• Nucléaire : un administrateur d’EDF claque la porte
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/07/28/nucleaire-un-administrateur-d-edf-claque-la-porte_4975882_3234.html

    Ancien délégué régional de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), fondateur du réseau de villes européennes en transition énergétique Energy Cities, Gérard Magnin était entré au conseil d’#EDF en novembre 2014, sur proposition de l’Etat actionnaire.

    Une deuxième spectaculaire démission
    Il s’agit de la deuxième démission spectaculaire liée à Hinkley Point, après celle du directeur financier Thomas Piquemal, parti en mars pour ne pas cautionner un engagement jugé beaucoup trop risqué. Le grand argentier d’EDF contestait « une décision susceptible, en cas de problème, d’amener EDF dans une situation proche de celle d’Areva », celle d’une grande entreprise publique menacée d’un dépôt de bilan, selon les explications fournies ensuite aux députés. (...)
    « Depuis les décisions imminentes relatives au projet très risqué d’Hinkley Point à la reprise d’AREVA NP qui fera d’EDF un fabricant de réacteurs, de la poursuite sans questionnement de la coûteuse stratégie de retraitement des déchets à l’affirmation que tous les réacteurs du palier 900 MW verraient leur durée de vie prolongée à 50 ans ou plus, tout semble aller dans le même sens, souligne le désormais ex-administrateur. Sans parler, par exemple, de la décision d’achever au début du XXIIe siècle seulement le démantèlement de réacteurs arrêtés depuis déjà trente années, sujet qui questionne notre éthique. »
    « Une stratégie que je ne partage pas »
    « Je n’ignore pas que cette stratégie, par-­delà quelques escarmouches, a les faveurs de l’Etat, au risque de brouiller les messages portés par une loi qu’il avait pourtant initiée et qui avait suscité beaucoup d’espoirs, poursuit M. Magnin dans son courrier. Etant administrateur proposé par l’Etat actionnaire, je ne souhaite pas cautionner plus longtemps une stratégie que je ne partage pas. »

    #nucléaire

  • « Les installations électriques en autoconsommation sont estimées à environ 1 mégawatt par mois », Les Français incités à produire et consommer leur propre électricité
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/07/26/electricite-la-france-se-convertit-a-l-autoconsommation_4975055_3234.html

    Un double coup de pouce va être donné par l’Etat en ce sens, alors que seuls 15 000 foyers français et quelques dizaines d’entreprises se sont pour le moment lancés dans l’aventure de l’autoconsommation.

    Première étape : mercredi 27 juillet, Ségolène Royal, la ministre de l’énergie, doit présenter en conseil des ministres un projet d’ordonnance relative à l’autoconsommation d’électricité. Le texte, auquel la Commission de régulation de l’énergie vient de donner un avis favorable, permet de donner un cadre à une pratique en plein décollage. Il en donne une définition précise et prévoit que les particuliers et les entreprises consommant leur propre courant pourront bénéficier d’un tarif spécifique, plus avantageux, pour leur utilisation du réseau de distribution de l’électricité. Ce tarif sera arrêté par la Commission de régulation.

    Un appel d’offres aux entreprises
    Deuxième coup de pouce : le ministère compte lancer « dans les prochains jours » un appel d’offres, le premier du genre, à destination des entreprises industrielles, tertiaires et agricoles tentées par l’autoconsommation – les ménages en sont exclus. Il vise en particulier les centres commerciaux qui posent des panneaux solaires sur leurs toits ou leurs ombrières de parking, et utilisent l’électricité pour l’éclairage et la climatisation.
    L’Etat entend retenir dans ce cadre 100 à 400 projets, pour un volume total de 40 mégawatts. Les projets retenus recevront des subventions.

  • Le Rwanda, laboratoire de la « révolution verte » en Afrique

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/07/12/le-rwanda-laboratoire-de-la-revolution-verte-en-afrique_4968225_3234.html

    La route qui mène au district de Gicumbi, à une heure et demie de Kigali, serpente entre les « milles collines » qui ont donné son surnom au Rwanda. Sous ce climat équatorial, rythmé par deux saisons des pluies, les cultures vivrières ont façonné le paysage. Manioc, maïs, haricot, pomme de terre… Sur ces terres montagneuses, menacées par l’érosion, les récoltes suffisent à peine à nourrir les familles.

    Selon une enquête menée en 2015 par World Food Programme, une agence des Nations unies, 40 % des enfants souffrent de malnutrition dans les régions rurales du Rwanda. Du point de vue économique aussi, ce déséquilibre se paie cher. Les céréales, comme le riz, le maïs ou le blé, sont au premier rang des importations de ce pays de 12 millions d’habitants. La facture s’élève chaque année à plusieurs centaines de millions de dollars.

    La situation au Rwanda est à l’image de celle du continent tout entier. L’Afrique dépense plus de 35 milliards de dollars (31,6 milliards d’euros) par an pour importer des denrées alimentaires et, si rien ne change, nourrir sa population lui coûtera de plus en plus cher. Le nombre d’habitants devrait doubler d’ici à 2050 pour atteindre 2,4 milliards.

    Face à ce défi, « rien n’est plus important que l’alimentation. Si l’Afrique monte en puissance à la faveur de nouvelles découvertes de gisements de pétrole et de gaz, personne ne se nourrit de pétrole et de gaz », insistait Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de développement, lors de la conférence « Nourrir l’Afrique » en octobre 2015. « Si on veut industrialiser l’Afrique et créer massivement des emplois, on doit se focaliser sur l’industrialisation du secteur agricole », a ajouté l’ancien ministre de l’agriculture du Nigeria, citant en exemple son pays – dont les importations alimentaires sont passées de 11 milliards de dollars en 2009 à 3,2 milliards en 2014 – l’Ethiopie ou encore le Sénégal.

    Experts et pelleteuses ont été dépêchés dans les campagnes, façonnant paysages et modes de vie.

    Arrivé au pouvoir depuis la fin du génocide en 1994 (en tant que vice-président jusqu’en 2000 puis président du pays), Paul Kagamé compte rejoindre ce club de « bons élèves » et faire de son pays l’étendard de la révolution verte en Afrique. Experts et pelleteuses ont été dépêchés dans les campagnes, façonnant paysages et modes de vie.

    La production de maïs a triplé

    Claudine Musabyimana est l’une des « success stories » de cette politique. A 38 ans, cette élégante Rwandaise drapée dans une robe orange chatoyante dirige l’une des plus grandes exploitations du district. Derrière cette mère de quatre enfants, s’étend un magnifique champ de maïs, dont la culture alterne avec celle de haricots :
    « Jusqu’en 2014, je cultivais sur cette parcelle différents légumes, mais cela suffisait à peine à couvrir la consommation de ma famille. Les rendements étaient faibles, car les graines et le fumier ruisselaient le long de la pente dès les premières pluies. »

    Depuis, le terrain a été aménagé en terrasses, des haies ont été plantées pour limiter l’érosion des sols, et des barrages ont été construits pour permettre l’irrigation des parcelles. Mme Musabyimana a aussi reçu la visite d’un technicien agricole envoyé par le gouvernement qui lui a fourni engrais, semences et conseils. Les résultats sont spectaculaires : en un an, la production de maïs a été multipliée par trois et celle de haricots par quatre.
    L’objectif : réduire la part de la production perdue et aider les agriculteurs à commercialiser leurs grains au meilleur prix.

    A quelques mètres, un entrepôt en brique a été construit pour stocker les récoltes. A l’intérieur, sur une immense bâche noire, les grains de maïs sèchent à l’abri des insectes. Le long des murs, une série de sacs de 50 kg estampillés « East Africa Exchange » abritent les haricots rouges prêts à être expédiés. Financé par des fonds publics, le bâtiment est partagé par les fermes du district, réunies en coopératives. L’objectif est de réduire la part de la production perdue en raison des mauvaises conditions de conservation et d’aider les agriculteurs à commercialiser leurs grains au meilleur prix.

    Pour Mme Musabyimana, le bénéfice est indiscutable : dès la première année, elle a empoché 1 400 000 francs (1 500 euros) grâce à la vente de ses haricots et de son maïs. Une petite fortune dans un pays où le PIB par habitant dépassait à peine 600 euros en 2014. « Grâce à cet argent, j’ai pu acheter de nouvelles terres et une vache. Cela a aussi amélioré ma vie quotidienne : j’ai installé l’eau et l’électricité dans ma maison, et même acheté un smartphone ! », se félicite cette agricultrice énergique, qui « tchate » désormais sur WhatsApp avec les autres agriculteurs du district, et suit en direct l’évolution du prix des céréales.

    « Avant, avec la pauvreté, c’était tout le temps la bagarre à la maison. Maintenant, c’est fini. »

    Elue à la tête de la coopérative, elle incite désormais d’autres fermiers à lui emboîter le pas.
    Autre « success story » du district de Gicumbi, le parcours de Joseph Bihoyiki est aussi le récit d’une modernisation menée manu militari. « Pris de peur » lorsque les techniciens du gouvernement sont venus dans son village présenter le projet, il s’y est d’abord opposé. « Je n’en comprenais pas l’intérêt et craignais de ne plus pouvoir nourrir ma famille, raconte cet homme âgé de 60 ans. J’ai dit non et je suis retourné à Kigali où je travaillais comme pompiste dans une station-service. » A son retour, la surprise est de taille : « Mes champs avaient été totalement terrassés ! », explique-t-il.

    « Les mentalités ne changent pas vite »

    Les techniciens du gouvernement l’incitent alors à échanger sa vache et son cochon contre des poules, dont la fiente est un engrais naturel très prisé. « Mes voisins craignaient le pire mais, quelques mois plus tard, ils sont revenus m’acheter mon compost pour 2,6 millions de francs. Je n’avais jamais vu une telle somme de ma vie ! », témoigne cet agriculteur qui arpente désormais en costume une exploitation prospère. L’argent gagné avec cette activité au cours des deux années passées lui a permis d’acheter une trentaine de cochons, 150 poulets et 3 vaches. Après avoir fait l’acquisition de nouvelles terres, il a aussi fait construire une jolie maison en brique, bordée de bananiers et de grevilleas, des arbustes utilisés pour lutter contre l’érosion. « J’ai grandi dans une maison en terre au toit de chaume », tient-il à souligner. « C’est la première fois que je fais confiance à l’agriculture pour nourrir mes enfants », ajoute ce père de sept garçons et une fille, qui a quitté l’an passé son job dans la capitale.

    « La plupart des agriculteurs redoutent encore la monoculture, les mentalités ne changent pas vite. »

    Le fait est que tous ne sont pas aussi chanceux que lui ou Mme Musabyimana. Une enquête conduite dans huit villages de l’ouest du Rwanda et publiée au début de l’année dans la revue World Development a révélé que cette « révolution verte » n’avait pas eu l’impact escompté sur les fermiers les plus pauvres.

    « De nombreuses familles ont dû vendre leurs terres au cours de la décennie pour acheter de quoi manger, et 12 % d’entre elles n’ont maintenant plus de terre du tout », souligne Neil Dawson, professeur à l’université d’East Anglia (Royaume-Uni) et auteur de l’étude. Contraints d’abandonner la polyculture pour l’une des monocultures choisies par le gouvernement (blé, riz, maïs, pomme de terre, banane, manioc ou thé), certains fermiers se retrouvés dans une situation compliquée, après des récoltes décevantes. Ainsi, rappelle Neil Dawson :
    « Dans ce cas, la loi prévoit que le gouvernement peut réallouer les terres à d’autres fermiers, souvent sans compensation. Les analyses macroéconomiques occultent ces impacts négatifs en partant du principe que la croissance créera de nouveaux emplois. Mais il est illusoire de penser que des millions de paysans pourront ainsi quitter leurs terres et se reconvertir du jour au lendemain. »

  • A Madrid, les femmes de ménage disent « basta » à la #précarité
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/07/09/a-madrid-les-femmes-de-menage-disent-basta-a-la-precarite_4966821_3234.html


    Plus prosaïquement, une société du #tourisme est fondée sur les #inégalités fortes et l’exploitation de la main d’œuvre…

    « Notre travail a toujours été dur, précaire et mal payé, mais depuis la crise et la réforme du travail, je n’avais jamais vu, en vingt et un ans de profession, un tel niveau d’#exploitation, affirme Isabel Rodriguez, fondatrice du groupe des Kellys de Barcelone. Les nouvelles femmes de chambre ont perdu tous les droits que nous avions conquis au fil des années : congés payés, libération de certains week-ends, plannings en avance… Aujourd’hui, elles sont souvent à la libre disposition des chefs d’établissement. »

  • A Madrid, les femmes de ménage disent « basta » à la précarité
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/07/09/a-madrid-les-femmes-de-menage-disent-basta-a-la-precarite_4966821_3234.html

    « Notre travail a toujours été dur, précaire et mal payé, mais depuis la crise et la réforme du travail, je n’avais jamais vu, en vingt et un ans de profession, un tel niveau d’exploitation, affirme Isabel Rodriguez, fondatrice du groupe des Kellys de Barcelone. Les nouvelles femmes de chambre ont perdu tous les droits que nous avions conquis au fil des années : congés payés, libération de certains week-ends, plannings en avance… Aujourd’hui, elles sont souvent à la libre disposition des chefs d’établissement. »

    En cause, l’externalisation de plus en plus fréquente des services de nettoyage des hôtels à des entreprises de services qui cassent les prix. « Avec la réforme du travail, les grands hôtels ont licencié à bas coût leur personnel de nettoyage ou de blanchisserie et fait jouer la concurrence d’entreprises externes pour réduire les coûts au détriment du respect des conventions collectives et des droits des travailleurs », résume l’avocat Alex Tisminetsky, du collectif Ronda. Spécialiste en droit du travail, il conseille les Kellys et se bat pour obtenir la reconnaissance de leurs maladies professionnelles (lumbago, sciatiques, etc.) par la sécurité sociale.

    « La dernière mode est de nous payer par chambre, pour 1,80 euro. On sait à quelle heure on commence mais pas à quelle heure on finit, ajoute encore Isabel Rodriguez. Pendant ce temps, les chaînes hôtelières font des millions de bénéfices. Mais nous ne sommes pas au tiers-monde ! »

    #femmes #ménage #lutte #exploitation #précarité

  • Quand un « think tank » de l’#OCDE propose la fin de la #voiture en #ville
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/07/06/quand-un-think-tank-de-l-ocde-propose-la-fin-de-la-voiture-en-ville_4964730_

    Imaginez une capitale où les voitures privées n’ont pas le droit de circuler, ni les taxis traditionnels, ni les autobus classiques à itinéraires fixes et où tous ces modes de transport ont été remplacés par un système de taxis-bus électriques connectés. Cette idée radicale n’a pas germé dans le cerveau d’un écologiste dément passé par la Silicon Valley, mais dans les bureaux feutrés du très sérieux Forum international des transports, laboratoire d’idées affilié à l’Organisation de coopération et de développement économiques et regroupant 57 pays.

    Mardi 5 juillet, son secrétaire général, José Viegas, a dévoilé une #simulation réalisée à partir des données de mobilité réelles de la ville de Lisbonne (2,8 millions d’habitants). Le concept suppose la disparition des véhicules qui sillonnent traditionnellement le réseau routier urbain et leur remplacement par deux types d’engins. Le système de métro, lui, ne change pas.

    #mobilité #technologie