La France restitue vingt têtes maoris à la Nouvelle-Zélande

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  • « Les crânes de résistants algériens » n’ont rien à faire au Musée de l’homme
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/07/09/les-cranes-de-resistants-algeriens-n-ont-rien-a-faire-au-musee-de-l-homme_49

    Le 17 juillet 1849, les troupes françaises envoyées en hâte entament un siège, qui durera quatre mois. Après un premier assaut infructueux, l’état-major prend la mesure de la résistance et envoie une colonne de renfort de plus de 5 000 hommes, commandée par le général Émile Herbillon (1794-1866), commandant de la province de Constantine, suivie d’une autre, des zouaves dirigés par le colonel François Canrobert (1809-1895). Deux officiers supérieurs, plusieurs milliers d’hommes contre une localité du grand sud algérien, deux décennies après la prise d’Alger : la résistance algérienne était d’une ampleur et d’une efficacité exceptionnelles.

    Le 26 novembre, les assiégeants, exaspérés par la longueur du siège, voyant beaucoup de leurs camarades mourir (des combats et du choléra), informés du sort que les quelques Français prisonniers avaient subi (tortures, décapitations, émasculations…), s’élancent à l’assaut de la ville. Chaque maison devient un fortin, chaque terrasse un lieu d’embuscade contre les assaillants. Après d’âpres combats, au cours desquels les Français subissent de lourdes pertes, le drapeau tricolore flotte sur le point culminant de l’oasis.

    Deux ans plus tard, Charles Bourseul, un « ancien officier de l’armée d’Afrique » ayant participé à l’assaut, publiera son témoignage : « Les maisons, les terrasses sont partout envahies. Des feux de peloton couchent sur le sol tous les groupes d’Arabes que l’on rencontre. Tout ce qui reste debout dans ces groupes tombe immédiatement sous la baïonnette. Ce qui n’est pas atteint par le feu périt par le fer. Pas un seul des défenseurs de Zaâtcha ne cherche son salut dans la fuite, pas un seul n’implore la pitié du vainqueur, tous succombent les armes à la main, en vendant chèrement leur vie, et leurs bras ne cessent de combattre que lorsque la mort les a rendus immobiles. ». Il s’agissait là des combattants.
    Destruction méthodique

    Or, l’oasis abritait aussi des femmes, des vieillards, des enfants, des adolescents. La destruction de la ville fut totale, méthodique. Les maisons encore debout furent minées, toute la végétation arrachée. Les « indigènes » qui n’étaient pas ensevelis furent passés au fil de la baïonnette.

    Dans son livre La Guerre et le gouvernement de l’Algérie, le journaliste Louis de Baudicour racontera en 1853 avoir vu les zouaves « se précipiter avec fureur sur les malheureuses créatures qui n’avaient pu fuir », puis s’acharner : « Ici un soldat amputait, en plaisantant, le sein d’une pauvre femme qui demandait comme une grâce d’être achevée, et expirait quelques instants après dans les souffrances ; là, un autre soldat prenait par les jambes un petit enfant et lui brisait la cervelle contre une muraille ; ailleurs, c’étaient d’autres scènes qu’un être dégradé peut seul comprendre et qu’une bouche honnête ne peut raconter. Des procédés aussi barbares n’étaient pas nécessaires, et il est très fâcheux que nos officiers ne soient pas plus maîtres en expédition de leurs troupes d’élite, qu’un chasseur ne l’est d’une meute de chiens courants quand elle arrive avant lui sur sa proie. »

    D’après les estimations les plus basses, il y eut ce jour-là huit cents Algériens massacrés. Tous les habitants tués ? Non. Le général Herbillon se crut obligé de fournir cette précision : « Un aveugle et quelques femmes furent seuls épargnés ». Le pire est que la presse française d’alors reprit ce rapport cynique.

    Il y eut trois autres « épargnés »… provisoirement. Les Français voulurent capturer vivant – dans le but de faire un exemple – le chef de la résistance, le cheikh Bouziane. Au terme des combats, il fut fait prisonnier. Son fils, âgé de quinze ans, l’accompagna, ainsi que Si-Moussa, présenté comme un marabout. Que faire d’eux ? Ces « sauvages » n’eurent pas droit aux honneurs dus aux combattants.

    Le général Herbillon ordonna qu’ils soient fusillés sur place, puis décapités. Leurs têtes, au bout de piques, furent emmenées jusqu’à Biskra et exposées sur la place du marché, afin d’augmenter l’effroi de la population. Un observateur, le docteur Ferdinand Quesnoy, qui accompagnait la colonne, dessina cette macabre mise en scène qu’il publia en 1888 dans un livre, témoignage promis à un certain avenir…

    Que devinrent les têtes détachées des corps des combattants algériens ? Qui a eu l’idée de les conserver, pratique alors courante ? Où le furent-elles et dans quelles conditions ? Quand a eu lieu leur sordide transfert en « métropole » ? Cela reste à établir, même si certaines sources indiquent la date de 1874, d’autres la décennie 1880. Il semble certaines d’elles aient été d’abord exposées à la Société d’anthropologie de Paris, puis transférées au Musée de l’homme. Elles y sont encore aujourd’hui.

    Soutenir les appels de citoyens algériens à rapatrier ces dépouilles dans leur pays, pour leur donner une sépulture digne comme cela fut fait pour les rebelles maori ou les résistants kanak Ataï et ses compagnons (en 2014), ne revient aucunement pour nous à céder à un quelconque tropisme de « repentance » ou d’une supposée « guerre des mémoires », ce qui n’aurait strictement aucun sens. Il s’agit seulement de contribuer à sortir de l’oubli l’une des pages sombres de l’histoire de France, celles dont l’effacement participe aujourd’hui aux dérives xénophobes qui gangrènent la société française.

    #colonialisme #racisme #massacre #histoire #crane #trophée #restitution #déshumanisation

    • Sur les têtes maoris « toï moko » :
      La France restitue vingt têtes maoris à la Nouvelle-Zélande
      http://www.20minutes.fr/planete/865136-20120123-france-restitue-vingt-tetes-maoris-nouvelle-zelande

      500 autres têtes restent en Europe

      Les « toï moko » arriveront au musée Te Papa (« notre lieu » en maori) de Wellington le 26 janvier, où une grande cérémonie sera organisée en présence du roi Tuheitia Paki pour célébrer leur retour au pays. Grâce aux archives historiques, l’abondante tradition orale maorie et les experts en tatouages, qui ont chacun leur signification et retracent l’histoire personnelle unique de leur porteur, Te Papa tentera de retrouver la communauté d’origine des ancêtres rapatriés. Les têtes étant sacrées, aucun test ADN n’est prévu dans l’immédiat pour identifier leur famille. Selon Te Papa, quelque 200 « toï moko » ont été restituées par quatorze pays mais on estime que plus de 500 autres attendent encore leur retour dans diverses institutions européennes.

      #maoris

    • Quelques explications sur la pratique des têtes trophées
      http://www.archeo-gallay.ch/7a_Lectures9.html
      Le texte donne de nombreux exemples mais je colle seulement la partie sur les Maoris

      2.2. Polynésie (Maoris, Samoa, Mariannes, Marquises, Nouvelle Géorgie)

      Type d’engagement guerrier. Raids, sièges de courte durée, batailles rangées (Maoris).

      Partis engagés. Tribus dirigées par des chefs indépendants au sein de la même ère linguistique (Maoris).

      Idéologie. Décapiter les adversaires permettait d’empêcher les ennemis de devenir des ancêtres bienveillants et de générer des esprits malfaisants (Salomons). Le but avoué est l’acquisition d’une fertilité supérieure, pour celui qui s’est rendu maître d’une tête, et pour son clan (Mariannes, Marquises, Nouvelle Géorgie).

      Traitement. Traitement important (ennemis avec bouche close, amis avec dents apparentes) (Maoris).

      Valorisation. Valorisation importante des têtes ennemies et des têtes de ses propres guerriers morts au combat (Maoris). Les guerriers rivalisaient pour apporter le plus de têtes au roi (Samoa). Les crânes ornaient les poteaux d’accostage et recouvraient les toits des hangars à canoës (Salomons).

      Appropriation. Pas d’information.

    • Infos supplémentaires sur le Siège de Zaatcha - qu’on devrais plutot appeler « Le massacre de Zaatacha » vu que les français n’ont laisser aucun·e survivant·e.
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Zaatcha

      Les Cheikh Bouziane, Moussa et Lahcène, capturés par les zouaves du commandant Lavarande, sont exécutés sur ordre du général Herbillon et leurs têtes exposées sur la place du marché à Biskra3, afin de faire taire la rumeur de leur invulnérabilité et faire cesser la rébellion dans la région.

      Ici un article qui donne plus d’information sur les révoltes en Algérie et Bû Ziyân :
      La Révolte de Bû Ziyân en Algérie, 1849
      Julia Clancy-Smith
      https://remmm.revues.org/255

      Dès le 26 novembre, la fin était imminente ; chaque camp savait à quoi s’attendre. Les tirs d’artillerie ininterrompus ouvraient des brèches béantes dans les murs de Za’atsha et des soldats envahirent bientôt les allées étroites, jonchées de débris, et les sentiers des jardins. Bû Ziyân rassembla ses partisans dans la mosquée de la ville. Après avoir mené la prière, il ordonna aux quelques survivants de se battre jusqu’à la mort. Plus tard dans la journée, les troupes françaises cernèrent la résidence abandonnée du qa’id à la solde des Européens, où le mahdi et sa famille - deux jeunes fils, une fille, sa femme et sa mère - se trouvaient piégés. Le mahdi sortit de la maison en brandissant une carabine. « Je suis Bû Ziyân », déclara-t-il calmement aux officiers tandis qu’il s’agenouillait pour prier. Après avoir forcé le prophète rebelle à assister au massacre de sa famille, on le plaça contre un mur et on le mit en joue. « Vous avez été les plus forts ; seul Dieu est grand, puisse sa volonté s’accomplir » dit-il encore23. Des coups de feu retentirent et le héros de Za’atsha s’effondra. La tête de Bû Ziyân fut offerte comme trophée au général Herbillon, qui l’exposa à la porte du village afin que tous puissent la voir. Pendant le reste de la journée, seul pouvait être entendu le bruit des détonations tandis que les soldats faisaient sauter les caches de poudre sous les maisons encore debout (Bocher, 1851 ; Julien, 1979).

      On en parle ici aussi : Cheikh Bouziane , Cherif Boubaghla Zaatcha et les Oubliés du 5 juillet
      http://dzactiviste.info/cheikh-bouziane-cherif-boubaghla-zaatcha-les-oublies-du-5-juillet