• Makhno contre l’antisémitisme (3)
    http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html#makhno3

    A la mort de Makhno, à 46 ans, « Le Libertaire » consacra la presque totalité de son numéro du 3 août 1934 pour lui rendre hommage, revenant sur les épisodes de sa vie, ses combats et ses apports... Un article de Voline, « Aux calomniateurs », revenait sur les accusations de pogroms, apportant de nouveaux éléments. Il est à noter que l’auteur, lui-même d’origine juive et ayant participé à la Makhnovchtchina, a depuis le début soutenu Makhno malgré leurs différends personnels et leurs choix organisationnels opposés...

    #libertaire #Makhno #Ukraine #pogrom #antisémitisme #Russie #Voline #anarchisme #juif

  • Juive et antisioniste : Portrait de Sarah Katz
    https://bascules.blog/2024/04/07/juive-et-antisioniste-portrait-de-sarah-katz

    L’antisémitisme, c’est un crime, mais l’antisionisme, c’est un devoir. Malgré les menaces qu’elle a reçues, cette femme juive est engagée envers la cause palestinienne depuis des années, contre les crimes commis par Israël et pour une Palestine libre. Ou quand l’histoire n’est pas racontée par une minorité dominante et inhumaine…

    #Antisémitisme #Antisionisme #Colonialisme #Histoire #Humanité #Impérialisme
    https://2.gravatar.com/avatar/2cef04a2923b4b5ffd87d36fa9b79bc27ee5b22c4478d785c3a3b7ef8ab60424?s=96&d=

  • Un tag antisémite à Fléron

    Nous avons appris via le CCOJB qu’une maison pour personnes âgées survivantes du judéocide à Fléron (Province de Liège) a été victime d’un tag haineux antisémite.

    Imputer aux Juif·ves la responsabilité des atrocités commises en Palestine, et en particulier à Gaza, par l’État israélien et son armée, c’est de l’antisémitisme.

    Essayer d’identifier des Juifs aux nazis parce qu’ils sont Juifs, c’est de l’antisémitisme.

    Le fétichisme de l’imagerie nazie pour critiquer le sionisme, c’est de l’antisémitisme.

    Tagger des croix gammées sur des lieux juifs, c’est de l’antisémitisme.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/11/20/lantisemitisme-nous-regarde-combattons-le-partout-tout-le-temps/#comment-60605

    #racisme #antisemitisme

  • Makhno contre l’antisémitisme (2)
    http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html#makhno2

    Le procès de Samuel Schwartzbard qui a abattu le 25 mai 1926 le dirigeant nationaliste ukrainien Symon Petlioura, l’accusant d’être antisémite et responsable de nombreux pogroms, s’ouvre le 16 octobre 1927 à Paris. « L’Humanité » du lendemain en profite pour accuser sans preuve Nestor Makhno. Le 21 octobre, sous la plume de Pierre Odéon, « Le Libertaire » lui répond et apporte des précisions...

    #Libertaire #anarchisme #Makhno #pogrom #antisémitisme #L'Humanité #PartiCommuniste #Ukraine #Russie #RévolutionRusse

  • Le blanchiment des Juifs européens et l’utilisation abusive de la mémoire de la Shoah

    Il est aujourd’hui difficile de considérer les Juifs européens comme non blancs. Le mantra selon lequel la très blanche « civilisation occidentale » serait « judéo-chrétienne » est devenu si omniprésent qu’il a acquis le statut d’un préjugé commun, digne du Dictionnaire des idées reçues de Gustave Flaubert. Ce même mantra a été fortement renforcé ces derniers temps par la façon dont les gouvernements occidentaux, à commencer par l’administration américaine de Joe Biden, ont soutenu inconditionnellement le gouvernement israélien d’extrême droite de Benyamin Netanyahou dans les représailles au centuple qu’il a lancées contre la bande de Gaza, causant la mort d’un très grand nombre d’habitants, dont une proportion terrifiante d’enfants, ainsi que la dévastation de la majeure partie du territoire de l’enclave et le déplacement de la grande majorité des survivants – tout cela en prétendant hypocritement se soucier de la nécessité d’épargner les civils. Ce soutien inconditionnel découle d’une identification occidentale avec les Israéliens face à l’attentat du 7 octobre 2023 fort semblable à la « compassion narcissique » des Européens envers les Américains face aux attentats du 11 septembre 2001. J’ai décrit cette dernière il y a 22 ans comme un genre de compassion « qui s’émeut beaucoup plus des calamités qui frappent les semblables que de celles des populations dissemblables »[1].

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/03/31/le-blanchiment-des-juifs-europeens-et-lutilisa

    #international #antisémitisme

  • Subcontractors of Guilt: Holocaust Memory and Muslim Belonging in Postwar Germany
    https://www.sup.org/books/cite/?id=34868

    Author(s): Esra Özyürek
    Publisher: Stanford University Press, Year: 2023
    ISBN: 9781503635579

    Description:

    At the turn of the millennium, Middle Eastern and Muslim Germans had rather unexpectedly become central to the country’s Holocaust memory culture—not as welcome participants, but as targets for re-education and reform. Since then, Turkish- and Arab-Germans have been considered as the prime obstacles to German national reconciliation with its Nazi past, a status shared to a lesser degree by Germans from the formerly socialist East Germany. It is for this reason that the German government, German NGOs, and Muslim minority groups have begun to design Holocaust education and anti-Semitism prevention programs specifically tailored for Muslim immigrants and refugees, so that they, too, can learn the lessons of the Holocaust and embrace Germany’s most important postwar democratic political values.

    Based on ethnographic research conducted over a decade, Subcontractors of Guilt explores when, how, and why Muslim Germans have moved to the center of Holocaust memory discussions. Esra Özyürek argues that German society “subcontracts” guilt of the Holocaust to new minority immigrant arrivals, with the false promise of this process leading to inclusion into the German social contract and equality with other members of postwar German society. By focusing on the recently formed but already sizable sector of Muslim-only anti-Semitism and Holocaust education programs, this book explores the paradoxes of postwar German national identity.

    #Allemagne #antisemitisme #racisme #propagande

  • Makhno contre l’antisémitisme (1)
    http://anarlivres.free.fr/pages/nouveau.html#makhno

    Nous entamons avec cet article le premier d’une série de trois qui présenteront les « fakes news » du gouvernement soviétique contre Nestor Makhno, l’accusant d’antisémitisme et d’avoir organisé des pogroms en Ukraine.
    L’invasion de l’Ukraine par les troupes russes en février 2022 a remis en mémoire les pogroms qui se sont déroulés dans cette région de 1917 à 1921. D’un côté, la redécouverte et le sacre du « héros national ukrainien » Symon Petlioura, coupable pour le moins d’avoir toléré des massacres contre les communautés juives ; de l’autre, la propagande poutinienne dénonçant l’« antisémitisme atavique » des Ukrainiens. Après la révolution de février, le nouveau gouvernement bolchevik doit faire face à de nombreux ennemis, tant internes qu’externes...

    #Makhno #antisémitisme #Ukraine #pogrom #Russie #RévolutionRusse #anarchisme #libertaire

  • Why a Diaspora Alliance?
    https://diasporaalliance.co

    In recent years, we have watched antisemitic rhetoric and violence increase – while political leaders and movements around the world have wielded bad faith accusations of antisemitism to promote authoritarian, racist, and misogynist polices and politics, and attack and attempt to silence Palestinians and their allies.

    Those instrumentalizing antisemitism are doing the opposite of what they purport to do: instead of offering safety, they isolate Jews and leave us vulnerable to real antisemitism; instead of promoting justice, they undermine the projects of democracy and social justice that our collective future on this planet depend on.

    We are united in our commitment to building a world where everyone has what they need to thrive. We know the future of Jewish communities is inextricably linked to the future and well being of all communities, especially those who are uprooted, displaced, and scapegoated—and that is why we chose to be a Diaspora Alliance.

    Beyond the Dichotomy: Disentangling Antisemitism and Anti-Zionism
    https://diasporaalliance.co/wp-content/uploads/2024/02/DA-UK-Response_-LFI_Antisemitic-Antizionism-Response-.pdf

    IHRA Explainer and Messaging
    https://diasporaalliance.co/wp-content/uploads/2023/11/IHRA-Explainer-and-Messaging.pdf

    International Advisory Board

    Alon Confino, Professor of History and Jewish Studies, University of Massachusetts Amherst (US/Israel)
    Amos Goldberg, The Hebrew University of Jerusalem (Israel)
    Anita Altman, Founder, ReelAbilities Festival (US)
    Avraham (Avrum) Burg, Author, Former Speaker of the Knesset (Israel)
    Anselm Franke, Zurich University of Arts (Germany/Switzerland)
    Barbara Kane, Psychoanalyst and Author (US)
    Barrie Kosky, Opera and Theater Director (Germany)
    Rabbi Becky Silverstein (US)
    Benjamin Seroussi, Artistic Director, Casa do Povo (Brazil)
    Dania Rajendra (US)
    Daniel Levy, US/Middle East Project (UK/US)
    David Feldman, Director, Birkbeck Institute for the Study of Antisemitism, University of London (UK)
    Eva Illouz, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (France)
    Eva Menasse, Novelist and Essayist (Germany)
    Francesca Klug, Human Rights Academic and Activist (UK)
    Heidi Grunebaum (South Africa)
    Jessy Tolkan, Founder and President, The Driver Agency (US)
    Jelena Subotic, Professor of Political Science, Georgia State University (US)
    Kathleen Peratis, Co-chair, Jewish Currents (US)
    Layla Al-Zubaidi (Germany)
    Leah Greenberg, Co-Executive Director, Indivisible (US)
    Libby Lenkinski, New Israel Fund (US/Israel)
    Lila Corwin Berman, Professor of History, Temple University (US)
    Marianne Hirsch, Professor, Columbia University (US)
    Max Kenner, Executive Director, Bard Prison Initiative (US)
    Michael Rothberg, Professor, University of California, Los Angeles (US)
    Natasha Josette, Director, Breathe (UK)
    Omri Boehm, Professor, New School for Social Research (US/Israel/Germany)
    Peter Beinart, Professor, City University of New York (US)
    Rabbi Rachel Kahn-Troster (US)
    Rachel E. Luft, Associate Professor, Seattle University (US)
    Rachel Shabi, Journalist and Author (UK)
    Dr. Santiago Slabodsky, Kaufman Chair in Jewish Studies, Hofstra University (US)
    Shahanna McKinney Baldon (US)
    Simone Susskind, Former Member, Brussels Parliament and the Federal Senate (Belgium)
    Stefanie Schüler-Springorum, Center for Research on Antisemitism, Berlin (Germany)
    Susan Neiman, Einstein Forum (Germany)
    Tom Haviv, Ayin Press (US)
    Z”L Natalie Zemon Davis, Princeton University, University of Toronto, (Canada/US)

    *Affiliations are listed for identification purposes only.
    Our Team

    Ben Malley (International)
    Carinne Luck (International Director)
    Charley Katan (UK)
    Diana Falchuk (US)
    Emily Dische-Becker (Germany)
    Emily Hilton (UK)
    Sasha Josette (UK)
    Emma Saltzberg (US)
    Natasha Roth-Rowland (International)
    Shoshana Brown (US)
    Simone Zimmerman (International)
    Tammy Shapiro (US)
    Yael Attia (Germany)

    #sionisme #antisemitisme #politique #gauche

  • The Cost of Germany’s Guilt Politics
    https://jacobin.com/2024/03/germany-antisemitism-afd-palestine-zionism

    La folie règne. Donc il y a de l’espoir, rien que ça.

    23.3.2024 - An interview with Emily Dische-Becker

    Germany has, in the name of fighting antisemitism, embraced a strange philosemitism and proxy Israeli nationalism, which involves demonizing and suppressing expressions of Palestinian identity and anti-Zionism in the guise of Holocaust remembrance. Consequently, leftist Jews often find themselves being lectured to about antisemitism by the descendants of people who murdered Jews.

    #Allemagne #antisemitisme #wtf

  • Lutte contre le racisme : à l’Assemblée, la séance « la plus dingue » de la mandature | Mediapart
    https://www.mediapart.fr/journal/politique/070324/lutte-contre-le-racisme-l-assemblee-la-seance-la-plus-dingue-de-la-mandatu

    Un autre [amendement], défendu par Meyer Habib pour associer critique du « sionisme » et antisémitisme, a été rejeté à une voix près – chez Renaissance, le président du groupe Sylvain Maillard ou la députée de Paris Caroline Yadan ont voté pour, comme l’ensemble du groupe LR.

    Meyer Habib a ajouté de la confusion à la confusion. Sous les « mais non ! » interloqués de Caroline Fiat, celui qui aime à se présenter comme « l’ami personnel » de Benyamin Nétanyahou s’est levé de son siège pour descendre dans le rang central et balancer, sur le pupitre du ministre de la justice, quatre pages de notes consignant les insultes qu’il a reçues. Stupeur dans la salle. Les huissiers sont immédiatement venus l’intercepter. Du jamais-vu dans l’hémicycle.

    Liste des députés ayant voté en faveur de l’amendement de Mayer Habib associant critique du sionnisme et antisémitisme :
    https://www2.assemblee-nationale.fr/scrutins/detail/(legislature)/16/(num)/3415

    Groupe Renaissance
    (169 membres)

    Pour : 11

    Benoît Bordat
    Françoise Buffet
    Philippe Frei
    Claire Guichard
    Brigitte Klinkert
    Patricia Lemoine
    Sylvain Maillard
    Lysiane Métayer
    Emmanuel Pellerin
    Anne-Laurence Petel
    Caroline Yadan
    Contre : 25

    Caroline Abadie
    Mounir Belhamiti
    Florent Boudié
    Anne Brugnera
    Fabienne Colboc
    Nicole Dubré-Chirat
    Philippe Dunoyer
    Philippe Emmanuel
    Philippe Fait
    Virginie Lanlo
    Michel Lauzzana
    Pascal Lavergne
    Annaïg Le Meur
    Fabrice Le Vigoureux
    Denis Masséglia
    Stéphane Mazars
    Nicolas Pacquot
    Didier Paris
    Patrice Perrot
    Béatrice Piron
    Jean-Pierre Pont
    Jean-François Rousset
    Liliana Tanguy
    Stéphane Vojetta
    Lionel Vuibert
    Abstention : 4

    Laurence Cristol
    Christine Decodts
    Raphaël Gérard
    Mathieu Lefèvre

    Non-votants : 3

    Mme Yaël Braun-Pivet (Présidente de l’Assemblée nationale), Mme Marie Guévenoux (Membre du Gouvernement) et M. Guillaume Kasbarian (Membre du Gouvernement).

    Groupe Rassemblement National
    (88 membres)

    Pour : 27

    Bénédicte Auzanot
    Philippe Ballard
    Christophe Bentz
    Pierrick Berteloot
    Emmanuel Blairy
    Sophie Blanc
    Frédéric Boccaletti
    Victor Catteau
    Edwige Diaz
    Frédéric Falcon
    Thibaut François
    Frank Giletti
    José Gonzalez
    Jordan Guitton
    Marine Hamelet
    Laurent Jacobelli
    Katiana Levavasseur
    Philippe Lottiaux
    Kévin Mauvieux
    Thomas Ménagé
    Julien Odoul
    Mathilde Paris
    Caroline Parmentier
    Kévin Pfeffer
    Lisette Pollet
    Jean-Philippe Tanguy
    Michaël Taverne

    Groupe La France insoumise - Nouvelle Union Populaire écologique et sociale
    (75 membres)

    Contre : 10

    Nadège Abomangoli
    Hendrik Davi
    Emmanuel Fernandes
    Antoine Léaument
    Murielle Lepvraud
    Pascale Martin
    René Pilato
    Thomas Portes
    Aurélien Saintoul
    Danielle Simonnet
    Non-votant : 1

    Mme Caroline Fiat (Présidente de séance).

    Groupe Les Républicains
    (62 membres)

    Pour : 6

    Valérie Bazin-Malgras
    Francis Dubois
    Pierre-Henri Dumont
    Meyer Habib
    Philippe Juvin
    Éric Pauget
    Groupe Démocrate (MoDem et Indépendants)
    (50 membres)

    Contre : 2

    Vincent Bru
    Frantz Gumbs
    Non-votant : 1

    Mme Marina Ferrari (Membre du Gouvernement).
    Groupe Socialistes et apparentés
    (31 membres)

    Contre : 2

    Marietta Karamanli
    Cécile Untermaier
    Groupe Horizons et apparentés
    (30 membres)

    Contre : 2

    Xavier Batut
    Naïma Moutchou
    Abstention : 2

    Agnès Firmin Le Bodo
    Jérémie Patrier-Leitus
    Non-votant : 1

    M. Frédéric Valletoux (Membre du Gouvernement).
    Groupe Écologiste - NUPES
    (22 membres)

    Contre : 2

    Sandra Regol
    Sabrina Sebaihi
    Groupe Gauche démocrate et républicaine - NUPES
    (22 membres)

    Contre : 1

    Davy Rimane
    Groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires
    (22 membres)

    Contre : 1

    Paul Molac
    Abstention : 1

    Guy Bricout
    Non inscrits
    (6)

    #sionnisme #antisémitisme #démocratie_en_faillitte

  • Rencontre : « L’antisémitisme instrumentalisé, ou comment une lutte essentielle est détournée pour une mauvaise cause »

    Vendredi 1er mars 2024 (18h30-20h30) – Rencontre : « L’État d’Israël contre les Juifs ? »

    À partir de l’analyse contenue dans le dernier livre de Sylvain Cypel (journaliste et ancien rédacteur en chef du Monde), « l’Etat d’Israel contre les Juifs », de la longue expérience de Rony Brauman ainsi que de l’expertise historique d’Esther Benbassa, cette rencontre tentera de mieux comprendre et expliquer les événements dramatiques qui ont cours au Proche-Orient depuis le 7 octobre et leurs impacts au-delà des seules frontières du Moyen-Orient, notamment en Europe.

    Sylvain Cypel a été membre de la rédaction en chef du Monde, et auparavant directeur de la rédaction du Courrier international. Il est l’auteur de Les emmurés (La Découverte, 2008), La société israélienne dans l’impasse (La Découverte, 2006) et de L’État d’Israël contre les Juifs (La Découverte, 2020). Il est actuellement collaborateur à la rédaction de Orient XXI et Le 1 Hebdo.

    Rony Brauman est médecin, diplômé de médecine tropicale et épidémiologie. Engagé dans l’action humanitaire depuis 1977, il a effectué de nombreuses missions, principalement dans le contexte de déplacements de populations et de conflits armés. Président de Médecins Sans Frontières de 1982 à 1994, il enseigne au Humanitarian and Conflict Response Institute (HCRI) et il est chroniqueur à Alternatives Economiques. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles, dont Guerre humanitaires ? Mensonges et Intox (Textuel, 2018), La Médecine Humanitaire (PUF, 2010), Penser dans l’urgence (Editions du Seuil, 2006) et Utopies Sanitaires (Editions Le Pommier, 2000).

    Esther Benbassa est historienne. Elle a dévoué une large part de ses travaux à l’histoire moderne et contemporaine des Juifs en terre d’Islam, spécialement dans l’Empire ottoman. Elle a également beaucoup publié sur l’histoire des Juifs de France ainsi que sur l’histoire du sionisme. Historienne des représentations et de la mémoire, elle a consacré ses recherches les plus récentes à l’histoire de la souffrance en monde juif. Parmi ses publications les plus récentes en français : La République face à ses minorités. Les Juifs hier, les Musulmans aujourd’hui, Paris, Mille et Une Nuits / Fayard, 2004 ; Juifs et musulmans. Une histoire partagée, un dialogue à construire, Paris, La Découverte, 2006 (dir., avec Jean-Christophe Attias).

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/02/24/rencontre-lantisemitisme-instrumentalise-ou-co

    #racisme #antisemitisme

  • Zachary Foster sur X :
    https://twitter.com/_ZachFoster/status/1760394126162354231

    “I am personally proud of the ruins in Gaza...every baby, even in 80 years, will tell their grandchildren what the Jews did…” -
    @GolanMay

    ...And you wonder why there is a rise in antisemitism when Israeli ministers explain that it’s “the Jews” carrying out a #genocide in #Gaza?

    https://video.twimg.com/ext_tw_video/1760353210382913536/pu/vid/avc1/1280x720/4hFjqwaIUTS4wE6O.mp4?tag=12

    #antisémitisme

  • Lettre ouverte aux organisations qui convergent au sein d’Urgence Palestine | Antisémites Hors De Nos Luttes
    https://blogs.mediapart.fr/antisemites-hors-de-nos-luttes/blog/200224/lettre-ouverte-aux-organisations-qui-convergent-au-sein-d-urgence-pa

    Par l’imaginaire convoqué et le champ lexical utilisé, le collectif est alors bien plus proche de la vision antisémite d’une “conjuration juive internationale d’inspiration sioniste” telle qu’imaginée dans Les Protocoles des sages de Sion et diffusée entre autres par le négationniste et antisémite notoire Ahmed Rami. Le post du 12 octobre 2023 de ce compagnon de route de Robert Faurisson et Vincent Reynouard résonne fortement avec les prises de position d’Urgence Palestine sus-mentionnées : “La libération de la Palestine fait partie de la libération du monde entier dont le sort se joue en Palestine. Si le peuple palestinien se libère de cette domination sioniste, cela donnera l’espoir au monde entier qu’il se libérera de cette domination.”[29]

    Le protocole des sages de Sion, matrice de la dénonciation du “sionisme mondial”

    Ce texte, rédigé au début du XXè siècle par l’Okhrana, la police politique tsariste, est un faux[30] qui décrit un prétendu projet juif et sioniste de domination mondiale. Ce livre servira de support de propagande antisémite à travers le monde entier tout au long du XXè siècle. 
    Afin de prouver “l’aspiration de la juiverie à dominer les peuples du monde entier”[31], Hitler s’appuiera sur ce faux à de nombreuses reprises. Ce sera aussi le cas d’autres dignitaires nazis, à l’instar de Johann Van Leers qui a, par exemple, cité ce passage dans une brochure de propagande nazie[32] : “Nous les forcerons à nous offrir un pouvoir international, dont la disposition sera telle qu’elle pourra sans les briser englober les forces de tous les États du monde et former le Gouvernement Suprême”. Van Leers est un dignitaire nazi qui se réfugiera au Caire dans les années 1950 pour y développer la propagande antisémite pour le régime de Nasser. Il dirigeait “La voix des arabes”, principale radio égyptienne et vecteur de la propagande “antisioniste” du monde arabe. A son arrivée en Egypte, il avait été accueilli par Amin Al-Husseini avec les mots suivants : “Nous vous remercions d’être venu jusqu’ici reprendre le combat contre les puissances des ténèbres incarnées par la juiverie mondiale”.[33]
    En URSS, une partie de ces Protocoles ont été utilisés par Staline. L’accusation de sionisme sera au centre du “complot des blouses blanches”, cette affaire montée elle aussi de toutes pièces[34] qui servira de point de départ à une campagne antisémite d’Etat dans les derniers mois de la vie du dictateur.

    Une vision réactualisée du “sionisme mondial”

    En 1988, c’est le Hamas qui les cite dans sa charte fondamentale comme preuve irréfutable du “plan sioniste” : 
    “Lorsqu’ils auront parachevé l’assimilation des régions jusqu’auxquelles ils seront parvenus, ils ambitionneront de s’étendre plus loin encore, et ainsi de suite. Leur plan se trouve dans Les Protocoles des sages de Sion et leur conduite présente est une bonne preuve de ce qu’ils avancent.“[35]
    Cette vision complotiste du sionisme sera réaffirmée dans leur “Document sur les principes généraux et politiques” de 2017, dans lequel est affirmé que “le projet sioniste ne vise pas uniquement le peuple palestinien” et qu’il est “la principale source de[s] problèmes [de la Oummah]” et comme “un grand danger pour la sécurité et la paix internationales et la stabilité de l’humanité tout entière.”[36]
    En France, cette idée a été réactualisée dans les années 2000 à l’extrême-droite par Soral et Dieudonné qui s’en prendront régulièrement au “sionisme mondial” et au “lobby sioniste” qui contrôlerait les médias et la finance. Ils vont alors fortement imprégner une part importante de “la gauche”, comme chacun a pu le constater encore dernièrement lorsque David Guiraud explique que Soral et Dieudonné étaient “les seuls à prendre à bras-le-corps” le sujet israélo-palestinien[37]. On pourrait aussi citer Etienne Chouard qui déclarait sans sourciller : “[Soral] m’a rendu sensible à un point qui, pour moi, n’existait pas auparavant : c’est le sionisme, le poids du sionisme au niveau mondial.”[38]
    Europalestine a présenté une liste aux européennes de 2004[39] dans laquelle figurait Dieudonné et à laquelle Soral a apporté un soutien appuyé. La même association a appelé à manifester pour soutenir “l’humoriste” le 20 février 2014. Une douzaine d’années plus tard, cette association dénoncera à plusieurs reprises l’emprise supposée du lobby juif, en manifestant notamment le 1er avril et le 9 décembre 2017 pour “la séparation du CRIF et de l’Etat”[40], ce qui ne manquera pas de résonner avec la “séparation de la Synagogue et de l’Etat” réclamée par le militant d’extrême-droite et ancien collaborateur Pierre Sidos, le 6 février 1959.
    En termes de passerelles avec l’extrême-droite, notons également qu’Elias d’Imzalène, fondateur de Perspectives Musulmanes et orateur régulier sur les camions d’Urgence Palestine, donnait une conférence en 2013 au Théâtre de la Main d’Or, alors dirigé par Dieudonné, sur le thème “Lobby tout puissant : vers une révolte des oubliés”[41]. La conférence, organisée par Egalité & Réconciliation, donnait également la parole à Franck Abed, théoricien d’extrême-droite antisémite et royaliste.

    #Antisémitisme

  • Le gouvernement refuse de subventionner les associations féministes « ambiguës » sur le massacre du 7 octobre
    https://www.nouvelobs.com/societe/20240211.OBS84352/le-gouvernement-refuse-de-subventionner-les-associations-feministes-ambig


    Doc, tu n’es plus sanctionné sur tes réactions ou tes propos, mais sur ton absence de réaction.
    Tu as ordre d’affirmer que tu penses comme le gouvernement.
    #Police_de_la_pensée #dystopie

    Depuis l’attaque sanglante lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre et les représailles israéliennes, le collectif Nous toutes, et plus largement les associations et figures féministes en France s’étaient vus reprocher un « silence » sur les informations et témoignages faisant état de viols commis par des hommes du Hamas.

  • Universität Mainz rügt angebliche antisemitische Äußerungen - SWR Aktuell
    https://www.swr.de/swraktuell/rheinland-pfalz/mainz/uni-mainz-distanziert-sich-von-angeblichen-antisemitischen-aeusserungen-100.html

    Der jüdische Studentenverband wies auch auf einen Vorfall an der Uni Trier hin. Dort sei in der Nacht vom 9. auf den 10. Januar ein Graffiti mit der Aufschrift „Stoppt den Genozid in Gaza“ angebracht worden. Inzwischen sei der Schriftzug überdeckt worden. Dazu teilte der Sprecher der Uni mit: „Sticker, Graffiti oder Schmierereien mit antisemitischen Inhalten werden an der Universität Trier entfernt, sobald sie gemeldet werden.“ Die Hochschule wende sich mit Nachdruck gegen jede Form von Antisemitismus und Judenhass und spreche sich ausdrücklich gegen jede Form religiöser Intoleranz und Rassismus aus.

    #antisémitisme

  • Une projection de « La Zone d’intérêt » présentée par un collectif de militants juifs antisionistes suscite la controverse

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/05/une-projection-de-la-zone-d-interet-presentee-par-un-collectif-de-militants-

    #antisionnisme

    Johann Chapoutot, spécialiste du #nazisme, a annulé sa participation à une soirée prévue mardi 6 février autour de la #projection de La Zone d’intérêt, le film de #Jonathan_Glazer sur la vie quotidienne de Rudolf Höss, le commandant d’#Auschwitz. Organisée au Grand Action, dans le 5e arrondissement de Paris, une rencontre entre l’historien et la chercheuse en langues, littératures et cultures arabes et #hébraïques Sadia Agsous-Bienstein devait être animée par le #collectif_juif_antisioniste Tsedek !.

    « Je ne peux pas, en conscience, participer à vos activités », a écrit, le 1er février, Johann Chapoutot à Samuel Leter, membre de Tsedek ! chargé de ce ciné-club. En cause : le communiqué du collectif publié le 7 octobre 2023. Dans ce message, toujours en ligne sur Instagram, le groupe écrit : « Il ne nous appartient pas de juger de la stratégie de la résistance palestinienne. Mais il est de notre responsabilité de rappeler sa légitimité fondamentale. »

    M. Chapoutot n’en avait pas connaissance avant la parution, le 1er février, d’un article de Télérama consacré à une première annulation de cet événement, lequel aurait dû se tenir le 30 janvier au Majestic Bastille, à Paris, avec Sadia Agsous-Bienstein (#Johann_Chapoutot ayant eu une contrainte d’agenda). « Ce n’était pas possible pour moi, explique le chercheur. Je suis spécialiste du nazisme et de la Shoah, le #Hamas est un mouvement #négationniste. Tuer des enfants et violer des femmes ne sont pas des actes de #résistance. Il s’agit d’un massacre de nature #terroriste, dont la dimension #antisémite ne peut pas être contestée. »

    Simon Assoun, un des porte-parole de Tsedek !, dénonce « une lecture malhonnête de ce communiqué », citant également celui que le collectif a publié le 12 octobre : « L’ampleur et la brutalité des massacres commis (…) doivent être dénoncées pour ce qu’ils sont : des crimes de guerre. Les centaines de vies israéliennes et palestiniennes arrachées nous meurtrissent. »

    « La Shoah fait partie de notre histoire »
    Samuel Leter affirme ne pas comprendre la réaction tardive de l’historien : « Dans le mail où il a accepté de participer à la rencontre, il dit qu’il admire notre courage ! » Dans ce message du 10 janvier 2024, Johann Chapoutot fait notamment référence à l’avocat Arié Alimi : « Je connais bien votre collectif, dont j’admire le courage, tout comme celui d’Arié, qui est, je crois, des vôtres. »

    En réalité, l’historien a cru dialoguer avec #Golem, le mouvement cofondé par Arié Alimi dans la foulée de la marche contre l’antisémitisme du 12 octobre. « J’ai fait l’erreur de répondre spontanément, sans vérifier, afin d’aider ce qui me semblait devoir l’être : un collectif de juifs de gauche qui s’était opposé à la participation du RN [Rassemblement national] à la manifestation contre l’antisémitisme, le RN-FN [Front national] ayant été fondé, rappelons-le, par des vétérans de la Waffen-SS et de la Milice », explique-t-il.

    #Tsedek ! comme Golem sont marqués à gauche. Tsedek !, #décolonial, affirme « lutter contre le racisme d’Etat en France et pour la fin de l’apartheid et l’occupation en Israël-Palestine ». Golem milite contre tous les racismes et dénonce l’instrumentalisation de la lutte contre l’#antisémitisme. « Tsedek ! est une organisation qui ne dénonce pas l’antisémitisme de la gauche ou de la #France_insoumise, décrypte l’historien #Tal_Bruttmann, proche de Golem. Ils servent de paravent à des gens qui sont ouvertement antisémites et ils dénoncent l’instrumentalisation de la #Shoah dans une seule direction. »

    La rencontre du 6 février animée par Tsedek ! au Grand Action est annulée. Le #cinéma explique que « des pressions extérieures ont conduit à l’annulation de la participation des intervenant.e.s prévue.e.s ». Samuel Leter juge que ces annulations équivalent à de la censure : « Nous sommes #juifs, la Shoah fait partie de notre histoire. Il ne peut y avoir de #monopole_de_la_mémoire de la Shoah. »

    La pertinence d’un échange avec une spécialiste des littératures #palestinienne et #israélienne au sujet d’un film sur la Shoah a été débattue avant la première annulation du ciné-club, ce que déplore Sadia Agsous-Bienstein : « Tsedek !, que je connais, m’invite à parler d’un film sur la Shoah, un film sur la banalité de la vie d’une famille allemande à côté d’un #camp d’extermination. J’ai travaillé sur la Shoah et c’est un film sur la Shoah. En quoi ne suis-je pas #légitime sur la question ? Parce que je suis #algérienne ? » L’une de ses recherches, « La Shoah dans le #contexte_culturel #arabe », a été cofinancée par le #Mémorial de la Shoah.

    Ce n’est pas la première fois qu’un événement animé par Tsedek ! suscite la #controverse. En décembre, une conférence coorganisée par le collectif a été annulée par la #Mairie_de_Paris. Raison invoquée : la présence parmi les organisateurs de l’#association #Paroles_d’honneur, dont est membre la #militante_décoloniale #Houria_Bouteldja.

    #Zineb_Dryef

    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Jonathan Glazer, cinéaste de « La Zone d’Intérêt » : « Nous avons besoin que le génocide ne soit pas un moment calcifié de l’histoire »

    Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « La Zone d’intérêt » : à côté d’Auschwitz, une obscène tranquillité

  • Dans la police non plus, l’antisémitisme n’a pas sa place !
    Communiqué LDH

    La LDH (Ligue des droits de l’Homme) exprime son indignation au vu des images captées par un policier sur les conditions de l’arrestation d’une femme juive pratiquante par des policiers du commissariat de Créteil.

    Cette femme, interpellée le 8 juin 2023 à l’occasion d’un contrôle routier lors duquel elle a involontairement embouti une des motos des policiers garées juste derrière sa voiture, a été conduite au commissariat. Menottée inutilement, malmenée en étant maintenue à terre malgré une crise de tremblements, elle a été l’objet de diverses moqueries. Sa perruque portée en application de sa foi religieuse a été enlevée et agitée devant elle, malgré ses supplications pour qu’on la lui rende.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/11/20/lantisemitisme-nous-regarde-combattons-le-partout-tout-le-temps/#comment-60127

    #racisme #antisemitisme

  • Streit wegen Gaza-Krieg : Bruder von Shahak Shapira in Berlin krankenhausreif geschlagen
    https://www.berliner-zeitung.de/news/streit-wegen-gaza-krieg-juedischer-student-in-berlin-krankenhausrei

    Je me pose une question qui peut paraître absurde quand on la pose hors contexte précis.
    Est-ce qu’il y des actes antisemites sans intention antisemite ? Dans certains cas c’est possible mais c’est compliqué.

    A Berlin-Mitte un militant israëlien connu se fait agresser et finit sa soirée à l’hôpital. Son agresseur a sans doute commis un acte antisemite. Il a confondu une structure politique juive en guerre avec un civil juif ou non qui ne participait pas aux actions de guerre au moment des faits.

    Ceci contribue au problème général de l’identification de l’état d’Israël avec tous les juifs. Si l’agresseur avait attaqué l’ambassadeur d’Israël il aurait d’abord commis un acte politique, terroriste ou de guerre pas forcément antisemite.

    Là par contre il est trop facile pour le journaliste du Berliner Zeitung de parler d’une intention antisemite alors qu’il ne sait pas si l"agresseur voulait attaquer sa victime en tant que militant de la cause colonialiste d’Israël ou s’il voulait attaquer un juif parce qu’il était juif. Son intention ne serait antisemite que dans ce cas.

    L’acte en soi est forcément antisemite car l’agressé est un civil juif connu en tant que tel à l’agresseur qui a peut-être identifié la personne avec l’état pour lequel elle milite. Dans ce cas il y a eu un acte antisemite sans intention antisemite. Si par contre l’agresseur visait l’israëlien en tant que juif, et l’acte et l’intention étaient antisemites.

    Pourquoi est-ce important ?

    Chaque fois quand nous critiquons l’état d’Israël pour sa politique meurtrière on essaie de nous faire taire sous prétexte d’antisemitisme. C’est inacceptable car l’état d’Israël mérite notre critique au mëme titre que n’importe quel autre état qui assassine par dizaines de milliers des cilvils, hommes, femmes et enfants. Notre critique est paisible et respectueuse de l’état juif justement parce que nous me le considérons pas différemment des autres états.

    Suivant la logique du Berliner Zeitung par contre l’état d’Israël est un état exceptionnel car d’après sa position chaque critique ou agression contre cette unité politique ferait preuve d’une intention antisemite.

    Cerise sur le gateau c’est justement la mission colonisatrice d’Israël qui justifie l"auto-défense des colonisés sans qu’ils soient forcément des antisemites. Ils risquent de le devenir parce leurs agresseurs sont toujours des juifs.

    C’est compliqué. Passons aux banales choses de la vie.

    4.2.2024 von Alexander Schmalz, Christian Gehrke - Zwei Studenten gerieten in einer Bar in Berlin-Mitte aneinander. Der Bruder des jüdischen Komikers Shahak Shapira erlitt schwere Gesichtsverletzungen und musste operiert werden.

    Nachdem ein 23-jähriger Student den 30-jährigen Bruder des jüdischen Komikers Shahak Shapira in Berlin-Mitte brutal zusammengeschlagen hat, wächst der Druck auf die Freie Universität Berlin (FU). Lahav Shapira kam nach dem Angriff mit Gesichtsfrakturen stationär in ein Krankenhaus, wo er später operiert werden musste. Die Hochschule prüft nun laut einer Mitteilung vom Montag ein Hausverbot gegen den Täter.

    FU-Präsident Günter Ziegler zeigte sich in einer Stellungnahme „entsetzt über den brutalen, mutmaßlich antisemitisch motivierten Angriff“. Wenn es sich bestätigen sollte, dass der Tatverdächtige Student der FU ist, würden umgehend die möglichen juristischen Schritte geprüft und durchgesetzt.

    Zur Identität des Tatverdächtigen sagte ein Sprecher der Staatsanwaltschaft, er habe die deutsche Staatsangehörigkeit und sei bereits bei einer pro-palästinensischen Hörsaalbesetzung im Dezember an der FU dabei gewesen. Laut dem Islamismus-Experten Ahmad Mansour handelte es sich bei dem Angreifer um einen arabischen Studenten. Er habe Shapira wegen dessen Engagements für Israel erkannt. Lahav Shapira ist zudem der Enkel von Amitzur Shapira, einem israelischen Leichtathletik-Trainer und Mitglied der Olympia-Delegation von 1972. Der Großvater des 30-Jährigen wurde demnach bei dem Attentat von palästinensischen Terroristen ermordet.

    Und was von meiner Seite aus: mein Bruder und ich haben teilweise sehr unterschiedliche Ansichten zum Thema Israel/Palästina und streiten oft deshalb, aber keiner von uns beiden hat eine Ansicht, die es jemals rechtfertigen würde, uns fast den Schädel zu zerschlagen.
    — Shahak Shapira (@ShahakShapira) February 4, 2024

    Kritik an Freie Universität: „Offenheit und Toleranz gegenüber Antisemiten“

    Die Jüdische Studierendenunion Deutschland (JSUD) warf dem FU-Präsidenten vor, nichts gegen die antisemitische Aktivitäten zu unternehmen: „Die Freie Universität steht seit Monaten für Offenheit und Toleranz gegenüber Antisemiten“, heißt es in dem Schreiben.

    Auch der Antisemitismusbeauftragte der Bundesregierung, Felix Klein, machte Versäumnisse aus. Dem Tagesspiegel sagte er: „Wir hören immer wieder von nicht hinnehmbaren antisemitischen Vorfällen, gerade im Umfeld der Freien Universität.“ Er würde der Uni-Leitung nicht vorwerfen, dass sie Antisemitismus begünstigt: „Aber sie sind viel zu tolerant. Sie lassen zu viel unkommentiert.“ Uni-Präsident Ziegler und sein Team ließen „den Diskurs zu lange laufen“.

    Nach Angaben der Polizei war das Opfer zuvor mit einer 24-jährigen Bekannten in der Nacht zum Samstag in der Innenstadt unterwegs gewesen. Später trafen die beiden in einer Bar an der Brunnenstraße Ecke Rosenthaler Straße auf den 23-Jährigen. Wie Zeit Online berichtete, hätte der Jüngere den jüdischen Studenten verfolgt und vor dem Lokal angesprochen. Kurz darauf sei der Streit eskaliert. Demnach vertrat Lahav Shapira proisraelische Ansichten. Der mutmaßliche Angreifer propalästinensische.

    Laut Polizei schlug der Jüngere dem 30-Jährigen mehrmals ins Gesicht und trat auf ihn ein. Anschließend flüchtete der Angreifer, wurde aber später von Polizisten in seiner Wohnung aufgespürt. Die Beamten durchsuchten den Angaben zufolge die Zimmer und stellten unter anderem das Handy des Tatverdächtigen sicher. Der Staatsschutz übernahm umgehend die Ermittlungen.

    Eine Sprecherin sagte am Sonntag, dass der Tatverdächtige die Möglichkeit bekomme, sich zu dem Geschehen zu äußern. Die Beamten werten nun die Beweismittel aus, hieß es. (mit dpa)

    Lahav Shapira, 30, wurde am vergangenen Freitag in einer Bar im Berliner Bezirk Mitte von einem 23-jährigen arabischen Studenten angegriffen, nachdem dieser ihn durch seine Aktivitäten für Israel und für die Freilassung von Geiseln erkannt hatte. Der Angriff führte zu schweren… pic.twitter.com/ECaZvxCAt6
    — Ahmad Mansour 🎗️ (@AhmadMansour__) February 4, 2024

    #Allemagne #Berlin #Mitte #Rosenthaler_Platz #antisemitisme #violence

  • Début des travaux du mécanisme de coordination interfédérale de la lutte contre l’antisémitisme

    Le 15 janvier dernier au SPF Justice ont débuté les travaux du nouveau mécanisme de coordination interfédéral de la lutte contre l’antisémitisme. Sur proposition de la Secrétaire d’État à l’Égalité des chances, Marie-Colline Leroy, celui-ci rassemble des représentant·es des différents gouvernements, des administrations et organismes de défense des droits humains et de la communauté juive, dont l’UPJB. Concrètement, il s’agira d’un lieu de dialogue, d’information, d’échanges et de propositions concrètes.

    https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/02/04/debut-des-travaux-du-mecanisme-de-coordination

    #racisme #antisemitisme #belgique

  • La lutte des FTP-MOI, l’affiche rouge et la panthéonisation des époux Manouchian. De l’histoire au mythe.

    "Au fil du temps, l’affiche rouge, xénophobe, antisémite et anticommuniste, s’impose comme l’image iconique de la propagande nazie. Or, paradoxalement, elle devient également la preuve de la place éminente prise par des étrangers dans la Résistance, contribuant, par ricochet, à la glorification d’individus que les concepteurs de l’affiche cherchaient à stigmatiser.

    80 ans après l’exécution des hommes de l’affiche rouge, le président Macron décide de panthéoniser Missak et Mélinée Manouchian. Certes, avec le couple, c’est symboliquement tout le cortège de combattants étrangers, communistes, qui,va entrer en ce lieu. Il n’empêche, le choix de célébrer l’esprit universaliste de la résistance risque de transformer Manouchian en un héros de "roman national", au service d’un récit patriotique. A moins que le discours lénifiant du politique, cherchant à faire oublier le récent vote de la loi immigration, ne fasse du résistant un modèle "d’intégration à la française". Ce serait oublier un peu vite que les hommes du FTP-MOI étaient, pour la plupart d’entre eux, communistes, donc internationalistes. De même, le choix de panthéoniser Manouchian plutôt qu’Epstein - son supérieur hiérarchique, lui aussi exécuté par les Allemands - peut-être interrogé. Pour Annette Wievorka, « ne panthéoniser que lui, c’est coller à la propagande allemande qui en a fait un chef de bande, alors que choisir les vingt-trois permettrait de rétablir le récit historique qui a évacué les autres, républicains espagnols, juifs polonais ou communistes italiens. » "
    https://lhistgeobox.blogspot.com/2024/02/la-lutte-des-ftp-moi-laffiche-rouge-et.html

  • #Einstein, l’État et le #sionisme
    https://www.lemonde.fr/archives/article/1970/11/30/einstein-l-etat-et-le-sionisme_2658063_1819218.html

    (1970)

    J’ai été très étonné de lire dans le Monde du 14 novembre 1970 que le rabbin Grune-wald appréciait la fameuse citation d’Albert Einstein contre l’État. Il est vrai que, dans cette publicité, elle était dirigée contre l’État français. Si elle avait été appliquée à l’État juif, le rabbin Grunewald n’aurait pas manqué de crier à l’#antisémitisme et même à la résurgence du #nazisme ; et dans son journal, Tribune juive, les intellectuels juifs antisionistes tels que Maxime Rodinson, Ania Francos, Nathan Weinstock, Elie Lobel, Isaac Deutscher, Alain Krivine, Mlle Hadamard et moi-même sont appelés « traitres » et « apostats ». (Voir dans Tribune juive du mois d’août 1970, no 109, l’article de J. Elhadad : « Les juifs d’El Fath »). On ne comprend pas pourquoi le nom d’Albert Einstein ne figure pas sur cette liste noire, car pour cet illustre savant il n’y avait pas lieu de faire d’exception pour l’État juif, qu’il a condamné plus explicitement que tout autre État, comme le prouve cette citation :

    « J’aimerais infiniment mieux un accord raisonnable avec les Arabes sur la base de vivre ensemble en paix que la création d’un État juif. A part les considérations pratiques, la manière dont je conçois la nature essentielle du judaïsme résiste à l’idée d’un État juif, avec des frontières, une armée et une certaine mesure de pouvoir temporel, quelque modeste qu’il soit. J’ai peur des dégâts internes que cela entraînera pour le judaïsme - et surtout du développement d’un nationalisme étroit dans nos propres rangs, contre lequel nous avons déjà eu à lutter fortement, avant même l’existence d’un État juif. » Nous ne sommes plus les juifs de l’époque de Macchabée. Un retour à une nation, au sens politique du terme, équivaudrait à se détourner de la spiritualité de notre communauté, spiritualité à laquelle nous devons le génie de nos prophètes."

    • (Au fil de mes dernières années, pages 262-264, cité et traduit de l’anglais par Maxime Rodinson dans le bulletin du GRAPP, no 5, mars 1970).

      S’il est donc possible de se référer à Albert Einstein pour combattre l’État gaulliste, comme le fait le rabbin Grunewald, à bien plus forte raison pour s’opposer à l’État sioniste, comme nous le faisons - et ce que ce même rabbin ne tolère pas. Et il semblerait moins choquant de voir un rabbin dénoncer les excès du nationalisme et du militarisme israéliens et ses conséquences désastreuses pour la spiritualité juive, à l’exemple d’Albert Einstein, plutôt que de partir en guerre contre le gouvernement français, dont le crime véritable est surtout de ne pas livrer d’armes à l’État d’#Israël et de ne pas approuver sa politique. Et si tout #nationalisme risque d’aboutir à une forme de nazisme, ce danger menace beaucoup plus les sionistes, qui occupent des territoires étrangers, que les gaullistes, qui ont accompli la décolonisation.

      (une lettre de M. Emmanuel Lévyne adressé à Le Monde)

      #sionisme #État #État_juif #juifs_antisionistes

  • #Shtetl

    Juif polonais ayant survécu à l’#Holocauste, le réalisateur accompagne son ami Nathan sur la trace de sa famille, originaire de #Bransk, petite ville de #Pologne. Ils vont rencontrer Zbyszek Romaniuk, jeune Polonais féru d’histoire locale, avec qui, depuis un certain temps, Nathan est en relation épistolaire. Tous trois, en interrogeant les lieux et des témoins, tentent de retrouver les empreintes du passé juif de Bransk. Le shtetl a disparu quand 2 500 juifs furent déportés à Tréblinka... Plus tard, Zbyszek se rend aux États-Unis dans des familles juives originaires de Bransk. Mais quand ses recherches le conduisent en Israël, il se heurte à de jeunes étudiants, qui lui reprochent l’#antisémitisme polonais. De retour en Pologne, il sera au contraire critiqué et menacé à cause de son intérêt pour l’histoire juive de Bransk. Devenu maire-adjoint de la petite ville, il finira par occulter cet aspect du passé.

    http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/7160_0
    #traces #histoire #mémoire #film #film_documentaire #documentaire

  • #Ukraine, #Israël, quand les histoires se rencontrent

    Dans son dernier livre, l’historien #Omer_Bartov revient sur l’histoire de sa famille et de son voyage de la Galicie ukraino-polonaise à Israël, à travers les soubresauts de l’histoire de la première partie du 20e siècle.

    Alors que les atrocités du conflit israélo-palestinien continuent de diviser les étudiants de prestigieux campus américains, l’universitaire Omer Bartov se propose d’analyser la résurgence de l’#antisémitisme dans le monde à la lumière de sa propre #histoire_familiale.

    Un #antisémitisme_endémique dans les campus américains ?

    L’historien Omer Bartov réagit d’abord aux polémiques qui ont lieu au sujet des universités américaines et de leur traitement du conflit israélo-palestinien : “il y a clairement une montée de l’antisémitisme aux États-Unis, comme dans d’autres parties du monde. Néanmoins, il y a aussi une tentative de faire taire toute critique de la politique israélienne. Cette tentative d’associer cette critique à de l’antisémitisme est également problématique. C’est un bannissement des discussions. Les étudiants, qui sont plus politisés que par le passé, prennent part à cette histoire”. Récemment, la directrice de l’Université de Pennsylvanie Elizabeth Magill avait proposé sa démission à la suite d’une audition controversée au Congrès américain, lors de laquelle elle n’aurait pas condamné les actions de certains de ses étudiants à l’encontre d’Israël.

    De Buczacz à la Palestine, une histoire familiale

    Dans son dernier livre Contes des frontières, faire et défaire le passé en Ukraine, qui paraîtra aux éditions Plein Jour en janvier 2024, Omer Bartov enquête sur sa propre histoire, celle de sa famille et de son voyage de la Galicie à la Palestine : “en 1935, ma mère avait onze ans et a quitté #Buczacz pour la #Palestine. Le reste de la famille est restée sur place et quelques années plus tard, ils ont été assassinés par les Allemands et des collaborateurs locaux. En 1995, j’ai parlé avec ma mère de son enfance en Galicie pour la première fois, des grands écrivains locaux comme Yosef Agnon. Je voulais comprendre les liens entre #Israël et ce monde juif qui avait disparu à Buczacz au cours de la #Seconde_Guerre_mondiale”.

    À la recherche d’un monde perdu

    Cette conversation a mené l’historien à consacrer une véritable étude historique à ce lieu et plus généralement à cette région, la #Galicie : “ce monde avait selon moi besoin d’être reconstruit. Ce qui le singularisait, c’était la diversité qu’il accueillait. Différentes communautés nationales, ethniques et religieuses avaient coexisté pendant des siècles et je voulais comprendre comment il s’était désintégré”, explique-t-il. Le prochain livre qu’il souhaite écrire en serait alors la suite : “je veux comprendre comment ma génération a commencé à repenser le monde dans lequel nous avons grandi après la destruction de la civilisation précédente”, ajoute-t-il.

    https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/france-culture-va-plus-loin-l-invite-e-des-matins/ukraine-israel-quand-les-histoires-se-rencontrent-9022449
    #multiculturalisme #histoire #crime_de_guerre #crime_contre_l'humanité #génocide #Gaza #7_octobre_2023 #nettoyage_ethnique #destruction #déplacements_forcés #Hamas #crimes_de_guerre #massacre #pogrom #occupation

    • Contes des frontières, faire et défaire le passé en Ukraine

      À nouveau Omer Bartov étudie Buczacz, a ville de Galicie qui servait déjà de point d’ancrage pour décrire le processus du génocide dans Anatomie d’un génocide (Plein Jour 2021). Cette fois, il étudie les perceptions et l’imaginaire que chacune des communautés juive, polonaise et ukrainienne nourrissait sur elle-même, ce a depuis les origines de sa présence dans ce territoire des confins de l’Europe.

      Comment des voisins partageant un sol commun ont-ils élaboré des récits fondateurs de leurs #identités jusqu’à opposer leurs #mémoires ? comment se voyaient-ils les uns les autres, mais également eux-mêmes ; quels #espoirs nourrissaient-ils ? Les #mythes ont ainsi influencé a grande histoire, le #nationalisme, les luttes, et de façon plus intime les espoirs individuels, voire les désirs de partir découvrir un monde plus arge, nouveau, moderne. Ce livre, qui traite de ces récits « nationaux », de a construction de l’identité et de l’opposition qu’elle peut induire entre les différents groupes, apparaît comme une clé de compréhension du passé autant que du présent. Aujourd’hui avec a guerre en Ukraine, sa résonance, son actualité sont encore plus nettes.

      https://www.editionspleinjour.fr/contes-des-fronti%C3%A8res
      #livre #identité

    • Anatomie d’un génocide

      Buczacz est une petite ville de Galicie (aujourd’hui en Ukraine). Pendant plus de quatre cents ans, des communautés diverses y ont vécu plus ou moins ensemble – jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, qui a vu la disparition de toute sa population juive. En se concentrant sur ce seul lieu, qu’il étudie depuis l’avant-Première Guerre mondiale, Omer Bartov reconstitue une évolution polarisée par l’avènement des nationalismes polonais et ukrainien, et la lutte entre les deux communautés, tandis que l’antisémitisme s’accroît.

      À partir d’une documentation considérable, récoltée pendant plus de vingt ans – journaux intimes, rapports politiques, milliers d’archives rarement analysées jusqu’à aujourd’hui –, il retrace le chemin précis qui a mené à la #Shoah. Il renouvelle en profondeur notre regard sur les ressorts sociaux et intimes de la destruction des Juifs d’Europe.

      https://www.editionspleinjour.fr/anatomie-d-un-g%C3%A9nocide

  • Marx et la question juive : Retour d’un procès anachronique
    https://www.nonfiction.fr/article-4435-marx-et-la-question-juive-retour-dun-proces-anachronique.htm
    Très intéressante comparaison de l’émancipation juive au dix neuvième siècle en France et Allemagne à travers une critique du livre malhonnête d’André Sénik « Marx, les Juifs et les droits de l’homme ».

    D’après ce texte il y a quelques omissions et différences non-négligeables entre le texte allemand
    Zur Judenfrage , 1843
    http://www.mlwerke.de/me/me01/me01_347.htm
    et sa traduction française
    La Question Juive
    https://www.marxists.org/francais/marx/works/1843/00/km18430001c.htm

    28.3.2011 par Frédéric MÉNAGER-ARANYI - Un ouvrage qui place la judéophobie au cœur de la pensée de Marx. Une thèse sans nuances, peu propice au débat et souvent simplificatrice sur le rapport de Marx à sa judaïté, plus complexe qu’il n’y paraît.

    Il n’est pas rare que des anciens staliniens repentis, deviennent les premiers contempteurs de leur ancienne foi.
    La démarche est souvent courageuse, lucide et instructive. Chez un auteur comme François Fejtö, elle s’accompagnait au cœur des années 70 d’un travail d’historien des démocraties populaires sans concession, tout en demeurant d’une fidélité exemplaire à une gauche démocratique que le stalinisme abhorrait par dessus tout. Il est d’autres attitudes beaucoup plus radicales qui consistent à prendre le contre-pied de ses anciennes passions. Chez Annie Kriegel, mère spirituelle de ce courant et redoutable apparatchik du PCF dans sa jeunesse, elle s’accompagnait d’un talent d’historienne reconnu qui éclate dans son livre ethnographique "Les Communistes" et d’un revirement politique clairement affiché.

    André Senik est de cette dernière famille de pensée, décidée à régler son compte au marxisme en même temps qu’à son passé. Ancien militant du PCF, Il a été un des leaders de ce qu’on a appelé à l’ époque le groupe des "italiens" de l’ UECI qui souhaitaient voir le PCF évoluer vers les positions du PCI et entamer une critique de l’ URSS ainsi qu’une libéralisation interne.
    Il est désormais membre du comité de rédaction de la revue "Le meilleur des mondes", née du rapprochement de plusieurs intellectuels ayant quitté l’extrême-gauche et se regroupant autour d’une analyse de la situation internationale fondée sur le choc des attentats du 11 septembre. Cela valut à cette revue quelques polémiques lors du déclenchement de la guerre en Irak lorsque ses rédacteurs soutinrent la position américaine.
    Cette mouvance est souvent présentée aujourd’hui comme un bastion du néo-conservatisme à la française.

    L’émancipation contre les Droits de l’Homme

    Il faut tout d’abord reconnaître les vertus formelles de ce livre.
    La première d’entre elles est la clarté du raisonnement et de la thèse défendue, l’exposé d’André Senik obéissant à un fil conducteur bien identifié.
    Souvent synthétique et accessible, agréable à lire, Senik a indéniablement trouvé un ton serein et posé.
    Développé de manière pédagogique, son propos s’articule autour du concept d’émancipation développé par le jeune Marx, pour en contester la teneur et tenter de prouver que ce concept contient en germe toute la violence inhérente au marxisme et aux régimes qui s’en réclameront.

    Pour cela il faut différencier l’émancipation humaine, concept utilisé par Marx, qui s’appliquerait à l’essence générique de l’homme, de l’émancipation politique qui serait le fruit de la déclaration des droits de l’homme et se fonderait sur une anthropologie individualiste reconnaissant à chacun des droits inaliénables.
    D’un côté, une émancipation qui se rangerait sous la bannière d’un universalisme totalisant, de l’autre un individualisme personnaliste bienveillant qui ferait de l’individu l’objet central de sa conception du monde et serait respectueuse de la liberté de conscience.
    Ainsi, la critique de la religion de Marx laisserait transparaître derrière le terme d’émancipation un refus de la liberté de croyance. La politique antireligieuse des démocraties populaires serait donc directement liée par exemple à la philosophie de Marx bien que Engels ait, pour sa part, critiqué toute forme de mesures de rétorsion sur cette question précise.
    Sénik nous rappelle par la suite que Marx n’appréciait guère les Droits de l’homme.
    Quelques décennies de rhétorique marxiste autour de la distinction entre droits formels et réels auraient suffi à nous rappeler que le philosophe de Trèves et ses disciples proclamés n’ont jamais été des tenants du libéralisme politique.
    Cet aspect de la pensée de Marx ne sera donc pas véritablement une révélation pour des lecteurs avertis.
    A l’exception, donc, de sa focalisation sur le concept d’émancipation, on ne trouvera rien de très bouleversant dans le premier tiers du livre. Toutefois, c’est ce concept, précisément, qui va amener André Sénik à développer son interprétation ultérieure et à cristalliser son opposition à la pensée de Marx.

    C’est donc dans un deuxième temps que l’auteur décide de passer à un degré supérieur.
    Il est désormais visible grâce à une analyse de "sur la question juive", un des premiers livres de Marx, que ce dernier, petit fils de rabbin, né de père et de mère juive, symbole aux yeux des nazis du caractère "enjuivé" du communisme, que ce Marx-là est rien moins qu’un des grands initiateurs de la haine antisémite moderne. Pour convaincre le lecteur, convoqué comme juré de l’histoire, on ne lésine pas sur l’exposé des preuves toutes issues de "la question juive", placées sous nos yeux en évidence et ne pouvant nous laisser d’autre choix que l’acquiescement au propos ou la complicité avec l’accusé.

    Rarement une lecture, jusqu’alors assez banale sans être inintéressante, n’aura si soudainement donné la désagréable sensation d’une prise d’otage de son lectorat, d’une convocation forcée devant le tribunal de l’histoire sans délibération ni recul.
    Il nous faut soudain partager le verdict de l’auteur qui ne cherche pas tant à convaincre qu’à imposer son point de vue en isolant les phrases les plus choquantes, en évoquant les témoignages les plus navrants.

    Que "Sur la question juive" soit un livre qui provoque le malaise, nul ne le niera.

    L’expression y est souvent violente et bien que juif, Marx emploie à l’ égard de l’univers dont il est issu des termes blessants particulièrement insupportables à des esprits contemporains.
    Qu’ André Senik en propose une lecture dé-concontextualisée, dénuée de toute perspective critique, sans jamais replacer l’ouvrage dans l’économie générale de l’œuvre, ni dans le contexte historique et intellectuel de son temps s’apparente néanmoins à du littéralisme pur et simple.
    On remarque également que les éléments biographiques sont également passés sous silence sauf lorsqu’ils sont favorables à la démonstration et servent de pièce à conviction.
    Peu importe que Marx ait été le disciple de Moses Hess, ancêtre du sionisme, puisqu’il détestait Lassalle, haine non pas politique mais judéophobe, bien entendu.
    D’ailleurs Engels était lui aussi atteint du même mal judéophobe : Peu importe également qu’il ait consacré un ouvrage à critiquer le philosophe Eugen Dühring et théorisé l’incompatibilité entre socialisme et antisémitisme. Rien ne vaut une belle phrase tronçonnée, hachée au sécateur, isolée dans une correspondance, pour établir un acte d’accusation.
    La procédure est donc à charge sans que les éléments de la défense puissent être produits.

    Il s’ensuit une peu convaincante analyse psychanalytique du cas Marx.
    Aux humiliations subies par son père s’ajouterait une haine de sa propre judaïté, poids social dont Marx aurait voulu se soulager en construisant sa théorie autour de l’émancipation hors de la Judaïté de la Société toute entière. Il aurait ainsi projeté sur le monde sa problématique personnelle. Le marxisme serait donc la grande névrose d’un juif honteux.
    Cette interprétation, s’agissant d’un homme décédé avant l’avènement de la psychanalyse, fera sans doute rêver les amateurs d’uchronie imaginant Marx sur le divan du Dr Freud, est elle d’un grand secours dans l’explication théorique ? N’est ce pas plutôt réduire une pensée à un simple symptôme ? C’est d’ailleurs ce terme de "symptôme" que l’auteur emploiera lorsqu’il s’agira de délégitimer toute interprétation non-littérale du texte marxien en particulier, la lecture althussérienne, sans doute une des plus subtiles et des plus abouties théoriquement.

    La critique des défenseurs de Marx

    On aurait aimé que Karl Popper, grand adversaire du marxisme s’il en est, ait pu tenir ce livre entre ses mains, il y aurait vu une vérification de ses thèses sur la notion de falsifiabilité.
    Que la démarche de l’auteur soit politique avant d’être critique éclate dans ce fait : pas de critique de la critique possible puisque celles-ci sont par avance déconstruites et surtout délégitimées politiquement et moralement.

    Non seulement la défense de Marx ne serait pas "morale" mais,de plus, serait de l’ordre de l’aveuglement volontaire, issue d’une mauvaise foi toute sartrienne. Ainsi, Sénik utilise le terme de lecture "symptomale" pour regrouper ceux qui, avec Althusser, refuseraient de s’arrêter à l’ évidence du texte et demeureraient dans le déni.
    Dans l’économie générale de la thèse du livre, la critique de l’ Althussérisme est d’ailleurs une étape majeure sur laquelle repose l’économie de la démonstration.
    En effet, admettre que l’oeuvre de Marx serait faite de ruptures épistémologiques ou simplement d’un affinement progressif ruinerait l’hypothèse selon laquelle la vérité du marxisme tout entière résiderait dans "la question juive", dont elle serait sortie telle Athéna casquée du cerveau de Zeus.

    Il faut donc invalider la thèse de la coupure épistémologique entre un jeune Marx post-hégelien et un Marx "scientifique".

    L’ habituelle caricature de la thèse althussérienne dite de l’"Anti-humanisme théorique" est encore une fois présentée de manière ironique alors qu’elle est simplement une transcription en vocabulaire structuraliste de l’abandon progressif par Marx de certaines positions qui relevaient encore d’une forme d’idéalisme lors de ses premiers écrits. Marx a effectivement délaissé la centralité du sujet dans le processus historique d’aliénation dépeint dans ses oeuvres de jeunesse pour laisser place à une société vue comme un ensemble structurel de rapports invariants. Les révolutions seraient les épiphénomènes évènementiels des brusques transformations de rapports entre les éléments de la structure. A ce titre, l’interprétation althussérienne en introduisant au sein du marxisme des processus historiques non dialectiques et une discontinuité se veut profondément novatrice.

    L’ "Anti-humanisme théorique" de Marx version Althusser n’est donc pas une apologie du totalitarisme, contrairement à des interprétations abusives, mais un positionnement scientifique de ce grand lecteur de Marx que fut Althusser.
    Citer "D’une sainte famille à l’autre" de Aron, c’est évidemment recourir à l’un des critiques les plus convaincants d’Althusser. Pour autant, la thèse de Aron est bien plutôt un plaidoyer pour l’unité de l’oeuvre de Marx et sa cohérence interne. Elle est une contestation de la coupure épistémologique mais pas du caractère évolutif de l’oeuvre de Marx.
    On ne fera pas l’insulte à André Senik de penser qu’il ne maîtrise pas son sujet , le contraire est même évident, il est simplement pris ici en flagrant délit de positionnement stratégique.
    Détourner un concept pour en diminuer la portée, en affadir les significations,c’est aussi ne pas donner à la défense le droit de réplique et clore le débat.

    Ce n’est pas tant le propos d’ André Sénik qui provoque un malaise que la sensation que l’auteur n’a pas véritablement écrit un livre pour susciter le débat, mais au contraire dans le but de l’empêcher en stigmatisant la pensée de Marx sans que l’on puisse nuancer, argumenter ou analyser le discours,
    Le texte d’André Senik ne laisse aucun droit à la distanciation et en cela il semble aussi totalisant que l’idéologie qu’il souhaite dénoncer.

    La postface de Taguieff : l’émancipation, voilà l’ennemi !

    La postface de Pierre André Taguieff se révèle particulièrement emblématique d’une certaine confusion qui règne actuellement entre procès des violences du XXème siècle et condamnation latente de l’ "idéologie"des Lumières jusque dans ses valeurs les moins contestées.

    La notion d’émancipation y subit par exemple une attaque en règle comme concept témoignant d’une violence universaliste qui aurait imposé aux juifs un renoncement à leur identité propre.

    L’attaque est très bien amenée , l’argumentaire de Taguieff est souvent habile et puissamment construit.

    Contrairement aux distinctions qu’effectuait prudemment Senik, dans cette postface, la notion d’émancipation devient soudainement beaucoup plus ambivalente revêtant tantôt un aspect politique et historique et tantôt un aspect philosophique, révélant l’inconscient de la focalisation de Senik sur ce terme.

    On ne s’embarrasse plus de distinguer deux formes d’émancipation, c’est le procès des "Lumières" qui,derrière celui de Marx ,est intenté. Le lecteur fera alors son opinion : Assistons nous à une répartition des rôles, Taguieff achevant le travail initié par Sénik, assistons nous à un abus de position dominante, Taguieff imposant sa propre vision à un Senik plus modéré ou à la révélation par un lecteur avisé et informé de l’inconscient profond de l’ouvrage ?

    Si on demeure en effet dans le domaine des idées pures, la logique d’émancipation relèverait d’une forme progressiste d’assimilation qui exige un certain renoncement aux particularismes et inflige une violence anti-identitaire.

    Elle nierait tout autant l’identité juive que des formes plus coercitives comme la conversion forcée, elle serait une forme d’aliénation impliquant une déperdition nécessaire de la mémoire pour se tourner vers un avenir ayant fait du passé table rase. Entre la violence universaliste chrétienne de Paul de Tarse et Les Lumières, il règnerait une connivence qui viserait à nier l’identité juive pour la recouvrir du voile d’un humanisme chrétien laïcisé dont Marx serait la nouvelle épiphanie.

    L’émancipation, une réalité historique concrète

    Pour autant, si l’on revient à la réalité de la réception historique de l’idée d’émancipation, tout de même sensiblement différente de l’image qui nous en est dépeint. Quittons donc le ciel des idées désincarnées pour rétablir quelques faits historiques et les nécessaires proximités entre les deux formes.

    La question de l’émancipation au sein de la communauté juive allemande répondit à plusieurs impératifs : Le premier fut celui de la pauvreté et de la marginalisation sociale et politique, le second, celui de la première crise de modernité qui affecta toutes les religions implantées en Occident au cours de la période 1750-1850 et résulta d’une confrontation directe entre les avancées scientifiques, y compris en matière de science historique, et les grands récits religieux.

    Ainsi, En Allemagne, lorsque Karl Marx écrit sa "question juive", et contrairement à la France, où l’Etat napoléonien prit en charge l’intégralité du processus d’émancipation, ce sont les juifs eux mêmes qui formulent les axiomes de leur aspiration à la citoyenneté ainsi qu’aux évolutions religieuses, questionnements qu’ils vont souvent accoler l’un à l’autre.
    C’est donc tout un pan du judaïsme allemand qui va adopter la position réformée et émancipatrice mais aussi une importante partie de l’orthodoxie qui acquiesce au "projet émancipateur" y compris dans sa dimension universaliste par volonté de conciliation avec les Nations et l’Etat séculier.
    Dans ce processus, dont Moses Mendelssohn fut un père fondateur, ce sont les rabbins allemands, qui jouèrent le rôle de vecteur et de propagateur de ce débat quelle que puisse être leur sensibilité, libérale, conservatrice ou orthodoxe "moderne".

    Interrogés par la modernité philosophique, les juifs élaborent leurs propres réponses au discours des Lumières, mieux, ils participent à l’élaboration de ce discours à leur tour, en adoptant une vision juive de l’universalisme fondé sur la non-contradiction entre loi religieuse et autorité civile.
    Ainsi, contrairement à ce qu’affirme P-A. Taguieff dans sa critique de P. Birnbaum, c’est bien ce dernier qui a raison lorsqu’il différencie assimilation et émancipation, à moins de considérer les rabbins allemands de l’époque comme des victimes de la mystification émancipatrice, historiquement aliénés, position finalement très marxiste..........

    En outre, les écrits de Marx prennent place dans une période très ambiguë de l’histoire juive allemande, celle de la fin du reflux post-napoléonien de la conquête des droits des juifs dans les états allemands. C’est un période de grand désespoir collectif et en particulier dans le monde intellectuel où ceux d’entre eux qui, instruits, avaient vu s’ouvrir les portes d’une intégration dans la société environnante, voient cet horizon se refermer brusquement.
    C’est une époque où des juifs comme Heinrich Heine, Rahel Varnhagen, lassés des obstacles qui leur sont opposés, finissent par se convertir. L’époque est la dénégation, au refus de soi-même, à l’absence de perspectives. C’est ce contexte historique qui permet de lire "la question juive" non comme cause du mal mais comme symptôme de ce dernier, témoignage masochiste du mal-être juif en ces années sombres auquel Marx a cru trouver remède par le dépassement vers le messianisme révolutionnaire.

    La question juive : Marx avant Marx ?

    Entre l’influence intellectuelle de la philosophie post-romantique et cette atmosphère de haine de soi due à la réaction anti-libérale du premier dix-neuvième siècle, il faut rappeler donc que la

    Marx se voulut le Feuerbach du judaïsme et confondit ainsi critique de la religion, qui n’a jamais été dans l’histoire une entreprise effectuée sans violence et sans injustice quelle qu’en soit la nécessité sociale, et reprise d’une vision sociologique caricaturale du Juif telle que portée par les représentations dominantes, utilisées avec peu de discernement dans sa critique anti-religieuse. Elle souligne le caractère encore inabouti de sa réflexion économique à l’ époque.

    Le drame de la question juive est de ne pas être un livre suffisamment "marxiste" précisément. Cette oeuvre souligne l’aveuglement de Marx au processus historique qui a amené nombre de juifs à posséder du capital circulant du fait de l’interdiction de la propriété foncière. Fait également très grossi puisque les statistiques historiques montrent que la plupart d’entre eux étaient des artisans et commerçants ruraux.

    Elle souligne également l’incorporation au sens sociologique du terme par un certain nombre de juifs et d’intellectuels de l’époque d’une idéologie préexistante et dominante. Elle montre la soumission intellectuelle du jeune Marx aux présupposés hégeliens voyant le peuple Juif comme "peuple hors de l’histoire", vision développée dans de nombreux écrits.
    Elle témoigne enfin de l’influence négative du romantisme sur la problématique sociale de l’émancipation juive autour de l’idée nationale allemande. La progressive émancipation (osons le mot) de Marx de la logique hégelienne qui préside aux destinées du "Capital" et constitue une coupure dans l’œuvre, n’est donc pas simplement une vue de l’esprit de Louis Althusser. Cette réflexion doit amener à ne pas englober l’ensemble de l’œuvre de Marx sous la marque infamante d’une judéophobie qui en constituerait l’origine, l’essence et la finalité.

    Enfin, simple point de détail sans doute, quel est le sens, au final, de prétendre que Marx était judéophobe, pouvait il l’être, lui, issue d’une lignée de rabbins, à la manière d’un Gobineau ou d’un Vacher de Lapouge ? Prétendre comme on le lit à un moment que Marx est racialiste relève de l’aberration la plus totale, ce dernier n’ayant jamais cru aux races biologiques et, de plus, totalement contradictoire avec la thèse de l’universalisme totalitaire qui implique pour le moins une croyance très forte en l’égalité du genre humain.

    Relire Birnbaum et Aron : un exercice de détachement

    Lire avec lucidité "la question juive" et ne pas sombrer dans l’émotion mais savoir raison garder est une entreprise difficile mais que beaucoup de penseurs juifs l’ont réalisée avec succès.
    Si elle n’innocente pas Marx, cette constatation doit nous permettre d’éclairer sa position de jeunesse due principalement à la forte influence hégelienne antérieure. Il est cependant moins à la mode et moins porteur de nos jours d’attaquer le philosophe d’Iéna.

    La problématique de Marx est une problématique biographique que rencontrèrent de nombreux savants juifs comme l’explique remarquablement P. Birnbaum dans sa "géographie de l’espoir". Ceux-ci en vinrent souvent à bannir de leur horizon de pensée le particularisme juif en cultivant l’indifférence ou, à défaut, l’hostilité.
    Birnbaum avait, d’ailleurs, dans cet ouvrage consacré un chapitre à la problématique de la "question juive" tout aussi peu complaisant pour Marx que le présent ouvrage. Il soulignait même l’incroyable et complaisant phénomène d’autocensure des versions françaises des oeuvres de Marx, ce que ne fait pas Senik, par exemple.
    Par contre, l’analyse demeurait d’ordre explicatif et ne visait pas à tirer de conclusions générales
    Sur cette question, il semble donc préférable pour avoir un regard d’une parfaite objectivité et pas moins critique, de consulter Birnbaum, de plus, mieux documenté.

    En effet, s’il est louable de dénoncer et d’interroger la part de haine de soi que comporte l’ouvrage de Marx et l’entreprise de censure de son oeuvre, on reste dubitatif sur le projet idéologique que porte le livre d’André Senik en arrière-plan.

    Attaquer le concept d’émancipation chez Marx est une chose, laisser subsister suffisamment d’ambiguïtés pour tenter de discréditer le projet progressif des Lumières en est une autre. L’histoire quand elle est sérieusement écrite est heureusement un puissant instrument de démystification qui nous laisse devant quelques faits bruts.
    On ne peut ainsi nier que c’est grâce à l’idée d’émancipation d’abord générique que les juifs obtinrent de considérables avancées quant à leurs droits élémentaires à vivre individuellement quand bien même ce mouvement se serait effectivement centré autour d’un humanisme abstrait anti-particulariste.

    Or, ce livre s’inscrit de manière implicite dans une tendance latente très contemporaine à contester au nom de la logique identitaire toute prétention universaliste et à soutenir la thèse selon laquelle toute vision de ce type est nécessairement une violence envers les particularismes dont la métonymie serait l’antisémitisme. Ce point néglige d’une part, la dimension universaliste du judaïsme et d’autre part l’adhésion sociologique et historique des juifs à un universalisme politique qui comprend nécessairement une part d’universalisme générique, cette séparation étant très artificielle.
    Critiquer le lien entre émancipation politique et émancipation générique chez Marx et adopter cette idée forte contestable pour la renverser en faveur du premier terme semble assez peu conséquent.

    Le risque d’une telle thèse est de légitimer et d’essentialiser les différentialistes, rendant suspecte toute vision républicaine universaliste. Elle tend, en outre, à séparer vision politique et anthropologique rendant impossible scientifiquement tout fondement d’une anthropologie politique, et en second lieu, laisse croire que le Politique est dissociable d’une anthropologie philosophique et donc d’une conception de l’Homme.

    Elle présente en outre une vision caricaturale de l’histoire qui serait, pour résumer, une trajectoire tragique reliant Voltaire à Hitler en passant par Rousseau et Marx.

    Enfin, considérer que la vérité de l’œuvre de Marx réside dans "la question juive" et doit discréditer "le Capital" par exemple est un raccourci à peu près aussi pertinent que de reléguer l’œuvre de Keynes dans le domaine des "gay studies". On ne peut adopter la syllogistique développée par Senik qui consiste à dire a) que la question juive est un livre judéophobe b) que l’œuvre de Marx est un bloc indissociable et continu c) que le Capital est donc un livre contaminé et que le marxisme en général est une doctrine suspecte

    En fait, derrière le revirement idéologique, l’auteur n’a pas perdu le vieux réflexe stalinien qui visait, dans les années 50, à ranger dans le camp du fascisme et du nazisme toute pensée qui n’allait pas dans le sens voulu par les dirigeants de la Place du Colonel Fabien. Si la méthode n’a pas beaucoup changé, l’objet en est désormais l’icône tant adorée par le passé : Karl Marx lui même. Pas plus aujourd’hui qu’hier cette méthode de réflexion n’arrive à nous convaincre, tant elle repose sur l’amalgame et parfois, hélas, le sophisme.

    Et quitte à lire une critique importante de l’œuvre de Marx, mieux vaut en effet relire d’abord Raymond Aron, un de ces juifs universalistes héritier des Lumières tant décriés. On découvrira un penseur qui n’a jamais eu le besoin de recourir à l’argumentaire utilisé dans ce livre et que l’hypothèse d’un Marx "judéophobe" » aurait probablement fait sourire. Enfin, On lira également avec profit un autre Aron, Jacques, cette fois, qui consacra il y a quelques années une étude à la question de l’antisémitisme supposé de Marx pour mieux monter l’anachronisme de cette accusation. On préférera donc avoir tort deux fois avec Aron que raison avec Senik.

    Charles Boyer , Marx et les droits de l’homme
    https://www.cairn.info/revue-l-enseignement-philosophique-2014-3-page-54.htm

    #anticommunisme #antisemitisme #France #Allemagne