• [Officiel] Inondations en Espagne : « Si le réchauffement se poursuit au rythme actuel, de nombreux territoires en Méditerranée seront inhabitables »


    [edit pour l’icono, carouf’ c’est chacun]

    Les inondations meurtrières qui ont frappé l’Espagne viennent s’ajouter à la longue liste des événements dévastateurs qui ont endeuillé l’Europe et la France depuis plus de trente ans, au moment même où l’ONU publie un nouveau rapport sur l’insuffisance des politiques climatiques, qui entraîne la planète vers un #réchauffement de + 3,1 ºC à la fin de ce siècle, et que le troisième plan national d’adaptation au changement climatique vient d’être dévoilé. Pour qui travaille sur les catastrophes depuis deux décennies, la seule chose étonnante est que l’on trouve encore le moyen de s’étonner.

    En soi, de tels orages n’ont rien d’exceptionnel. Survenant chaque année à l’automne, ils caractérisent le climat méditerranéen. Ils sont responsables d’une élévation brutale du débit des cours d’eau, qui sortent de leur lit et submergent les plaines littorales. Leur violence est d’autant plus difficile à imaginer que la plupart du temps les torrents méditerranéens ont un débit faible. Il suffit pourtant de regarder la largeur des vallées à l’aval pour se convaincre des volumes d’eau qui peuvent s’écouler en quelques heures, rendant illusoire toute possibilité de résister ou même d’évacuer.

    Ce phénomène de crue torrentielle était bien connu des anciens. Localement, on leur a même donné des noms : les « aiguats » du Roussillon, les « vidourlades » à Sommières (Gard). Au fil des siècles, les sociétés méditerranéennes se sont adaptées. L’occupation humaine privilégiait les hauteurs ; les maisons étaient surélevées ; les arches et piles des ponts calibrées pour ne pas être emportées ou ne pas créer d’embâcles destructeurs.

    Milieu artificialisé

    Au cours du XXe siècle, le progrès des sciences et des techniques a conduit à mieux prévoir les événements météorologiques, à améliorer l’alerte, à renforcer les digues. Pourtant, chaque année, des catastrophes surviennent. Le coût des dommages augmente régulièrement, et le nombre de victimes reste élevé.
    Ce paradoxe s’explique de deux manières. D’une part, le nombre de personnes exposées à ces risques a fortement augmenté. Beaucoup de communes ont parié sur le tourisme et l’économie résidentielle, avec l’arrivée continue de nouveaux habitants, jeunes ménages ou retraités, résidents permanents ou temporaires (habitations secondaires). La croissance démographique s’est opérée par étalement urbain dans les vallées fluviales et les plaines littorales. Les terres agricoles ont notamment été loties avec des maisons individuelles de plain-pied, qui n’offrent aucun refuge en cas de montée brutale des eaux.

    D’autre part, le milieu a été profondément artificialisé, avec pour effet de modifier le potentiel d’infiltration et les conditions d’écoulement en surface. Routes, parkings et bâtiments ont imperméabilisé les sols. Les drains naturels (appelés « vallons » ou « cadereaux », selon les régions) ont été busés ou bétonnés. Dans les huertas [zones d’agriculture intensive irriguée], les vergers ont été remplacés par des serres. En cas de gros orages, l’eau précipitée ne parvient plus à s’infiltrer : elle ruisselle vers les cours d’eau, alimentant leur débit. Ces derniers ont en outre été endigués, creusés, leur cours « rectifié » ou détourné. Certains ont été recouverts de dalles, et des chenaux ont été obstrués.

    En France, depuis plus de quarante ans, les scientifiques et les experts alertent sur les risques liés à l’imperméabilisation des surfaces et l’artificialisation des sols. En 1995, à la suite des catastrophes de Nîmes (1988) et de Vaison-la-Romaine (1992), Michel Barnier, alors ministre de l’environnement, faisait voter une loi portant son nom et instaurant les plans de prévention des risques (PPR) pour contrôler l’occupation des zones inondables.

    Des études récentes ont montré que lorsqu’ils étaient correctement appliqués, les PPR faisaient baisser la sinistralité. Mais combien de territoires ont vu ces plans contestés, suspendus ou repoussés ? Chaque faille réglementaire a été exploitée pour contourner, en toute légalité, l’esprit de la loi. Depuis trente ans, des crèches, des écoles, des maisons de retraite, des stades, des campings, des établissements accueillant du public ont été construits en zone à risque.

    Certes, les moyens de prévision, d’alerte et de prévention ont progressé. Malgré les polémiques, combien de vies ont été sauvées par les alertes de Météo-France ? Les coûts pour la collectivité restent néanmoins exorbitants : morts, traumatismes, dommages qui se comptent en centaines de millions d’euros, fermetures d’entreprises, etc.

    Trente ans d’inaction climatique

    Elus locaux et habitants paient aujourd’hui les héritages de décennies d’incurie. Mais ils paient aussi trente ans d’inaction climatique. Car le réchauffement global dope ces épisodes orageux. En perturbant le cycle de l’eau, le changement climatique augmente la probabilité d’épisodes orageux intenses. Et plus d’eau précipitée, c’est plus de ruissellements, notamment dans les villes, où les réseaux d’évacuation des eaux pluviales débordent à leur tour. Même sans cours d’eau, chaussées et sous-sols sont submergés par des montées des eaux aussi brusques qu’imprévisibles qui détruisent tout sur leur passage. Ce ruissellement urbain est un risque majeur, encore très sous-estimé.

    Chaque dixième de degré supplémentaire à l’échelle du globe augmente de façon exponentielle les extrêmes hydroclimatiques. C’est un fait démontré. Pourtant, les climatosceptiques, qui sont souvent les mêmes que ceux qui dénonçaient les PPR comme d’épouvantables contraintes et qui se battent aujourd’hui contre les mesures de réduction de l’artificialisation des sols, expliquent que le réchauffement n’y est pour rien et que c’est la faute de l’imperméabilisation. Les climato-rassuristes clament de leur côté que nous allons nous adapter. Nous n’étions cependant pas prêts à faire face aux risques dans un climat réchauffé à moins de 1 ºC. Pourquoi le serions-nous davantage dans un monde réchauffé à 2 ºC, voire 3 ºC ?

    La vérité est que si le réchauffement se poursuit au rythme actuel, de nombreux territoires en #Méditerranée seront inhabitables, car trop coûteux à protéger. Seule l’atténuation, avec l’atteinte du zéro émission nette de CO2 qui stabilise le réchauffement, rend possible l’adaptation. Adaptation et atténuation doivent être menées de pair. Une fois de plus, on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.

    Magali Reghezza-Zitt est géographe, ancienne membre du Haut Conseil pour le climat.

    https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/11/01/inondations-en-espagne-si-le-rechauffement-se-poursuit-au-rythme-actuel-de-n

    • Inondations en Espagne : sortir du cycle de la sidération à l’oubli

      En France, de nombreuses personnalités politiques s’émeuvent de la catastrophe ayant endeuillé la région de Valence, tout en revenant sur des engagements en faveur de la transition climatique et en rognant le fonds vert.

      Des torrents de boue, des voitures entassées les unes sur les autres, des maisons détruites, des vies anéanties… Les terribles #inondations qui ont ravagé la région de Valence, faisant plus de 200 morts, ont laissé place à un spectacle de désolation. A la peur a succédé la consternation. Comment expliquer un phénomène aussi brutal et soudain ? Comment un pays riche comme l’Espagne peut-il être tant meurtri ?

      Il est pourtant surprenant d’être surpris. Certes, ces inondations sont les pires en plus de trois décennies. Mais ce genre d’événement est attendu : depuis trois décennies également, les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) alertent sur le dérèglement climatique qui aggrave les phénomènes météorologiques extrêmes. Si le réchauffement augmente les vagues de chaleur et les sécheresses, il intensifie dans le même temps les pluies diluviennes auxquelles sont habituées les régions méditerranéennes. Les explications relèvent de la physique : une atmosphère plus chaude peut contenir plus d’humidité. Les océans en surchauffe fournissent en outre plus d’énergie aux phénomènes de « gouttes froides », aux tempêtes et aux ouragans.

      L’exposition et les vulnérabilités des populations sont également exacerbées par les choix urbanistiques. Depuis les années 1960, les villes construisent massivement dans des zones inondables, au plus près de la mer ou des rivières, bétonnent tous azimuts, imperméabilisant les sols, détruisent les zones humides qui pourraient retenir les crues… Alors les pluies, dopées par le réchauffement, déferlent et emportent tout sur leur passage.

      Les dernières années regorgent d’exemples de tels cataclysmes. Rien qu’en septembre et octobre, l’Ardèche a été sous l’eau après l’épisode cévenol le plus intense sur deux jours jamais enregistré, le nord de la France a été inondé par la tempête Kirk, tandis que Boris faisait 22 morts en Europe centrale. Dans le sud-est des Etats-Unis, les ouragans Helene et Milton ont provoqué plus de 250 morts. Auparavant, le Pas-de-Calais a passé l’hiver les pieds dans l’eau en 2023, l’Allemagne et la Belgique ont enterré près de 230 habitants dans des inondations dantesques en 2021.

      Rejet de l’écologie politique

      Les pays occidentaux, qui se sentaient jusqu’à récemment protégés, s’avèrent durement touchés par la crise climatique. Mais quelques mois après une catastrophe, nous l’oublions… jusqu’à la suivante. La sidération laisse place à l’amnésie, qui permet de reprendre le cours de sa vie et de continuer à faire fonctionner l’économie.
      Au lieu de tirer les leçons des catastrophes, une partie de la population se tourne vers le bouc émissaire le plus pratique : les écologistes. Sur les réseaux sociaux, les comptes d’extrême droite les désignent comme responsables du lourd bilan espagnol, avec les socialistes de la coalition qui gouvernait la communauté autonome de Valence de 2015 à 2023. Leur tort : avoir détruit des barrages érigés à l’époque de Franco afin de « laisser couler les rivières ». De la même façon, les inondations du Pas-de-Calais avaient été attribuées à un manque de curage des cours d’eau « pour sauver les grenouilles » : des accusations infondées, selon un récent rapport sénatorial.

      L’écologie est devenue un champ de bataille. En réaction à une transition écologique amenée à s’accélérer, le climatoscepticisme gagne du terrain, surtout à droite et à l’extrême droite, rendant inopérant tout consensus sur le sujet. Les ressorts de ce doute sont à rechercher dans un rejet de l’écologie politique, vue comme punitive et radicale, et la défense de modes de vie et de valeurs, selon une enquête de l’ONG Parlons climat, publiée jeudi. Un phénomène attisé par la désinformation.

      Sans stratégie globale et sans moyens

      Dans cette convergence des risques, aux côtés du réchauffement climatique et de l’urbanisation irraisonnée, c’est cette troisième menace, celle de la polarisation, qui est sans doute la plus délétère. Elle se concrétise dans une sorte de « en même temps » écologique, débouchant sur des politiques incohérentes et insuffisantes. En Espagne, l’actuel exécutif valencien – dominé par la droite et le parti d’extrême droite Vox, ouvertement climatosceptique – est critiqué pour avoir alerté très tardivement la population dans un souci de préserver l’activité économique et pour avoir supprimé l’Unité valencienne des urgences.

      En France, nombre de responsables politiques s’émeuvent des inondations, tout en souhaitant assouplir l’objectif de zéro artificialisation nette des sols. Dans un contexte de disette budgétaire, le gouvernement rogne de nouveau sur le fonds vert, qui aide pourtant les communes à s’adapter au réchauffement, sur l’électrification des véhicules et sur MaPrimeRénov’, essentielles à la décarbonation. Et il présente un nouveau plan national d’adaptation au changement climatique, sans stratégie globale et surtout sans grands moyens.

      En réalité, ce n’est pas l’écologie qui est punitive, mais les atermoiements et les reculs incessants des politiques écologiques. Si une telle succession de catastrophes se produit alors que la planète s’est « seulement » réchauffée de 1,3 ᵒC, il s’avère douloureux d’imaginer ce qu’il adviendra à + 3 ºC au niveau mondial à la fin du siècle – la trajectoire vers laquelle nous mènent les politiques actuelles –, soit + 4 ᵒC en France. L’adaptation ne sera alors plus entièrement possible et, prévient le climatologue Christophe Cassou, il faudra « définir qui on sacrifie ».

      Que faut-il pour briser le cercle de la sidération et de l’oubli ? L’étude de Parlons climat appelait à mettre en valeur « les solutions » et à « trouver d’autres messages et d’autres émetteurs » que les écologistes. L’idée pourrait être également de montrer les bénéfices pour la santé, la souveraineté et la sécurité de la lutte contre le changement climatique. Un discours que l’ensemble de l’échiquier politique est toutefois loin d’endosser avec conviction.

      https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/11/01/inondations-en-espagne-sortir-du-cycle-de-la-sideration-a-l-oubli_6370756_32

      #écologie_punitive

  • Le 29 octobre 2024, la région de Valencia (Espagne) subit une catastrophe liée à un « orage en V très peu mobile ».

    The scale of the flooding currently unfolding in Valencia, Spain is unfathomable. This is footage from Chiva, where a jaw-dropping 343 mm of rain was recorded in just 4 hours earlier today, between 4:30 PM and 8:30 PM.

    https://video.twimg.com/amplify_video/1851374950826860544/vid/avc1/1080x1440/8vXiOd9nt1GEa9UX.mp4?tag=16

    (Source : https://x.com/WxNB_/status/1851375012688658443)

    Varios muertos y desaparecidos por la DANA. Zonas como Valencia y Albacete, especialmente afectadas #dana

    https://video.twimg.com/amplify_video/1851418883149750272/vid/avc1/1080x1632/wGzYweShNZ7KH-Ju.mp4?tag=16

    (https://x.com/JesusCintora/status/1851419147667701761)

    • Ce fut d’une extrême violence comme le montrent toutes les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. Et on est dans un réchauffement global d’à peine 1,5 °C. Imaginez la suite ...

      Inondations en Espagne hier : au moins 54 morts.
      Pensez à cette image à chaque fois qu’un journaliste ou qu’un membre du gouvernement se plaint des activistes climat qui bloquent la route...


      (https://x.com/BonPote/status/1851576628280799282)

    • Un article de WP sur la Gran Riada de Valencia en 1957, où l’on nous parle du détournement du Rio Turia pour protéger la ville des conséquences d’un nouveau débordement (le Plan Sud).
      https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Grande_inondation_de_1957_de_Valence

      Évidemment, certains ont sauté sur l’occasion en venant te raconter que « ça s’est déjà vu » et que l’évènement du 29 octobre dernier, c’est pas si dramatique que ça. (Un an de pluie en huit heures de temps et on va dépasser les 100 décès sans compter les « disparus »).

      Quelques explication « après coup » d’un météorologue :
      https://threadreaderapp.com/thread/1851653746570235914.html

      Les pluies extrêmes sur #Valence sont associées à une goutte froide qui s’isole vers Gibraltar.
      Cette dynamique n’est pas créée par le changement climatique (même config pour les épisodes similaires du passé -ex : 1957) mais il en amplifie les conséquences (quantité de pluie)
      1/🧵
      Il est faux/réducteur d’attribuer cet événement a une méditerranée +chaude. C’est l’ensemble des océans +chauds en lien avec une atmosphère +chaude qui explique l’excès de vapeur d’eau dans l’atmosphère, véritable réservoir ++ pour les pluies.
      https://video.twimg.com/tweet_video/GbJfsgPW4AAbnl9.mp4


      2/
      C’est donc l’ensemble de l’environnement planétaire qui devient favorable aux pluies extrêmes, ce qui explique que l’ensemble des régions du monde peut être touché par ces coups météo dopés qui frappent ici ou là. Pas forcement d’augmentation en fréquence mais en intensité !

      3/
      La France n’est en aucun cas a l’abri d’un tel événement qui peut frapper sur tout le pourtour méditerranéen. Diminuer les risques impose de réduire immédiatement nos émissions de gaz a effet de serre et de s’adapter en diminuant autant que possible le ruissellement.

      (https://x.com/cassouman40/status/1851653746570235914)

    • Inondations en Espagne : un arbitrage controversé entre [sans] sécurité du public et [ni] intérêts économiques
      https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/10/31/en-espagne-un-arbitrage-controverse-entre-securite-du-public-et-interets-eco

      Alors que le bilan des terribles crues qui ont frappé le sud-est espagnol ne cesse de s’alourdir, et a atteint, jeudi 31 octobre, les 158 morts, la question de la responsabilité de l’administration mais aussi des entreprises valenciennes hante l’Espagne. Pourquoi la région n’a-t-elle envoyé l’alerte sur les téléphones portables des habitants qu’à 20 heures, mardi 29 octobre, quand beaucoup de gens se trouvaient déjà pris aux pièges dans leur véhicule ? L’Agence espagnole de météorologie (Aemet) avait pourtant décrété l’alerte maximale le matin, dès la première heure.
      Et pourquoi les entreprises n’ont-elles pas renvoyé les salariés chez eux ? « Je veux envoyer un appel à la responsabilité des entreprises. Elles ont l’obligation de protéger la vie des travailleurs », a rappelé la ministre espagnole du travail, Yolanda Diaz (Sumar, gauche), le 30 octobre, ajoutant en direction des salariés qu’ils « n’ont pas à courir de risques ».

      « Les pertes humaines sont les seules choses irréparables »
      Ceux que la région et les entreprises ont pris témoignent d’un manque de confiance dans les prédictions météorologiques et de sensibilité aux phénomènes atmosphériques extrêmes, ce qui n’est pas nouveau. En septembre 2023, la présidente de la région de Madrid, Isabel Diaz Ayuso (Parti populaire, PP, droite), avait utilisé pour la première fois le protocole ES-Alert, capable d’envoyer un message à tous les téléphones des personnes présentes sur une zone à risques grâce à un système de radiofréquence, à l’occasion d’une « goutte froide » qui devait déverser des pluies « exceptionnelles » sur Madrid, selon l’Aemet. Sa décision de demander aux Madrilènes de ne pas se déplacer, sauf nécessité absolue, fut très controversée.

      #changement_climatique #climat #inondations #catastrophes_climatiques

    • Illustration de l’#incurie des « autorités » de la région de Valencia (article du 30/10) :
      https://www.vilaweb.cat/noticies/people-trapped-in-a-deadly-trap-the-valencian-governments-negligence-has-si


      People trapped in a deadly trap: The Valencian Government’s Negligence Has Significantly Worsened the Consequences of the Floods

      The disappearance of the President of the Generalitat during the crucial hours of the floods highlights a lack of capacity to manage a catastrophe

      The storm that has ravaged the central regions of the Valencian Country, the most populated strip, is by far the most severe in contemporary times. What was initially announced as a “dana” (the new term for “cold drops” that Valencians are so familiar with) has resulted, thus far, in a provisional toll of 62 dead and dozens still missing. People who cannot locate their loved ones and places where rescue teams are unable to enter even twelve, fourteen, or sixteen hours later. And, for now, material damages are incalculable.

      This dana had been announced, publicized, commented upon, written about, drawn, and explained in a way that seemed almost excessive. Authorities had time to prepare, to activate every possible system to prevent harm to the population. Measures to protect people should have gone beyond school or university closures taken by some local councils.

      But something went wrong to produce such a terrifying provisional figure. Today, even though waters are starting to recede and reveal the landscape of devastation, it’s not yet the aftermath. Today is still “the day.” The “day after” will be when we clarify what happened, why it happened, who made which decisions, and who conveyed which messages.

      In this tragedy, which reeks of diesel mixed with mud, of tears and desperation, there is an implacable chronology. There is a series of political decisions that, read in sequence, give a picture of the lightness with which policies were executed, the lack of political weight of those who make and implement them. They reveal a desolate panorama: the irresponsibility and negligence of those managing public administrations—in this case, President Carlos Mazón (PP).

      The Consell, the Valencian government, took office in July of last year. In November, it abolished the Valencian Emergency Unit. This was part of its electoral program, and Vox, its allies, demanded it loudly. They called it a “chiringuito” (a derogatory term meaning “boondoggle”) of former socialist president Ximo Puig. They stated it this way and even tweeted it—a post that resurfaced when the Campanar building caught fire last February: “The Valencian Emergency Unit, the first agency of Ximo Puig dismantled by Carlos Mazón. The first step in the restructuring of the public business sector announced by the Valencian government.”

      The Consell decided it could do without a global emergency management body, thereby removing a layer of protection for the population.

      Eleven o’clock in the morning of Tuesday was a key moment to perceive the solitude of Valencians facing this catastrophe. At eleven, the spokesperson for the Consell, Ruth Merino, was supposed to hold a press conference to explain the Consell’s decisions. At eleven, the Spanish government’s delegate, Pilar Bernabé, was expected to report on the morning’s developments after a very tough night in Safor and Ribera. And at eleven, the President was scheduled to make statements after attending a sectoral event. The statements overlapped.

      Bernabé explained which roads were closed and a few incidents, but little more. Ruth Merino mentioned the number of schools closed and also listed closed roads, adding little more. President Mazón was more expansive in his statements. Expansive and oddly optimistic, despite media coverage that had already been broadcasting special programming on the human tragedies, stories of people unable to reach work, flooded basements, and the swelling Magre River, which originates in Utiel. Yet he said:

      “As for hydrological alerts, the reservoirs are well below capacity. They are absorbing the incoming water without any issues. There is no hydrological alert for any reservoir so far. So, I’d like to emphasize that the rains are particularly affecting the Magre River, but so far, we have no hydrological alert. This is good news at this hour.”

      And he added: “According to the forecast, the storm is moving towards the Serrania de Cuenca, and consequently, by around six in the evening, the intensity is expected to decrease across the rest of the Valencian Community.”

      After these statements, the president continued his agenda, meeting with various people and taking photos that were disseminated through the communication channels of the presidency. He made no further comments on the floods.

      It was half-past eleven when Mazón made these statements. At 11:45, the Emergency Coordination Center issued a special hydrological alert for the riverside towns along the Magre River. “Alert of increased flow in the Magre River with a record of 350 cubic meters per second. Riversides and towns along the Xúquer River up to the mouth in Cullera are warned.”

      If, when the president spoke, he knew that the Magre River was becoming a danger to the population and did not say so, he committed a highly reprehensible act. If he did not know, it was also serious, as it showed he did not know what he was talking about when he said the reservoirs could contain the water that was already spilling over the riverbed. He called for caution, of course, but conveyed a message of calm that bore no relation to what was actually happening.

      A few hours later, at five in the afternoon, the Xúquer Hydrographic Confederation began to release water from the Forata Reservoir in Yátova. Thus, it ceased its regulatory function, and the Magre River surged towards Algemesí, meeting the Xúquer. It devastated everything in its path. The images circulating on social networks left no doubt that this was a catastrophe of unknown dimensions.

      At the same time, the Poio ravine also filled rapidly, flowing towards the Albufera of Valencia. Disbelieving residents and workers in the metropolitan area of Valencia, where it had barely rained all day, found themselves trapped in a deadly trap. They were in cinemas, shopping for furniture, at work. And there they spent the night. Or they died. The president had spoken of calm at half-past ten in the morning, and he had not been seen since.

      He did not appear again until after half-past nine in the evening. And when he did, he communicated nothing—neither information, nor reassurance, nor encouragement, nor any sense that he had control over the situation. Rather, he admitted that they lacked significant information, that rescue teams couldn’t reach certain places, that communications were indeed down, and that they had no confirmation of fatalities. His statement left the population with an extraordinary sense of vulnerability. The President of the Generalitat appeared, in a corridor, before the microphone of public TV À Punt and the Presidency’s microphone, to say that À Punt was the official broadcaster. Thus, incidentally, he muzzled the press, who could only report what the Generalitat said.

      An Empty Statement

      The president’s silence became an unprecedented cry from people trapped, soaked, lost, and terrified. Testimonies began to emerge from people abandoned on highways, in shopping centers, in a funeral home… People calling 112 and getting no answer. People on rooftops watching firefighters pass by because they couldn’t help them.

      In the middle of this wild, dark, windy, and rainy night, President Mazón appeared again. It was past half-past twelve in the morning. He had donned the red vest of emergency services and spoke of fatalities without specifying a number. As he had done with the Campanar fire, he hid in the darkness to deliver bad news. This time he could not provide an estimated number of fatalities, nor could he give precise information on what was happening. Empty words to say that the Spanish government’s Military Emergency Unit was now working. Nothing more.

      Until this morning, when the count stands at 62 dead, for now. Sixty-two lives cut short in an episode of intense, fierce rain. Perhaps the most severe ever seen in the Valencian Country, yet announced, marked, and warned of.

  • Fin du timbre rouge : on vous explique l’usine à gaz concoctée par La Poste
    https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/la-poste/fin-du-timbre-rouge-on-vous-explique-l-usine-a-gaz-concoctee-par-la-pos

    « L’idée est… plutôt simple, grimace une employée de La Poste. Si vous voulez envoyer un courrier prioritaire à quelqu’un, vous devrez désormais le taper sur le site internet de l’entreprise, ou le numériser puis le joindre en PDF. »

    #cauchemar

  • Les Calanques, c’est fini
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article1671

    Nous avons reçu du Platane une enquête sur la clôture électronique des Calanques. Le Platane, c’est le nom qu’ils se sont donné parce que c’est là qu’ils se réunissent, à Marseille. On peut résumer l’affaire en trois mots : on ne pourra plus, désormais, aller se promener à sa guise dans les calanques, il faudra au préalable obtenir un QR code de l’administration du Parc. On peut aussi la détailler : la technocratie dirigeante organise « l’attractivité du territoire », le TGV arrive à Marseille, 100 millions de touristes visitent la France chaque année, et pourquoi voudriez-vous qu’une partie d’entre eux ne transforme pas les calanques en dépôt d’ordures, ravagé de temps à autre par un incendie. Ayant organisé la catastrophe, il ne reste plus qu’à organiser le Parc pour en gérer les nuisances. D’où le (...)

    #Faits_divers
    https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/l_e_cologie_des_gestionnaires_-_une_impasse_-_le_cas_des_calanq

  • Terrasses chauffées : les villes invitées à en finir avec une « hérésie » climatique
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/01/11/terrasses-chauffees-les-villes-invitees-a-en-finir-avec-une-heresie-climatiq

    « Une gabegie énergétique »

    D’après une étude de l’association négaWatt, la consommation d’une terrasse moyenne durant un hiver équivaut à la consommation annuelle en électricité de neuf familles, hors chauffage et eau chaude. D’après cette même enquête, une terrasse de 75 m2 équipée de cinq braseros au gaz rejetterait autant de dioxyde de carbone (CO2) au cours de l’hiver qu’une voiture neuve faisant trois fois le tour de la Terre (40 000 km), soit 13,7 tonnes émises dans l’atmosphère. Or, à Paris seulement, on estime que plus de 12 500 terrasses sont chauffées.

    « Les terrasses chauffées constituent une gabegie énergétique et ont des impacts environnementaux colossaux alors qu’elles sont acceptées par tous », constate l’énergéticien Thierry Salomon, fondateur de l’association négaWatt et auteur de Changeons d’énergies - Transition, mode d’emploi (Actes Sud, 2013). Selon une étude réalisée en décembre 2019 par l’institut YouGov, plus de deux Français sur trois considèrent que les terrasses chauffées représentent une importante déperdition d’énergie, mais seulement un sur trois se dit « favorable » à leur interdiction.

    Dans la capitale, les écologistes ont déjà tenté à trois reprises de l’obtenir : en 2007, 2008 et 2011. En 2011, le chauffage au gaz avait été interdit. Mais l’interdiction a été annulée deux ans plus tard par le tribunal administratif de Paris, après un recours du Syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs et du Comité français du butane et du propane (CFBP), au motif de « ne pas disposer d’élément permettant de justifier un traitement différencié entre les dispositifs de chauffage au gaz et à l’électricité » par rapport aux « impératifs de développement durable ».
    Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pour ou contre les terrasses chauffées

    La ville de Lille, qui avait pris un arrêté interdisant les dispositifs de chauffage au gaz la même année, a connu un sort identique. Saisi par le CFBP et l’Association française du gaz, le tribunal administratif de Lille invoquait, dans sa décision de 2016, « une atteinte injustifiée au principe de liberté du commerce ». « Echaudée par cette expérience », la ville entend adopter « une stratégie différente », explique Jacques Richir, adjoint chargé de l’espace public. Plutôt qu’une « interdiction pure et dure », la ville mise, comme Paris, sur la « concertation avec les commerçants », précise l’élu. Si les établissements ne semblent « a priori pas favorables à cette interdiction », M. Richir évoque, dans un premier temps, « une démarche de volontariat ». Une réunion sur le sujet doit se tenir après les élections municipales de mars.

    Dans la ville de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), qui interdit les dispositifs chauffants depuis 2012, une solution simple a été retenue : les couvertures. C’est d’ailleurs l’alternative adoptée dans de nombreux pays aux températures moins clémentes qu’en France, comme l’Allemagne, le Danemark ou la Suède.

    Si la simplicité de la solution pourrait prêter à sourire, elle participe d’un changement vers une politique générale d’écologie urbaine. « Il faut que les villes montrent l’exemple, sinon les citoyens ne s’engageront pas dans cette transition écologique », estime M. Salomon. Il invite les municipalités à réfléchir à « l’ensemble des consommations aberrantes en milieu urbain », comme les vitrines éclairées la nuit ou les écrans vidéo qui peuplent les lieux publics.

    #Climat #terrasses_chauffantes #Communs_urbains

  • Un éclair de franchise - Par Daniel Schneidermann | Arrêt sur images
    https://www.arretsurimages.net/chroniques/le-matinaute/un-eclair-de-franchise

    « Est-ce qu’on a le droit de fumer dans ce studio ? » demande #Ruffin à Demorand et Salamé. Un court instant de silence. « Non ». « Voilà. C’est interdit. Eh bien l’#avion, c’est pareil ». Les deux #journalistes de France Inter viennent de l’interroger sur sa récente proposition de loi, visant à supprimer les liaisons aériennes intérieures, quand elles sont concurrencées par une liaison ferroviaire d’une durée supplémentaire inférieure à deux heures trente. Et en glissant dans leur question les deux mots épouvantail : « #écologie_punitive ».

    Mais Demorand remonte vite à cheval : « Donc vous voulez interdire l’avion pour raison de santé publique ? » "De santé mondiale". Et de poursuivre sa démonstration : « Dans les supermarchés, les gens ont un porte-monnaie à la place du cerveau. On n’a pas supprimé le #travail_des_enfants, parce que les consommateurs ont renoncé à acheter des produits fabriqués dans des usines qui emploient des enfants. On n’a pas supprimé le travail du dimanche parce que les consommateurs ont cessé d’acheter des produits fabriqués le dimanche. On n’a pas fait la semaine de #40_Heures parce que les consommateurs de 1936 ont cessé d’acheter les produits fabriqués dans des usines où les ouvriers dépassent les 40 heures ». Donc, les « #petits_gestes » des #consommateurs ne suffiront pas. Beaucoup l’admettaient secrètement. Aucun politique en vue ne le disait. C’est fait.

  • Cédric Durand et Razmig Keucheyan : « L’Etat doit prendre les commandes de la transition écologique »
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/05/24/cedric-durand-et-razmig-keucheyan-l-etat-doit-prendre-les-commandes-de-la-tr

    L’action de l’Etat en matière de transition écologique doit reposer sur trois piliers

    L’action de l’Etat en matière de transition écologique doit reposer sur trois piliers. Le premier est un programme d’investissements massifs en faveur des énergies et des infrastructures propres et de désinvestissement des énergies fossiles. Les chiffrages existent, ceux de l’association négaWatt par exemple. Les Américains, eux, proposent de décarboner leur économie d’ici dix ans. Ces investissements, combinés à la décroissance matérielle, doivent déboucher sur ce que les économistes de l’environnement appellent le « découplage » : jusqu’ici, la croissance économique s’est toujours accompagnée d’un surcroît d’exploitation de la nature, et notamment de dépenses énergétiques. Cette corrélation doit être défaite. Pour cela, l’Etat doit intervenir dans les choix productifs, car les marchés ou les taxes carbone relèvent d’une logique a posteriori, qui cherche à limiter les « externalités négatives » de l’activité économique en les internalisant. Il faut la remplacer par une logique a priori, qui empêche en amont les pollutions ou les dégradations de la biodiversité de survenir.

    #planification #économie #écologie #transition #énergie #climat #besoin

    • Prendre nous-mêmes les rênes pour ne pas subir l’#éco-fascisme d’une #écologie_punitive :

      Prendre au sérieux les préoccupations écologiques impose également d’écouter ceux qui ont pris soin de leur milieu et qui ont eu raison avant nous. Cessons de prendre au sérieux ceux qui ont échoué ! C’est le rapport à la chose politique – et non au personnel politique – qui est prioritaire.

      Pris en ce sens, celui des modalités du vivre ensemble et du règlement pacifique des conflictualités, le politique n’est pas « en haut », ni « là-bas », mais « ici », voire « en dessous » : là où des formes de vie sont sans cesse déracinées, des voix étouffées, des avenirs condamnés par les pouvoirs surplombants qui ont montré leur inefficacité.

      Le moment est venu de prendre exemple sur ceux qui ont eu raison mais qui sont subalternisés depuis des siècles : peuples autochtones ou inventeurs d’alternatives au développement industriel.

    • L’analyse marxiste de l’Etat a révélé depuis un bail que cette structure ne dépendait pas des nécessités objectives (révélées par une analyse rationnelle des enjeux et des besoins), mais de la nature des rapports sociaux. L’Etat est l’instrument de la classe possédante pour assurer l’ordre et perpétuer sa domination de classe. Quand on sait que cette classe, de plus en plus rapace et parasitaire, ne peut imaginer d’ordre que celui qui assure la seule reproduction du capital, donc de profits, quelles que soient les conséquences, c’est faire un contresens que d’attendre de l’Etat la moindre impulsion déterminante, que d’imaginer des solutions efficaces contre le désastre qui nous submerge de sa part. Rien ne sert d’en changer les locataires (ni même d’y installer des réformistes de gauche radicale) : l’Etat de la bourgeoisie devra être abattu, ou rien. Pour cela, il faudra exproprier cette classe.

      Sans cela, sans révolution sociale mondiale, il n’arrivera rien. Sauf, comme prévu, la catastrophe.

  • Jaunes de colère : de la trahison macroniste à la révolte populaire, entretien avec Samuel Hayat
    https://grozeille.co/jaunes-de-colere-samuel-hayat

    La #mobilisation peut se faire à deux conditions. D’abord il faut un conflit entre des #principes_moraux différents, ce qui suppose donc qu’un autre principe vienne s’opposer à celui que l’on défend. A propos du XVIIIe siècle, Thompson parle de conflit entre #économie_morale et #économie_politique. L’époque est travaillée par l’apparition des nouveaux principes de l’économie politique : le libre-échange, notamment le libre échange des grains. C’est lorsqu’il y a une confrontation entre les principes de l’économie morale et ceux de l’économie politique que naît la contestation.

    Deuxième chose : il faut qu’on ait l’impression que l’autorité, normalement garante des principes de #justice, les a trahis et a pris parti pour ceux qui s’opposent à ces principes. C’est ce qui se passe aujourd’hui : on a un Président de la République qui met en avant son adhésion à des principes de justice qui ne sont pas du tout ceux des gilets jaunes. Il soutient des principes de justice capitalistes selon lesquels les gagnants doivent gagner encore plus de telle sorte qu’ils tireront tout le monde vers le haut. Selon lesquels, aussi, les #pauvres sont responsables de leur pauvreté puisqu’ils n’ont qu’à traverser la rue pour trouver un travail, qu’à travailler pour s’acheter une chemise et qu’à s’en prendre à eux-mêmes si le monde des gagnants ne leur est pas accessible.

    Macron a d’emblée pris position contre les principes de l’économie morale des classes populaires. Et le fait qu’il ait été aussi ouvert et explicite, surtout dans sa moquerie des principes de l’économie morale, a clairement été perçu comme une trahison. Trahison qui a rendu possible le mouvement, ou en tout cas l’a focalisé sur les principes moraux dont nous parlions.

    A côté de ces deux éléments qui me semblent nécessaires à une mobilisation sur le fondement de l’économie morale, il y a évidemment d’autres choses, plus spécifiques au mouvement actuel. Il y a bien sûr une cause plus structurelle qui tient aux quarante années de politiques néolibérales que nous venons de vivre. Enfin, et c’est sûrement ce qui fait que la mobilisation s’est faite autour des taxes sur le carburant et pas autre chose, il y a le discours soi-disant écologiste des gouvernants qui consiste à dire à toute une série de personnes que leur mode de vie est dangereux pour la planète. Il faudrait le vérifier par une véritable enquête, mais il me semble qu’il y a quelque chose d’inédit dans ce discours de responsabilisation écologique individuelle , quand bien même il serait fondé scientifiquement et politiquement. En gros, avec cette augmentation des taxes sur le carburant, on voit le chef de l’Etat rejoindre la mise en accusation écologique généralisée pour déclarer que non seulement les gens doivent payer plus, mais qu’ils ont intérêt à se taire et à dire merci, parce qu’on les fait payer plus du fait qu’ils sont en train de détruire la planète, ces salauds, et que c’est au nom de la transition écologique qu’on les fait payer plus. Tandis qu’à côté de ça, le gouvernement recule sur le glyphosate, ne taxe pas les gros pollueurs, etc.

    Il faut bien saisir l’ampleur de la trahison que cela représente et l’hypersensibilité que ça peut créer chez les gens : le modèle qu’on nous a vendu depuis un siècle, celui de l’#individu qui s’accomplit en étant propriétaire de sa maison et de sa voiture, qui a un #travail décent et qui vit bien sa vie en se levant tous les matins pour aller bosser, ce modèle-là sur lequel Nicolas Sarkozy a beaucoup surfé avec sa France des gens qui se lèvent tôt et sa politique d’accession à la propriété, tout ce modèle-là on déclare tout à coup qu’il n’est plus possible économiquement et qu’il est dangereux écologiquement, qu’il faut donc se sentir coupable d’être à ce point écologiquement irresponsable, d’avoir suivi des décennies d’incitation à suivre ce modèle. Vrai ou pas vrai, l’effet de ce discours est terrible.

    Je pense néanmoins qu’entre toutes ces raisons, le point fondamental reste la trahison. C’est en cela qu’Emmanuel Macron est complètement différent de Nicolas Sarkozy et François Hollande. La délectation naïve avec laquelle il trahit tous les codes moraux habituels de fonctionnement d’une société inégalitaire est une raison essentielle de la haine dont il est l’objet. Les #sociétés_inégalitaires ont besoin d’être tenues ensemble, soudées, justifiées par autre chose que la pure économie, quelque chose qui donne le sentiment que les gagnants ont une certaine #légitimité à être les gagnants, que les perdants ne sont pas complètement laissés en-dehors de la société, que les gagnants doivent payer leur impôts et que l’#Etat joue un rôle un peu neutre dans tout ce système. Or voir un Président afficher de manière aussi ostensible la culpabilisation de ceux qui ne réussissent pas, c’est une #violence extrême dont les gouvernants ne se rendent visiblement pas compte.

    #gilets_jaunes #écologie #écologie_punitive #culpabilisation #responsabilité_individuelle

    • G – Peut-on voir ce rejet du politique, ni droite ni gauche comme le miroir inversé de ce que propose la vision macroniste d’un contrôle technicien qui ne serait pas politique, mais strictement expert ?

      H – Ces mouvements citoyens ne sont en effet possibles que parce qu’ils viennent répondre comme en miroir à ce processus de dépolitisation de la politique. Cette dépolitisation experte et technicienne appropriée par les forces néolibérales, Macron en est une sorte de symbole. Macron est celui qui trahit le pacte mais c’est aussi celui qui rejette la politique, qui rejette l’idéologisation de la politique. Et en ce sens-là il y a une affinité très forte entre ces mouvements et le monde de Macron dans lequel il y a simplement des citoyens et l’Etat, mais plus aucun des dispositifs de médiation conflictuelle qui existaient et étaient légitimes jusque-là. Dans lequel il n’y a donc plus aucun affrontement partisan qui viendrait diviser le social. Le clivage se fait entre d’un côté les forces de la modernité technicienne et de l’autre les ringards, les Gaulois réfractaires.❞

  • COP21 :« L’air a désormais un prix » - CQFD, mensuel de critique et d’expérimentation sociales
    http://cqfd-journal.org/COP21-L-air-a-desormais-un-prix

    Selon toi, qu’y a-t-il à attendre de la COP21 ?

    Ce qu’on y discutera est relativement important et plusieurs signes avant-coureurs laissent penser qu’on ne rejouera pas le coup de Copenhague en 2009. Mais restons lucide. Le but est de limiter le réchauffement à deux degrés d’ici la fin du siècle. Chiffre sujet à controverse, car la véritable augmentation pourrait être de 3,7 à 4,8. Mais quand bien même les États s’y engageraient, aucune sanction n’est prévue en cas de promesses non tenues.

    Enfin, la crise climatique permet au capitalisme bureaucratique d’intensifier son emprise sur nous. Le compteur électrique Linky dans les foyers, la privatisation des derniers biens communs, le rationnement, et l’intrusion des systèmes intelligents dans chaque aspect de nos vies. Plus que l’idéologie sécuritaire, l’écologie servira de prétexte à l’intrusion de dispositifs de surveillance. La vie privée pourrait en ressortir aussi affectée que par les lois antiterroristes.

    #capitalisme_vert #écologie_punitive

  • Feu de cheminée : dans un an, ce sera interdit ! - France Info
    http://www.franceinfo.fr/consommation/question-d-immobilier/feu-de-cheminee-dans-un-an-ce-sera-interdit-1287345-2014-01-19

    Il s’agit en effet d’un enjeu sanitaire qui est à l’origine de cette interdiction. Cette mesure devrait permettre de diminuer les niveaux de concentration de particules fines de l’air ambiant, car ils dépassent souvent les limites réglementaires, selon la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Ile-de-France (DRIEE IF). Selon elle, ces particules réduisent de 6 mois l’espérance de vie dans l’agglomération parisienne. Or, selon la DRIEFF IF, le chauffage au bois représente 23 % des émissions de ces particules en Ile-de-France, soit autant que l’échappement des véhicules routiers. La sécurité sanitaire va donc primer sur la convivialité des soirées au coin du feu ! A titre d’image, une demi-journée au coin du feu émet autant de particules fines qu’une voiture diesel qui roulerait pendant 3.500 kms !

    #écologie_punitive

  • La taxe poids-lourds ou éco-redevance poids-lourds provoque une vague de manifestations aux portiques installés sur la voie express qui traverse la Bretagne :

    Écotaxe. Une mobilisation sans débordement entre Mondevert et La Gravelle - Mondevert - Transports - ouest-france.fr
    http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-ecotaxe.-Une-mobilisation-sans-debordement-entre-Mondevert-e

    http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-Portique-ecotaxe.-Les-manifestants-face-aux-CRS-a-Pont-de-Bu

    De plus il y a « écotaxe » et « écotaxe » :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Taxe_poids_lourds : celle-ci qui est un nouvel impôt

    http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cotaxe : celle-là est un marché de dupes

    #Écologie_punitive #enfumage

  • En politique française, on est toujours ’ach’ment balaise ... en politique française ...

    Mamère quitte EELV : Cohn-Bendit « comprend », Mélenchon dit « bienvenue au club »
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/09/25/daniel-cohn-bendit-comprend-noel-mamere_3484022_823448.html

    Nicolas Hulot, ancien candidat à la primaire EELV pour la présidentielle de 2012 dit sur RTL ne pas savoir si Noël Mamère « a tort ou raison ». « Ce qui est clair, c’est que dans cette formation politique, (...) il y a quelque chose qui ne marche pas : ils ne rencontrent pas l’adhésion de la société ». Selon M. Hulot, « Il y a presque un rejet sur l’écologie aujourd’hui ».

    Ben oui, M’sieur Hulot, ce que nous propose EELV dans sa collaboration avec le Parti Solférinien, c’est de l’ #écologie_punitive

    • C’est bien mon sentiment. On ne perçoit des écolos que leur collaboration avec les hollandistes. La base verte n’appartient pas à ce petit monde.