas ce qu’il y dans mon café ce matin, mais je viens de réaliser quelque chose qui me donne le vertige, nous sommes donc, désormais, en 2019, ce qui veut dire que cette année, en octobre, nous allons commémorer le trentième anniversaire de la chute du mur de Berlin, qui, dans mon souvenir, était hier, avant-hier tout au plus.

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/cinquantaine/pele-meles/022.htm

    • ah oui tiens ! j’aurai dû m’en souvenir aussi @sombre ma fille est aussi née en 89 mais au mois de mars.
      Par contre je me souvenais toujours de la date de construction du mur de Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961 par la RDA. Un bon copain était né le lendemain, le 14.

    • C’est aussi la fin de la guerre Afghanistan/URSS et de celle du Liban, mais c’est le début de la guerre au Kosovo

      C’est la répression place Tien An Men en Chine et la mort de Khomeiny en Iran

      C’est l’assassinat de Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné en Nouvelle Calédonie

      C’est la tuerie de Polytechnique à Montréal (14 femmes tuées)

      C’est le début de la transition démocratique en Tchecoslovaquie, Hongrie, Pologne, Bulgarie, Chili, Paraguay, Nicaragua, et Salvador

      C’est l’année de Camille Claudel (avec Isabelle Adjani) et de Do the Right Thing de Spike Lee, de Mystery Train de Jim Jarmusch et de Dangerous Liaisons de Stephen Frears, de Sex Lies and Videotapes de Steven Soderbergh et du Temps des Gitans de Emir Kusturica

      C’est l’année de Puta’s Fever, de la Mano Negra, et de Mlah, des Negresses Vertes, de New-York, le retour de Lou Reed, de Oh Mercy, le retour de Bob Dylan

      (oui, je suis aussi obsédé par 1989)

      #1989

    • Replonger dans le désordre...

      https://www.france24.com/fr/20191222-la-roumanie-a-connu-une-v%C3%A9ritable-r%C3%A9volution-depuis-la-

      La Roumanie célèbre les 30 ans de la chute du régime totalitaire. Le 22 décembre 1989, Nicolae Ceausescu, au pouvoir en Roumanie depuis 1965, est renversé puis executé trois jours plus tard. Luca Niculescu, ambassadeur de Roumanie en France, revient sur ces événement et les changements qu’a connus le pays depuis.

  • Où je découvre que Sarah
    N’est pas une jeune étudiante de 18 ans
    Mais une ethnologue trentenaire

    Petit-déjeuner matinal avec Sarah
    Je lui raconte mon rêve
    Sarah : je me demande bien ce que cela veut dire

    Et je ris :
    Raconte-t-on ses rêves à sa fille
    Etudiante en psycho ?

    http://www.desordre.net/musique/eels.mp3

    Autoradio : blagues capillotractées
    Entre-soi, je switche sur les Eels
    Et je tombe sur un ancien hymne amoureux

    Et je tombe sur un ancien hymne amoureux
    Et je m’en fous complètement
    Là je pourrais me penser guéri, j’en doute

    Je rechigne
    Et je renâcle
    À me mettre au travail

    Le tapuscrit de Frôlé par un V1
    Est un désordre sans nom
    Le report des corrections un labyrinthe sans issue

    Elle oublie de descendre de la rame
    Je ne parviens pas à monter à temps
    Je la regarde s’éloigner

    Elle descend juste à temps
    Je parviens à monter dans la rame
    Je la regarde en m’éloignant

    Elle oublie de descendre
    Je monte dans la rame in extremis
    Nous sommes penauds entre deux stations

    Elle descend juste à temps
    Je rate la rame
    On ne sait pas quoi se dire sur le quai

    Je suis en avance
    Mon psychanalyste me demande
    De m’installer, il arrive

    En l’attendant, je corrige
    Mon tapuscrit des Anguilles
    Je corrige mes rêves chez le psy

    Je rentre juste à temps dans l’open space
    Tout à l’heure j’en pars pour rejoindre Adrien
    Finalement l’ open space c’est le lieu de transit

    C’est la première fois
    Que je retourne à la Sorbonne
    Depuis très longtemps, ému

    Ému et vieux
    C’est tant mieux
    Je dois jouer le rôle du vieux

    Première répétition avec Adrien
    On s’apprivoise comme il dit
    Essouffle-toi, mets-toi dans tout tes états !

    On est trop long d’une heure
    J’apprends à connaître Adrien
    Qui voudrait rajouter des choses

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/schnittke.mp3

    En sortant, accueillis par des chœurs
    Depuis l’amphithéâtre
    Où j’ai entendu le trio Calaïs la première fois, 1993

    Quant au chemin à pied
    Depuis la Sorbonne
    Pour rejoindre la place Monge

    Quant au chemin en métropolitain
    Depuis Monge
    Pour aller à Daumesnil

    Je passe prendre Emile au rugby
    Quelques poignées de main
    Qui font du bien

    De très bons spaghettis
    De chouettes rire à trois
    Je travaille deux petites heures

    #mon_oiseau_bleu

  • Elle et B. se croisent à un vernissage
    Elle est saoule
    Je tente une déclaration d’amour en collage

    J’ai réussi un exploit d’organisation
    Aujourd’hui je n’ai rien à faire
    C’en est vertigineux, paralysant

    J’utilise la page de Qui ça ?
    Comme jukebox aléatoire
    Je m’y retrouve totalement

    Je passe devant le carton d’invitation
    D’Agnès Geoffray, je pose un câble USB dessus
    Une image, une photographie

    Je croyais pourtant
    Avoir arrêté
    La photographie

    C’est tout juste
    Si je sais encore
    Changer d’objectif

    C’est tout juste
    Si je sais encore
    Faire la mise au point

    C’est tout juste
    Si je sais encore
    Cadrer

    Mais
    Je sais encore
    Déclencher

    Dans Frôlé par un V1
    Je peine à décrire le croisement
    D’avec les sœurs Le Pen

    Il est en effet nettement
    Plus plaisant de décrire, si bref fut-il
    Le croisement avec Romane Bohringer

    Alors Maréchal-nous-voilà,
    On vient apprendre à dessiner
    Des croix gammées à main levée ?

    Il n’y avait pas d’amour perdu,
    Ni gâché, entre Maréchal
    Et De Jonckheere

    Quelle est la probabilité
    D’avoir, dans son frigo, des huîtres, du beurre
    De la crème, du gingembre et de la coriandre ?

    Je me cuisine
    Pour moi seul
    Des huîtres chaudes !

    Je peine à trouver le sommeil à la sieste
    Action conjuguée de la digestion des huîtres
    Et du souvenir de la soirée avec B. hier soir

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/20140924_jacques_demierre001.mp3

    Tant pis
    Café
    Axel Dörner

    Je retourne
    À mes Fantômes
    Je retourne en 1986

    http://www.desordre.net/bloc/ursula/2014/sons/metheny.mp3

    En 1986, j’ai eu mon permis
    J’ai bu une bière avec Pat Metheny
    Je suis entré aux Arts Déco, Daphna

    En 2017, j’ai perdu 25 kilogrammes
    Je suis tombé amoureux d’elle
    Une Fuite en Égypte

    Mais en 2017 aussi, j’ai été très malade
    Très malheureux, elle est partie
    Et Tante Moineau ne s’est pas réveillée

    En 2017, trop tôt pour faire le bilan ?
    Trois amis sont partis
    Encore dimanche. Stop !

    https://www.youtube.com/watch?v=Spwnz4q3iFw

    Des années que je me disais
    Que je devais aller écouter
    Le duo Sarah Murcia – Kamilya Jubran

    Sarah Murcia (b) – Kamilya Jubran (oud, chant)
    Régis Huby (v), Guillaume Roy (a)
    Et Atsushi Sakaï (vcl)

    Rarement ai-je écouté
    Une musique comme celle-ci
    Qui m’atteignait sans passer par la tête

    Il y a des musiques qui rendent triste
    D’autres qui poussent au suicide
    Celle-ci prend au ventre, sans détour

    Après le concert
    Je me demande si je ne trouve
    Pas la clef d’un tel pouvoir

    Sur les partitions de Kamilya Jubran
    On lit la musique de gauche à droite
    Et les paroles, en arabe, de droite à gauche

    Si un jour le récit de J.
    Est porté à l’écran − on peut rêver
    J’ai déjà trouvé mon actrice : Sarah Murcia

    Je repars avec la galette
    Que j’installe sur l’autoradio
    Je peux me sentir tellement heureux parfois

    #mon_oiseau_bleu

  • Climat : Donald Trump
    Annonce le retrait des Etats-Unis
    De l’accord de Paris

    Ce matin, je dépose Sarah
    À son oral d’anglais, décontractée
    Déjà un beau souvenir

    Législatives : Manuel Valls
    En danger
    Dans son fief

    Un jour, les journalistes
    N’utiliseront plus le mot de fief
    Et nous serons tous libres

    Une recherche sur le mot de fief
    Me renvoie, sur le site du Monde ,
    1212 résultats

    Déjeuner
    Avec
    Archiloque

    Devant la terrasse du restaurant
    Un piéton est renversé par une voiture
    Nous ne prenons pas de dessert

    Coupe-toi les ongles
    Tu saigneras moins
    Du nez

    Daphna ! Appelles-tu, elle ne répond pas
    Et passe son chemin, sans t’entendre
    Tu viens de héler Romane Bohringer

    Romane Bohringer traverse la rue devant toi
    Dans l’autoradio la voix de Manou Farine
    Vis-tu dans un monde enchanté ?

    Tu devrais appeler Daphna
    Longtemps que tu ne l’as pas vue
    Et longtemps que tu n’as parlé avec elle

    Clémence passe à la maison
    Tu la retiens à dîner
    Préfiguration de la vie future

    Le mot fief 1212 fois dans Le Monde
    Romane Bohringer traverse la rue
    Dîner improvisé avec Clémence

    #mon_oiseau_bleu

  • J – 61 : Donc Une fuite en Egypte est chez les libraires. C’est mercredi matin dans le monde, et comme tous les mercredis matins après avoir pris mon petit déjeuner avec Nathan, qui n’était pas de très bon poil d’ailleurs, je me refais un café et je descends dans le garage, en me posant salement la question et maintenant qu’est-ce que je fais ?

    Et posant ma tasse de café, allumant Guy, mon ordinateur s’appelle Guy, je pense justement à mon père, mon père s’appelle Guy, aussi. Enfant j’ai été un très bon joueur de tennis, je n’ai jamais été classé comme on dit, mais nombreux les jeunes joueurs classés auxquels j’ai fait mordre la poussière. Mon style c’était je monte au filet quoi qu’il arrive. J’avais des réflexes de tigre et je jouais aussi beaucoup pour la beauté du geste. Naturellement comme pour tous les jeunes gens de ma génération, mes idoles s’appelaient Bjorn Borg et John McEnroe. Mon tempérament sur un court était plus que passable ce qui faisait dire à mon père qu’à défaut de pouvoir jouer comme McEnroe, je produisais des imitations très convaincantes de ses crises sur le court, mais ce n’était pas la seule des remarques que mon père me faisait à propos de tennis. Par ailleurs je ne brillais pas au lycée, j’étais un cancre fini. Néanmoins il arrivait sporadiquement qu’un cours m’intéresse, éveille en moi un peu d’intérêt et de courage pour l’étudier, c’était souvent accidentel, je me souviens par exemple que lors de ma première terminale j’avais eu 3 de moyenne toute l’année en sciences physiques et chimie, en dépit de deux très bonnes notes, un 17 pour un devoir de physique sur la trajectoire de boulets de canon que l’on tirait à des angles différents — je me demande à quel point je ne serais pas encore capable de faire ce devoir aujourd’hui, je me souviens par exemple de la démonstration qui veuille que pour atteindre la plus grande distance possible, à puissance de feu et masse du boulet égales, il faille tirer à un angle de 45 degrés d’avec l’horizontale, ce qui est ce que tout un chacun produit naturellement, non pas en tirant au canon, mais pour envoyer un projectile le plus loin possible —, et un autre à propos du complexe d’oxydo-réduction en chimie et de calculs de temps de réaction, mais ça c’est plus parce que j’en voyais des applications directes dans mon petit labo photo — en revanche mes souvenirs quant aux complexes d’oxydo-réduction sont restés trop longtemps dans l’hyposulfite de soude, je ne me souviens plus de rien, je suis littéralement passé au numérique. Et naturellement, cossard comme pas permis, je tentais de faire valoir que de telles notes, tellement exceptionnelles, dont je me vantais fort, devraient me valoir quelques possibilités de sorties, mon père était assez prompt à me demander ce que, d’après moi, Borg avait fait le lendemain de sa dernière victoire à Roland Garros, non ? tu ne vois pas, et bien il est retourné à l’entraînement. C’était imparable.

    Et du coup ce matin, date de sortie d’Une Fuite en Egypte en librairie, je vois bien que j’ai deux possibilités en descendant dans le garage armé de ma tasse de café, soit j’attends patiemment le coup de téléphone de mon éditeur pour m’annoncer que j’ai reçu le prix Nobel de littérature (que je vais m’empresser de refuser, l’année dernière on l’a donné à une chèvre, je ne mange pas de ce pain-là), soit je me remets au travail.

    J’ai décidé, une fois n’est pas coutume, de m’inspirer de Borg, je retourne à l’entrainement. Je me remets au travail. Dans le garage. J’y suis tellement bien finalement.

    Et qu’irai-je faire à Stockholm ? Fut-ce le pays de Borg, mon idole d’enfance.

    #qui_ca

  • J – 134 : J’ai déjà le titre de cette chronique en tête, et cela depuis le début de la lecture de ce deuxième tome du Journal de la crise de Laurent Grisel. Le titre ce serait Un poète chez les phynanciers .

    De même, depuis ma lecture du premier tome, et en entamant la lecture de ce deuxième tome, je me rends compte que je ne peux pas faire vraiment une chronique d’un tel livre, Laurent est un ami cher, les enjeux de son livre me sont incroyablement familiers, Laurent a en quelque sorte réussi là où j’avais échoué par manque de force et d’opiniâtreté, mais surtout il est allé infiniment plus loin que je n’aurais jamais été capable d’aller. Son courage, sa détermination et son intelligence brillante du sujet rendent d’emblée la chronique impossible. Alors disons que je vais, non pas écrire une lettre ouverte à Laurent, ce serait détestable et aux antipodes de notre dialogue habituel, mais disons partager un certain nombre de choses que je voudrais discuter avec Laurent la prochaine fois que nous nous verrons, en Bourgogne ou à Paris, qu’importe.

    Déjà, je trouve qu’il faut un courage hors du commun pour vouloir en découdre avec la machine à coudre, se fader de telles lectures, tenter de comprendre, et les comprendre, tous ces mécanismes phynanciers qui sont systématiquement présentés comme tellement complexes qu’ils sont en dehors de la portée du commun des mortels, nous avons tous l’intuition qu’il y a là un énorme bobard, mais encore faut-il le démontrer, et donc, pour cela puiser dans la masse indifférenciée de toute cette exégèse obscène de la pensée économique, de la pensée unique. Pour comprendre et décortiquer comment fonctionne le marché des produits dérivés, et là vous comprenez, en un éclair, mais un peu tard, que ces saloperies de calculs de dérivées sur lesquels on vous faisait suer en terminale, ces calculs ont une application en dépit de leur apparente abstraction - et cette application est nocive -, pour comprendre et décortiquer comment la vente et la revente de dettes, que ce soit celle de particuliers qui tentent d’acquérir un bien foncier ou celles d’états, souverains seulement en apparence, n’a qu’une seule vertu, celle de maintenir la tête de l’endetté sous l’eau, de lui donner, de temps à autre, l’illusion d’une possible respiration, de plus en plus espacée dans le temps, jusqu’à la faillite, la mort par noyade phynancière de l’endetté, toutes ces familles américaines qui, en dépit d’avoir payé au moins la part nette de leur emprunt, se voient en fait jetées hors de leur maison et ces états en faillite auxquels, tels la Grèce, on impose de s’endetter davantage, notamment pour pouvoir faire face à leurs dépenses militaires, dont en fait elles n’ont pas du tout besoin - contre qui la Grèce est-elle en guerre, à part l’Allemagne, qui justement vend des armes à la Grèce ?

    Les explications de Laurent Grisel sont parfois difficiles à suivre et il faut parfois faire le chemin que lui a fait, de reconstituer certains fonctionnement sur du papier libre, jusqu’aux deux tiers du livre où le lecteur accepte désormais que ce poète aventureux dans cette vallée de vautours et de fonds éponymes ne nous raconte pas d’histoires, au contraire de ceux dont la voix est omniprésente - pour nous expliquer que ouh là là ma bonne dame c’est pas du tout aussi simple que cela, laissez-moi vous expliquer les tenants et les aboutissants du marché obligataire - en faveur de la pensée et de la parole uniques. Et puis, de temps en temps, quelques passages, qui étaient nettement plus nombreux dans le premier tome, et qui avaient ma faveur - au point que je dédicace Qui ça ? à Laurent : « Pour mon ami Laurent Grisel, ce journal, comme un anti-journal, inspiré en négatif de son Journal de la crise. Laurent, ce qui compte dans ton Journal de la crise, c’est beaucoup plus la narration de tes faits propres, tellement plus immenses que ceux que nous peinons à retenir en dépit qu’ils nous soient rabâchés et qu’on ferait aussi bien, au contraire, d’oublier. » - dans lesquels on suit, donc, le travail de tous les jours de Laurent quand il est qui il est, un poète, et pas des moindres, et qui consent ce sacrifice insigne de plonger au cœur même de la broyeuse pour nous avertir de ses dangers.

    En cela la stratégie de Laurent Grisel ressemble fort à celle d’un Paul Jorion, souvent cité dans le livre au même titre que Pizzigati, ainsi, quand Laurent Grisel lit ceci ans le journal du MAUSS ( http://www.journaldumauss.net ) :

    « Il faut appeler un chat un chat, le libéralisme est la philosophie spontanée du milieu des affaires : laissez-moi poursuivre mon intérêt particulier et l’intérêt général en bénéficiera. De fait, paradoxalement, cela marche toujours, jusqu’à un certain degré, parce que même l’exercice d’une avidité égoïste oblige celui qu’elle motive à consacrer une partie de ses efforts à maintenir en état de marche le contexte général au sein duquel elle s’exerce. C’est ce qu’évoque Adam Smith avec la "main invisible". Si l’on veut jouer au football avec l’intention ferme de gagner, il convient quand même de se mettre d’accord avec les autres joueurs pour savoir qui louera le terrain, qui s’occupera d’entretenir le gazon. L’être humain est social, quoi qu’il en pense, et même son intérêt égoïste exige la collaboration, la coopération »,

    il en conclut sans mal cette transcendance remarquable : ce qui marche dans le capitalisme, c’est le communisme.

    Un des autres grands mérites de ce livre est aussi de nous donner une vision rétrospective d’une valeur assez égale à celle, elle panoptique, qu’Emmanuel Addely nous donne, dans Je Paie , des dix dernières années, et qui montre que, non seulement les choses ne s’améliorent pas, Laurent Grisel lui, montre qu’au contraire elles se tendent et que le choc à la rupture n’en sera que plus violent : y aura-t-il de la guerre avant Noël ? C’est un rappel utile, en effet, de constater que, contrairement à ce qui est rabâché sans cesse à propos de la crise financière actuelle, les choses ne datent pas de 2008, en ayant pris tout un chacun par surprise, non, elles sont largement antérieures, elles sont visibles, dans leur caractère systémique, dès 2006, et en 2007, elles ne sont plus remises en question, par personne du milieu, la seule question étant de savoir, apparemment c’est un jeu fréquent de la profession, jusqu’où il peut être trop tard pour sauter de ce train lancé pleine vapeur contre une montagne sachant que le train est de toute manière sorti des rails depuis fort longtemps. Nul doute qu’à ce jeu, façon Rebel without a cause de Nicholas Ray, les plus malins ont sauté depuis longtemps, sont déjà la recherche d’un autre train à dévaliser, et que par ailleurs le train condamné transporte de très nombreux passagers, en fait, l’humanité entière.

    Cela fait vraiment un bien fou de lire tout cela en pleine clarté, et je me dis que j’ai enfin trouvé quelqu’un pour répondre à cette question qui me taraude depuis 2008 : lorsque le gouvernement étatsunien a levé 2000 milliards de dollars pour renflouer ces banques hors-la-loi, sans aucune contrepartie, sans aucun exigence, et pareillement dans le reste du Monde, pourquoi est-ce qu’il n’a pas fait transiter ces milliards par les créanciers de ces banques voleuses, le coup était double, les particuliers restaient en possession de biens qu’ils avaient malgré tout, peu ou prou remboursés, et les banques scélérates étaient renflouées.

    La réponse à cette question, seul un poète pouvait me la donner. La réponse c’est : « parce que. »

    Et quelle tendresse j’ai pour mon ami en lisant ce passage qui conclut un très âpre paragraphe à propos des produits dérivés et leur enfer :

    « Samedi 10 février 2007. Grand anniversaire de l’ami M., notre voisin. Beaucoup de monde, de musique, la grande est pleine et joyeuse. Pas un seul à qui parler de l’enquête en cours, pas un qui ait l’air de se douter du grand effondrement… »

    Exercice #57 de Henry Carroll : Photographiez un son

    Ce qui est peu ou propu le principe de l’Image enregistrée . ( http://www.desordre.net/bloc/image_enregistree/index_arthrose.htm )

    #qui_ca