Cinq réflexions en marge de la tragédie de Nice | Jacques Tarnero

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  • Cinq réflexions en marge de la tragédie de Nice | Jacques Tarnero
    http://www.huffingtonpost.fr/jacques-tarnero/lutte-contre-le-terrorisme_b_11134068.html

    Il y a de l’obscénité dans les commentaires politiciens proférés dès l’attentat commis le 14 juillet. Cet examen douloureux met en cause des certitudes idéologiques, des bonnes consciences à peu de frais, des aveuglements. Distinguer les faux amis des vrais ennemis est une urgence absolue. Cet examen est d’ordre géopolitique, idéologique et langagier.

    1 - L’après guerre d’Algérie a figé le regard idéologique sur le monde arabe et l’espace musulman. Lu dans les catégories de la « juste cause » parce que colonisée, l’imaginaire arabe a entretenu ce statut pour expliquer son histoire actuelle comme une revanche contre « l’humiliation arabe » subie pendant les années de colonisation. L’argument d’un racisme structurel dont seraient victimes les descendants des populations issues des ex colonies présentes dans le pays ex colonisateur constitue la matrice idéologique de ceux qui se proclament Indigènes de la République. Nourris d’un ressentiment haineux contre la France ceux-ci développent leur schizophrénie identitaire autour de modèles inspirés par Lewis Farakhan. La récente « marche pour la dignité » n’a fait que confirmer leur racisme anti « blanc », désormais totalement assumé.

    2 - Symétriquement, la classe politique, à gauche en particulier, n’a pas voulu voir cette évolution, tant sa posture « anti-raciste » contre l’extrême droite lui servait de vertébration majeure. Friande de commémorations symboliques la voilà friande de repentirs sans exiger de l’autre part qu’elle reconnaisse aussi ses fautes et ses crimes commis au nom de sa libération. Il ne peut y avoir de bonne santé mémorielle que si les efforts de vérité sont partagés, réciproques et simultanés. Cinquante ans après les indépendances, la colonisation reste l’explication magique de tous les maux dont souffriraient les ex colonisés. La loi Taubira considérant l’esclavage comme une pratique exclusivement européenne, a conforté cette mise en accusation.

    Ces attitudes conditionnent cette culture du ressentiment entretenu contre la France. Elles sont à la source comportementale de ces « territoires perdus de la République » dont la schizophrénie est la règle première pour tous ces jeunes incapables de s’intégrer dans le pays où ils sont nés.
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    3 - Il n’y a pas que la gauche : toute la classe politique française porte cette responsabilité et on doit à Sarkozy l’adoubement par la République du parti des Frères musulmans, l’UOIF, qui vient régulièrement au Bourget, avec les frères Ramadan comme invités vedettes, proclamer sa haine des Juifs et d’Israël. En matière d’aveuglement à l’égard du terrorisme arabe ou de l’islamisme tueur quand celui-ci frappe Israël, la droite n’a vraiment pas de leçons à donner. La France n’est pas bien payée en retour pour sa « politique arabe » chère à tous les Quai d’Orsay. Faut-il rappeler les critiques acerbes du Président Chirac contre Lionel Jospin quand celui ci se fit caillasser à Ramallah pour avoir osé qualifier de « terroriste » le Hezbollah... Faut il rappeler l’hommage rendu en grandes pompes à un Arafat, ou bien la présence de Chirac aux funérailles de Hafez el Assad pourtant complice de l’assassinat en 1981, de l’ambassadeur de France, Louis Delamarre, au Liban et de cinquante huit soldats français à Beyrouth en 1983... Nos amis du Qatar, ceux d’Arabie saoudite ont paraît il, une responsabilité dans la fabrication idéologique des jihadistes. Les amis de nos ennemis peuvent-ils rester nos amis ?

    • Le point 1 dit à peu près n’importe quoi. En 1962, personne ne parlait d’humiliation arabe, en revanche tout le monde savait (ou faisait semblant de ne pas savoir) que la nationalité française des résidants des départements algériens étaient démembrée : certains étaient citoyens (les non-musulmans), d’autres non (les « Français musulmans »).

      Quand les uns et les autres ont été rapatriés en France métropolitaine l’intégration (au moins administrative) des uns s’est faite sans trop de problèmes, celle des autres (les musulmans) beaucoup plus difficilement. Ils étaient Français, mais pas citoyens de l’autre côte de la Méditerranée, les administrations françaises ont eu beaucoup de mal à les considérer comme des Français de plein droit de ce côté-ci. Et, malheureusement pour elles, la loi française ne permettait pas de continuer à les traiter en (non-)citoyens de seconde zone.

      Il est facile de reconstruire ex post une humiliation fantasmée, il est beaucoup plus difficile de restituer la somme des mauvais traitements administratifs qui a été administrée aux ex-"Français musulmans". Parmi les rares traces, je vous recommande de lire la partie décrivant les sources statistiques (pp. 7 et suivantes) dans ce document de travail de l’Insee de 2014
      Repenser l’intégration socioéconomique des pieds-noirs en France à l’aide des données de l’Échantillon Démographique Permanent de l’Insee par Marie-Paule Couto
      http://www.crest.fr/images/doctravail/DocTravail2014/2014-49.pdf