• Turquie : pôle expérimental mondial de la violence | Joelle Palmieri
    https://joellepalmieri.wordpress.com/2016/08/04/turquie-pole-experimental-mondial-de-la-violence

    Quelques heures après le coup d’État du 15 juillet 2016, la chaîne CNN Turk relaie l’appel de soutien du président Recep Tayyip Erdogan auprès de milliers de civils. Ils descendent dans la rue, souvent en criant Allah Akbar, autant de clameurs reprises et répercutées par les haut-parleurs de toutes les mosquées du pays. Tout était prêt comme les listes de purge : les miliaires, l’appareil d’État, la presse… Les commentaires vont bon train. J’ai beau lire, les spéculations multiples ne me convainquent pas. Je me pose des questions.
    Acte raté de l’opposition ? Acte prémédité et autogéré du pouvoir autoritaire ? Règlement de compte avec les Kurdes et répétition de l’histoire inspirée, 100 ans après, par le génocide arménien ? Petites magouilles au plus haut niveau afin de contrôler une région à forte plus-value stratégique et militaire ? Beaucoup d’hypothèses valent. Une vérité s’impose : quand le dialogue, la négociation, le débat, l’argumentation n’existent plus, la violence est inévitable. Ici elle est légitime, car c’est l’État qui en prend l’initiative. La violence est la langue de la domination. Le monopole étatique de la violence l’érige en système : la violence d’État est licite alors que la contre-violence (manifs, tribunes, …) est illicite. Le dictateur, étymologiquement « celui qui parle », est plébiscité alors que les subalternes, ceux qui n’ont pas la parole, sont pointés du doigt. Rompre avec l’évidence du monde reste notre seul pouvoir.

    Retour sur quelques faits❞