• En 1973, alors chef du Parti socialiste unifié, Michel Rocard insistait sur le rôle croissant des multinationales et la nécessité de leur opposer un mouvement social européen.

    Résister aux sociétés multinationales, par Michel Rocard
    http://www.monde-diplomatique.fr/1973/02/ROCARD/31334 #st

    C’est pour cette raison que la première tâche d’un gouvernement qui voudrait rompre avec l’évolution que connaît le capitalisme à l’heure actuelle devrait viser d’abord à constituer en Europe une vaste zone où les choix politiques faits par l’ensemble des populations concernées s’opposeraient aux décisions prises par les firmes multinationales en fonction de la seule loi du profit.

    Cela voudrait dire pour la France non pas sortir de la C.E.E. pour essayer de construire un système socialiste dans une autarcie qui mènerait d’avance l’expérience à l’échec. Cela signifie au contraire démontrer que le Marché commun, bien loin de viser à construire une communauté européenne (même capitaliste), ne sert qu’à faire entrer les pays d’Europe dans un ensemble capitaliste indifférencié. C’est l’idée d’Europe, le sentiment qu’il existe entre les populations vivant en Europe une solidarité suffisante pour qu’elles décident ensemble de leur destin, c’est cette idée-là qui devient révolutionnaire. Et le rôle d’un gouvernement réellement socialiste en France devrait être d’opposer aux options auxquelles conduit le Marché commun des solutions fondées sur des choix politiques (et non résultant de la logique du profit) et reflétant la volonté des populations d’Europe (par opposition aux options nationalistes ou à celles des firmes a-nationales).

    Michel Rocard et « toute la misère du monde », par Thomas Deltombe (30 septembre 2009)
    https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2009-09-30-Rocard

    Beaucoup de responsables politiques ont, sur leur carrière, de petites taches indélébiles : ces « petites phrases » compromettantes qui trottent dans toutes les têtes, et que les journalistes — toujours prompts à jouer leur rôle de contre-pouvoir, comme on sait… — aiment à rappeler. Les décennies 1980 et 1990, années de forte montée de l’extrême droite, furent riches en la matière. La petite phrase qui colle à la peau de Michel Rocard est celle de la « misère du monde » que la France, avait-il déclaré, ne pouvait accueillir.

    http://zinc.mondediplo.net/messages/31952 via Le Monde diplomatique