• L’immigration vers les pays de l’OCDE a atteint « des niveaux sans précédents » en 2022
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/23/immigration-des-niveaux-record-dans-l-ocde-en-2022_6196150_3210.html

    L’immigration vers les pays de l’OCDE a atteint « des niveaux sans précédents » en 2022
    Quelque 6,1 millions d’immigrés permanents supplémentaires ont été accueillis. De nombreux gouvernements ont adopté des politiques favorables aux travailleurs étrangers.Par Julia Pascual
    Une situation historique, des flux inédits. En 2022, l’immigration dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a atteint « des niveaux sans précédent », rappelle l’institution dans un rapport rendu public lundi 23 octobre. Ce phénomène s’explique surtout par l’augmentation de l’immigration pour motif humanitaire et professionnel et, dans certains pays, par des effets de rattrapage de l’immigration familiale post-Covid 19. « Sans compter les Ukrainiens, qui ont représenté 7 millions de réfugiés, nous atteignons 6,1 millions d’immigrés permanents en plus en 2022 », détaille Jean-Christophe Dumont, expert des migrations internationales à l’OCDE, soit une hausse de 26 % sur un an.
    Ces volumes sont à rapporter à la population de l’OCDE, évaluée à 1,26 milliard de personnes. « Les chiffres préliminaires pour 2023 laissent entrevoir une nouvelle hausse », anticipe l’organisation. L’Inde et la Chine sont les premières nationalités des nouveaux arrivants. Et les premiers pays de destination sont, dans l’ordre, les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Espagne. La France arrive au sixième rang avec plus de 300 000 nouvelles entrées, devant l’Italie (+ 272 000 entrées) et derrière le Canada (+ 437 000 entrées).
    Si l’immigration familiale continue de constituer la première catégorie d’immigrés nouveaux dans les pays concernés, avec 41 % des arrivées, sa part est assez stable dans le temps, la hausse des flux étant portée par d’autres facteurs de mobilité.Ainsi, le nombre de nouveaux réfugiés est passé de 425 000 en 2021 à près de 625 000 en 2022. Cette dynamique n’est pas en voie de se tarir si l’on considère l’augmentation de la demande d’asile : plus de 2 millions de nouvelles demandes ont été enregistrées dans les pays de la zone en 2022, bien au-delà des 1,7 million de demandes comptabilisées en 2015 et en 2016.
    Les pays d’origine des demandeurs d’asile sont le Venezuela (221 000), Cuba (180 000), l’Afghanistan (170 000) et le Nicaragua (165 000). « Cette hausse s’explique en grande partie par l’explosion des demandes aux Etats-Unis, qui se sont élevées à 730 000 », explique le rapport. L’Allemagne arrive en deuxième position avec près de 220 000 demandes d’asile en 2022, un chiffre toutefois inférieur à ceux de 2015 et de 2016. La France, elle, a enregistré près de 140 000 demandes en 2022.
    L’immigration permanente pour motif professionnel connaît elle aussi une dynamique importante, portée par les pénuries de main-d’œuvre. Elle représente 21 % des nouveaux immigrés en 2022, contre 16 % seulement en 2019, avant la pandémie de Covid-19. Les hausses dans certains pays sont « spectaculaires », remarque le rapport. Au Royaume-Uni, l’immigration de travail a doublé en un an, elle a crû de 59 % en Allemagne, de 39 % aux Etats-Unis ou encore de 26 % en France.
    Ces dynamiques sont portées par les gouvernements. La plupart des pays de l’OCDE ont placé l’immigration de travail « au premier plan des préoccupations politiques », relève le rapport. Les auteurs citent la réforme en Espagne de la loi générale sur l’immigration, la modification en Allemagne de la loi pour l’immigration des travailleurs qualifiés ou des réflexions en cours en Australie pour attirer davantage de travailleurs qualifiés.
    En dehors de l’immigration dite permanente, les flux temporaires augmentent eux aussi de façon historique. Les migrations temporaires de travail vers l’OCDE ont représenté 2,4 millions de permis délivrés, parmi lesquels 650 000 saisonniers recrutés en 2022, en premier lieu aux Etats-Unis, et principalement pour les activités agricoles. « Ces hausses sont une combinaison d’un effet de rattrapage post-Covid avec un effet conjoncturel des programmes économiques qui ont soutenu la demande », analyse M. Dumont.
    De même, l’immigration étudiante connaît une embellie notable avec 42 % d’augmentation des arrivées. En 2022, environ 1,9 million d’étudiants sont arrivés dans le cadre d’une mobilité internationale, hors mobilité intra-européenne. « Pour la quatrième année de suite, le Royaume-Uni arrive en tête des pays d’accueil des nouveaux étudiants internationaux, devant les Etats-Unis, observe l’OCDE. Viennent ensuite le Canada, l’Australie et le Japon. »
    « Ces chiffres nous montrent que l’immigration n’est pas hors de contrôle, insiste M. Dumont. La majorité de l’immigration est régulée. C’est aussi la preuve que l’économie arrive à absorber ces flux historiques, même s’il y a des tensions, notamment sur le marché du logement. » En outre, M. Dumont insiste sur le fait que l’augmentation de l’immigration « ne se fait pas au détriment des conditions d’insertion sur le marché du travail de l’ensemble des immigrés ». Leur taux d’emploi atteint même un niveau record en 2022 avec 71 % des immigrés présents dans l’OCDE qui occupent un emploi, contre 68,7 % en 2021. En France, ce taux frôle 62 %, en augmentation mais toujours en dessous de la moyenne des pays de l’Union européenne (66,8 %).l

    #Covid-19#migrant#migration#france#OCDE#immigration#economie#travailleurmigrant#etudiant#asile#politiquemigratoire

  • Immigration : « Une fraction du patronat utilise une forte proportion d’immigrés pour faire pression à la baisse sur les salaires »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/24/immigration-une-fraction-du-patronat-utilise-une-forte-proportion-d-immigres

    Immigration : « Une fraction du patronat utilise une forte proportion d’immigrés pour faire pression à la baisse sur les salaires »Didier Leschi, Historien et haut-fonctionnaire
    L’inquiétude qui se fait jour dans nombre de pays d’Europe devant les arrivées régulières de naufragés dans les ports d’Italie doit-elle être considérée comme illégitime, ou bien être prise en considération ? Voilà l’équation d’un débat qui apparaît d’autant plus confus qu’il est souvent piégé par ce trait bien résumé par la formule d’Oscar Wilde : « La souffrance attire plus aisément la sympathie que la réflexion. »
    A notre tour donc d’essayer de donner quelques repères en faisant en sorte que la nécessaire empathie envers notre commune humanité et la souffrance aide à l’analyse des faits plutôt qu’au déni. Tout d’abord, un constat : l’Europe n’est pas une forteresse fermée. Ses évolutions démographiques l’attestent. En Europe comme en France, il n’y a jamais eu autant d’immigrés. Bien plus, en pourcentage, qu’il n’y en a en Afrique, en Asie, ou encore en Amérique latine. Pour ne prendre que deux exemples, depuis le début du XXIᵉ siècle, nous sommes passés, en France, de 7 % à plus de 10 % d’immigrés, progression il est vrai moindre que celle qu’a connue la Suède, de 10 % à 20 %. Mais – et on peut difficilement affirmer que cela soit sans rapport – l’extrême droite vient d’accéder au gouvernement dans ce pays.
    En France, cette progression est alimentée par la venue d’une forte immigration africaine ; aujourd’hui, un immigré sur deux est originaire de ce continent. Il s’agit bien de changements significatifs par rapport aux périodes antérieures, qui suscitent des craintes sur le devenir de nos équilibres sociaux et sociétaux. Ce n’est pas un hasard si celles-ci traversent particulièrement des pays historiques de la social-démocratie, comme le Danemark ou encore la Suède, où les difficultés d’intégration, même minoritaires, bouleversent l’ensemble de la société.
    Nos modèles sociaux reposent sur l’acceptation par chaque salarié cotisant ou citoyen contribuable d’une participation à un pot commun sur lequel s’appuient les mécanismes de sécurité sociale et l’accès à des services publics gratuits comme l’hôpital ou l’école. Ils sont une construction sociale consolidée de longue lutte par ce qu’on appelait jadis le mouvement ouvrier. Il faut entendre les craintes qui étreignent nos concitoyens les plus démunis, qui ont le sentiment que ceux qu’ils considèrent comme des nantis leur font, en permanence, injonction d’accueillir plus démunis qu’eux, au risque de faire imploser les systèmes sociaux et remettre en cause les acquis sociétaux du fait d’écarts culturels portés aux extrêmes avec une partie des immigrants.
    Parmi le carburant de ces inquiétudes, les données sociales. Une forte proportion d’immigrés, peu ou pas formée, a du mal à s’insérer sur le marché du travail, si ce n’est pour y occuper des emplois précaires et constituer, malgré elle, un sous-prolétariat utilisé par une fraction du patronat pour faire pression à la baisse sur les salaires. Une partie des « métiers en tension » en relèvent. Cela explique pour beaucoup que près de 40 % des immigrés nés en Afrique aient un niveau de vie inférieur au taux de pauvreté monétaire, et que 43 % soient en situation de privation matérielle et sociale, malgré les prestations sociales et les aides diverses.
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    Parmi ces aides, l’accès au logement social n’est pas la moindre, dans un contexte de pénurie. Près d’une personne sur deux d’origine algérienne, marocaine ou tunisienne est locataire d’un logement social, plus d’un immigré d’Afrique subsaharienne sur deux ; 35 % des immigrés sont locataires du logement social, contre 11 % pour les non-immigrés. Ces données permettent de mesurer les efforts accomplis en particulier en faveur des 30 000 à 50 000 personnes obtenant le statut de réfugié depuis la crise migratoire de 2015.
    De même, notre système de santé assume, pas uniquement à travers l’aide médicale de l’Etat, la prise en charge gratuite de non-cotisants pour des soins lourds et coûteux de malades qui font prévaloir que les soins dont ils ont besoin, s’ils existent dans leur pays, ne leur sont pas accessibles. On peut ajouter les milliards d’euros consacrés à l’hébergement inconditionnel, gratuit et anonyme de dizaines de milliers de personnes qui n’ont plus de droit au séjour. Un acquis sans équivalent en Europe.
    Imprévoyances
    Mais, nous dit-on, la France ne prendrait pas sa part d’asile. Il serait plus juste d’indiquer que les Syriens comme les Ukrainiens ont préféré d’abord rejoindre des pays où existaient préalablement à leur venue de fortes communautés. Ce constat, qui est indiscutable, c’est que frappent à nos portes, sous prétexte d’asile, des personnes qui fuient plus les désordres économiques de leur pays que des persécutions. Ils viennent de l’Ouest africain et du Maghreb, qui constituent, actuellement, la majorité de ceux qui se risquent en Méditerranée. Ou encore des ressortissants des Balkans qui rentrent sans visa. Faudrait-il donner l’asile à tous ceux qui n’en relèvent pas sous prétexte que ceux qui indéniablement en relèvent le demandent moins en France que dans d’autres pays ?
    En répondant sans hésitation par l’affirmative, ceux qui veulent abolir des frontières ont l’avantage de la cohérence. Mais la mise en œuvre d’un tel principe aboutirait à vouloir étendre les frontières de l’Europe sociale à toutes les victimes du chaos du monde. Et n’est-ce pas mépriser la misère du monde que ne pas concevoir que si demain la France et les autres pays européens ouvraient totalement leurs frontières, avec promesses de pleins droits sociaux et pourquoi pas le transport gratuit afin d’éviter les odieux trafics, ce seraient des millions de personnes qui se porteraient immédiatement candidates à l’exil ? Et n’est-ce pas un peu postcolonial que de ne pas se préoccuper des effets des pillages des élites du tiers-monde pour pallier nos imprévoyances ou notre incapacité à former et à orienter des jeunes dans des spécialités professionnelles qui manquent à nos économies ?
    C’est ce que craignent les plus démunis socialement, car ils considèrent supporter déjà l’essentiel de l’effort d’accueil et les difficultés d’intégration sociales et culturelles. Plutôt que de vouloir, dans ce débat, prendre « la mesure du monde tel qu’il est », selon la formule du sociologue François Héran, ayons en tête une des prophéties du philosophe Friedrich Engels [1820-1895], qui, en évoquant la situation de la classe laborieuse dans l’Angleterre de 1845, constatait qu’un des moyens des puissants du monde d’affaiblir les résistances populaires est de créer les conditions d’une « humanité nomade ».
    Didier Leschi est directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration. Il a écrit « Ce grand dérangement. L’immigration en face » (Gallimard, nouvelle édition, 64 pages, 4,90 euros).

    #Covid-19#migration#migrant#france#immigration#integration#accueil#economie#politiquemigratoire

  • (j’ai lu pour vous...)

    André Orléan, « L’empire de la valeur » (2011)

    3 parties dans le livre

    Partie 1 Critique de l’économie

    Les théories classiques et néoclassiques ont pour but de rendre visibles les interdépendances cachées qui relient objectivement les activités économiques les unes aux autres, par-delà la séparation formelle des acteurs. Elle conduit à saisir l’économie comme un tout.

    Théories classiques (Smith, Ricardo, Marx)

    la cohésion marchande est abordée sous l’angle de la division du travail. Chez Marx c’est le temps socialement nécessaire qui définit la valeur. Conséquence : la même marchandise peut voir sa valeur transformée si cette norme change, sans que son producteur ait modifié quoi que ce soit sa façon de produire.

    Théories néoclassiques (origines : travaux marginalistes de Jevons, Menge et Walras).

    Modèle de l’équilibre général walrassien, offre la théorie de la valeur utilité la plus rigoureuse.
    Le modèle walrassien a une dimension morale : le marché est un mécanisme automatique, ayant pour fonction d’enregistrer les désirs des individus sans les transformer. C’est une économie pacifiée dans laquelle tous les agents voient leurs désirs satisfaits. Comment un tel miracle est-il possible ? 1) fixité des préférence (les protagonistes restent froids et imperturbalbes en toute circonstance) 2) mais elle sont aussi flexibles (hypothèse de « convexité des préférences » de Arrow et Devreu), elles ne sont ni trop exagérées ni trop exclusives. Exagérées : « plus j’en ai plus j’en vaux ». Exclusives : « un seul bien m’intéresse ».

    Le secrétaire de marché ou « commissaire-priseur »
    [foutage de gueule ?]
    La formation des prix est extérieure aux acteurs (Walras avait en tête l’organisation des marchés boursiers).
    Le processus du « tâtonnement walrassien » est :
    1) les acteurs prennent connaissance des prix criés par le secrétaire, un prix pi pour chaque bien i
    2) ils calculent les quantités de chaque bien qu’il est optimal d’acquérir et communique le résultat au secrétaire
    3) le secrétaire calcule pour chaque marché, la différence entre offre et demande. Il modifie les prix en cas de déséquilibre (augmente le prix si la demande excède l’offre, diminue dans le cas contraire)
    Critiques : l’extrême centralisation que ce processus suppose
    Le processus qui mène à cet équilibre n’est pas décrit. Le secrétaire (bénévole !)
    La flexibilité concurrentielle des prix ne mène pas à la découverte spontanée de cet équilibre. On a démontré l’existence théorie de l’équilibre, mais pas comment on l’atteint. Comment l’économie se comporte hors de l’équilibre ? On a démontré que le tâtonnement walrassien ne mène pas forcément à l’équilibre à partir du déséquilibre ! « Il faut admettre que les économistes n’ont pas démontré qu’en toute généralité la concurrence permet une coordination efficace des acteurs économiques » p.72. Cette critique porte sur l’aptitude de la concurrence à ramener l’équilibre sur tous les marchés (le tâtonnement walrassien marche sur un marché isolé)
    => Mais ce modèle reste la référence, en l’absence de modélisation alternative !

    Position d’Orléan : l’hypothèse mimétique

    Hypothèse mimétique : le désir est influencé par l’imitation du désir d’autrui.

    Rétroaction positive (donc dans le mauvais sens). Lorsque l’hypothèse de convexité est abandonnée, l’équilibre n’est pas optimum (il faudrait un changement coordonné, ce qui nécessite une organisation collective, centralisée, de grande ampleur)

    Concurrence walrassienne : l’individu considère l’utilité de la marchandise sans l’interférence des autres individus, la marchandise est une médiation parfaite entre les acteurs. ça fonctionne lorsque les interactions se polarisent sur un modèle extérieur aux acteurs (préférences stabilisées, les buts sociaux sont fixés sous la forme d’une liste de biens désirables). « S’il peut sembler que les acteurs walrassiens sont coupés les uns des autres, sans représentations collectives, exclusivement préoccupés par l’appropriation d’objets aux prix variables, c’est parce que antérieurement ils se sont mis d’accord sur la qualité des objets et leur définition (hypothèse de nomenclature des biens) » (p. 90)

    Concurrence mimétique (p. 72) : unanimité, multiplicité des équilibres, indétermination, dépendance par rapport au chemin, non-prédictibilité. Mimétisme stratégique : Imiter l’autre est une stratégie d’exploration visant à découvrir qui, chez les autres, possède la réponse correcte.

    (p. 227) bon résumé, même si c’est le conclusion de la 2ème partie)
    La valeur n’est pas une substance (travail ou utilité). La valeur n’a pas pour origine l’utilité des objets (théorie marginaliste) ou le travail contenu dans les objets (théories de la valeur-travail).
    « Le point de départ est la séparation marchande, c’est-à-dire un monde où chaque individu est coupé de ses moyens d’existence. Seule la puissance de la valeur, investie dans l’objet monétaire, permet l’existence d’une vie sociale sous de tels auspices ». Elle réunit des individus séparés en leur construisant un horizon commun, le désir de monnaie, et un langage commun, celui des comptes. L’obtention de monnaie s’effectue selon la formule M-A, par la vente de marchandises [! pas que]. Plus la marchandisation s’intensifie, plus la monnaie accroît accroît son empire sur le monde social.
    Ce qui est objectif, qui s’impose aux agents, ce sont les mouvement monétaires. Les prix sont variables, fruit des luttes d’intérêt, il n’y a pas de « juste prix » ou de « valeur fondamentale »
    Orléan développe l’hypothèse mimétique pour expliquer ce qu’est la monnaie et la valeur

    Partie 2 institution de la valeur

    Dans la séparation marchande, le désir de liquidité est à l’origine d’un processus de concurrence mimétique, à rétroaction positive, au cours duquel les biens liquides les plus en vues voient leur attrait s’accroître cumulativement jusqu’au point où une seule option est retenue au détriment de toutes les autres.
    « Tous partageant une même vénération à son égard, les individus marchands cessent d’être l’un à l’autre dans un état d’absolue étrangeté et leur lutte peut se polariser sur sa seule possession. De cette façon, la monnaie s’impose à toutes les activités marchandes comme tiers médiateur qui en authentifie la valeur économique »

    Orléan va chercher chez les sociologues Simmel et Durkheim comment comprendre que la monnaie est une institution et non un instrument.

    ➪ Mon commentaire :
    - Cette partie est assez ambiguë pour moi car on l’impression qu’en « régime permanent », c’est-à-dire hors crise monétaire, (que Orléan appelle « confiance méthodique » et Simmel « savoir inductif »), la monnaie se révèle être un simple instrument, un simple moyen d’échange, qui se fait oublier. Ainsi, il écrit « l’autonomie [monétaire] est une autonomie réduite, car la confiance monétaire ne saurait perdurer si la monnaie ne réalise pas ce pour quoi elle est faite : acheter des marchandises » (p.226).
    - Dans la suite, le livre ne traite pas de l’économie des biens, mais des marchés financiers, comme application du cadre théorique de l’auteur (hypothèse mimétique). Dans une perspective postmonétaire, on aurait envie de savoir en quoi le désir de monnaie interfère ou non avec les valeurs d’usage, dans la mesure où le désir de monnaie est premier, mais où l’utilité des marchandise compte aussi (pour mémoire, la critique de la valeur dit que la production de biens concrets est un prétexte pour la production de richesse abstraite, la valeur). Pas sûr qu’on puisse trouver cette recherche chez Orléan. Mais c’est peut-être à partir de là qu’il y a à bifurquer par rapport à la pensée d’Orléan.
    - Ceci dit, l’apport d’Orléan est clair concernant le désir de monnaie (un désir imposé) : la monnaie n’est pas un outil mais une nécessité pour instituer l’économie marchande, dès lors que les producteurs sont séparés les uns des autres et spécialisés. Partant de là, on ne peut pas abolir la monnaie dans une société où cette organisation serait inchangée.
    De ce point de vue, le texte "Monnaie, séparation marchande et rapport salarial" est une très bonne référence
    http://www.parisschoolofeconomics.com/orlean-andre/depot/publi/Monnaie0612.pdf

    Partie 3 la finance de marché (non lu)

    #monnaie #post-monétaire #théories_économiques #institutionnalisme_monétaire

  • Internationalisme et anti-impérialisme aujourd’hui

    http://www.palim-psao.fr/2023/10/internationalisme-et-anti-imperialisme-aujourd-hui-par-moishe-postone-ine

    [...] je propose de comprendre la propagation de l’antisémitisme et des formes antisémites apparentées de l’islamisme, à l’image de celles présentes chez les Frères musulmans égyptiens et leur branche palestinienne, le Hamas, comme la diffusion d’une idéologie anticapitaliste fétichisée, qui prétend donner un sens à un monde perçu comme menaçant. Même si cette idéologie a été attisée et aggravée par Israël ou la politique israélienne, sa caisse de résonance réside dans le déclin relatif du monde arabe sur fond d’une transition structurelle profonde du fordisme au capitalisme mondial néolibéral. Le résultat est un mouvement populiste anti-hégémonique profondément réactionnaire et dangereux, notamment pour tout espoir de politique progressiste au Moyen-Orient. Cependant, au lieu d’analyser cette forme de résistance réactionnaire dans le but de soutenir des formes de résistance plus progressistes, la gauche occidentale l’a soit ignorée, soit rationalisée comme une réaction regrettable mais compréhensible à la politique israélienne et aux États-Unis. Cette manifestation d’un refus de voir s’apparente à la tendance à concevoir l’abstrait (la domination du capital) dans les termes du concret (l’hégémonie américaine). J’affirme que cette tendance constitue l’expression d’une impuissance profonde et fondamentale, tant conceptuelle que politique.

    • L’une des ironies de la situation actuelle est qu’en adoptant une position anti-impérialiste fétichisée, l’opposition aux États-Unis ne s’adossant plus à un soutien à un changement progressiste, les libéraux et les progressistes ont permis à la droite néoconservatrice américaine de s’approprier, voire de monopoliser, ce qui a traditionnellement été le langage de la gauche : le langage de la démocratie et de la libération.

      […]

      Alors que pour la génération précédente, s’opposer à la politique américaine impliquait encore de soutenir explicitement des luttes de libération considérées comme progressistes, aujourd’hui, s’opposer à la politique américaine est en soi considéré comme anti-hégémonique. Il s’agit là paradoxalement d’un héritage malheureux de la Guerre froide et de la vision dualiste du monde qui l’accompagne. La catégorie spatiale du « camp » a remplacé les catégories temporelles des possibilités historiques et de l’émancipation en tant que négation historique déterminée du capitalisme. Cela n’a pas seulement conduit à un rejet de l’idée du socialisme comme dépassement historique du capitalisme, mais aussi à un déséquilibrage de la compréhension des évolutions internationales.

      […]

      La Guerre froide semble avoir effacé de la mémoire le fait que l’opposition à une puissance impériale n’était pas nécessairement progressiste et qu’il existait aussi des anti-impérialismes fascistes. Cette distinction s’est estompée pendant la Guerre froide, notamment parce que l’Union soviétique a conclu des alliances avec des régimes autoritaires, en particulier au Moyen-Orient, comme les régimes du Baas en Syrie et en Irak, qui n’avaient pas grand-chose en commun avec les mouvements socialistes et communistes. Au contraire, l’un de leurs objectifs était de liquider la gauche dans leurs propres pays. Par la suite, l’anti-américanisme est devenu un code progressiste en soi, bien qu’il y ait toujours eu des formes profondément réactionnaires d’anti-américanisme à côté des formes progressistes.

      #campisme #anti-impérialisme

    • Il est significatif qu’une telle attaque n’ait pas été menée il y a deux ou trois décennies par des groupes qui avaient toutes les raisons d’être en colère contre les États-Unis, comme les communistes vietnamiens ou la gauche chilienne. Il est important de comprendre l’absence d’une telle attaque, non pas comme un hasard, mais comme l’expression d’un principe politique. Pour ces groupes, une attaque visant en premier lieu des civils demeurait hors de leur horizon politique.

      […]

      Il existe une différence fondamentale entre les mouvements qui ne choisissent pas comme cible une population civile au hasard (comme le Viêt-Minh, le Viêt-Cong et l’ANC) et ceux qui le font (comme l’IRA, Al-Qaïda ou le Hamas). Cette différence n’est pas simplement tactique, elle est hautement politique, car la forme de la violence et la forme de la politique sont en relation l’une avec l’autre. Cela signifie que la nature de la société et de la politique futures sera différente selon que les mouvements sociaux militants feront ou non une distinction entre les objectifs civils et militaires dans leur pratique politique. S’ils ne le font pas, ils ont tendance à mettre l’accent sur l’identité. Cela les rend radicalement nationalistes dans le sens le plus large du terme, car ils travaillent avec une distinction ami/ennemi qui essentialise une population civile en tant qu’ennemie et rend ainsi impossible la possibilité d’une coexistence future. C’est pourquoi les programmes de ces mouvements ne proposent guère d’analyses socio-économiques visant à transformer les structures sociales (à ne pas confondre avec les institutions sociales que ces mouvements mettent en partie à disposition). Dans ces cas, la dialectique de la guerre et de la révolution du xxe siècle se transforme en une subordination de la « révolution » à la guerre. Ce qui m’intéresse ici, cependant, a moins à voir avec de tels mouvements qu’avec les mouvements d’opposition actuels dans les métropoles et leurs difficultés évidentes à faire la distinction entre ces deux formes différentes de « résistance ».

      Joseph Andras disait cela aussi dans ces dernières interviews ou textes

      #morale #terrorisme #civils

  • Au MuCEM, l’odyssée du retour au bled racontée par Mohamed El Khatib
    https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/10/19/au-mucem-l-odyssee-du-retour-au-bled-racontee-par-mohamed-el-khatib_6195397_

    Au MuCEM, l’odyssée du retour au bled racontée par Mohamed El Khatib
    Le metteur en scène dévoile, dans les salles du musée marseillais, « Renault 12 », une exposition évoquant la transhumance annuelle des familles de l’immigration maghrébine et de leurs voitures cathédrales.
    Par Gilles Rof(Marseille, correspondant)
    Publié le 19 octobre 2023 à 12h00, modifié le 19 octobre 2023 à 15h45
    Combien sont-elles les Renault 12, Peugeot 504 et autre Renault 21 Nevada à être passées sur le port de Marseille, pour rejoindre le Maghreb ou en revenir, chargées jusqu’aux cieux ? Des dizaines de milliers, sûrement. Et Mohamed El Khatib, auteur, metteur en scène et réalisateur, ne pouvait rêver meilleur site que le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), avec vue sur les quais de départ et d’arrivée vers l’Algérie et la Tunisie, pour faire entrer la saga de ces voitures cathédrales et de leurs passagers dans un musée national.
    « Le retour au bled fait partie de l’histoire de France. Ces familles, ces chibanis [les “anciens”] qui ont sillonné la route au volant constituent un patrimoine immatériel de la Méditerranée qui, jusqu’à maintenant, n’était pas documenté. Pendant des années, ils ont été le lien entre les deux rives », rappelle l’artiste, qui, avec sa double installation dans les espaces gratuits du musée, inaugure la carte blanche offerte par l’ancien président du MuCEM Jean-François Chougnet.Ce voyage, Mohamed El Khatib l’a vécu lui-même, chaque été, de 1981 à 1998. Version Maroc : trois jours de descente via l’Espagne, la traversée Algésiras-Tanger et les retrouvailles avec la famille restée au pays. « C’était une odyssée, le retour d’Ulysse à Ithaque, se souvient-il. On partait de nuit. Mon père rentrait de l’usine, dormait une heure et se mettait au volant. Il n’était pas question de perdre une journée. » L’artiste, 43 ans aujourd’hui, a mis beaucoup de lui dans cette exposition. Sur le parvis du fort Saint-Jean qui surplombe la mer, six voitures s’alignent, Renault 12 et Peugeot 504, break ou berline, bleue, jaune, orange et blanche. L’une d’elles, la R12 autel, comme l’a appelée Mohamed El Khatib, est dédiée à sa mère, décédée, et dont le corps a été rapatrié au Maroc.
    Mais c’est surtout un hommage aux pères que l’artiste rend. Le sien, bien sûr, âgé de 80 ans, objet d’un texte très émouvant. Mais aussi tous ces Algériens, Marocains ou Tunisiens venus travailler en France, pour qui la voiture était souvent le seul bien, et, comme en témoigne la journaliste Louisa Yousfi dans le catalogue d’exposition, l’espace d’une dignité retrouvée : « C’est le lieu du père. Ce qui le rend utile dans un pays où on lui retire tout pouvoir et où il est considéré comme un parasite. »
    « Renault 12 » trace sa route entre la nostalgie heureuse et les réalités pesantes d’une immigration qui cherche sa place. L’accident, fréquent sur les routes du retour au bled, y percute le visiteur avec l’épave d’une R12 broyée, traitée comme une pierre tombale. Une boussole qui indique la direction de La Mecque et un tapis de prière que l’on sortait du coffre rappellent, eux, ce temps, où, pour Mohamed El Khatib, « la présence de l’islam ne provoquait pas de réactions crispées ».
    Pour nourrir ses évocations, l’artiste a réuni à Marseille, avec l’aide de la photographe Yohanne Lamoulère, sa complice régulière, les souvenirs de ceux qui ont vécu l’été au bled, dans un film de vingt-sept minutes. « La 504, c’est papa, c’est maman, c’est ma vie », assure, avec cette punchline parmi d’autres, l’un des témoins.Le duo a également roulé jusqu’à Chichaoua, au Maroc, pour y traquer les « chameaux mécaniques », R12 et autres voitures increvables capables d’empiler, selon leur légende africaine, jusqu’à un million de kilomètres. Des véhicules à l’esthétique flamboyante, « ready-made ambulants » selon El Khatib, dont il importe la beauté clinquante au MuCEM. Comme cette Renault cassettothèque avec housses en tapis oriental, plafond en tissu léopard, boule à facette et chicha, dans laquelle on s’installe pour écouter la bande-son du voyage. Un mix de variétés françaises, de grands artistes arabes ou des « chebs » (« jeunes ») du raï. Symbole d’une culture de l’immigration qui vit entre deux terres.
    Dans cette exposition, qui a déjà attiré l’attention de plusieurs autres musées, Mohamed El Khatib soigne les détails. Son catalogue d’exposition a la forme d’un étui de carte grise géant… A côté des splendides photos de Yohanne Lamoulère, on y trouve des porte-clés à main de Fatma, une carte Michelin et un parfum d’intérieur à accrocher au rétroviseur. La clé d’une – vraie – Renault 12 a même été glissée dans un exemplaire. L’heureux gagnant partira du MuCEM à son volant.

    #Covid-19#migration#migrant#france#MUCEN#art#immigration#maroc#bled#retour#culturemigration#economie#transfert

  • Métiers en tension : le gouvernement amorce un recul sur la régularisation des travailleurs sans papiers
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2023/10/18/metiers-en-tension-le-gouvernement-amorce-un-recul-sur-la-regularisation-des

    Métiers en tension : le gouvernement amorce un recul sur la régularisation des travailleurs sans papiers
    Après l’attentat d’Arras, l’exécutif évoque la possibilité de renoncer à créer un titre de séjour de plein droit, par le biais de son projet de loi sur l’immigration, pour privilégier la création d’une nouvelle circulaire de régularisation.
    Par Thibaud Métais et Julia Pascual
    Le climat actuel aura-t-il raison de la jambe gauche du projet de loi « immigration » ? Après l’attentat d’Arras, le texte, qui doit être examiné au Sénat à partir du 6 novembre, est au cœur des débats. Alors que le parti Les Républicains (LR) font de l’article 3, qui prévoit de simplifier la régularisation des travailleurs sans papiers dans les métiers en tension, une « ligne rouge » et menace de ne pas voter en faveur du projet de loi, la disposition pourrait être enterrée. En tout cas, sa portée largement amoindrie. L’exécutif réfléchit depuis des semaines à la façon de procéder et pourrait finalement privilégier la création d’une nouvelle circulaire de régularisation plutôt que de créer un titre de séjour de plein droit, par le biais de la loi. Le 24 septembre, le président de la République, Emmanuel Macron, avait lui-même entrouvert la porte à une modification du texte. « Là-dessus, je pense qu’il y a un compromis intelligent à trouver », avait-il souligné, sur TF1 et France 2.
    Place Beauvau, on avance désormais qu’une nouvelle circulaire pourrait voir le jour. Elle ne remplacerait pas celle de 2012 dite « circulaire Valls », qui liste des critères de régularisation pour motif familial ou professionnel et que les préfets appliquent de façon discrétionnaire et très différente selon les territoires. Grâce à ce texte réglementaire, environ 30 000 personnes sont admises au séjour chaque année. L’objectif de la circulaire supplémentaire à laquelle le ministère de l’intérieur réfléchit serait de permettre à des travailleurs sur des métiers en tension d’être régularisés « en contournant le pouvoir de l’employeur », précise l’entourage de M. Darmanin. « Il ne s’agit pas de créer un flux [d’immigration] mais de sincériser [régulariser] un stock », que les services évaluent à environ 8 000 personnes par an.
    Aujourd’hui, s’il veut demander une régularisation par le biais de la circulaire Valls, un travailleur sans papiers doit non seulement prouver qu’il vit en France depuis au moins trois ans, présenter un certain nombre de bulletins de paie, mais il doit, en outre, demander à son patron de remplir un formulaire officiel d’embauche. L’article 3 du projet de loi prévoyait de faire sauter ce « verrou » de l’employeur dans les métiers en tension et de créer un droit à la régularisation moyennant trois ans de présence en France et huit fiches de paie. Place Beauvau, on pourrait désormais se contenter d’une circulaire qui aurait l’avantage de « garder le pouvoir d’appréciation des préfets ». La régularisation ne serait donc pas de plein droit mais resterait à la libre appréciation des services de l’Etat dans les départements.
    Mardi 17 octobre, le ministre du travail, Olivier Dussopt, avait pourtant tenu à défendre la disposition. Depuis l’attentat d’Arras, « le climat a changé, mais il serait absolument terrible (…) que des hommes et des femmes qui travaillent quotidiennement (…) soient les victimes d’un climat terroriste qui ne les concerne pas », a-t-il jugé sur Franceinfo. Face aux critiques de la droite et de l’extrême droite, le ministre a répété qu’il « n’y a pas d’appel d’air » avec une telle mesure. « Nous parlons de personnes en situation irrégulière mais qui travaillent légalement dans des métiers où tout le monde a du mal à recruter », a-t-il expliqué.Son entourage précise toutefois qu’Olivier Dussopt est toujours « ouvert sur la forme », législative ou réglementaire, sans dire si l’une ou l’autre est privilégiée, et qu’il « renvoie au débat sans en préjuger l’issue ». Place Beauvau, on assume ne pas vouloir se battre sur la forme et être disposé à un « texte de compromis large » avec la droite et le centre. L’article 3 « n’est pas le cœur essentiel du texte après ce qu’il s’est passé à Arras », considère l’entourage de M. Darmanin, soulignant que ce dernier ne portait pas personnellement la mesure.
    Un tel recul est susceptible de créer des remous dans la coalition présidentielle, où l’aile gauche de Renaissance a plusieurs fois répété son attachement à « l’équilibre » du texte entre ses deux volets social et répressif. « Cette mesure est nécessaire », juge le député macroniste de la Vienne Sacha Houlié, affirmant qu’« elle sera soutenue par le gouvernement et l’Elysée ». Ni Matignon ni l’Elysée n’ont confirmé. Pour M. Houlié, président de la commission des lois à l’Assemblée nationale, ce n’est pas le moment de reculer, alors que le contexte permet de mettre la pression sur la droite. « Sur les mesures de fermeté, c’est LR qui nous en prive par son refus obstiné de voter le texte depuis des mois », estime-t-il.
    Alors que l’examen du projet de loi à l’Assemblée nationale était prévu pour 2024, le ministre des relations avec le Parlement, Franck Riester, a annoncé, mardi, sur LCP, que la loi sera discutée dès le mois de décembre. « On devrait avoir au moins un vote pour chaque chambre du Parlement d’ici à la fin de l’année [2023] », a-t-il ajouté.

    #Covid-19#migration#migrant#france#loi#immigration#metierentension#economie#regularisation#terrorisme#securite#repression#politique

  • Le Portugal reste une terre d’émigration
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/10/20/le-portugal-reste-une-terre-d-emigration_6195604_3234.html

    Le Portugal reste une terre d’émigration
    En dépit du plein-emploi et du dynamisme d’une économie portée par le tourisme, nombre de jeunes diplômés continuent de quitter le Portugal, en quête de meilleurs salaires et perspectives de carrière.
    Par Marie Charrel
    Ana Santos s’était promis de ne pas suivre la voie de son frère. De ne jamais faire pleurer sa mère comme lui lorsque, ce matin de septembre 2012, Antonio prit l’avion pour le Brésil. « Elle savait qu’il ne reviendrait sûrement jamais et, surtout, qu’il n’avait pas le choix : c’était la crise, les ingénieurs ne trouvaient plus de travail à Lisbonne », raconte d’une voix douce la jeune femme de 21 ans. A l’époque, elle en avait 10. « Moi, j’étais la fille qui resterait au pays et ne ferait jamais couler les larmes de notre mère. »
    Cet été, pourtant, elle s’est résolue à faire ses valises à son tour pour intégrer un cursus de biologie à Londres. « Depuis la crise due au Covid-19, je rêve de travailler dans la recherche », confie-t-elle. Mais les laboratoires où elle aimerait postuler un jour sont tous en Europe du Nord ou aux Etats-Unis. « Pour réussir, il me fallait partir. »
    Monica Marques, elle, s’est installée à Sydney, en Australie, à la fin de la pandémie. Là où ses parents avaient émigré avant elle dans les années 1970, avant de revenir à Setubal, la petite ville au sud de Lisbonne où elle a grandi. « J’adore mon pays et il me manque, raconte cette professeure de portugais de 33 ans. Mais un salaire y suffit à peine pour payer les factures. Je voulais offrir à mon fils de meilleures opportunités d’avenir. »
    En 2021, 60 000 Portugais sont partis vivre à l’étranger, soit 15 000 de plus qu’en 2020, selon les derniers chiffres de l’Observatoire de l’émigration portugais. Après la pause liée à la crise sanitaire, les départs ont repris, principalement vers le Royaume-Uni, la Suisse, l’Espagne ou la Scandinavie. « Malgré la reprise économique, nos jeunes continuent de partir », se désole Armindo Monteiro, le patron de la Confédération portugaise des entreprises.
    Certes, le rythme est inférieur à celui observé pendant la crise de 2010, où plus de 80 000 personnes faisaient leurs valises chaque année. Mais il reste préoccupant pour ce petit pays vieillissant de 10 millions d’habitants. Selon les Nations unies, il est celui qui, en Europe occidentale, recense le plus d’émigrés (deux millions de personnes au total) en proportion de sa population résidente. Et pour cause : « L’émigration est une constante structurelle de son histoire, rappelle Victor Ferreira, chercheur à l’Institut d’histoire contemporaine de l’Université nouvelle de Lisbonne. Longtemps, le Portugal n’a pas eu suffisamment de ressources pour nourrir toute sa population. »
    Sous l’empire, du XVe au XXe siècle, déjà, beaucoup partent vers les colonies, comme le Brésil ou l’Angola. Au début du XXe siècle, d’autres vont travailler dans les usines françaises, qui manquent de bras. Durant la dictature de Salazar (1933-1974), jusqu’à 100 000 Portugais fuient tous les ans la pauvreté rurale ou le régime politique. « Entre 1969 et 1971, 350 000 se sont rendus dans l’Hexagone, dont certains illégalement », précise Victor Ferreira. « C’est un pan d’histoire assez méconnu en France, y compris par les enfants de ces émigrés », ajoute Mario Queda Gomes, professeur à Rouen, qui évoque le voyage de son père dans un roman (Une odyssée portugaise, Cadamoste Editions).
    Après la « révolution des œillets » et la démocratisation du pays, en 1974, les départs diminuent, sans jamais vraiment s’interrompre. « Quand je suis parti, en 1992, le pays était encore dans une passe difficile, se souvient Nuno Mendes, né en 1973. Je voulais étudier la cuisine, mais il n’existait pas d’école pour cela à Lisbonne. » Après un cursus à l’Académie culinaire de Californie, à San Francisco, il est devenu un chef cuisinier reconnu aux Etats-Unis, puis au Royaume-Uni.Lors de la crise des dettes souveraines, en 2011, le Portugal sombre dans une récession brutale. Face à l’envolée des taux d’emprunt, il est contraint d’appeler le Fonds monétaire international à l’aide. En échange d’un prêt de 78 milliards d’euros, le gouvernement instaure une politique de rigueur. Le taux de chômage des moins de 25 ans flambe jusqu’à 40 % de la population active. En juillet 2012, lors d’un discours qui restera dans les mémoires, le premier ministre de l’époque, Pedro Passos Coelho (centre droit), appelle les jeunes à émigrer pour tenter leur chance ailleurs. Un traumatisme. « Contrairement aux vagues précédentes, peu qualifiées, ce sont cette fois les diplômés et les classes moyennes qui ont été contraints de partir aussi », souligne Ricardo Reis, économiste à l’Ecole d’économie de Londres.
    Alexandre Gouveia est de ceux-là. Après quelques années passées dans un cabinet médical dans le nord du pays, ce médecin généraliste est venu s’installer à Lausanne (Suisse), avec sa femme, également médecin. « Parce que les conditions de travail des professions médicales et la qualité de vie se dégradaient », explique-t-il.Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, les généralistes portugais gagnent en moyenne 3 510 euros mensuels brut. En Suisse – où le coût de la vie est plus élevé –, ils touchent au moins trois fois plus. « Bien plus que les salaires, ce sont surtout les possibilités de formation et de progression de carrière qui nous ont attirés ici », explique Alexandre Gouveia.Aujourd’hui responsable de la Policlinique de médecine générale Unisanté, il a ainsi décroché un doctorat à l’université de Lausanne et suit un master en pédagogie médicale depuis quelques mois. En 2015, il a fondé l’association LusoSanté, qui regroupe une centaine de professionnels de santé lusophones de Suisse romande. Au total, 257 800 Portugais vivent aujourd’hui dans la Confédération suisse, dont 175 000 dans les cantons francophones. Et ils sont près de 600 000 en France (plus du double en comptant les descendants des précédentes vagues), 165 000 au Royaume-Uni ou encore 93 600 au Luxembourg – soit près de 15 % de la population totale du Grand-Duché.
    Le Portugal a néanmoins beaucoup changé depuis qu’Alexandre Gouveia l’a quitté. En 2015, l’arrivée au pouvoir du premier ministre socialiste, Antonio Costa, marque le début d’un renouveau. En 2017, la croissance bondit de 3,5 %, portée par l’essor du tourisme. Le centre de Lisbonne est retapé et pris d’assaut par les investisseurs. Le taux de chômage redescend : il est aujourd’hui au plus bas, à 6,2 %, selon Eurostat. Et beaucoup d’émigrés reviennent. (...) Désormais, le pays attire également des immigrés peu qualifiés – phénomène nouveau –, notamment d’Europe de l’Est, d’Inde ou du Népal, travaillant dans la restauration ou le BTP.Pourtant, ses jeunes diplômés continuent de regarder vers l’étranger. (...)« Les diplômés comme elles partent en raison de la spécialisation choisie par l’économie portugaise après la crise : le tourisme crée des emplois peu qualifiés, mal payés et précaires », explique Ricardo Reis. Le salaire minimum mensuel est de 760 euros brut, et 65 % des jeunes gagnent moins de 1 000 euros par mois. Beaucoup sont obligés de cumuler deux boulots pour boucler leurs fins de mois. « De plus, les loyers lisboètes sont devenus inaccessibles aux classes moyennes à cause de la folie Airbnb », ajoute Vicente Ferreira, doctorant en économie à l’université Sapienza, à Rome. Lui a déjà travaillé à Bruxelles et aimerait rentrer au Portugal après son diplôme. Mais, s’il n’y trouve pas de poste, il n’hésitera pas à chercher ailleurs.« Il est normal que nos étudiants aient une expérience internationale, mais beaucoup resteraient s’ils avaient les mêmes opportunités de carrière et salaire ici », regrette Pedro Oliveira, doyen de la Nova School of Business and Economics (NovaSBE), une prestigieuse école de commerce, située près de Lisbonne. « Cette fuite des cerveaux pèse sur nos entreprises qui peinent à recruter et perdent en capacité d’innovation », ajoute Pedro Martins, économiste à la NovaSBE.
    Elle pénalise aussi les services publics, comme la santé. « Entre 2020 et 2022, 3 000 infirmières ont quitté le pays, l’équivalent du nombre de celles qui décrochent leur diplôme au Portugal chaque année », déplore Luis Filipe Barreira, vice-président de l’ordre des infirmiers. La pénurie de personnels de santé est telle que certains services sont contraints de fermer des lits, explique-t-il. Et la qualité des soins ne cesse de se dégrader. « La plupart des infirmières des hôpitaux publics travaillent soixante-dix heures par semaine alors qu’elles devraient en travailler trente-cinq et sont en épuisement professionnel », dit-il. Depuis quelques années, le gouvernement multiplie les mesures dans l’espoir de freiner le mouvement. Lancé en 2019, le programme « Regressar » (« rentrer », en portugais) propose ainsi 3 363 euros aux jeunes rentrant pour un contrat à durée indéterminée ou pour créer une entreprise, ainsi que des aides fiscales. « C’est bien, mais un peu dérisoire par rapport à ce que je peux construire ici », juge Henrique Pinto, 25 ans, développeur, installé à New York depuis deux ans. Le Portugal a néanmoins d’autres cartes à jouer pour retenir ses jeunes. « Ce ne sont plus les émigrés d’autrefois qui faisaient définitivement leur vie ailleurs, ils sont mobiles et reviendront facilement avec les politiques publiques adaptées », estime Ricardo Reis. A savoir celles qui réduiront la précarité du travail. « Et surtout, celles qui permettront à notre économie de monter en gamme », ajoute Armindo Monteiro. Comme des investissements pour soutenir les énergies renouvelables ou l’hydrogène vert, secteur dans lequel le Portugal développe une industrie de pointe, riche en emplois de qualité, depuis quelques années.

    #Covid-19#migrant#migration#portugal#emigration#retour#economie#sante#maindoeuvre#migrationqualifiee

  • 2023 : Dai 2,4 milioni d’immigrati il 9% del Pil italiano

    #Fondazione_Moressa: gli stranieri sono il 28,9% tra il personale non qualificato Dichiarati redditi per 64 miliardi e versati 9,6 miliardi di Irpef. Aumentano gli imprenditori. Da Il Sole 24 ore.

    Sostengono crescita demografica e soprattutto il Pil con un valore aggiunto di 154,3 miliardi di euro, il 9% del prodotto interno lordo. Sono i lavoratori immigrati, per lo più manuali e concentrati in agricoltura ed edilizia, una delle grandi stampelle dell’economia interna. Parola della Fondazione Leone Moressa che ieri alla Camera per bocca dei ricercatori Chiara Tronchin ed Enrico di Pasquale ha presentato insieme al segretario di Europa+ Riccardo Magi il 13° Rapporto annuale 2023 sull’economia dell’Immigrazione. Il report è stato presentato anche al Viminale.

    https://sbilanciamoci.info/dai-24-milioni-dimmigrati-il-9-del-pil-italiano

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    Rapporto 2023 sull’economia dell’immigrazione


    http://www.fondazioneleonemoressa.org/2023/10/19/rapporto-2023-sulleconomia-dellimmigrazione

    #PIB #agriculture #BTS #économie_de_l'immigration #rapport
    #statistiques #chiffres #Italie #migrations #économie #réfugiés #asile

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    ajouté à la métaliste sur le lien entre #économie (et surtout l’#Etat_providence) et la #migration... des arguments pour détruire l’#idée_reçue : « Les migrants profitent (voire : viennent POUR profiter) du système social des pays européens »...
    https://seenthis.net/messages/971875

  • L’avancée du Sahara en Algérie dément les bluffs du barrage vert.
    http://www.argotheme.com/organecyberpresse/spip.php?article4526

    La couverture végétale est un bon indicateur des conditions et de la composition du sol. Elle reflète fidèlement l’évolution des propriétés physiques et chimiques du sol, telles que la salinité , l’humidité et la fertilité. En Algérie, la zone de Nemamcha a souffert de processus sableux éoliens rapides, entrainant la désertification. Une étude révèle ces processus dynamiques de détérioration sableuse, montrant les changements spatio-temporels de l’état de la strate supérieure et sa texture comme couche arable, étant été, par le passé, couverte et fructueuse. #nationale,_fait_politique,_une_et_première_page,_médias,_actualité,_pays,_france,_afrique,_maghreb

    / économie , Afrique, Monde Arabe, islam, Maghreb, Proche-Orient,, Maghreb, Algérie, Tunisie, Maroc, Libye, Africa, population, société , Ecologie, (...)

    #économie_ #Afrique,Monde_Arabe,_islam,_Maghreb,_Proche-Orient, #Maghreb,_Algérie,_Tunisie,_Maroc,_Libye,_Africa,_population,_société #Ecologie,_environnement,_nature,_animaux #calamités_naturelles #Sciences_&_Savoir #Réchauffement_climatique

  • Où va la France industrielle ?
    https://laviedesidees.fr/Elie-Cohen-Souverainete-industrielle

    La réhabilitation de la notion de politique industrielle dans le débat public français et européen invite à se pencher sur son histoire et étudier comment les entreprises ont pu ou non mettre en œuvre les injonctions gouvernementales au cours des récentes décennies. À propos de : Élie Cohen, Souveraineté industrielle. Vers un nouveau modèle productif, Odile Jacob

    #Économie #industrie #souveraineté
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/202310_bonin.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20231019_bonin.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20231019_bonin.docx

  • Catalyse totalitaire

    Il y a une économie générale de la #violence. Ex nihilo nihil : rien ne sort de rien. Il y a toujours des antécédents. Cette économie, hélas, ne connaît qu’un principe : la #réciprocité – négative. Lorsque l’#injustice a été portée à son comble, lorsque le groupe a connu le #meurtre_de_masse et, pire peut-être, l’#invisibilisation du meurtre de masse, comment pourrait-il ne pas en sortir une #haine vengeresse ? Les rationalités stratégiques – faire dérailler la normalisation israélo-arabe, réinstaller le conflit israélo-palestinien sur la scène internationale –, si elles sont réelles, n’en ont pas moins trouvé parmi leurs ressources le carburant de la vengeance meurtrière.

    « #Terrorisme », mot-impasse

    La FI n’a pas commis les erreurs dont on l’accuse. Mais elle en a commis. Une – et de taille. Dans un événement de cette sorte, on ne se rend pas directement à l’analyse sans avoir d’abord dit l’#effroi, la #stupeur et l’#abomination. Le minimum syndical de la #compassion ne fait pas l’affaire, et on ne s’en tire pas avec quelques oblats verbaux lâchés pour la forme. Quand bien même ce qui est donné au peuple palestinien ignore jusqu’au minimum syndical, il fallait, en cette occurrence, se tenir à ce devoir – et faire honte aux prescripteurs de la compassion asymétrique.

    Ce manquement, réel, a cependant été saisi et déplacé pour se transformer dans le débat public en un point de sommation, d’abjuration même, sur lequel la FI, cette fois, a entièrement raison de ne pas céder : « terrorisme ». « Terrorisme » devrait-il être, comme l’affirme Vincent Lemire, « le point de départ du #débat_public » ? Non. Il n’en est même pas le point d’arrivée : juste le cul-de-sac. « Terrorisme » est un mot impasse. C’est ce que rappelle Danièle Obono, et elle a raison. Fait pour n’installer que la perspective de l’éradication et barrer toute analyse politique, « terrorisme » est une catégorie hors-politique, une catégorie qui fait sortir de la #politique. La preuve par Macron : « unité de la nation » et dérivés, 8 occurrences en 10 minutes de brouet. Suspension des conflits, neutralisation des différends, décret d’unanimité. Logiquement : les manifestations de soutien au peuple palestinien sont des manifestations de soutien au terrorisme, et même des manifestations terroristes, en conséquence de quoi elles sont interdites.

    Concéder « terrorisme », c’est annuler que ce qui se passe en Israël-Palestine est politique. Au plus haut point. Même si cette politique prend la forme de la #guerre, se poursuivant ainsi par d’autres moyens selon le mot de Clausewitz. Le #peuple_palestinien est en guerre – on ne lui a pas trop laissé le choix. Une entité s’est formée en son sein pour la conduire – d’où a-t-elle pu venir ? « On a rendu Gaza monstrueux », dit Nadav Lapid. Qui est « on » ?

    Sans avoir besoin de « terrorisme », « guerre » et « #crimes_de_guerre » sont hélas très suffisants à dire les combles de l’horreur. Très suffisants aussi à dire les #massacres abominables de civils. Si dans la guerre, qui est par principe #tuerie, on a forgé sans pléonasme la catégorie de « crimes de guerre », c’est bien pour désigner des actes qui font passer à une chose atroce en soi d’autres paliers d’#atrocité. C’est le moment de toute façon où il faut faire revenir l’#économie_générale_de_la_violence : des #crimes qui entraînent des crimes – des crimes qui ont précédé des crimes. L’acharnement à faire dire « terrorisme » ne satisfait que des besoins passionnels – et aucune exigence intellectuelle.

    En réalité, « terrorisme » et « crimes de guerre » sont deux catégories qui ne cessent de passer l’une dans l’autre, et ne dessinent aucune antinomie stable. Hiroshima est, à la lettre, conforme à la définition ONU du terrorisme : tuer des civils qui ne sont pas directement parties à des hostilités pour intimider une population ou contraindre un gouvernement à accomplir un certain acte. A-t-on entendu parler de terrorisme pour la bombe d’Hiroshima ? Et pour Dresde ? – comme Hiroshima : terroriser une population en vue d’obtenir la capitulation de son gouvernement.

    Mais pour ceux qui, dans la situation présente, en ont fait un point d’abjuration, « terrorisme » a une irremplaçable vertu : donner une violence pour dépourvue de #sens. Et de #causes. Violence pure, venue de nulle part, qui n’appelle rigoureusement aucune autre action que l’extirpation, éventuellement dans la forme relevée de la croisade : le choc des civilisations, l’axe du Bien, à laquelle il n’y a aucune question à poser. Il est vrai qu’ici nous naviguons en eaux vallsiennes où #comprendre est contradictoire avec s’émouvoir, et vient nécessairement en diminution du sentiment d’horreur, donc en supplément de complaisance. L’empire de la bêtise, comme une marée noire, n’en finit plus de s’étendre.

    La #passion de ne pas comprendre

    Surtout donc : ne pas comprendre. Ce qui demande un effort d’ailleurs, car l’évidence est massive et, avoir les yeux ouverts suffit – pour comprendre. Un peuple entier est martyrisé par une #occupation, ça fait bientôt 80 ans que ça dure. On les enferme, on les parque à les rendre fous, on les affame, on les tue, et il n’est plus une voix officielle pour en dire un mot. 200 morts depuis dix mois : pas un mot – entendre : qui se comparerait, même de loin, aux mots donnés aux Israéliens. Des témoignages vidéos à profusion des crimes israéliens encore frais : pas un mot. Des marches palestiniennes pacifiques à la frontière, 2018, 200 morts : pas un mot. Des snipers font des cartons sur les rotules, 42 en une après-midi, pas mal : mais pas un mot – si : « l’armée la plus morale du monde ». D’anciens militaires de l’armée la plus morale du monde expriment le dégoût, l’inhumanité de ce qu’on leur a fait faire aux Palestiniens : pas un mot. À chacune des #abominations du Hamas ce week-end, on en opposerait tant et plus commises par les militaires ou les colons – à peine quelques rides à la surface de l’eau. Les tragédies israéliennes sont incarnées en témoignages poignants, les tragédies palestiniennes sont agglomérées en statistiques. En parlant de statistique : on voudrait connaître la proportion des hommes du Hamas passés à l’attaque ce week-end qui ont tenu dans leurs mains les cadavres de leurs proches, des corps de bébés désarticulés, pour qui la vie n’a plus aucun sens – sinon la vengeance. Non pas « terrorisme » : le métal en fusion de la vengeance coulé dans la lutte armée. L’éternel moteur de la guerre. Et de ses atrocités.

    En tout cas voilà le sentiment d’injustice qui soude le groupe. Une vie qui ne vaut pas une autre vie : il n’y a pas de plus haute injustice. Il faut être épais pour ne pas parvenir à se représenter ça – à la limite, même pas par humaine compréhension : par simple prévoyance stratégique. Qu’un martyre collectif soit ainsi renvoyé à l’inexistence, que les vies arabes se voient dénier toute valeur, et que ceci puisse rester indéfiniment sans suite, c’était une illusion de colonisateur.

    Bloc bourgeois et « importation »

    Maintenant le fait le plus frappant : tout l’Occident officiel communie dans cette illusion. En France, à un degré étonnant. On s’y inquiète beaucoup des risques d’« #importation_du_conflit ». Sans voir que le conflit est déjà massivement importé. Bien sûr, « importation du conflit » est un mot à peine codé pour dire indifféremment « Arabes », « immigrés », « banlieues ». Mais le canal d’importation réel n’est pas du tout celui-là, il est sous nos yeux pourtant, large comme Panama, bouillonnant comme une conduite forcée : le canal d’importation-du-conflit, c’est le bloc bourgeois (Amable et Palombarini ©). Tout son appareil, personnel politique, éditocratie en formation serrée, médias en « édition spéciale », s’est instantanément déclenché pour importer. Pourquoi le point de fixation sur le terrorisme ? Pour la FI bien sûr – nous y revoilà. Cette fois-ci cependant avec un nouveau point de vue : le point de vue de l’importation intéressée. Le bloc bourgeois quand il fait bloc derrière Israël à l’extérieur saisit surtout l’occasion de faire bloc contre ses ennemis à l’intérieur.

    Il faudrait ici une analyse de la solidarité réflexe du #bloc_bourgeois avec « Israël » (entité indifférenciée : population, Etat, gouvernement) et des affinités par lesquelles elle passe. Des affinités de bourgeois : le même goût de la démocratie frelatée (bourgeoise), la même position structurale de dominant (dominant national, dominant régional), les mêmes représentations médiatiques avantageuses, ici celles d’Israël comme une société bourgeoise (start-ups et fun à Tel Aviv). Tout porte le bloc bourgeois à se reconnaître spontanément dans l’entité « Israël », partant à en épouser la cause.

    Et le bloc bourgeois français est plus israélien que les Israéliens : il refuse qu’on dise « #apartheid » alors que des officiels israéliens le disent, il refuse de dire « Etat raciste » alors qu’une partie de la gauche israélienne le dit, et qu’elle dit même parfois bien davantage, il refuse de dire la #responsabilité écrasante du gouvernement israélien alors qu’Haaretz le dit, il refuse de dire la politique continûment mortifère des gouvernements israéliens alors qu’une kyrielle d’officiers supérieurs israéliens le disent, il refuse de dire « crimes de guerre » pour le Hamas alors que l’ONU et le droit international le disent. Gideon Levy : « Israël ne peut pas emprisonner deux millions de Palestiniens sans en payer le prix cruel ». Daniel Levy, ancien diplomate israélien à une journaliste de la BBC qui lui dit que les Israéliens sur le point d’annihiler Gaza « se défendent » : « Vous pouvez vraiment dire une chose pareille sans ciller ? Ce genre de #mensonges ? » Le bloc bourgeois : « Israël ne fait que se défendre ». Il dit « Terreur » quand les Russes coupent toute ressource à l’Ukraine, il ne dit rien quand Israël coupe toute ressource à Gaza. Le bloc bourgeois vit un flash d’identification que rien ne peut désarmer.

    Il le vit d’autant plus intensément que la lutte contre les ennemis du frère bourgeois au dehors et la lutte contre les adversaires du bloc bourgeois au-dedans se potentialisent l’une l’autre. C’est comme une gigantesque résonance inconsciente, qui prend toute son ampleur dans une situation de crise organique où le bloc bourgeois contesté est devenu prêt à tout pour se maintenir.

    Le bloc regarde autour de lui, il ne se voit plus qu’un seul ennemi significatif : la FI. PS, EELV, PC, il a tout neutralisé, plus aucune inquiétude de ce côté-là, ces gens ne représentent aucun danger – quand ils ne sont pas de précieux auxiliaires. La FI, non. Une occasion se présente pour l’anéantir : ne pas hésiter une seule seconde. Comme avec Corbyn, comme avec Sanders, les affabulations d’antisémitisme, connaissaient déjà leur régime de croisière, mais une opportunité pareille est inespérée. Providentiel loupé inaugural de la FI : tout va pouvoir s’engouffrer dans cette brèche : le mensonge ouvert, la défiguration éhontée des propos, les sondages bidons sur des déclarations ou des absences de déclarations fabriquées, les accusations délirantes. La BBC s’abstient de dire « terroriste » mais la FI doit le dire. Des universitaires incontestables produisent de l’analyse sur les plateaux, mais la même analyse fournie par la FI est un scandale. La FI a une position somme toute fort proche de l’ONU, mais elle est antisémite. « Que cherche Jean-Luc Mélenchon ? A cautionner le terrorisme islamiste ? » s’interroge avec nuance La Nuance.

    #Cristallisation

    La violence du spasme que connait la vie politique française n’a pas d’autre cause. L’événement a œuvré comme un puissant réactif, révélant toutes les tendances actuelles du régime, et les portant à un point que même les émeutes de juillet ne leur avaient pas fait atteindre. L’effet de catalyse est surpuissant. Crise après crise, la dynamique pré-fasciste ne cesse de prendre consistance et de s’approfondir. Le terme en a été donné par Meyer Habib député français d’extrême-droite israélienne : « Le RN est entré dans le camp républicain ».

    Les moments de vérité recèlent toujours quelque avantage : nous savons désormais en quoi consiste le #camp_républicain. C’est le camp qui interdit le #dissensus, qui interdit l’#expression_publique, qui interdit les #manifestations, qui impose l’#unanimité ou le #silence, et qui fait menacer par ses nervis policiers tous ceux et toutes celles qui seraient tentés de continuer à faire de la politique autour de la question israélo-palestinienne. C’est le camp qui fait faire des signalements par des institutions universitaires à l’encontre de communiqués de syndicats étudiants, qui envisage tranquillement de poursuivre des organisations comme le NPA ou Révolution permanente, qui doit sans doute déjà penser secrètement à des dissolutions.

    C’est bien davantage qu’un spasme en fait. Par définition, un spasme finit par relaxer. Ici, ça cristallise : une phase précipite. Et pas n’importe laquelle : #catalyse_totalitaire. « Totalitaire » est la catégorie qui s’impose pour toute entreprise politique de production d’une #unanimité_sous_contrainte. L’#intimidation, le forçage à l’alignement, la désignation à la vindicte, la déformation systématique, la réduction au monstrueux de toute opinion divergente en sont les opérations de premier rang. Viennent ensuite l’#interdiction et la #pénalisation. Témoigner du soutien au peuple palestinien est devenu un #délit. Arborer un #drapeau palestinien est passible de 135€ d’amende – on cherche en vain une base légale présentable. « Free Palestine » est un graffiti antisémite – dixit CNews, devenu arbitre des élégances en cette matière, signes de temps renversés où d’actuelles collusions avec des antisémites distribuent les accusations d’antisémitisme, et d’anciennes collusions avec le nazisme celles de nazisme. Sous l’approbation silencieuse du reste du champ politique et médiatique. Dans les couloirs de toute la galaxie Bolloré, on ne doit plus en finir de se tenir les côtes de rire, pendant qu’à LREM, à France Inter et sur tous les C Trucmuche de France 5, on prend la chose au tout premier degré. Le camp républicain, c’est le camp qui suspend la politique, les libertés et les droits fondamentaux, le camp soudé dans le racisme anti-Arabe et dans le mépris des vies non-blanches.

    Le monde arabe, et pas seulement lui, observe tout cela, et tout cela se grave dans la #mémoire de ses peuples. Quand la némésis reviendra, car elle reviendra, les dirigeants occidentaux, interloqués et bras ballants, de nouveau ne comprendront rien. Stupid white men .

    https://blog.mondediplo.net/catalyse-totalitaire
    #à_lire #7_octobre_2023 #Palestine #Israël #Gaza #Frédéric_Lordon #médias

  • Gironde : une enquête ouverte pour « traite des êtres humains » dans le vignoble bordelais
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/10/13/gironde-une-enquete-ouverte-pour-traite-des-etres-humains-dans-le-vignoble-b

    Gironde : une enquête ouverte pour « traite des êtres humains » dans le vignoble bordelais
    Selon le parquet de Libourne, ce réseau recrutait les travailleurs depuis la Roumanie, les transportait en Gironde et les employait dans les vignes pour « un salaire dérisoire ».
    Le Monde avec AFP
    Publié le 13 octobre 2023 à 18h49
    Le parquet de Libourne a ouvert une information judiciaire, vendredi 13 octobre, pour « traite des êtres humains » à l’encontre de sept personnes suspectées d’avoir employé, dans des conditions « indignes », des dizaines de personnes dans les vignes du Bordelais. Les sept suspects interpellés mardi dans trois communes de l’est de la Gironde, dont Saint-Emilion, ont été mis en examen pour « traite des êtres humains en bande organisée », « recel de crime » et « soumission de personnes vulnérables à des conditions de travail et d’hébergement indignes », a ajouté le parquet, qui a requis leur placement en détention provisoire. Selon l’autorité judiciaire, ce réseau recrutait les travailleurs depuis la Roumanie, les transportait en Gironde et les employait dans les vignes pour « un salaire dérisoire ».
    Depuis septembre 2022, « plusieurs dizaines de victimes », dont un mineur de 14 ans et toutes de nationalité roumaine, ont déposé plainte, dénonçant notamment « des conditions d’hébergement indignes, des brimades et diverses privations ». Le nombre de plaintes émanant de « personnes exploitées » dans le milieu viticole est « en augmentation ces dernières années », a souligné le parquet de Libourne auprès de l’Agence France-Presse. Au printemps, en Gironde, trois personnes avaient été condamnées pour « traite » de travailleurs viticoles marocains. En Champagne, en septembre, deux enquêtes pour « traite d’êtres humains » ont été ouvertes et des hébergements collectifs de vendangeurs, jugés « insalubres » et « indignes », ont été fermés par les autorités.

    #Covid-19#migrant#migration#traite#france#economie#travailleurmigrant#agriculture#vulnerabilite#sante#droit#roumanie#maroc

  • Luttes féministes à travers le monde. Revendiquer l’égalité de genre depuis 1995

    Les #femmes, les filles, les minorités et diversités de genre du monde entier continuent à subir en 2021 des violations de leurs #droits_humains, et ce tout au long de leur vie. En dépit d’objectifs ambitieux que se sont fixés les États pour parvenir à l’#égalité_de_genre, leur réalisation n’a à ce jour jamais été réellement prioritaire.

    Les progrès réalisés au cours des dernières décennies l’ont essentiellement été grâce aux #mouvements_féministes, aux militant.es et aux penseur.ses. Aujourd’hui, la nouvelle génération de féministes innove et donne l’espoir de faire bouger les lignes par son inclusivité et la convergence des luttes qu’elle prône.

    Cet ouvrage intergénérationnel propose un aperçu pédagogique à la thématique de l’égalité de genre, des #luttes_féministes et des #droits_des_femmes, dans une perspective historique, pluridisciplinaire et transnationale. Ses objectifs sont multiples : informer et sensibiliser, puisque l’#égalité n’est pas acquise et que les retours en arrière sont possibles, et mobiliser en faisant comprendre que l’égalité est l’affaire de tous et de toutes.

    https://www.uga-editions.com/menu-principal/nos-collections-et-revues/nos-collections/carrefours-des-idees-/luttes-feministes-a-travers-le-monde-1161285.kjsp

    Quatrième conférence mondiale sur les femmes


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Quatri%C3%A8me_conf%C3%A9rence_mondiale_sur_les_femmes

    #féminisme #féminismes #livre #résistance #luttes #Pékin #Quatrième_conférence_mondiale_sur_les_femmes (#1995) #ONU #diplomatie_féministe #monde #socialisation_genrée #normes #stéréotypes_de_genre #économie #pouvoir #prise_de_décision #intersectionnalité #backlash #fondamentalisme #anti-genre #Génération_égalité #queer #LGBTI #féminisme_décolonial #écoféminisme #masculinité #PMA #GPA #travail_du_sexe #prostitution #trafic_d'êtres_humains #religion #transidentité #non-mixité #espace_public #rue #corps #écriture_inclusive #viols #culture_du_viol

  • Fabio De Masi: Verschwörungs-Ökonomie, oder warum es Deutschland schlecht geht
    https://www.berliner-zeitung.de/wirtschaft-verantwortung/fabio-de-masi-verschwoerungs-oekonomie-warum-es-deutschland-schlech

    14.10.2023 von -Fabio De Masi -Unter dem Vorwand, die Inflation zu bekämpfen, nimmt die Bundesregierung eine schwere Wirtschaftskrise in Kauf. Dahinter stecken knallharte Interessen, meint unser Autor.

    Bundeskanzler Olaf Scholz hatte ein Wirtschaftswunder versprochen. Was für eine Blamage: Denn die Ampel-Koalition jagt die Wirtschaft in den Keller, um dann Maßnahmen gegen Wachstumsbremsen zu fordern. Dieser Wahnsinn hat Methode. Dabei sitzen die Wachstumsbremsen auf der Regierungsbank. Olaf Scholz, Robert Habeck und Christian Lindner sind eine in Zahlen gegossene wirtschaftliche Trümmertruppe.

    So meint Finanzminister Christian Lindner, es brauche eine Bürokratie-Pause, als gäbe es Bürokratie nur in Deutschland. Wie soll zu viel Bürokratie erklären, warum Deutschland von der internationalen Wirtschaftsentwicklung abgehängt wird? Man darf schon glücklich sein, dass Lindner die verheerende wirtschaftliche Bilanz seiner Regierung nicht mit kosmischen Schwingungen erklärt.

    Deutschland ist die einzige große Volkswirtschaft, die schrumpft

    Lindner kritisiert zwar die Abschaffung von Leistungstests bei den Bundesjugendspielen, aber würde ökonomisch schon am Binden der Turnschuhe in der Umkleidekabine scheitern. Spanien hat etwa mit gezielten Eingriffen in den Markt, wie einer Besteuerung von Extragewinnen, Preisbremsen sowie Subventionen des öffentlichen Nahverkehrs die Wirtschaft angekurbelt und die Inflation viel erfolgreicher bekämpft als Deutschland.

    Auch China, die USA und Japan nehmen staatliche Defizite in Kauf, um in Zukunftstechnologien zu investieren. Die Inflationsraten gehen dabei international zurück. Deutschland ist die einzige größere Volkswirtschaft, die nominale Staatsausgaben senkt (mit Ausnahme der wachsenden Rüstungsausgaben), und die einzige größere Volkswirtschaft, die schrumpft.

    Lindner behauptet mit seiner Verschwörungsökonomie gegen jede Evidenz, es brauche eine Absenkung der Staatsausgaben, um die Inflation zu bekämpfen. Dabei haben wir es mit einer Angebots- oder Gewinninflation zu tun, die nicht durch zu hohe Nachfrage ausgelöst wurde. Zudem stellte der Internationale Währungsfonds bereits 2009 in einer groß angelegten Länderstudie unter dem Titel „Public Debt, Money Supply and Inflation“ fest, dass für Industrienationen kein Zusammenhang zwischen Staatsverschuldung und Inflation bestünde. Und es ist noch nicht einmal gesichert, dass eine Kürzung der Staatsausgaben die Staatsverschuldung senkt. Es ist nämlich davon auszugehen, dass die negativen Effekte auf das Bruttoinlandsprodukt auch zu Erhöhung der Arbeitslosigkeit, höheren Sozialtransfers und Verringerung der Steuereinnahmen führen werden.

    Laut der Gemeinschaftsdiagnose der führenden Wirtschaftsforschungsinstitute brechen die Investitionen in Forschung und Entwicklung in Deutschland durch die Kürzungsorgie und den wirtschaftspolitischen Salafismus der Ampel-Regierung massiv ein.

    Lindner verkündet, man müsse die Wachstumsbremsen lösen, aber er entzieht der Bevölkerung über Steuererhöhungen auf Gas, Fernwärme und Speisen in der Gastronomie zehn Milliarden Euro an Kaufkraft und kürzt alles, was nicht bei drei auf dem Baum ist. Die Verringerung von Staatsausgaben in einer schwächelnden Wirtschaft, bedeutet immer auch, dem Privatsektor die Einnahmen zu entziehen. Angesichts des Staatsversagens von Deutscher Bahn, bis zur Unterbringung und Integration von Flüchtlingen, fragt man sich, ob es das Ziel der Ampel ist, der Trümmertruppe von der Alternative für Deutschland (AfD) noch ein paar Prozentpunkte bei den Wahlen obendrauf zu packen.

    Die Lobbyisten der Arbeitslosigkeit

    Es ist davon auszugehen, dass die Ampel-Regierung genau weiß, was sie tut. Der australische Investor Tim Gurner, Gründer der Gurner Group, die Luxus-Immobilien entwickelt, hat kürzlich in schonungsloser Offenheit auf den Punkt gebracht, weshalb Notenbanken wie die Europäische Zentralbank (EZB) versuchen, den Energie-Preisschock und die Profit-Inflation, mit fragwürdigen Zinserhöhungen zu bekämpfen und weshalb die Ampel-Koalition die Staatsausgaben kürzt, bis es kracht.

    Es geht darum, die Arbeitslosigkeit zu erhöhen, um die Profite der oberen ein Prozent abzusichern. Diese Rentiers, die über große Aktienpakte verfügen, aber nur selten selbst etwas Unternehmerisches schaffen, erwarten ihre Renditen wie ein Zeitungsabo im Briefkasten. Und zwar nicht durch sinnvolle Prozess- und Produktinnovationen oder „schöpferische Zerstörung“, wie es der österreichische Ökonom Joseph Schumpeter nannte, sondern durch Eigentum und Wirtschaftsmacht.

    Gurner behauptete auf dem „Property Summit“ der australischen Financial Review, die Beschäftigten seien durch die Corona-Krise zu arrogant geworden und würden für ihr Geld zu wenig leisten. Dies habe die Produktivität negativ beeinträchtigt. Um dies zu ändern, forderte Gurner, dass die Arbeitslosigkeit „um 40 oder 50 Prozent steigen“ müsse. Der Wirtschaft müssten Schmerzen zugefügt werden.

    Es sei zu einem systematischen Wandel gekommen, wonach die Beschäftigten denken würden, die „Arbeitgeber“ (ein fragwürdiger Begriff, schließlich stellen die Beschäftigten ja ihre Arbeitskraft zur Verfügung) würden für sie arbeiten und nicht umgekehrt. Sie würden in dem Irrglauben leben, dass die Unternehmer ihnen dankbar sein müssten, dass sie für sie arbeiten, und nicht umgekehrt.

    Gurner fuhr fort, man müsse „diese Attitüde töten“. Und dies könne nur gelingen, indem man der Wirtschaft weh tue. Dies sei, was die Regierungen weltweit derzeit durch Verringerung von Staatsausgaben versuchen würden. Erste Erfolge seinen sichtbar. Entlassungen würden zunehmen und es gäbe nun „weniger Arroganz auf dem Arbeitsmarkt“. Was nach einer durchgeknallten Verschwörungstheorie klingt, ist der Kern wirtschaftsliberaler Ideologie, die versucht, zu vernebeln, dass es in der Wirtschaftstheorie und in der Wirtschaftspolitik immer auch um Interessen geht.
    Das Gespenst der Inflation

    Laut den Theorien der marktradikalen Ökonomen, die in den vergangenen Jahrzehnten den Ton angaben, ist Inflation vor allem das Ergebnis von zu viel Geld oder zu viel Nachfrage im System. Wenn also zu viel Geld zu wenige Waren jagt, erhöhen die Unternehmer die Preise. Daher müssten bei Inflation die Zinsen und die Arbeitslosigkeit erhöht werden. Doch zum Beispiel in den USA steigt die Beschäftigung seit einem Jahr, während die Inflation zurückgeht. Für keynesianische Ökonomen, die auf staatliche Eingriffe zur Stützung der Nachfrage setzen, ist eine Nachfrage-Inflation zwar denkbar, wenn Vollbeschäftigung herrscht und die Ökonomie überhitzt. Doch meistens herrscht Unterbeschäftigung. Daher führen Keynesianer Inflation vor allem auf gestiegene Kosten oder Konflikte zurück.

    So nutzten bestimmte Sektoren etwa den Energiepreisschock, um Extra-Profite durchzusetzen. Dies gelingt einzelnen Unternehmen nur, wenn sie entweder über eine außergewöhnliche Marktmacht verfügen oder sie wissen, dass andere Unternehmen wegen eines externen Schocks (Energiepreise) ebenso die Preise erhöhen. Wenn sie nämlich als Einzige die Preise erhöhen würden, verlören sie Marktanteile an Wettbewerber. Bei Kostenschocks, die viele Unternehmen betreffen, werden die Unternehmen hingegen versuchen, die Preise stärker zu erhöhen als ihre Kosten gestiegen sind. Wenn nun wiederum die Gewerkschaften stark genug sind, um die Löhne zu erhöhen und ihren Kaufkraftverlust auszugleichen, werden die Unternehmen wieder mit Preiserhöhungen auf die höheren Lohnkosten reagieren. So die Theorie. Es droht dann eine Lohn-Preis-Spirale.

    Nun ist die aktuelle Inflation aber nicht durch zu viel Nachfrage zu erklären und die Gewerkschaften sind nach Jahren der „Arbeitsmarktreformen“ zu schwach, um selbst bei hoher Beschäftigung eine eskalierende Lohn-Preis-Spirale auszulösen. Japan pumpte in den vergangenen Jahrzehnten viel billiges Geld der Zentralbank in die Banken, aber die Inflation war dort niedriger als in Europa. Denn das Geld der Banken zirkuliert zwischen den Banken oder befeuert zuweilen die Preise von Immobilien oder Aktien. Es treibt aber nicht auf breiter Front die Inflation auf den Gütermärkten.

    Die USA investieren als Reaktion auf die Inflation sogar vermehrt in Zukunftstechnologien (Inflation Reduction Act), um Engpässe zu überwinden. Spanien gelang es mit einer Mitte-links-Regierung, die Inflation erfolgreicher als das durch die Ampel angerichtete Chaos zu dämpfen: durch Energiepreis- und Mietendeckel, Steuersenkungen auf Nahrungsmittel sowie Subventionen für den öffentlichen Nahverkehr – also durch mehr Staatsausgaben.
    Operation gelungen, Patient tot

    Der Preisschock des Ukraine-Kriegs wurde eher durch eine Profit- oder Angebotsinflation ausgelöst. Die Corona-Krise hat Wertschöpfungsketten zerrüttet, der Wirtschaftskrieg hat Kostenschocks verursacht und unsere Energiekapazitäten sind zu knapp. Daher müsste mehr und nicht weniger investiert werden. Die Ampel will aber in der Krise kürzen und schickt die Wirtschaft ins Koma. Die Zinserhöhungen der EZB bremsen die Wirtschaft zusätzlich, da sie Investitionen verteuern und Zinskosten erhöhen. Es ist derzeit umstritten, wie groß der Einfluss der Zinsen auf die vorübergehende Schwächung des Wohnungsbaus war. Theoretisch können höhere Zinskosten sogar die Preise kurzfristig in die Höhe treiben.

    Doch langfristig führt eine Krise zu sinkender Inflation – aber eben zum Preis einer stagnierenden Wirtschaft und zunehmender Arbeitslosigkeit. Es ist, wie einen Krebspatienten mit dem Hammer zu erschlagen. Operation gelungen, Patient tot. Sinnvoller wäre es, etwa Extragewinne abzuschöpfen, Marktmacht zu bekämpfen und wie in Spanien durch Preisdeckel und Senkung der Mehrwertsteuer auf Lebensmittel die Preise zu dämpfen.

    Zurück zu Investor Gurner. Was er beschreibt, ist also seit Jahrzehnten Teil der ökonomischen Theorie und Praxis. Krisen – ob Finanzkrisen oder Preisschocks – lösen Verteilungskonflikte aus. In den Jahrzehnten bis zur Finanzkrise hat der Anteil der Gewinne am Volkseinkommen zulasten der Löhne immer weiter zugenommen. Die höheren Profite führten aber nicht zu höheren, sondern niedrigeren Investitionen, gemessen am Bruttoinlandsprodukt. Seit der Finanzkrise wurde diese Entwicklung leicht korrigiert, auch wenn die Lohnspreizung durch Niedriglöhne zunahm. Die Corona-Krise und der Wirtschaftskrieg läuteten eine neue Phase des modernen Klassenkampfes ein. Die Zentralbanken traten nach den Corona-Milliarden auf die Bremse und die Ampel-Koalition will in der Krise kürzen.

    Die Rentiers fordern ihren ökonomischen Tribut. So wie früher Priester Opfergaben forderten, um die Götter zu besänftigen (und dann das Lamm heimlich selbst verspeisten), fordern die Rentiers Opfer, um „die Märkte“ zu befriedigen.

    Was dahinter steckt, hat niemand besser auf den Punkt gebracht als der konservative britische Zentralbanker Sir Alan Budd, als er über die konservative Revolution unter Margaret Thatcher sprach: „Es mag Leute gegeben haben, die die eigentlichen politischen Entscheidungen getroffen haben, die nicht einen Moment lang geglaubt haben, dass dies der korrekte Weg ist, um die Inflation zu senken. Sie sahen jedoch, dass dies ein sehr, sehr guter Weg wäre, um die Arbeitslosigkeit zu erhöhen, und die Erhöhung der Arbeitslosigkeit war ein äußerst wünschenswerter Weg, um die Stärke der Arbeiterklasse zu verringern – wenn man so will. Es wurde eine Krise des Kapitalismus herbeigeführt, um in marxistischer Terminologie eine Reservearmee von Arbeitskräften zu schaffen, die es den Kapitalisten seitdem ermöglicht, hohe Gewinne zu erzielen.“

    Genau darum geht es: Nicht um bessere wirtschaftliche Performance, sondern um schlechtere wirtschaftliche Performance, um die Arbeitslosigkeit zu erhöhen, die Löhne zu drücken und höhere Profite für Wenige durchzusetzen. Im modernen Finanzkapitalismus bedeutet dies: Shareholder-Value für die Finanzinvestoren (Rentiers). Und zwar auch dann, wenn der Unternehmenssektor insgesamt unter der Krise leidet. Gurner spricht also offen aus, was die Geschäftsgrundlage im Finanzkapitalismus ist.

    Der brillante polnische Ökonom Michael Kalecki hat über dieses systemische Interesse der Wirtschaftsmächtigen an Arbeitslosigkeit einst in Cambridge eine berühmte Vorlesung unter dem Titel „Politische Aspekte der Vollbeschäftigung“ gehalten. Und der US-Investor Warren Buffett wusste: „Es herrscht Klassenkrieg, richtig, aber es ist meine Klasse, die Klasse der Reichen, die Krieg führt, und wir gewinnen.“

    ZUM AUTOR
    Fabio De Masi war Mitglied des Deutschen Bundestages für Die Linke sowie des Europäischen Parlaments und machte sich dort bei der Aufklärung von Finanzskandalen – etwa um den Zahlungsdienstleister Wirecard – einen Namen. Er ist Kolumnist bei der Berliner Zeitung.

    #Aliemagne #économie #crise #chomage

  • Keynes and the Marxists
    https://jacobin.com/2023/10/keynesian-economics-marxism-dialogue-sweezy-baran-robinson-kalecki-ackerman

    11.10.2023 by Nathan Tankus
    ...
    The “Keynesian Revolution” did not conquer the United States; at best it conquered the Boston area (for a limited time). It’s no coincidence, in fact, that dynastic scion John F. Kennedy was the high-water mark for anything approaching “Keynesianism” in government.
    ...

    #USA #économie #marxisme #keynésianisme

  • China Square: The cheap Chinese shop at the centre of Kenya row
    https://www.bbc.com/news/world-africa-64809423

    6.3.2023 by Victor Kiprop - Kenyan small and medium enterprise traders hold placards and shout slogans during a protest against Chinese nationals owning businesses that engage in import, manufacture and distributionImage source, EPA
    Image caption,

    Protesters wanted China Square to permanently shut its doors

    A Chinese-owned shop selling cheap household goods at the centre of a dispute in Kenya has reopened after a counterfeit complaint against it was dismissed. The row got to the heart of a debate about whether this kind of outlet hurts or helps Kenyans.

    Blowing whistles and vuvuzelas, Kenyan petty traders marched in their hundreds to the deputy president’s office in Nairobi to demand an end to what they called a “China invasion”.

    The China Square shop that had become a hit with consumers because of its cheap goods was the focus of their anger. Its rapid success had rekindled long-held fears about competition from abroad.

    The shop, which is in a mall on the outskirts of Nairobi, had already shut its doors, albeit temporarily, by the time of last week’s protest as controversy swirled around it.

    Barely five weeks into trading, it had become a social media phenomenon. Its low prices compared to what the petty traders were charging and convenient location made it very attractive.

    But some small-scale traders, who form a vital part of Kenya’s economy, began to notice business dropping off.

    “We want the Chinese out of Kenya. If the Chinese become the manufacturers, distributors, retailers and even hawkers, where will Kenyans go?” an unnamed trader told journalists at the protest.

    Peter Sitati, who imports and sells beauty equipment in Nairobi, was one of those at the demonstration.

    He says a plastic pedicure stool that costs around $43 (£35) in his shop, retailed at China Square for about $21, effectively undercutting him by more than 50%.

    “Many Kenyan businesses are going to close their shops and our economy will collapse,” Mr Sitati argued.

    Peter Sitati says he is not able to sell his goods at China Square’s lower prices

    Pressed to explain why he was charging so much more, he said he was covering the taxes and duty he was charged and thought that he might be buying the goods from China at a higher price than China Square.

    Despite being asked by the BBC, China Square did not explain how it set its prices, but it might be benefitting from being able to buy in bigger quantities.

    It may also have a more direct relationship with the manufacturers. A lot of the smaller Kenyan traders have to go through middle men and may be charged more as a result.

    China Square founder Lei Cheng insisted he had done nothing wrong.

    “My business is legal and is centred on healthy competition. We have cooperated with all government directives of opening a business in Kenya and we are here to break the monopoly,” Mr Lei said.

    He added that his business took more than $157,000 in its first two weeks.

    “The people who are fighting us feel threatened because Kenyans now know we exist and we are not exploiting them in pricing.”

    ’Quality goods, affordable prices’

    Some Kenyan shoppers are on the retailer’s side.

    “China Square should be allowed to operate. They’re selling quality goods at affordable prices,” Sharon Wanjiku said.

    “The cost of living is very high at the moment and these prices are exactly what we need.”

    The swift popularity of the shop followed by the controversy caught the attention of the government, with one minister saying it should cease operating as a retailer.

    “We welcome Chinese investors to Kenya but as manufacturers not traders,” Trade Minister Moses Kuria said on Twitter on the Friday before China Square shut down.

    It remains unclear why the shop did close its doors to customers. There were suspicions that it had been put under some pressure by the authorities.

    A statement from China Square said it was closing to “re-evaluate and replan our company strategy” and that it was “considering a possibility of co-operating with local traders”.

    But at the end of last week, Kenya’s Anti-Counterfeit Authority said it had investigated a complaint that China Square was selling fake goods but had found no evidence that that was the case.

    On Monday, the Kenya Chinese Chamber of Commerce (KCCC) welcomed the re-opening of China Square after discussions were held with the government, however it did not go into details of what the talks were about.

    “The Chamber looks forward to an equal and fair treatment of all businesses across [the] board to ensure a conducive business environment for all,” the KCCC statement said, but it did not say if any new agreement had been made.

    Image source, EPA
    Image caption,

    The protest against China Square attracted a large crowd

    Some fear that the row over the shop has sent out the wrong message about the economy and the interest in investment.

    Korir SingOei, from the ministry of foreign affairs, has been seeking to reassure potential investors, saying that Kenya welcomes money from outside and does not discriminate where it comes from.

    Wu Peng, the top diplomat for Africa at China’s Foreign Ministry, was pleased with the clarification and said a “non-discriminatory investment environment is vital to the healthy development of bilateral practical co-operation”.

    Kenya has in the past struggled to find a middle ground between attracting foreign investment and promoting free trade while protecting local traders from what some see as unfair competition.

    “Stopping foreigners from doing legitimate business in Kenya is retrogressive. We need to see how to build the capacity of Kenyans to be able to produce competitive products,” says Kenyan economist Gerrishon Ikiara.

    Deportations

    The Kenya Investment Promotion Act, which sets conditions for foreign investors, requires an investment to be beneficial to the country through things such as new jobs, the transfer of new skills or technology, or the use of local raw materials or services.

    There is no data available to show how many Chinese traders or people are in Kenya, but there has been growing anti-Chinese sentiment in recent years. This has been partly due to allegations that individual Chinese people in Kenya have been racist, as well as fears of Chinese traders taking businesses and jobs from Kenyans.

    In 2019, the Kenyan authorities deported seven Chinese nationals who had been operating in two markets in Nairobi, accusing them of not having work permits and saying they could not operate in a sector that had been reserved for locals.

    In 2020, four Chinese men were deported after being accused of caning a Kenyan man working at a Chinese restaurant.

    President William Ruto has so far steered clear of the matter, but ahead of his election last year he promised to deport Chinese nationals engaging in business that can be done by Kenyans.

    “We have agreements with different countries on what level of business or work is to be done by locals and which one is allowed, where one must have [a] work permit, to foreigners. And that level is not selling in kiosks, retail or roasting maize,” Mr Ruto said last June.

    China Square is clearly not working out of a kiosk, but its re-opening continues to present a challenge to the petty traders, whose complaints have not gone away.

    #économie #commerce #Afrique #Chine #Kenya

  • Les voitures et l’économie
    http://carfree.fr/index.php/2023/10/13/les-voitures-et-leconomie

    Se libérer d’une fausse croyance est peut-être l’une des libertés les plus puissantes. Les défenseurs des villes sans voiture en ont déjà l’habitude : s’affranchir du mythe selon lequel les voitures Lire la suite...

    #Vie_sans_voiture #Ville_sans_voitures #consommation #critique #économie #emploi #histoire #libéralisme #privatisation #production #ville_sans_voiture

  • Départs massifs des jeunes : « On doit davantage faire attention, orienter au maximum le buget vers la jeunesse ! » (Me Oumar Youm).
    https://www.dakaractu.com/Departs-massifs-des-jeunes-On-doit-davantage-faire-attention-orienter-au-

    Départs massifs des jeunes : « On doit davantage faire attention, orienter au maximum le buget vers la jeunesse ! » (Me Oumar Youm).
    Abordant la question du départ massif des jeunes vers l’Europe, le président du groupe parlementaire BBY, Me Oumar Youm, a justifié le phénomène de l’immigration irrégulière par des facteurs courants.
    « C’est une pression sociale qui s’exerce sur la jeunesse. L’État doit prendre toutes ses dispositions pour que les jeunes puissent partir s’ils le veulent dans les meilleures conditions », a d’emblée soutenu le responsable politique lors de son passage à l’émission ‘’Face à Dakaractu’’.
    Pour le député, l’attractivité des pays européens aussi est une cause des départs par la voie maritime et désertique.« C’est cette forme de colonisation culturelle qui pousse certains à laisser leur travail pour tenter l’aventure. On doit davantage faire attention, orienter au maximum le buget vers la jeunesse. On doit accentuer les efforts de l’État », a plaidé Me Oumar Youm.

    #Covid-19#migration#migrant#senegal#jeunesse#emigration#europe#depart#migrationirreguliere#economie#culture

  • En Europe, les gouvernements convergent vers des politiques migratoires plus restrictives
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/04/en-europe-une-convergence-restrictive-des-politiques-migratoires_6192338_321

    En Europe, les gouvernements convergent vers des politiques migratoires plus restrictives
    Alors que le nombre d’arrivées et de demandes d’asile est en augmentation cette année sur le continent, les Vingt-Sept sont en passe d’adopter, après quatre ans de négociations, le pacte migration et asile. Les gouvernements adoptent des lignes de plus en plus strictes en dépit des besoins de main-d’œuvre. Le sujet sera au menu du conseil européen de vendredi à Grenade, en Espagne.
    Par Hélène Bienvenu(Varsovie, correspondance), Cécile Chambraud, Jean-Baptiste Chastand(Vienne, correspondant régional), Cécile Ducourtieux(Londres, correspondante), Anne-Françoise Hivert(Malmö (Suède), correspondante régionale), Philippe Jacqué(Bruxelles, bureau européen), Allan Kaval(Rome, correspondant), Marina Rafenberg(Athènes, correspondance), Jean-Pierre Stroobants(Bruxelles, correspondant) et Thomas Wieder(Berlin, correspondant)
    Publié le 04 octobre 2023 à 06h00, modifié hier à 08h43
    A l’augmentation du nombre de demandes d’asile (+ 28 % au premier semestre), les gouvernements européens répondent globalement par un durcissement des discours et des décisions. La question des migrations, au menu du conseil européen qui se tiendra à Grenade (Espagne) vendredi 6 octobre, facteur de dissensions dans l’Union européenne (UE) depuis la « crise des réfugiés » de 2015, donne lieu, depuis quelques semaines, à des convergences naguère inenvisageables.
    De manière significative, l’Allemagne, qui s’y refusait jusque-là pour des raisons humanitaires, a donné son feu vert, jeudi 28 septembre, à un texte-clé de la réforme du système migratoire européen, ouvrant la voie à un accord global entre les Vingt-Sept, même si l’Italie tique encore sur la protection accordée aux ONG qui pratiquent le sauvetage en mer. Ce document prévoit un régime dérogatoire moins protecteur pour les migrants en cas d’afflux massif dans un pays.
    La Commission espère que l’ensemble du pacte pour les migrations et l’asile – une dizaine de règlements réformant les procédures d’accueil aux frontières, de traitement des demandes d’entrée et des retours – aura été adopté d’ici à février 2024, avant les élections européennes qui se dérouleront du 6 au 9 juin. Il aura fallu aux Vingt-Sept quatre ans de négociations, de controverses et, finalement, de rapprochements pour y parvenir, en dépit de l’opposition de la Hongrie et de la Pologne au principe de solidarité dans la prise en charge des migrants.
    Le revirement de Berlin est symptomatique du changement de discours outre-Rhin. « Allons-nous encore y arriver ? », pouvait-on lire en couverture du Spiegel, le 23 septembre, en référence au fameux « Wir schaffen das » (« nous y arriverons ») lancé par l’ex-chancelière chrétienne-démocrate (CDU) Angela Merkel, le 31 août 2015, pour justifier alors sa politique d’accueil généreuse des migrants fuyant le Moyen-Orient en guerre. Huit ans plus tard, les lignes ont bougé. « Le nombre de réfugiés qui cherchent à venir actuellement en Allemagne est trop élevé », a affirmé, le 30 septembre, le chancelier social-démocrate (SPD), Olaf Scholz, dans un entretien au groupe de presse RND. Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui n’était pas représenté au Bundestag en 2015, compte désormais 78 députés et dépasse les 20 % d’intentions de vote, soit le double de son résultat aux législatives de 2021.Deux ans après son retour dans l’opposition, la CDU tient, quant à elle, un discours inimaginable dans la bouche de Mme Merkel. « Les gens deviennent fous quand ils voient que 300 000 demandeurs d’asile déboutés ne partent pas et continuent de bénéficier pleinement des allocations et des aides médicales, a déclaré son président, Friedrich Merz, le 27 septembre. Ces gens viennent pour se faire refaire les dents alors que les citoyens allemands, de leur côté, n’arrivent pas à obtenir de rendez-vous. » Face à une droite à l’offensive et à une extrême droite en pleine poussée, Olaf Scholz est sous pression. Après deux années de mandat marquées par des réformes visant à rendre le pays plus attractif pour les travailleurs qualifiés étrangers, le chancelier entend désormais répondre à ceux qui l’accusent de laxisme, alors que le nombre de demandes d’asile a augmenté de 77 % entre janvier et août par rapport à la même période en 2022, tout en restant nettement inférieur aux chiffres de 2015-1016. Deux semaines après avoir annoncé qu’elle n’accepterait plus de migrants venant d’Italie dans le cadre du mécanisme volontaire européen de solidarité, l’Allemagne a ainsi décidé, le 27 septembre, de mettre en place des contrôles mobiles aux frontières avec la Pologne et la République tchèque « afin d’exercer une pression maximale dans la recherche des passeurs » et de « protéger les personnes qui traversent souvent clandestinement les frontières », selon les termes de la ministre de l’intérieur, Nancy Faeser (SPD).
    A l’inflexion allemande s’ajoutent des convergences inattendues, comme celle mise en scène par Emmanuel Macron et Giorgia Meloni, le 26 septembre, à Rome, alors que l’Elysée faisait état d’« une vision partagée [par les deux gouvernements] de la gestion de la question migratoire ». « Je veux qu’on travaille avec la présidente du conseil italien », avait déclaré trois jours plus tôt le président français, une position accueillie le lendemain « avec grand intérêt » par Mme Meloni. La question migratoire a dominé la première année de son gouvernement. Ayant promis de mettre fin aux flux illégaux en très nette augmentation, Rome a multiplié les normes restrictives. Après le pic d’arrivées de migrants de la mi-septembre à Lampedusa, un décret a été adopté le 27 septembre. Plus protecteur pour les femmes migrantes, mais censé faciliter les expulsions dans plusieurs cas, il prévoit de rendre plus aisés les contrôles d’âge et de punir par l’éloignement les personnes se déclarant faussement mineures. Le gouvernement italien a également décidé d’ouvrir à brève échéance de nouveaux centres de rétention ou « centres de séjour et de rapatriement » pour migrants en situation irrégulière, dans lesquels la durée de détention maximale a par ailleurs été allongée.
    Cette convergence vers une politique plus restrictive n’empêche pas les gouvernements les plus radicaux de dénoncer la mollesse supposée de l’UE. En Pologne, les ultraconservateurs au pouvoir, élus en 2015 en agitant la « menace des migrants imposés par Bruxelles », ont de nouveau placé la thématique migratoire au cœur de leur campagne pour les élections législatives du 15 octobre. Le gouvernement a décidé d’interroger les Polonais le même jour, par référendum, sur le nouveau système européen de répartition des demandeurs d’asile, en ces termes : « Acceptez-vous l’accueil de milliers d’immigrés illégaux du Moyen-Orient et d’Afrique dans le cadre d’un mécanisme forcé de relocalisation imposé par la bureaucratie européenne ? » « Ursula von der Leyen a annoncé un autre plan désastreux pour l’Europe. Les bureaucrates européens ne se soucient aucunement de la sécurité de nos citoyens du continent », s’est indigné le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, dans un spot électoral le 19 septembre, après l’annonce, à Lampedusa, par la présidente de la Commission, d’un plan d’urgence pour aider l’Italie.
    En Suède, depuis la victoire, il y a un an, de la droite et de l’extrême droite aux élections législatives, la coalition gouvernementale composée des conservateurs, des chrétiens-démocrates, des libéraux et des Démocrates de Suède (extrême droite), multiplie les annonces visant à réduire autant que possible les arrivées et à accélérer les départs. Parmi les mesures présentées, des restrictions sur l’obtention du permis de séjour permanent et de la citoyenneté, la généralisation des titres de séjour temporaire, et l’accélération des retours pour les personnes sous le coup d’une obligation de quitter le territoire. Stockholm veut aussi forcer les demandeurs d’asile à résider dans des centres d’accueil dont ils ne pourront sortir que de façon limitée. Concernant l’immigration du travail, le niveau du salaire minimum pour obtenir un permis de travail a doublé le 1er octobre. De nombreuses réformes mettront du temps avant de voir le jour. Néanmoins, le premier ministre suédois, Ulf Kristersson, s’est réjoui, le 28 septembre, de voir que les signaux envoyés par son gouvernement portaient déjà leurs fruits : alors que les demandes d’asile augmentent en Europe, elles ont baissé de 30 % dans son pays sur les huit premiers mois de l’année, passant de 11 433 à 8 685.
    Au Royaume-Uni, sorti de l’UE notamment pour « reprendre le contrôle » de l’immigration, le gouvernement de Rishi Sunak a fait adopter cet été une loi déniant le droit de demander l’asile aux personnes traversant la Manche en bateau pneumatique. Cet automne, la Cour suprême britannique se prononcera sur la légalité de l’accord de transfert des demandeurs d’asile vers le Rwanda, signé entre le gouvernement Johnson et Kigali en 2022, mais encore jamais mis en œuvre, car bloqué par de multiples recours en justice. Si les juges concluent à l’illégalité de l’accord, la droite du Parti conservateur poussera Rishi Sunak à faire campagne, aux élections générales de 2024, pour la sortie du Royaume-Uni de la Convention européenne des droits de l’homme, accusée de bloquer les transferts de demandeurs d’asile. La ministre de l’intérieur, Suella Braverman, a même plaidé, le 26 septembre, pour une révision de la convention de Genève sur les réfugiés de 1951.

    L’application de l’accord de Schengen, cette vaste zone de libre circulation des personnes au cœur de l’UE, pâtit de la situation. Avec quelque 330 000 entrées irrégulières en 2022, les Etats n’hésitent pas à réintroduire des contrôles aux frontières intérieures. La France l’a fait de manière quasi systématique, notamment à la frontière italienne à Vintimille, tout comme le Danemark, la Suède, l’Autriche, la Pologne, la République tchèque à certaines de leurs frontières.En Hongrie, la clôture extérieure s’est transformée en passoire. Construite par Viktor Orban en 2015 et 2016, au pic des passages dans les Balkans, la double protection de quatre mètres de haut qui sépare son pays de la Serbie ne permet plus de stopper les flux, malgré les propos péremptoires du premier ministre nationaliste. Le 20 septembre, M. Orban a assuré que ses services avaient « bloqué plus de 125 000 tentatives de passage illégal depuis le début de l’année » le long de la frontière sud. La véritable inconnue, jamais rendue publique par le pouvoir, reste le nombre de migrants qui ont quand même réussi à passer.
    Si les flux se sont d’abord taris, c’est surtout grâce à l’accord européen conclu en 2016 avec la Turquie. Mais ceux-ci ont fortement repris depuis 2022, renforçant la pression à la frontière hongroise. Selon l’agence européenne Frontex, la route des Balkans est la deuxième porte d’entrée en Europe, après la Méditerrannée centrale, avec plus de 70 000 passages enregistrés depuis janvier, surtout des Syriens. Une bonne partie d’entre eux entrent dans l’UE par la Hongrie, mais Budapest a cessé depuis longtemps d’enregistrer les passages sur son sol et les demandes d’asile, malgré ses obligations européennes. Les pays voisins, comme l’Autriche et la Slovaquie, font tous état d’une forte hausse des arrivées depuis 2022. Jusqu’ici épargnée, la Slovaquie a enregistré plus de 30 000 migrants depuis début 2023. Mais la politique du premier ministre hongrois lui permet de continuer d’affirmer : « Nous avons pu jusqu’à présent nous protéger contre l’immigration. »
    Pour tenter de limiter les arrivées, l’UE promeut des accords de coopération avec les pays de transit. En échange d’un meilleur contrôle des flux migratoires, elle soutient des projets de développement énergétique, économique, et investit dans le matériel nécessaire à l’arrêt du passage des migrants. En 2016, les Vingt-Sept avaient versé 6 milliards d’euros à la Turquie, puis multiplié les accords avec le Maroc. Désormais, elle a signé un accord avec la Tunisie, doté potentiellement de plus de 1 milliard d’euros, et réfléchit à d’autres pactes, avec la Libye ou l’Egypte. Face à la route venant de Turquie, la Grèce a durci sa législation depuis 2019 : refoulements illégaux en mer Egée et dans la région de l’Evros ; fin des aides au logement pour les réfugiés ; généralisation de leur relégation dans les camps fermés. Athènes voudrait profiter du bon climat actuel avec Ankara pour s’attaquer aux réseaux de passeurs qui opèrent notamment en mer Egée et « étendre » l’accord conclu en 2016 entre l’UE et la Turquie.
    Selon cet accord, Ankara, en contrepartie d’une aide financière, devait s’attaquer aux réseaux et reprendre les réfugiés déboutés du droit d’asile sur les îles grecques. Dans les faits, la Turquie n’en a jamais repris. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux réfugiés, entre janvier et juillet, le nombre des arrivées sur les îles grecques a augmenté de 136 % par rapport à la même période en 2022.
    Les structures d’accueil des demandeurs d’asile sont engorgées dans certains pays. En Belgique, le premier ministre, Alexander De Croo, a annoncé le 29 septembre la création d’une « task force » pour trouver en urgence 2 000 à 3 000 places supplémentaires. Cette décision vise aussi à faire taire les divergences au sein de son gouvernement après que la secrétaire d’Etat à l’asile et la migration, Nicole de Moor, une chrétienne-démocrate flamande, a indiqué que les centres n’accueilleraient plus les hommes seuls et qu’elle demanderait à ceux qui trouveraient un emploi de contribuer aux frais de séjour. Les services de l’asile accueillent actuellement 34 000 personnes, mais plus de 2 400 sont à la rue.
    Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Aux Pays-Bas, le premier ministre, Mark Rutte, précipite la chute de sa coalition sur la question de l’accueil des réfugiés

    Aux Pays-Bas, où le thème de la migration a entraîné la chute du premier ministre, Mark Rutte, en juillet, son gouvernement en sursis est divisé sur la politique d’asile, alors que le royaume devrait recevoir quelque 70 000 demandes cette année. Un plan de répartition dans le pays divise les quatre partis au pouvoir. Les droites libérales et chrétiennes entendent limiter le regroupement familial, un projet cassé une première fois par la justice mais qui sera l’un des thèmes des législatives du 22 novembre.
    Répondre aux besoins de main-d’œuvre

    Les politiques restrictives se heurtent dans certains pays aux besoins du marché du travail. C’est le cas en Finlande, où l’asile et l’immigration ont fait partie des sujets les plus épineux pour la nouvelle coalition, composée du Parti de la coalition nationale (conservateur), des Vrais Finlandais (extrême droite), des chrétiens-démocrates et du Parti du peuple suédois (centre). D’un côté, les Vrais Finlandais exigeaient des restrictions drastiques, tandis que les trois autres formations ont insisté pour maintenir les frontières ouvertes pour les travailleurs immigrés, alors que le pays manque de main-d’œuvre.

    L’accord de gouvernement, présenté le 16 juin par le premier ministre, Petteri Orpo, est un compromis : l’accueil des réfugiés et le regroupement familial vont être restreints et les retours à la frontière accélérés. Mais la cheffe des Vrais Finlandais, Riikka Purra, n’a pas réussi à imposer le principe d’un salaire minimum de 3 000 euros pour les salariés étrangers. En revanche, les immigrés n’auront plus les mêmes droits sociaux que les résidents permanents, et devront quitter le pays dans les trois mois suivant un éventuel licenciement. Le Danemark, qui dispose d’une des législations les plus restrictives d’Europe, se demande s’il n’est pas allé trop loin. Depuis des années, les entreprises réclament l’assouplissement de certaines règles les empêchant de recruter à l’étranger. Les parlementaires ont finalement cédé à la pression. Le 1er décembre 2022, la rémunération minimale pour obtenir un permis de travail est passée de 465 000 à 375 000 couronnes par an, conditionnée au niveau du chômage (actuellement à 2,5 % de la population active). En Grèce enfin, un projet de loi devrait bientôt être présenté pour permettre aux 300 000 migrants qui vivraient illégalement dans le pays de travailler dans les secteurs de l’agriculture et du tourisme, qui ont du mal à recruter.
    Hélène Bienvenu(Varsovie, correspondance), Cécile Chambraud, Jean-Baptiste Chastand(Vienne, correspondant régional), Cécile Ducourtieux(Londres, correspondante), Anne-Françoise Hivert(Malmö (Suède), correspondante régionale), Philippe Jacqué(Bruxelles, bureau européen), Allan Kaval(Rome, correspondant), Marina Rafenberg(Athènes, correspondance), Jean-Pierre Stroobants(Bruxelles, correspondant) et Thomas Wieder(Berlin, correspondant)

    #Covid-19#migrant#migration#ue#france#italie#grece#danemark#turquie#allemagne#controle#frontiere#politiquemigratoire#accueil#economie#espaceschengen

  • 40 global technology companies beating their Western rivals - Rest of World
    https://restofworld.org/2023/rest-vs-west

    What is the world’s biggest digital bank? No, not HSBC — it’s Brazil’s Nubank, which reported close to $5 billion in revenue last year.

    What is the most widely used social media platform in Vietnam? Not Facebook or TikTok — it’s Zalo, with an impressive 87% adoption rate.

    And what was one of the earliest online food delivery platforms? That would be Talabat, launched by a group of Kuwaiti students in Cairo, in 2004. That’s three years before the iPhone came to market.

    If these names surprise you, they shouldn’t. Startup ecosystems outside the West have been churning out billion-dollar tech companies and radically innovative products for years. But their achievements are rarely celebrated or known here in the U.S. Today, not only are entrepreneurs in Buenos Aires, Lagos, and Jakarta building businesses that create huge economic opportunity and value, they’re also competing directly with Silicon Valley for users and growth in these markets. And they’re winning.

    Our 2023 annual list is devoted to 40 trailblazing companies that, in their own ways, beat the West. Some of them won by market combat: Years of bruising competition led to lucrative acquisitions by their Western rivals, or acquisitions of the Westerner’s local assets. A few just dominate their sector outright.

    Others beat the West by paying attention. They saw what foreign entrants missed, and tailored their products and platforms to local user needs with surgical precision. Or they proved a certain model could work in developing economies written off by outsiders.

    By seeing and seizing opportunity — and not waiting for Silicon Valley to meet local needs — these 40 companies lead the pack. They’ve already inspired a generation of new startups, founders, engineers, and problem-solvers across emerging markets, whose inventions will come to define the future of everyone’s technology experience. TikTok may have been the first international tech platform to spark a major crisis around American competitiveness, but it won’t be the last.

    — Anup Kaphle (Editor-in-Chief)

    #Grandes_entreprises #Not_gafam #Economie_numérique #Globalisation

  • Luzi & Berlan, L’écosocialisme du XXIe siècle doit-il s’inspirer de Keynes ou d’Orwell ?, 2020 – Et vous n’avez encore rien vu…
    https://sniadecki.wordpress.com/2023/10/03/luzi-ecosocialisme

    Keynes s’inscrit consciemment dans ce machiavélisme économique, en considérant que l’amour de l’argent « comme objet de possession », de même que les pratiques capitalistes en elles-mêmes « détestables et injustes », doivent être tolérés, étant les moyens les plus efficaces pour résoudre le « problème économique » (la rareté). Et il renvoie à ses petits-enfants la tâche de revenir sur cet immoralisme, une fois ce problème résolu.

    Le raisonnement de Keynes, qui repose sur la distinction entre les besoins absolus et les besoins relatifs, est pourtant sans consistance, puisqu’il méconnait la nature socio-culturelle des besoins. Même Adam Smith savait que le développement du commerce n’était pas une nécessité pour couvrir les besoins absolus

    […]

    À l’opposé de Keynes, qui, faisant de la « résolution du problème économique » une finalité indiscutable, reporte dans un futur indéterminé la contestation de l’infamie des pratiques capitalistes, Orwell suggère qu’un art de vivre conforme à la common decency permettrait aux gens ordinaires d’affronter ce « problème » de façon autonome, en associant la norme du suffisant et un commerce avec la nature se tenant à égale distance de l’impuissance technique et de la volonté de puissance technoscientifique.

    […]

    Emporté par la perspective de l’abondance, Keynes est indifférent au « chômage technologique », pour lui un effet collatéral transitoire. Cette perspective lui permet également de taire les conditions du travail industriel, les conséquences culturelles et politiques de la division technique du travail (pourtant déjà analysées par Adam Smith, Tocqueville et Marx), de même que celles des perfectionnements du machinisme. La connaissance de ces conditions de travail, Orwell la déduit du partage concret de celles des mineurs de Wigan. Et le machinisme lui semble, plutôt que de les délivrer de la nécessité, rendre les humains dépendants de macro-systèmes technologiques (et de leurs concepteurs) et les réduire progressivement « à quelque chose qui tiendrait du cerveau dans un bocal ».

    Les réflexions d’Orwell prolongent les intuitions de Rousseau sur le machinisme :

    « Plus nos outils sont ingénieux, plus nos organes deviennent grossiers et maladroits ; à force de rassembler des machines autour de nous, nous n’en trouvons plus en nous-mêmes [des capacités]. »

    #économie #socialisme #capitalisme #Keynes #Orwell #George_Orwell #Aurélien_Berlan #Jacques_Luzi #autonomie

  • Les jeunes Argentins tentés par l’exil, sur fond de crise économique
    https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/03/les-jeunes-argentins-tentes-par-l-exil-sur-fond-de-crise-economique_6192257_

    Les jeunes Argentins tentés par l’exil, sur fond de crise économique
    Comme lors de la crise de 2001, de nombreux Argentins songent à quitter leur pays pour chercher ailleurs des perspectives d’avenir. L’inflation, l’augmentation de la pauvreté et l’insécurité sont les raisons les plus évoquées par les quelque 70 % des jeunes de 18 à 29 ans songeant au départ.
    Par Flora Genoux(Buenos Aires, correspondante) et Sandrine Morel(Madrid, correspondante)
    Federico Vaamonde, âgé de 26 ans, quitte les locaux du consulat d’Espagne à Buenos Aires, le regard dur, le pas nerveux. « Je veux ficher le camp de ce pays ! », lâche cet aide cuisinier de Florencio-Varela, banlieue populaire de la capitale. En cette fin septembre, le jeune Argentin, descendant d’un immigré espagnol, vient de commencer les démarches afin d’obtenir la nationalité de son ancêtre, ce qui lui permettra de s’installer en Europe plus facilement. (...) Comme Federico Vaamonde, près de 70 % des Argentins âgés de 18 à 29 ans – et la moitié de la population en général – affirment qu’ils quitteraient le pays s’ils en avaient les moyens (administratifs, financiers…), selon un sondage de l’Observatoire de psychologie sociale (OPSA) de l’université de Buenos Aires réalisé au mois de mars. Parmi les premières raisons évoquées figurent la situation économique du pays et le sentiment d’insécurité. Le taux de pauvreté a atteint 40 %. L’inflation est au plus haut depuis trente-deux ans : 124 % sur un an. Le gouvernement d’Alberto Fernandez (centre gauche) met en avant un faible taux de chômage, de moins de 7 %. Mais de nombreux emplois sont précaires et leur rémunération dévorée par l’inflation. « Ce pays a tronqué les projets de vie de la population et volé des opportunités à la jeunesse », estime Gustavo Gonzalez, psychologue et directeur de l’OPSA.
    L’aspiration des jeunes à l’exil fait d’ailleurs partie des arguments de campagne des politiques, en amont de l’élection présidentielle du 22 octobre. Le candidat Javier Milei, en tête des sondages, clame dans un spot de campagne : « Si on continue comme ça, l’unique voie de sortie, c’est Ezeiza [l’aéroport de Buenos Aires]. » Les jeunes hommes des quartiers populaires, séduits par cet ultralibéral qui leur promet une économie stable et créatrice d’emplois, sont précisément son cœur de cible électoral.
    Il n’existe pas de données officielles et précises permettant de confirmer ou d’infirmer une émigration massive de la jeunesse. Séjour touristique ou projet de vie à l’étranger, les services migratoires n’exigent pas des voyageurs de motiver leur départ. Par ailleurs, dans un pays fortement marqué par l’immigration – 6 millions d’Européens ont débarqué en Argentine à la fin du XIXe et au début du XXe siècle –, nombre d’Argentins détiennent déjà un passeport européen. Ils peuvent quitter le territoire en brouillant les statistiques.
    Seule certitude : les files d’attente s’allongent devant les consulats. « On reçoit un nombre de demandes très élevé. Ce sont quasiment tous des jeunes de 25 à 35 ans, diplômés », remarque Pablo Chumba, juriste à Buenos Aires qui aide les aspirants à une nationalité européenne à constituer leur dossier auprès des consulats. D’après les données du ministère des affaires étrangères italien, plus de 30 000 dossiers de naturalisation ont été enregistrés en 2021 en Argentine, contre un peu plus de 20 000 en 2017. En outre, l’entrée en vigueur de la loi de mémoire démocratique espagnole, en octobre 2022, a provoqué un appel d’air. Elle a ouvert une fenêtre de deux ans, jusqu’en octobre 2024, prorogeable d’un an, pour que les descendants d’exilés de la guerre d’Espagne (1936-1939) et de la dictature franquiste (1939-1975) puissent demander la nationalité espagnole. Les candidats ne sont pas contraints de prouver la condition d’exilés politiques de leurs aïeux si ces derniers ont émigré durant les années les plus dures de la dictature, entre le début de la guerre, en 1936, et l’entrée de l’Espagne franquiste à l’ONU, en 1955. Entre octobre 2022 et fin juin 2023, près de 14 000 demandes de naturalisation espagnole ont été déposées en Argentine, de loin le pays où elles sont les plus nombreuses.
    Un article publié dans la revue de sciences sociales argentine Poblacion y sociedad fait état « d’une augmentation significative de l’arrivée d’Argentins en Espagne » dès 2017. En 2019, puis en 2021, plus de 30 000 Argentins s’y sont installés, d’après les calculs des chercheurs Fernando Osvaldo Esteban, Daniela Herrera Rubalcaba et Patricia Jimena Rivero. Selon cette dernière, il s’agit de chiffres similaires à ceux de la crise économique et sociale de 2001, marquée par une vague d’émigration. Dès l’annonce de la loi espagnole, les mêmes scènes qu’en 2001 se sont reproduites : de longues files se sont formées devant les consulats espagnols à Buenos Aires, mais aussi dans des villes comme Mendoza ou Cordoba, certains passant la nuit sous des tentes installées sur le trottoir. « Ce n’est pas le rêve de ma vie d’aller vivre en Europe. Mais j’y pense, parce que rien ne s’améliore ici, c’est stressant de vivre dans l’incertitude », explique Maria (elle n’a donné que son prénom, comme d’autres témoins), une institutrice de 31 ans rencontrée fin septembre devant le consulat de Buenos Aires et qui, comme beaucoup, voit dans le sésame européen une sorte d’assurance-vie. Deux de ses amis viennent de s’installer en Espagne. « Mon salaire est très bas ici. Mais je sais que faire sa place dans un autre pays est difficile », remarque-t-elle.
    Joaquin, 26 ans, peut en témoigner. Il a rejoint le Portugal avec un visa d’un an « vacances-travail » (destiné aux jeunes) en 2022. « J’ai vite trouvé des emplois d’animation dans des hôtels, tous déclarés. J’ai découvert ce que signifiait se payer un repas au restaurant grâce à son travail, marcher dans la rue le soir sans crainte pour sa sécurité », remarque-t-il, contacté au téléphone. Ce diplômé en arts du spectacle s’imagine un avenir « plus stable » en Europe. Arrière-petit-fils d’un immigré espagnol, il a déposé sa demande de naturalisation en Espagne, où il se trouve désormais. Depuis, il attend, dans l’illégalité car son visa a expiré. « Sans papiers, je ne trouve que des employeurs qui m’exploitent. Je travaille dans un restaurant pour 600 euros par mois », raconte-t-il. Au Portugal, il a entendu des remarques xénophobes. « Il ne faut pas non plus avoir une vision romantique de l’Europe, il y a des moments durs. Et puis l’Argentine, la chaleur et la simplicité des gens me manquent », confie-t-il.

    #Covid-19#migrant#migration#argentine#espagne#italie#europe#emigration#crise#economie#jeunesse#portugal

  • #montpellier met en place la #Gratuité_des_transports_en_commun
    http://carfree.fr/index.php/2023/10/03/montpellier-met-en-place-la-gratuite-des-transports-en-commun

    Le 21 décembre 2023, Montpellier Méditerranée Métropole deviendra la plus grande métropole européenne à instaurer la gratuité des transports en commun pour tous ses habitants. Le maire de Montpellier et Lire la suite...

    #Alternatives_à_la_voiture #Transports_publics #transports_collectifs_urbains

  • Opinion | For the F.D.A., Cold Medicine That Doesn’t Work Is Just the Tip of the Iceberg - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2023/09/29/opinion/cold-medicine-fda.html

    Nearly two decades ago, several pharmacists started calling into the University of Florida Drug Information and Pharmacy Resource Center hotline with the same query: Does phenylephrine, a common ingredient in cold medicine sold over the counter, actually work?

    One of us, Dr. Hatton, oversaw the call center, which was meant to train pharmacy students on how to respond to questions from health care professionals across the state. It was odd, Dr. Hatton thought, that so many providers in Florida believed the popular decongestant — found in Sudafed PE, some formulations of NyQuil and many other cold and flu treatments — wasn’t working as advertised.

    After searching the literature, he came across a paper published more than a decade earlier by Dr. Hendeles, the co-author of this essay, also at the University of Florida, suggesting that oral phenylephrine was ineffective.

    Our offices were just a short walk apart, and after meeting to discuss our suspicions, we began what has so far been a nearly 20-year collaboration to determine if phenylephrine was effective at the dosage available to consumers over the counter, and later, when we discovered it wasn’t, to petition the Food and Drug Administration to remove it from shelves. This included a Freedom of Information Act request for unpublished data on the drug and multiple studies that confirmed our skepticism.

    Recently, an advisory committee for the F.D.A. unanimously confirmed our findings. The agency must now decide whether products containing the ingredient should be removed from shelves and drug makers should use new formulations. Right now, phenylephrine is in hundreds of products, and Americans spent about $1.8 billion on those remedies last year.

    How can an ineffective drug discovered nearly 100 years ago and marketed since the 1930s still be on the market, despite decades of drug experts like us prodding the F.D.A. to do something? It boggles the mind, and worse than that, this is only the tip of the iceberg. This decongestant is like many drugs on the market that don’t really provide relief.

    Just ask your local pharmacist about over-the-counter drugs he or she suspects don’t work. It’s an open secret among many of us who study pharmaceuticals that several ingredients, including ones found in common treatments like Robitussin, Mucinex and certain cough syrups, probably don’t work as advertised. Some of these ingredients claim to help people cough up mucus or cough less or to help with asthma symptoms, but studies suggest they don’t work at the current F.D.A.-approved doses.

    While there have been legislative efforts to improve the regulation of ineffective drugs on store shelves, much of the process still moves too slowly and has not gone far enough.

    In 1938, Congress passed the Federal Food, Drug and Cosmetic Act, which required that the federal government determine a drug is safe before it could be sold to Americans. More than two decades later, in 1962, breakthrough legislation — the Kefauver-Harris Drug Amendments — required that prescription and over-the-counter drugs must prove to be both safe and effective. As you might imagine, thousands of over-the-counter drugs were on the market before 1962. So the F.D.A. developed a system to review these drugs to make sure they worked, known as the O.T.C. monograph system.
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    The F.D.A. has generally relied on a risk-based approach, which prioritizes determining whether a drug is safe over how well it works. This has led to drug removals in the past. Another decongestant called phenylpropanolamine was removed from the market in the 2000s when it was shown to increase the risk of strokes when taken in high doses in over-the-counter weight loss drugs, for example.

    But these investigations and removals are not happening quickly. One major issue is that many of these drugs were first evaluated with data that doesn’t meet today’s standards. Though we first petitioned the F.D.A. to look into phenylephrine more than 15 years ago, it wasn’t until company-funded studies from Schering-Plough, later acquired by Merck, reported that oral phenylephrine was ineffective that we had definitive evidence.

    The companies deserve credit for publishing the negative results in peer-reviewed journals. But generally speaking, the pharmaceutical industry has no incentive to fund studies proving old ingredients are effective when sales bring in billions of dollars. Schering-Plough/Merck did its studies because it wanted to evaluate the effectiveness of a higher dose of phenylephrine, and the potential to develop an extended-release product.

    This is a problem for the F.D.A. because the agency doesn’t have the resources to do the enormous work of studying, evaluating and removing old and ineffective drugs, despite having the mandate to do so. There have been recent attempts to make this better: The Coronavirus Aid, Relief and Economic Security, or CARES, Act of 2020 included the first major overhaul to the O.T.C. monograph process and provided the drug agency with more resources, including personnel. But so much more funding is needed.

    We need to get through the thicket of old drugs faster. Americans are wasting money on decongestant drugs that may not work. Even more is spent on other over-the-counter medications that are questionable, especially for coughs and colds. Dosages of many of these drugs for children are based on arbitrary age ranges without specific studies to confirm they work and are safe for different age groups. All of this doesn’t even include dietary supplements and homeopathic remedies that don’t require evidence of effectiveness or undergo any F.D.A. review.

    Congress needs to develop a way of better funding the F.D.A. review process. Perhaps a small excise tax could be levied on over-the-counter sales or fees assessed to makers of over-the-counter drugs to fund the F.D.A. review process or to fund studies into drugs that went on the market before 1962. Leaders need to suggest more options. There should also be a way to prioritize which drugs to look at first. The agency should review old drugs for which there are already many complaints about lack of effectiveness in the manner it did recently for phenylephrine.

    Right now, Americans spend billions on drugs that contain ingredients that will not help them. That’s not just a waste of money — it could mean they are delaying appropriate treatment, which can lead to more severe illnesses. This is risky not only for health but also for trust. The public deserves medicines that do what they are advertised to do. And Americans should demand that from their leaders.

    #Médicaments #Evaluation #Big_pharma #Economie_médicament #Santé_publique

  • La politique de la Banque Centrale de #Russie est-elle cohérente avec le changement de structure de l’économie ? Par Jacques Sapir
    https://www.les-crises.fr/la-politique-de-la-banque-centrale-de-russie-est-elle-coherente-avec-le-c

    La Banque Centrale de Russie a décidé le 15 septembre dernier de remonter son taux directeur de 12% à 13%[1]. Cette décision, et les raisons pour laquelle elle a été prise, ont ranimé un débat sur la cohérence de la politique monétaire menée par la Banque Centrale vis-à-vis de la croissance économique en Russie. Les […]

    #Économie #Russeurope_en_Exil #Économie,_Russeurope_en_Exil,_Russie