« On accepte que les femmes fassent la fête parce qu’on a besoin d’elles, mais c’est à leurs risques et périls »

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    • Des milliers de personnes ont marché lundi dans les rues de Pampelune, un papier rouge à la main, portant l’inscription « Non c’est non », pour dénoncer ces agressions. Ça n’était jamais arrivé alors que le phénomène n’est pas nouveau. En 2011 déjà, des associations féministes parlaient d’un climat permissif et accusaient la mairie de dissimuler ces agressions pour ne pas nuire à l’image de la fête. Les Pamplonais semblent prendre peu à peu conscience de ces débordements. La mairie, dirigée depuis 2015 par une coalition de gauche indépendantiste, avait d’ailleurs lancé une campagne pour promouvoir « des fêtes sûres pour les femmes », « sans agression sexiste ». Pour Aritz Romeo, conseiller à la sécurité, c’est justement cette campagne qui explique le nombre d’interpellation de ces derniers jours. « Je ne crois pas qu’il se passe plus de choses à Pampelune que dans d’autres villes festives, nous avons simplement mis des moyens avec 3 400 policiers efficaces pour interpeller les agresseurs. »

    • « Dans toutes les grandes fêtes publiques, il y a des agressions sexuelles ou des comportements sexistes. Le nier, c’est ne pas vouloir le voir », affirme Yves Raibaud. Un simple coup de fil à la mairie de Dunkerque permet de s’en rendre compte. A la question « y a-t-il des problèmes d’agressions sexuelles au carnaval de Dunkerque ? » (qui réunit chaque année des milliers de personnes), elle répond : « Oh mon Dieu pas du tout. Je suis extrêmement surprise par la question. L’ambiance est vraiment bon enfant. Les gens ne viennent pas pour faire ce genre de choses. Ça existe peut être dans le Sud mais pas ici. » « Ce discours qui consiste à dire "ça ne se passe pas chez moi mais chez les autres" est très caractéristique », explique le chercheur Yves Raibaud qui a épluché la presse locale dunkerquoise et constaté qu’il y a chaque année des agressions sexuelles qui n’aboutissent pas forcément au dépôt de plainte. Le problème peut être d’autant plus minoré qu’il est « individualisé », explique le chercheur : « c’est toujours une fille qui s’est trouvée au mauvais endroit seule par exemple ». Reste que ce sujet très tabou émerge peu à peu en France « où le harcèlement est devenu intolérable depuis deux trois ans grâce aux associations, au Haut Conseil à l’égalité et aux grandes villes qui mènent aussi des enquêtes à ce sujet », remarque Yves Raibaud. Résultat : la parole se libère peu à peu chez les femmes. Selon une enquête du Figaro publiée en 2015, le nombre de viols dénoncés aux autorités a augmenté de 18 % en cinq ans.