• « Madame la première ministre, donnez à la ville de Bagnolet les moyens de sauver l’Ilot Pêche d’Or-Bergerie ! »

    Dans une tribune (...), un collectif de mères habitant Bagnolet (Seine-Saint-Denis) exhorte Elisabeth Borne à sauvegarder la bergerie des Malassis, « endroit magique de rencontre avec la nature et le vivant », fréquenté en particulier par des femmes et des enfants. Le lieu est menacé par un projet de complexe scolaire géant.

    Madame la première ministre,

    Les travaux qui menacent l’îlot Pêche d’Or-Bergerie dans le quartier populaire des Malassis à Bagnolet (Seine-Saint-Denis) sont imminents. Sans une intervention rapide de votre part, il sera trop tard dans quelques jours pour sauver ce lieu si important pour le quartier et en particulier pour nous, femmes et mères de ce quartier.
    A une époque où garantir une place juste et sûre aux femmes dans l’espace public émerge enfin comme un enjeu majeur, il serait aberrant de détruire un lieu public fréquenté majoritairement par des femmes de tous les âges, des mères de famille, des assistantes maternelles. Un lieu qu’elles plébiscitent.

    En effet, en tant que femmes et mères, nous trouvons à la bergerie des Malassis un havre de paix et de sécurité ouvert à toutes et tous. Depuis onze ans que des rencontres, des concerts, des festivités diverses amènent de la joie et de la convivialité dans notre quartier, nous n’avons jamais eu à déplorer de comportements déplacés, sexistes ou d’agressions sexuelles – pourtant si fréquents dans la plupart des rassemblements festifs. Pour des raisons qu’il serait bon de laisser aux sociologues le temps d’éclaircir, ce lieu est « safe ».

    Recoins, cabanes, chèvres et poules

    Pour nos enfants, qui grandissent à nos corps défendants dans le béton et le tout-numérique, c’est un endroit magique de rencontre avec la nature et le vivant. Le sol de fleurs et d’herbes hautes est le plus beau tapis d’éveil pour les bébés. Ici, celles qui allaitent le font sans gêne ni crainte : le lieu offre à chacune la possibilité de s’installer comme elle le souhaite, sans l’injonction à se cacher qui règne dans la majorité des espaces publics de notre pays.
    Nous y avons réappris le geste simple de cueillir avec parcimonie les framboises et les baies de cynorhodon pour nos enfants. Ces derniers y jouent ensemble avec délectation, trouvant dans les recoins et les cabanes du lieu des aires de jeux poétiques et mixtes. L’espace est fait de telle sorte qu’il est nécessairement partagé et ne peut être confisqué par une partie de ballon – qui ailleurs relègue bien souvent les filles aux marges des aires de jeux.

    Les chèvres et les poules les émerveillent inlassablement. Ici, les écrans n’existent pas : on n’y pense même pas. Dans la lutte menée depuis onze ans sous l’égide de l’association Sors de terre pour défendre ce lieu et dans les soutiens actifs de la bergerie des Malassis, ce n’est donc pas un hasard si on compte une grande majorité de femmes. Aux côtés du berger, qui est la voix et le visage de la bergerie pour le grand public, ce sont des femmes qui permettent à ce lieu d’exister.

    Le sentiment d’attachement collectif

    A l’image des tissages que la talentueuse artiste Matrupix réalise avec la laine des moutons de la bergerie, nous tissons des liens entre nous et avec le vivant qui nous entoure. S’il faut les prononcer, les mots « sororité » et « écoféminisme » trouvent ici leur parfaite illustration : mais ce sont des réalités que nous avons vécues avant de savoir qu’elles avaient un nom.

    Si l’îlot Pêche d’Or est rasé comme le prévoit le projet architectural, nous aurons face à nous un complexe scolaire géant et impersonnel, de béton et de verre. Nous aurons un jardin public ordinaire, où tout ce qui nous protégeait aura disparu : les arbres, les cabanes, la présence apaisante des animaux, le sentiment d’attachement collectif.

    Madame la première ministre, une association de citoyens et de citoyennes du quartier vous a récemment adressé un courrier, des citoyens et des citoyennes vont ont interpellée pour vous demander de donner les moyens à la ville de Bagnolet de sauver cet endroit. Nous appuyons cette demande de tout notre cœur.

    Les premières signataires de cette tribune sont : Nina Abou, psychologue, mère d’Elio, habitante du quartier ; Aïcha Bathily, étudiante, habitante du quartier ; Ginette Brulin, assistante administrative, habitante du quartier ; Mariama Camara, auxiliaire de vie, mère d’Aïcha, habitante du quartier ; Dienaba Djigo, cuisinière, habitante du quartier ; Nelly Fournet, épidémiologiste, mère de Diego, habitante du quartier ; Nathalie Gabaudan, habitante du quartier ; Nadia Hassani, étudiante, habitante du quartier ; Ndiaye Kebe, assistante bilingue juridique, mère de Tidjani, habitante du quartier ; Florence Robin, enseignante, mère de famille, habitante du quartier.

    Liste intégrale des signataires : https://sauvonslilotpechedorbergerie.fr/signataires-de-la-tribune-feministe-de-soutien-a-la-ber
    Collectif

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/07/11/madame-la-premiere-ministre-donnez-a-la-ville-de-bagnolet-les-moyens-de-sauv t

    edit

    Le quartier populaire des Malassis à Bagnolet (93) défend sa bergerie, 24 Juin 2021
    https://www.humanite.fr/videos/le-quartier-populaire-des-malassis-bagnolet-93-defend-sa-bergerie-712356

    Oui à la ferme-école de Bagnolet
    https://www.ouialafermeecoledebagnolet.fr/la-bergerie-des-malassis

    #Bagnolet #écoféminisme #enfance #écologie_urbaine #écologie_populaire

  • Sandrine Rousseau, l’écologiste anti-vélo
    http://carfree.fr/index.php/2022/06/08/sandrine-rousseau-lecologiste-anti-velo

    Tout est parti d’une petite phrase de Sandrine Rousseau, la candidate à la primaire écologiste de #2022, lors d’une émission de télévision en juillet 2021, petite phrase qui a fait Lire la suite...

    #Alternatives_à_la_voiture #Fin_de_l'automobile #Vélo #alternatives #critique #cyclistes #écologie #élections #féminisme #paris #polémique #politique

    • sont massivement transportés à vélo-cargo

      Le vélo-cargo est massivement un transport de bourgeois qui a un garage pour le ranger même sans avoir de voiture (ou parfois en ayant une voiture aussi). Une voiture est difficilement volable et ne craint pas les intempéries même garée dehors dans la rue, alors qu’un vélo-cargo en milieu citadin est rigoureusement impossible pour 99% : très dangereux à laisser garé dehors (c’est un véhicule qui coute cher tout en se volant en 5min avec une disqueuse portative puisque juste protégé par un antivol s’il est dehors) et qui rouille si laissé à l’extérieur. Or le vélo-cargo est quasi le seul moyen cyclable possible quand on a plusieurs enfants à la fois. Sauf qu’étant réservé à 1% de bourges qui ont un garage en milieu urbain (et je suis gentil c’est sûrement même moins de 1% !), bah oui de fait c’est un truc de riches. Et pareil pour les remorques à accrocher derrière.

      Donc en tant que solution individuelle (faire le choix tout seul d’utiliser ce mode, en le finançant, en sachant comment le garder et l’entretenir etc), oui c’est un truc de riches, et majoritairement d’hommes (mais surtout de riches).

      Après dans un monde idéal, on peut toujours imaginer des villes totalement différentes avec des parcs de véhicules cyclables partagés qui sont protégés dans lieux exprès, et que chaque parents-travailleurs peut aller prendre le matin pour emmener ses enfants à l’école puis aller au travail etc. Mais ça c’est de la prospective, sur le constat de l’utilisation là dans les villes de maintenant, c’est plutôt raccord avec la réalité.

      (Et je me sens obligé de préciser : je dis ça depuis une position de cycliste extrémiste :p qui n’a pas de voiture, qui n’utilise même presque jamais bus et tram en préférant le vélo, et qui a un enfant. Mais de fait, je suis un mec, smicard donc plutôt pauvre mais avec une terrasse protégée, et j’ai donc une situation extrêmement rare par rapport à la plupart des habitant⋅es de ma ville, encore plus celleux du quartiers de HLM non loin : je ne me voile pas la face en pensant que les autres pourraient faire facilement autant que moi.)

    • on se retrouve avec toujours les mêmes hommes et femmes politiques dont le seul leitmotiv soit de trouver tous les cas possibles où « on ne peut pas faire de vélo » au lieu de trouver des moyens de favoriser au maximum le vélo pour tout le monde.

    • Sandrine Rousseau a aussi l’inconvénient d’être une femme, politique, écologiste, qui quand on l’interroge sur le vélo, répond ce qu’elle pense, même quand le sujet de l’interview n’est pas forcément celui qu’elle pensait traiter, ce qui permet ensuite à d’autres de faire comme si Sandrine Rousseau s’était donnée pour mission unique et permanente de lutter contre l’usage du vélo.

  • L’écologie, une terre de conflits - panorama façon extrême-centre républicain

    Les adeptes de la révolution conservatrice s’attachent à combattre une mondialisation qui détruirait aussi bien l’ethnodiversité que la biodiversité. C’est en cela que « l’écologie d’extrême droite est fondamentalement une écologie des populations », écrit Stéphane François. L’écologie néodroitière repose également sur le localisme, le néopaganisme et l’anti-universalisme. Sans oublier une certaine conception de l’« écologie intégrale »’, peut-être moins présente qu’auparavant, qui s’oppose aux OGM comme à la PMA au nom de la résistance à l’artificialisation du vivant. Mais, en intégrant la question écologique, l’ethno-différentialisme s’est progressivement doublé de ce que l’on pourrait appeler un ’« éco-différentialisme »’, remarque le philosophe Pierre Madelin dans son article « La tentation écofasciste : migrations et écologie », dans la revue en ligne ’Terrestres’, à savoir un ’« anti-immigrationnisme vert »’ qui cherche à articuler écologie et immigration. En tout cas, rappelle-t-il, Marine Le Pen soutient qu’il faut protéger ’« les écosystèmes, à commencer par les écosystèmes humains que sont les nations »’, et Hervé Juvin assure que l’homme doit ’« défendre son biotope »’ face aux ’« espèces invasives »’. Puisque la protection de l’environnement et la maîtrise de l’immigration font partie des principales préoccupations des citoyens, ’« l’extrême droite ne pourra parvenir au pouvoir qu’à condition d’articuler de façon cohérente le rejet de l’immigration et le souci de l’environnement »’, analyse Pierre Madelin. Mais le terrorisme identitaire a déjà radicalisé cette jonction.
    « Je me considère comme un #écofasciste »’, avait écrit Brenton Tarrant, qui tua, le 15 mars 2019, à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, cinquante et une personnes et en blessa quarante-neuf dans plusieurs mosquées. L’immigration et le réchauffement climatique sont ’« deux faces du même problème’, notait-il dans un manifeste. ’L’environnement est détruit par la surpopulation, et nous, les Européens, sommes les seuls qui ne contribuent pas à la surpopulation. (…) Il faut tuer les envahisseurs, tuer la surpopulation, et ainsi sauver l’environnement »’. L’écofascisme est une menace bien réelle. Et la ’« porosité »’ entre une écologie progressiste et une autre conservatrice ’« existe bel et bien »’, insiste Stéphane François, notamment autour de ’« la défense d’un mode de vie préindustriel et enraciné »’.

    https://justpaste.it/7kolq

    #écologie #écologie_politique #écofascisme #Antoine_Chopot https://seenthis.net/messages/925337
    #Rosa_luxembourg

  • « Contre-attaque partout – pourquoi nous avons sabotés les machines de Pellenc ? »
    https://lundi.am/Contre-attaque-partout-pourquoi-nous-avons-sabotes-les-machines-de-Pellenc

    « Roger Pellenc, maire de Pertuis, PDG d’une industrie multinationale, veut étendre son territoire en détruisant 86 hectares de terres agricoles fertiles sur sa commune. Ce projet aurait pour but de doubler la surface de la zone commerciale existante, donnant à l’entreprise Pellenc une trentaine d’hectares pour se développer. Fin novembre 2021 des militant-es ont commencé l’occupation de maisons et de terres promises à la destruction : la Zone A Patates (ZAP) est née. Depuis les intimidations par le maire et sa police se succèdent : destruction illégale d’une maison, saccage d’une réserve d’eau, surveillance policière…

    #accaparement #ZAP #sabotage #écologie_radicale

    • Des étudiants d’AgroParisTech appellent à « déserter » des emplois « destructeurs »

      Huit diplômés de l’école d’ingénieurs agronomes se sont exprimés, lors de leur cérémonie de remise de diplômes, contre un avenir tout tracé dans des emplois qu’ils jugent néfastes.

      « Ne perdons pas notre temps, et surtout, ne laissons pas filer cette énergie qui bout quelque part en nous. » Sur la scène de la luxueuse salle parisienne Gaveau, ce 30 avril, ils sont huit ingénieurs agronomes, fraîchement diplômés de la prestigieuse école AgroParisTech, à prendre la parole collectivement. Dans l’ambiance plutôt policée de cette soirée de remise de diplômes, après une introduction de musique disco sous éclairage de néons violet et vert bouteille, ils déroulent, d’un ton calme, un discours tranchant très politique.

      https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/05/11/des-etudiants-d-agroparistech-appellent-a-deserter-des-emplois-destructeurs_

    • « Nous, démissionnaires » : enquête sur la désertion d’en bas

      Les discours vibrants d’étudiants d’une grande école d’ingénieurs agronomes, au moment de la remise de leur prestigieux diplôme, qui déclarent ne pas vouloir suivre la voie royale que notre société de classe leur réserve, ont eu un grand retentissement. Or, si la désertion d’une petite frange de nos élites est un événement, elle masque trop souvent la désertion d’en bas, moins flamboyante mais parfois plus héroïque, des membres de la classe laborieuse. Elle survient actuellement dans tous les secteurs, de la restauration à l’informatique en passant par l’Éducation nationale ou l’associatif. Les démissionnaires d’en bas disent beaucoup du dégoût du travail et de la vie sous le capitalisme. Ils remettent en question avec force la façon dont on produit, dirige et travaille dans ce pays comme ailleurs. Ils sont un groupe dont on ne parle pas mais qui augmente en nombre et dont l’existence est un caillou dans la botte du patronat. Enquête sur la désertion d’en bas.

      Il y a un an, j’ai conclu une rupture conventionnelle et quitté mon dernier CDI. Deux mois plus tard, une amie faisait de même. Six mois plus tard, un autre m’annonçait sa démission. Il y a deux semaines, mon frère a démissionné de son premier CDI, il a vécu ce moment comme une libération. Après des années de brimades et de résistances dans une association, ma belle-mère a fait de même. Autour de moi, au travail, “on se lève et on se casse”. “Félicitations pour ta démission !” est un message que j’envoie plus souvent que “bravo pour ta promotion !” . Le récit du premier rendez-vous Pôle Emploi est devenu, parmi mes proches, plus répandu que celui du prochain entretien d’embauche. Le média en ligne Reporterre nous a informé la semaine dernière que nous n’étions pas les seuls, loin de là. Le phénomène de la « grande démission », qui a concerné aux Etats-Unis autour de 47 millions de personnes, semble toucher la France. L’enquête périodique du ministère du Travail sur les mouvements de main-d’œuvre le confirme : on assiste depuis 2 ans à une augmentation importante des démissions (+20,4% entre le premier trimestre 2022 et le dernier trimestre 2019).

      Ça n’a échappé à personne tant que le matraquage médiatique est intense : des secteurs peinent à recruter, ou perdent du personnel. C’est le cas de la restauration, dont le patronat se plaint, dans Le Figaro, de ne plus oser parler mal à ses salariés de peur qu’ils fassent leur valise. Mais c’est aussi le cas de l’hôpital public ou de l’Education nationale. Les explications médiatiques laissent le plus souvent à désirer : pour le Point, nous aurions perdu le goût de l’effort, tandis que la presse managériale se lamente sur ce problème qui serait générationnel. Ces dernières semaines, le thème de la désertion est essentiellement traité du point de vue d’une petite partie de la jeunesse diplômée et bien née, qui pour des principes éthiques et politiques, refuserait, comme par exemple dans les discours devenus viraux des étudiants d’AgroParisTech dont nous parlions en introduction, de diriger une économie basée sur la destruction de notre habitat pour se reconvertir dans l’agriculture paysanne.

      Mais qu’en est-il de cette désertion du milieu et d’en bas, celle des employés, des cadres subalternes, des fonctionnaires, des techniciens et des exécutants de la société capitaliste qui décident – souvent parce qu’ils n’en peuvent plus – de quitter leur emploi ? Derrière les grands principes, la réalité du travail est exposée dans la cinquantaine de témoignages que nous avons reçue, issus de tous secteurs : la désertion de la classe laborieuse est avant tout une quête de survie individuelle dans un monde du travail absurde et capitaliste. Elle dit beaucoup de la perte de nos outils collectifs de résistance aux injustices, de la solitude des travailleurs dont tout le monde se fout, mais aussi d’un refus puissant de jouer le rôle qu’on nous assigne. La grande démission est-elle une chance à saisir pour changer la société ?

      La démission, une question de survie face à la violence au travail

      Arthur* ne parle pas de « désertion ». Il n’a pas eu l’occasion de faire un discours vibrant lors de sa remise de diplôme. C’est normal, il est devenu apprenti pâtissier dès ses 14 ans et n’a pas eu le temps de souffler depuis. Mais il y a deux mois, il a démissionné de son emploi dans la restauration. Son patron a refusé la rupture conventionnelle, ce dispositif légal qui permet de partir, avec l’accord de son employeur, en échange d’indemnités minimales mais d’un accès aux indemnités chômage. Sa justification ? « Je t’ai appris des valeurs donc tu ne vas pas pointer au chômage ». Parmi les valeurs de ce Père La Morale : l’homophobie, qui a contraint Arthur à devoir cacher sa sexualité, avant d’être poussé au coming out, devant des collègues, par son patron. Dans cette petite entreprise, il a enduré des années de brimades et d’humiliations qui lui ont fait perdre confiance en lui et le goût de son travail. Depuis sa démission, il est sans revenus et a du mal à retrouver un emploi décent. Il n’empêche qu’il vit son départ comme un soulagement, après avoir enduré tête baissée ces années de captivité professionnelle, avec ses horaires décalées, son chef tyrannique et sa paye minimale. Le confinement de 2020 a joué un rôle déterminant dans sa prise de décision : Arthur a enfin eu du temps pour voir ses proches, sa famille, pour s’intéresser à la politique et ainsi, avancer.

      Les problèmes de turnover du secteur de la restauration ne sont quasiment jamais décrits du point de vue d’Arthur et de ses collègues. La presse est entièrement mobilisée pour relayer le point de vue du patronat, qui se plaint d’une pénurie de main-d’œuvre. Arthur rit jaune devant un tel spectacle : « ça me fait autant marrer que ça me dégoûte, m’explique-t-il, et mon patron tenait aussi ce discours de ouin-ouin « il y a un grand turn over plus personne ne veut travailler… » alors qu’on faisait quasiment tous 65h payées 39h ». Le secteur de la restauration est à l’avant-poste de tout ce qui dysfonctionne – ou plutôt fonctionne selon les intérêts du patronat – dans le monde du travail : des salariés isolés, sans représentation syndicale efficace, une hiérarchie omniprésente et intrusive, un travail difficile, en horaires décalés, avec beaucoup d’heures supplémentaires (souvent non payées) et avec peu d’autonomie et où le droit est très peu respecté.

      C’est aussi à cause de la violence généralisée que Yann a quitté plusieurs emplois successifs, dans la manutention puis le bâtiment. Pour lui, le problème venait tout autant de hiérarchies « maltraitantes » que de l’ambiance générale entretenue au sein des entreprises qu’il a connu : « J’avais cette sensation qu’on m’obligeait à bosser avec des personnes que j’aurais détesté fréquenter en dehors, et d’un autre côté qu’on me mettait en compétition avec des gens avec qui j’aurais pu être pote » m’a-t-il raconté. L’ambiance « stupidement viriliste » au travail ne lui convenait pas et il n’a pas trouvé de possibilités d’améliorer les choses.

      La plupart des témoignages reçus viennent confirmer une tendance lourde du monde du travail des années 2020 : si la violence est aussi répandue, c’est parce que la pression au travail s’est accrue, et pèse sur les épaules de toute une partie des effectifs, des managers aux employés de base. L’absence d’empathie des chaînes hiérarchiques semble être devenue la norme, comme nous l’avions déjà décrit dans un précédent article. C’est ainsi que Sara*, responsable de boutique dans une chaîne d’épicerie, a fini par quitter son emploi, après avoir gravi tous les échelons. Déjà éprouvée par la misogynie continuelle qu’elle subissait au quotidien, elle s’est retrouvée seule face à une situation de violence au travail, sans réaction de sa hiérarchie. Dans cette structure jeune, très laxiste sur le droit du travail, elle n’a pas trouvé de soutien face à la pression continuelle qu’elle subissait. Résultat, nous dit-elle, « j’allais au travail la boule au ventre, je faisais énormément de crises d’angoisse chez moi le soir, beaucoup d’insomnies aussi. J’ai un terrain anxieux depuis l’adolescence mais c’était la première fois depuis des années que j’ai ressenti le besoin d’être sous traitement. Je me sentais impuissante et en danger ».

      Ce témoignage est tristement banal : il semblerait qu’en France, les hiérarchies se complaisent dans l’inaction face aux atteintes à la santé des salariés. Il faut dire que les dernières évolutions législatives ont considérablement favorisé cette nouvelle donne. Nous en avons parlé à de multiples reprises : depuis la loi El Khomri de 2016 et les ordonnances travail de 2017, la santé au travail est reléguée au second plan, et le pouvoir du patronat face aux salariés a été considérablement renforcé. Le prix à payer était, jusqu’ici, l’augmentation du mal-être au travail, du burn out ainsi que des accidents, qui fait de la France une triste championne d’Europe de la mortalité au travail.

      La démission et le turn over qui en résultent, ainsi que la difficulté à recruter dans de nombreux secteurs, est désormais le prix que doivent payer les employeurs, et ils ne sont pas contents : peut-être auraient-ils pu y songer quand ils envoyaient toutes leurs organisations représentatives (MEDEF, CPME…) plaider pour détricoter le code du travail auprès des gouvernements successifs.

      La « perte de sens » : une question matérielle et non spirituelle

      Dans les témoignages reçus, la question du sens occupe une place moins grande que celle des (mauvaises) conditions de travail. Là encore, la désertion d’en bas diffère de la désertion d’en haut décrite dans la presse, où la question du sens et des grands principes est centrale. Au point que les grands groupes s’adaptent pour retenir leurs « talents » (c’est comme ça que les cadres sup appellent les autres cadres sup) en se donnant une « raison d’être » qui ne soit pas que la satisfaction de l’appât du gain des actionnaires. Ce dispositif est permis par la loi PACTE depuis 2019, et il ne sert à rien d’autre qu’à faire croire qu’une boîte capitaliste n’est pas seulement capitaliste : elle aime les arbres, aussi. Quand il s’agit du sens au travail, personne n’évoque la politique de “Responsabilité Sociale et Écologique » que les grands groupes affichent fièrement sur des affiches dans le hall du siège social. En revanche, trois cas de figures semblent se dessiner : le sentiment d’absurdité et d’inutilité, le sentiment de ne pas réussir à faire correctement son travail et de voir ses missions dévoyées, et enfin celui de faire un travail nuisible, intrinsèquement mauvais, qu’il convient de quitter pour des raisons politiques et morales.
      1 – L’absurdité au rendez-vous : « qu’on existe ou pas, ça ne change rien »

      Mon frère a quitté une structure associative où il était constamment noyé de boulot… sans savoir à quoi il servait. « J’ai encore une histoire à la The Office à te raconter » avait-il l’habitude de m’écrire. The Office, brillante série américaine, met en scène des salariés qui font toujours autre chose que leur travail, car constamment sollicités par un patron égocentrique et extravagant les entraînant dans un tourbillon de réunions, formations sécurité, séminaires de team building, concours de meilleur employé etc. Mais à la fin, ils servent à quoi, ces gens qui travaillent ? Dans le cas de mon frère, si le sens était altéré, c’était d’abord en raison d’une mauvaise gestion, d’un objet mal défini par un compromis politique reconduit chaque année par un directoire composé d’élus locaux. Il n’empêche que pour mon frère, l’intérêt de son job pour la société n’était pas avéré : « qu’on existe ou pas, ça ne change rien » m’a-t-il dit avant de décider de partir.

      Le thème des « bullshit jobs », ces métiers inutiles et ennuyeux dont l’existence a été brillamment théorisée par l’anthropologue britannique David Graeber, peut expliquer tout un pan du désamour d’une partie des cadres moyens pour leurs professions vides de sens. Pour mon ami A., son activité de consultant s’inscrivait en partie dans ce paradigme-là. Bien sûr, son action avait une utilité pour l’entreprise cliente, car le logiciel qu’il y mettait en place et pour lequel il formait le personnel à une organisation dédiée améliorait vraiment les choses. Mais que faire si l’entreprise elle-même avait une activité absurde ?

      Le capitalisme contemporain, nous dit Graeber, génère une immense aristocratie constituée de services de ressources humaines et de cabinets de consultants, c’est-à-dire de gens dont le travail est de gérer le travail des autres. Forcément, l’utilité ne tombe pas toujours sous le sens. Cette masse de gens qui dépendent de cette économie des services pour le travail n’a cessé de grossir, et ses contradictions génèrent sa propre croissance : dans ces entreprises où les cadres s’ennuient et se demandent à quoi ils servent, il faut faire venir des consultant en bien-être au travail qui vont organiser des ateliers et des cercles de parole pour parler de ce problème.

      Le problème du sentiment d’absurdité au travail, c’est qu’aucune hiérarchie ne tolère qu’il s’exprime librement. Les techniques de management des années 2020 insistent sur la nécessité de l’engagement, en toute bienveillance évidemment : il s’agit d’être sûr que tout le monde adhère à fond au sens de son travail. Ecrire un hymne en l’honneur de l’entreprise, comme A. a été invité à le faire lors d’un week-end de « team building », poster des photos de son travail et de son enthousiasme sur un réseau social interne, comme doivent le faire les salariés d’un grand groupe agroalimentaire où j’ai eu l’occasion de mener une expertise en santé au travail. Le non-engagement est sanctionné : dans cette entreprise, une évaluation comportementale annuelle se penche sur le niveau d’engagement et d’implication des salariés. Le soupir n’est pas de mise. Comment, dans ces conditions, tenir le coup sans devenir un peu fou ? A., comme d’autres consultants qui m’ont écrit, a choisi la démission.
      2 – La qualité empêchée : « j’aimerais juste pouvoir faire mon travail »

      Le sentiment d’absurdité ne peut expliquer à lui seul la succession de démissions et de déception professionnelle. Au contraire, nombre de récits reçus sont ceux de gens qui croyaient en ce qu’ils faisaient mais se sont vu empêcher de mener correctement leurs missions. La question du sens est le plus souvent abordée sous l’angle de la capacité ou non à bien faire son travail. Or, autour de moi et dans les témoignages reçus pour cette enquête, tout le monde semble frappé de ce que les psychologues du travail appellent la « qualité empêchée ».

      L’histoire de Céline*, maîtresse de conférence dans l’université d’une grande ville française, s’inscrit en partie dans ce cadre. Elle aussi a été poussée au départ par une pression administrative constante et l’absence de solidarité de son équipe. Elle a quitté une situation pourtant décrite comme confortable et stable : fonctionnaire, dans l’université publique… Pour elle, son travail est détruit par « les dossiers interminables pour avoir des moyens ou justifier qu’on a bien fait son travail », mais aussi les programmes et l’organisation du travail qui changent constamment et, évidemment, le manque de moyens. Paloma, enseignante dans le secondaire, a pris conscience de son envie de partir lors des confinements, mise face à la désorganisation de l’Education nationale, au niveau du pays comme des deux établissements où elle enseignait. Plus généralement, elle m’a confié que “le plus dur, c’était de constater que les élèves détestent l’école et les profs aussi, et qu’on ne cherche pas à faire réfléchir les élèves ou à développer leur sens critique. Je ne voulais pas contribuer à ça.”

      La question du manque de moyens est omniprésente lorsque l’on discute avec les personnels des services publics. Ce manque, qui se ressent dans la rémunération mais qui transforme toute envie d’agir ou d’améliorer les choses en parcours du combattant face à des gestionnaires omniprésents et tâtillons, brisent l’envie de rester. Les soignant.e.s ne cessent de le répéter, apparemment en vain : « En formation, on apprend que chaque patient est unique et qu’il faut le traiter comme tel, résumait Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers. Mais quand on arrive à l’hôpital, on est face à un processus bien plus industriel, où on n’a pas le temps d’accompagner le patient, d’être à l’écoute. Il y a alors le sentiment de mal faire son travail et une perte de sens ». C’était il y a un an. Désormais, la pénurie de personnel entraîne la fermeture de services d’urgences la nuit, un peu partout en France. Ce sont les patients, et le personnel qui continue malgré tout, qui subissent de plein fouet les départs en masse de l’hôpital public où « la grande démission » n’est pas une légende médiatique.

      Face à ces problèmes très concrets, la question du sens devient presque une opportunité rhétorique pour le gouvernement et les strates hiérarchiques : il faudrait « réenchanter la profession », donner du sens aux métiers du service public à base de communication abstraite, plutôt que de donner les moyens de travailler correctement.
      3 – Le sentiment de faire un travail nocif : ​​”j’étais surtout un maillon de la perpétuation de la violence sociale”

      Hugo* travaillait pour un important bailleur social d’Île-de-France. Désireux de sortir de la précarité continue qu’il connaissait en enchaînant les CDD dans la fonction publique, il est devenu chef de projet dans cette structure, en ayant l’espoir de pouvoir se rendre utile. « J’y suis arrivé plein d’entrain car j’avais à cœur de faire un métier « qui ait du sens » … loger les pauvres, être un maillon de la solidarité sociale, etc ». Il a vite déchanté : « Globalement, je me suis rendu compte que j’étais surtout un maillon de la perpétuation de la violence sociale. In fine, malgré tout l’enrobage du type « bienveillance », « au service des plus démunis », des photos de bambins « de cité » tout sourire, il s’agissait d’encaisser les loyers pour engraisser les actionnaires (c’était un bailleur social privé, pas public). J’ai ainsi participé à une opération de relogement d’une tour de 60 habitants, qui allait être démolie dans le cadre du « renouvellement urbain ». Autant vous dire que les locataires n’étaient pour beaucoup (hormis quelques fonctionnaires communaux ayant encore un peu d’âme) que des numéros. Des « poids » à dégager au plus vite. Toutes les semaines je devais faire un « reporting » sur combien étaient partis, combien il en restait encore, avec un objectif… Je devais faire 3 propositions de logement aux locataires et leur mettre la pression pour qu’ils acceptent, en brandissant la menace de l’expulsion à demi-mot. Je voyais l’angoisse sur le visage des gens. » Hugo a fini par craquer et obtenir – au forceps – une rupture conventionnelle.

      Selma* et Damien* travaillaient aussi dans des professions participant de la façon dont on construit et on habite les villes. La première est urbaniste, le second architecte. Ils ont quitté des métiers pourtant souvent perçus comme intéressants et utiles parce que les effets de leur action leur semblaient vains voire néfastes, sur le plan social et écologique. Pour Selma, les mauvaises conditions de travail liées aux contraintes financières de son entreprise rachetée par un grand groupe sapait la qualité de son travail. Quant à Damien, il déplore les activités de son ancienne agence d’architecture : “Les projets sur lesquels je travaillais étaient très loin de mes convictions : des logements pour des promoteurs, en béton, quasiment aucune réflexion sur l’écologie (au-delà des normes thermiques obligatoires). Je faisais partie d’une organisation qui construisait des logements dans le seul but de faire de l’argent pour les promoteurs avec qui je travaillais.” Sa conclusion est sans appel : “Globalement, j’en suis arrivé à la conclusion que nous allions tous dans le mur (écologique). Les villes seront bientôt invivables, ne sont pas résilientes au changement climatique (essayez de passer un été sans clim à Strasbourg). J’ai constaté que j’étais totalement impuissant pour changer un tant soit peu les choses.”

      Les personnes qui travaillent dans des domaines d’activité nocifs à la société et qui en souffrent évoluent dans une contradiction forte, qui se termine souvent par un départ, faute d’avoir pu faire changer les choses de l’intérieur. Le manque d’autonomie conjugué à la quête de sens peut expliquer le nombre croissant de démissions et la pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs (le nucléaire, par exemple, a de grosses difficultés à recruter – étonnant, non ?). Chercher du sens dans son travail pose néanmoins une question de ressources : la stabilité économique doit d’abord être garantie, et la majeure partie de la classe laborieuse n’a pas le luxe de s’offrir le sens et la sécurité tout à la fois.
      La démission : une forme (désespérée) de protestation au travail ?

      Je repense à mes départs successifs (trois, au total : un non-renouvellement de CDD, une démission, une rupture conventionnelle) avec soulagement mais aussi une pointe de culpabilité. Quitter un emploi, c’est laisser derrière soi des collègues que l’on appréciait, avec qui l’on riait mais aussi avec qui on luttait. Deux de mes départs ont été le résultat de petites ou de grosses défaites collectives, accompagné d’un dégoût ou d’un désintérêt pour des secteurs ou des entreprises que j’estimais impossibles, en l’état du rapport de force, à changer. J’ai donc demandé à toutes les personnes qui m’ont raconté leur démission si elles avaient tenté de changer les choses de l’intérieur, et comment cela s’était passé. La majeure partie des personnes qui m’ont répondu ont tenté de se battre. En questionnant la hiérarchie sur les conditions de travail, en réclamant justice, en poussant la structure à s’interroger sur le sens de son action et de ses missions… en vain.

      Les situations les plus désespérées en la matière m’ont sans doute été racontées de la part de démissionnaires du monde associatif. Les associations, des structures où l’on exerce en théorie des métiers qui ont du sens… et qui sont progressivement vidées de leur essence par des hiérarchies calamiteuses, des conditions de travail très dégradées, des logiques néolibérales et gestionnaires qui viennent s’appliquer au forceps, contre l’intérêt des salariés et des usagers… Et le pire, c’est que le discours du sens y est devenu une arme mobilisée par le patronat associatif pour mater les salariés récalcitrants en leur opposant la noblesse de leur mission et la nécessité de ne pas y déroger pour ne pas nuire aux usagers. Antoine, démissionnaire d’une association d’éducation populaire dans l’ouest de la France, résume bien la situation : “dans l’associatif, la répression syndicale est super forte, joli combo avec le côté « on est dans une association alors on est toustes des gens biens et militants donc ça se fait pas de parler de domination”, qui décourage pas mal à se mobiliser…”.

      Il y a des secteurs qui sont structurellement moins propices à la résistance salariale collective, et l’associatif en fait partie, et pas seulement à cause du discours évoqué par Antoine. Le syndicat ASSO, la branche de Solidaires dédié aux salariés de l’associatif, rappelle qu’il s’agit d’un secteur “très atomisé, où nombre de salarié.e.s se trouvent seul.e.s dans de très petites structures : plus de 80 % des associations emploient moins de 10 salarié.e.s. L’organisation d’élections n’est pas obligatoire selon le code du travail pour les structures de moins de 10 salarié.e.s (6 pour la Convention de l’animation). Très peu de salarié.e.s ont une voix officielle, via un représentant.e du personnel, pour participer aux discussions sur leurs conditions de travail et pas d’appuis en interne en cas de conflit.” Par ailleurs, “près de 30% des salarié.e.s associatifs ne sont pas couverts par une convention collective (contre 8% dans le secteur privé marchand)”. On part donc de plus loin, quand on est salarié de l’associatif, que d’autres, pour améliorer les choses. Mais c’est le cas, d’une façon générale, dans l’ensemble des secteurs du pays qui ont tous subi d’importants reculs en matière de rapport de force salarial. Partout, le patronat est sorti renforcé des différentes réformes gouvernementales.

      C’est le cas à la SNCF, dont le personnel est massivement sur le départ depuis 2018, date de la réforme ferroviaire et d’une longue grève brisée par Macron et Borne, alors ministre des Transports et depuis Première ministre. En 2019, les départs ont augmenté de 40% par rapport à 2018, et ils suivent depuis le même rythme. La direction de la SNCF a tout fait pour briser les collectifs de travail, atomiser les salariés et modifier leurs conditions de travail. Dans Libération, les cheminots racontent comment la fin de leur statut a mis fin, entre autres, à la retraite garantie à 55 ans, compensation d’un rythme de travail épuisant.

      Difficile de résister quand les syndicats sont de moins en moins présents et nombreux. Yann, notre manutentionnaire démissionnaire, s’en prend quant à lui à la perte de culture du rapport de force chez ses collègues : « J’ai 35 ans et j’ai entendu de plus de plus les discours managériaux et les exigences patronales dans la bouche des ouvriers. C’est d’une déprime… Rien à prendre aussi du côté des « anciens » avec des dos défoncés qui ressassent des discours du type « on se plaignait pas avant », « les jeunes veulent plus rien faire »… ». Le problème dépasse largement, selon Yann, la culture de son ex-entreprise. Il s’étonne : “C’est fou que le sujet du malheur au travail ne soit quasiment jamais abordé à part par le côté clinique des burn out. Le sujet est absent de toutes les dernières campagnes électorales.”

      La solitude et la désunion, ou du moins l’absence de culture du rapport de force au travail, est une réalité qu’il est facile d’éprouver : la baisse continue des effectifs syndicaux n’en est que l’illustration statistique la plus flagrante. La démission devient alors une façon de mettre le collectif face à ses contradictions, d’interpeller collègues, direction et la société plus globalement sur les injustices qui s’accumulent. C’est un peu ce que concluait mon amie Orianne, infirmière à l’AP-HP et depuis en disponibilité pour exercer dans le privé. Comme des milliers de soignant.e.s en France, elle a déserté des hôpitaux publics détraqués par les gouvernements successifs – et celui-ci en particulier. Membre du collectif InterUrgences, Orianne s’est pourtant battue pendant plusieurs années, avec ses collègues, pour obtenir une revalorisation salariale et de meilleures conditions de travail, globalement en vain. Les applaudissements aux fenêtres durant le premier confinement n’auront donc pas suffi : le départ a été pour elle une issue personnelle et, dans un sens, collective ; face au manque de soignant.e.s, le gouvernement va-t-il finir par réagir ?

      De là à dire que la démission est une forme radicale et individuelle de grève, il n’y a qu’un pas que nous franchirons pas : car les grèves renforcent le collectif, soudent les collègues autour d’un objectif commun alors que la démission vous laisse le plus souvent seul, même si des effets collectifs peuvent se créer. Antoine a bon espoir que sa démission ait un peu secoué les choses : “mon départ a pas mal remué le Conseil d’Administration de mon association qui a prévu un gros travail sur la direction collégiale entre autres. A voir si cela bouge en termes de fonctionnement interne”, me dit-il. Lorsque mon frère a quitté son association, il s’est demandé si ses supérieurs hiérarchiques allaient “se remettre en question”. Je lui ai plutôt conseillé de ne pas en attendre grand-chose : les hiérarchies sont généralement expertes pour ne pas se remettre en question. Les “départs” sont évoqués, dans les entreprises, avec une grande pudeur, voire carrément mis de côté ou rangés du côté des fameux “motifs personnels” qui sont la réponse préférée des hiérarchies aux manifestations de la souffrance au travail.
      La quête (vaine ?) d’un ailleurs

      “Si ça continue, je vais partir élever des chèvres dans le Larzac moi” : c’est une phrase que j’ai souvent entendu, cliché du changement de vie après des déceptions professionnelles. Force est de constater que ce n’est pas la route empruntée par la plupart des démissionnaires, sinon les départements de la Lozère ou de l’Ariège auraient fait un signalement statistique. La plupart des personnes qui ont témoigné au cours de cette enquête ont des aspirations plus modestes : trouver un emploi avec des horaires moins difficiles, quitter une entreprise toxique, prendre le temps de réfléchir à la suite ou devenir indépendant.

      La reconversion agricole ou la reconversion tout court restent des possibilités accessibles à une minorité de personnes, en raison du temps et de l’argent que cela requiert. Yann, à nouveau, a tout résumé : “J’entends souvent le type de discours sur la perte de sens des CSP+ qui rêvent d’ouvrir un food truck ou un salon de massage, et ça m’irrite au plus haut point. Quand on est cadre, on a le capital financier/scolaire et le réseau pour faire autre chose. C’est nettement plus difficile quand on est préparateur de commande”. Mon compagnon fait partie de celles et ceux qui ont choisi la reconversion agricole comme planche de salut après des expériences désastreuses dans d’autres secteurs de l’économie. Il est le premier à relativiser le discours qui fait de l’agriculture un “ailleurs” au capitalisme . Ce n’est d’ailleurs pas pour ça qu’il a franchi ce cap, mais bien en raison d’un désir de vivre à la campagne, loin de la ville et dans un secteur qui l’intéressait davantage. Mais pour lui ce n’est pas une “alternative” au capitalisme, et c’est loin d’être une activité qu’il conseillerait à toutes celles et ceux qui veulent déserter les bureaux ou les entrepôts de la vie capitaliste : “C’est dur et tu gagnes mal ta vie”.

      Loin de l’image d’Epinal de la reconversion agricole enchantée où l’on vit d’amour et d’eau fraîche dans des cabanes dans les bois, façon vidéo Brut, l’agriculture, même biologique, s’insère dans un marché et dans des rapports de force qui sont tout sauf anticapitalistes. Le poids politique de l’agriculture intensive, le règne de la FNSEA, le principal lobby agro-industriel qui impose ses vues à tout le monde, avec le soutien du gouvernement, ne font pas de ce secteur un endroit apaisé et éloigné des turpitudes décrites précédemment.

      J’ai voulu un temps m’y lancer moi aussi (depuis, je me contente d’être vendeur au marché, ce qui me convient très bien) et j’ai vu, lors des formations que je suivais, l’attraction que le secteur exerçait sur de nombreux salariés désireux de changer, littéralement, d’horizon. J’ai vu ceux d’en bas, qui luttaient pour obtenir un lopin de terre à peine cultivable, et ceux d’en haut, qui rachètent des domaines immenses, font creuser des étangs et plantent le jardin bio-permaculture de leur rêve – pardon, font planter par des ouvriers agricoles – et semblent y jouer une vie, comme Marie-Antoinette dans la fausse fermette construite pour elle dans les jardins de Versailles. Puis ils s’étonnent que la population locale ne les accueille pas à bras ouverts… Bref, le monde agricole n’est pas un ailleurs, il est une autre partie du capitalisme où il faut lutter – même si le paysage y est souvent plus beau. Et d’ailleurs, les agriculteurs démissionnent aussi – de leur métier ou, c’est une réalité tragique, de leur propre vie. Les exploitants agricoles ont malheureusement la mortalité par suicide la plus élevée de toutes les catégories sociales.

      S’il y a bien un désir qui réunit la majeure partie des démissionnaires à qui j’ai parlé, et qui m’a moi-même animé, c’est celui de sortir du lien de subordination et du monde étouffant de l’entreprise en devenant indépendant. Ce désir d’indépendance, souvent snobé, quand on est de gauche, car il s’apparenterait à de la soumission déguisée en autonomie entrepreneuriale, n’est pourtant pas vécu comme un “projet” disruptif et capitaliste. Bien au contraire, les gens qui choisissent la voie de “l’auto-entrepreneuriat” et du freelance savent que c’est aussi une précarité économique que l’on peut vivre si on en a les moyens : quelques économies, un niveau de qualification suffisant, un petit réseau… Mais parfois, après avoir subi la violence du lien hiérarchique, on peut s’en contenter si c’est une possibilité. Mohamed, ingénieur, résume ce qui, pour lui, mène à l’envie d’indépendance, et qui résulte directement des impasses structurelles du travail sous le capitalisme contemporain : “Je n’ai que trois possibilités : faire partie d’un grand groupe (Atos, Orange, Thales, etc.), pire solution car travaillant exclusivement pour des actionnaires avec un boulot qui n’a aucun sens. Repartir en PME, ce qui est très bien pour 5 ans maximum mais on finit toujours par se faire racheter par les gros. Ou devenir indépendant.” Mais pour beaucoup, après la démission, c’est la quête d’un boulot salarié “moins pire” qui reste le seul choix possible.

      Démissionnaires de tous les secteurs, unissons-nous !

      Poussés dehors par des entreprises et des services publics de plus en plus macronisés (c’est-à-dire où la violence des rapports humains, la fausseté du discours et la satisfaction des actionnaires ou des gestionnaires prennent toute la place), nous sommes amenés à chercher des recours possibles pour mener une vie plus tranquille, un peu à l’égard de la guerre que le capitalisme nous mène. Mais l’ailleurs n’existe pas, ou bien il implique des choix de vie radicaux et sacrificiels. “Je me demande s’il y a moyen de dire fuck à la société capitaliste sans devenir un primitiviste babos qui ne se lave plus”, me résumait cette semaine mon frère, sans pitié. Franchement, sans doute pas. On peut s’épargner des souffrances inutiles en refusant le salariat, des boulots absurdes et profondément aliénants – quand on le peut – mais partout où on l’on se trouve, il faut lutter.

      Ce constat serait plombant si j’étais le seul à avoir quitté à répétition mes derniers emplois. Mais ce n’est pas le cas. Nous, démissionnaires, sommes des dizaines de milliers. Nous, les rescapés des ruptures conventionnelles, les démissionnaires sans allocations, les abandonneurs de postes, rejoignons chaque jour le cortège ordinaire des licenciés, des en-incapacité-de-travailler, des accidentés, des malades, de tous ceux qui ont été exclus ou se sont exclus du cursus honorum que le capitalisme accorde à celles et ceux qui ne font pas partie de la classe bourgeoise : baisse la tête, obéis au chef, endette-toi, fais réparer ta voiture et peut-être qu’à 40 ans tu seras propriétaire de ton logement.

      Nous, démissionnaires, sommes si nombreux et si divers. Les écœurés du virilisme des chantiers comme Yann, les saoulées du sexisme de boutique comme Sara, les rescapés de la brutalité patronale comme Arthur, les Selma et Damien qui ne veulent pas nuire aux habitants en faisant de la merde, les Céline, Paloma et Orianne qui n’ont pas rejoint le service public pour maltraiter élèves et patients mais aussi les Mohamed, les Hugo qui ne veulent pas engraisser des actionnaires en faisant de l’abattage de dossier pour gonfler les chiffres… Démissionnaires = révolutionnaires ? En tout cas, leur démission est une preuve de non-adhésion au système capitaliste.

      Démissionnaires de tous les secteurs : vous n’êtes pas seuls, nous sommes des milliers, et notre existence fait le procès de l’entreprise capitaliste. Notre amour du travail bien fait, de la justice et de la solidarité sont incompatibles avec la façon dont le capitalisme transforme nos activités, même celles qui en sont a priori le plus éloignées. Démissionnaires de tous les secteurs : unissons-nous !

      https://www.frustrationmagazine.fr/enquete-desertion

      #désertion #désertion_d'en_bas #démissionnaires #travail

    • Le matin, j’ai échoué, mais l’après-midi, j’ai appliqué ma première leçon, et j’ai demandé à mes étudiant.e.s universitaires ce qu’iels voulaient penser et entendre. Iels ont répondu beaucoup de choses, mais surtout que l’enseignement qu’iels avaient reçu jusqu’à présent était trop axé sur les problèmes, et qu’iels voulaient apprendre à travailler sur des solutions : ce à quoi elles ressembleraient dans divers secteurs professionnels. Iels voulaient savoir quels leviers actionner pour changer les systèmes politiques et économiques entrelacés. Iels voulaient connaître les aspects juridiques et commerciaux de la transformation systémique. Et iels voulaient avoir plus d’occasions de discuter de leur formation et de son orientation.

      Alors … j’ai jeté la présentation Powerpoint que j’avais préparée. À sa place (roulement de tambour), j’ai parcouru les diapositives du GIEC AR6 WG3 sur les solutions sectorielles, et nous avons discuté de chacune d’entre elles tour à tour, dans la mesure de mes compétences. Nous avons également discuté de la capture de l’État par les intérêts fossiles, des groupes de pression industriels, des lobbys et des obstacles au changement, des nouvelles technologies et du colonialisme, et de la nécessité de considérer son travail comme un effort pour parvenir à une transformation systémique. Ce fut l’une des meilleures expériences d’enseignement que j’aie jamais eues. Il y avait des sourires, de l’enthousiasme, de l’incrédulité, des expressions de frustration, des rires et toute la gamme des efforts humains. Quoi qu’il en soit, je n’ai plus ressenti de trahison.

  • Bon, pour notre anniversaire, et vu le prix de l’essence, on a décidé de s’offrir un vélo électrique. 1000 euros tout rond chez Intersport. C’est donc un modèle pas trop cher, mais pas l’entrée de gamme non plus.

    Et là je viens de déposer les dossiers pour obtenir les subventions, pour en théorie obtenir :
    – métropole de Montpellier, 500 euros,
    – département, 250 euros,
    – région, 200 euros.

    Pour département et région, c’est sous « condition de ressource », mais avec 3 enfants on est dans les clous. Ça risque d’être long avant de toucher les sous, mais si on touche tout, ça nous paie le vélo…

    • bonne idée d’informer ici qui ne le serait pas.
      pour ma part, je roule à vélo et j’aime les freins à disques et l’argent gratuit, j’y ai donc pensé. mais sans autre endroit que la rue pour ranger le vélo, c’est pas sérieux. et puis mes aller-retour fréquents, c’est deux fois une demie heure. par ailleurs, j’’aime guère ces cyclistes électrifiés (ou pas...) qui se conduisent (souvent) comme des automobilistes en SUV. « casse-toi avec ta bicyclette nucléaire », que je leur dis. et aussi, je lutte mollement mais sûrement contre une sédentarite chronique sans avoir encore besoin d’assistance électrique. bref, je loupe l’argent gratuit, les grosses pentes sans effort, le rayon d’action étendu.
      constats : on nous habitue à bouffer de l’électroc pour tout ; ces mécanismes de subvention rétroactifs sont lamentablement inégalitaires, qui ne peut faire l’avance de frais ne les touche pas.

    • Concernant la subvention de Montpellier, la question de l’inégalité d’accès a été abordée dans des articles, et je crois qu’ils n’ont pas trouvé de solution.

      Une piste aurait été que les administrations en charge de ces dossiers travaillent à la manière des assurances/mutuelles pour ton dentiste ou tes lunettes : tu fais valider la facture avant l’achat, tu obtiens l’accord/refus illico, et si c’est réglé rapidement on peut soit jouer sur les délais de paiement (en attendant que la subvention soit réglée), soit faire verser la subvention directement au vendeur. Quand j’ai dû changer le pare-brise de la bagnole, plus simplement, le garage a proposé d’encaisser le règlement après quelques semaines, le temps que l’assurance m’ait déjà versé le montant de la facture. Ce genre de choses c’est possible si les subventions sont versées en quelques semaines.

      Mais de ce que j’ai compris, c’est affreusement lent, et il faut plusieurs mois de délais avant de toucher les sous. Donc pas moyen de jouer sur les délais de paiement (par exemple avec un règlement en plusieurs fois) côté acheteur, ou en payant directement la subvention au vendeur.

    • Pour la métropole de Montpellier, il y a une page qui détaille les différentes aides, avec des liens directs vers les différentes collectivités :
      https://www.montpellier3m.fr/actualite/jusqua-1150-eu-daide-pour-lachat-dun-velo-assistance-electrique

      Il est possible de cumuler jusqu’à 1 150 € d’aides pour l’achat d’un vélo électrique neuf avec les aides des autres collectivités et de l’Etat.

      @monolecte : note qu’à Palavas, c’est pas la métropole de Montpellier, donc la grosse subvention de 500 euros, c’est mort. Sur l’agglomération des Pays de l’Or, à la place, il y a 200 euros.

    • Sinon, faire attention aux conditions :
      – il faut être une personne physique (ne pas faire acheter le vélo par sa société),
      – le vélo doit être acheté dans un magasin de la métropole (moi j’ai commencé par aller à l’Intersport le plus proche de chez nous, et hop Saint-Clément de Rivière ils sont en dehors de la métropole ; donc direction l’Intersport de Juvignac, carrément plus loin, et là c’est bon),
      – outre la preuve d’achat, il faut preuve du tatouage du vélo
      – et preuve de la conformité du vélo à je ne sais quelle norme (le magasin m’a filé les papiers qui vont bien).

      Donc, en gros : ne pas acheter le même vélo chinois à bas prix sur Ali Express, mais dans un magasin du coin.

    • Avec tout cela faut pas se le faire chourer, et là va surgir l’interrogation abyssale sur le « bon » antivol, notre ex-grand ado s’est fait chourer son course devant le lycée (à la disqueuse), bon courage :-)

    • Les meilleurs cadenas de vélo (testés)
      https://www.lemonde.fr/guides-d-achat/article/2018/06/30/les-meilleurs-antivols-pour-attacher-son-velo_5323670_5306571.html

      mon vélo a une sale gueule mais il m’est arrivé de devoir prendre un taxi en catastrophe pour pas louper un rv important après avoir constaté la disparition d’un vélo soigneusement choisi en occase et entretenu, du coup, j’envisage la dépense, toujours retardée.

      edit : j’ai réussi à dégotter un vélo qui me convient très bien pour 80 balles, après pas mal d’essais suite à des annonces.ça prend du temps, mais « le bon antivol » vaut plus cher que le vélo

    • Je pense sérieusement me remettre à la pédale dans les deux ans because le dernier contrôle technique de ma Ouature m’a coûté un peu plus que le prix de ton vélo arno. En plus j’ai le bus et une piste cyclable toute neuve en bas de chez moi. Avec ou sans les minimas sociaux, rouler en caisse thermique ou électrique ça devient un luxe. Une bonne vielle bicyclette d’occasion fera mon affaire.
      @arno à défaut d’airbag sur ton cyclo met un casque pour tes retours de piste car conduire un vélo bourré, même électrique, c’est impossible. Déjà, à pied j’avais des problèmes psychomoteurs mais en vélo tu vois le tableau.

    • Montpellier : aide à l’achat d’un vélo électrique, la Métropole prolonge
      https://actu.fr/occitanie/montpellier_34172/montpellier-aide-a-l-achat-d-un-velo-electrique-la-metropole-prolonge_51379822.

      Afin d’encourager les mobilités alternatives à l’utilisation de la voiture individuelle et de réaliser la transition écologique et solidaire, la Métropole propose depuis le 1er novembre 2020 une aide universelle pour l’acquisition d’un vélo à assistance électrique. Cette mesure a été prolongée ce mardi jusqu’à décembre 2022.

    • Oh, joie, Carole Delga vient de m’écrire à moi-même personnellement… C’est la confirmation de la subvention de 200 euros par la région Occitanie.

      Pour l’instant :
      – dossier déposé le 28 avril auprès de la Métropole de Montpellier, du département de l’Hérault et de la région Occitanie ;
      – première réponse donc aujourd’hui 16 août de la région Occitanie m’annonçant que je toucherai les 200 euros d’ici un mois.

    • pour faire la paire, utiliser un prête-nom pauvre et/ou AAH, occase éventuelle de reverser la thune économisée à qui facilite le coup et veut pas un tel vélo

      Achat d’un vélo électrique : les aides de l’Etat augmenteront à partir de lundi pour les personnes handicapées ou précaires
      https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/08/13/achat-d-un-velo-electrique-les-aides-de-l-etat-augmenteront-a-partir-de-lund

      à ce que je lis chez les bons consommateurs, pour de la bonne came, faut compter 1500e pour du neuf...

      #vélo #vélo_électrique #écologie_industrielle #électrification (sans soviets)

    • Le prête-nom ça me paraît pas évident du tout : pour les demandes de subvention il faut fournir plusieurs documents, dont la preuve d’achat et le dépôt du tatouage, qui sont nominatifs. Il faudrait donc que ces documents-là aussi soient au nom de ton prête-nom, ça risque de devenir chiant si tu veux revendre ton bicloune dans le futur, ou si tu te le fais voler.

    • Ce n’est pas ce que je veux dire. Ce que je veux dire, c’est que pour revendre ton vélo, il va falloir refiler la jouissance du tatouage (enregistré dans une base de données) ; mais si le tatouage n’est pas à ton nom, ça va devenir coton.

      (Sinon, il me semble que les subventions (je l’ai vu pour au moins une, je me souviens pas si c’est pour toutes) sont conditionnées à l’engagement de ne pas revendre le vélo pendant un certain temps (je sais plus trop : un an ?).

  • Les Calanques, c’est fini
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article1671

    Nous avons reçu du Platane une enquête sur la clôture électronique des Calanques. Le Platane, c’est le nom qu’ils se sont donné parce que c’est là qu’ils se réunissent, à Marseille. On peut résumer l’affaire en trois mots : on ne pourra plus, désormais, aller se promener à sa guise dans les calanques, il faudra au préalable obtenir un QR code de l’administration du Parc. On peut aussi la détailler : la technocratie dirigeante organise « l’attractivité du territoire », le TGV arrive à Marseille, 100 millions de touristes visitent la France chaque année, et pourquoi voudriez-vous qu’une partie d’entre eux ne transforme pas les calanques en dépôt d’ordures, ravagé de temps à autre par un incendie. Ayant organisé la catastrophe, il ne reste plus qu’à organiser le Parc pour en gérer les nuisances. D’où le (...)

    #Faits_divers
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/l_e_cologie_des_gestionnaires_-_une_impasse_-_le_cas_des_calanq

  • Parution de « Notre Bibliothèque Verte », de Renaud Garcia
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article1640

    Bien des lecteurs depuis des mois (et deux ou trois éditeurs) nous ont suggéré la publication en volumes des notices de Notre Bibliothèque Verte ; de façon pressante, parfois. Mais on les comprend. Nous aussi, nous avons trouvé un vif intérêt à découvrir ou redécouvrir ces groupes et personnages ayant contribué par leurs vies et leurs œuvres, à la défense et à l’illustration d’une humanité libre dans une nature vive. Bref, on y a trouvé du plaisir, et ce plaisir passionné semble s’être communiqué aux lecteurs. On trouvera ci-dessous, la présentation des volumes 1 et 2 ; la liste des 40 notices déjà traitées ; et la manière de commander ces deux premiers volumes. Ensemble, ou séparément. ***** Notre Bibliothèque Verte Ce que l’on désigne du mot d’écologie, forgé au XIXe siècle par Ernst Haeckel, est à la fois (...)

    #Documents

  • Enquête sur l’écofascisme : comment l’extrême droite veut récupérer l’écologie
    https://reporterre.net/Enquete-sur-l-ecofascisme-comment-l-extreme-droite-veut-recuperer-l-ecol

    En 2016, un des pontes du survivalisme, Piero San Giorgio, déclarait que la véritable nature des Européens, « c’est d’être un Waffen SS, un lansquenet, un conquistador... ». Il ajoutait qu’« on fait en sorte que des gens qui n’auraient pas dû exister existent... on sauve les malades, les handicapés... c’est très bien, ça donne bonne conscience, mais c’est pas comme ça qu’on construit une civilisation, c’est comme ça qu’on la détruit ».

    Son livre Survivre à l’effondrement économique s’est très largement vendu et a été traduit en dix langues. Dans ses ouvrages, il théorise le concept de « base autonome durable » (BAD) comme moyen de survie. Selon lui, il faut acquérir des propriétés dans des zones rurales afin d’y établir des bases retranchées autosuffisantes tant au niveau alimentaire qu’énergétique, avec de quoi tenir une période difficile, pour participer à une guerre civile qu’il juge inéluctable.

    Piero San Giorgio organise avec le fasciste Alain Soral et son association Égalité et Réconciliation des stages de survie dans le sud de la France près de Perpignan (Pyrénées-Orientales). Il a aussi assuré la promotion d’articles de survivalisme sur le site de commerce en ligne Prenons le maquis d’Alain Soral, dont il a été partenaire et actionnaire. Une affaire florissante. Alain Soral lui-même s’est installé à la campagne. Il a acheté à Ternant, dans la Nièvre, une ferme au lieu-dit La Souche. À l’extrême droite, plusieurs militants ont fait le choix d’un retour à la terre ou, du moins, d’une vie loin des métropoles. Ce repli à la campagne est vu comme une première étape, avant de repartir à la reconquête du territoire.

    #écofascisme

    • il me semble indispensable de rappeler que Reporterre contribue à sa façon au brouillage et à la confusion, en distillant depuis sa création des thèses conspis.

      je relève ici, sans confiance exagérée dans cette source
      http://forum.anarchiste.free.fr/viewtopic.php?f=12&t=9487

      - Le micro-parti fascisant La Dissidence et son leader Vincent Vauclin : reporterre.net/spip.php ?article2201
      – Etienne Chouard, à deux reprises (dont une des toutes premières interviews du site) : reporterre.net/spip.php ?article15 reporterre.net/spip.php ?article1651
      – ReOpen911 : reporterre.net/spip.php ?page=recherche&recherche=reopen
      – Michel Collon et ses amis : reporterre.net/spip.php ?page=recherche&recherche=collon
      – Le site rouge-brun Le Grand Soir, encore très récemment : reporterre.net/spip.php ?page=recherche&recherche=legrandsoir
      – Le complotiste Thierry Meyssan, qu’on ne présente plus : reporterre.net/spip.php ?article130
      – Une large collection d’indinaiseries : reporterre.net/spip.php ?page=recherche&recherche=indign%C3%A9s
      – Des leçons de morale productiviste de François Ruffin, tenancier de Fakir et qui promeut dans son journal la revue rouge-brune Bastille-République-Nations ou dans le dernier film de Pierre Carles les thèses de Jacques Cheminade ou de Nicolas Dupont-Aignan : reporterre.net/spip.php ?article2836
      – Des « analyses » complotistes sur le virus H1N1, la pire étant sans doute celle fournie par le climato-sceptique (sur un site écolo, bravo...) américain Frederick William Engdahl, collaborateur de Russia Today mais aussi de la revue d’extrême droite italienne Eurasia, analyse que Reporterre a été copier sur le site Oulala.net de René Balme et sur Mondialisation.ca de Michel Chossudowsky : reporterre.net/spip.php ?article549
      – Une promotion du numéro d’octobre 2012 de la revue pourtant d’ordinaire plus regardante Silence !, dans lequel on trouve une interview du compagnon de route des négationnistes Jean Bricmont, qui se voit donc par ricochet promu sur Reporterre : reporterre.net/spip.php ?article3282
      – etc.

      d’autre part un site ReOpen911 écrit

      Hervé Kempf a donné la parole à des membres de l’association sur Reporterre, « le quotidien de l’écologie »

      Reporterre semble avoir supprimé des pages. par exemple si je cherche « 911 », j’obtiens au mieux un honorable « Notre Dame des Landes : le mystère des 911 millions ». peut-être est-ce un retour à davantage de logique ? cela aurait pu faire l’objet dune article. je ne cherche pas davantage. cela relève sous cette forme d’une suspicion dont je n’apporte pas des preuves, sorry.

      mais il y a ce témoignage de Cabrioles que j’estime digne de confiance
      https://twitter.com/CabriolesDouze/status/1437096521670045696

      On demande, parcequ’à la Fête du Vent, Célia Izoard [de Reporterre] nous a parlé positivement des désinformateurs patentés Christian Vélot et Laurent Mucchieli, tout en nous soufflant qu’on ne pouvait plus parler de tout

      ça pue. Kempf a le droit d’apprendre, si ce n’est que ça. qu’ils balayent et aèrent chez eux, ce serait écolo.

      lire les MMS ne se fait pas sans préventions diverses, sinon, ce serait ballot. je pense qu’il faut qu’il en soit de même avec Reporterre, dans un registre tout à fait honteux.

      l’analogie avec le rapport de corruptions intellectuelles et politiques complémentaires pharma / vendeurs de santé par la nature et l’esprit (cf divers sens récents) peut aider.

      #Reporterre

    • Il est vrai que Gaspard d’Allens, l’auteur de

      et de Les Néo-Paysans et Bure, la bataille du nucléaire est un Confusionniste-Covidonégationniste, Complotiste et Conspirationniste bien connu ! :p
      #Gaspard-d’Allens

      Pour revenir à son enquête sur l’écofascisme :

      Cette vision correspond à ce que le philosophe Malcom Ferdinand désigne sous le nom « d’écologie de l’arche de Noé ». Par écofascisme, il faudrait entendre une politique désireuse de préserver les conditions de vie sur Terre, mais au profit exclusif d’une minorité, blanche de surcroît.

      « Embarquer sur l’arche de Noé, c’est d’abord acter d’un point de vue singulier, d’un ensemble de limites tant dans la charge que peut supporter la Terre que dans la capacité de son navire. Monter sur l’arche de Noé, c’est quitter la Terre et se protéger derrière un mur de colère. C’est adopter la survie de certains humains et non humains et légitimer le recours à la sélection violente de l’embarquement », écrivait le chercheur dans son livre Une écologie décoloniale .

    • Je ne trouve pas que l’extrême droite « récupère » l’écologie. Comme l’article l’évoque rapidement, il y a des racines (si je puis dire) écologistes assez profondes au sein de l’extrême droite. Bien entendu ce n’est pas l’écologie que je défends. Je pense que les écologistes de gauche ont tout intérêt à comprendre cette écologie d’extrême droite pour justement ne pas tomber dans ses travers, à savoir l’appel à la « Nature » qui serait au dessus de tout, le retour à une vie « sauvage » où les plus faibles n’auraient pas leur place... Bref, tout ce qui a fondé en partie l’idéologie du parti Nazi. Quand j’entends des écolos supposés de gauche défendre leur immunité naturelle contre le vaccin ou bien fustiger tout progrès scientifique (voire même la démarche scientifique en général), cela doit interpeller.

      Pour ce qui est de reporterre, je pense aussi que c’est assez confus, et le propre du confusionnisme @marielle c’est de publier des bons articles comme celui-ci (avec un auteur probablement irréprochable) en compagnie d’autres articles beaucoup plus problématiques. Rappelons que le fascisme, ça commence souvent par la confusion et l’incohérence.

    • Pour rebondir ce que dit @alexcorp, c’est notamment la mouvance aussi appelée #deep_ecology provenant des Etats-Unis et liée à un certain mouvement biorégionaliste, dont un des textes fondateurs est cet article de Diffenderfer & Birch (1994) :
      « Bioregionalism : a comparative study of the Adirondacks and the Sierra Nevada »

      https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/08941929709381006

      –-> j’en avais touché un mot dans ma thèse :
      Linking up the Alps. How networks of local political actors build the pan-Alpine region
      https://www.peterlang.com/document/1053220

      Si quelqu’un·e est intérssé·e, je peux copier-coller le passage où je parle de cela...

      #biorégionalisme

    • oui, le filon sacralisation de « la nature » et de ses lois est bien là (voir la critique anthropologique de Marshall Sahlins : La nature humaine, https://seenthis.net/messages/141301), mais pas seulement

      La plupart des discours écologistes veulent se situer au-delà des vieux clivages politiques en énonçant les conditions de survie de la planète, mais ils court-circuitent ainsi la question du sujet politique : quelles forces combattantes, quelles formes de lutte peuvent faire de l’écologie la cause de tous et non celles d’experts s’en remettant au bon vouloir des maîtres du monde ? Jacques Rancière

      https://seenthis.net/messages/944724

      Accorder tant aux maîtres du monde comporte inévitablement son versant complotiste :

      Le complotisme fonctionne sur une conception de l’Etat assez banale, fondatrice de l’idéologie juridique et démocratique, mais qui est notre lot de tous les jours. Il y aurait d’une part le pouvoir d’Etat, de l’autre l’appareil d’Etat ou la « machine d’Etat » comme la désigne Marx. Le problème réside en ce que l’appareil d’Etat qui matérialise dans ses organes, leur division, leur organisation, leur hiérarchie, le pouvoir d’Etat d’une classe (et une seule) est à la fois organisation de la classe dominante (comme pouvoir d’Etat détenu par la fraction momentanément hégémonique de la classe dominante pour le compte de l’ensemble de cette classe) et organisation de toute la société sous la domination de cette classe. Mais, si d’un côté, l’Etat du mode de production capitaliste réalise complètement la fusion de ces deux fonctions2, de l’autre il devient la nécessité « naturelle » de toute reproduction sociale. Alors que ce sont leur division même et leur séparation fondamentale (réelle et idéologique) des rapports de production qui en font les organes d’un appareil d’Etat nécessairement appareil de classe (voir Marx, La Guerre civile en France), tous les organes de l’appareil d’Etat (armée, police, administration, tribunaux, parlement, bureaucratie, éducation, aide sociale, information, partis, syndicats, etc.) n’apparaissent plus que comme des instruments pliables à la volonté de ceux qui en sont les maîtres. De cette double fonction de l’appareil d’Etat (non pas deux fonctions, mais fonction double) comme dictature d’une classe et reproduction de toute la société naissent à la fois leur fusion et la neutralité des organes. Pour le complotiste, répondant par là à la pensée spontanée, ces organes sont neutres et non, dans leur existence même et leur forme, ceux d’une dictature de classe. En conséquence, s’ils ne fonctionnent pas « comme ils devraient », comme un « service public », comme un « bien commun », c’est qu’ils sont préemptés, détournés et pervertis par une clique, une caste. Le #complotiste est le #citoyen_idéal.

      Complotisme en général et pandémie en particulier
      https://dndf.org/?p=19292

    • Le fascisme, ça commence souvent par la confusion et l’incohérence.

      Ma définition du fascisme préférée, la voici :

      En quelques mois, ils [ les dignitaires démocrates-chrétiens ] sont devenus des masques funèbres. C’est vrai, ils continuent à étaler des sourires radieux d’une sincérité incroyable. Dans leurs pupilles se grumèle un vrai, un béat éclat de bonne humeur, quand ce n’est pas celui, goguenard, du mot d’esprit et de la rouerie. Ce qui, semble-t-il, plaît autant aux électeurs que le vrai bonheur. En outre, nos dignitaires continuent imperturbablement d’émettre leurs verbiages incompréhensibles où flottent les flatus vocis de leurs habituelles promesses stéréotypées.

      En réalité, toutes ces choses sont bel et bien des masques. Je suis certain que, si on les enlevait, on ne trouverait même pas un tas d’os ou de cendres : ce serait le rien, le vide.

      L’explication est simple : il y a, en réalité, aujourd’hui en Italie un dramatique vide du pouvoir. Mais c’est ceci qui compte : pas un vide du pouvoir législatif ou exécutif, pas un vide du pouvoir de direction, ni, enfin, un vide du pouvoir politique dans n’importe quel sens traditionnel ; un vide du pouvoir en soi.

      Il est probable qu’en effet le « vide » dont je parle soit déjà en train de se remplir, à travers une crise et un redressement qui ne peuvent pas ne pas ravager tout le pays. L’attente « morbide » d’un coup d’Etat en est, par exemple, un indice. Comme s’il s’agissait seulement de « remplacer » le groupe d’hommes qui nous a effroyablement gouvernés pendant trente ans, en menant l’Italie au désastre économique, écologique, urbaniste, anthropologique ! En réalité, le faux remplacement de ces « têtes de bois » par d’autres « têtes de bois » (non pas moins, mais encore plus funèbrement carnavalesques), réalisé par le renforcement artificiel du vieil appareil du pouvoir fasciste, ne servirait à rien (et qu’il soit clair que, dans un tel cas, la « troupe » serait, de par sa composition même, nazie). Le pouvoir réel, que depuis une dizaine d’années les « têtes de bois » ont servi sans se rendre compte de sa réalité – voilà quelque chose qui pourrait avoir déjà rempli le « vide » (en rendant également vaine la participation possible au gouvernement du grand pays communiste qui est né au cours de la dégradation de l’Italie : car il ne s’agit pas de « gouverner »). De ce « pouvoir réel », nous nous faisons des images abstraites et, au fond, apocalyptiques : nous ne savons pas quelles formes il prendrait pour directement remplacer les serviteurs qui l’ont pris pour une simple « modernisation » de techniques.

      Pier Paolo Pasolini

      http://www.amboilati.org/chantier/pier-paolo-pasiloni-la-disparition-des-lucioles
      https://seenthis.net/messages/885747

      Et ces masques funèbres du pouvoir du vide ne vous rappellent pas ces « têtes de bois » macronardes, fascisantes qui nous gouvernent aujourd’hui ! @alexcorp

      C’est vous qui êtes confus et non Reporterre !

      https://blogs.mediapart.fr/julien-schickel/blog/110517/au-pays-du-mensonge-deconcertant-rien-narrive-jamais

      Au pays du mensonge déconcertant, on a oublié que Pier Paolo Pasolini nous avait prévenu que « sous couleur de démocratie, de pluralité, de tolérance et de bien-être, les autorités politiques, inféodées aux pouvoirs marchands, ont édifié un système totalitaire sans pareil » et que « le centre s’est assimilé tout le pays… Une grande œuvre de normalisation parfaitement authentique et réelle est commencée et elle a imposé ses modèles : des modèles voulus par la nouvelle classe industrielle, qui ne se contente plus d’un « homme qui consomme » mais qui prétend par surcroît que d’autres idéologies que celle de la consommation sont inadmissibles. » On a oublié qu’il appelait cela, par défi, le nouveau fascisme.

      https://seenthis.net/messages/598174

      Pier Paolo Pasolini, un complotiste bien connu aussi !

    • @alexcorp se justifier parfois par le concept philosophique de « Nature » ne veut pas dire quoi que ce soit comme lien avec l’écologie. En l’occurrence, comme l’ont montré Jacques Ellul et d’autres, le nazisme est fondamentalement une idéologie industrialiste et technocratique. Donc ce n’est pas vraiment le bon exemple il me semble. (Les biorégionalistes là c’est plus mélangé, il y a assez vite eu à la fois des anars et des fachos il me semble.)

    • @rastapopoulos le nazisme est un patchwork extrêmement confus, avec une part fort d’ésotérisme et d’occultisme (qui a participé à son succès) et pendant qu’il y avait une forte industrie, essentiellement de guerre, il y avait aussi des champs en biodynamie (mis en place dans les camps...). Et le philosophe nazi le plus connu, Heidegger, était plutôt anti-technique.

    • Nous y voilà @alexcorp

      le nazisme est un patchwork extrêmement confus, avec une part fort d’ésotérisme et d’occultisme.

      J’avais reposté un long article de Stéphane François paru sur #laspirale : « Un fantasme historique : l’occultisme nazi » passé inaperçu par ici.
      https://laspirale.org/texte-612-stephane-francois-un-fantasme-historique-l-occultisme-nazi.html
      https://seenthis.net/messages/793112


      #occultisme #mysticisme #nazisme #écologisme #paganisme

    • @vanderling Loin de moi l’idée de fantasmer sur l’occultisme nazi. Je voulais surtout signaler les liens entre nazi et des théories fumeuses, du style de celles de l’anthroposophie (cf cet article par exemple https://www.monde-diplomatique.fr/2018/07/MALET/58830), qui proposent souvent un rapport à la « nature » (et à l’agriculture) assez... étonnant. Tout l’appareil nazi n’était pas dans cette dynamique, du reste l’article que tu postes parle bien du changement de paradigme quand Hess a été éjecté.

    • Dénoncer l’écofascisme c’est très bien ! Mais n’oublions pas de dénoncer aussi le #néofascisme car la politique de Macron n’est pas un rempart, C’est Déjà le fascisme !
      Alors discréditer Reporterre en le qualifiant de confusionniste, je dirais que c’est plutôt dérisoire, se battre contre tous les fascismes y compris celui de la Macronie c’est mieux !
      https://seenthis.net/messages/947672

      Dernières nouvelles du Président des flics


      La dernière loi sécuritaire du gouvernement et un coup d’œil dans le rétroviseur de ce quinquennat confirment qu’il est aussi (surtout ?) le Président des flics.

      Sinon les articles de Jean-Baptiste Malet sur le site du Diplo
      sont toujours excellents.
      Voir aussi Frugalité et marketing le système Pierre Rabhi
      https://seenthis.net/messages/722249

      Je rappelle aussi que Reporterre, ainsi que d’autres médias,
      soutient Nantes Révoltée sur le point d’être dissout par Darmanin.
      https://seenthis.net/messages/947660

    • le néofascisme s’alimente et s’alimentera de l’impérieuse nécessité de répondre à une pluie de phénomènes mortifères et destructeurs découlant de la crise écologique (modèle actuel le plus saillant : la pandémie) et ces réponses seront factices (greenwashing), nationalistes dune façon ou dune autre (voir le néodarwinisme quittait dire : de toute façons il ya trop de monde sur terre, que crèvent ces pesant « surnuméraires » inventés pour l’occasion) et fondamentalement capitalistes donc centralisatrices (autoritaires : le nucléaire est paradigmatique de la production pour la production, inévitablement centralisée, quand bien même elle s’annonce et se rêve aujourd’hui en réseau réticulaire de micros centrales), s’appuient et s’appuieront sur une naturalisation des questions sociales et environnementales (bye bye l’écologie sociale et l’écologie mentale). la loi de la nature et la souveraineté qu’il faut pour l’imposer, aussi contradictoire que cela puisse être dans un composé d’archaïsme et de modernité comme toute transformation radicale aussi progressive soit-elle, comme le nazisme primitiviste païen, voire animiste (un autre appel de la forêt pour déboucher sur la clairière de l’âme) et industrialisme forcené exaltant ce que l’industrie a fait de mieux à l’orée du court Vingtième siècle, la guerre (Junger avec Orages d’acier prépare le nazisme, et qu’il n’y souscrive pas ensuite est secondaire).

      le scientisme revêt plusieurs visages. le caractère scientifique de l’écologie en fait le support éventuel d’un gouvernement par des "experts s’en remettant au bon vouloir des maîtres du monde" (JR).

      Hervé Kempf (et ses ami.es), avec ses tweets QAnonnisés (la presse ne nous dit rien, vous me suivez ? "Il est déconcertant que la presse française ne dise quasiment rien de ce qui se passe à Ottawa depuis plusieurs jours". https://twitter.com/KEMPFHERVE/status/1488864939414593542) n’est qu’un épiphénomène, abject. mais il relève bien de ces simplifications (complotistes) qui font litière de toute capacité d’analyse émancipée, critique. ce n’est pas rien, il faut le considérer en tant que tel.

      ne pas lire Le Monde, nid d’agents des services (spécialement à l’international) et organe transgouvernemntal, ne pas lire Mediapart promoteur d’une République foncièrement antisociale et policière, quelque soient les bisounouseries sur les pauvres et les invisibles qui peuvent le meubler, ne pas lire le Monde diplo, organe d’un campisme acritique, ne pas lire Reporterre faisant chorus avec Arkana et QAnon, c’est pas la question. il est possible, généreusement, de dire que dans chacun de ces cas, le ver est dans le fruit, et croquer ce qui peut l’être pour un libre usage.

      #néofascime #écologie_politique

  • Gaullisme architectural : Bruit, pollution, abandon… à l’entrée de Paris, la lente agonie de l’échangeur de Bagnolet

    La porte de Bagnolet est le pur produit d’une époque où l’Etat n’hésitait pas à modifier violemment le paysage. Au milieu des années 1960, il décide de construire l’autoroute A3, et de la relier au périphérique, quitte à couper en deux la ville de Bagnolet. Pour assurer la jonction, l’architecte Serge Lana, au retour d’un voyage d’études à Dallas, aux Etats-Unis, imagine ce nouveau quartier et dessine, avec les équipes de l’Etat, l’échangeur : « Un estuaire, avec une arrivée, un départ, et, au milieu, une île. »

    La scénographie est grandiose. Les tours Mercuriales et Gallieni 2 constituent les premières briques de la future « Défense » de l’Est parisien imaginée par la maire communiste de cette petite ville ouvrière. Elles doivent pouvoir être vues en roulant à 100 kilomètres par heure.Mais les financements manquent et, au début des années 1970, le projet s’arrête net, alors même que la RATP vient d’inaugurer la station Gallieni. La suite est une succession de projets inaboutis. Sur l’« île » centrale, le palais des sports de 10 000 places qui devait donner son âme au lieu tombe à l’eau. Même sort pour la patinoire, le vélodrome, la salle de rock, ou encore l’Aquaboulevard un temps envisagés. Pendant vingt ans, la dalle reste vide. A la fin des années 1980, Serge Lana arrive à faire accepter l’idée d’un centre commercial. Cela donnera au moins une raison d’utiliser le parking.
    Aujourd’hui, que faire de tout cela ? En 2019, les élus locaux ont commencé à cogiter sur la meilleure façon de réaménager le centre de la pieuvre après la faillite d’Eurolines. « Mais, très vite, on a compris que les infrastructures routières étouffaient tout, bloquaient tout, et qu’il fallait les repenser aussi », raconte l’architecte Clarel Zéphir. Pour chaque bretelle, chaque tentacule du monstre, les urbanistes s’interrogent alors : peut-on le supprimer ? « Puis, en 2021, on s’est dit : “Une restructuration a minima ne sera pas à la hauteur de l’enjeu.” Il faut revoir tout le quartier, en incluant les Mercuriales et Python-Duvernois », et même le quartier voisin de La Noue.

    [...]

    Les tours Mercuriales à la recherche d’un repreneur. « Le potentiel est là, mais il faut trouver un acquéreur qui croie vraiment au renouveau de l’Est parisien. »

    https://justpaste.it/5fryg

    comme l’échangeur de la Porte de Montreuil, ces endroits sont aussi un lieu de campement pour divers pauvres

    #Paris #Bagnolet #Est_parisien #automobile #urbanisme #le_fordisme_dans_la_joie #immobilier #rente

    • Depuis que j’ai habité à Saint-Ouen Garibaldi, je pense que dynamiter quelques piles du périph aérien et des autoroutes, pourrait permettre d’obtenir des enfouissements rapides

      https://twitter.com/PetitPalet/status/1488480188900024324
      𝖆𝖈𝖍𝖙 𝖚𝖍𝖗, @PetitPalet

      30 activistes de @Verdragon_, @FrontDeMeres et @alternatiba75 sont mobilisé•e•s aux abords de l’échangeur de l’A3 à Bagnolet, le plus pollué d’île-de-France. Il•elle•s déploient une banderole qui dit “Des mesures maintenant pas dans 20 ans”

      Les habitant•e•s des quartiers populaires sont trois fois plus impactés par la pollution de l’air que les habitants des quartiers aisés. 300000 voitures passent chaque jour sous les fenêtres des bagnoletais, la mairie doit agir maintenant pour la santé de ses habitant•e•s !

      Les Mairies de Bagnolet, Paris et la préfecture doivent se réunir prochainement pour signer un Plan Partenarial d’Aménagement.

      Ce plan permettra de mettre en place des financements pour rénover l’échangeur et réhabiliter le quartier à horizon 2035 en enfouissant l’échangeur.

      Couteux, lointain, à fort impact écologique, la promesse d’un enfouissement n’est pas suffisante !

      Nous demandons des mesures immédiates de réduction du trafic, végétalisation autour de l’échangeur et sécurisation des routes pour la santé et la sécurité des enfant de Bagnolet !

      Nous, militants et militantes à Verdragon, n’accepterons pas de la mairie un projet de renovation au rabais présentant l’enfouissement comme seule solution et oubliant toutes les mesures applicables immédiatement pour préserver le quartier et ses habitant•e•s.

      La mobilisation atour de du réaménagement de l’échangeur de Bagnolet ne fait que commencer.

      Rejoignez nous à Verdragon pour construire cette lutte ensemble et préserver notre ville

      https://twitter.com/Verdragon_/status/1488425421964201985

      Verdragon, Maison de l’Ecologie Populaire, @Verdragon_

      #écologie_populaire #luttes_collectives

  • « C’est vrai qu’il est agaçant Bruno Latour, mais… » Tribune de Paul Guillibert

    https://www.nouvelobs.com/idees/20211025.OBS50251/c-est-vrai-qu-il-est-agacant-bruno-latour-mais.html

    Anticapitalistes contre penseurs écolos : l’économiste Frédéric Lordon a ranimé la controverse en s’attaquant à Bruno Latour, « pleurnicheur du vivant ». Le philosophe Paul Guillibert répond : la question climatique est aussi une question sociale.

    • C’est vrai qu’il est agaçant Latour quand on est marxiste. Prenez Kyoto par exemple. Dans « Politiques de la nature », il s’enthousiasmait de la présence à la même table de grands scientifiques du climat, de dirigeants politiques et d’entrepreneurs capitalistes. Il y avait déjà là de quoi s’inquiéter. 25 ans après, les résultats accomplis par les marchés carbone dans la lutte contre le changement climatique sont catastrophiques. Entre 1995 et 2020, de COP3 en COP24, les émissions de CO2 mondiales ont augmenté de plus de 60 %. Belle réussite. Mais que pouvait-on attendre d’accords passés sans les principaux concernés, les syndicats et les travailleur·se·s ? Latour n’a pas vu que la transition vers une économie bas carbone implique non seulement l’usage de nouvelles techniques mais surtout la transformation radicale des procès de travail, l’abandon des secteurs les plus polluants, la réduction massive de l’extraction et de la production mondiales. Comment tout cela pourrait-il arriver sans celles et ceux qui produisent pour le profit des autres ?

      Latour a donc contribué (parmi d’autres) à vider l’écologie politique contemporaine des relations de travail qui structurent la crise climatique. Il a participé à la création d’un champ académique, artistique et politique où la conflictualité inhérente aux rapports économiques n’existe tout simplement pas. La manière dont les gens vivent, en dépensant une certaine force de travail pour effectuer des tâches - payées ou non - afin d’assurer leur condition de subsistance, n’a plus aucune place. La disparition des classes, de l’économie, du travail et de la production dans la pensée contemporaine est une belle claque à l’histoire du mouvement ouvrier et à la vie quotidienne.

      [...] Il est temps d’abandonner les vieilles oppositions mal construites à « la critique rongeuse des souris ». La reproduction des conditions matérielles de l’existence humaine engage des vivants autres qu’humains.

      #travail #écologie_politique #syndicat #travailleurs #reproduction #communisme #intellectuels

      comme Paul Guillibert cite « Nous ne sommes pas seuls. Politique des soulèvements terrestres » https://seenthis.net/messages/925337, autant évoquer, avec Jason Moore et d’autres, un concept dont il ne fait pas usage, celui de #mise_au_travail_du_vivant

      Pour ceux qui seraient dans le coin, une rencontre avec Paul Guillibert à propos de son livre Terre et Capital. Penser la destruction de la nature à l’âge des catastrophes globales aura lieu à l’invitation du café librairie Michèle Firk à la Parole errante à Montreuil le 20 janvier prochain.

    • Frédéric Lordon au sujet des #Latouriens :

      La destruction capitaliste de la classe ouvrière n’intéressait pas la #bourgeoisie-culturelle, il était donc simple et logique de la passer sous silence. Celle de la planète est plus difficile à évacuer, impossible de ne pas en dire « quelque chose ». Mais quoi — qui ne portera pas trop à conséquence ? Arrivent les latouriens, qui n’ont pas seulement trouvé une manière merveilleusement poétique de reformuler le problème — « où atterrir ? » —, mais en proposent également la réponse qui convient : n’importe où pourvu que ce ne soit pas en le seul lieu où la piste est vilaine et cabossée : la mise en cause du capitalisme. Tous les organes de la #Grande-conscience en frétillent d’aise : frisson de se porter, et surtout d’inviter les autres à se porter en hauteur ; paix de l’âme à être bien certain qu’il ne s’ensuivra aucun dérangement pénible, vis-à-vis ni de leur tutelle publique, ni de leur tutelle capitaliste, ni, et c’est bien le principal, de leur conviction profonde...

      Se retrouver propulsé dans la position très politique de la #pensée-à-la-hauteur-du-péril [ en faisant le jeu politique des institutions médiatiques, culturelles, qui savent très bien ce qu’elles font quand elles élisent qui elles élisent pour ne rien dire d’embêtant — le jeu très politique de la #dépolitisation ], sans jamais prononcer la seule parole politique à la hauteur du péril, sans jamais dire que la Terre est détruite par les capitalistes, et que si nous voulons sauver les humains de l’inhabitabilité terrestre, il faut en finir avec le capitalisme.

      C’est un exploit qui mérite bien une élection. Le jeu de la climatologie concernée auquel invitent les forces de l’ordre symbolique est le jeu de la climatologie sans idée des causes, et surtout sans aucun désir de les trouver : le jeu de la climatologie pleurnicheuse. C’est-à-dire compatible.

      Trouvé sur Wiki :

      En 2001, dans son tout dernier cours au Collège de France, le sociologue Pierre Bourdieu s’associait à son collègue Yves Gingras pour dénoncer la #fausse-radicalité de la tendance de sociologie des sciences illustrée par Bruno Latour et ses collègues, qui selon lui soulèvent avec fracas de faux problèmes et avancent par « une série de ruptures ostentatoires » surtout destinées à promouvoir leurs carrières.

      En novembre 2012, au moment du renouvellement de l’équipe dirigeante de l’Institut d’études politiques de Paris, Bruno Latour défend dans le quotidien Le Monde le bilan et l’ambition de Richard Descoings et de son successeur Hervé Crès au moment où celui-ci est fortement remis en cause par un rapport de la Cour des comptes dénonçant la gestion de l’institut.❞

  • Gauthier Roussilhe | Explications sur l’empreinte environnementale du secteur numérique
    https://gauthierroussilhe.com/post/explication-empreinte.html

    Par Gauthier Roussilhe

    L’empreinte environnementale du secteur numérique fait toujours l’objet de nombreux débats en France et en Europe. Du fait du manque de connaissances en sciences environnementales appliquées au secteur numérique, de nombreuses choses sont publiées et répétées sans être confrontées aux recherches récentes et vérifiées. À ce titre, j’ai regroupé les questions courantes qui parcourent le débat public pour y répondre de façon courte. Pour chaque question je propose aussi une réponse longue, argumentée et basée sur les connaissances scientifiques vérifiées les plus récentes.

    #Numérique #Empreinte_carbone #Ecologie_numerique

    • Comme pour beaucoup de documents de ce genre, la majeure partie est consacrée à la consommation d’énergie et aux GES (pour une fois en insistant plus qu’ailleurs sur la partie fabrication). Alors que le numérique c’est plein d’autres pollutions, l’industrie minière, l’accaparement de terres, d’eau, des pollutions chimiques aussi bien en amont, qu’en aval pour la fin de vie (dont il s’accorde à dire qu’il y a très peu d’études là dessus, c’est pratique) avec les cimetières de machines et composants dans d’autres pays lointains, et d’énormes problèmes sociaux et de (non) droits humains.

      L’environnement c’est aussi les êtres humains qui y vivent.

      Selon l’adage NIMBY (pas chez oim), si on faisait chez nous ne serait-ce que le quart de ce qu’on s’approprie ailleurs pour fabriquer (et jeter ensuite) les internets, les mobiles, etc, la population péterait un câble et refuserait ou bien il faudrait se transformer en pays encore plus autoritaire pour l’obliger, et on détruirait irrémédiablement tous les différents territoires et paysages (ce qui est déjà le cas deci delà, cf les enquêtes de PMO et d’autres sur la french silicon valley grenobloise).

      Sur la #5G sinon aussi :
      https://gauthierroussilhe.com/pdf/5G-Juillet2020.pdf

  • L’humain-l’inhumain : l’impensé des nouveaux matérialismes | by École Urbaine de Lyon | Anthropocene 2050 | Medium
    https://medium.com/anthropocene2050/lhumain-l-inhumain-l-impens%C3%A9-des-nouveaux-mat%C3%A9rialismes-787acd917e

    L’humain-l’inhumain : l’impensé des nouveaux matérialismes
    Par Christine Chivallon, directrice de recherche au CNRS, Laboratoire Caribéen de Sciences Sociales, LC2S- UMR 8053
    École Urbaine de Lyon
    École Urbaine de Lyon
    Jun 4 · 51 min read
    Jean-François Boclé, The Tears of Bananaman, 2009–2012, installation, 300 kilos de bananes, écrits de l’artiste scarifiés sur les bananes, socle en bois (330 x 130 x 25 cm), Première Biennale Encuentro Bienal di Caribe, Happy islands, Aruba, Caraïbes, 2012. ©Jean-François Boclé /Adagp.

    Résumé

    Ce texte propose une traversée critique des nouveaux matérialismes en se concentrant sur le « tournant ontologique » qui en constitue la principale composante. Après avoir dressé une généalogie de l’arrivée de ces nouveaux matérialismes et défini en quoi consistait « la nouveauté », le propos envisage les contradictions sur lesquelles bute « l’ontologisme ». Préoccupé à rendre compte de la pluralité des mondes sur la base du rejet du « constructivisme » et du partage « nature/culture » qu’il serait censé reconduire, ce nouveau discours produit néanmoins des notions qui peuvent apparaître comme des substituts à celles rejetées, telle celle de « culture ». Dans le paysage théorique proposé, en lien avec la menace de « l’effondrement », les ontologies « indigènes » reçoivent une attention démultipliée, en tant qu’exemplaire de l’hybridité des mondes humains et non-humains, tandis que ce nouvel engouement pose la question du maintien d’un savoir anthropologique hégémonique et colonial. En faisant intervenir « l’inhumain », comme pratique au cœur de la modernité occidentale dès l’établissement de l’esclavage, l’article propose une autre approche où l’humain est réinvesti pour dépasser le binôme humain-non-humain qu’ont créé ces nouveaux matérialismes et pour revenir aux rapports de pouvoir que semble perdre de vue le tournant ontologique. C’est avec la notion de « plantationocène », outil critique de l’anthropocène, que se termine cette exploration, notion estimée comme la plus heuristique parmi ces nouveaux matérialismes dans la mesure où elle ramène le politique dans les analyses par la prise en compte résolue de l’esclavage dans la formation de la modernité et dans la définition de subjectivités dissidentes qui en a résulté.

    #écologie_décoloniale #banane #Caraïbes #anthropocène #écologie #plantation #matérialisme

  • De la haine de l’écologie au greenwashing nationaliste ? Le RN et l’environnement – CONTRETEMPS
    https://www.contretemps.eu/rassemblement-national-lepen-racisme-ecologie-nucleaire

    Le FN devenu RN peut bien proclamer que l’écologie est dans son « ADN », l’examen de ses positions montre qu’il n’entend en aucune manière rompre avec le modèle productiviste et se sert de l’argument écologique pour alimenter la xénophobie. Ce qu’il nomme « patriotisme écologique », « écologie nationale », ou que d’autres encore baptisent « écologie identitaire » n’a donc rien d’écologique, puisqu’il ne cible jamais les causes véritables du basculement climatique et de la destruction environnementale (à savoir le mode de production capitaliste), mais a tout à voir avec la promotion d’une idéologie nationaliste et raciste.

    #RN #écologie #2022 #écologie_identitaire

  • The miner and the neon fish: decolonizing Alpine ecologies
    https://denk-mal-denken.ch/wettbewerb-publikumspreis/denkmal/the-miner-and-the-neon-fish-decolonizing-alpine-ecologies

    This is the proposal that won the third price in the Competition (Wettbewerb) that was created in the aftermath of the contestation of monuments worldwide that had some link to colonialism, slavery and racism https://denk-mal-denken.ch.

    Rony Emmenegger und Stephan Hochleithner, who are both political geographers at the university of Basel won the third price in this competition for their proposals that calls attention to the non-human aspects of the guilding of the hydropower stations Oberhasli and its ecological costs. See: https://denk-mal-denken.ch/wettbewerb-publikumspreis/denkmal/the-miner-and-the-neon-fish-decolonizing-alpine-ecologies.

    #Suisse #hydro-power #décolonial #decolonial #monument

    • Next to a serpentine road, halfway up to Grimsel pass when approaching from the North, stands the miner (Der Mineur), silently splitting rock with his pneumatic hammer. The statue was erected to honor the construction workers of the hydropower stations Oberhasli, whose work has been shaping an Alpine landscape since the early twentieth century. At the top of Grimsel, catchment lakes, water dams, power stations, and power poles morph into a hydroelectric infrastructure, producing energy and carrying it down towards the lowland valleys. Honoring the work of those who brought that infrastructure into being appears indeed justified in light of their sacrifices on the altar of a capitalist mode of production. Throughout the last century, construction work at almost 2000 meters altitude has been particularly challenging for both humans and machines – a challenge «mastered» through a continuous advance of engineering and technology with success increasing over time.

      The sole focus on human achievements, however, obscures the ecological costs and consequences that the extraction of hydropower involves, especially for fish, aquatic organisms, rivers, but also Alpine ecologies more broadly. With our graphic installation – the miner and the neon fish – we aim at problematizing a human-centric historiography of progress that obscures the ecological consequences of hydropower production. We do so by evocatively placing a neon fish under the miner’s pneumatic hammer. It serves as a visual metaphor for the electro-optical connection between humans and the fish, and the latter’s electrostatic discharge in contact with the miner and his machine. And yet, the relation between humans and their environments is not that clear-cut when it comes to commemoration, as we will elaborate in the following.

      The use of hydropower, as a renewable energy source, has a long tradition in Switzerland. In the Grimsel region, the development of hydropower infrastructure intensified at large scale with a first mega dam project in 1925 – the Spitallamm dam. Construction work went on from 1925 to 1932 and resulted in the 114-meter-high dam – the world’s largest at the time. Since then, hydropower infrastructure has been gradually extended. Today, it connects 13 hydropower plants and eight storage lakes, producing between 2100 and 2300 gigawatt hours of electric energy annually.1 A further extension is currently in progress with the construction of a new dam replacing the existing Sptiallamm dam – because it cracked. The finalization of this new dam is scheduled for 2025 and it will then not only secure, but further increase the capacity of the hydroelectric infrastructure – in line with Switzerland’s Energy Strategy 2050 and the envisioned transition towards renewable energy sources after the nuclear phase-out.

      Currently, an exhibition at the UNESCO/KWO Visitors Center2 close to the dam provides visual and acoustic insights into the construction works back in the late 1920s and those ongoing at the new dam today.3 The exhibition includes an outline of the ongoing dam replacement project, compiles a series of engineering schemes, and posts statements of workers involved in the ongoing construction. These exhibition elements are placed in a broader historical context of construction work at the site: a number of selected historical photographs and a short 5-minutes video provide lively insights into the construction work back in the late 1920s. They show laborers at work and demonstrate the logistical network of technology and expertise that coordinated their doing. The exhibition can thus be read as an extension of the miner: it is constituted as a site for the glorification of a human history of progress that made the development of the hydroelectric infrastructure possible.

      However, the ongoing energy transition and the according «boom» (Zarfl et al. 2015) of hydropower raises questions about the potential ecological consequences of engineering, technology, and infrastructural extension (see also Ansar et al. 2014). The power plant operator in the Grimsel region highlights the «connectivity between humans, technology and nature»4, acknowledges the potential «tensions between electricity production and water protection»5 and calls for a responsible engagement with nature in its ongoing and planned projects. And yet, recent plans for the further extension of the hydroelectric infrastructure have still provoked controversies, with various associations still highlighting the negative ecological consequences of these plans.6

      So, who might best speak for fish and aquatic microorganisms in ongoing and planned construction projects? By placing the dying neon fish under the miner’s pneumatic hammer, we aim at problematizing the ecological costs, which infrastructural extension and energy production have been generating for almost a century. We do so by moving beyond a narrow focus on humans and by bringing into consideration an Alpine ecology as a «socialnature» (Braun & Castree 2001), which the extension of hydroelectric infrastructure has profoundly reassembled and turned into a «commodity frontier» (Moore 2000). Such a perspective reveals the extension of hydroelectric infrastructure as an integral part of capitalist expansion into an Alpine frontier, through which «nature» has been «tamed» and «commodified».

      The figure of the miner plays a key role in this colonializing process, as his stone-bare masculine appearance embodies the very believe of human, patriarchal control over nature, glorifying man/kind’s appropriation of water for energy production and legitimizing the future extension of the hydroelectric infrastructure. As such, it sets a metaphysical zero point for a human history of progress, through which the building and extension of hydroelectric infrastructure has been normalized.

      To disfigure the statue of the miner – by putting the neon fish under his hammer – appears justified and fruitful in light of the endeavor to decolonize Alpine ecologies from human domination. And yet, decolonizing ecologies along these lines must not distract from the laborers’ themselves, who had to invest whole parts of their lives into these construction works. In other words, calling for environmental justice must not come at costs of those who have themselves been instrumentalized within that very same narratives and processes of progress and capitalist production.

      However, the statue of the steeled male miner can hardly account for the workers’ bodies and lives: It rather does, in its humble working-class pose, facing down to focus on its work with the drill, embody the hierarchy of class relations. Despite or maybe because the miner embodies these ambiguities, it appears worthwhile to maintain its presence for having a debate. In our installation, we aim at doing so by keeping the fish unlit during the day and thus hardly visible to passers-by, to allow the statue of the miner to remind of the workers. Only by night will the fish then appear in neon light and turn into a dazzling reminder of the colonization of nature – and also of the multitude of meanings which the monument entangles.

      #écologie #écologie_politique #énergie #électricité #Oberhasli #barrages_hydro-électrique #Alpes #montagne #décolonisation #Grimsel #travailleurs #mémoire #poissons #Spitallamm #technologie #nature #eau #protection_de_l'eau #coût_écologique #justice_environnementale #progrès #mineur #statue

  • le Marais Wiels à Bruxelles, source : Nous ne sommes pas seuls
    https://twitter.com/N_n_s_p_s/status/1380523128154165248

    Le Marais Wiels, pour réensauvager la ville
    https://www.franceinter.fr/emissions/c-est-bientot-demain/c-est-bientot-demain-du-dimanche-14-novembre-2021

    Reprise de terre est une dynamique qui s’est constituée depuis plus d’un an pour « Reprendre et libérer » des terres face à ceux qui les détruisent et les accaparent, une rencontre a eu lieu cet été sur la ZAD de NDDL pour inventer des tactiques foncières, politiques et juridiques pour contrer l’accaparement des terres par le productivisme et organiser la vie autour de communs qui prennent en compte tous les êtres qui habitent un lieu. Geneviève Kinet du collectif de défense du Marais Wiels y était conviée.

    En 2008, derrière le bâtiment dit Métropole, construit en 1892 par l’architecte Gédéon Bordiau, de l’eau est apparue à la suite de forages effectués lors de travaux de fondation pour la construction de bureaux par JCXImmo. Ces travaux furent abandonnés. Un marais s’y est créé attirant l’attention des riverains ...

    Le Marais Wiels depuis le troisième étage du Brass - Centre Culturel de Forest.
    https://cdn.radiofrance.fr/s3/cruiser-production/2021/11/5bdcf062-ec46-41a1-ae4f-753897dcec6d/640_le-marais-wiels-a-forest-20211109-123828.webp

    En novembre 2020, le site du « Marais Wiels » a été acheté par la Région de Bruxelles-Capitale, une évolution très positive et une étape importante pour espérer une pérennisation et une valorisation du « marais ». Mais l’intention de la Région de Bruxelles-Capitale, est également de construire sur le site 70 à 80 logements tout en conservant seulement une partie du « marais ».

    LE MARAIS WIELS : LE TERRAIN DES POSSIBLES !
    https://www.ieb.be/Le-Marais-Wiels-le-terrain-des-possibles

    Parfois, il suffit d’un coup de pelleteuse, un projet immobilier stagnant et la nature se réinvite dans des paysages bétonnés. Depuis 2007, un marais et sa roselière s’étendent patiemment sur la friche des anciennes brasseries Wielemans Ceuppens à Forest. Des riverains en ont fait un terrain d’engagement, et le promoteur JCX Immo a été contraint de revoir son projet et n’a pas pu y construire ses bâtiments de logements. Comment les riverains se sont-ils organisés ? Quelle a été la genèse de leur lutte ? Quelles furent leurs motivations, leurs inspirations ? Geneviève Kinet, du groupe QuartierWielsWiijk revient sur plusieurs années d’action auprès d’un petit bout de nature en ville.

    Marais Wiels
    https://fr-fr.facebook.com/groups/816164325164124

    #ensauvagement #écologie_urbaine #reprise_de_terre

  • L’Actu des Oublié.e.s :: : Saison II

    Episode 4 - Ouganda : Faire face au cauchemar écocidaire de Total

    400 puits de pétrole et un pipeline qui doit traverser des espace naturels protégés et des centaines de villages : le projet de Total en Ouganda implique le déplacement de près de 100 000 personnes et menace la biodiversité.

    Malgré une répression féroce, la résistance s’organise sous diverses formes, notamment grâce à une dynamique éco-féministe puissante et déterminée.

    <iframe width="100%" src='https://seenthis.net/https://audioblog.arteradio.com/embed/173533" style="margin : 0 ;padding : 0 ;border : none ;"></iframe>

    https://audioblog.arteradio.com/blog/157476/l-actu-des-oublie-e-s

    MUSIQUES
    Man’s Lady de Twig
    Ting Badi Malo MC Yallah
    Wuliliza de GNL & Ernest Nsimbi Zamba
    Ukiwi de Tafash

  • Retour sur la lutte du Larzac, aïeule des « zones à défendre » et berceau de l’altermondialisme
    https://www.bastamag.net/Le-Larzac-rejoint-bien-d-autres-luttes-interview-Le-Peuple-du-Larzac-Phili

    De 1970 à 1981, une centaine de paysans d’un plateau perdu de l’Aveyron s’opposent à l’extension d’un camp militaire. Dans Le Peuple du Larzac, l’historien Philippe Artières revient sur ce combat fondateur, emblématique et victorieux. Entretien. Source : CQFD via Basta !

  • Réinterroger le soleil – Frantz Fanon et la question écologique | AOC media - Analyse Opinion Critique
    https://aoc.media/opinion/2021/05/27/reinterroger-le-soleil-frantz-fanon-et-la-question-ecologique

    Réinterroger le soleil – Frantz Fanon et la question écologique

    Par Antoine Hardy
    Politiste

    Malgré les menaces de prescription qui pèsent sur les plaintes déposées par sept associations de Guadeloupe et de Martinique pour empoisonnement au chlordécone, la mobilisation continue. Comme il y a une semaine, lors de la marche mondiale contre Monsanto, marquée par les revendications d’une écologie décoloniale. Des combats qu’on trouvait déjà dans Les Damnés de la Terre de Frantz Fanon, interdit à sa sortie en France en 1961, ce livre à la mémoire des vaincus et des disparus, des humains et des espèces éteintes, mérite d’être (re)lu aujourd’hui.

    L’article en intégralité : http://ovh.to/bXF92nC
    (document en format .odt avec les hyperliens et les notes de bas de page ; lien valide jusqu’au 22/07 à 00:00)

    #écologie_et_question_coloniale

  • “Green colonialism”: the background behind a Western outlook https://ideas4development.org/en/green-colonialism-western-outlook


    07 January 2021
    Visuel “Green colonialism”: the background behind a Western outlook on African nature
    A group of tourists observe a lion in a natural park in South Africa. Photo by Adrega / Pixabay

    In his book L’Invention du colonialisme vert – Pour en finir avec le mythe de l’Éden africain (“The Invention of Green Colonialism – Putting an end to the myth of the African Eden,” Flammarion, 2020), the environmental historian Guillaume Blanc analyzes the undercurrents and consequences of an idealized vision of African nature inherited from the colonial period.

    What is this “African Eden” myth invented by Westerners and linked to the notion of “green colonialism” that you talk about in your book?
    The African Eden is the myth, created in the colonial period, of a wild and virgin-nature Africa. When European settlers went to try their chance in Africa in the 1860s and 1870s, they left behind a continent whose landscapes were being radically transformed by urbanization and industrialization. In Africa, they were convinced that they had rediscovered the nature that, back home, was in the process of being lost.

    Then, from the end of the 19th century, the popular press took up this narrative and made it fashionable. These are the stories of Stanley and Livingstone, hunting expeditions by Roosevelt and Churchill, and literature such as Ernest Hemingway’s The Snows of Kilimanjaro and Karen Blixen’s Out of Africa. These cultural products describe an Africa untouched by human presence, where nature and animals rule. But this Africa doesn’t exist. It never did. Like Europe, Africa is inhabited and farmed. The concept of a virgin-nature Africa is as absurd as the one according to which the African has not fully entered into history. But this myth is so deeply ingrained in people’s minds that it persists to this day.
    From a scientific point of view, this idea of a primeval Africa of virgin nature has never existed.

    Another myth that won’t go away is that of primeval forests. At the end of the 19th century and the beginning of the 20th, botanists, especially from France, studied the forest cover of West Africa. They noted that most villages were surrounded by a forest belt and that there was savanna between the village and the forest. The “climax community” theory led them to believe that, prior to human settlement, Africa was covered with a huge, virgin and primeval tropical forest. They hypothesized that the savanna was the result of the destruction caused by the local populations. But these scientists read ecosystem history backwards! In most semi-arid environments, the presence of trees in fact came about through that of humans, thanks to gradual fertilization of the soil. Nonetheless, the myth of primeval forests is a stubborn one. Even today, belief in it sometimes prevails over fact. UN experts say, for example, that 90% of primeval forests have disappeared in Sierra Leone and Guinea, while in reality forest cover has been increasing there for two centuries.
    But weren’t ecosystems, and especially certain species, ever threatened with extinction?

    Of course, and that’s why it’s essential to carry out conservation policies. The colonial era is synonymous with particularly strong destruction of ecosystems. Colonization led to intensified hunting, especially for the ivory trade. About 65,000 elephants were killed each year in Africa at the end of the 19th century. The forest also suffered damage because of conversion to farmland. Between 1850 and 1920, 95 million hectares of forest in Africa and Asia were cleared, four times more than in the previous 150 years. But the European settlers didn’t realize that the ecological damage they were witnessing was actually their doing. They put the blame on the colonized people and decided to create hunting reserves. And the people living on those reserves were strictly controlled, if not expropriated. These same hunting reserves were converted into national parks in the 1930s.

    What is behind your assertion that Africa’s nature parks are perpetuating a tradition of “green colonialism”?

    In the 1950s, the organizations and imperial institutions promoting nature conservation changed their names. For example, at the same time as they created hunting reserves and then parks, colonial administrators and hunters founded the Office International de Documentation et de Corrélation pour la Protection de la Nature in 1928. In 1934 this organization became the International Office for the Protection of Nature (OIPN), in 1948 the International Union for the Protection of Nature, and in 1956 the International Union for Conservation of Nature—the IUCN as we know it today. In fact, many conservation institutions and NGOs were created during the colonial period.

    During its seventh General Assembly in 1960, IUCN, with support from FAO and UNESCO, launched the “African Special Project.” A conference was then held in 1961 in Arusha, Tanzania, with heads of state of around 20 newly independent countries. Its organizers explained that it was necessary to continue the work achieved in the parks, especially faced with the “Africanization of nature programs.” It was at that conference that the World Wide Fund for Nature (known in some regions as the World Wildlife Fund), or WWF, was created. This organization went on to finance the sending of Western conservation experts all over Africa. However, these experts were mostly reconverted colonial administrators who, throughout the continent, perpetuated the notion that nature had to be emptied of its inhabitants in order to be protected.

    That’s why I speak of “the invention of green colonialism.” It’s not a question of neo-colonialism, but of post-colonialism, because heads of state have found it to be to their advantage. They have been programmed to believe in the international system of heritage conservation and have utilized international standards to promote their own interests. It’s this alliance between Western experts and African leaders that is responsible for perpetuating this colonial tradition.
    What are the consequences of this “naturalization” process for the local populations in Africa?

    The process of “naturalizing” Africa’s parks involves “dehumanizing” them, often by force. Today, we no longer speak of evictions, but of “voluntary departures.” But when these population displacements take place in an authoritarian State, like Ethiopia, these departures become not voluntary but forced. International organizations are aware of this but prefer to look the other way. When people living in those parks are not evicted, they are criminalized. Millions of farmers and shepherds are fined for cultivating the land or for grazing their herds in the mountains, or they face prison sentences for poaching small game. Sometimes the local people are subject to violence by eco-guards equipped with weapons and high-tech equipment financed by international institutions or NGOs. For the past thirty years, we’ve been witnessing a militarization of parks in Africa, encouraged by the international community. Sometimes there have been tragic consequences.
    The background to the conception of nature parks in Europe is different. Why?

    The nature parks there were not created in the same way as in Africa. If local populations were quickly integrated into European parks, it’s because the nation-states there were built with the notion of heritage in which the peasantry generally played an integral part. In France, for example, the parks created in the 1960s are a means of preserving “traditional” peasant farming. This process has not always been exempt of violence: the creation of parks also helped in the forced republicanization of mountain villages. But the difference is that, in Africa, not only was park-related violence much more intense, but it has never come to an end.

    A comparison between two parks is enlightening. In 2011, UNESCO classified the Cévennes region in France as a World Heritage Site, citing the cultural landscape of agropastoralism that has existed there for 3,000 years and that shapes the landscape. In contrast, in 2016, the people living in the Simien Park in Ethiopia were evicted because UNESCO felt that agropastoralism was threatening the natural value of the land. In other words, while Europeans shape their environment, Africans are thought to degrade it…

    Interview conducted by Flora Trouilloud (ID4D Editorial Team)

    #colonialisme #colonialisme_vert #parcs_naturels #Ethiopie #IUCN #decolonising_landscape #écologie_décoloniale

  • #Fond_documentaire Jean-Paul Bozonnet

    #Jean-Paul_Bozonnet

    Né en 1948 à Bourg-en-Bresse et décédé à La Tronche le 25 mai 2019.

    Sociologue, Jean-Paul Bozonnet est spécialiste des #imaginaires_sociaux, des pratiques et représentations culturelles, et de #sociologie_de_l’environnement.

    Il est l’auteur d’une thèse de doctorat (Orologiques. Sociologie et mythe de la montagne, sous la direction de Gilbert Durand) soutenue en 1984 puis publiée en 1992 aux Presses Universitaires de Grenoble sous le titre Des monts et des mythes. L’imaginaire social de la montagne.

    D’abord Maître de conférences au département de sociologie de l’Université des Sciences Sociales de Grenoble, il est recruté au début des années 90 sur le premier poste de sociologue crée à l’Institut d’Études Politiques de Grenoble. C’est au sein de cet établissement qu’il participe à la création du DESS « Direction de projets culturels » dont il assure la direction de 1992 à 2002. Son implication dans cette formation le conduit à orienter une partie de ses recherches vers la question des pratiques culturelles. Outre de nombreux articles, c’est l’ouvrage remarqué Pratiques et représentations culturelles des Grenoblois (éditions de l’Aube, 2008) qui rend le mieux compte de cette activité de recherche.

    Membre du laboratoire de recherche Pacte (ex CIDSP), il fait partie de l’équipe en charge du volet français des European Value Survey, et intègre l’analyse de ces enquêtes quantitatives internationales dans ses travaux de recherche. A partir de la fin des années 90, une grande partie de ses travaux est centrée sur la sociologie de l’environnement et la sociologie politique de l’#écologisme. Il est co-auteur en 2012 du Manuel de sociologie de l’environnement paru aux Presses de l’Université de Laval et seul manuel existant sur ce sujet en langue française, et dirige avec Joël Jakubec l’ouvrage L’écologisme à l’aube du XXIe siècle, de la rupture à la banalisation ? (Georg, 2000).

    Parmi les chercheurs de sa génération en sociologie de l’environnement, il est un des rares à être pleinement intégré dans les réseaux de recherches internationaux et à intervenir fréquemment dans les colloques étrangers en dehors de la sphère francophone (voir « L’environnement, domaine sociologique », Philippe Boudes, thèse de doctorat de sociologie, université de Bordeaux 2, 2008, pp.355-361).

    Attaché à la qualité de la démarche méthodologique, tant au niveau de ses activités de recherche que dans la formation des étudiants, il fait partie, de 1975 jusqu’à sa retraite en 2014, de l’équipe encadrant les enseignements de méthodes des sciences sociales à Sciences Po Grenoble.

    https://www.archivesecolo.org/fonds-collections/jean-paul-bozonnet
    #écologie_politique #environnement

  • La « croissance verte », ou le projet de marchandiser la nature

    Notre collègue et amie, Hélène Tordjman, vient de publier La croissance verte contre la nature, Critique de l’écologie marchande. Ce livre fera date parce qu’il rassemble une documentation très à jour sur la conceptualisation et la mise en pièces de la nature par un capitalisme menant au bord de l’asphyxie planétaire, pour la nature mais aussi pour les humains. Maintenant que la crise écologique est avérée, que le réchauffement du climat n’est plus discuté et que les alarmes sur la perte de biodiversité se multiplient, on pourrait croire que tout est dit. Peut-être, mais réunir en un volume une synthèse aussi détaillée, précise et référencée à la fois sur les multiples atteintes à la nature et sur les fausses solutions qui y sont apportées est une belle réussite.

    Note sur : Hélène Tordjman, La croissance verte contre la nature, Critique de l’écologie marchande

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/07/06/la-croissance-verte-ou-le-projet-de-marchandiser-la-nat

    #écologie #capitalisme