• En #Norvège, plus de 300 #rennes tués simultanément par la #foudre
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/08/29/en-norvege-plus-de-300-rennes-tues-simultanement-par-la-foudre_4989376_3244.

    Trois cent vingt-trois rennes sauvages tués par la foudre d’un seul coup, c’est du jamais vu en Europe du Nord. L’incident s’est produit vendredi 26 août sur le haut plateau de Hardanger, dans le sud de la Norvège, entre Oslo et Bergen. Le carnage a été découvert par des personnels de l’Agence de protection de l’environnement (SNO) et les animaux se trouvaient regroupés dans un rayon de 50 à 80 mètres.

    #orage

  • A la recherche des lacs et rivières perdus d’#Iran

    Vahid, 53 ans, se rappelle toujours l’époque où il venait chasser et pêcher avec son oncle dans le lac Gavkhouni, situé dans le centre de l’Iran, à 170 kilomètres d’Ispahan. Aujourd’hui, de cette vaste étendue d’#eau de 476 km2, accueillant, il y a quelques années encore, des milliers d’oiseaux migrateurs, d’oies, de cigognes et de cerfs, il ne reste que des terres sèches à perte de vue. « Auparavant, toutes les parcelles autour du lac étaient cultivées, regrette Vahid. Cela fait presque dix ans que la dernière personne est partie d’ici. »


    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/08/23/a-la-recherche-des-lacs-et-rivieres-perdus-d-iran_4986819_3244.html

  • En #Italie, deux jours après le #séisme, le bilan s’alourdit à 267 morts et 387 blessés
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/08/26/seisme-en-italie-de-nouvelles-victimes-etrangeres-confirmees_4988202_3244.ht

    Le bilan humain, qui pourrait encore s’alourdir, est très élevé alors que la secousse est survenue dans une zone montagneuse, relativement peu peuplée. En 2009, le séisme à L’Aquila, non loin de la zone du séisme de mercredi, avait fait plus de 300 morts. Mais il s’agissait alors d’une ville de plusieurs dizaines de milliers d’habitants.

    Les Italiens ont été particulièrement choqués par le cas de l’école d’Amatrice, rénovée en 2012 pour s’adapter aux normes antisismiques et réduite à l’état de décombres mercredi. Une enquête a été ouverte par le procureur de Rieti, ville proche du lieu du séisme, pour évaluer d’éventuelles #malversations à Amatrice et dans les villages concernés.

    #Mafia ? #norme_antisismique

  • Climat : la chimère du 1,5°C

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/08/22/la-chimere-du-1-5-c_4985913_3244.html

    Souvenez-vous : ce fut la surprise des négociations de l’accord de Paris, adopté le 12 décembre 2015. Alors que contenir le réchauffement en cours sous le seuil des 2°C au-dessus des niveaux préindustriels semble déjà presque impossible, la communauté internationale avait ajouté un objectif secondaire, plus ambitieux encore. Il faut, précise en effet le traité, contenir « l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels » mais aussi poursuivre l’action « pour limiter l’élévation des températures à 1,5°C » de réchauffement.

    Rappelons que les Etats-parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques ne se sont jusqu’à présent engagés qu’à des réductions de leurs émissions de gaz à effet de serre mettant le climat terrestre sur la voie d’un réchauffement d’environ 2,5°C – nous propulsant dans un monde où un été comme celui de l’année 2003 deviendrait relativement banal en Europe. Sauf à imaginer l’émergence rapide et inattendue d’un gouvernement mondial totalitaire d’obédience écologiste, on comprend que cette fameuse cible de 1,5°C tient au mieux du rêve, au pire de l’aimable supercherie.
    Près de 200 chefs d’Etat et de gouvernement auraient-ils collectivement paraphé un fantasme ? Une telle idée est intolérable. Il fallait donc donner de la solidité à cet objectif, l’épaissir un peu, lui donner une consistance. Le ripoliner au sérieux de la science. L’accord de Paris a donc invité le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) à plancher sur la question du 1,5°C.

    Déni de réalité

    Réuni du 15 au 18 août à Genève, le groupe d’experts, dont les volumineux rapports de synthèse font autorité sur la question climatique, a établi son agenda et ses modalités de travail. Le groupe a annoncé qu’environ 85 experts ont réfléchi aux contours et à la structure du nouveau rapport. Son titre – espérons-le provisoire – a été annoncé : ce sera le « Rapport spécial sur les impacts d’un réchauffement global de 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels et des trajectoires d’émissions mondiales de gaz à effet de serre associées, dans le contexte d’un renforcement de la réponse globale à la menace du changement climatique, du développement durable et des efforts pour éradiquer la pauvreté ».
    Tout cela sera présenté et discuté au cours de la prochaine réunion plénière de l’organisme onusien, fin octobre à Bangkok. Des chercheurs compétents seront ensuite appelés à participer à la rédaction du rapport et au travail préalable. Remise de la copie en 2018.

    C’est peu dire qu’on plaint les auteurs d’avoir à se colleter avec une expertise dont la commande constitue, en elle-même, un déni de réalité. Comment imaginer que nous pourrons arrêter le curseur à 1,5°C, alors que les six premiers mois de l’année en cours pointent déjà, selon la NASA, à 1,3°C au-dessus des niveaux préindustriels ? On frôle déjà, en 2016, le seuil fixé. Ainsi, sans même compter l’absence de volonté politique au niveau international pour traiter la question climatique, les seules inerties combinées des systèmes économique et climatique rendent clairement chimérique l’espoir de demeurer sous 1,5°C d’augmentation du mercure.
    Quant à en savoir plus sur les impacts attendus d’un tel niveau de réchauffement, est-ce vraiment nécessaire ? Ne suffit-il plus, désormais, de lire les journaux ?

    Où est le courage politique ?

    Au cours des trois derniers mois, l’hémisphère nord a vu s’accumuler des événements extrêmes dont les scientifiques savent, avec un haut niveau de confiance, qu’ils sont favorisés par le changement climatique en cours — feux de forêt ici, précipitations extrêmes là. Fin mai, près de 90 000 personnes étaient évacuées de Fort McMurray, au Canada, à la suite d’incendies inédits dans la région. Quant à ceux qui ravagent la Californie — frappée depuis plusieurs années par une sécheresse inédite depuis au moins quatre siècles —, ils ont conduit jusqu’à présent à des évacuations de même ampleur. Sur la côte est américaine, en Louisiane, près de 20 000 personnes ont dû quitter leur domicile à la suite, cette fois, d’inondations catastrophiques — provoquées par des pluies si intenses que la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) estime qu’il ne devrait s’en produire de semblables que tous les 500 ans.
    Souvenez-vous de l’ouragan Sandy, qui précipita l’Atlantique dans les rues de New York en 2012 : ce genre d’événement est, lui aussi, censé ne se produire que tous les 700 ans…

    Les records tombent donc comme à Gravelotte, et pas seulement de ce côté de l’Atlantique. En Russie, pendant que la Louisiane tentait de surnager et que la Californie affrontait les incendies, les précipitations les plus fortes jamais observées dans cette région submergeaient les rues de Moscou… Des pluies telles que le cumul des précipitations a été proche du double du dernier record, établi voilà… 130 ans. En Chine, en Macédoine, au Soudan, dans le sous-continent indien ou encore en France, des catastrophes alimentées par l’augmentation des températures ont touché cet été, en quelques semaines, plusieurs millions de personnes.

    La saisine du GIEC par la communauté internationale, sur l’objectif du 1,5°C, sous-entend essentiellement deux choses : d’abord, que nous avons encore suffisamment de temps devant nous pour échapper aux effets majeurs du réchauffement. Ensuite, que nous manquons de données scientifiques pour agir. Ces deux sous-entendus sont faux. La réalité est que les responsables politiques cherchent, à nouveau, à s’acheter du temps avec un énième rapport. Ils n’y trouveront ni la clairvoyance, ni le courage politique qui leur font défaut.

  • Au Mexique, les ravages de la culture de l’avocat

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/08/22/au-mexique-les-ravages-de-la-culture-de-l-avocat_4985916_3244.html

    Le monument en forme d’avocat géant trône à l’entrée de Tancitaro, à l’ouest du Mexique. La sculpture symbolise l’importance de ce fruit pour les habitants de cette petite ville de l’Etat du Michoacán, devenue la capitale mondiale de l’avocat. Le boom de la consommation des Américains, mais aussi des Européens, Français en tête, fait flamber les prix du fruit, rebaptisé l’or vert du Mexique. Une ruée qui provoque une déforestation massive et profite au crime organisé.

    Vu du ciel, des pans entiers de forêt sont zébrés de champs d’avocatiers sur les flancs des montagnes boisées du Michoacán. La région concentre les quatre cinquièmes de la production nationale d’avocat. Cette terre volcanique au climat tempéré sied au fruit, dans un pays qui en est le premier producteur mondial, avec près du tiers de la récolte. En trente ans, les plantations sont passées de 31 000 à 118 000 hectares, selon le ministère de l’agriculture. L’année dernière, la production a atteint 1,6 million de tonnes, en hausse de 6,6 % en un an.
    La face cachée de ce succès économique : la destruction des forêts de pins, dont certains endémiques. « Les agriculteurs plantent clandestinement des avocatiers au milieu des pins, explique Victor Manuel Coria, directeur de l’Institut national de recherches forestières, rattaché au ministère de l’agriculture. C’est une opération de fourmis sur plusieurs années. Petit à petit, ils coupent les branches, puis les troncs séchés. »

    La faune est aussi menacée : coyotes, pumas et autres oiseaux rares habitent la forêt, qui accueille aussi des millions de papillons Monarques lors de leur grande migration annuelle. Sans parler du problème de l’eau consommée en masse par les avocatiers, qui affecte le niveau des rivières, ou de celui des pesticides, qui contaminent les nappes phréatiques.

    « Testicule » en langue indienne

    « Pas question de diaboliser pour autant le fruit qui a des vertus diététiques exceptionnelles et fait vivre des milliers de familles », souligne M. Coria. Le Mexique est le centre d’origine de l’avocat, cultivé bien avant l’arrivée des conquistadors au début du XVIe siècle. En espagnol, le nom du fruit, « Aguacate », est le dérivé de « Ahuacatl », qui signifie « testicule » en langue indienne nahualt. Par sa forme suggestive, le fruit était considéré par les peuples pré-hispaniques comme un aphrodisiaque. Mais sa production à grande échelle ne débute dans le Michoacán qu’à partir des années 1960, avec l’introduction de nouvelles variétés.

    « Depuis quatre ou cinq ans, les zones de cultures traditionnelles sont saturées, observe M. Coria. Les paysans empiètent sur la forêt pour répondre à la demande. »
    A qui la faute ? Plus de la moitié de la production est exportée. La France est le second importateur d’avocats mexicains, après les Etats-Unis, et avant le Japon et le Canada. Dans l’Hexagone, le fruit se mange plutôt en hors-d’œuvre ou en salade, tandis que le guacamole, purée d’avocat épicée, a gagné ses lettres de noblesse dans les rayons des supermarchés.

    Un succès économique lié à une stratégie marketing agressive : en 2013, les 19 000 producteurs mexicains et les 46 entreprises exportatrices d’avocats se sont rassemblés au sein d’Avocados from Mexico. Deux ans plus tard, l’organisation déboursait un million de dollars pour un spot publicitaire diffusé durant le Super Bowl, l’événement sportif phare aux Etats-Unis. Une première pour une entreprise mexicaine.
    Depuis, la demande fait bondir les prix. En juin aux Etats-Unis, l’avocat se vendait 1,10 dollar pièce, contre 86 centimes en janvier. De l’autre côté de la frontière, les Mexicains, qui l’achètent au kilo, ne sont pas épargnés par la hausse. En juillet, l’avocat pouvait atteindre 60 à 80 pesos le kilo.

    Incendies criminels

    Devenu plus cher que certains métaux, le fruit suscite la convoitise du crime organisé. En 2013, les habitants de plusieurs villages du Michoacán ont pris les armes, exaspérés par les rackets d’un cartel de la drogue, qui tentait de s’emparer de leur or vert dans cette zone stratégique de la production de marijuana et de méthamphétamines. « Au début, ils nous demandaient 1 000 pesos par hectare, puis ils ont voulu prendre une partie de nos terres », raconte un producteur sous le sceau de l’anonymat.

    Organisés en milice d’autodéfense, les habitants ont libéré les communes de l’emprise de la mafia. Le sang a coulé à Tancitaro. Mais la production d’avocats n’a jamais été affectée. Elle a même légèrement augmenté. Aujourd’hui, les milices ont intégré des « corps de défense ruraux », créés par le gouvernement.

    « Mais le crime organisé reste implanté dans la région », confie le producteur, qui lui attribue une vague d’incendies criminels ravageurs. Tacintaro est l’une des municipalités du Michoacán les plus affectées par ce fléau. Selon une étude de la Commission nationale des forêts (Conafor), des incendies en série ont détruit, en 2009, 12 500 hectares de bois dans la région. « Un an plus tard, la superficie des cultures d’avocats gagnait 8 000 hectares supplémentaires », alertait, déjà en mai, le journaliste michoacano, Jésus Lémus, dans le magazine d’investigation Reporte Indigo.
    Depuis, la situation semble avoir empiré : le 9 août, Osvaldo Fernández Orozco, responsable régional de la Conafor, a révélé que, cette année, 818 incendies ont dévasté 15 620 hectares de bois, soit 9 % de la surface forestière du Michoacán.

    Appât du gain

    En face, le gouvernement tente d’empêcher la modification illégale des sols forestiers par des programmes de développement économique et le renforcement de la surveillance du territoire. Le 13 juillet dans le Michoacán, la police a arrêté treize suspects en possession de plants d’avocatiers qu’ils s’apprêtaient à planter clandestinement. Mais ses actions semblent dérisoires au regard de l’espace forestier à surveiller.
    Sans compter qu’un nouveau boom du marché est annoncé : le 21 juillet, le gouverneur du Michoacán, Silvano Aureoles, s’est félicité des perspectives d’un récent accord commercial avec la Chine. Pour répondre à cette hausse de la demande, le gouvernement mise sur de nouvelles terres cultivables dans d’autres Etats mexicains. Pas facile pour autant de dissuader les agriculteurs du Michoacán de céder à l’appât du gain.

  • Le cruel #transport des jeunes #veaux au sein de l’#Europe
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/08/19/le-cruel-transport-des-jeunes-veaux-au-sein-de-l-europe_4985187_3244.html

    C’est une nouvelle illustration de la #maltraitance_animale, qui met une fois de plus en cause des pratiques de l’#industrie_agroalimentaire. Les images ne sont pas aussi insoutenables que celles tournées dans des abattoirs par l’association L214, qui ont ému l’opinion publique ces derniers mois. Elles n’en révèlent pas moins la souffrance infligée à des animaux, au mépris de la réglementation.

    L’ONG de défense du bien-être animal Compassion in World Farming (CIWF) vient de rendre publique une enquête, menée par les associations allemande et suisse, Animal Welfare Foundation et Tierschutzbund Zürich, sur les conditions de transport des jeunes veaux entre pays européens. Il s’agit de #bovins non sevrés, âgés de seulement dix jours, issus de la filière laitière : des mâles qui, par définition, ne produiront pas de lait, et des femelles (des velles) non destinées au renouvellement du cheptel. Tous sont expédiés vers des centres d’engraissement intensif, avant de finir sur l’étal des bouchers.

    #bétail

  • « Probo-Koala » : drame écologique et bonnes affaires

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/08/19/probo-koala-drame-ecologique-et-bonnes-affaires_4984771_3244.html

    Lorsque le Probo Koala, un vieux tanker battant pavillon panaméen accoste au port d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, une odeur méphitique se répand dans la ville. Nul n’y prête vraiment attention, ce samedi 19 août 2006.

    Les effluves s’échappent du navire vraquier bleu affrété par le géant suisse de négoce de matières premières, Trafigura, alors dirigé par son fondateur, le Français Claude Dauphin. En fait, les cuves du Probo-Koala sont remplies de déchets liquides toxiques qui seront déversés à la nuit tombée dans la décharge publique de la ville et sur une dizaine d’autres sites.

    Avec la complicité de ministres et de fonctionnaires corrompus, une société ivoirienne a été chargée par des intermédiaires de Trafigura d’effectuer cette sale besogne. Traiter ces déchets d’hydrocarbures a un coût élevé que la société de négoce est soupçonnée d’avoir voulu éviter, quitte à contourner les lois internationales, à semer la mort à Abidjan et à provoquer une catastrophe écologique.

    Près de 100 000 victimes

    Trois jours après son accostage, le Probo Koala quitte la capitale économique ivoirienne. Il laisse à quai une ville angoissée par la crise politico-militaire en cours depuis quatre ans, et des dizaines de milliers d’Abidjanais subitement frappés de maux de têtes, de diarrhées, de vomissements.

    Selon les autorités ivoiriennes, les 528 mètres cubes de déchets toxiques du Probo Koala ont causé la mort de dix-sept personnes et 43 000 intoxications. Près de 100 000 victimes ont assigné en justice Trafigura aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Mais le groupe suisse – chapeauté par une holding néerlandaise –, qui n’a cessé de nier toute responsabilité, n’a jamais été condamné et il a négocié l’abandon des poursuites par l’Etat ivoirien contre 152 millions d’euros.
    Dix ans plus tard, malgré la catastrophe du Probo-Koala, Trafigura n’a jamais quitté la Côte d’Ivoire et a habilement navigué dans les cercles de pouvoir sous la présidence de Laurent Gbagbo puis de son successeur, Alassane Ouattara.

    C’est d’ailleurs un neveu de ce dernier, Ahmadou Touré, qui dirige la filiale ivoirienne de la société Puma Energy, chargée des activités « aval » (raffinage, distribution, commerce) de Trafigura. Dès 2007, Puma Energy avait mis la main sur les infrastructures de stockage de carburants dans le port d’Abidjan.

    « L’impunité règne »

    « Cela peut sembler fou mais Trafigura est aujourd’hui en position de force en Côte d’Ivoire et dispose de passe-droit au sein du pouvoir, confie un acteur du secteur pétrolier ivoirien sous couvert d’anonymat. L’impunité règne et ils continuent à faire du business avec les responsables politiques pour qui le dossier Probo-Koala appartient au passé. »
    Puma Energy négocie actuellement le rachat du réseau de distribution de la société nationale d’opérations pétrolières de Côte d’Ivoire (Petroci). Les liens familiaux de M. Touré avec le chef de l’Etat ivoirien ont-ils aidé ?

    « Nous travaillons avec de nombreux partenaires locaux et nous favorisons les talentueux entrepreneurs des pays dans lesquels nous travaillons », se défend une porte-parole de Puma Energy. L’entreprise compte parmi ses principaux actionnaires, outre Trafigura, la société pétrolière publique angolaise, Sonangol, régulièrement pointée du doigt pour des importants détournements au profit du clan du président José Eduardo Dos Santos – la firme est dirigée par sa fille depuis juin.

    « Comme en Angola, où Trafigura a le monopole sur l’approvisionnement du pays en carburant grâce à ses liens avec des proches conseillers du président, Puma Energy s’appuie en Côte d’Ivoire sur la famille au pouvoir », constate Marc Guéniat, spécialiste des questions pétrolières pour l’ONG suisse La Déclaration de Berne.
    Mais Trafigura, dont l’image a sévèrement été ébranlée, a désormais recours à de discrètes sociétés offshore, « indépendantes » mais « alliées » pour continuer à faire du négoce en Côte d’Ivoire. Il en va ainsi de Delaney Petroleum. Par l’intermédiaire de Mossack Fonseca, le cabinet d’avocats panaméen au cœur du scandale des « Panama papers », cette société a été enregistrée en 2008 aux îles Vierges britanniques mais établie à Dubaï où réside son directeur, l’Allemand Roald Goethe, 60 ans. Ce dernier a été porte-parole de Trafigura au lendemain de « l’incident » du Probo Koala et chargé du Nigeria où Delaney Petroleum a affrété de nombreux tankers.

    Un petit monde

    Selon les « Panama Papers », cette société a disposé d’un compte en banque au département Energie de la BNP Paribas à Paris et a lorgné sur le pétrole irakien en nommant un représentant à Bagdad. De quoi attirer l’attention du cabinet panaméen Mossack Fonseca qui, dans un mail interne daté du 1er août 2014, s’inquiète des liens entre Delaney Petroleum et la Iraqi Oil Tanker Company « liée au financement du terrorisme », selon les Nations unies (ONU) et l’Union européenne.
    Le patron de Delaney Petroleum, par ailleurs petit actionnaire de Puma Energy, est revenu cette année chez Trafigura. Il a pris en février la tête du département pétrolier Afrique, en remplacement de son ami Jean-Pierre Valentini qui avait été brièvement incarcéré à Abidjan au lendemain du scandale du Probo Koala, avec le fondateur de Trafigura M. Dauphin.

    L’univers du trading pétrolier en Afrique est un petit monde. A tel point qu’une autre société, sur laquelle Trafigura se serait appuyée pour se développer en Côte d’Ivoire, est domiciliée à la même adresse que Delaney Petroleum, à Dubaï. Il s’agit de Worldwide Energy, dirigée depuis sa création en 2007 par Frédéric Fatien. Cet homme d’affaires franco-ivoirien est également consul de Côte d’Ivoire aux Emirats arabes unis, ancien partenaire de M. Goethe au sein d’une société de bâtiment avec qui il a fondé une écurie de course automobile qui compte parmi les pilotes M. Valentini.

    Drôle de société que cette Worldwide Energy, fondée un an après le scandale du Probo Koala, et qui décroche d’emblée d’importants quotas d’exportations pétrolières au Nigeria et en Côte d’Ivoire auprès de la Petroci. Ce qui lui a valu d’être classée parmi les « sociétés mystérieuses ne pouvant être correctement identifiée », par Energy Compass, cabinet d’analyse risque du secteur pétrolier.

    Pétrole et politique s’entremêlent

    Un contrat avec la Société ivoirienne de raffinage (SIR), initialement attribué à Trafigura, est confié à Worldwide Energy en 2014 pour un montant de 200 millions de dollars (176 millions d’euros). Il s’agit d’exporter 25 000 tonnes de produits pétroliers par mois en échange de la livraison de deux tankers chargés de brut chaque année. Y a-t-il eu un accord entre Trafigura et Worldwide Energy ? Contacté, M. Fatien était injoignable et « inatteignable » selon son service de communication.

    Les liens entre Worldwide Energy et Trafigura semblent néanmoins étroits. La première a ainsi pris en charge pour le compte de la seconde 30 000 tonnes de pétrole transformé en « carburants aviation » par la SIR afin de le livrer au Nigeria en décembre 2014.

    Quelques mois plus tard, c’est l’inverse : Worldwide Energy a livré 650 000 tonnes de brut nigérian en échange de livraisons de produits raffinés par la SIR au Nigeria. « Worlwide Energy ne jouit pas d’un contrat SWAP [brut contre produits pétroliers] avec le Nigeria, on peut donc fortement se demander si cette société n’exécute pas un contrat obtenu par Trafigura », note un analyste pétrolier.

    La petite société de trading pétrolier est même devenue un important créancier de Petroci, à qui elle concède des prêts de dizaines de millions de dollars. En échange, elle se voit attribuer d’importants contrats d’exportation du brut, au grand dam de Glencore, concurrent anglo-suisse de Trafigura.

    Bien loin des hautes sphères où s’entremêlent pétrole et politique, des victimes attendent toujours leurs indemnisations. Une partie des 33 millions d’euros versés en 2009, sur décision de la justice britannique, par Trafigura à près de 30 000 victimes a été détournée par des responsables de Côte d’Ivoire. Des dizaines de milliers d’Ivoiriens se battent toujours pour percevoir leurs 1 150 euros de dédommagement.

  • La préfecture suspend l’autorisation d’exploiter une « ferme des mille veaux » dans la Creuse
    Le Monde.fr avec AFP | 05.08.2016
    http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/08/05/la-prefecture-suspend-l-autorisation-d-exploiter-une-ferme-des-mille-veaux-d

    La justice administrative avait été saisie en référé par des opposants au projet, le collectif L-PEA (Lumière sur les pratiques d’élevage et d’abattage), qui arguait que l’autorisation d’exploiter était « caduque », le délai de trois ans prévu pour la mise en service du site étant dépassé. La justice administrative doit par ailleurs encore statuer sur le fond du recours en annulation déposé par les opposants au projet.

    Pas de retrait à ce stade

    La préfecture a toutefois réaffirmé son soutien au projet, d’une capacité de mille bovins, porté par quarante-cinq exploitations agricoles de la Creuse et de la Corrèze. Le préfet, Philippe Chopin, va demander au ministère de l’environnement de faire appel du jugement devant le Conseil d’Etat. Ce ministère est le seul habilité à déposer un tel recours, s’agissant d’un site soumis à agrément ICPE (installation classée pour la protection de l’environnement). L’appel doit avoir lieu sous quinze jours.