• Perturbateurs endocriniens : le projet de réglementation de Bruxelles critiqué par les scientifiques

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/07/29/polluants-chimiques-le-projet-de-reglementation-de-bruxelles-critique-par-le

    La Commission européenne doit-elle revoir sa copie ? A la mi-juin, avec deux ans et demi de retard sur le calendrier réglementaire, l’exécutif européen proposait des critères définissant les perturbateurs endocriniens – ces polluants de l’environnement (pesticides, plastifiants, solvants, etc.) capables d’interférer avec le système hormonal et nocifs à faibles niveaux d’exposition. Dans un commentaire critique publié mercredi 27 juillet, l’Endocrine Society estime que les propositions de Bruxelles en la matière ne sont pas à même de protéger la santé publique.

    Les termes utilisés par la société savante d’origine américaine, qui représente 18 000 chercheurs et cliniciens internationaux spécialistes du système hormonal, sont sans ambiguïté. Les critères proposés par Bruxelles ne respectent pas l’état de la science et exigent « un niveau de certitude scientifiquement presque inatteignable » pour classer une substance dans la catégorie des perturbateurs endocriniens. Ceux-ci sont présents à des degrés divers dans la chaîne alimentaire, de même que dans une grande variété de produits domestiques d’usage courant (contenants alimentaires, cosmétiques, retardateurs de flamme…).

  • Embarras autour d’un rapport explosif sur la nocivité des pesticides

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/07/27/embarras-autour-d-un-rapport-explosif-sur-la-nocivite-des-pesticides_4975131

    Ni communiqué ni conférence de presse. C’est pourtant un rapport singulièrement explosif que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié, lundi 25 juillet au soir, sur son site.

    En sept volumes et près de 1 000 pages, il rassemble les connaissances disponibles sur l’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides et montre notamment que les risques encourus par cette population de plus d’un million de personnes sont insuffisamment documentés et pris en compte dans le processus d’autorisation des insecticides, fongicides et autres herbicides. « Il est plausible que les informations colligées dans le texte permettent à des victimes d’attaquer l’Etat pour carence », dit un familier du dossier.

    Les modalités de la publication ne sont donc pas allées de soi. Elles ont même suscité de vives tensions entre la direction de l’Anses et les experts mandatés pour établir le rapport, au point que l’arbitrage du Comité de déontologie de l’agence a été nécessaire. Courant juin, même si les grandes lignes du rapport avaient fuité (Le Monde du 23 juin), les organisations non gouvernementales (ONG) redoutaient que le texte ne soit jamais publié.

    « L’Anses se lançait un défi à elle-même »

    Que s’est-il passé ? En 2011, l’Anses s’autosaisit de la question brûlante de l’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides. Ce faisant, décrypte un fin connaisseur de l’agence de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), « l’Anses se lançait un défi à elle-même, car il était clair que se pencher sur ce sujet conduirait inévitablement à interroger la manière dont les propres experts de l’Anses évaluent les risques de ces produits, avant qu’ils soient mis sur le marché ».

    Quinze chercheurs de plusieurs disciplines (toxicologues, médecins, sociologues…), presque tous extérieurs à l’agence, sont alors sélectionnés. Et ils planchent, quatre années durant, sur le sujet.
    Le rapport est finalisé début 2016 et officiellement présenté le 15 avril aux ministères de tutelles – santé, environnement, agriculture – de l’Anses, la publication officielle étant prévue pour le 1er juin. Jusqu’ici, tout va bien. Mais, quelques jours avant la date dite, les parties prenantes (ONG, industriels, etc.) sont informées que la restitution n’aura pas lieu et qu’elle est remise au 22 du même mois. Mais là encore, la réunion est annulée au dernier moment.

    En cause, la brusque désolidarisation de deux des quinze experts du groupe. Le 13 juin, un bref texte d’une page, exprimant une opinion divergente, est adressé par Sonia Grimbuhler (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture, Irstea) et Guy Milhaud (Ecole vétérinaire d’Alfort) à la direction de l’Anses.

    Volte-face

    Trait particulier des deux sécessionnistes : tous deux sont membres du comité d’experts spécialisé (CES) de l’Anses chargé d’évaluer les risques des pesticides préalablement à leur homologation… dont la pratique est précisément interrogée par le groupe d’experts.

    La volte-face des deux scientifiques choque leurs pairs. « Tous les membres du groupe ont eu une totale liberté d’expression au cours des discussions et chacun a eu la possibilité d’exprimer d’éventuelles positions divergentes, témoigne Onil Samuel, toxicologue à l’Institut national de santé publique du Québec et seul membre du groupe à avoir accepté de s’exprimer. J’ai été très surpris, comme d’autres, de voir une opinion divergente surgir après la finalisation du rapport. » L’événement est inédit.

    La direction de l’Anses envisage alors d’annexer la fameuse opinion minoritaire au document le plus important du processus d’expertise : l’avis de l’agence, texte d’une vingtaine de pages synthétisant le volumineux rapport.
    Mais la présidente du groupe, Catherine Laurent (Institut national de la recherche agronomique, INRA), et la vice-présidente, Isabelle Baldi (université Bordeaux-II), s’y opposent et saisissent le comité de déontologie de l’agence. L’Anses fait de même, sollicitant à son tour le même comité… dont l’avis est publié au côté de celui de l’agence et du rapport proprement dit.

    L’efficacité des équipements remise en cause

    Les déontologues notent en substance que Mme Grimbuhler et M. Milhaud ont pu se sentir ostracisés au sein du collectif, mais ils valident les protestations du reste du groupe. « Nous estimons qu’annexer la position divergente à l’avis de l’agence lui aurait donné trop d’importance, dit le philosophe Pierre Le Coz, président du comité d’éthique de l’Anses. En revanche, sans juger de sa pertinence scientifique, nous estimons important qu’il en soit tenu compte, en l’annexant au rapport lui-même. On a vu dans le passé des scandales sanitaires rendus possibles par le fait que des avis minoritaires ne pouvaient pas s’exprimer au sein de collectifs d’experts : il faut donc trouver le moyen de les faire exister. »

    Ce n’est pas tout : Mme Grimbuhler n’a pas consigné dans sa déclaration d’intérêts tous ses liens avec l’industrie des pesticides. L’une de ses collaborations avec l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP) y est bel et bien mentionnée, mais, contactée par Le Monde, la chercheuse reconnaît avoir « omis d’indiquer le projet pédagogique Educ’risk », un logiciel développé en collaboration avec la société agrochimique BASF Agro, réalisé « dans le cadre de [s]es fonctions à l’Irstea ». Mardi 26 juillet, Mme Grimbuhler disait avoir rectifié sa déclaration d’intérêts, mais que celle-ci « ne sera disponible que dans quelques jours ».

    Non missionné pour éplucher les déclarations d’intérêts, le comité de déontologie ne s’est pas précisément exprimé sur ce point. « Mais si cette omission est avérée, cela pose la question de la participation de l’experte au groupe de travail », dit M. Le Coz.

    La question se pose d’autant plus que le fameux rapport et l’avis associé ne sont pas seuls en cause. Car pour compliquer encore l’affaire, l’Anses publiait le 13 juin, soit le jour même de l’envoi de l’opinion divergente, un autre avis sur le port d’équipements de protection lors de la « réentrée » des travailleurs agricoles dans les vignobles ou les vergers. Précisément l’un des aspects les plus embarrassants du rapport, qui remet en cause l’efficacité de ces équipements…

    ONG en colère

    Or cet avis du 13 juin, commandé en février par le ministère de l’agriculture, a été en partie rédigé par le comité ad hoc de l’Anses, dont sont membres Mme Grimbuhler et M. Milhaud, les deux scientifiques ayant soumis l’opinion divergente qui a retardé la publication du rapport.

    L’avis précise aussi qu’« aucun lien ou conflit d’intérêts n’a été mis en évidence » parmi les experts : l’affirmation est démentie par la déclaration d’intérêts, même incomplète, de Mme Grimbuhler.

    L’affaire n’est donc pas finie et certaines ONG parties prenantes sont furieuses. « Nous avons été invités le 1er septembre par l’Anses à une “réunion d’information” sur son avis et non à une restitution du rapport en présence des auteurs, fulmine Nadine Lauverjat, de l’association Générations futures. Or l’avis nous semble refléter assez mal certains points cruciaux du rapport… Tout cela, et ce qui a précédé, semble indiquer une volonté d’enterrer coûte que coûte ce texte. »

  • #SIDA : de nouvelles statistiques plus alarmantes que les chiffres officiels
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/07/22/vih-de-nouvelles-statistiques-plus-alarmantes-que-les-chiffres-officiels_497

    Pour être très technique, le débat sur les données #statistiques de l’#épidémie de sida n’en recouvre pas moins une cruelle réalité : l’infection par le VIH ne recule pas aussi rapidement qu’annoncé. Sans une amplification de la mobilisation de ressources, l’objectif ambitieux de maîtriser durablement l’épidémie d’ici à 2030 ne sera pas atteint. D’autant qu’un énorme travail statistique réalisé par le réseau Global Burden of Diseases (GBD, « fardeau mondial des maladies »), fort de 1 700 collaborateurs, présente des résultats plus sombres que les données officielles de l’#Onusida.

  • Forte mobilisation à Notre-Dame-des-Landes malgré la consultation locale défavorable
    http://www.bastamag.net/Les-opposants-a-Notre-Dame-des-Landes-toujours-aussi-determines

    Ils sont près de 25 000 personnes à avoir fait le déplacement ces 9 et 10 juillet à Notre-Dame-des-Landes pour marquer leur détermination contre toute construction à un nouvel aéroport. Quinze jours après la consultation où une majorité d’électeurs de Loire-Atlantique ont approuvé le transfert de l’aéroport actuel (55,17 % ont dit oui), des riverains, paysans, occupants de la zone à défendre et citoyens venus de toute la France ont témoigné de leur volonté de « défendre la zone et sa beauté fragile ». « On (...)

    En bref

    / Des grands projets... inutiles ?, #Altermondialisme, Démocratie !

    #Des_grands_projets..._inutiles_ ? #Démocratie_ !

  • L’#OCDE pointe les insuffisances de la #politique_environnementale de la #France
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/07/11/l-ocde-pointe-les-insuffisances-de-la-politique-environnementale-de-la-franc

    Bien, mais peut et doit mieux faire. En cette période de résultats aux examens, la France reçoit, lundi 11 juillet, son carnet de notes de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur ses engagements et sa politique environnementale. [...] Le tableau d’ensemble est plutôt louangeur, marqué au début de la décennie étudiée par le Grenelle de l’environnement en 2007 et conclu par l’accord de Paris de la conférence sur le climat. Mais, chapitre par chapitre, l’examen se montre plus nuancé, voire plus sévère. Et les recommandations, les « défis », comme l’écrivent prudemment les économistes de l’OCDE, soulignent les points faibles des politiques environnementales françaises

  • « Intoxication agroalimentaire » au ministère de la santé

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/07/08/intoxication-agroalimentaire-au-ministere-de-la-sante_4966213_3244.html

    Un étiquetage clair sur ses produits ? L’industrie agroalimentaire n’en veut surtout pas. Depuis dix ans, elle lutte contre la mise en place de logos colorés, inspirés des feux de circulation, qui révéleraient la vraie nature de certains aliments transformés : trop gras, trop salés, trop sucrés. Que tous les consommateurs puissent faire leurs courses de manière éclairée sans pour autant être diplômés en nutrition, telle est l’idée. Quitte à choisir entre deux pizzas, autant opter pour celle qui porte la couleur verte, donc la plus saine, et non celle étiquetée en orange. Cet outil pourrait être ajouté à la panoplie des mesures de santé publique destinées à enrayer l’augmentation des maladies cardiovasculaires, de l’obésité (17 % des Français), ou du diabète, dont l’incidence a quadruplé depuis 1980 pour atteindre 422 millions de personnes dans le monde.

    Si l’industrie refuse des pastilles de couleurs sur ses emballages, c’est parce qu’elle en redoute une en particulier : l’écarlate de la « stigmatisation », selon ses propres termes. Car la couleur rouge pourrait aussi servir de support pour fixer des taxes, à l’instar de la « taxe soda » sur les boissons sucrées. Quand la Commission européenne s’engage sur la voie d’une harmonisation de l’étiquetage alimentaire dans l’Union en 2006, la Confédération européenne des industries alimentaires et de la boisson se mobilise pour développer ses propres logos (les repères nutritionnels journaliers) et contrer le système de feux tricolores qui est envisagé. Dans la presse européenne, elle revendique avoir dépensé un milliard d’euros pour son lobbying finalement victorieux : en 2011, le principe d’un étiquetage obligatoire est abandonné.

    Etiquetage alimentaire : les quatre systèmes d’étiquetage ? Conflit d’intérêts avec l’industrie agroalimentaire, FFAS

    Etude comparative

    Puisque les Etats membres restent libres de proposer un étiquetage facultatif, la ministre de la santé, Marisol Touraine, décide de remettre la question au goût du jour. Une équipe de chercheurs de Paris-XIII/Inserm développe pour elle un système à cinq couleurs ; en 2014, il figure dans la loi santé. Mais, même facultatif, il est rejeté par l’industrie. Faisant peser ses 170 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans les débats parlementaires, l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA), qui défend les intérêts de 16 000 entreprises, des PME aux multinationales, distribue aux députés des listes d’amendements « clé en main ». Puis la grande distribution s’en mêle à son tour : Carrefour développe son « système d’étiquetage nutritionnel simplifié ».

    Les deux acteurs économiques jouent la montre. Ils réclament une étude en « conditions réelles d’achat » pour comparer les différents systèmes. Alors que la ministre avait assuré, fin 2015 devant l’Assemblée, qu’« il n’y a pas d’expérience qui soit nécessaire », elle finit par faire cette concession pour, dit-on au ministère, « mettre tout le monde d’accord ».

    Début 2016, Mme Touraine charge sa direction générale de la santé, la DGS, de mener une étude qui doit comparer quatre systèmes d’étiquetage alimentaire : celui de la grande distribution, celui de l’agroalimentaire, les feux tricolores appliqués au Royaume-Uni et le système à cinq couleurs. Deux comités ont été mis en place pour en superviser, pendant plusieurs mois, l’organisation et la réalisation. Mais l’enquête du Monde montre que l’accumulation des conflits d’intérêts en leur sein jette le doute sur l’impartialité de l’évaluation.
    Intoxication agroalimentaire au ministère de la santé

    Cette infographie montre l’organisation mise en place par le ministère de la santé pour réaliser une étude comparant quatre systèmes d’étiquetage nutritionnel. De nombreux acteurs y représentent l’industrie ou collaborent avec elle, formant un enchevêtrement d’intérêts économiques et d’intérêts de santé publique.

    C’est Mme Touraine qui fixe la composition de la première instance, le comité de pilotage. A sa tête, elle place le plus haut fonctionnaire de son ministère, le directeur général de la santé, Benoît Vallet, qui partage le fauteuil avec Christian Babusiaux, nommé au titre de « président de chambre honoraire 
à la Cour des comptes ». Or, comme l’avait relevé le Canard enchaîné en février, M. Babusiaux est depuis avril 2015 le président du Fonds français pour l’alimentation et la santé (FFAS).

    Celui-ci se présente comme un « lieu d’échange entre la communauté scientifique et les acteurs économiques » ayant pour mission « l’étude et la mise en valeur d’une alimentation source de plaisir et de santé ». Lancée en mai 2010, cette organisation de lobbying scientifique réunissait au sein de son « collège fondateur » les industriels de l’agroalimentaire (ANIA), AGIS (plats préparés), Kraft Foods (chocolat, biscuits, confiserie ; maintenant Mondelez) et la Fédération nationale des industries des corps gras (huiles et margarines). Le FFAS organise des événements de relations publiques et, surtout, favorise une proximité entre universitaires et acteurs économiques au sein de ses groupes de travail.

    La curieuse attribution des rôles de juges et parties se poursuit avec les quinze membres du comité de pilotage de l’étude. Parmi eux, on trouve quatre représentants de la grande distribution et de l’ANIA, hostiles aux systèmes colorés au point que cette dernière avait affirmé son intention de les « combattre ». Le terme martial figurait dans une note interne de février 2015, que Le Monde s’est procurée.

    Faut-il alors s’en étonner : la ministre de la santé a confié au FFAS la mise en œuvre de l’étude. « Le Fonds français n’a jamais pris position pour un logo ou contre un logo, assure M. Vallet au Monde. Par ailleurs, les industriels ne sont pas partisans de l’un des systèmes. »
    Cette étude devrait coûter 2 millions d’euros – moitié sur fonds fournis par l’industrie et la distribution, moitié sur fonds publics pourvus par le ministère de la santé et l’assurance-maladie. La responsabilité en est donc confiée au directeur général du FFAS, Daniel Nairaud. Ni ce dernier ni M. Babusiaux n’ont souhaité répondre aux questions du Monde.

    Trois démissions

    Une deuxième instance a été mise en place pour élaborer le protocole de l’étude et garantir la rigueur des opérations : le comité scientifique. Ses membres, des universitaires issus de plusieurs domaines, ont, eux, été choisis par MM. Vallet et Babusiaux. « Vous vous assurerez, avait écrit à ces derniers Mme Touraine le 2 février, que les membres de ce comité présentent toute garantie de compétence, d’indépendance, d’objectivité et d’impartialité. » Or, gênés par les conditions de l’étude et les liens de certains membres avec les industriels, trois d’entre eux ont déjà démissionné avec fracas.

    « Le fait de demander une étude grandeur nature et d’analyser l’effet d’une mesure sur les comportements est une façon de gagner du temps, typique des stratégies de lobbying », explique Karine Gallopel-Morvan, professeure à l’Ecole des hautes études en santé publique (Rennes), l’une des démissionnaires. D’ailleurs, quand bien même les systèmes à couleurs l’emporteraient, rien n’obligerait les industriels à les appliquer.

    Sur les dix experts restant, six collaborent avec la grande distribution et l’agroalimentaire, que ce soit dans le cadre de leur activité d’enseignants-chercheurs ou à titre personnel.

    L’industrie laitière est particulièrement bien représentée : Danone et Nestlé ont chacun des liens avec quatre de ces six experts. L’industrie du sucre, aussi, avec l’institut Benjamin Delessert, une structure qu’elle finance et qui a noué des collaborations avec quatre scientifiques.

    Tout cela figure clairement dans les formulaires de déclaration d’intérêts que ces six experts ont fournis au ministère. Leur participation au comité scientifique a donc été validée en toute connaissance de cause par la DGS. A noter que, même si les montants n’apparaissent pas, une journée de conseil est en général rétribuée entre 500 et 2 000 euros.

    Intérêts contradictoires

    Etiquetage alimentaire : qui a conçu les quatre systèmes d’étiquetage ? Conflit d’intérêts avec l’industrie agroalimentaire, FFAS
    Etiquetage alimentaire : qui a conçu les quatre systèmes d’étiquetage ? Conflit d’intérêts avec l’industrie agroalimentaire, FFAS Le Monde
    Plusieurs d’entre eux, cependant, n’ont pas tout dit. Si les omissions sont d’autant plus fâcheuses que la loi les punit désormais de 30 000 euros d’amende, certaines d’entre elles concernent le FFAS. La déclaration de Nathalie Rigal (université Paris Ouest) est seulement incomplète ; quatre de ses collègues taisent en revanche tout rapport avec l’organisation. Au total, les six experts liés à l’industrie sont aussi liés au FFAS. Benoît Vallet réfute une quelconque situation de conflits d’intérêts.

    Vendredi 8 juillet, le nom du « prestataire » chargé de la réalisation de l’étude sur le terrain et choisi par le FFAS devait être avancé lors du comité de pilotage. D’après nos informations, il s’agirait de LinkUp, une agence de conseil que le FFAS connaît fort bien. Car LinkUp est tout à la fois donateur et prestataire du FFAS, membre de deux de ses groupes et bénéficiaire d’un financement de 24 900 euros.

    Dans cet écheveau d’intérêts contradictoires, un grand absent : Serge Hercberg. Directeur du Programme national nutrition santé depuis 2001, indépendant de tout lien avec l’industrie, c’est lui qui a supervisé l’élaboration du système à cinq couleurs pour le ministère. Mais dans ce monde à l’envers où les porteurs d’intérêts commerciaux seraient de meil­leurs garants de l’impartialité de la démarche scientifique, M. Hercberg a été disqualifié pour conflit d’intérêts parce qu’impliqué… dans le système d’étiquetage proposé à Marisol Touraine par la recherche publique. Deux poids, deux mesures.

  • Le #biomimétisme, ou comment s’inspirer de la nature plutôt que la détruire
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/07/04/s-inspirer-de-la-nature-plutot-que-la-detruire_4963243_3244.html

    Le biomimétisme – s’inspirer du vivant pour mettre au point des systèmes productifs et technologiques performants – est annoncé comme l’avenir, mais celui-ci n’arrive que trop lentement. Réunis les 1er et 2 juillet lors de Biomim’Expo, pour deux jours de conférence et d’ateliers au Centre européen d’excellence en biomimétisme de Senlis (Ceebios), dans l’Oise, les spécialistes de cette discipline ont une nouvelle fois plaidé pour son développement accéléré.

    #innovation_technologique #nature

  • Criminel, Greenpeace ?

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/07/04/criminel-greenpeace_4962972_3244.html

    Ces jours-ci, la presse fait des gorges chaudes d’une lettre ouverte lestée d’une autorité écrasante : elle est signée par une centaine de prix Nobel. Et si elle fait couler tant d’encre, c’est que l’outrance du message qu’elle véhicule est proportionnelle au prestige de ses signataires. Selon eux, l’organisation Greenpeace est, ni plus, ni moins, coupable de « crime contre l’humanité ».

    L’histoire est simple comme un message publicitaire. Greenpeace s’oppose aux organismes génétiquement modifiés (OGM) et, incidemment, au « riz doré » — un riz transgénique présumé capable d’apporter un surcroît de vitamine A. Or, dans les pays du sud, rappellent les signataires, les carences en vitamine A conduisent à ce que, chaque année, jusqu’à un demi-million de jeunes perdent la vue, voire meurent. Donc Greenpeace est responsable de la mort de ces enfants.

    « Nous appelons les gouvernements du monde à rejeter la campagne de Greenpeace contre le riz doré, en particulier et contre les cultures et aliments améliorés grâce aux biotechnologies en général, écrivent les Nobel. Et de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour s’opposer aux actions de Greenpeace et accélérer l’accès des agriculteurs à tous les outils de la biologie moderne, spécialement les semences améliorées par les biotechnologies. »
    La conclusion tombe, terrible : « Combien de pauvres gens doivent mourir avant que nous considérions cela comme un crime contre l’humanité ? »

    Amalgame

    Ces quelques phrases mises bout à bout forment une sorte de bonneteau mental qu’il faut décortiquer. D’abord, elles suggèrent que Greenpeace est coupable d’avoir bloqué la commercialisation du riz doré, se rendant ainsi responsable de la mort de centaines de milliers de « pauvres gens » ; ensuite, elles construisent un amalgame entre biotechnologies et action humanitaire, forgeant l’idée que la fonction première des OGM est de sauver des vies. Or tout cela est faux.

    Bien sûr, Greenpeace a, et de longue date, fortement critiqué les efforts de l’International Rice Research Institute (IRRI) — l’organisation à but non lucratif basée aux Philippines et chargée de travailler sur les variétés de riz — pour développer le riz doré. L’association écologiste estime que celui-ci détourne l’attention du vrai problème (la pauvreté et l’accès à une nourriture diversifiée), qu’il échouera, que son innocuité n’est pas prouvée, qu’il ouvrira la porte aux OGM commerciaux, etc.

    Il est permis de penser que cette posture exhibe la face la plus dogmatique et la plus sombre de l’ONG : si la diffusion de cette technologie avait ne serait-ce qu’une chance d’améliorer l’état de santé de millions de gens, pourquoi ne pas essayer ?

    Greenpeace nullement responsable

    Mais, pour essayer, il faudrait que le riz doré soit disponible, et il ne l’est pas. « En dépit de ce que ces lauréats du prix Nobel ont été amenés à penser, le riz doré n’est pas, et n’a jamais été, bloqué par l’opposition publique ou par Greenpeace, explique l’anthropologue Glen Stone, professeur à l’université Washington de Saint-Louis (Etats-Unis), qui a conduit, quatre années durant, un programme de recherche sur la riziculture aux Philippines. Le riz doré n’est tout simplement pas encore au point. »

    L’IRRI, en collaboration avec l’Institut de recherche philippin sur le riz, a ainsi mené un essai sur plusieurs parcelles en 2012 et 2013, mais le riz doré « a montré des rendements inférieurs à la même variété dépourvue du transgène », raconte M. Stone. Les deux instituts n’ont donc pas encore soumis le fameux « golden rice » aux autorités de régulation, à des fins d’homologation.

    Quant à la destruction d’une parcelle expérimentale, en 2013 (par des activistes locaux), précise M. Stone, elle « s’est produite après l’achèvement de l’essai et n’a concerné qu’une petite parcelle de test, parmi des dizaines ». Greenpeace formule donc des critiques contre les OGM, avec des arguments parfois en rupture avec le consensus scientifique, mais n’est nullement responsable du non recours au riz doré.

    « Manipulation »

    « Cette histoire semble plutôt relever d’une manipulation de l’opinion publique par l’utilisation de scientifiques qui ne sont pas informés des faits sur le sujet », conclut le professeur américain à propos de la motion des Nobel. Le mathématicien Philip Stark (université de Californie, à Berkeley) a, de son côté, compté parmi eux « un Nobel de la paix, 8 économistes, 24 physiciens, 33 chimistes et 41 médecins ».
    « La science repose sur des preuves, pas sur l’autorité, a-t-il ajouté sur Twitter. Que connaissent-ils de l’agriculture ? Ont-ils conduit des travaux pertinents sur le sujet ? »

    L’organisation de la campagne soulève aussi quelques questions. Celui qui contrôlait l’entrée de la conférence de presse de lancement, le 29 juin au National Press Club de Washington, n’était autre que Jay Byrne, ancien directeur de la communication de Monsanto et désormais PDG de v-Fluence, une firme de relations publiques… Interrogé, M. Byrne assure cependant qu’il s’est « porté volontaire bénévolement pour aider à la logistique » et qu’il n’a plus aucun lien d’aucune sorte avec Monsanto.

    L’initiative arrive en tout cas au meilleur moment possible pour l’industrie. D’abord, le débat sur l’étiquetage des aliments transgéniques fait rage aux Etats-Unis. Ensuite, le glyphosate – l’herbicide-compagnon de la grande majorité des OGM en culture – vient d’être classé « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer. Enfin, les discussions battent leur plein pour savoir si les prochaines générations d’OGM seront soumises à des contraintes réglementaires… Sur tous ces sujets, faites attention à ce que vous direz ou écrirez : selon de nouvelles normes en vigueur, vous pourriez vous rendre complice d’un « crime contre l’humanité ».

    • La liste des signataires est là :
      http://supportprecisionagriculture.org/gmo_supporters_all.html
      2969 à l’instant.

      Un (rapide) comptage de la « qualité » des signataires donne le résultat suivant (les Prix Nobel ne sont pas mentionnés explicitement, il faut les chercher).

      +--------------------------+------+
      | Science professional     | 1256 |
      | Concerned citizen        |  934 |
      | University student       |  404 |
      | School Student           |  172 |
      | other                    |   16 |
      | farmer                   |   13 |
      | PhD student              |    7 |
      | teacher                  |    6 |
      | Doctor                   |    4 |
      | Engineer                 |    4 |
      | University Professor     |    4 |
      | Agricultural Engineer    |    3 |
      | Agronomist               |    2 |
      | Artist                   |    2 |
      | Chemist                  |    2 |
      | Electronics Engineer     |    2 |
      | Engineering professional |    2 |
      | Government               |    2 |
      | Journalist               |    2 |
      | Lawyer                   |    2 |
      | Science teacher          |    2 |
      | Science writer           |    2 |
      | worker                   |    2 |
      +--------------------------+------+

      et les suivants ne figurent qu’une fois…