The reports of people crossing the border between #Bulgaria and #Turkey are going on. Last night @btvnovinite published Footage of a group of migrants jumping over the border fence by using simple ladders:
▻https://btvnovinite.bg/bulgaria/ekskluzivni-kadri-po-btv-migranti-preskachat-sas-stalba-ogradata-na-gran
▻https://twitter.com/fiedler_mathias/status/1580256578954924032
#murs #walls_don't_work #frontières #échelle #barrières_frontalières #Bulgarie #vidéo #Turquie
« Mérite » : avec un seul mot, la #bourgeoisie se sent bien dans ses pompes
Mérite, n.m : notion permettant de justifier les #inégalités, en considérant que la #réussite n’est que le produit d’#efforts_individuels et que ceux qui ont les meilleures #positions_sociales ne le doivent pas à la #chance de leur #naissance mais à un #travail acharné. Terme dont l’usage vise à gommer tout sentiment d’#injustice que pourraient ressentir ce qui sont tout en bas de l’#échelle_sociale en leur faisant croire que ce n’est que de leur faute.
- Le terme est essentiel pour les bourgeois car il leur permet de se rassurer quand ils se paient des vacances au bout du monde ou une grosse cylindrée : « J’ai eu un boulot de fou, je suis harassé, j’ai bien mérité de m’offrir des vacances au soleil avec ma prime de fin d’année. » ou « J’ai bien mérité de me faire plaisir au volant de ce petit bolide, vu le nombre d’emplois que j’ai créés avec ma boîte ».
- Il leur permet aussi de ne pas s’apitoyer trop longtemps sur le sort des manants. « Elle, c’est vrai, elle vient de l’assistance publique et n’a pas fait d’études mais elle ne fait aucun effort pour s’en sortir, alors qu’elle pourrait trouver très facilement du travail en traversant la rue. »
La notion de mérite permet de classer les individus en deux catégories : les #méritants (ceux qui ont réussi) et les #non-méritants (ceux qui sont au service de ceux qui ont réussi)
La notion de mérite est très présente dans le système scolaire, avec un coup de force incroyable qui consiste à balayer d’une seule phrase tous les déterminismes sociaux de la réussite : « Quand on veut, on peut ! »… Et donc si on n’a pas pu, c’est qu’on a pas voulu.
La notion de mérite a un pouvoir magique :
Celui de faire croire à ceux qui n’ont pas eu la chance de pouvoir poursuivre des études que c’est bien normal que ceux qui ont fait un bac +5 aux frais de la Princesse aient le droit en plus de gagner beaucoup d’argent sans se casser le dos sur une chaîne de montage. Faire des études n’est pas présenté comme un privilège, financé en grande partie par les deniers publics, mais comme un sacrifice. Le tour de force est de faire croire que les efforts sont du côté de ceux qui à 20 ans se couchaient à 5 heures du matin après des soirées étudiantes bien arrosées et pas de ceux qui au même âge se levaient à 5 heures pour aller prendre leur poste à l’usine.
En réalité, même si certains enfants des milieux populaires réussissent bien à l’école et qu’il a bien dû arriver, un jour, qu’un enfant de bourgeois rate ses études au point de devoir faire les trois-huit dans une usine, la réussite scolaire s’explique bien davantage par l’origine sociale que par les efforts individuels. La plupart des riches ne l’ont pas spécialement mérité, ils ont seulement bénéficié de meilleures conditions de départ, dans un monde où les chances ne sont pas du tout égales.
▻https://www.frustrationmagazine.fr/merite-avec-un-seul-mot-la-bourgeoisie-se-sent-bien-dans-ses-pom
]]>How to choose an interpolation for your color scale - Datawrapper Blog
▻https://blog.datawrapper.de/interpolation-for-color-scales-and-maps
Which interpolation you choose for your color scale has a massive impact on how the data is perceived, how well your statement is communicated, and how intuitively the reader understands the data.
“Interpolation? What’s that?” you might ask. It’s a method to assign each of your data values to a certain color. In Datawrapper, you can choose an interpolation for both stepped (classed) and continuous (unclassed) color scales. (If you’re not sure which type of scale to use, visit our article When to use classed and when to use unclassed color scales.)
In this article, we focus on the effect of interpolations on choropleth maps like the one above — but you can also use classed and unclassed color scales for symbol maps, heat maps, and wherever else you’re trying to map data to a color gradient.
#discrétisation #palette_de_couleurs #échelle_de_couleurs
revue d’ensemble avec visualisation des résultats de chaque choix
note : tout logiciel de #cartographie digne de ce nom contient un module permettant d’opérer ce paramétrage.
Exemple ci-dessous : Magrit
#Camille_de_Toledo en conversation avec #Camille_Louis
Une conversation présentée dans le cadre du cycle « Enquêter, enquêter, mais pour élucider quel crime ?« , une résidence de l’écrivain Camille de Toledo.
De janvier 2020 à juin 2021, l’École urbaine de Lyon, la Fête du livre de Bron et European Lab ont accompagné Camille de Toledo le temps d’une résidence de création artistique. Camille de Toledo a conçu « la chambre d’enquête », passionnante plongée dans l’esprit de l’auteur de Thésée, sa vie nouvelle (Éditions Verdier), éclairant déploiement plastique de la généalogie d’une œuvre essentielle. Camille de Toledo a également animé un séminaire ouvert qui a interrogé, sous divers angles, ce registre de l’enquête. European Lab 2021 marque la dernière étape de cette résidence et la finalisation de la chambre d’enquête, qui sera présentée au public pendant les trois jours du forum.
Lors de cette étape de résidence à European Lab, #Camille_de_Toledo invite Camille Louis, philosophe, dramaturge, engagée sur plusieurs terrains de #recherche et d’action, notamment à #Calais et sur l’île grecque de #Lesbos. Ensemble, il et elle exploreront un nouvel âge de l’enquête en #philosophie, qui part des modes d’existences, des territoires en #lutte. La conversation portera sur les formes que peut prendre cette alliance entre discours et pratiques de #terrain, théories et scènes, collectes de matériau (#field_research) et élaboration conceptuelle.
▻https://www.youtube.com/watch?v=Apcny7KzRD8
#expérimentation #recherche-action #engagement #sciences_humaines #rencontre #fragilité #vertige #langue #migrations #sauveur #espace_public #infra-mince #inframince #échelle
#conjoncture_covid, lundi 24 janvier 2022 :
hospitalisations, à peu près en ligne
entrées en réanimation, en baisse
décès, en hausse
• observé vs extrapolé
• cvh
Ville : l’envers de la métropole — Mediapart
▻https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/140122/ville-l-envers-de-la-metropole
(vu que la moitié)
Grand Paris, capitales culturelles, rénovation urbaine, urbanisme olympique : la notion de « métropole » surgit partout quand on parle de ville. Lubie bureaucratique, outil démocratique ou mise en œuvre du capitalisme sécuritaire ? Décryptage et discussion avec trois observateurs et observatrices critiques : Stany Cambot, Cécile Gintrac, et Rémi Eliçabe.
Stany Combot, architecte et membre du groupe Échelle inconnue, qui vient de publier une revue en ligne : « Glauque est une couleur. Observatoire critique de la métropolisation ».
Cécile Gintrac, enseignante en géographie et membre du Comité Vigilance JO, codirectrice (avec Matthieu Giroud) de Villes contestées. Pour une géographie critique de l’urbain (publié en 2014 par Les Prairies ordinaires, repris désormais par les éditions Amsterdam).
Rémi Eliçabe, sociologue, membre du Groupe Recherche ACtion, et coauteur de Quartiers vivants (avec Amandine Guilbert et Yannis Lemery), éditions D’une certaine gaieté, 2020. Il a également participé au numéro de la revue Métropoles consacré au thème « Contester la métropole ».
]]>Les migrants sont-ils acteurs de leur trajectoire ?
L’exil est souvent perçu comme un temps arrêté dans le cours de la vie car ceux qui migrent doivent faire face à de nombreux #obstacles et à de longues situations d’#attente. En s’appuyant sur le cas des migrants afghans, #Alessandro_Monsutti, grand spécialiste de l’Afghanistan et des pays limitrophes, nous explique que partir de chez soi pour rejoindre un autre pays implique d’être pleinement (et souvent durement) acteur de sa propre trajectoire.
▻https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=4xWCrcpE7ik&feature=emb_logo
▻https://www.icmigrations.cnrs.fr/2021/11/29/defacto-029-02
#autonomie #migrations #asile #réfugiés #autonomie_des_migrations #Afghanistan #réfugiés_afghans #approche_transnationale #appartenances_multiples #itinéraires_migratoires #complexité #stratégie #circulations #échelles #agentivité #capacité_d'action #famille #agency #structuralisme #structure #aspirations #immobilisation
La difficile mesure des villes
▻https://metropolitiques.eu/La-difficile-mesure-des-villes.html
Existe-t-il une juste échelle des villes ? Et comment la mesurer ? Parcourant 6 000 ans d’histoire et les grandes théories de l’urbanisme, le philosophe Thierry Paquot interroge l’avenir des métropoles et en appelle à leur nécessaire décroissance. Le titre choisi par Thierry Paquot correspond exactement à son contenu. En trois grands chapitres, il passe de l’histoire empirique de la taille des villes, à l’historiographie, notamment celle des utopies, pour aboutir à une proposition de ville-région qui #Commentaires
/ #échelles, #urbanisme, #histoire, #histoire_urbaine
]]>Où sont les bombes atomiques ? - Philippe Rivière - Visionscarto
►https://visionscarto.net/ou-sont-les-bombes-atomiques
Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) entre en vigueur le 22 janvier 2021. Désormais, la mise au point, l’essai, la production, le stockage, le transfert, l’utilisation et la menace de l’utilisation des bombes atomiques — stratégie dite de la dissuasion nucléaire — sont interdites, en raison des conséquences humanitaires catastrophiques qu’entraînerait leur emploi.
Pour la carte il est recommandé de la regarder en « grand format » sur le site
Santé Publique France, 25/11/2020
• décès covid à l’hôpital : 381
• hospitalisations covid : 29 944 (-650)
le reflux des hospitalisations continue doucement
les décès baisse plus doucement encore ; on n’a pas encore inversé la tendance…
Ouvertures | Frédéric Lordon
►https://blog.mondediplo.net/ouvertures
... Or voilà : le capitalisme n’est pas « sport ». Que sa proposition soit merdique pour la majorité de la population, le cas échéant pour la planète ou l’univers entier, il s’en contre-tape : c’est la sienne, et ça lui semble une raison tout à fait suffisante pour la maintenir. Envers et contre tout s’il le faut. En conséquence, il regroupera ses forces pour écrabouiller tout ce qui montrera quelque chance de s’y opposer — et qui ne serait pas prêt à se défendre avec les moyens adéquats. Inutile de dire que toute proposition communiste, quelle que soit sa variante, fera l’objet de la plus grande attention, et d’un traitement spécial, quand bien même elle rallierait une vaste majorité électorale.
Voilà donc la seule hypothèse raisonnable dont il faut partir : le capitalisme ne cohabitera pas avec ce qui peut le nier victorieusement, ni ne contemplera passivement sa progressive sortie de la scène de l’histoire. Nous nous trouvons donc à devoir distinguer deux formes de la transition : la « petite » et la « grande ». La « petite » est une transition depuis le capitalisme, la « grande » hors et contre. La « petite » transition croit pouvoir commencer au-dedans, s’y installer comme un germe qui va croître par son dynamisme spontané, pour finir par emporter le morceau. C’est typiquement ce qu’envisage Bookchin quand il imagine d’abord des ilots municipalistes isolés, puis qui vont pousser des synapses et former une série d’archipels, lesquels par croissance continue finiront par percoler à l’échelle de l’ensemble — et ça sera gagné ! C’est, formellement parlant, la même dynamique que Bernard Friot a en tête, réglée dans son cas par l’unique paramètre du taux de cotisation sociale que, par victoires successives, on va graduellement pousser — et à 100 %, ce sera fait.
Là-contre, l’hypothèse raisonnable dit ceci : rien de tout ça n’arrivera. De transition, il n’y aura que la « grande », ou pas de transition du tout. Bien sûr il est de la prime importance de nous activer déjà de l’intérieur pour faire notre pelote : vertu préparatrice des vacuoles de possible qui, dès maintenant, se donnent vie localement. Mais en sachant qu’à un moment, c’est en passant par le dehors qu’il faudra renverser tout le dedans — à l’intérieur duquel, en fait, il y a trop peu de possible. Le grand possible, c’est le dehors : c’est ça l’idée en matière de transition...
]]>Covid-19, la #frontiérisation aboutie du #monde
Alors que le virus nous a rappelé la condition de commune humanité, les frontières interdisent plus que jamais de penser les conditions du cosmopolitisme, d’une société comme un long tissu vivant sans couture à même de faire face aux aléas, aux menaces à même d’hypothéquer le futur. La réponse frontalière n’a ouvert aucun horizon nouveau, sinon celui du repli. Par Adrien Delmas, historien et David Goeury, géographe.
La #chronologie ci-dessus représente cartographiquement la fermeture des frontières nationales entre le 20 janvier et le 30 avril 2020 consécutive de la pandémie de Covid-19, phénomène inédit dans sa célérité et son ampleur. Les données ont été extraites des déclarations gouvernementales concernant les restrictions aux voyages, les fermetures des frontières terrestres, maritimes et aériennes et des informations diffusées par les ambassades à travers le monde. En plus d’omissions ou d’imprécisions, certains biais peuvent apparaitre notamment le décalage entre les mesures de restriction et leur application.
▻https://www.youtube.com/watch?time_continue=64&v=mv-OFB4WfBg&feature=emb_logo
En quelques semaines, le nouveau coronavirus dont l’humanité est devenue le principal hôte, s’est propagé aux quatre coins de la planète à une vitesse sans précédent, attestant de la densité des relations et des circulations humaines. Rapidement deux stratégies politiques se sont imposées : fermer les frontières nationales et confiner les populations.
Par un processus de #mimétisme_politique global, les gouvernements ont basculé en quelques jours d’une position minimisant le risque à des politiques publiques de plus en plus drastiques de contrôle puis de suspension des mobilités. Le recours systématique à la fermeture d’une limite administrative interroge : n’y a-t-il pas, comme répété dans un premier temps, un décalage entre la nature même de l’#épidémie et des frontières qui sont des productions politiques ? Le suivi de la diffusion virale ne nécessite-t-il un emboîtement d’échelles (famille, proches, réseaux de sociabilité et professionnels…) en deçà du cadre national ?
Nous nous proposons ici de revenir sur le phénomène sans précédent d’activation et de généralisation de l’appareil frontalier mondial, en commençant par retrouver la chronologie précise des fermetures successives. Bien que resserrée sur quelques jours, des phases se dessinent, pour aboutir à la situation présente de fermeture complète.
Il serait vain de vouloir donner une lecture uniforme de ce phénomène soudain mais nous partirons du constat que le phénomène de « frontiérisation du monde », pour parler comme Achille Mbembe, était déjà à l’œuvre au moment de l’irruption épidémique, avant de nous interroger sur son accélération, son aboutissement et sa réversibilité.
L’argument sanitaire
Alors que la présence du virus était attestée, à partir de février 2020, dans les différentes parties du monde, la fermeture des frontières nationales s’est imposée selon un principe de cohérence sanitaire, le risque d’importation du virus par des voyageurs était avéré. Le transport aérien a permis au virus de faire des sauts territoriaux révélant un premier archipel économique liant le Hubei au reste du monde avant de se diffuser au gré de mobilités multiples.
Pour autant, les réponses des premiers pays touchés, en l’occurrence la Chine et la Corée du Sud, se sont organisées autour de l’élévation de barrières non-nationales : personnes infectées mises en quarantaine, foyers, ilots, ville, province etc. L’articulation raisonnée de multiples échelles, l’identification et le ciblage des clusters, ont permis de contrôler la propagation du virus et d’en réduire fortement la létalité. A toutes ces échelles d’intervention s’ajoute l’échelle mondiale où s‘est organisée la réponse médicale par la recherche collective des traitements et des vaccins.
Face à la multiplication des foyers de contamination, la plupart des gouvernements ont fait le choix d’un repli national. La fermeture des frontières est apparue comme une modalité de reprise de contrôle politique et le retour aux sources de l’État souverain. Bien que nul dirigeant ne peut nier avoir agi « en retard », puisque aucun pays n’est exempt de cas de Covid-19, beaucoup d’États se réjouissent d’avoir fermé « à temps », avant que la vague n’engendre une catastrophe.
L’orchestration d’une réponse commune concertée notamment dans le cadre de l’OMS est abandonnée au profit d’initiatives unilatérales. La fermeture des frontières a transformé la pandémie en autant d’épidémies nationales, devenant par là un exemple paradigmatique du nationalisme méthodologique, pour reprendre les termes d’analyse d’Ulrich Beck.
S’impose alors la logique résidentielle : les citoyens présents sur un territoire deviennent comptables de la diffusion de l’épidémie et du maintien des capacités de prise en charge par le système médical. La dialectique entre gouvernants et gouvernés s’articule alors autour des décomptes quotidiens, de chiffres immédiatement comparés, bien que pas toujours commensurables, à ceux des pays voisins.
La frontiérisation du monde consécutive de la pandémie de coronavirus ne peut se résumer à la seule somme des fermetures particulières, pays par pays. Bien au contraire, des logiques collectives se laissent entrevoir. A défaut de concertation, les gouvernants ont fait l’expérience du dilemme du prisonnier.
Face à une opinion publique inquiète, un chef de gouvernement prenait le risque d’être considéré comme laxiste ou irresponsable en maintenant ses frontières ouvertes alors que les autres fermaient les leurs. Ces phénomènes mimétiques entre États se sont démultipliés en quelques jours face à la pandémie : les États ont redécouvert leur maîtrise biopolitique via les mesures barrières, ils ont défendu leur rationalité en suivant les avis de conseils scientifiques et en discréditant les approches émotionnelles ou religieuses ; ils ont privilégié la suspension des droits à grand renfort de mesures d’exception. Le risque global a alors légitimé la réaffirmation d’une autorité nationale dans un unanimisme relatif.
Chronologie de la soudaineté
La séquence vécue depuis la fin du mois janvier de l’année 2020 s’est traduite par une série d’accélérations venant renforcer les principes de fermeture des frontières. Le développement de l’épidémie en Chine alarme assez rapidement la communauté internationale et tout particulièrement les pays limitrophes.
La Corée du Nord prend les devants dès le 21 janvier en fermant sa frontière avec la Chine et interdit tout voyage touristique sur son sol. Alors que la Chine développe une stratégie de confinement ciblé dès le 23 janvier, les autres pays frontaliers ferment leurs frontières terrestres ou n’ouvrent pas leurs frontières saisonnières d’altitude comme le Pakistan.
Parallèlement, les pays non frontaliers entament une politique de fermeture des routes aériennes qui constituent autant de points potentiels d’entrée du virus. Cette procédure prend des formes différentes qui relèvent d’un gradient de diplomatie. Certains se contentent de demander aux compagnies aériennes nationales de suspendre leurs vols, fermant leur frontière de facto (Algérie, Égypte, Maroc, Rwanda, France, Canada, entre autres), d’autres privilégient l’approche plus frontale comme les États-Unis qui, le 2 février, interdisent leur territoire au voyageurs ayant séjournés en Chine.
La propagation très rapide de l’épidémie en Iran amène à une deuxième tentative de mise en quarantaine d’un pays dès le 20 février. Le rôle de l’Iran dans les circulations terrestres de l’Afghanistan à la Turquie pousse les gouvernements frontaliers à fermer les points de passage. De même, le gouvernement irakien étroitement lié à Téhéran finit par fermer la frontière le 20 février. Puis les voyageurs ayant séjourné en Iran sont à leur tour progressivement considérés comme indésirables. Les gouvernements décident alors de politiques d’interdiction de séjour ciblées ou de mises en quarantaine forcées par la création de listes de territoires à risques.
Le développement de l’épidémie en Italie amène à un changement de paradigme dans la gestion de la crise sanitaire. L’épidémie est dès lors considérée comme effectivement mondiale mais surtout elle est désormais perçue comme incontrôlable tant les foyers de contamination potentiels sont nombreux.
La densité des relations intra-européennes et l’intensité des mobilités extra-européennes génèrent un sentiment d’anxiété face au risque de la submersion, le concept de « vague » est constamment mobilisé. Certains y ont lu une inversion de l’ordre migratoire planétaire. Les pays aux revenus faibles ou limités décident de fermer leurs frontières aux individus issus des pays aux plus hauts revenus.
Les derniers jours du mois de février voient des gouvernements comme le Liban créer des listes de nationalités indésirables, tandis que d’autres comme Fiji décident d’un seuil de cas identifiés de Covid-19. Les interdictions progressent avec le Qatar et l’Arabie Saoudite qui ferment leur territoire aux Européens dès le 9 mars avant de connaître une accélération le 10 mars.
Les frontières sont alors emportées dans le tourbillon des fermetures.
La Slovénie débute la suspension de la libre circulation au sein de l’espace Schengen en fermant sa frontière avec l’Italie. Elle est suivie par les pays d’Europe centrale (Tchéquie, Slovaquie). En Afrique et en Amérique, les relations avec l’Union européenne sont suspendues unilatéralement. Le Maroc ferme ses frontières avec l’Espagne dès le 12 mars. Ce même jour, les États-Unis annonce la restriction de l’accès à son territoire aux voyageurs issu de l’Union européenne. La décision américaine est rapidement élargie au monde entier, faisant apparaitre l’Union européenne au cœur des mobilités planétaires.
En quelques jours, la majorité des frontières nationales se ferment à l’ensemble du monde. Les liaisons aériennes sont suspendues, les frontières terrestres sont closes pour éviter les stratégies de contournements.
Les pays qui échappent à cette logique apparaissent comme très minoritaires à l’image du Mexique, du Nicaragua, du Laos, du Cambodge ou de la Corée du Sud. Parmi eux, certains sont finalement totalement dépendants de leurs voisins comme le Laos et le Cambodge prisonniers des politiques restrictives du Vietnam et de la Thaïlande.
Au-delà de ces gouvernements qui résistent à la pression, des réalités localisées renseignent sur l’impossible fermeture des frontières aux mobilités quotidiennes. Ainsi, malgré des discours de fermeté, exception faite de la Malaisie, des États ont maintenus la circulation des travailleurs transfrontaliers.
Au sein de l’espace Schengen, la Slovénie maintient ses relations avec l’Autriche, malgré sa fermeté vis-à-vis de l’Italie. Le 16 mars, la Suisse garantit l’accès à son territoire aux salariés du Nord de l’Italie et du Grand Est de la France, pourtant les plus régions touchées par la pandémie en Europe. Allemagne, Belgique, Norvège, Finlande, Espagne font de même.
De l’autre côté de l’Atlantique, malgré la multiplication des discours autoritaires, un accord est trouvé le 18 mars avec le Canada et surtout le 20 mars avec le Mexique pour maintenir la circulation des travailleurs. Des déclarations conjointes sont publiées le 21 mars. Partout, la question transfrontalière oblige au bilatéralisme. Uruguay et Brésil renoncent finalement à fermer leur frontière commune tant les habitants ont développé un « mode de vie binational » pour reprendre les termes de deux gouvernements. La décision unilatérale du 18 mars prise par la Malaisie d’interdire à partir du 20 mars tout franchissement de sa frontière prend Singapour de court qui doit organiser des modalités d’hébergement pour plusieurs dizaines de milliers de travailleurs considérés comme indispensables.
Ces fermetures font apparaitre au grand jour la qualité des coopérations bilatérales.
Certains États ferment d’autant plus facilement leur frontière avec un pays lorsque préexistent d’importantes rivalités à l’image de la Papouasie Nouvelle Guinée qui ferme immédiatement sa frontière avec l’Indonésie pourtant très faiblement touchée par la pandémie. D’autres en revanche, comme la Tanzanie refusent de fermer leurs frontières terrestres pour maintenir aux États voisins un accès direct à la mer.
Certains observateurs se sont plu à imaginer des basculements dans les rapports de pouvoirs entre l’Afrique et l’Europe notamment. Après ces fermetures soudaines, le bal mondial des rapatriements a commencé, non sans de nombreuses fausses notes.
L’accélération de la frontiérisation du monde
La fermeture extrêmement rapide des frontières mondiales nous rappelle ensuite combien les dispositifs nationaux étaient prêts pour la suspension complète des circulations. Comme dans bien des domaines, la pandémie s’est présentée comme un révélateur puissant, grossissant les traits d’un monde qu’il est plus aisé de diagnostiquer, à présent qu’il est suspendu.
Ces dernières années, l’augmentation des mobilités internationales par le trafic aérien s’est accompagnée de dispositifs de filtrage de plus en plus drastiques notamment dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Les multiples étapes de contrôle articulant dispositifs administratifs dématérialisés pour les visas et dispositifs de plus en plus intrusifs de contrôle physique ont doté les frontières aéroportuaires d’une épaisseur croissante, partageant l’humanité en deux catégories : les mobiles et les astreints à résidence.
En parallèle, les routes terrestres et maritimes internationales sont restées actives et se sont même réinventées dans le cadre des mobilités dites illégales. Or là encore, l’obsession du contrôle a favorisé un étalement de la frontière par la création de multiples marches frontalières faisant de pays entiers des lieux de surveillance et d’assignation à résidence avec un investissement continu dans les dispositifs sécuritaires.
L’épaisseur des frontières se mesure désormais par la hauteur des murs mais aussi par l’exploitation des obstacles géophysiques : les fleuves, les cols, les déserts et les mers, où circulent armées et agences frontalières. À cela s’est ajouté le pistage et la surveillance digitale doublés d’un appareil administratif aux démarches labyrinthiques faites pour ne jamais aboutir.
Pour décrire ce phénomène, Achille Mbembe parlait de « frontiérisation du monde » et de la mise en place d’un « nouveau régime sécuritaire mondial où le droit des ressortissants étrangers de franchir les frontières d’un autre pays et d’entrer sur son territoire devient de plus en plus procédural et peut être suspendu ou révoqué à tout instant et sous n’importe quel prétexte. »
La passion contemporaine pour les murs relève de l’iconographie territoriale qui permet d’appuyer les représentations sociales d’un contrôle parfait des circulations humaines, et ce alors que les frontières n’ont jamais été aussi polymorphes.
Suite à la pandémie, la plupart des gouvernements ont pu mobiliser sans difficulté l’ingénierie et l’imaginaire frontaliers, en s’appuyant d’abord sur les compagnies aériennes pour fermer leur pays et suspendre les voyages, puis en fermant les aéroports avant de bloquer les frontières terrestres.
Les réalités frontalières sont rendues visibles : la Norvège fait appel aux réservistes et retraités pour assurer une présence à sa frontière avec la Suède et la Finlande. Seuls les pays effondrés, en guerre, ne ferment pas leurs frontières comme au sud de la Libye où circulent armes et combattants.
Beaucoup entretiennent des fictions géographiques décrétant des frontières fermées sans avoir les moyens de les surveiller comme la France en Guyane ou à Mayotte. Plus que jamais, les frontières sont devenues un rapport de pouvoir réel venant attester des dépendances économiques, notamment à travers la question migratoire, mais aussi symboliques, dans le principe de la souveraineté et son autre, à travers la figure de l’étranger. Classe politique et opinion publique adhèrent largement à une vision segmentée du monde.
Le piège de l’assignation à résidence
Aujourd’hui, cet appareil frontalier mondial activé localement, à qui l’on a demandé de jouer une nouvelle partition sanitaire, semble pris à son propre piège. Sa vocation même qui consistait à décider qui peut se déplacer, où et dans quelles conditions, semble égarée tant les restrictions sont devenues, en quelques jours, absolues.
Le régime universel d’assignation à résidence dans lequel le monde est plongé n’est pas tant le résultat d’une décision d’ordre sanitaire face à une maladie inconnue, que la simple activation des dispositifs multiples qui préexistaient à cette maladie. En l’absence d’autres réponses disponibles, ces fermetures se sont imposées. L’humanité a fait ce qu’elle savait faire de mieux en ce début du XXIe siècle, sinon la seule chose qu’elle savait faire collectivement sans concertation préalable, fermer le monde.
L’activation de la frontière a abouti à sa consécration. Les dispositifs n’ont pas seulement été activés, ils ont été renforcés et généralisés. Le constat d’une entrave des mobilités est désormais valable pour tous, et la circulation est devenue impossible, de fait, comme de droit. Pauvres et riches, touristes et hommes d’affaires, sportifs ou diplomates, tout le monde, sans exception aucune, fait l’expérience de la fermeture et de cette condition dans laquelle le monde est plongé.
Seuls les rapatriés, nouveau statut des mobilités en temps de pandémie, sont encore autorisés à rentrer chez eux, dans les limites des moyens financiers des États qu’ils souhaitent rejoindre. Cette entrave à la circulation est d’ailleurs valable pour ceux qui la décident. Elle est aussi pour ceux qui l’analysent : le témoin de ce phénomène n’existe pas ou plus, lui-même pris, complice ou victime, de cet emballement de la frontiérisation.
C’est bien là une caractéristique centrale du processus en cours, il n’y a plus de point de vue en surplomb, il n’y a plus d’extérieur, plus d’étranger, plus de pensée du dehors. La pensée est elle-même confinée. Face à la mobilisation et l’emballement d’une gouvernementalité de la mobilité fondée sur l’entrave, l’abolition pure et simple du droit de circuler, du droit d’être étranger, du droit de franchir les frontières d’un autre pays et d’entrer sur son territoire n’est plus une simple fiction.
Les dispositifs de veille de ces droits, bien que mis à nus, ne semblent plus contrôlables et c’est en ce sens que l’on peut douter de la réversibilité de ces processus de fermeture.
Réversibilité
C’est à l’aune de ce constat selon lequel le processus de frontiérisation du monde était à déjà l’œuvre au moment de l’irruption épidémique que l’on peut interroger le caractère provisoire de la fermeture des frontières opérée au cours du mois de mars 2020.
Pourquoi un processus déjà enclenché ferait machine arrière au moment même où il accélère ? Comme si l’accélération était une condition du renversement. Tout se passe plutôt comme si le processus de frontiérisation s’était cristallisé.
La circulation internationale des marchandises, maintenue au pic même de la crise sanitaire, n’a pas seulement permis l’approvisionnement des populations, elle a également rappelé que, contrairement à ce que défendent les théories libérales, le modèle économique mondial fonctionne sur l’axiome suivant : les biens circulent de plus en plus indépendamment des individus.
Nous venons bien de faire l’épreuve du caractère superflu de la circulation des hommes et des femmes, aussi longtemps que les marchandises, elles, circulent. Combien de personnes bloquées de l’autre côté d’une frontière, dans l’impossibilité de la traverser, quand le moindre colis ou autre produit traverse ?
Le réseau numérique mondial a lui aussi démontré qu’il était largement à même de pallier à une immobilité généralisée. Pas de pannes de l’Internet à l’horizon, à l’heure où tout le monde est venu y puiser son travail, ses informations, ses loisirs et ses sentiments.
De là à penser que les flux de data peuvent remplacer les flux migratoires, il n’y qu’un pas que certains ont déjà franchi. La pandémie a vite fait de devenir l’alliée des adeptes de l’inimitié entre les nations, des partisans de destins et de développement séparés, des projets d’autarcie et de démobilité.
Alors que le virus nous a rappelé la condition de commune humanité, les frontières interdisent plus que jamais de penser les conditions du cosmopolitisme, d’une société comme un long tissu vivant sans couture à même de faire face aux aléas, aux zoonoses émergentes, au réchauffement climatique, aux menaces à même d’hypothéquer le futur.
La réponse frontalière n’a ouvert aucun horizon nouveau, sinon celui du repli sur des communautés locales, plus petites encore, formant autant de petites hétérotopies localisées. Si les étrangers que nous sommes ou que nous connaissons se sont inquiétés ces dernières semaines de la possibilité d’un retour au pays, le drame qui se jouait aussi, et qui continue de se jouer, c’est bien l’impossibilité d’un aller.
▻https://blogs.mediapart.fr/adrien-delmas/blog/280520/covid-19-la-frontierisation-aboutie-du-monde
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La #démocratie à l’épreuve du #coronavirus
« Au printemps de 1832, quoique depuis trois mois le choléra eût glacé les esprits et jeté sur leur agitation je ne sais quel morne apaisement, Paris était dès longtemps prêt pour une commotion. Ainsi que nous l’avons dit, la grande ville ressemble à une pièce de canon ; quand elle est chargée, il suffit d’une étincelle qui tombe, le coup part. En juin 1832, l’étincelle fut la mort du général Lamarque. »
Victor Hugo, Les Misérables
Les épidémies n’emportent pas seulement les corps, elles mettent les sociétés en tension et les Etats en danger. Les effets de choix politiques de longue durée s’y révèlent, comme la déconstruction obstinée du service public de la santé, mais aussi de l’appareil de production industrielle (notamment de matériel de santé), qui laisse de nombreux pays, dont la France, singulièrement démunis face au virus[1]. Les institutions s’y trouvent mises à l’épreuve, et souvent le fossé entre les principes qu’elles professent et la réalité de leur pratique s’y donne à voir dans toute sa froide réalité. C’est le cas de la démocratie, mot fétiche s’il en est[2]. La démocratie telle que nous la connaissons, fondée sur l’élection de gouvernants supposés agir en faveur du peuple, est censée être le meilleur système politique, le mieux à même de protéger ses citoyens, de les consulter sur les décisions fondamentales, et de leur accorder une importance égale. Le coronavirus vient brutalement mettre cette supériorité démocratique en doute. Face à la pandémie, les Etats dits démocratiques, notamment la France, ne gèrent ni mieux, ni de manière plus démocratique, que les Etats dits autoritaires, en premier lieu la Chine. Alors que depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, et plus encore depuis la chute de l’URSS, les régimes démocratiques dominent la scène internationale, leurs difficultés à faire face à la pandémie affaiblit leurs prétentions hégémoniques. C’est d’autant plus vrai que l’inefficacité des démocraties n’a pas eu comme contrepartie un plus grand investissement démocratique : si les Etats démocratiques n’ont pas mieux affronté la crise, ce n’est pas parce qu’elles auraient passé plus de temps à consulter les citoyens, ou à construire des politiques plus égalitaires. Au contraire, non seulement les réponses des démocraties n’ont pas été plus efficaces, mais elles n’ont pas non plus été significativement plus démocratiques que celles de régimes autoritaires. De même qu’en 1832 l’épidémie de choléra avait révélé l’incurie de la monarchie de Juillet – et l’existence au cœur des villes d’une classe, le prolétariat, que la bourgeoisie laissait mourir dans sa misère – et failli emporter le régime par une insurrection, la pandémie actuelle révèle alors le vide des promesses démocratiques de nos régimes, mettant en danger l’idée démocratique elle-même.
Une reconfiguration des espaces politiques
La pandémie de Covid-19 distord notre horizon politique. Son caractère mondial nous rend inhabituellement attentifs à sa progression dans différents pays, aux réponses des différents gouvernements – et, par un jeu d’écho, à la manière dont notre propre pays est vu à l’extérieur. Mais le confinement restreint aussi drastiquement, dans la pratique, le champ de la réalité sociale vécue, nous poussant à nous investir exclusivement dans le foyer, l’immeuble, notre cercle familial et amical. A cette hyper-attention au très proche et au très lointain correspond une désagrégation soudaine de toute une série de niveaux intermédiaires. Alors que la France connaît depuis le 5 décembre un mouvement historique de contestation, les engagements se sont brutalement effrités. Le 5 mars, des dizaines de milliers de travailleur.es et d’usager.es des universités et de la recherche ont manifesté dans toute la France ; le 6 et 7 mars une coordination nationale des facs et labos en lutte a rassemblée 500 délégué.es venu.es de toute la France ; les 7 et 8 mars des manifestations féministes déterminées et massives ont battu le pavé… Tout ceci semble avoir entièrement disparu des préoccupations, notamment médiatiques, alors que les causes de ces mobilisations sont toujours présentes – comme en témoigne l’enfumage de Macron, promettant 5 milliards à la recherche sur 10 ans, une augmentation en-dessous des augmentations des années précédentes, et distribuée sous forme de primes, de contrats précaires et de financements de projets, prenant le contrepied de ce que les chercheur.es demandent[3]. La mascarade des élections municipales n’a pas intéressé grand monde, et les résultats n’ont fait l’objet d’aucun commentaire, ou si peu – contrairement au scandale sanitaire de leur maintien obstiné[4]. Les partis politiques eux-mêmes semblent s’être murés dans le silence, et il faut tendre l’oreille pour entendre les syndicats, alors même que la continuité du travail est au cœur de la stratégie économique de crise du gouvernement.
Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’existerait désormais pour nous que le plus local et l’échelle internationale. Mais l’espace entre les deux est occupé par un seul acteur, massif autant que martial : l’Etat, et en particulier le pouvoir exécutif. Privés de nos collectifs et de nos solidarités, nous, individus, sommes laissés seuls face à l’Etat, qui nous protège et nous soigne dans les hôpitaux[5], qui contrôle nos activités par la police, et surtout qui parle, par la bouche de ses chefs, nous disant comment nous comporter, et nous grondant si l’on ne réagit pas assez vite ou assez bien à ses consignes, dont le contenu change quotidiennement. Mais jusque dans son omniprésence et dans la mise en scène frénétique de son activité, cet Etat révèle aussi ses faiblesses. Il ne peut même pas assurer des conditions minimales de sécurité à ses soignants, en fournissant masques et gel désinfectant. Mettre en œuvre le confinement de la population pose des problèmes logistiques massifs qui n’ont pas été anticipés. L’Etat se trouve d’autant plus en tension que toutes ses actions, tous ses discours, sont attendus, examinés, scrutés. Puisque lui seul occupe l’espace national, tous les regards sont sur lui, dans les médias professionnels comme sur les réseaux sociaux. Les représentants oscillent alors en permanence entre recherche de publicité, au risque de montrer leur incompétence et l’impuissance de l’Etat, et culte du secret, au nom de la raison d’Etat, mais surtout pour masquer le fait qu’ils naviguent à vue. Pour prendre un seul exemple, de multiples réunions ont lieu, avec l’armée, avec des scientifiques, il faut montrer qu’elles ont lieu, mais il ne faut pas dire aux citoyens ce qui s’y dit, ou bien plus tard, trop tard, quand les décisions ont déjà été prises. Cette centralité de l’Etat rend les dirigeants nerveux, et donc dangereux pour leurs citoyens. Ils prennent des mesures incohérentes, suspendent les libertés publiques, le code du travail, tout ce qui dans le droit pourrait encadrer leur action. Ils délaissent entièrement les cadres internationaux de discussion : l’ONU, l’Union européenne, toutes ces institutions supposément centrales dans la gouvernance contemporaine, et qui auraient toutes raisons de l’être face à une pandémie internationale, semblent simplement muettes, ou inaudibles. Chaque Etat européen décide de ses mesures dans son coin, comme si chacun avait, comme la Grande-Bretagne, fait son exit. La seule institution européenne que l’on entend, c’est la Banque centrale, qui active la planche à billets : lorsqu’il s’agit de la santé des entreprises, la coordination est possible ; mais qu’il s’agisse de la vie des habitants, et alors l’Etat reprend, seul, sa souveraineté la plus absolue.
L’absence de réponse démocratique au virus
Dans la gestion de cette crise, on peinerait à distinguer entre les réponses des Etats démocratiques et des régimes autoritaires, venant affaiblir encore un peu plus cette distinction si cruciale pour les dirigeants des démocraties occidentales. Dans les pays qui ont choisi des solutions dures de confinement généralisé, on trouve autant la plus grande puissance autoritaire mondiale, la Chine, que des démocraties européennes, qui plus est dirigées par des gouvernements socio-démocrates ou socio-libéraux : l’Italie, la France, l’Espagne. D’autres pays ont plutôt été, au moins dans un premier temps, dans un laisser-faire complet, comme les grandes démocraties libérales que sont les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne, mais aussi des régimes plus autoritaires, comme l’Iran. D’autres pays ont pris des mesures de tests massifs et de quarantaine stricte des malades, des démocraties comme Taiwan et la Corée du Sud, mais aussi la bien moins démocratique Singapour. Les réponses ont été variées, mais enjambent largement les typologies classiques entre régimes. Et une chose est certaine : les démocraties ne se sont pas montrées particulièrement plus efficaces, plus attentives à la santé de leur population, plus honnêtes dans leur communication ou plus soucieuses de la vérité que les régimes autoritaires. Pire : au moment même où Donald Trump ou Boris Johnson semblaient prêts à sacrifier des centaines de milliers de leurs citoyens et mettre en péril la sécurité sanitaire internationale, la Chine prétendait avoir vaincu l’épidémie et envoyait dans le monde entier des experts, des respirateurs et des stocks de masques. C’est un pan central des discours de légitimation des démocraties qui s’effondre. Alors que les démocraties étaient censées se caractériser par un plus grand attachement aux principes à la fois politiques et moraux d’ouverture, de transparence, de solidarité, tout autant que par leur efficacité à prendre soin de leurs citoyens, la pandémie vient révéler qu’il n’en est rien. Dans la crise, les Etats dits démocratiques agissent avant tout comme des Etats, ni pires ni meilleurs que des dictatures, et non comme des démocraties.
Que voudrait dire, pour des Etats, agir en démocratie face à une pandémie ? Cela nécessiterait, a minima, que les citoyens soient réellement informés des choix possibles, qu’un débat public contradictoire puisse avoir lieu, que le pouvoir puisse être contesté dans ses décisions, voire que les citoyens soient associés au processus[6]. Là est le sens d’une démocratie comme pouvoir du peuple, pouvoir de l’ensemble des citoyens : aucune loi, aucun acte du gouvernement, ne doit être étranger au contrôle des citoyens, et quand c’est possible à leur participation directe. Il ne s’agit bien sûr pas d’éliminer, face à une crise sanitaire, la nécessité de prendre des décisions rapides et scientifiquement fondées : mais le moins que l’on puisse dire est que les dirigeants élus ont été d’une rare incompétence. Il n’est pas dit que le premier venu (ho boulomenos, n’importe qui, cette expression qui venait désigner, à Athènes, un citoyen pris au hasard), correctement informé par des scientifiques, aurait vraiment fait pire. En ce premier sens du mot démocratie, qu’on peut qualifier de politique, la démocratie comme pouvoir de l’ensemble des citoyens, les Etats dits démocratiques n’ont pas affronté la crise en utilisant des moyens démocratiques, mais les moyens, banals, qu’ils ont en commun avec tous les Etats, y compris les plus autoritaires. Par le secret, parfois le mensonge, sans contrôle ni des corps intermédiaires ni des citoyens, en prenant les décisions à quelques-uns, et en utilisant l’urgence bien réelle pour se faire attribuer des pouvoirs démesurés.
L’Etat contre les pauvres
Mais l’idée de démocratie comme pouvoir de l’ensemble des citoyens n’épuise pas les sens du mot. Il est un autre ensemble de significations qui donnent au mot un sens social : le demos, le peuple, vient aussi désigner la classe la plus nombreuse, c’est-à-dire les travailleurs, les pauvres, par opposition aux privilégiés, aux riches. Une démocratie est un régime qui agit en faveur des dominés, car il donne le pouvoir à la majorité, mais aussi parce qu’il vise la création d’une société plus égalitaire. Or, de ce point de vue, la gestion du gouvernement français apparaît comme encore plus radicalement anti-démocratique. Alors que les entreprises sont massivement soutenues, que les personnes exerçant un métier d’encadrement sont invitées à faire du télétravail, que les bourgeois des villes ont pu tranquillement s’installer dans leurs résidences secondaires et leurs maisons de famille, le message adressé par le gouvernement aux travailleurs, et en particulier aux ouvriers, a été clair : l’économie doit continuer, et pour cela nous sommes prêts à vous faire prendre tous les risques. La ministre du Travail a osé accuser de « défaitisme » les entreprises du BTP qui voulaient mettre en pause les chantiers non prioritaires. Les transports publics continuent de charrier quotidiennement, sans véritable mesure de protection pour ces mêmes conducteurs qui étaient l’objet du plus bas mépris par le gouvernement il y a quelques semaines, des millions de caissier.es, de travailleur.ses du nettoyage, d’ouvrier.es, de livreur.es, de postier.es, d’éboueur.es, et bien sûr de soignant.es. Les effets des dominations de classe, mais aussi de race (beaucoup de ces métiers voient une surreprésentation de racisé.es) et de genre (les métiers plus féminins du soin sont sursollicités, sans parler du poids de la garde des enfants en l’absence d’école, qui retombe massivement sur les femmes), se trouvent alors démultipliés.
Le virus n’a que faire de notre classe, de notre race ou de notre genre, mais les modalités de sa gestion par le pouvoir restaure et amplifie l’ensemble des inégalités sociales. Les plus grandes capacités des riches, des hommes, des Blancs, à mobiliser des ressources leur permettant de s’extraire du travail, des transports publics, du soin des enfants ou des aîné.es, des courses dans des supermarchés bondés, tout en continuant à bénéficier du travail des pauvres, des femmes, des racisé.e.s va se transformer, face au virus, en plus grande chance d’échapper à la pandémie. Le seul filet de sécurité égalisateur est alors le service public de la santé, où les cas graves sont traités indépendamment de ces considérations – ce même service public que les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de casser. Mais en dehors de ce maillon essentiel, tout dans la gestion de la crise renforce le poids des structures de domination. C’est visible dans le choix de continuer à mettre les pauvres au travail, mais aussi dans la gestion policière du confinement[7]. Dans les quartiers bourgeois désertés, non seulement les supermarchés restent ouverts, et relativement peu fréquentés, mais la présence policière est quasiment nulle. On croise des joggers, des employé.es de commerces faisant une pause, des SDF, des livreurs attendant une course… Au contraire, les quartiers populaires des grandes agglomérations sont l’objet d’un contrôle policier tatillon, d’autant plus insupportable que c’est là qu’il y a des problèmes d’approvisionnement, de promiscuité dans les marchés et supermarchés et de concentration de la population dans les rues – puisque c’est là que la densité d’habitations est la plus forte, les appartements les plus exigus et la proportion la plus faible de privilégiés pouvant télétravailler ou partir à la campagne. C’est là qu’ont lieu les contrôles, là que vont tomber les amendes, là que vont être prises les images montrant comment l’Etat fait bien régner l’ordre. Car au contrôle policier s’ajoute le mépris de médias relayant avec complaisance des images de bousculades dans ces quartiers, des commentateurs fustigeant l’irresponsabilité des pauvres et bien sûr des gouvernants faisant porter la responsabilité morale du confinement aux gens soi-disant indisciplinés, pour mieux camoufler leur culpabilité directe dans l’étendue de la catastrophe.
Que restera-t-il des démocraties ?
Les personnes, certainement majoritaires parmi les dirigeants, qui n’en ont cure de la démocratie et de ses valeurs égalitaires, ne voient peut-être pas le problème. Mais il faut prendre la mesure de ce basculement : le fait que les démocraties auto-proclamées ne se soient pas montrées plus efficaces qu’un régime autoritaire face à l’épidémie fait peser un danger véritable sur l’idée démocratique. Que le président élu des Etats-Unis envoie des centaines de milliers d’Américains au casse-pipe quand le secrétaire général du Parti communiste chinois envoie dans le monde entier experts et matériel, après avoir vaincu l’épidémie dans son pays, cela n’a rien d’anodin. On pourra sourire au retournement bienvenu de l’histoire, voire le saluer, par anti-impérialisme ; ce serait sous-estimer le danger réel que ce retournement fait peser sur la démocratie, non pas comme régime fondé sur l’élection des dirigeants, mais comme idée d’un pouvoir exercé par le peuple et pour le peuple. Le fait que les démocraties aient fait si peu de cas de l’avis des citoyens, comme le fait qu’elles aient si souvent, comme en France, pris des décisions qui mettent en danger les pauvres, les dominés, et protègent les entreprises et les riches, affaiblit encore le sens du mot démocratie. La démocratie, comme idée et comme pratique, a besoin que les gens y participent, y adhèrent, y croient. Et pour cela, il faut que la démocratie ait une substance, bien au-delà de l’élection ponctuelle des gouvernants, surtout quand le niveau de désagrégation des partis politiques permet à des Trump ou des Macron d’arriver au pouvoir. Si un virus suffit à éliminer toute spécificité des régimes démocratiques, toute valeur des principes démocratiques, il n’y a aucune raison que les gens y accordent de l’importance, surtout quand des régimes autoritaires se montrent plus efficaces dans la protection de la santé de leurs sujets. Le coronavirus ne met pas en danger la démocratie ; mais nos dirigeants, face au coronavirus, sont en train de sacrifier la démocratie pour dissimuler leur incompétence et se maintenir au pouvoir. Organiser entre nous la solidarité, se battre pour les services publics est plus que jamais nécessaire[8]. Mais face au danger que représentent nos dirigeants pour nos santés autant que pour l’idée démocratique, ce n’est pas suffisant. Nous ne pouvons remettre ces questions à l’après, à la fin de l’épidémie. Il faut, dès maintenant, rappeler les gouvernants à l’ordre, le seul ordre qui vaille en démocratie : celui du peuple[9].
[1] Pierre-André Juven, Frédéric Pierru et Fanny Vincent, La casse du siècle : A propos des réformes de l’hôpital public, Raisons d’agir, 2019. Frédéric Lordon, « Coronakrach », 11 mars 2020. Auriane Guilbaud, « Il n’est pas possible d’embaucher des milliers de soignants en un claquement de doigts », Le Monde, 13 mars 2020.
[2] Je me permets de renvoyer ici au livre Démocratie, paru en février 2020 chez Anamosa.
[3] ►https://universiteouverte.org/2020/03/19/5-milliards-des-effets-dannonce-mais-toujours-pas-de-moyens-pour-
[4] Rémi Lefebvre, Nicolas Bué et Fabien Desage, « Le premier tour des municipales n’a pas eu lieu », Libération, 18 mars 2020. Laurent Le Gall, « Le coronavirus révélateur d’une démocratie grippée », Libération, 19 mars 2020.
[5] Même si les services publics ne sont en fait pas une émanation de l’Etat, mais bien du public qu’ils servent, comme le rappellent Pierre Dardot et Christian Laval, « L’épreuve politique de la pandémie », Médiapart, 19 mars 2020
[6] Yves Sintomer, « Face au coronavirus, les politiques n’ont pas eu le cran de poser le débat », Le Monde, 18 mars 2020
[7] Sur les liens entre gestion policière de l’épidémie et contrôle social, voir « Contagion sociale Guerre de classe microbiologique en Chine », Chuang, février 2020, traduit par Des nouvelles du front
[8] Michèle Riot-Sarcey et Jean-Louis Laville, « Le monde d’après-demain », Libération, 17 mars 2020. « Face à la pandémie, retournons la « stratégie du choc » en déferlante de solidarité ! »
[9] Merci à Aurélien Angel, Elisabeth Callot et Célia Keren pour leurs commentaires sur une première version de ce texte.
►https://samuelhayat.wordpress.com/2020/03/23/la-democratie-a-lepreuve-du-coronavirus
#épidémie #service_public #production_industrielle #santé #autoritarisme #promesses_démocratiques #pandémie #Etat #banque_centrale #légitimité #échelles_géographiques #géographie_politique #incompétence #secret #mensonge #urgence #inégalités #travail #économie #classes_sociales #ouvriers #télétravail #BTP #transports_publics #domination #effets_de_domination #genre #inégalités_sociales #structures_de_domination #police #présence_policière #quartiers_populaires #amendes #contrôle_policier #responsabilité #irresponsabilité #culpabilité #mise_en_danger #incompétence #dictature #totalitarisme
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Petite citation choisie pour @davduf :
Mais en dehors de ce maillon essentiel, tout dans la gestion de la crise renforce le poids des structures de domination. C’est visible dans le choix de continuer à mettre les pauvres au travail, mais aussi dans la gestion policière du confinement[7]. Dans les quartiers bourgeois désertés, non seulement les supermarchés restent ouverts, et relativement peu fréquentés, mais la présence policière est quasiment nulle. On croise des joggers, des employé.es de commerces faisant une pause, des SDF, des livreurs attendant une course… Au contraire, les quartiers populaires des grandes agglomérations sont l’objet d’un contrôle policier tatillon, d’autant plus insupportable que c’est là qu’il y a des problèmes d’approvisionnement, de promiscuité dans les marchés et supermarchés et de concentration de la population dans les rues – puisque c’est là que la densité d’habitations est la plus forte, les appartements les plus exigus et la proportion la plus faible de privilégiés pouvant télétravailler ou partir à la campagne. C’est là qu’ont lieu les contrôles, là que vont tomber les amendes, là que vont être prises les images montrant comment l’Etat fait bien régner l’ordre. Car au contrôle policier s’ajoute le mépris de médias relayant avec complaisance des images de bousculades dans ces quartiers, des commentateurs fustigeant l’irresponsabilité des pauvres et bien sûr des gouvernants faisant porter la responsabilité morale du confinement aux gens soi-disant indisciplinés, pour mieux camoufler leur culpabilité directe dans l’étendue de la catastrophe.
Arthur sur Twitter : « [CORONAVIRUS] J’ai passé quelques heures à compiler les chiffres du coronavirus hier soir. J’étais surpris notamment par le décalage entre la situation française, où les mesures prises sont minimales, et la situation italienne. Ce que j’ai découvert n’est pas jojo. THREAD » / Twitter
▻https://twitter.com/aktiur/status/1237693562994778112
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[CORONAVIRUS] J’ai passé quelques heures à compiler les chiffres du coronavirus hier soir. J’étais surpris notamment par le décalage entre la situation française, où les mesures prises sont minimales, et la situation italienne. Ce que j’ai découvert n’est pas jojo. THREAD
]]>John Burn-Murdoch sur Twitter : “NEW chart on #coronavirus: we’re now tracking death toll trajectories as well as cases • Deaths in Italy & Spain now growing much faster than they did in China at same stage • More deaths in Italy in last 24h than on any day in Wuhan Live version here: ►https://www.ft.com/content/a26fbf7e-48f8-11ea-aeb3-955839e06441” / Twitter
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(Si vous voulez savoir ce que j’fais dans la vie…)
D3 Documentation on Observable
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#d3js
]]>Cartographier les migrations #1 : Un monde de cartes
Verbatim
Cela fait longtemps que l’Humanité produit différents types de cartes. Cartes polynésiennes, table de #Peutinger, portulans, etc., nombre d’entre elles étaient notamment conçues pour le repérage et l’organisation des déplacements humains sur terre ou en mer.
L’histoire de la cartographie est aussi l’histoire de la représentation du Monde. Si la première carte du monde connu date de l’époque babylonienne (vers 600 avant notre ère), ce sont les grecs qui ont posé les fondements de la cartographie scientifique : mesure de la rotondité de la terre (Ératosthène), systèmes de projection, découpages en zones, etc.
Les premières représentations de données sous la forme de graphiques sont également très anciennes : elles datent du XIVe siècle et sont signées Nicolas Oresme, un intellectuel né en Allemagne, ancien évêque de Lisieux à qui sont attribués les premiers histogrammes de l’Histoire.
En 1826, une conjonction graphique qui mêle ces histoires de la mise en graphique et de la cartographie s’ouvre avec les travaux du français #Charles_Dupin. Nait alors la première carte (#choroplèthe) représentant des données statistiques localisées invisibles à l’œil nu, une carte de l’instruction populaire en France. Comme l’indique #Gilles_Palsky, on a effectivement d’abord appris à représenter le temps sous la forme de diagramme, puis l’espace sous la forme de carte.
Et puis, il y a #Charles_Joseph_Minard, ingénieur civil français qui entreprend, à l’heure de la retraite, un travail considérable de cartographie statistique fondé sur « un calcul par l’œil ». Sa carte figurative sur la Campagne de Russie de 1812-1813 est d’ailleurs considérée aujourd’hui comme le « Gold Standard » de la dataviz.
Minard produira nombre de cartes et graphiques descriptifs de mouvements de transports, avant d’étudier également ceux de populations humaines. Sa mise au point de plusieurs variables visuelles posera les fondements d’une école française de la sémiologie cartographique.
La publication illustrée des Lois de la migration à la fin du XIXe siècle par #Ernst_Georg_Ravenstein, cartographe allemand installé à Londres, ouvre la voie vers un changement de paradigme théorique : les approches monographiques, purement descriptives, sont progressivement complétées par une vision idiographique qui donnera lieu à un renouvellement progressif des méthodes et des cartographies correspondantes.
Le tournant spatial de la fin des années 1960 entraînera dans son sillage un renouvellement de la figure de la carte statistique liée à un double mouvement. D’une part, les principes de sémiologie acquis au cours du temps sont formalisés par Jacques Bertin, dans le registre de la cartographie générale ; ils incluent à la marge des considérations liées aux déplacements. D’autre part, le développement d’une algorithmie spécifique au traitement et à l’analyse de données localisées va devenir une pratique courante avec les travaux de #Waldo_Rudolf_Tobler, géographe américain qui publiera, notamment, les premiers scripts autorisant le dessin automatique sur une carte, décrivant en particulier des interactions territoriales par des flux ; plus généralement l’émergence de nouveaux outils, les Systèmes d’information géographique.
La production cartographique actuelle sur les déplacements, forte des acquis théoriques et méthodologiques du passé, est soutenue ces dernières années par le développement de l’informatique graphique et un engouement général pour la cartographie. Sa fabrique connaît en effet un renouvellement profond dans le contexte de la cartographie 2.0, une évolution en même temps qu’une ouverture des outils et des pratiques qui s’inscrit dans un contexte de permanence de questionnements anciens (figurer des routes, des directions majeures, montrer des zones d’accumulation, …).
▻https://neocarto.hypotheses.org/5807
#vidéo #migrations #cartographie #visualisation #Nicolas_Lambert et #Françoise_Bahoken (@fbahoken) #mobilité #flux #histoire_de_la_cartographie #histoire
Does the news reflect what we die from?
The major standout here – I had to break the scale on the y-axis since it’s several orders of magnitude higher than everything else – is terrorism: it is overrepresented in the news by almost a factor of 4000.
Homicides are also very overrepresented in the news, by a factor of 31. The most underrepresented in the media are kidney disease (11-fold), heart disease (10-fold), and, perhaps surprisingly, drug overdoses (7-fold). Stroke and diabetes are the two causes most accurately represented.
▻https://ourworldindata.org/does-the-news-reflect-what-we-die-from
#data #visualization #media
Atlas of Inequality
▻https://inequality.media.mit.edu
Economic inequality isn’t just limited to neighborhoods. The restaurants, stores, and other places we visit in cities are all unequal in their own way. The Atlas of Inequality shows the income inequality of people who visit different places in the Boston metro area. It uses aggregated anonymous location data from digital devices to estimate people’s incomes and where they spend their time. Using that data, we’ve made our own place inequality metric to capture how unequal the incomes of (...)
]]>La carte de l’Afrique par rapport au reste du monde
Kal Krause, Une Carte du Monde, le 22 octobre 2012
▻https://www.unecartedumonde.fr/2012/10/la-carte-de-lafrique-par-rapport-au-reste-du-monde
Un exemple particulièrement extrême, c’est la mauvaise appréciation de la taille de l’Afrique. Cette image tente de représenter concrètement sa taille massive, plus grande que les USA, la Chine, l’Inde, le Japon et l’Europe… réunis !
]]>Pour les #cartographes d’ici, vous connaissez sûrement ?
« C´est une autre chose que nous avons apprise de votre Nation, » dit Mein Herr, « la cartographie. Mais nous l´avons menée beaucoup plus loin que vous. Selon vous, à quelle échelle une carte détaillée est-elle réellement utile ? »
« Environ six pouces pour un mile. »
« Six pouces seulement ! » s´exclama Mein Herr. « Nous sommes rapidement parvenus à six yards pour un mile. Et puis est venue l´idée la plus grandiose de toutes. En fait, nous avons réalisé une carte du pays, à l´échelle d´un mile pour un mile ! »
« L´avez-vous beaucoup utilisée ? » demandai-je.
« Elle n´a jamais été dépliée jusqu´à présent », dit Mein Herr. « Les fermiers ont protesté : ils ont dit qu´elle allait couvrir tout le pays et cacher le soleil ! Aussi nous utilisons maintenant le pays lui-même, comme sa propre carte, et je vous assure que cela convient presque aussi bien. »
#Lewis_Carroll - Sylvie & Bruno concluded (1893)
#carte #cartographie #échelle
On Monday #CBP #YumaSector Border Patrol agents apprehended a group of 110+ Central Americans who illegally scaled the wall with the assistance of a smuggler with a ladder
▻https://twitter.com/CBPArizona/status/1088160469305634816
#walls_don't_work #murs #barrières_frontalières #échelle #frontières #USA #Etats-Unis #Mexique #efficacité #contournement
]]>Une #géographie_économique et une #cartographie des mutations du #système_productif de la #France sans déclinisme ni optimisme candide.
►https://sms.hypotheses.org/3517
#géographie, #économie, #cartographie, #carte, #France, #industrie, #entreprise, #produire, #productivité, #évolution, #système_productif, #production, #recomposition, #mutation, #échelle, #secteur, #région, #usine, #travail
]]>L’internet des familles modestes : les usages sont-ils les mêmes du...
▻https://diasp.eu/p/7751908
L’internet des familles modestes : les usages sont-ils les mêmes du haut au bas de l’échelle sociale ? | #internet #échelle #usages #sociale #inégalité
]]>Schweizer Revue : Éditions > 2018 > Juillet 4/2018
▻https://www.revue.ch/fr/editions/2018/04/detail/news/detail/News/les-passerelles-discretes-des-chats-helvetiques
Un objet typique des quartiers résidentiels suisses fait – enfin – l’objet d’une analyse approfondie.
Les échelles pour chats des zones résidentielles suisses sont un phénomène urbain à la fois typique et méconnu. Nulle part au monde, elles sont aussi nombreuses à s’intégrer discrètement au milieu urbain sous des formes si variées. Une grande habileté architectonique permet de bricoler des passerelles entre l’espace de vie en liberté et le domicile douillet : escaliers en colimaçon, ponts à bascule étroits et périlleux, dispositifs en zigzag permettant aux chats de monter ou petits balcons rembourrés avec de la fourrure vissés sur les façades des maisons. Pourtant, malgré la grande densité de constructions aménagées pour les chats, les échelles n’ont encore fait l’objet d’aucune étude. Cela va changer, car l’auteure et graphiste Brigitte Schuster écrit actuellement un ouvrage de référence sur les échelles pour chats, et donc sur les relations entre les citadins et cet animal domestique. Un projet surprenant ? Brigitte Schuster le prend très au sérieux. Pour analyser les échelles pour chats, elle combine approche sociologique, architectonique et esthétique. Son examen du sujet l’amène à se demander si, finalement, les escaliers ne seraient pas plus importants pour les individus que pour les chats : elles montrent la nécessité qu’ont les humains à offrir à leurs animaux un accès dans leur domicile. Les chats pourraient sans doute vivre au quotidien sans ces aides. L’ouvrage artistique de Brigitte Schuster paraîtra début 2019 en allemand et en anglais, mais il est possible de le réserver dès à présent.
]]>Méfiez-vous des cartes, pas des migrants : les réfugiés syriens.
Depuis 2011, la Syrie est en proie à une violence inouïe, mettant des millions de gens sur les routes de l’exode. Rappelons que ce conflit est né d’un mouvement de contestation pacifique, dans le souffle libérateur des printemps arabes contre le régime de Bachar El-Assad. Ce mouvement fut réprimé dans le sang. Depuis, la situation n’a eu de cesse de se complexifier et de s’internationaliser avec l’entrée dans le jeu de groupes djihadistes et de puissances étrangères. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), cette guerre aurait causé la mort de plus de 353 000 personnes en 7 ans, dont 106 390 civils (19 811 enfants et 12 513 femmes). Un véritable carnage. Pour survire, beaucoup ont “choisi” de fuir leur pays. Où sont-ils allés ? Où ont-ils été “accueillis” ? Quels sont les pays européens les plus hospitaliers ? Pour répondre à ces questions, nous nous sommes livrés (Françoise Bahoken et moi-même) à un petit exercice cartographique en vidéo. L’objectif est de donner à voir la construction d’une carte décrivant la migration syrienne, surtout sa sensibilité aux partis-pris méthodologiques. Si les chiffres retenus datent de mi 2015 et ont pu évoluer, ce qui compte ici c’est avant tout la démonstration. Notre propos est avant tout pédagogique. Il focalise en premier lieu l’attention sur le rôle des cartes dans notre perception de la crise migratoire syrienne. Que nous disent-elles ? L’effet de différents choix (graphiques, textuels, etc.) sur les cartographies obtenues fait l’objet d’un second temps. En quoi ces cartes diffèrent-elles ? Nous dessinent-elles objectivement la réalité de ce phénomène migratoire ? N’y a-t-il pas là un risque de manipulation ? Le troisième temps déconstruit ces cartes pour tenter d’y répondre. Bref, peut-on vraiment faire confiance aux cartes…
▻https://www.youtube.com/watch?time_continue=97&v=RDwn5Qzq6Fc
#cartographie #visualisation #asile #réfugiés #ressources_pédagogiques #vidéo #préjugés #choix #intentionnalité #invasion #afflux #réfugiés #asile #migrations #réfugiés_syriens #couleurs #rejet #accueil #grand_remplacement #échelle #statistiques #chiffres #mensonge #ethnocentrisme #IDPs #déplacés_internes #cadrage
Merci @fbahoken !
La question des #échelles en #géohistoire. Les bureaux de la poste aux lettres du XVIIIe siècle à nos jours
▻http://journals.openedition.org/cybergeo/29116
Partant d’une pratique de la recherche qui revient depuis des années sur la question de l’usage des échelles dans des travaux géohistoriques, ce texte propose une réflexion sur les jeux d’échelle, en même temps que sur la question du MAUP (modifiable areal unit problem). Il s’agit, en s’intéressant à l’histoire de la répartition des bureaux de poste en France durant les trois derniers siècles, de tenter de placer le questionnement sur l’échelle au même niveau que ceux relatifs à l’espace et au temps lorsque l’on étudie des faits sociaux. Dans ce cadre, nous proposons de passer par l’idée de « profils scalaires évolutifs », non seulement pour insister sur la nécessaire variation des échelles dans l’analyse des phénomènes spatio-temporels, mais encore pour tenter de définir des gabarits spatiaux évolutifs pour permettre la compréhension la plus ample possible de processus.
]]>Le graphique trompeur de la direction de la SNCF sur le taux de participation à la grève
▻http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/04/18/le-graphique-trompeur-de-la-direction-de-la-sncf-sur-le-taux-de-participatio
Et s’il suffisait de changer l’échelle d’un graphique pour minorer le taux de participation d’une grève ? Un communiqué de presse du siège de la SNCF paru le 18 avril et faisant le point sur le taux de participation à la grève de ce jour veut démontrer, graphique à l’appui, que ce dernier a largement baissé depuis la mobilisation du 13 avril.
Las, l’#échelle utilisée pour ce #graphique donne une perception déformée de la réalité : si ce dernier semble indiquer que la mobilisation a baissé aux deux tiers, ce n’est en réalité pas le cas. L’écart de 2,66 points entre les deux journées de grève ne justifie pas la représentation donnée dans le graphique. La valeur minimum de l’axe a vraisemblablement été modifiée pour minimiser l’ampleur de la grève.
[…]
Ce n’est par ailleurs pas la première fois que le service de communication joue avec la notion d’échelle pour minimiser le taux de participation des grévistes : un communiqué de presse diffusé le 4 avril utilisait les mêmes méthodes aux mêmes fins.
]]>Michael Simpson, set of 3 postcards – Blain|Southern
▻https://shop.blainsouthern.com/products/michael-simpson-set-of-3-postcards
Je suis abonné à la lettre de l’éditeur, c’est dans la dernière livraison, et je ne sais pas pourquoi, mais ces trois images me plaisent énormément. C’est juste que je ne sais pas pourquoi. C’est un mystère.
Michael Simpson, set of 3 postcards
A set of three high quality postcards featuring three paintings by Michael Simpson, produced on the occasion of SQUINT, his first solo exhibition in Germany. The cards come in packs of 3 wrapped up in a belly band.
This exhibition presented a significant body of new work, including drawings, large-scale canvas paintings and a four-part polyptych over three metres high and seven metres wide.
]]>Lundi matin, visionscarto publie une petite note technique que nous a confié notre ami et véritable tête chercheuse qui a débugué - souvent - nombre d’entre nous ! @simplicissimus qui nous livre quelques réflexions sur l’utilisation, en graphique, des échelles arithmétiques et logarithmiques. Nous sommes nombreuses et nombreux à nous demander - souvent - laquelle nous devons utiliser et pourquoi : discussion à poursuivre.
La double échelle et l’illusion graphique
▻https://visionscarto.net/double-echelle-et-illusion-graphique
#statistiques #visualisation #échelles #graphiques #manipulation
Il n’y aurait pas un petit intérêt de l’#industrie_militaire derrière ces déclarations ?
Climate change will stir ’unimaginable’ refugee crisis, says military
Climate change is set to cause a refugee crisis of “unimaginable scale”, according to senior military figures, who warn that global warming is the greatest security threat of the 21st century and that mass migration will become the “new normal”.
Military leaders have long warned that global warming could multiply and accelerate security threats around the world by provoking conflicts and migration. They are now warning that immediate action is required.
▻https://www.theguardian.com/environment/2016/dec/01/climate-change-trigger-unimaginable-refugee-crisis-senior-military?CMP=
#armée #invasion #préjugés #afflux #migrations #climat #changement_climatique #échelle_inimaginable #mots #vocabulaire #terminologie #insécurité #crises #guerres #conflits
]]>Le gel du point d’indice de la #Fonction_publique, prémisse d’une nouvelle baisse générale des salaires...
▻http://reformeraujourdhui.blogspot.com/2017/07/le-gel-du-point-dindice-de-la-fonction.html
Les syndicats de la Fonction publique ont accueilli avec déception et colère l’annonce du ministre de l’Action et des comptes publics, Gérald Darmanin, concernant le gel de la valeur du point d’indice servant à calculer la rémunération des fonctionnaires.Ce n’est finalement qu’une demi-surprise car cette annonce qui considère les agents publics comme une variable d’ajustement des comptes publics n’est que la continuation de la politique menée sous la présidence de François Hollande…Le pouvoir d’achat des fonctionnaires a été laminé par le gel du point d’indice de 2010 à 2016. Il n’a pas été rattrapé par sa #hausse de 1,2 % en deux fois (0,6% en juillet 2016 et 0,6% en janvier 2017) qui était avant tout une simple mesure pré-électorale prise dans le cas d’une candidature de François Hollande à l’élection (...)
#ajustement #indice #inflation #prix #salaire #échelle_mobile
]]>[F12] Critiques II : Peut-on vraiment s’appuyer sur les études d’Adorno pour comprendre le #fascisme d’aujourd’hui ?
▻http://www.hacking-social.com/2017/06/05/f12-critiques-ii-peut-on-vraiment-sappuyer-les-etudes-dadorno-pour-c
Comme beaucoup de mes congénères bas scores, il me semblait par exemple qu’autoriser le mariage homosexuel ne serait qu’une formalité, c’est-à-dire que cela passerait sans encombre, puisque les #mentalités n’étaient plus les mêmes. J’ai été véritablement choquée de la manif pour tous, des propos qu’on y a entendus, des propos que je ne concevais pas encore possibles à notre époque. La non-homophobie que j’avais perçue avant cet événement n’était qu’une surface, une façade, au fond il y avait toujours ce jugement de l’homosexualité, il y avait toujours ces représentations d’ « anormalité » ou de « perversion » dans la population. J’en étais véritablement effarée et dégoûtée , autrement dit je m’étais laissée avoir par cette surface qui paraissait à peu près tolérante, alors qu’au fond, non.
Si je parle de cette anecdote où l’on pourrait me taxer de naïve, c’est pour montrer que selon le milieu où l’on vit, son environnement, on peut croire que des #conventions ont changées, surtout lorsqu’on n’est pas touché directement par la #discrimination : on ne prend pas conscience que des personnes ont telle ou telle vieille convention, parce qu’elles affichent une façade moderne, et que sa réalité est en fait tout autre. Cette réalité est cachée, elle ne se fait voir que lorsqu’on est la cible d’une discrimination, ou lorsqu’on assiste à un événement particulier. Je pense par exemple à la #maltraitance des enfants : ayant eu la chance de ne jamais être frappée pour quoi que ce soit, j’ai pensé pendant longtemps que les enfants même frappés ne l’étaient qu’exceptionnellement et « doucement », que les #violences fortes étaient rares. Cette croyance s’est dramatiquement effondrée lorsque j’ai vu à l’école des élèves se cacher dans les vestiaires pour que les autres ne voient pas les bleus dont ils étaient recouverts à cause de leurs parents. Puis plus tard, même en public, dans les supermarchés, au restaurant, etc., j’ai été tétanisée de voir la violence que certains parents infligent à leur enfant de façon totalement arbitraire.
]]>Mondialisations et migrations : dépasser le cadre de l’État pour penser la mobilité
« Exilés », « #demandeurs_d’asile », « réfugiés » : ces termes, souvent utilisés pour parler des migrants, recouvrent chacun des réalités différentes. Ils sont également révélateurs de la vision politique des hommes d’État – et des médias –, qui les utilisent.
Claire Zalc, chercheuse au CNRS :
« Dire “migrant”, c’est politique, d’autant plus dans le cadre de la mondialisation. C’est dépasser les schèmes de réflexion étatiques de l’immigré et de l’émigré qui le sont toujours par rapport à un cadre défini par un État ».
▻https://theconversation.com/mondialisations-et-migrations-depasser-le-cadre-de-letat-pour-pense
#mots #terminologie #vocabulaire #migrations #asile #réfugiés #exilés #globalisation #mondialisation #Etat-nation #échelles #migrations_circulaires #facteurs_push #facteurs_pull #pull-factors #push-factors #émigrants #immigrants
cc @sinehebdo
Using clustering to create a new D3.js color scale – Medium
►https://medium.com/@dschnr/using-clustering-to-create-a-new-d3-js-color-scale-dec4ccd639d2
In late July 2015, Tom replaced the Jenks algorithm in simple-statistics with a port of an algorithm called Ckmeans–a 1-dimensional clustering algorithm created by Haizhou Wang and Mingzhou Song that is a slight improvement over Jenks in most cases.
Despite being an improvement over Jenks, the Ckmeans algorithm still had a runtime complexity O(kn²) which would take 300–500ms for visualizations that have thousands of data points such as the US counties choropleth above. This is just too slow to be used reliably in applications where performance is important.
Luckily Wang & Song released Ckmeans 3.4.6 in May 2016, with a new core algorithm that uses a divide & conquer dynamic programming approach to achieve O(kn log(n)) runtime. For web applications this is a huge win–the same US counties choropleth now takes 30–50ms to compute clusters, which is a 10x improvement.
#d3.js #échelles #K-means #CKmeans #Jenks
voir aussi ▻http://mappemonde.mgm.fr/geovisu/119
]]>How Many Billionaires Does It Take to Buy Manhattan? | PropertyShark
▻http://www.propertyshark.com/Real-Estate-Reports/2016/10/27/how-many-billionaires-does-it-take-to-buy-manhattan
Le Parti #pirate islandais : “Nous sommes radicaux, pas irresponsables” - Le monde bouge - Télérama.fr
▻http://www.telerama.fr/monde/le-parti-pirate-islandais-nous-sommes-radicaux-pas-irresponsables,149362.ph
L’Islande est devenue une sorte de laboratoire #politique à ciel ouvert. Mais votre modèle est-il exportable ?
BJ : Beaucoup pensent que non, parce que nous sommes peu nombreux, que nos idées ne tiennent pas dans un pays plus vaste. Mais laissez-moi vous le dire : ces questions d’#échelle, ce sont des conneries. Tous les régimes démocratiques sont conçus de la même façon. L’important, ce n’est pas que toutes les voix soient entendues, c’est que l’exercice du pouvoir soit réellement représentatif. Quand vous faites un sondage, vous ne consultez pas 65 millions de personnes. C’est la raison pour laquelle nous sommes si attachés à la protection d’Internet par exemple : dans des démocraties qui n’ont jamais été aussi fragiles depuis la Deuxième Guerre mondiale, c’est le meilleur outil pour essayer de changer les choses. Si nous pouvons le faire, vous le pouvez aussi. Mais d’abord, laissez-nous vérifier que nous en sommes capables (rires) !
]]>SVG has more potential
▻https://madebymike.com.au/writing/svg-has-more-potential
#SVG_RWD
Point trop n’en faut
►http://www.laviedesidees.fr/Point-trop-n-en-faut.html
Les méfaits du #progrès : une idée rebattue, mais on ne s’est pas suffisamment avisé, selon Olivier Rey, que la cause fondamentale est dans la démesure impliquée par le développement #technique. Est-ce à dire qu’il existe une échelle propice à l’humanité ?
Livres & études
/ progrès, technique
]]>Mélissa et Alison en #service_civique à Pôle emploi, la parole au directeur de l’antenne.
▻http://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-forbach/2015/11/03/forbach-melissa-et-alison-en-service-civique-a-pole-emploi
Vêtues de leur gilet bleu, siglé "service civique", les deux jeunes filles se repèrent facilement à l’#accueil de #Pôle_emploi. Mélissa Bekka, 19 ans, de Petite-Rosselle, et Alison Cokovic, 19 ans, de Henriville, ont démarré leur mission lundi à 9 h à l’agence de la Ville-Haute à Forbach. « Elles ne sont ni salariées, ni stagiaires, ni bénévoles », indique Pascal Thuillier, directeur, qui accueille, pour la première fois, des volontaires du service civique. « Une nouveauté chez nous. Pôle emploi de Lorraine a décidé d’ouvrir ses portes au service civique. » A Forbach, les deux agences accueillent chacune deux jeunes filles pour une mission de huit mois. « C’est une très bonne #expérience pour elles comme pour nous » , se réjouit Pascal Thuillier, mettant en avant la notion d’#intérêt_général et d’engagement de ce dispositif destiné aux 16-25 ans, « cela a un parfum de #cohésion_sociale. »
Facilitateurs d’inclusion numérique
Plongées dans le grand bain dès leur arrivée, Alison et Mélissa se sont immédiatement retrouvées en contact avec le public. « Leur mission consiste à aider les #usagers [9alors, il disent ni D.E ni candidats, ndc] qui arrivent en zone d’accueil, en particulier ceux qui rencontrent le plus de difficultés à utiliser nos nouveaux #services_numériques , détaille le responsable. Elles sont là, en renfort des animateurs de Pôle emploi, pour accompagner les gens un peu perdus dans l’utilisation des services digitaux, pour leur permettre de gagner en #autonomie. »
D’ici juin, les jeunes volontaires seront également appelées à coanimer les ateliers de Pôle emploi sur les #services_à_distance. « Comme notre emploi store que nous avons mis en place récemment », souligne Pascal Thuillier, souhaitant que les deux recrues soient avant tout « des facilitateurs d’inclusion numérique. »
Le directeur de l’agence insiste sur l’impact du numérique dans la recherche d’emploi : « Aujourd’hui, 89 % des #DRH utilisent internet. Un recrutement par ce biais dure trois semaines contre trois mois par la voie traditionnelle. Un demandeur d’emploi qui n’a pas de #CV_en_ligne et qui ne dispose pas de boîte mail va être pénalisé. »
« Une vraie valeur ajoutée »
Suivies par un tuteur durant toute leur mission Mélissa et Alison ont un statut spécifique. « Elles ont signé un contrat d’engagement du service civique, elles travaillent 24 heures par semaine chez nous et touchent des indemnités » [#467€34/mois, soit un peu plus que le montant du RSA, ce minimum que la classe politique a en 1988 interdit aux moins de 25 ans à l’initiative du PS, ndc], explique le directeur de Pôle emploi.
Très heureux d‘accueillir les jeunes filles, Pascal Thuillier compte sur leur maîtrise de l’outil numérique pour développer le portail digital et améliorer les services rendus aux usagers.
« Nos agences de Forbach sont particulièrement visitées dans un bassin d’emploi compliqué , note-t-il. Pour l’instant, nous n’avons qu’un CV sur trois en ligne, un niveau assez faible. Nous allons essayer de passer un cap avec nos volontaires, qui représentent une vraie valeur ajoutée. »
Depuis les #stages Barre en 1976, le « manque d’expérience » des #entrants_sur_le_marché_du_travail a servi le prétexte pour les sous payer au nom de l’insertion dans le monde de l’entreprise et de l’emploi. Un phénomène dont l’ampleur a explosé durant le premier septennat socialiste (Travaux d’utilité collective, stage d’insertion à la vie professionnelle, etc.). On note que ces deux femmes sont en première ligne dans le travail de l’agence (accueil), quelles effectuent un travail de formation à partir d’une #qualification_gratuite (une maîtrise des outils informatiques, ici faiblement indemnisé par l’état, Pôle n’ayant rien à dépenser). L’#échelle_des_salaires comporte désormais une myriade de niveaux, une stratification accrue accompagnée d’une #individualisation, la destruction de ces valeurs collectives là a permis de faire exploser les #inégalités de salaires. It’smore fun to compete, et il n’y a pas d’alternative, sauf à rejoindre les casso’s, mais, la aussi, la #concurrence façonne fortement les moeurs.
#B-scale_partout_Reagan_Thatcher_itou