• Un long et intéressant article de Robert F. Kennedy Jr - oui, oui, c’est bien le fils de Bob... - fait une rétrospective des opérations de changement de régime au Moyen-Orient en lien avec la question de la géopolitique de l’énergie, afin d’éclairer la guerre en Syrie. C’est aussi, bien sûr, un réquisitoire contre ces opérations.
    Certains faits évoqués sur l’actuel conflit syrien ont été déjà largement évoqués par plusieurs seen thissiens. Mais certains faits plus anciens sont cependant moins connus :
    http://www.politico.com/magazine/story/2016/02/rfk-jr-why-arabs-dont-trust-america-213601?o=0
    Why the Arabs Don’t Want Us in Syria
    They don’t hate ‘our freedoms.’ They hate that we’ve betrayed our ideals in their own countries—for oil. / R.F. Kennedy Jr ; 22.02.16

    A titre d’exemple cet extrait sur le choix dès l’époque Eisenhower de jouer le fondamentalisme islamique (aussi bien des Saudiens que des Frères musulmans) contre le nationalisme arabe, ou bien la question des routes de l’énergie dans le choix américain de renverser le chef d’Etat syrien Quwatli par un coup d’Etat militaire en 1949 :

    For Americans to really understand what’s going on, it’s important to review some details about this sordid but little-remembered history. During the 1950s, President Eisenhower and the Dulles brothers—CIA Director Allen Dulles and Secretary of State John Foster Dulles—rebuffed Soviet treaty proposals to leave the Middle East a neutral zone in the Cold War and let Arabs rule Arabia. Instead, they mounted a clandestine war against Arab nationalism—which Allen Dulles equated with communism—particularly when Arab self-rule threatened oil concessions. They pumped secret American military aid to tyrants in Saudi Arabia, Jordan, Iraq and Lebanon favoring puppets with conservative Jihadist ideologies thath they regarded as a reliable antidote to Soviet Marxism. At a White House meeting between the CIA’s director of plans, Frank Wisner, and John Foster Dulles, in September 1957, Eisenhower advised the agency, “We should do everything possible to stress the ‘holy war’ aspect,” according to a memo recorded by his staff secretary, Gen. Andrew J. Goodpaster.
    The CIA began its active meddling in Syria in 1949—barely a year after the agency’s creation. Syrian patriots had declared war on the Nazis, expelled their Vichy French colonial rulers and crafted a fragile secularist democracy based on the American model. But in March 1949, Syria’s democratically elected president, Shukri-al-Quwatli, hesitated to approve the Trans-Arabian Pipeline, an American project intended to connect the oil fields of Saudi Arabia to the ports of Lebanon via Syria. In his book, Legacy of Ashes, CIA historian Tim Weiner recounts that in retaliation for Al-Quwatli’s lack of enthusiasm for the U.S. pipeline, the CIA engineered a coup replacing al-Quwatli with the CIA’s handpicked dictator, a convicted swindler named Husni al-Za’im. Al-Za’im barely had time to dissolve parliament and approve the American pipeline before his countrymen deposed him, four and a half months into his regime.

    #gaz #pipelineistan #échapper_à_Ormuz #Syrie #regime_change

  • La guerre saoudienne pour l’oléoduc yéménite renforce #al-Qaïda et l’#État_islamique
    http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/la-guerre-saoudienne-pour-l-ol-oduc-y-m-nite-renforce-al-qa-da-et-l-t

    .... le gouvernorat d’Hadramaout, dans l’est du #Yémen, est resté curieusement immunisé contre les bombardements saoudiens. Cette province, la plus grande du Yémen, renferme la majeure partie des ressources pétrolières et gazières restantes du Yémen.

    « L’intérêt principal du royaume dans le gouvernorat est la construction éventuelle d’un #oléoduc. Ce #pipeline est depuis longtemps un rêve du gouvernement saoudien », observe Michael Horton, spécialiste du Yémen à la fondation Jamestown. « Un pipeline traversant le gouvernorat de l’Hadramaout donnerait à l’Arabie saoudite et ses alliés des pays du Golfe un accès direct au golfe d’Aden et à l’océan Indien ; cela leur permettrait de contourner le détroit d’Ormuz, un goulot d’étranglement stratégique susceptible d’être bloqué au moins temporairement par l’Iran dans un futur conflit. La perspective d’obtenir un tracé pour un futur pipeline traversant le gouvernorat de l’Hadramaout figure probablement dans la stratégie à long terme plus vaste de l’Arabie saoudite au Yémen. »

    [...]

    Parmi les principaux bénéficiaires de la stratégie saoudienne au Yémen figure al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), le même groupe qui a revendiqué le massacre de Charlie Hebdo à Paris.

    « Le gouvernorat de l’Hadramaout est une des rares zones où la coalition dirigée par l’Arabie saoudite n’a effectué aucune frappe aérienne, avait noté Buringa. Le port et l’aéroport international d’al-Mukalla sont dans un état optimal et sous le contrôle d’al-Qaïda. En outre, l’Arabie saoudite livre des armes à al-Qaïda, [qui] étend sa sphère d’influence. »

    L’alliance saoudienne avec les terroristes affiliés à al-Qaïda au Yémen a été mise en lumière en juin dernier, lorsque le gouvernement « transitoire » d’Abd Rabbo Mansour Hadi soutenu par l’Arabie saoudite a dépêché un délégué officiel à Genève pour les pourparlers des Nations unies.

    Il s’est avéré que ce représentant n’était nul autre qu’Abdel Wahab al-Humayqani, identifié en tant que « terroriste mondial expressément désigné » (« Specially Designated Global Terrorist » – SDGT) en 2013 par le département du Trésor des États-Unis pour des activités de recrutement et de financement pour le compte d’AQPA. Humayqani aurait également été à l’origine d’un attentat à la voiture piégée perpétré par al-Qaïda qui a tué sept personnes dans une base de la Garde républicaine yéménite en 2012.

    • Excellent texte de Nafeez Ahmed. #échapper_à_Ormuz / #pipelineistan

      Sur le site de la BBC, sans qu’on discute de la question des routes de l’énergie, on rapporte quand même ce fait édifiant. Une documentariste, Safa al-Ahmad, présente dans la ville yémente de Taiz, a filmé des milices pro-gouvernementales soutenues et conseillées par des soldats émiratis, qui mènent la guerre contre les Houtis. Et puis surprise, un groupe lui demande de ne pas les filmer et la documentariste découvre alors qu’il s’agit de combattants d’Ansar al-Charia, groupe appartenant à al-Qaïda dans la péninsule arabique :
      http://www.bbc.com/news/world-middle-east-35630194

      During a visit to the frontline outside Taiz late last year, documentary maker Safa AlAhmad spoke to pro-government militiamen attacking Houthi fighters on a key hilltop with the support of troops from the United Arab Emirates (UAE), who were providing tactical advice.
      While there, Ms AlAhmad was warned by one group participating in the battle not to film them.
      She was told they were members of Ansar al-Sharia, an affiliate of al-Qaeda in the Arabian Peninsula (AQAP), and that they were angered by the presence of a woman.