Les femmes ne sont pas assez égoïstes

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  • Les femmes ne sont pas assez égoïstes
    http://sexes.blogs.liberation.fr/agnes_giard/2012/02/les-femmes-ne-sont-pas-assez-%C3%A9goistes.html

    Le biais de base, c’est que beaucoup de femmes n’ont pas d’abord le désir de jouir mais le désir d’être désirée. L’homme lui, cherche clairement sa jouissance, et cela passe par le stimulus du corps féminin - ce qui n’est pas du tout hétérocentré mais hétéroallumé. La femme a appris à valoriser son pouvoir d’allumage sur l’homme. C’est de cela que beaucoup jouissent le plus. Le plaisir et l’orgasme viennent en prime (quand ils viennent), et ils sont pour partie le produit de cette excitation que suscite le fait de plaire. Voilà comment la culture a structuré notre libido. Avec un détour par le regard de l’homme. Les femmes se regardent par les yeux de l’autre, raison pour laquelle elles ont tant de mal à s’abandonner au plaisir qui pourrait les faire grimacer. Je pense donc qu’il y a une composante trop narcissique dans la sexualité féminine, mais pas assez égoïste. Jouir du plaisir qu’on déclenche plus que du plaisir qu’on éprouve, c’est se couper de soi, au profit de l’image de soi. C’est un peu comme si on faisait faire l’amour par son clone en oubliant qu’on pourrait être là.

    • @monolecte

      Tu vois je suis allé voir Elles de Malgorzata Szumowska, qui est un film absolument catastrophique, et je remarquais combien dans ce film de femme à propos de femmes, tout était entièrement dominé par l’imagerie pornographique, c’est-à-dire que filmant des scènes de sexe, Malgorzata Szumowska ne se départit pas du tout du pornographique, comme s’il n’existait absolument aucune autre manière de faire, à vrai dire dans Elles c’est même consternant tant une des scènes de rencontre d’une des jeunes femmes avec un de ses clients est littéralement montée comme un film porno (en nettement plus court évidemment, parce que quand même, on ne voudrait pas laisser croire que), ainsi la scène commence par la fellation, puis c’est monsieur qui prend mademoiselle par derrière et enfin monsieur éjacule debout sur la poitrine et dans le cou de mademoiselle qui se tient agenouillée devant monsieur tout en jouant avec ses deux gros seins, c’est plutôt dans le premier quart du film et tu te demandes vraiment si c’est une blague ou pas (d’autant que toutes les interviews de Malgorzata Szumowska concourent dans le sens qu’elle souhaite déranger les spectateurs, les bousculer et les amener à se poser des questions, c’est à hurler de rire).

      Bref quand tu couples cela avec cette notion de désir de plaire, et donc, selon Malgorzata Szumowska, de plaire selon les normes en vigueur dans les images pornographiques, tu te dis que c’est une coupure plus que cruelle, parce qu’elle fait notamment l’économie de l’imagination (la fantaisie, c’est dit sans mièvrerie) pour commencer, et d’un certain nombre d’autres choses que je ne vais pas non plus énumérer ici non plus, parce que j’ai ma pudeur (laquelle d’ailleurs sert de rempart derrière lequel je peux vivre heureux sans avoir à rougir, et donc, d’une certaine façon sans entrave).