Dans les Alpes, l’« effondrement » devient terriblement concret
1er septembre 2017 / Des acteurs, élus, praticiens, chercheurs de la montagne et du climat
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L’éboulement mortel qui a ravagé un village des Alpes suisses le 23 août a été provoqué par le réchauffement climatique, selon les scientifiques. Les signataires de cette tribune entendent tirer à nouveau l’alarme, ce drame venant « confirmer l’urgence du combat pour le climat et de [leur] plaidoyer pour préserver la montagne ».
Ça s’est passé dans les Alpes, c’était le 23 août. Et c’est le climat.
Comme beaucoup de régions du monde, la Suisse a connu des records de température ces dernières années : la température moyenne y a augmenté de 2 °C depuis le début des mesures en 1864 ; en juillet 2015, il a fait 39,7 °C à Genève, ou encore 37,8 °C à Sion. La multiplication de ces épisodes caniculaires a des répercussions dramatiques. Ainsi, le 23 août dernier, au Piz Cengalo, un éboulement mortel a ravagé le village de Bondo dans les Alpes, entre la Suisse et l’Italie.
Le lien entre la hausse des températures et cet éboulement est établi, selon le géomorphologue Ludovic Ravanel, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et au laboratoire Edytem de Chambéry : pour lui, ce glissement de terrain est « lié aux températures caniculaires des étés successifs qui ont dégradé le permafrost, le sol gelé en permanence qui cimente les montagnes. (…) Pour atteindre une telle profondeur de détachement, un épisode pluvieux ne peut suffire ». Dans une vidéo diffusée par Radio Télévision Suisse, le géologue Jean-Daniel Rouiller confirme que la fonte du permafrost rend la montagne plus vulnérable aux précipitations qui, dès lors, produisent des laves torrentielles, et prédit que « si ça continue comme ça, de nombreux sommets risquent de partir en miettes et de connaître le même processus ». Analyses partagées par l’OEFV (Office fédéral de l’environnement), sur le site duquel on peut lire, à l’occasion d’une conférence de presse tenue après la catastrophe, que « les effets du réchauffement climatique sont déjà perceptibles en Suisse : fonte des glaciers, recrudescence des périodes de sécheresse et de canicule, déstabilisation du permafrost ». Expert en glissements de terrain au sein de l’OFEV, Hugo Raetzo se montre alarmé et confirme : « La fracturation des roches n’est pas directement liée au climat, mais le réchauffement important que connaît la Suisse a une influence sur la stabilité du permafrost et donc sur la fonte du glacier. On peut dire que le réchauffement climatique a précipité l’écroulement de Bondo. »
Hélas ! La catastrophe est là
Dans les Alpes, en France, nous, acteurs, élus, praticiens, chercheurs, de la montagne et du climat souhaitons tirer une fois de plus la sonnette d’alarme à l’occasion de ce drame : 4 millions de m³ de montagne qui s’effondrent, c’est l’équivalent de mille maisons individuelles, d’un tremblement de terre de magnitude 3. Une énorme coulée de pierre, de boue et de bois qui a dévalé la montagne et ravagé une partie du village de Bondo, sur la frontière italienne. Les habitants, prévenus par le système d’alarme, ont pu évacuer, mais pas huit randonneurs en montagne dont on est sans nouvelles. (...)
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