Seize amendes pour utilisation abusive des pistes et bandes cyclables par des deux-roues motorisés ont été infligées sur les six premiers mois de l’année, à Genève. Quiconque roule dans le canton réalise immédiatement que ce chiffre est ridiculement bas. Il s’explique néanmoins, considéré dans son contexte : un manque de civisme généralisé et l’absence de vision politique.
Au quotidien, les infractions sont si nombreuses que la police, avec les moyens dont elle dispose, est bien en peine de faire respecter la loi. Se bornant à intervenir dans les situations les plus problématiques ou lors de campagnes ponctuelles. Cette tolérance généralisée vis-à-vis de l’ensemble des usagers de la route ne constitue pourtant pas la meilleure des solutions.
Quand est évoquée l’hypothèse d’une répression accrue, les milieux de défense des vélos sont mal à l’aise. Et pour cause. Quel cycliste n’a pas brûlé un feu rouge, emprunté un trottoir ou roulé sur un passage piéton ? Pour sa propre sécurité, faudrait-il ajouter, tant les infrastructures nécessaires au nombre croissant d’utilisateurs de la petite reine font défaut, et ce malgré la volonté très nette exprimée à réitérées reprises par le peuple en votation.
Et pourtant, en attendant le jour – pas franchement désirable non plus – où les voitures « intelligentes » remplaceront leurs conducteurs et où les boîtes noires des véhicules transmettront directement leurs données aux sociétés d’assurance, faisons le pari que le respect des règles profiterait en premier lieu aux plus vulnérables ; en 2017 à Genève, six piétons sont décédés lors d’accidents, dont quatre sur des passages piétons.
Réprimer ne saurait suffire. Les autorités, les écoles, les associations doivent accroître leurs campagnes de sensibilisation. Mais surtout, nous attendons de nos élus qu’ils développent – enfin ! –une vision politique cohérente de la mobilité dans le canton, en phase avec les aspirations des Genevois et les défis environnementaux qui nous attendent.
