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  • Emmanuel Macron, la sortie de crise est pourtant simple !
    https://www.latribune.fr/opinions/editos/emmanuel-macron-la-sortie-de-crise-est-pourtant-simple-799556.html

    En frappant aveuglément le pouvoir d’achat des plus pauvres sans leur apporter un accompagnement social suffisant alors qu’ils n’ont pas d’alternative à la voiture, Emmanuel Macron a transformé la colère populaire en rage. La solution est pourtant simple : pour faire rentrer chez eux les gilets jaunes, le chef de l’Etat doit suspendre la hausse des taxes sur les carburants et profiter du vaste débat qui parcourt le pays pour construire un nouveau pacte fiscal et social.

    Et pourtant, dès la fin août, Emmanuel Macron avait eu le bon réflexe : le président de la République avait eu comme un doute sur l’opportunité de la retenue à la source et forcé Bercy à relever la part des crédits d’impôts qui seront redistribués aux contribuables dès fin janvier. Le président de la République, déjà préoccupé par le pouvoir d’achat des « classes moyennes » avait eu la bonne intuition, mais il aurait dû porter son attention sur l’impact de la hausse des taxes sur les carburants sur les Français les plus modestes.

    Si l’on se remémore la séquence, c’est aussi le moment où Nicolas Hulot a quitté le gouvernement avec fracas. L’ancien ministre de l’écologie, la plus belle prise du macronisme, a expliqué son départ par son impuissance à faire plier la technocratie et les lobbys. Lors de son « Emission politique », Hulot avait été encore plus précis en expliquant qu’il avait tenté en vain de convaincre le ministère du budget d’accompagner socialement la hausse des taxes sur les carburants, beaucoup plus fortement que par la prime de conversion de 2000 euros lancé en début d’année.

    Trois mois plus tard, Emmanuel Macron est en train de se fracasser tout seul sur la « fracture sociale » dénoncée en 1995 par Jacques Chirac, et il met en jeu tout son quinquennat et la poursuite des réformes par un entêtement imbécile et incompréhensible qui met à feu et à sang tout le pays. En trois samedi de mobilisation des gilets jaunes, la France a connu une montée inédite de la violence dont la mise à sac de l’Arc de Triomphe à Paris le 1er décembre a constitué l’acmé, donnant de la startup nation l’image d’un pays en guerre civile. Beau résultat qui efface 18 mois d’efforts pour redresser l’image de la France à l’étranger.

    Avec 8 Français sur 10 qui soutiennent le mouvement des « gilets jaunes », le pouvoir a tort de jouer la carte du pourrissement en se raccrochant à la baisse de leur mobilisation, alors que, malgré les violences, une majorité de gens font en quelque sorte une « grève par procuration ». On ne peut pas gouverner contre le peuple. Quand on est face à une situation comme celle-là, jouer la carte de l’ordre et parler d’état d’urgence n’est pas une solution. Certes, il faut appliquer la plus grande fermeté à l’égard des casseurs et protéger le pays contre ceux, minoritaires, qui en profitent pour semer le chaos. Mais ce n’est pas en appelant l’armée au secours du maintien de l’ordre que les gens vont se calmer. Au contraire, tout indique que sur le terrain, le mouvement se radicalise de plus en plus et que l’on va entrer dans un durcissement des blocages. Au risque de déclencher vraiment une "guerre civile" comme le montre la naissance inquiétante du mouvement des " foulards rouges ".