• Ce que coûte vraiment l’aide médicale d’État

    En décembre 2023, le projet de loi « immigration » a finalement été adopté en excluant le volet dédié à l’aide Médicale d’État (AME). Mais la première ministre d’alors, Élisabeth Borne, avait promis, dans un courrier envoyé au président du Sénat, d’engager une réforme de l’AME au premier trimestre 2024. La question est de savoir si cet engagement est toujours d’actualité avec l’arrivée à Matignon d’un nouveau premier ministre, Gabriel Attal.

    Le projet de loi « immigration » illustre combien les idées défendues par l’extrême droite trouvent aujourd’hui une nouvelle audience jusque dans la majorité présidentielle.
    Un droit non automatique et complexe à obtenir

    L’AME permet aux sans-papiers de bénéficier d’une couverture des frais médicaux pendant un an renouvelable s’ils peuvent prouver leur présence en France depuis au moins 3 mois et si leurs ressources ne sont pas supérieures à 810 euros mensuels.

    L’AME ne concerne qu’une partie des migrants, les plus précaires par leur statut administratif et les plus pauvres. Il s’agit d’un droit quérable (il faut le demander), qui plus est particulièrement complexe à obtenir du fait de la lourdeur des démarches administratives pour des personnes en difficultés financières et linguistiques qui craignent d’être signalées aux autorités et expulsées.
    Remplacer l’AME par une aide médicale d’urgence présentée comme moins onéreuse

    Dans le projet de loi « immigration » qui a finalement été adopté en décembre 2023, il n’est plus fait état de l’AME. Mais une réforme de l’AME était intégrée dans une version précédente proposée par le Sénat. Elle visait à « transformer » l’AME en aide médicale d’urgence (AMU) pour la réserver aux soins vitaux. Reste à savoir si c’est sur cette base que pourrait être modifié ce dispositif en 2024.

    Si la réforme de l’AME devait suivre les préconisations du Sénat, les soins de premier recours ne seraient plus pris en charge par l’Assurance maladie et il faudrait attendre d’être à l’article de la mort pour pouvoir être soigné à l’hôpital. L’AMU existe déjà. Il ne s’agit donc pas de transformer l’AME en AMU mais tout simplement de supprimer l’AME.
    L’AME, c’est 0,5 % des dépenses annuelles de santé

    C’est un rapport parlementaire récent qui est à l’origine du projet de remplacement de l’AME par une AMU. Selon ce rapport, l’AMU ne coûterait que 70 millions d’euros contre 1,1 milliard d’euros pour l’AME de droit commun dont bénéficiaient 350 000 patients en 2021.

    Or l’AME en tant que telle ne représente qu’une goutte d’eau dans les dépenses de santé, soit 0,468 %. Ainsi on peut se demander si c’est vraiment son coût qui pose problème, ou si ce ne sont pas plutôt les patients concernés qui sont visés, c’est-à-dire les sans-papiers.

    Pour obtenir ce pourcentage de presque 0,5 %, les dépenses de 1,1 milliard d’euros correspondants à l’AME sont comparés à l’ensemble des dépenses de santé qui s’établissaient à 235,8 milliards d’euros pour l’année 2022.

    Le montant de 1,1 milliard est jugé trop élevé pour sauver des migrants. Mais à titre de comparaison, selon certaines estimations, les assurés paient, par exemple, 3 milliards d’euros par an en dépassements d’honoraires à l’hôpital ou chez le médecin de ville (on parle de « dépassements d’honoraires » quand les soins sont facturés à des tarifs qui dépassent ceux fixés par l’Assurance maladie).

    De plus, s’il faut attendre que les patients soient gravement malades pour les prendre en charge, la dépense de santé ne sera pas seulement différée, elle sera majorée. Les malades seront soignés dans des situations plus critiques qui nécessiteront des soins plus lourds donc plus coûteux. La collectivité a toujours intérêt à prendre en charge précocement les malades à la fois au nom de la santé publique mais aussi au nom des finances publiques.
    Le risque d’aggraver la surcharge des services dédiés aux plus précaires

    Il en va particulièrement des sans-papiers dont la vie en France est particulièrement difficile du fait de la précarité des revenus et du délabrement des logements qui accroissent substantiellement la probabilité d’être malade. On ne comprend pas bien ce que la collectivité a à gagner à laisser les problèmes de santé physique et mentale s’aggraver. La santé des uns dépend aussi de celle des autres.

    La transformation de l’AME en AMU ne supprimerait pas la maladie. Elle ne ferait qu’interdire la prise en charge des frais de santé si le pronostic vital n’est pas engagé. En supprimant l’AME, on organiserait le renoncement aux soins et on planifierait le retard de soin. Le risque serait d’aggraver le marasme de l’hôpital, épuisé par la crise Covid.

    On programmerait ainsi une surcharge insoutenable des Permanences d’accès aux soins de santé dédiées aux personnes démunies (PASS) et des Services d’accueil et d’urgences (SAU) déjà saturés. Cela planifierait aussi un surcroît de mortalité chez les migrants comme le montre le cas espagnol.
    Les sans-papiers avec AME ne vont pas davantage chez le médecin

    L’hôpital, et notamment ses services d’urgence, serait impacté par une suppression de l’AME du fait de l’arrivée des personnes malades dans des situations de santé plus dégradées. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue le fait que ce sont les soins de ville, les séances chez le généraliste, qui sont visés par cette mesure.

    l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé IRDES a comparé la consommation de soins en médecine de ville d’un échantillon de la population bénéficiaire de l’AME avec un échantillon de la population couverte par la Couverture maladie universelle complémentaire (la CMU-C, qui s’appelle aujourd’hui la Complémentaire santé solidaire, est destinée aux personnes à faibles revenus en situation régulière).

    La comparaison est menée avec les mêmes caractéristiques d’âge et de sexe, les mêmes critères de revenus pour être éligibles (moins de 810 euros mensuels) et sur un panier de soins à couverture identique, ce qui exclue de l’étude les soins dentaires et d’optique qui sont moins bien pris en charge par l’AME que par la CMU-C.

    Il en ressort que pour les deux populations, l’assurance santé permet surtout d’accéder aux généralistes avant d’arriver à l’hôpital ou aux urgences quand les choses sont aggravées, ce que précisément le projet de loi veut supprimer.

    Il n’y a pas de surcroît de consommation de soins par les sans-papiers. En d’autres termes, les sans-papiers qui bénéficient de l’AME ne se rendent pas plus chez le médecin que les personnes en situation régulière dont la situation de vie est comparable. Ce n’est pas le titre de séjour qui dicte la consommation mais l’état de santé.
    Près d’une personne éligible sur deux n’a pas l’AME

    Le mythe de « l’appel d’air » a pourtant la vie dure. Ce serait pour séjourner à l’hôpital Avicenne de Bobigny en Seine-Saint-Denis, ou ailleurs en France, que les migrants prendraient la mer sur des canots de fortune. Ils décideraient de traverser le désert libyen, d’affronter les passeurs et de risquer leur vie pour se précipiter gaiement aux guichets de l’administration française et affronter le labyrinthe administratif décuplé par la détérioration des services publics.

    La réalité est tout autre. Comment l’AME pourrait-elle décider des migrations alors que les migrants ne la demandent pas ? Alors même qu’ils tombent malades sur le sol français ? En effet, l’une des caractéristiques essentielles de l’AME est qu’elle fait l’objet d’un non recours exceptionnel de 49 %. Même après cinq années ou plus de résidence en France, 35 % des personnes sans titre de séjour n’ont pas l’AME.
    Le mythe de « l’appel d’air » battu en brèche par les études scientifiques

    La thèse du tourisme médical ou de l’appel d’air est absurde. Selon un rapport du Comede (2019), dans la plupart des cas (70 % pour l’ensemble des pathologies), les migrants découvrent leur maladie après leur arrivée en France. Rien dans les travaux scientifiques ne vient corroborer la thèse de l’appel d’air.

    Aucune étude n’a montré que les migrants venaient en France pour des raisons de santé. Au contraire, la santé est une raison secondaire. Aucune justification médicale ne vient soutenir la suppression de l’AME. Les médecins y voient au contraire une atteinte à ce qui fait la fierté de leur métier. Le débat sur l’AME est exemplaire de l’impuissance des scientifiques à ébranler les spéculations des dogmatiques.
    Les immigrés contribuent aux budgets sociaux

    Alors qu’il n’y a pas de spécificité de la santé des migrants, la prise en charge de leurs soins est systématiquement agitée en problème politique distinctif. Tout ça parce que derrière la dénonciation de l’AME, c’est l’immigration qui est attaquée en brandissant une AME fantasmée alimentée par de nombreuses désinformations listées par Médecins du monde.

    Les immigrés sont des contributeurs nets aux budgets sociaux (ils contribuent davantage qu’ils ne reçoivent de prestations sociales). Les immigrés actifs, âgés de 25 à 54 ans et représentant environ 50 % de la population immigrée en moyenne entre 2016 et 2022, ne génèrent initialement aucun coût en matière d’éducation ou de prestations sociales à leur arrivée en France.

    En bonne santé, en raison des exigences d’entrée strictes de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), ces travailleurs étrangers cotisent et ont un faible impact sur les dépenses des caisses de sécurité sociale. Les immigrés âgés de 55 ans et plus, représentant environ 30 % des immigrés en moyenne entre 2016 et 2022, contribuent de manière indirecte à alléger les dépenses de santé en France.
    L’AME : un problème d’intégration dans le système de santé, non d’immigration

    Les problèmes de l’AME ne sont pas ceux de l’immigration mais ceux de l’absence d’intégration. L’AME est un système administratif parallèle à la Sécurité sociale et un loupé de l’universalisation de la protection santé. Toute l’histoire de la sécurité sociale a consisté à permettre à tous les résidents de bénéficier de la même couverture de base.

    En isolant les sans-papiers des autres, il devient facile de les montrer du doigt pour laisser s’exprimer le ressentiment d’une partie de la population dont les frais de santé sont en augmentation, du fait des stratégies de privatisation de la santé.

    L’absence de régime commun permet de sortir les personnes sans titre de séjour de la société comme s’ils n’étaient pas des égaux ou des semblables. C’est au contraire la fusion de l’AME dans le régime général de Sécurité sociale qui garantira un droit inaliénable aux soins de santé, protégeant la dignité de tout être humain.

    https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/ce-que-coute-vraiment-l-aide-medicale-d-etat-988286.html

    #France #coût #économie #aide_médicale_d'Etat (#AME) #santé #migrations #asile #réfugiés #budget #aide_médicale_d'urgence (#AMU) #sans-papiers #appel_d'air #welfare_state

    via @karine4

    –—

    ajouté à la métaliste sur le lien entre #économie (et surtout l’#Etat_providence) et la #migration :
    https://seenthis.net/messages/971875

    • Le mythe de « l’appel d’air » battu en brèche par les études scientifiques
      La thèse du tourisme médical ou de l’appel d’air est absurde. Selon un rapport du Comede (2019), dans la plupart des cas (70 % pour l’ensemble des pathologies), les migrants découvrent leur maladie après leur arrivée en France. Rien dans les travaux scientifiques ne vient corroborer la thèse de l’appel d’air.
      Aucune étude n’a montré que les migrants venaient en France pour des raisons de santé. Au contraire, la santé est une raison secondaire. Aucune justification médicale ne vient soutenir la suppression de l’AME. Les médecins y voient au contraire une atteinte à ce qui fait la fierté de leur métier. Le débat sur l’AME est exemplaire de l’impuissance des scientifiques à ébranler les spéculations des dogmatiques.

      #appel_d'air

  • Agricultures entrepreneuriales et espaces agro-urbains : leçons de terrain en Amérique du Sud
    https://metropolitiques.eu/Agricultures-entrepreneuriales-et-espaces-agro-urbains-lecons-de-ter

    Comment les agricultures entrepreneuriales modifient-elles les espaces ruraux en #Amérique_du_Sud ? Multi-localisées et multi-polarisées, ces firmes dessinent des territoires agro-urbains connectés et hiérarchisés dans lesquels le monde rural est uniquement exploité pour ses ressources. Dossier : La grande exploitation dans un nouvel âge du capitalisme agricole et des rapports villes-campagnes Les agricultures de type entrepreneurial sont les principaux vecteurs de l’augmentation importante, depuis #Terrains

    / #Amérique_latine, #entreprise_agricole, #globalisation, #agriculture, Amérique du Sud

    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_guibert.pdf

    • sa situation, comme l’avait relevé CheckNews, est commentée par plusieurs membres de sa famille : ses oncles Alain Duhamel (éditorialiste de BFM TV) et Patrice Duhamel (ex-directeur général de France TV, auteur d’un livre qui sort bientôt sur les relations entre présidents et Premiers ministres), sa tante Nathalie Saint-Cricq (éditorialiste politique chez France TV et femme de Patrice Duhamel), son cousin Benjamin Duhamel (journaliste à BFM TV, fils de Patrice et Nathalie) et la compagne de son cousin Agathe Lambret (journaliste sur la radio France Info).

      [...]
      Depuis le début de la polémique, le 12 janvier dans l’après-midi, Nathalie Saint-Cricq est intervenue plusieurs fois sur les antennes de #France_TV, évoquant parfois sa nièce. Sans que leur lien de parenté ne soit explicité. [idem sur #France_info]

      La parentèle journalistique plaide la maladresse, sans hésiter à en faire preuve eux-mêmes. C’est de famille ?
      #media #gouvernement #Amélie_Oudéa-Castéra

  • La CPME se félicite de voir le vol à l’étalage désormais sanctionnable d’une amende forfaitaire de 300 euros
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/09/05/la-cpme-se-felicite-de-voir-le-vol-a-l-etalage-desormais-sanctionnable-d-une


    Le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), François Asselin (à gauche), et le vice-président de la CPME chargé des affaires sociales (sic), Eric Chevee, à Paris, le 12 juillet 2023. BERTRAND GUAY / AFP

    Une circulaire du ministère de la #justice, publiée le 6 juillet, étend le champ d’application de la procédure de l’amende forfaitaire délictuelle en sanctionnant le vol simple « d’une chose dont la valeur n’excède pas 300 euros » .
    Par Aline Leclerc, 05 septembre 2023

    Publiée le 6 juillet, la circulaire du ministre de la justice était un peu passée inaperçue, jusqu’au coup de projecteur donné en cette rentrée par la Confédération des petites et moyennes #entreprises (#CPME) qui, dans un communiqué de presse, le 30 août, s’est réjouie d’avoir obtenu « gain de cause » sur la création d’une amende forfaitaire délictuelle de 300 euros pour sanctionner le vol « d’une chose dont la valeur n’excède pas 300 euros ».

    Le « #vol simple » – l’expression « #vol_à_l’étalage » n’existe pas en tant que telle dans le code pénal – est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.

    L’#amende_forfaitaire_délictuelle (AFD) ouvre désormais la possibilité d’une procédure simplifiée, permettant au policier ou au gendarme qui constate l’infraction (après que le voleur a été attrapé par un vigile ou identifié par la vidéosurveillance) de prononcer directement une sanction pénale, sans juge ni procès, y compris en cas de récidive. Un peu comme la contravention délivrée à l’automobiliste qui vient de brûler un feu.

    Ceci, à condition que le voleur reconnaisse les faits et qu’il ait restitué la « chose » volée à la victime ou au commerçant s’il s’agit d’un vol à l’étalage.

    « Une mesure que nous demandions depuis longtemps »

    « C’est une mesure que nous demandions depuis longtemps, se félicite Xavier Douais, vice-président de la CPME, en charge du #commerce. Car dans les faits, on ne condamne pas à la prison pour un vol de tee-shirt ! Cela se termine souvent en simple rappel à la loi. Donc les commerçants sont découragés de porter plainte [il y en a eu tout de même 41 000 en 2022]. Maintenant, le voleur, même s’il restitue le bien, sera tout de même bien identifié par la #police. Cela me semble dissuasif. »

    Pour lui, c’est la hausse de 14,7 % des vols à l’étalage en 2022 par rapport à 2021, selon les chiffres du ministère de l’intérieur, qui a fini par convaincre le ministère de la justice. Certains y voyant un lien direct avec l’inflation et les difficultés de pouvoir d’achat. Un chiffre cependant en baisse de 17 % si l’on compare avec 2019, période pré-Covid-19 et pré-inflation, rappelait La Croix en mars.

    « L’objectif poursuivi est d’apporter une réponse pénale ferme et rapide au phénomène délinquant du vol à l’étalage, contentieux de masse, qui reçoit aujourd’hui une réponse pénale insatisfaisante », précise la doctrine d’emploi de la circulaire. Qui indique que les procureurs de la République peuvent définir « en fonction des spécificités locales » des seuils ou des objets à exclure du recours à l’amende forfaitaire délictuelle, comme « les denrées alimentaires ».

    La procédure de l’amende forfaitaire délictuelle voit donc son champ d’application étendu, alors que le 30 mai, dans une décision cadre, la Défenseure des droits demandait au contraire de « mettre fin » à son utilisation. Saisie « de nombreuses réclamations », elle dénonçait notamment « les risques d’arbitraire » et l’atteinte à des principes fondamentaux de la procédure pénale, comme « le droit de la #défense » et « l’individualisation des peines ».

    edit cet énième succès patronal aurait pu passer inaperçu si il n’avait pas été fièrement revendiqué.

    #économie #appropriation #délinquance_de_masse #alimentation #commerçants #droit_de_la_défense #guerre_aux_pauvres

  • La Volga dans la géopolitique russe
    https://laviedesidees.fr/Pascal-Marchand-Volga

    Le plus long fleuve d’Europe est marqué par l’histoire soviétique. Des barrages à la pêche en passant par l’industrialisation, il est au cœur des bouleversements continentaux qui se produisent sous nos yeux. À propos de : Pascal Marchand, Volga, l’héritage de la modernité, Éditions du CNRS

    #Histoire #Russie #environnement #aménagement_du_territoire #géographie #industrialisation
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/202401_volga.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20240124_volga.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20240124_volga.docx

  • Le #vélo, meilleur atout pour réduire la #pollution et les #temps de trajet - L’exemple de l’Île de France

    Marginal et en déclin partout en France au début des années 1990, le vélo a fait un retour remarqué à Paris. Entre 2018 et 2022, la fréquentation des #aménagements_cyclables y a été multipliée par 2,7 et a encore doublé entre octobre 2022 et octobre 2023. Aux heures de pointe y circulent maintenant plus de vélos que de #voitures.

    Pour autant, #Paris n’est pas la France, et pas même l’Île-de-France où la part du vélo reste bien inférieure à celle des #transports_en_commun ou de la voiture. En 2018, dernière année pour laquelle on dispose de données, seuls 1,9 % des déplacements ont été effectués à vélo dans la région francilienne. Bien que ce chiffre ait certainement augmenté depuis, on part de très loin.

    Certes, les transports en commun y ont une place nettement plus importante que dans les autres régions. Reste qu’environ la moitié des déplacements y sont faits en voiture individuelle, avec les nuisances bien connues qu’elle entraîne : changement climatique, pollution de l’air, bruit, congestion, accidents, consommation d’espace…

    De nombreuses pistes sont défendues pour réduire ces nuisances : développement des transports en commun, du vélo, télétravail, électrification des véhicules… Pourtant, il existe peu de quantification de leur potentiel, qui varie bien sûr entre les régions. Dans un article récent, nous avons donc tenté de le faire – en nous concentrant sur le cas de l’Île-de-France.

    Quelle substitution à la voiture ?

    Pour cela, nous avons utilisé la dernière enquête représentative sur les transports, l’enquête globale des transports 2010, qui couvre 45 000 déplacements en voiture géolocalisés effectués dans la région.

    Grâce aux informations fournies par l’enquête sur les véhicules, nous avons estimé les émissions de CO2 (le principal gaz à effet de serre anthropique), NOX et PM2.5 (deux polluants atmosphériques importants) de chaque déplacement.

    Bien que la voiture ne soit utilisée que pour la moitié des déplacements au sein de la région, elle entraîne 79 % des émissions de PM2.5, 86 % des émissions de CO2 et 93 % des émissions de NOX dus aux transports.

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    Pour tous ces déplacements en voiture, nous avons ensuite étudié s’ils pourraient être effectués à vélo – y compris vélo à assistance électrique – ou en transports en commun, en fonction du temps que prendrait alors chaque déplacement, d’après un simulateur d’itinéraires et en fonction des informations dont nous disposons sur ces déplacements.

    Nous distinguons ainsi trois scénarios, qui présentent des contraintes de plus en plus strictes sur le type de déplacement en voiture « substituables ».

    - Le scénario 1 suppose tous les déplacements substituables, sauf ceux réalisés par les plus de 70 ans.

    - Le scénario 2 exclut de plus les déplacements vers les hypermarchés et centres commerciaux (considérant qu’ils impliquent le transport de charges importantes) ainsi que les tournées professionnelles comme celles des artisans, plombiers, etc.

    - Le scénario 3 exclut en outre les trajets avec plus d’une personne par voiture.

    Vélo ou transports en commun ?

    Nous avons ainsi calculé le pourcentage d’automobilistes qui pourraient passer au vélo ou aux transports en commun (axe vertical) dans le cas d’une hausse du temps de trajet quotidien inférieure à X minutes (axe horizontal).

    La conclusion est la suivante : pour les scénarios 1 et 2, environ 25 % des automobilistes gagneraient du temps en utilisant l’un de ces types de mobilités – beaucoup moins dans le scénario 3.

    Qu’en est-il des baisses d’émissions polluantes ? Dans les scénarios 1 et 2, elles diminuent d’environ 8 % si le temps de trajet quotidien est contraint de ne pas progresser – chiffre quasiment identique pour chacun des trois polluants étudiés. Ce pourcentage est inférieur aux 25 % mentionnés précédemment, car les déplacements substituables sont de courte distance. La baisse d’émissions atteint 15 % pour une augmentation du temps de trajet quotidien inférieure à 10 minutes, et 20 % pour une hausse inférieure à 20 minutes.

    Nous pouvons attribuer une valeur monétaire aux nuisances générées par ces émissions en utilisant les recommandations officielles en France (85 euros par tonne de CO2) et en Europe (28 euros par kg de NOX et 419 euros par kg de PM2.5). Pour une hausse du temps de trajet quotidien inférieure à 10 minutes, les bénéfices sanitaires et climatiques du report modal atteignent entre 70 et 142 millions d’euros par an, selon les scénarios.

    Il est intéressant de noter que c’est le vélo qui permet l’essentiel du transfert modal et des réductions d’émissions, alors que les transports publics existants ont peu de potentiel. Toutefois, notre méthode ne permet pas de tester l’effet de nouvelles lignes de transports publics, ni de l’augmentation de la fréquence sur les lignes en place.
    Qui dépend le plus de sa voiture ?

    Selon nos calculs, 59 % des individus ne peuvent pas abandonner leur voiture dans le scénario 2 si l’on fixe un seuil limite de 10 minutes de temps supplémentaire passé à se déplacer par jour.

    Par rapport au reste de la population d’Île-de-France, statistiquement, ces personnes ont de plus longs déplacements quotidiens (35 km en moyenne contre 9 pour les non-dépendants). Elles vivent davantage en grande couronne, loin d’un arrêt de transport en commun ferré, ont un revenu élevé, et sont plus souvent des hommes.

    Concernant ceux de ces individus qui ont un emploi, travailler en horaires atypiques accroît la probabilité d’être « dépendant de la voiture », comme l’est le fait d’aller de banlieue à banlieue pour les trajets domicile-travail. Beaucoup de ces caractéristiques sont corrélées avec le fait de parcourir des distances plus importantes et d’être parmi les 20 % des individus contribuant le plus aux émissions.
    La place du télétravail et de la voiture électrique

    Nous avons ensuite étudié dans quelle mesure les individus « dépendants de la voiture » pourraient réduire leurs émissions en télétravaillant. En considérant que c’est impossible pour les artisans, patrons, agriculteurs, vendeurs et travailleurs manuels, un passage au télétravail deux jours de plus par semaine pour les autres professions amènerait une baisse d’environ 5 % d’émissions, en plus de ce que permet le report modal.

    Pour réduire davantage les émissions, il est nécessaire de rendre moins polluants les véhicules, en particulier par le passage aux véhicules électriques. Nos données n’apportent qu’un éclairage partiel sur le potentiel de cette option, mais elles indiquent tout de même que l’accès à la recharge et l’autonomie ne semblent pas être des contraintes importantes : 76 % des ménages dépendants de la voiture ont une place de parking privée, où une borne de recharge pourrait donc être installée, et parmi les autres, 23 % avaient accès à une borne de recharge à moins de 500 mètres de leur domicile en 2020.

    Ce chiffre va augmenter rapidement car la région Île-de-France a annoncé le triplement du nombre de bornes entre 2020 et fin 2023. L’autonomie ne constitue pas non plus un obstacle pour les déplacements internes à la région puisque moins de 0,5 % des personnes y roulent plus de 200 km par jour.
    Le vélo, levier le plus efficace

    Soulignons que la généralisation des véhicules électriques prendra du temps puisque des véhicules thermiques neufs continueront à être vendus jusqu’en 2035, et donc à être utilisés jusqu’au milieu du siècle.

    Ces véhicules ne résolvent par ailleurs qu’une partie des problèmes générés par la voiture : des émissions de particules importantes subsistent, dues à l’usure des freins, des pneus et des routes. Ni la congestion routière, ni le manque d’activité physique lié à la voiture ne sont atténués.

    Lever les #obstacles à l’adoption du vélo partout dans la région devrait donc être une priorité. Le premier facteur cité par les Franciliens parmi les solutions pour accroître les déplacements quotidiens en vélo serait un meilleur aménagement de la voie publique, comprenant la mise en place de plus de pistes sécurisées et d’espaces de stationnement.

    https://theconversation.com/le-velo-meilleur-atout-pour-reduire-la-pollution-et-les-temps-de-tr

    #Ile_de_France #transports #statistiques #chiffres #aménagement_du_territoire

  • Loi sur l’immigration : « Le marchandage portant sur l’aide médicale d’Etat est surréaliste, pour ne pas dire obscène »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/10/loi-sur-l-immigration-le-marchandage-portant-sur-l-aide-medicale-d-etat-est-

    Loi sur l’immigration : « Le marchandage portant sur l’aide médicale d’Etat est surréaliste, pour ne pas dire obscène »
    Tribune Smaïn Laacher Sociologue
    Marie Rose Moro Pédopsychiatre
    La nouvelle loi « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration » n’est pas un texte « fasciste » ou « raciste » comme cela a été dit ici et là. Elle est cependant indéniablement restrictive au sens où elle complique, rend aléatoires, voire supprime des droits fondamentaux.Bien entendu, si on la compare avec l’arsenal juridique en matière d’immigration et d’asile d’un certain nombre de pays de l’Union européenne (UE), il ne sera pas difficile de trouver « pire » que la France. C’est la Hongrie qui a construit une clôture de près de 4 mètres de haut à sa frontière avec la Serbie pour s’opposer au passage des migrants dans les Balkans.
    Alors que l’Assemblée nationale votait la loi relative à l’immigration le 19 décembre 2023, les représentants des vingt-sept Etats membres de l’UE parvenaient, le lendemain, à un accord sur le futur pacte migratoire.
    Mais ce qui apparaît à la limite de la caricature de la part de nos politiques et de nos législateurs, c’est le marchandage quasi surréaliste, pour ne pas dire obscène, portant sur l’aide médicale d’Etat (AME). Pourquoi considérer l’AME comme un « cavalier législatif » [un amendement dépourvu de lien, même indirect, avec le texte de loi examiné] ? Pourquoi les enjeux de santé des migrants sont-ils détachés des enjeux de santé liés aux conditions d’existence des fractions les plus précaires des classes populaires ?
    L’Organisation mondiale de la santé affirme que les questions de santé ne se caractérisent pas nécessairement par l’absence de maladie ou d’infirmité. Pour cette institution, la santé représente « l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale ». On peut parler de la « santé des migrants ». Mais si l’on veut être un tant soit peu rigoureux, nous devrions parler d’inégalités dans les domaines de la santé publique et de la santé au travail. Il suffit de prendre un seul exemple souvent cité lors de la pandémie de Covid-19 : celui des « livreurs ».
    De grandes villes comme Paris, en 2021, et Bordeaux, en février 2023, ont mis à la disposition de ces travailleurs ultra-précaires des plates-formes de livraison des lieux d’accompagnement appelés « Maisons des livreurs ». Médecins du monde et la Maison des livreurs à Bordeaux ont alerté sur « les morts brutales, la souffrance physique et psychique des livreurs ».
    Combien sont-ils à perdre la vie au « travail » ? Combien se blessent en chutant de leur moyen de locomotion ? Personne ne le sait. Et pour cause, ce ne sont pas des salariés, mais des « indépendants » non couverts par la branche accidents du travail et maladies professionnelles, qui disparaissent des statistiques. Ils ont généralement moins de 30 ans et sont le plus souvent sans titre de séjour. Des « clandestins » qui livrent députés, élus, hauts fonctionnaires, familles, etc.
    Comment cette inégalité de soins se traduit-elle concrètement ? De la manière suivante : si les livreurs ne se rendent pas chez un médecin, c’est parce qu’ils passent parfois quinze heures par jour sur leur vélo, six jours sur sept, par tous les temps. Se rendre chez le médecin parce qu’on est saisi de troubles musculo-squelettiques ou même d’une pathologie infectieuse, c’est ne plus rouler, et donc perdre une somme vitale pour survivre. Ce constat est établi par tous les professionnels de santé.Les Républicains et le Rassemblement national ont exigé d’une même voix la suppression de l’AME pour les sans-papiers. Quelle hypocrisie ! La droite estime que l’AME est trop généreuse par rapport aux dispositifs en vigueur dans l’UE et qu’elle constitue, argument central, un « appel d’air » pour tous les immigrés de la terre. Cette notion d’appel d’air est, n’ayons pas peur des mots, une escroquerie intellectuelle. Les enquêtes statistiques de l’Organisation de coopération et de développement économiques montrent que, plusieurs années après leur arrivée, de nombreux immigrés (entre 30 % et 50 %) sont partis ailleurs. Dans le Calaisis [Pas-de-Calais et Nord], les étrangers en situation irrégulière, dans leur écrasante majorité, n’ont qu’un seul désir : partir au Royaume-Uni.
    L’appel d’air n’est donc pas un fait avéré. Ce qui est démontré, c’est que l’aide médicale d’urgence, qui remplacera probablement l’AME, lorsqu’elle sera votée, provoquera inexorablement « une augmentation du recours aux soins hospitaliers urgents, plus complexes et plus coûteux ». Ce sont des professionnels, dotés d’une solide et longue expérience, qui l’affirment dans un texte commun signé notamment par de nombreuses sociétés savantes médicales et par le syndicat SAMU-Urgences de France.
    Dans le total des dépenses de l’AME, l’hôpital tend à diminuer au profit de la médecine de ville : il représentait environ 62 % des dépenses en 2020, contre environ 69 % en 2010. Dans ces dépenses hospitalières, la psychiatrie et les soins de suite représentent respectivement 14 % et 12 %, selon un rapport de l’ancien ministre Claude Evin et du haut fonctionnaire Patrick Stefanini. Il n’est pas difficile de percevoir l’enjeu fondamental : il y a un accès très inégal à la médecine non seulement d’urgence, mais dans le soin portant sur les conséquences somatiques et psychiques de ce que les migrants ont vécu dans leur pays d’origine et, particulièrement pour les femmes et les enfants, sur le chemin de l’exil.
    Nous pensons qu’il est infondé de réduire les migrants à des êtres « vulnérables » en quête de soins. Cette vision du migrant vulnérable n’a rien à voir avec l’intégration. Il ne s’agit pas, socialement et politiquement, de la question de la fragilité individuelle des migrants, mais, bien plus largement et fondamentalement, de la capacité d’une société à insérer socialement les plus fragilisés à cause de ce qu’ils ont vécu, à cause de ce qu’ils vivent. Autrement dit, il s’agit de les aider à construire, individuellement et collectivement, du lien social. Si l’on privilégie la faiblesse personnelle, alors le danger est grand de faire porter à l’individu seul la défaillance de nos systèmes d’intégration sociale.

    #Covid-19#migrant#migration#france#sante#AME#loiimmigration#santepublique#santementale#exil#integration

  • « Depuis six décennies, l’#aménagement touristique de la #montagne est engagé dans une fuite en avant »

    L’attribution des #Jeux_olympiques d’hiver de 2030 à la #France risque de retarder encore l’engagement des communes touristiques de montagne dans la #transition_écologique, estime, dans une tribune au « Monde », le géographe #Rémy_Knafou.

    La France a eu des politiques touristiques pour la montagne ; elle n’en a plus depuis longtemps. Et la récente décision d’attribuer à la candidature française les Jeux olympiques d’hiver de 2030 ne va pas faciliter la transition juste que le réchauffement climatique, plus important qu’en plaine, appelle pourtant.

    Le #plan_neige des années 1960, sous la présidence du général de Gaulle, était une réponse à l’#exode_rural qui vidait la montagne de ses forces vives et au projet de retenir en France la clientèle des skieurs français qui fréquentait les pays alpins voisins. Il en résulta la création ex nihilo en haute altitude de nombreuses stations de sports d’hiver et l’aménagement de vastes #domaines_skiables, désormais parmi les plus étendus de la planète.

    Avalanches et glissements de terrain meurtriers couplés à une mévente immobilière incitèrent l’Etat à un infléchissement, qui s’exprima dans le #discours_de_Vallouise, prononcé par le président #Valéry_Giscard_d’Estaing, le 23 août 1977 : « Trop de #résidences_secondaires s’éparpillent au gré des ventes de #terres_agricoles. Trop de #stations_de_ski furent implantées sans tenir compte suffisamment des populations locales et des contraintes de l’#environnement. L’effort de l’Etat portera dorénavant sur un tourisme intégré à d’autres activités, accessible au plus grand nombre, respectueux des sites et des #paysages. »

    Des clientèles étrangères en majorité fortunées

    En 1985, l’Etat s’est doté d’une loi « montagne », qui entendait à la fois développer et protéger – ce que, de facto, la France faisait déjà depuis une vingtaine d’années avec la création, en 1963, du #parc_national_de_la_Vanoise : tout était interdit dans sa zone centrale quand (presque) tout était permis dans sa zone périphérique, où se développaient quelques-unes des plus importantes stations françaises de #sports_d’hiver.

    Mais force est de constater que cette loi « montagne », complétée en 2016 par la loi « montagne II », n’a pu ralentir la progression de l’#immobilier en altitude, de l’équipement en #remontées_mécaniques et en #neige_artificielle, tandis que, parallèlement, les espoirs de #démocratisation du ski disparaissaient d’un marché porté par la venue croissante de clientèles étrangères en large majorité fortunées.

    Ainsi, depuis six décennies, l’aménagement touristique de la montagne est engagé dans une #fuite_en_avant – que j’avais déjà analysée dans ma thèse, publiée en 1978, « Les stations intégrées de sports d’hiver des Alpes françaises » (Masson) –, la croissance immobilière appelant constamment l’extension des domaines skiables et ceux-ci nécessitant à leur tour la construction de nouveaux programmes résidentiels. C’est ainsi que la seule #Tarentaise en est arrivée à totaliser en altitude 427 500 lits touristiques, soit plus que de la population cumulée des deux agglomérations d’Annecy et de Chambéry !

    Un cercle vicieux défendu par les #lobbys du ski

    La montagne hivernale a produit une machine infernale, sorte de course-poursuite sans fin entre les lits et les remontées mécaniques. La nécessité, toujours pour alimenter le chiffre d’affaires des remontées mécaniques, de remplacer les lits « froids » – les passoires thermiques représentent près de la moitié du parc ! – construits dans les années 1960-1990 et progressivement sortis du marché nourrit aujourd’hui cette dynamique.

    L’actuelle croissance immobilière va donc à l’encontre de ce qu’il faudrait faire : elle poursuit l’#artificialisation_des_sols, attire une clientèle étrangère qui va accroître l’empreinte carbone des stations et repose sur une progression de l’#enneigement_artificiel – c’est en effet une attente des acquéreurs de logements à plus de 15 000 euros le mètre carré, qui souhaitent sécuriser la pratique du ski, quels que soient les aléas d’un enneigement sur le repli.

    On voit comment le système touristique de la montagne hivernale a enfanté un cercle vicieux défendu par les puissants lobbys du ski – dont la dernière victoire en date est la promesse de l’organisation des Jeux olympiques d’hiver en 2030.

    A la recherche d’un équilibre de développement

    La France a été préférée à la Suède et à la Suisse parce que le #Comité_international_olympique (#CIO) aurait prudemment opté pour le pays qui n’avait pas le projet de soumettre à référendum ou à votation sa candidature – on le sait, le CIO ne trouve plus de candidatures que dans les pays dictatoriaux ou dans les démocraties qui ne demandent pas leur avis aux populations afin d’éviter le refus des citoyens contribuables.

    Au lieu de célébrer cette victoire trop facile, les pouvoirs publics s’honoreraient à engager la montagne touristique dans une transition juste, d’autant que les conditions semblent malgré tout favorables. En effet, face au réchauffement climatique, la montagne a et aura un avenir touristique, avec ou sans neige, car on y trouvera, en été en particulier, des températures plus supportables qu’ailleurs.

    Les communes et stations qui continueront à vivre du ski devraient le faire à plusieurs conditions. Il leur faudrait tout d’abord considérer le niveau actuel de développement comme un état d’équilibre qui permet de bien vivre sans poursuivre la construction de nouveaux #logements, l’effort étant tourné vers la #rénovation de l’existant. De plus, elles ne devraient plus se lancer dans des projets d’aménagement accentuant la pression sur un milieu naturel déjà très exploité, et qui pourraient compromettre leur réorientation économique, celle-ci étant inévitable à moyen ou à long terme.

    Prendre l’avis de toutes les populations

    Lorsque de tels projets (nouvelles urbanisations, retenues d’eau pour les canons à neige, etc.) sont néanmoins retenus, les communes devraient réfléchir à la manière de prendre en compte non seulement les avis de ceux qui habitent ces lieux touristiques à l’année, mais aussi les avis de ceux qui font vivre ces lieux en les fréquentant : une petite minorité ne devrait plus décider seule du sort de ces lieux.

    Enfin, les communes devraient alimenter un #fonds_de_prévoyance – car les temps difficiles finiront par arriver, même pour les communes de haute altitude –, afin que la collectivité nationale ne soit pas amenée, in fine, à financer une reconversion qu’elles auront refusé de préparer. C’est à ce prix que l’attribution des Jeux olympiques d’hiver à la France, si elle est confirmée, ne se transformera pas en victoire à la Pyrrhus.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/30/depuis-six-decennies-l-amenagement-touristique-de-la-montagne-est-engage-dan
    #tourisme #aménagement_du_territoire #ski #loi_montagne #Vanoise #loi_montagne_II #lits_froids

  • Everything politicians tell you about immigration is wrong. This is how it actually works | Hein de Haas | The Guardian
    https://www.theguardian.com/commentisfree/2023/dec/29/politicians-immigration-wrong-cheap-labour
    https://i.guim.co.uk/img/media/6e53b5beb207e5e821a2c7f58bdb45714b46e31e/0_0_2560_1536/master/2560.jpg?width=1200&height=630&quality=85&auto=format&fit=crop&overlay-ali

    Everything politicians tell you about immigration is wrong. This is how it actually works
    Hein de Haas
    We seem to be living in times of unprecedented mass migration. Images of people from Africa crammed into unseaworthy boats desperately trying to cross the Mediterranean, asylum seekers crossing the Channel into Britain, and “caravans” of migrants trying to reach the Mexico-US border all seem to confirm fears that global migration is spinning out of control. A toxic combination of poverty, inequality, violence, oppression, climate breakdown and population growth appear to be pushing growing numbers of people from Africa, Asia and Latin America to embark upon desperate journeys to reach the shores of the wealthy west.
    All of this results in the popular idea of a “migration crisis” that will require drastic countermeasures to prevent massive waves of people arriving in the future, apparently exceeding the absorption capacity of western societies and economies. Despite this, however, there is no scientific evidence to sustain the claim that global migration is accelerating. International migrants account for about 3% of the world population, and this percentage has remained remarkably stable over the past half a century. Likewise, refugee migration is much more limited than political rhetoric and media images suggest. About 10% of all international migrants are refugees, representing 0.3% of the world population. While refugee flows fluctuate strongly with levels of conflict, there is no evidence of a long-term increasing trend. About 80-85% of refugees remain in regions of origin, and that share has also remained rather stable over the past decades. And there is no evidence that illegal migration is spinning out of control – in fact, the large majority of migrants who move from the global south to the global north continue to move legally. For instance, nine out of 10 Africans move to Europe legally, with passports and papers in hand.
    The evidence also turns common understandings of the causes of migration on its head. The conventional view is that south-to-north migration is in essence the outgrowth of poverty, inequality and violence in origin countries – hence the popular idea that poverty reduction and development are the only long-term solutions to migration. However, this assumption is undermined by evidence showing that migration rises as poor countries become richer. This is because increasing levels of income and education, alongside infrastructure improvements, raise people’s capabilities and aspirations to migrate. Instead of the stereotypical “desperate flight from misery”, in reality migration is generally an investment in the long-term wellbeing of families and requires significant resources. Poverty actually deprives people of the resources required to move over long distances, let alone to cross continents.
    This is also one of the many reasons why, contrary to common assumptions, climate breakdown is unlikely to trigger mass movements of “climate refugees”. Research on the effects of droughts and flooding shows that most people will stay close to home. In fact, the most vulnerable people are most likely to get trapped, unable to move out at all. It is no coincidence that most migrants come from middle-income countries such as India and Mexico. The paradox is that any form of development in the poorest countries of the world – such as in sub-Saharan Africa – is therefore likely to increase their future emigration potential. Still, despite global averages remaining stable, it is difficult to deny that legal immigration to the US, Britain and western Europe has been growing over the past decades. The frequent discontent this has caused has gone along with repeated calls for less, more controlled or more selective immigration. But border crackdowns have clearly failed to achieve these objectives or have even made problems worse because they were not based on an understanding of how migration really works. The main reason is that these policies ignored the most important root cause of migration: persistent labour demand.
    The misleading assertion that poverty causes migration conceals the fact that labour demand has been the main driver of growing immigration to western countries since the 1990s. More widespread education, women’s emancipation and population ageing have led to labour shortages; these have fuelled a growing demand for migrant workers in sectors such as agriculture, construction, cleaning, hospitality, transport and food processing, as supplies of local workers willing and able to do such jobs have increasingly run dry. Without such chronic labour shortages, most migrants wouldn’t have come. But this hasn’t been a natural process. It is instead one that has been encouraged by decades of policies geared towards economic and labour market liberalisation, which have fuelled the growth of precarious jobs that local workers won’t take. Politicians from left to right know this reality, but they don’t dare admit it out of fear of being seen as “soft on immigration”. They choose instead to talk tough and revert to acts of political showmanship that create an appearance of control, but that in effect function as a smokescreen to conceal the true nature of immigration policy. Under this current arrangement, more and more migrants are allowed in, and the employment of undocumented workers is widely tolerated as they fill in crucial labour shortages.
    Politicians have turned a blind eye as proven by almost laughably low levels of workplace enforcement. To break away from this legacy of failed policies, politicians need to gather the courage to tell an honest story about migration: that it is a phenomenon that benefits some people more than others; that it can have downsides for some, but cannot be thought or wished away; and that there are no simple solutions for complex problems. Fundamental choices have to be made. For example, do we want to live in a society in which more and more work – transport, construction, cleaning, care of elderly people and children, food provision – is outsourced to a new class of servants made up mainly of migrant workers? Do we want a large agricultural sector that partly relies on subsidies and is dependent on migrants for the necessary labour? The present reality shows that we cannot divorce debates about immigration from broader debates about inequality, labour, social justice and, most importantly, the kind of society we want to live in.
    Hein de Haas is professor of sociology at the University of Amsterdam, and the author of How Migration Really Works

    #Covid-19#migrant#migration#flux#pauvrete#globalmigration#climat#afrique#asie#ameriquelatine#travailleurmigrant#economie#inegalite#sante

  • Au Mexique, de nombreux migrants enlevés, détenus et rackettés sur la route des Etats-Unis
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/29/au-mexique-de-nombreux-migrants-enleves-detenus-et-rackettes-sur-la-route-de

    Au Mexique, de nombreux migrants enlevés, détenus et rackettés sur la route des Etats-Unis
    Par Anne Vigna (Mexico, correspondante)
    Devant la gare routière du nord de Mexico, des groupes de migrants attendent le départ des bus qui rejoignent les villes mexicaines situées à la frontière avec les Etats-Unis. Ce 12 décembre, l’humeur est plutôt bonne et tout le monde se dit heureux de quitter au plus vite le Mexique après la traversée, en près de vingt-deux heures, du centre et du nord du pays. « Les billets nous coûtent cher bien sûr, mais, avec des enfants, on ne peut pas voyager sur le toit du train, c’est trop risqué », explique Mario Gomez, un Hondurien de 27 ans qui a voyagé jusqu’ici avec son épouse et ses deux enfants de 10 et 12 ans. Ce père de famille a dépensé 150 euros par adulte et 50 euros par enfant pour éviter la « Bestia », le train de marchandises qui traverse le Mexique et qui permet aux migrants les plus pauvres de rejoindre la frontière nord. Mario avait entendu parler des accidents arrivés à ceux qui s’endorment sur son toit, des heures d’attente en plein désert sans une goutte d’eau, mais aussi du racket auquel se livrerait la police mexicaine quand le train fait une pause dans les villes. Il a donc préféré travailler quelques semaines dans la ville de Mexico pour pouvoir offrir à sa famille un voyage en bus jusqu’à la frontière américaine, en sécurité. Du moins le croit-il. Car ce moyen de transport n’est pas non plus une garantie de tranquillité.Ces derniers mois, des migrants ont raconté à des ONG et des journalistes avoir été victimes d’enlèvement et de racket alors qu’ils voyageaient dans ces autobus qui font la navette entre la ville de Mexico et la frontière américaine. Les lignes Chihuahuenses et Futura, appartenant au groupe de transport Estrella Blanca et ralliant la ville de Ciudad Juarez depuis Mexico, sont plus particulièrement citées par les migrants. Ni cette entreprise, ni l’Institut national de migration, ni le ministère des transports n’ont accepté de répondre aux questions du Monde. En revanche, quatre familles aujourd’hui en sécurité aux Etats-Unis nous ont raconté leur calvaire après qu’elles furent montées dans un bus de ces lignes. La similitude de leurs témoignages, alors qu’elles ont voyagé à des dates différentes, montre qu’elles ont été très certainement victimes du même réseau criminel opérant à grande échelle et avec la complicité des chauffeurs. Les quatre familles qui ont témoigné ont eu droit aux mêmes mises en demeure des criminels : pour obtenir leur liberté, ils devaient trouver 3 200 dollars par personne (soit près de 2 900 euros) pour rejoindre le mur élevé à la frontière ou bien 2 800 dollars pour la gare routière de Ciudad Juarez. (...)
    Dans un rapport intitulé « Inhumane and Counterproductive, Asylum Ban Inflicts Mounting Harm » (« Inhumaine et contre-productive, l’entrave à l’asile cause des dommages croissants »), publié en octobre, l’organisation américaine Human Rights First alerte sur ces kidnappings après avoir récolté des dizaines de témoignages de migrants ayant connu ce sort : « Les enlèvements ciblés de migrants en vue d’obtenir une rançon se sont généralisés. Les migrants – parfois des bus entiers – sont interceptés en plein jour », décrit le texte. July Rodriguez et Lizbeth Guerrero sont directrices de l’ONG Apoyo a migrantes venezolanos à Mexico. Elles ont déjà aidé des familles désespérées alors que leurs proches venaient de disparaître en chemin. « On tente de les épauler puis de les convaincre de porter plainte une fois que leur famille est libérée, mais beaucoup sont terrifiés. Ce serait pourtant la seule manière de demander des comptes aux autorités mexicaines », racontent les deux avocates. Avec d’autres organisations, elles ont déposé plusieurs plaintes devant la Commission nationale des droits humains contre ces kidnappings. « Nous n’avons rien obtenu. Selon les témoignages que nous avons réunis, la police est forcément complice de ces enlèvements qui se produisent avec une facilité déconcertante », considère July Rodriguez.
    Le 18 décembre, la police des frontières américaine a une nouvelle fois suspendu pendant cinq jours les entrées des trains de marchandises sur son territoire. Officiellement, elle n’aurait pas assez d’agents pour gérer les flux de marchandises et les entrées des migrants. En conséquence, l’entreprise de fret Ferromex a renforcé la sécurité privée sur ses wagons pour empêcher les migrants d’y voyager. Comme le Mexique exige désormais un visa pour pénétrer sur son territoire et emprunter l’avion, les migrants n’ont d’autres choix que de prendre encore plus souvent les bus pour rejoindre la frontière. Anne Vigna (Mexico, correspondante)

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#ameriquelatine#migrationirreguliere#trafic#violence#frontiere#droit#visas

  • #Israël serait déjà en contact avec plusieurs pays pour y expulser les Gazaouis

    Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a affirmé, le 25 décembre, œuvrer en faveur d’un #plan de “#migration_volontaire” des Gazaouis, tandis qu’un député de son parti a révélé que l’État hébreu était en contact avec des pays d’#Amérique_latine et d’#Afrique à cet effet.

    Un éventuel #plan d’expulsion des Palestiniens de Gaza semble se préciser chaque jour un peu plus, rapporte la presse internationale. Outre les #bombardements, qui ont redoublé d’intensité et ont déplacé, depuis octobre, 85 % de la population vers le sud, jusqu’à la frontière avec l’Égypte, les déclarations des responsables israéliens sur le sujet sont de plus en plus explicites. Ainsi, lors d’une réunion à huis clos le 25 décembre avec son parti à la Knesset [Parlement israélien], le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a pour la première fois évoqué ouvertement un plan de "migration volontaire".

    "Notre problème, ce sont les pays qui sont prêts à les accueillir, et nous y travaillons", aurait-il déclaré, cité par plusieurs médias, dont The Palestinian Chronicle.

    Le jour même, un député membre du Likoud, Danny Danon, a été encore plus loin, révélant, lors d’un entretien avec la radio locale Kan Reshet Bet, qu’Israël était déjà en contact avec plusieurs pays afin d’explorer les diverses possibilités d’#accueil des Gazaouis.

    "J’ai reçu des demandes de divers pays [...] prêts à accueillir des réfugiés [...], ce sont des pays d’Amérique du Sud et d’Afrique", a-t-il indiqué, relayé par Ha’Aretz. Il a ajouté que certains pays ont réclamé, en contrepartie, une "#compensation_financière" tandis que d’autres "ont demandé autre chose".

    "Cela arrive dans chaque guerre"

    Sans préciser les noms des pays avec lesquels l’État hébreu est en contact, le député du Likoud s’est contenté d’évoquer le cas du Canada, dont le ministre de l’Immigration a annoncé, le 21 décembre, la volonté de son pays d’accueillir les familles élargies des Gazaouis ayant la citoyenneté canadienne, rapporte le site Jewish Press.

    "Nous resterons en contact d’abord avec les pays de la région [Moyen-Orient] et avec les pays du monde [...]. Même si chaque pays reçoit dix mille ou vingt mille Gazaouis, cela est significatif", a souligné Danny Danon, selon lequel il s’agirait d’une "migration volontaire de Palestiniens qui souhaitent partir".

    "Cela arrive dans chaque guerre, regardez ce qui se passe en Syrie : un million et demi [de personnes] sont allées en Jordanie, trois millions en Turquie et quelques millions en Europe", a-t-il poursuivi, critiquant les réticences des deux principaux pays frontaliers - la Jordanie et l’Égypte -, qui ont fermement exprimé leur rejet d’un plan d’#exode des Palestiniens.

    "Occasion historique"

    Ces déclarations contrastent largement avec le démenti d’Eylon Levy, porte-parole du gouvernement israélien, qui, le 10 décembre, avait souligné devant des journalistes étrangers qu’Israël n’avait aucune intention de déplacer la population palestinienne hors de la bande de Gaza, qualifiant les affirmations à ce sujet d’"accusations scandaleuses et fausses".

    Elles attisent surtout les craintes, parmi les Palestiniens, d’une seconde "Nakba" ou d’une "#épuration_ethnique" - comme le dénoncent plusieurs voix en Israël et dans le monde arabe - et font écho à un document de travail du ministère du Renseignement israélien, révélé par la presse en octobre dernier, qui esquissait déjà au début du conflit plusieurs scénarios pour l’après-guerre, dont l’un prévoit d’installer les Gazaouis dans le #Sinaï égyptien.

    En novembre dernier, dans une tribune publiée dans le journal américain The Wall Street Journal, Danny Danon et Ram Ben-Barak, ancien haut responsable du Mossad, ont élargi le spectre géographique, appelant aussi l’Europe à contribuer aux efforts d’accueil des Gazaouis qui "cherchent" à émigrer.

    Dans la foulée, le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich (extrême droite), avait souligné l’importance de l’enjeu politique. L’État d’Israël est "incompatible" avec l’existence d’une enclave palestinienne indépendante qui repose "sur la haine d’Israël et aspire à sa destruction", avait-il martelé, selon le site Middle East Eye.

    "Pour les démagogues d’extrême droite, et notamment le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, cette guerre est une occasion historique pour réaliser leur liste de voeux : la destruction d’une grande partie de Gaza, l’élimination de l’appareil politique et militaire du Hamas, et, si possible, l’expulsion de dizaines ou de centaines de milliers de Palestiniens vers le Sinaï égyptien", dénonçait déjà, quatre jours après le début de la guerre, Amjad Iraqi, journaliste pour le site israélo-palestinien +972 Magazine.

    https://www.courrierinternational.com/article/revue-de-presse-israel-serait-deja-en-contact-avec-plusieurs-
    #expulsion #nettoyage_ethnique #géographie_du_vide #Palestine #Gaza #Egypte

    • Plan d’« #émigration » des Palestiniens : Israël avance dans son projet de #nettoyage_ethnique à Gaza

      Cette semaine, le Times of Israel révélait qu’Israël était en pourparlers avec des pays tels que le Congo pour qu’ils accueillent des Palestiniens de Gaza dans le cadre d’un prétendu « plan d’#émigration_volontaire » L’État sioniste, qui négocie depuis le début de sa contre-offensive avec ses voisins pour accueillir les Palestiniens qu’il force à l’exil en ravageant la bande de Gaza et en faisant plus de 22.000 morts, voudrait pouvoir déporter des civils gazaouis dans des pays comme le Congo ou l’Arabie Saoudite, à condition dans ce dernier cas que les Palestiniens soient disposés à travailler en tant qu’ouvriers dans le bâtiment.

      Benjamin Netanyahu a effet assumé, au cours d’une réunion du Likoud, être à la recherche de pays acceptant de recevoir les réfugiés gazaouis. « Notre problème est de trouver des pays qui sont désireux d’intégrer des gazaouis et nous travaillons là-dessus » a-t-il expliqué rapporte le Times of Israel. Le ministre des renseignements israéliens, Gila Gamliel a depuis fait une déclaration dans le même sens mardi dernier à la presse israélienne : « l’émigration volontaire est le meilleur programme, le programme le plus réaliste, pour le lendemain de la fin de la guerre ».

      Contrairement à ce que l’euphémisme utilisé laisse penser, il ne s’agit bien entendu pas d’une « émigration volontaire » dans la mesure où quitter Gaza est une question de vie ou de mort pour les plus de 2 millions d’habitants de l’enclave. Gamliel a ensuite clarifié le projet des autorités israélienne à l’issue de la guerre : « Il n’y aura pas de travail et 60% des terres agricoles deviendront des zones-tampon par nécessité sécuritaire ».

      Ce discours signe un alignement total avec les perspectives défendues ces derniers jours par les ministres d’extrême-droite Smotrich et Ben Gvir. Le premier expliquait ainsi le 31 décembre : « pour avoir la sécurité, nous devons contrôler le territoire et, pour cela, nous avons besoin d’une présence civile sur place ». Et d’ajouter : « S’il y avait 100 000 ou 200 000 Arabes à Gaza contre 2 millions aujourd’hui, le discours ne serait pas le même. » Alors que le projet d’annexion de la bande de Gaza de la part de responsables israéliens se fait de plus en plus clair, l’État d’Israël assume sa volonté d’aller au bout du nettoyage ethnique de la zone, par la guerre et par le déplacement forcé des gazaouis.
      Face à la réaction hypocrite du camp impérialiste, poursuivre la lutte pour la Palestine

      Les gouvernements occidentaux, alliés d’Israël, se sont fendus de communiqués dénonçant les premières déclarations des ministres d’extrême-droite. Du côté des Etats-Unis, le département d’État a qualifié mardi leurs propos « d’irresponsables ». L’État français a de son côté expliqué condamner « les propos des ministres israéliens des Finances, M. Bezalel Smotrich, et de la Sécurité nationale, M. Itamar Ben Gvir, appelant à « l’émigration » de la population gazaouie ainsi qu’au rétablissement de colonies à Gaza et à son occupation terrestre. »

      Des réactions totalement hypocrites de la part de gouvernements occidentaux qui, tout en appelant à la « modération » de la politique génocidaire d’Israël, n’ont jamais remis en question leur soutien à l’État sioniste Israël, auquel ils continuent à vendre du matériel militaire et dont ils soutiennent clairement l’offensive en cours. Une conséquence logique de leur appui historique à l’existence de cette enclave coloniale au service des intérêts impérialistes au Moyen-Orient. Une hypocrisie particulièrement visible à l’heure où Netanyahou s’aligne, une fois de plus, sur l’aile droite de son gouvernement.

      Dès la fondation de l’État d’Israël, avec la Nakba, et au fur et à mesure de l’extension de l’occupation des territoires palestiniens, le déplacement forcé des populations palestiniennes a été une constante dans la région. Aujourd’hui, près de 5 millions de réfugiés palestiniens vivent déjà dans des camps de réfugiés au Moyen-Orient. Le déplacement forcé de populations s’inscrit dans les pratiques génocidaires d’Israël, qui n’ont jamais remises en cause le soutien des gouvernements occidentaux à l’État d’Israël.

      Dans ce cadre, et face à la complicité objective des régimes arabes avec Israël, il y a urgence à poursuivre la construction d’un mouvement international de solidarité avec la Palestine. Un mouvement qui, pour peser, devra chercher à élargir le mouvement et à porter la lutte sur le terrain de la lutte de classes, pour pousser des sections syndicales dans des secteurs stratégiques à empêcher les livraisons de matériel militaire ou porter un coup aux profits de multinationales qui profitent de la colonisation de la Palestine.

      https://www.revolutionpermanente.fr/Plan-d-emigration-des-Palestiniens-Israel-avance-dans-son-proje

  • The Planning of Palestine: Urban Planning under and as Occupation with #Dana_Erekat and #Eyal_Weizman

    This episode is about planning in Palestine, and especially Gaza. As you all know, this is a podcast about Latin American Cities. However, right now it seems difficult to talk or think about anything other than the genocide unfolding in Palestine. Many of those of us who think critically about Latin American cities find so many connections between our histories and struggles and the settler-colonial project of Israel and its occupation of Palestine. This is particularly true when we reflect on the role of planning and architecture in cementing the occupation, dispossession and violence upon Palestinian people, and particularly Gazans. This is the focus of today’s episode.

    To discuss this, it is truly my privilege to host cohost, Mekarem Eljamal and our two guests, Dana Erekat and Eyal Weizman.

    Dana is a Palestinian architect and planner, with a BA in architecture from UC Berkeley and an Masters in City Planing from MIT. The list of positions she has held is as impressive at it is long. Among these, she has worked with the UNDP, with the World Bank, the Kenyon Institute, and more. From 2013-2012, she was Head of Aid Management and Coordination Directorate/ Special Advisor to the Minister at the Palestinian Ministry of Planning and Administrative Development, during which she led the technical committee for the 2014 Gaza Reconstruction plan. She is currently the CEO of the data analytic company Whyise.

    Eyal Weizman is Professor of Spatial and Visual Cultures and founding director of the Centre for Research Architecture at Goldsmiths, University of London. He is perhaps most known as the founder and director of Forensic Architecture, a multidisciplinary research group based at Goldsmiths, University of London that uses architectural techniques and technologies to investigate cases of state violence and violations of human rights around the world.

    Mekarem Eljamal is a Doctoral Student in Urban Planning at Columbia GSAPP. Her current research looks into the political economy of “mixed cities” within Israel, with particular attention to how the discursive invocations and conceptualizations of the “mixed city” sit vis-à-vis the material realities of the city. Eljamal’s work draws heavily on settler colonial scholarship as she explores the ways in which the deployment of the mixed city classification intersects with questions of multiculturalism, right to the city, and citizenship.

    https://open.spotify.com/episode/5ADzbTjRf0prYjmUB5HnxO
    #urban_matter #Palestine #Israël #Gaza #villes #aménagement_territorial #urbanisme #architecture_forensique #dépossession #violence #occupation #à_écouter #à_lire #audio

  • A la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, des arrivées de migrants en forte hausse
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/29/a-la-frontiere-entre-les-etats-unis-et-le-mexique-des-arrivees-de-migrants-e

    A la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, des arrivées de migrants en forte hausse
    Par Anne Vigna (Mexico, correspondante)
    Lors de leur venue à Mexico pour une réunion consacrée à la question migratoire, mercredi 27 décembre, les membres de la délégation américaine – composée du chef de la diplomatie, Antony Blinken, et du secrétaire à la sécurité nationale, Alejandro Mayorkas – arboraient un grand sourire. C’est du moins ce que montrent les photos de leur rencontre avec le président mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador (dit « AMLO »). Mais aucun communiqué n’a été diffusé à l’issue de la discussion qui a duré plus de deux heures. « AMLO » comme la ministre des affaires étrangères mexicaine, Alicia Barcen, ont répété que la rencontre avait été « très positive » et qu’elle allait désormais se reproduire mensuellement, en invitant d’autres pays d’Amérique centrale, eux aussi concernés par le phénomène migratoire.
    Le président mexicain a précisé, lors de sa « matinale », son intervention télévisée quotidienne, jeudi 28 décembre que « les Etats-Unis ont accepté de rouvrir leurs ponts frontaliers », qui avaient été fermés à la mi-décembre devant l’afflux de migrants. « La relation avec nos voisins est fondamentale : nous devons en prendre soin et nous devons également prendre soin des migrants. Nous devons veiller à ce qu’il n’y ait pas d’abus, d’enlèvements ou d’accidents en cours de route. » Cette communication cache mal une situation de plus en plus dramatique à la frontière entre les deux pays : selon les chiffres communiqués par la police aux frontières américaine, près de 10 000 personnes sont arrivées chaque jour à la frontière sud des Etats-Unis en décembre. D’octobre 2022 à septembre 2023, 3,2 millions de migrants se sont rendus aux autorités américaines contre 2,7 millions lors de la précédente période, selon le département des douanes américain.
    D’autre part, une nouvelle caravane de près de 10 000 migrants est partie à pied du Chiapas, dans le sud du Mexique, le 25 décembre, et devrait arriver dans trois semaines à Mexico. L’image de cette colonne d’hommes et de femmes, reproduite dans de nombreux médias américains, a sonné l’alarme dans les Etats du sud des Etats-Unis. Le Texas a renforcé la protection de sa frontière et a affrété des bus pour emmener les migrants vers d’autres Etats du pays, en particulier ceux dirigés par les démocrates, comme New York et la Californie.« Ces gens fuient des situations extrêmement violentes, et cela va continuer. On ne voit toujours aucune stratégie américaine se dessiner, si ce n’est une réponse à l’urgence. Le Mexique, au contraire, a mis au point plusieurs programmes en Amérique centrale. Même si ce n’est pas parfait, c’est un début », estime la coordinatrice de l’organisation Agenda Migrante, Eunice Rendon. Face aux pressions américaines, le Mexique risque de renforcer encore les contrôles et d’augmenter les expulsions, obligeant les migrants à prendre toujours plus de risques pour parvenir à destination.

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#texas#californie#newyork#frontiere#migrationirreguliere#ameriquecentrale#sante#expulsion#politiquemigratoire

  • « La loi “immigration” remet gravement en cause notre modèle de santé humaniste » : l’appel de plus de 5 000 professionnels de santé
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/23/la-loi-immigration-remet-gravement-en-cause-notre-modele-de-sante-humaniste-

    « La loi “immigration” remet gravement en cause notre modèle de santé humaniste » : l’appel de plus de 5 000 professionnels de santé
    Tribune. Nous, femmes et hommes des professions de santé, du social, du soin et de la recherche, souhaitons placer le président de la République et son gouvernement devant leur immense responsabilité, et alerter l’ensemble de nos concitoyens sur les conséquences sanitaires et sociales du vote de la loi « immigration », le 19 décembre. Cela notamment pour que tous les responsables et ministres prennent la mesure, comme l’a fait courageusement Aurélien Rousseau [le ministre de la santé a présenté sa démission à la suite du vote de la loi], des effets dramatiques de leurs décisions.
    Rappelons en premier lieu les principes fondamentaux de notre République, énoncés dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », et « le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme ». Ces droits incluent le droit à la santé, « état de complet bien-être physique, mental », selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé, ce qui suppose des conditions de vie dignes.
    Pour le monde entier, la France est non seulement le pays des droits humains, mais aussi celui des « French doctors » et d’une médecine performante et humanitaire, présente partout au chevet des populations malades et victimes des guerres et des crises. Notre système de santé et notre sécurité sociale universelle ont permis d’offrir, durant des décennies, des soins de grande qualité accessibles à tous. La loi « immigration » remet gravement en cause notre modèle de santé humaniste, et pas seulement du fait des menaces qui planent encore sur l’aide médicale d’Etat (AME).
    Nous tenons à dire d’abord les conséquences des mesures annoncées pour la santé des plus vulnérables, les enfants. Conformément aux alertes de l’Unicef, le texte voté par le Parlement est contraire à la Convention internationale des droits de l’enfant, protégeant la vie familiale et garantissant le principe de non-séparation, du fait de plusieurs mesures : limitation du regroupement familial, complication des démarches administratives nécessaires pour les mineurs isolés protégés par l’aide sociale à l’enfance, limitation des hébergements d’urgence, et menaces sur les soins en cas de restriction de l’AME.
    De manière concrète, les aides deviennent conditionnées à la reconnaissance d’un travail et, même dans ce cas, leur attribution sera différée considérablement. La perte des allocations familiales et les mesures de restriction de l’aide au logement pour les personnes sans emploi ou travaillant de manière informelle signifient donc qu’elles ne bénéficieront d’aucune aide, notamment pour élever leurs enfants ou se loger. On peut redouter alors une dégradation intolérable de la mortalité infantile, qui s’est déjà accrue depuis dix ans en France et est devenue supérieure à celle de nos voisins européens, du fait des inégalités sociales notamment.
    De façon générale, les restrictions sur le logement pour les immigrants en situation irrégulière menacent de les marginaliser davantage, les forçant à vivre dans des conditions précaires et insalubres. Ces environnements peuvent avoir des effets dévastateurs sur leur santé physique et mentale, augmentant le risque de maladies et d’isolement social. L’absence de logement personnel expose aussi à la rue et à des situations de vulnérabilité sexuelle pouvant conduire à des violences ou à l’infection par le VIH.
    La suspension de la prise en charge médicale pour les demandeurs d’asile déboutés et les restrictions du titre de séjour pour maladie grave sont des décisions alarmantes. Le risque est non seulement d’augmenter les urgences médicales, mais aussi d’assister à la propagation de maladies infectieuses, mettant en danger la santé publique dans son ensemble. La santé est un droit universel, indépendamment du statut administratif.
    Les restrictions professionnelles imposées dans cette loi concerneraient notamment les personnes exerçant dans les champs de la santé. Il faut rappeler que 25 % des médecins exerçant à l’hôpital aujourd’hui sont des « praticiens à diplôme hors Union européenne ». Des facilitations sont prévues pour les médecins et les soignants, considérés comme des métiers en tension, mais leurs statuts respectifs demeurent très précaires et sous-valorisés. Et comment concevoir humainement que l’on attire en France des médecins au détriment de leurs pays d’origine, tout en refusant de soigner les malades de ces mêmes pays ?
    De plus, la restriction du droit d’étudier en France, à travers notamment le versement d’une « caution » imposée aux étudiants étrangers, heurte gravement notre tradition d’accueil et de formation, en particulier en médecine et en santé. Elle contribuera à restreindre l’attractivité de la France et à nous priver d’étudiants brillants, qui sont beaucoup des talents de la France d’aujourd’hui. Dans quel type de société souhaitons-nous vivre ? Une société qui met en péril la santé et les droits des plus vulnérables ?
    Nous appelons donc à la mobilisation de l’opinion publique pour défendre la santé et le bien-être intégral de chaque individu. Et nous demandons solennellement au président de la République de ne pas promulguer cette loi, comme la Constitution l’y autorise, en conformité avec les engagements internationaux de la France en matière de droits humains et de santé publique, notre politique migratoire ne pouvant aller à l’encontre de la dignité des personnes. C’est notre devoir en tant que professionnels de santé, c’est notre engagement en tant que citoyens. Nous réitérons également notre appel au maintien de l’AME, sans restriction et assortie de mesures de réduction des barrières à son accès.

    #Covid-19#migration#migrant#france#loimigration#AME#sante#mortalite#santepublique#bienêtre#vulnerabilite#droit#santementale

  • De meilleurs #Transports_publics
    http://carfree.fr/index.php/2023/12/20/de-meilleurs-transports-publics

    Dans le premier article (Carbusters #38), nous avons examiné les principes de base de la conversion #sans_voiture qui ont été établis dans le Protocole de Lyon. Dans l’article suivant Lire la suite...

    #Alternatives_à_la_voiture #Fin_de_l'automobile #Vie_sans_voiture #Ville_sans_voitures #aménagement #bus #carfree #métro #new-york #paris #reconversion #Suisse #tramway #transports_en_commun #urbanisme #ville

  • Etats-Unis : le gouverneur du Texas signe une loi criminalisant l’entrée illégale de migrants
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/12/19/etats-unis-le-gouverneur-du-texas-signe-une-loi-criminalisant-l-entree-illeg

    Etats-Unis : le gouverneur du Texas signe une loi criminalisant l’entrée illégale de migrants
    Le Monde avec AFP
    Le gouverneur du Texas, le républicain Greg Abbott, a signé lundi 19 décembre une loi controversée criminalisant l’entrée illégale dans cet Etat américain du Sud, frontalier du Mexique, une prérogative en principe réservée aux autorités fédérales. Ce partisan déclaré de Donald Trump, qui accuse l’administration du président démocrate Joe Biden d’« inaction délibérée » face à l’immigration clandestine, a symboliquement signé cette loi à Brownswille, devant un pan du mur à la frontière avec le Mexique, projet phare de l’ex-président républicain. La loi « crée une infraction pénale d’entrée illégale au Texas à partir d’un pays étranger », et prévoit jusqu’à vingt ans de prison en cas de récidive, a précisé le gouverneur.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés A Ciudad Juarez, malgré le mur et les barbelés, les migrants passent toujours aux Etats-Unis
    Le texte, censé entrer en vigueur en mars, donne aussi aux autorités de l’Etat le pouvoir d’arrêter les migrants et de les expulser vers le Mexique, une compétence d’ordre fédéral, ce qui augure de recours en justice sur sa constitutionnalité. Le gouvernement mexicain avait réagi au vote de cette loi, le 15 novembre, en « rejetant catégoriquement toute mesure qui habilite les autorités locales ou d’un Etat à arrêter et renvoyer des citoyens mexicains ou étrangers au Mexique », selon un communiqué de son ministère des affaires étrangères. M. Trump, en campagne pour reprendre la Maison Blanche, et M. Abbott accusent le président américain, Joe Biden, de fermer les yeux sur l’immigration illégale à la frontière sud, principalement composée de ressortissants de pays d’Amérique latine qui disent fuir la pauvreté et la violence.
    Le Monde avec AFP

    #Covid-19#migrant#migration#etatsunis#mexique#frontiere#immigrationillegale#ameriquelatine#pauvrete#violence#sante

  • Faire le premier pas
    http://carfree.fr/index.php/2023/12/15/faire-le-premier-pas

    Dans le premier article (Carbusters #38), nous avons examiné les principes de base de la conversion #sans_voiture tels qu’ils ont été établis dans le Protocole de Lyon. Nous avons Lire la suite...

    #Quartiers_sans_voitures #Transports_publics #Vie_sans_voiture #Ville_sans_voitures #aménagement #carfree #reconversion #Suisse #transports_en_commun #urbanisme #ville

  • Rendre les villes d’aujourd’hui #sans_voiture
    http://carfree.fr/index.php/2023/12/07/rendre-les-villes-daujourdhui-sans-voiture

    Il est urgent de construire et de promouvoir de nouveaux modèles d’urbanisme moins dépendants de la voiture, qui permettent de choisir librement son mode de transport. Il faut donc réfléchir Lire la suite...

    #Fin_de_l'automobile #Quartiers_sans_voitures #Vie_sans_voiture #Ville_sans_voitures #aménagement #carfree #lyon #reconversion #urbanisme #ville

  • Une #Amérique_latine aux côtés de Gaza, par Meriem Laribi (Le Monde diplomatique, décembre 2023)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2023/12/LARIBI/66355

    Quand le ministre de la défense israélien Yoav Galant annonce le siège de Gaza en expliquant, le 9 octobre, lutter « contre des animaux humains et [agir] en conséquence », M. Petro rétorque : « C’est ce que disaient les nazis à propos des Juifs. Les peuples démocratiques ne peuvent permettre au nazisme de se rétablir sur la scène politique internationale. Les Israéliens et les Palestiniens sont des êtres humains soumis au droit international. Ce discours de haine, s’il continue, ne fera qu’entraîner un holocauste. » L’ambassadeur israélien à Bogotá, M. Gali Dagan, propose alors à M. Petro d’aller visiter le camp de concentration d’Auschwitz avec lui. « J’y suis déjà allé (…) et maintenant j’en observe le calque à Gaza », répond le président latino-américain, toujours sur Twitter. « S’il faut suspendre nos relations avec Israël, alors nous les suspendons. Le président colombien ne se fait pas insulter », prévient-il en réponse à une convocation comminatoire de l’ambassadrice de Colombie par la chancellerie israélienne qui qualifie le chef d’État colombien d’« hostile » et d’« antisémite » (X, 15 octobre). Le 10 novembre, devant l’intensité et l’ampleur du massacre, et après le bombardement de plusieurs hôpitaux gazaouis, M. Petro annonce que les équipes juridiques de son gouvernement préparent des poursuites contre Israël devant tous les tribunaux internationaux. Le 13, il annonce sur X que la Colombie présentera des propositions aux Nations unies pour que la Palestine, qui ne jouit que d’un statut d’observateur non-membre dans cette enceine, « soit acceptée comme État de plein droit ».

  • Un rapport conforte l’aide médicale d’Etat, tout en préconisant son resserrement
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/05/un-rapport-conforte-l-aide-medicale-d-etat-tout-en-preconisant-son-resserrem

    Un rapport conforte l’aide médicale d’Etat, tout en préconisant son resserrement
    Les conclusions rendues par Claude Evin et Patrick Stefanini, à qui le gouvernement avait confié une mission d’évaluation sur l’AME, ne soutiennent pas la suppression de ce dispositif mais esquissent des pistes de réforme.
    Par Julia Pascual
    L’aide médicale d’Etat (AME) a-t-elle un « effet d’attractivité » ? Faut-il modifier les soins pris en charge par cette couverture maladie qui bénéficiait, mi-2023, à près de 440 000 étrangers sans papiers ? Une réforme comporte-t-elle des risques pour la santé publique ou les finances des hôpitaux ?C’est à ces questions que devait répondre la mission d’évaluation confiée par le gouvernement à l’ancien ministre de la santé, socialiste, Claude Evin et à l’ancien préfet, et homme de droite, Patrick Stefanini. Des travaux publiés lundi 4 décembre, alors que le Sénat a voté, en novembre, un amendement de suppression de l’AME lors de l’examen du projet de loi « immigration ». La droite et le centre ambitionnaient ainsi de lutter contre les dépenses liées à ce dispositif, qui s’établissent autour de 1 milliard d’euros.
    A quelques jours de l’arrivée du texte en séance publique, le 11 décembre, à l’Assemblée nationale, le rapport Evin-Stefanini offre une porte de sortie au gouvernement, divisé sur la nécessité de s’attaquer à l’AME. D’un côté, pour faire voter sa loi, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, veut trouver un terrain d’entente avec la droite aux yeux de laquelle l’AME est le symbole du laisser-faire migratoire ; d’autre part, la première ministre, Elisabeth Borne, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, ou encore le ministre de la santé, Aurélien Rousseau, ont manifesté leur attachement à l’AME, se faisant l’écho d’une opinion très majoritaire au sein du monde médical.
    Au prix de quelques paradoxes, les propositions formulées par les rapporteurs oscillent entre ces deux lignes. Elles « pourront faire l’objet d’une évolution réglementaire ou législative », ont déclaré, lundi, M. Darmanin et M. Rousseau dans un communiqué commun, estimant en revanche qu’elles ne pourraient pas être intégrées dans la loi « immigration », au risque de se voir retoquer par le Conseil constitutionnel car considérées comme des « cavaliers législatifs », c’est-à-dire qui n’ont pas de lien avec le texte. La commission des lois de l’Assemblée nationale a d’ores et déjà supprimé l’amendement sénatorial enterrant l’AME.
    Appelés à éclairer les débats, M. Stefanini et M. Evin affirment que « l’utilité sanitaire [de l’AME] est confirmée ». Ils estiment que le projet du Sénat de remplacer l’AME par une aide médicale d’urgence comporte un « risque important de renoncement aux soins », qui « aurait pour triple impact une dégradation de l’état de la santé des personnes concernées, des conséquences possibles sur la santé publique et une pression accentuée sur les établissements de santé ». Sans AME, les étrangers ne pourraient plus recourir à la médecine de ville, solliciteraient davantage les hôpitaux, dans des états plus dégradés, et donc de façon plus coûteuse pour le système de soins.
    Au contraire, conscients qu’une part non négligeable des gens qui pourraient bénéficier de l’AME n’y ont pas recours (51 %, selon une étude de 2019), les auteurs recommandent « le renforcement des actions de communication en faveur du droit là l’AME » pour éviter le « recours au système de santé en situation dégradée ». Ils encouragent aussi à informatiser la carte AME, à l’image de la carte Vitale, pour lutter contre les refus de soins de soignants rebutés par les lourdeurs de la gestion administrative. Ils préconisent, en outre, de porter d’un à deux ans la durée de validité de l’AME, ou encore d’étendre à ses bénéficiaires l’obligation de déclaration du médecin traitant.
    Contrairement à une idée rebattue à droite, les rapporteurs ne trouvent pas que l’AME attire des flux migratoires, mais observent le parcours « chaotique » des migrants et leurs nombreuses « ruptures de droits et de prises en charge ». Ainsi, écrivent-ils, « plus de 100 000 bénéficiaires actuels de l’AME ont connu une discontinuité de droits », c’est-à-dire qu’ils n’ont pas eu de couverture santé pendant un temps, après avoir bénéficié d’une protection maladie lorsqu’ils étaient en situation régulière (détenteurs d’un titre de séjour ou demandeurs d’asile) ou parce qu’ils n’ont pas pu renouveler leur AME, « ce qui est de nature à relativiser l’effet aimant de l’AME ».Ils tirent de ce constat la proposition de basculer les demandeurs d’asile sous le bénéfice de l’AME pour unifier le système. « Ce serait un nivellement par le bas », regrette Sophie Du Jeu, membre du Collectif des professionnels hospitaliers de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).Loin de l’idée, encore agitée à droite, d’un dispositif exposé à la fraude, les rapporteurs rappellent que rien n’étaye l’idée d’« abus », et qu’avec 14 % des dossiers contrôlés, l’AME est « la prestation gérée par l’Assurance-maladie dont le taux de contrôle est le plus élevé », alors qu’elle ne constitue que 0,5 % des dépenses globales. Les anomalies détectées (3 %) sont comparables à celles concernant les autres assurés sociaux.
    « Le rapport insiste sur le caractère utile du dispositif », relève Christian Reboul de Médecins du monde, qui regrette cependant que certaines propositions visent à « complexifier l’AME et à ériger de nouvelles barrières dans son accès ». « Des progrès en matière de maîtrise des risques et des fraudes peuvent encore être réalisés », considèrent en effet M. Stefanini et M. Evin, face à « l’augmentation récente du nombre de ses bénéficiaires ».
    Ils encouragent notamment un renforcement des contrôles et le resserrement des critères d’éligibilité. Aujourd’hui, pour bénéficier de l’AME, il faut résider en France depuis plus de trois mois, ne pas gagner plus de 809,90 euros par mois et fournir une pièce d’identité. La mission propose d’inclure dans les ressources déclarées celles du conjoint ou d’exclure des ayants droit les enfants âgés de 18 à 20 ans. Elle propose aussi d’obliger le demandeur à se présenter physiquement à la Caisse primaire d’assurance-maladie pour tout renouvellement de dossier et de mieux former les agents à la détection de faux papiers.
    M. Stefanini et M. Evin recommandent enfin d’élargir les prestations soumises à un accord préalable de l’Assurance-maladie et suggèrent qu’un étranger visé par une mesure d’éloignement pour menace à l’ordre public – soit quelque 15 000 personnes en 2022 – perde le bénéfice de l’AME. « Nous soignants, nous ne sommes pas là pour faire de la politique », met en garde Sophie Du Jeu.

    #Covid-19#migrant#migration#france#AME#immigration#migrationreguliere#politiquemigratoire#droit#sante

  • #José_Vieira : « La #mémoire des résistances face à l’accaparement des terres a été peu transmise »

    Dans « #Territórios_ocupados », José Vieira revient sur l’#expropriation en #1941 des paysans portugais de leurs #terres_communales pour y planter des #forêts. Cet épisode explique les #mégafeux qui ravagent le pays et résonne avec les #luttes pour la défense des #biens_communs.

    Né au Portugal en 1957 et arrivé enfant en France à l’âge de 7 ans, José Vieira réalise depuis plus de trente ans des documentaires qui racontent une histoire populaire de l’immigration portugaise.

    Bien loin du mythe des Portugais·es qui se seraient « intégré·es » sans le moindre problème en France a contrario d’autres populations, José Vieira s’est attaché à démontrer comment l’#immigration_portugaise a été un #exode violent – voir notamment La Photo déchirée (2001) ou Souvenirs d’un futur radieux (2014) –, synonyme d’un impossible retour.

    Dans son nouveau documentaire, Territórios ocupados, diffusé sur Mediapart, José Vieira a posé sa caméra dans les #montagnes du #Caramulo, au centre du #Portugal, afin de déterrer une histoire oubliée de la #mémoire_collective rurale du pays. Celle de l’expropriation en 1941, par l’État salazariste, de milliers de paysans et de paysannes de leurs terres communales – #baldios en portugais.

    Cette #violence étatique a été opérée au nom d’un vaste #projet_industriel : planter des forêts pour développer économiquement ces #territoires_ruraux et, par le même geste, « civiliser » les villageois et villageoises des #montagnes, encore rétifs au #salariat et à l’ordre social réactionnaire de #Salazar. Un épisode qui résonne aujourd’hui avec les politiques libérales des États qui aident les intérêts privés à accaparer les biens communs.

    Mediapart : Comment avez-vous découvert cette histoire oubliée de l’expropriation des terres communales ou « baldios » au Portugal ?

    José Vieira : Complètement par hasard. J’étais en train de filmer Le pain que le diable a pétri (2012, Zeugma Films) sur les habitants des montagnes au Portugal qui sont partis après-guerre travailler dans les usines à Lisbonne.

    Je demandais à un vieux qui est resté au village, António, quelle était la définition d’un baldio – on voit cet extrait dans le documentaire, où il parle d’un lieu où tout le monde peut aller pour récolter du bois, faire pâturer ses bêtes, etc. Puis il me sort soudain : « Sauf que l’État a occupé tous les baldios, c’était juste avant que je parte au service militaire. »

    J’étais estomaqué, je voulais en savoir plus mais impossible, car dans la foulée, il m’a envoyé baladé en râlant : « De toute façon, je ne te supporte pas aujourd’hui. »

    Qu’avez-vous fait alors ?

    J’ai commencé à fouiller sur Internet et j’ai eu la chance de tomber sur une étude parue dans la revue de sociologie portugaise Análise Social, qui raconte comment dans les années 1940 l’État salazariste avait pour projet initial de boiser 500 000 hectares de biens communaux en expropriant les usagers de ces terres.

    Je devais ensuite trouver des éléments d’histoire locale, dans la Serra do Caramulo, dont je suis originaire. J’ai passé un temps fou le nez dans les archives du journal local, qui était bien sûr à l’époque entièrement dévoué au régime.

    Après la publication de l’avis à la population que les baldios seront expropriés au profit de la plantation de forêts, plus aucune mention des communaux n’apparaît dans la presse. Mais rapidement, des correspondants locaux et des éditorialistes vont s’apercevoir qu’il existe dans ce territoire un malaise, qu’Untel abandonne sa ferme faute de pâturage ou que d’autres partent en ville. En somme, que sans les baldios, les gens ne s’en sortent plus.

    Comment sont perçus les communaux par les tenants du salazarisme ?

    Les ingénieurs forestiers décrivent les paysans de ces territoires comme des « primitifs » qu’il faut « civiliser ». Ils se voient comme des missionnaires du progrès et dénoncent l’oisiveté de ces montagnards peu enclins au salariat.

    À Lisbonne, j’ai trouvé aussi une archive qui parle des baldios comme étant une source de perversion, de mœurs légères qui conduisent à des enfants illégitimes dans des coins où « les familles vivent presque sans travailler ». Un crime dans un régime où le travail est élevé au rang de valeur suprême.

    On retrouve tous ces différents motifs dans le fameux Portrait du colonisé d’Albert Memmi (1957). Car il y a de la part du régime un vrai discours de colonisateur vis-à-vis de ces régions montagneuses où l’État et la religion ont encore peu de prise sur les habitants.

    En somme, l’État salazariste veut faire entrer ces Portugais reculés dans la modernité.

    Il y a eu des résistances face à ces expropriations ?

    Les villageois vont être embauchés pour boiser les baldios. Sauf qu’après avoir semé les pins, il faut attendre vingt ans pour que la forêt pousse.

    Il y a eu alors quelques histoires d’arrachage clandestin d’arbres. Et je raconte dans le film comment une incartade avec un garde forestier a failli virer au drame à cause d’une balle perdue – je rappelle qu’on est alors sous la chape de plomb du salazarisme. D’autres habitants ont aussi tabassé deux gardes forestiers à la sortie d’un bar et leur ont piqué leurs flingues.

    Mais la mémoire de ces résistances a peu été transmise. Aujourd’hui, avec l’émigration, il ne reste plus rien de cette mémoire collective, la plupart des vieux et vieilles que j’ai filmés dans ce documentaire sont déjà morts.

    Comment justement avez-vous travaillé pour ce documentaire ?

    Quand António me raconte cette histoire d’expropriation des baldios par l’État, c’était en 2010 et je tournais un documentaire, Souvenirs d’un futur radieux. Puis lorsqu’en 2014 un premier incendie a calciné le paysage forestier, je me suis dit qu’il fallait que je m’y mette.

    J’ai travaillé doucement, pendant trois ans, sans savoir où j’allais réellement. J’ai filmé un village situé à 15 kilomètres de là où je suis né. J’ai fait le choix d’y suivre des gens qui subsistent encore en pratiquant une agriculture traditionnelle, avec des outils de travail séculaires, comme la roue celte. Ils ont les mêmes pratiques que dans les années 1940, et qui sont respectueuses de l’écosystème, de la ressource en eau, de la terre.

    Vous vous êtes aussi attaché à retracer tel un historien cet épisode de boisement à marche forcée...

    Cette utopie industrialiste date du XIXe siècle, des ingénieurs forestiers parlant déjà de vouloir récupérer ces « terres de personne ». Puis sous Salazar, dans les années 1930, il y a eu un débat intense au sein du régime entre agrairistes et industrialistes. Pour les premiers, boiser ne va pas être rentable et les baldios sont vitaux aux paysans. Pour les seconds, le pays a besoin de l’industrie du bois pour décoller économiquement, et il manque de bras dans les villes pour travailler dans les usines.

    Le pouvoir central a alors même créé un organisme étatique, la Junte de colonisation interne, qui va recenser les baldios et proposer d’installer des personnes en leur donnant à cultiver des terres communales – des colonies de repeuplement pour résumer.

    Finalement, l’industrie du bois et de la cellulose l’a emporté. La loi de boisement des baldios est votée en 1938 et c’est en novembre 1941 que ça va commencer à se mettre en place sur le terrain.

    Une enquête publique a été réalisée, où tout le monde localement s’est prononcé contre. Et comme pour les enquêtes aujourd’hui en France, ils se sont arrangés pour dire que les habitants étaient d’accord.

    Qu’en est-il aujourd’hui de ces forêts ? Subsiste-t-il encore des « baldios » ?

    Les pinèdes sont exploitées par des boîtes privées qui font travailler des prolos qui galèrent en bossant dur. Mais beaucoup de ces forêts ont brûlé ces dernière décennies, notamment lors de la grande vague d’incendies au Portugal de 2017, où des gens du village où je filmais ont failli périr.

    Les feux ont dévoilé les paysages de pierre qu’on voyait auparavant sur les photos d’archives du territoire, avant que des pins de 30 mètres de haut ne bouchent le paysage.

    Quant aux baldios restants, ils sont loués à des entreprises de cellulose qui y plantent de l’eucalyptus. D’autres servent à faire des parcs d’éoliennes. Toutes les lois promues par les différents gouvernements à travers l’histoire du Portugal vont dans le même sens : privatiser les baldios alors que ces gens ont géré pendant des siècles ces espaces de façon collective et très intelligente.

    J’ai fait ce film avec en tête les forêts au Brésil gérées par les peuples autochtones depuis des siècles, TotalEnergies en Ouganda qui déplace 100 000 personnes de leurs terres pour du pétrole ou encore Sainte-Soline, où l’État aide les intérêts privés à accaparer un autre bien commun : l’eau.

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/021223/jose-vieira-la-memoire-des-resistances-face-l-accaparement-des-terres-ete-

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