• l’histgeobox : « Saluez riches heureux ces pauvres en haillons ». Le jour où les sardinières de Douarnenez mirent en boîte les conserveurs.
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    * Le chant des sardinières. Tout au long du conflit, le chant tient une grande place. Cela n’est guère surprenant car, à l’usine, les Penn Sardin chantent tout le temps, pour se donner de l’entrain et supporter les journée interminables d’un travail pénible et harassant. Entonnées à l’unisson, les chansons de prières, d’amour ou grivoises, contribuent à la cohésion du groupe, fixent une cadence de travail. « Le chant reste l’oxygène des ouvrières. On chante le matin pour se donner du courage. On chante l’après-midi vers les trois heures parce que les femmes avaient un coup de pompe. On chante le soir pour résister au sommeil. » [Martin Anne-Denes, Les ouvrières de la mer, Histoire des sardinières du littoral breton, l’Harmattan, 1994]

    Lors des grandes manifestations de 1924, la musique et les chants sont partout. Les sardinières en grève s’arrêtent devant leurs usines et entonnent des chants révolutionnaires : "l’Internationale", "le drapeau rouge" dont les couplets furent écrits par Paul Brousse en 1877, mais aussi et surtout "Saluez riches heureux". Cette chanson anarcho-syndicaliste du début du XX° siècle dépeint les rudes conditions d’existence des travailleurs, sans cesse confrontés au besoin ; une description qui correspond en tout point à celle de Douarnenez au mitan des années 1920. Deux mondes étanches se font alors face, s’ignorent, sans jamais se mélanger. Le port finistérien est une République de pêcheurs et une république de Femmes. Les conserveurs "de droit divin" habitent de splendides hôtels particuliers dans le quartier du Port Rhu, quand leurs ouvriers s’entassent dans les masures misérables du Rosmeur. Les femmes d’usine portent la coiffe et parlent breton (6) quand les dames arborent chapeaux et s’expriment en français. Pour les crève-la-faim, le luxe ostentatoire affirmé par la "noblesse de l’huile" de l’autre côté de la ville confine à la provocation. Insultées dans leur dignité, les Penn Sardin ne pouvez qu’adopter Saluez riches heureux. "Les travailleurs ne sont que des esclaves / Sous les courroux des maîtres du trésor / (...) Saluez riches heureux, ces pauvres en haillons, / Saluez ce sont eux qui gagnent vos millions."