• Les corps épuisés du spectacle colonial
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    Ces victimes sur les photographies publiées sont nôtres, elles sont de chez nous, de nos terres, de nos familles. Nous ne sommes pas éloigné.e.s, pas détaché.e.s de ces corps. Aujourd’hui encore, nous portons au quotidien le poids de ces hypersexualisations violentes, de ces hyper-accessibilités au corps colonisé.
    Faudrait-il cacher la vérité ? nous demande-t-on avec outrage ; et une bonne dose de malhonnêteté ou de bêtise – au choix.

    Il est bien entendu évident que cette histoire horrible doit être dite autant que faire se peut. Nombre d’entre nous n’ont attendu ni Libération, ni les explorateur.ice.s universitaires pour le faire.
    Mais la diffusion de ces images n’est en aucun cas nécessaire à la production de la vérité. Et ces images n’auront aucun effet miracle chez les négationnistes.

    La certitude, c’est l’horreur reconvoquée de manière sensationnaliste, l’exhibition-reconduction de l’humiliation, la mise en lumière voyeuriste du crime, pensée sans les victimes.

    Jamais, la nécessité de reconnaissance collective de crimes ne nous empêchera d’être critiques sur les moyens employés pour en parler, les montrer, etc. Nous n’avons absolument aucune reconnaissance envers celles et ceux qui usent de leurs pouvoir pour exhiber au prétexte d’enseigner.
    Choquer, appâter, reproduire la violence, c’est tout sauf de la pédagogie. La pédagogie est une entreprise complexe qui doit se penser avec toutes les personnes concernées. Ce n’est pas une petite expédition touristique entre privilégié.e.s et ce n’est pas non plus de l’auto-congratulation dans l’entre-soi.

    Le livre à paraître (sous la direction de Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Gilles Boëtsch, Dominic Thomas et Christelle Taraud), dont sont issues les photos, coûtera 65 euros. À ce prix-là, quel est le lectorat visé ? Dans quels salons bourgeois vont de nouveau prendre place ces images odieuses ?