Grande-Synthe : la vocation d’un camp humanitaire est d’accueillir les réfugiés, pas de les refouler - Communiqués

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  • Des #réfugiés interdits d’entrer dans le camp de #Grande-Synthe
    https://www.mediapart.fr/journal/france/120716/des-refugies-interdits-dentrer-dans-le-camp-de-grande-synthe

    L’accès à ce camp « humanitaire » est désormais interdit aux nouveaux arrivants voyageant sans famille qui représentent pourtant la majorité des #migrants. Médecins sans frontières, qui a conçu les lieux avec le maire de la ville, appelle son partenaire à renoncer à cette restriction.

    #France #asile #Calais #Damien_Carême

    • France, Grande-Synthe: Humanitarian camps are supposed to offer refugees shelter, not turn them away

      On Thursday 7 July, six Afghan men were refused entry to the migrant camp in Grande-Synthe. Set up in March 2016, the camp was constructed to offer shelter to all refugees needing safe lodging and basic services. The town council that manages the site in partnership with the French government and the camp manager, the AFEJI, now say that men travelling alone will not be allowed access to the camp. This decision comes amid growing pressure put on refugees by authorities in north France. MSF is extremely concerned by this decision and calls for it to be immediately overturned.

      http://www.msf.org/en/article/20160712-france-grande-synthe-humanitarian-camps-are-supposed-offer-refugees-sh

    • L’article complet paru sur Mediapart :

      L’accès à ce camp « humanitaire » est désormais interdit aux nouveaux arrivants voyageant sans famille qui représentent pourtant la majorité des migrants. Médecins sans frontières, qui a conçu les lieux avec le maire de la ville, appelle son partenaire à renoncer à cette restriction.

      Installé à Grande-Synthe dans le Nord, le premier camp en France de réfugiés aux normes internationales, fabriqué par Médecins sans frontières (MSF) grâce à la détermination du maire EELV Damien Carême, a durant quelques mois fait figure de modèle, tant les conditions de vie, tout en restant précaires pour les personnes hébergées, apparaissaient meilleures qu’ailleurs, notamment dans la « jungle » de Calais. Il semble pourtant que, depuis que l’État intervient sur le site, à la suite de la signature fin mai d’une convention avec la mairie organisant le partage des responsabilités, les règles d’entrée se durcissent au détriment des nouveaux arrivants.

      Depuis plusieurs jours, les hommes célibataires, débarquant sur place après avoir parcouru des milliers de kilomètres, se voient interdire l’accès aux lieux, constitués de cabanons en bois et bénéficiant de différents services (centre de soins, cuisines collectives, « maison des pouvoirs publics », scolarisation des enfants, navette pour faciliter les déplacements en ville, etc.).

      Dans un communiqué publié mardi 12 juillet, MSF dénonce la multiplication des cas de refoulement, y compris en direction des personnes vulnérables. « La vocation d’un camp humanitaire est d’accueillir les réfugiés, pas de les refouler », rappelle l’ONG. Six Afghans auraient ainsi trouvé portes closes le 7 juillet ; entre le 22 juin et le 2 juillet, 34 personnes auraient été concernées – dont trois mineurs, une personne handicapée et une femme enceinte. Malgré des places disponibles, l’organisme chargé d’assurer la gestion du lieu, l’Association des Flandres pour l’éducation, la formation des jeunes et l’insertion sociale et professionnelle (AFEJI), ne les aurait initialement pas laissées entrer.

      Ce refus opposé aux hommes seuls est assumé par la mairie. Or ce public constitue le gros de l’effectif du camp. « 80 % des gens qui composent ce camp sont des hommes voyageant seuls, indique Franck Esnée, chef de mission pour MSF. En leur refusant l’accès au camp, c’est à la vocation même de ce lieu destiné à héberger dignement les exilés quels qu’ils soient que les autorités décident de s’attaquer. » « Je ne vois pas en quoi des hommes fuyant la guerre en Irak et en Syrie [la plupart des personnes sont des Kurdes irakiens et syriens – ndlr] sont moins vulnérables que des femmes. On n’est pas loin d’une discrimination de genre », affirme-t-il. « Poser ce type de critères est dangereux : on commence avec les hommes seuls, poursuivra-t-on avec les familles et les mineurs ? » s’interroge-t-il.

      Dans un courrier en date du 8 juillet envoyé aux associations (pdf, 349.7 kB), Damien Carême, qui estime avoir réalisé un lieu « exemplaire », explique n’avoir pas varié de position. Se citant, il rappelle ce qu’il avait déclaré lors de la construction du camp :« Petit à petit, au rythme des départs, nous réduirons la taille du camp en retirant les abris, pour, à terme (sans fixer le terme), fermer ce camp. » Surpris par la mise en œuvre rapide de cet engagement adressé en priorité à ses administrés, les militants associatifs sont convaincus que l’accélération est imposée par l’État, qui, en signant la convention, n’a pas caché son intention de reprendre le contrôle sur un projet auquel il avait d’abord refusé d’apporter son soutien. Mais l’élu, interrogé par Mediapart, dément toute pression. « Les pouvoirs publics ne m’ont rien demandé, assure-t-il. Je dois être cohérent avec ma population. Je ne peux pas me permettre que le camp recommence à grossir. La ville de Grande-Synthe a besoin de renforts. J’appelle d’autres élus à prendre le relais et à dupliquer le modèle. »

      Constatant que la population du camp a chuté de 1 330 à 800 entre l’ouverture, en mars dernier, et aujourd’hui, soit quatre mois plus tard, le maire estime qu’il est temps de réduire la voilure. Pour empêcher que les partants soient remplacés par d’autres, il a décidé de retirer des abris – 62 en quelques jours. Les nouveaux venus sont invités à passer leur chemin, le camp étant désormais considéré comme complet avec les 800 personnes qui s’y trouvent.

      Comment expliquer la baisse du nombre d’occupants ? Certains ont réussi à rejoindre clandestinement l’Angleterre, ce qui reste l’objectif de la majorité des migrants en transit à Grande-Synthe ; d’autres auraient accepté de partir dans des centres d’accueil et d’orientation (CAO), ces lieux répartis partout en France – destinés à l’origine à« vider » Calais – pour demander l’asile. Mais cette évolution, dont personne ne sait si elle est durable, ne veut pas dire que les arrivées vont cesser. Il est même possible qu’avec l’été, et la recrudescence des passages par la Méditerranée entre la Libye et l’Italie, elles réaugmentent.

      « Toute présence prolongée est proscrite »

      Même si le maire affirme être en phase avec l’État, un échange de notes laisse apparaître une certaine tension entre les deux parties. Signe de la pression qui s’exerce de plus en plus fortement sur les migrants, la sous-préfecture de Dunkerque a édicté, fin juin, de nouvelles normes, changeant radicalement la donne dans l’accueil jusque-là inconditionnel (retrouver le mot placardé dans le camp sur le blog Passeurs d’hospitalités du militant Philippe Wannesson). « Le campement de La Linière est ouvert aux migrants souhaitant déposer une demande d’asile en France », indique la sous-préfecture. « Il n’est en aucun cas destiné à être un campement dans l’attente d’un passage en Grande-Bretagne », précise-t-elle avant de poursuivre : « Toute présence prolongée est proscrite et pourrait se solder par une interdiction de rester dans le campement. » Autrement dit, sont jugées indésirables aussi bien les personnes en transit que celles stationnant longtemps. Et comme les demandeurs d’asile sont eux aussi conviés à partir pour procéder à leur demande dans les CAO, il ne reste plus grand-monde, dans cet esprit, à accueillir. Appuyé par MSF, le maire de Grande-Synthe a contesté, début juillet, cette interprétation, affirmant que le camp était « ouvert à tous, sans distinction ».

      Alors que les expulsions des campements de fortune se multiplient dans les Hauts-de-France (ex-Nord-Pas-de-Calais) [après ceux de Chocques et Steenvoorde, celui de Norrent-Fontes est menacé], MSF demande au gouvernement que « soit mise en œuvre une vraie politique d’assistance dans le nord de la France ». Concernant Grande-Synthe, l’ONG exhorte l’État et la mairie, en tant que coresponsables du camp, à continuer d’accueillir « sans restriction » celles et ceux qui s’y présentent. « Une décision contraire s’avérerait déplorable pour les migrants que ce camp promettait d’accueillir, mais aussi ruineuse pour celles et ceux qui démontrent chaque jour qu’une autre politique d’accueil est possible », dit-elle. « Nous devons refuser de nous soumettre à l’agenda du gouvernement qui veut faire croire qu’il y a moins d’arrivées. C’est faux ! » tempête Franck Esnée.

      Les liens entre MSF et Damien Carême, le « héros » de Grande-Synthe, comme l’avait désigné Le Monde, sont-ils en train de se distendre ? « Nous travaillons dans une relation de confiance depuis toujours, affirme le maire dans son courrier aux associations. Je veux qu’il en soit toujours ainsi car nous avons besoin les uns des autres. Il n’y a personne de plus engagé ou militant qu’un autre dans cette incroyable aventure collective. Il n’y a pas des bons qui seraient du côté des réfugiés et des méchants. » De son côté, MSF envisage son communiqué comme une « mise en garde ». Plus que Damien Carême, c’est l’État qui est visé.

    • Grande-Synthe : la vocation d’un camp humanitaire est d’accueillir les réfugiés, pas de les refouler

      Jeudi 7 juillet, six hommes afghans se sont vu refuser l’accès au camp de Grande-Synthe, créé en mars dernier pour abriter les exilés le temps qu’ils le souhaitent. D’après la municipalité – co-responsable du camp avec l’Etat et l’organisme chargé d’en assurer la gestion (l’AFEJI) –, cette interdiction d’accès au camp de la Linière s’applique désormais à tous les hommes seuls. MSF demande la révision d’une telle décision, qui intervient dans un contexte généralisé de pression redoublée par les autorités sur les réfugiés présents dans le nord de la France.

      http://www.msf.fr/presse/communiques/grande-synthe-vocation-camp-humanitaire-est-accueillir-refugies-pas-refouler