• L’économie sociale et solidaire au service d’une #alimentation durable et accessible ?
    https://metropolitiques.eu/L-economie-sociale-et-solidaire-au-service-d-une-alimentation-durabl

    Pour renforcer l’accès de tous à une alimentation durable, les pouvoirs publics s’appuient de plus en plus sur l’économie sociale et solidaire. À partir du cas parisien, Carla Altenburger montre que la recherche de viabilité économique compromet parfois les objectifs de durabilité et d’accessibilité. Supermarchés coopératifs, AMAP, épiceries vrac, paniers solidaires : les initiatives alternatives visant à rendre le système alimentaire plus durable ne manquent pas. Ces projets sont souvent issus de #Terrains

    / #collectivités_territoriales, #économie_sociale_et_solidaire, #appel_à_projets, alimentation, accessibilité

    #accessibilité
    https://metropolitiques.eu/IMG/pdf/met_altenburger.pdf

  • [Les Promesses de l’Aube] Faire mouvement(s) en économie sociale
    https://www.radiopanik.org/emissions/les-promesses-de-l-aube/faire-mouvements-en-economie-sociale

    Ce mercredi matin nous aurons le plaisir de recevoir François Welter (CARHOP) et Pierre Georis (ancien secrétaire général du #moc) pour nous parler l’histoire de l’économie sociale et du mouvement coopératif en Belgique, et en particulier, sa place au sein du #mouvement_ouvrier Chrétien. Il sera également question des convergences entre les différentes formes d’économie sociale et des différents obstacles rencontrés.

    #mémoire #syndicats #carhop #action_sociale #histoire_sociale #économie_soicale #mémoire,syndicats,carhop,moc,mouvement_ouvrier,action_sociale,histoire_sociale,économie_soicale
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/les-promesses-de-l-aube/faire-mouvements-en-economie-sociale_17375__1.mp3

  • L’Économie « Sociale et Solidaire » : un contresens absolu. Le mode d’exploitation capitaliste des « richesses » ne peut être ni social ni solidaire.

    Railcoop au bord de la faillite : les coulisses d’un déraillement | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/railcoop-bord-de-faillite-coulisses-dun-deraillement/00107698

    ransports Railcoop au bord de la faillite : les coulisses d’un déraillement
    Le 27 Juillet 2023
    16 min

    Fiasco dans le fret, retard dans l’offre voyageurs Bordeaux-Lyon, crise interne… Après trois ans d’existence, la coopérative ferroviaire Railcoop traverse un long tunnel, sans réelles perspectives d’en voir le bout.

    Clap de fin pour Railcoop ? La société qui voulait relancer la liaison ferroviaire entre Lyon et Bordeaux est en tout cas sur la corde raide. Si la coopérative ne parvient à trouver 500 000 euros d’ici la fin du mois de septembre pour payer les salaires et les fournisseurs, elle devra mettre la clé sous la porte.

    Au cours du mois de juin, Railcoop a donc imploré ses sociétaires, à coups de mails hebdomadaires, de reprendre des parts au capital social de l’entreprise.

    « Nous sommes face à un défi immédiat : lever des fonds pour assurer la survie de notre projet. Il ne faut pas se cacher la vérité, nous avons un besoin urgent de l’aide de chacune et de chacun », a-t-elle ainsi écrit à ses sociétaires, dans une lettre ouverte datée du 19 juin.

    La stratégie de communication a en partie payé. En un mois à peine, Railcoop a réussi à rassembler près de 250 000 euros, déjouant ainsi tous les pronostics. Mais sa situation financière, qui reste extrêmement précaire, interroge : comment une entreprise qui a réussi à lever près de 8 millions d’euros en quelques années et suscité tant d’enthousiasme à ses débuts se retrouve-t-elle aujourd’hui proche de la cessation de paiements ?

    https://justpaste.it/bl438

    #ESS #Railcoop #transport_ferroviaire #ouverture_à_la_concurrence #SNCF #SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif)

  • Marx et les coopérative de production : une question de valeur, par Hervé Defalvard (Revue internationale de l’économie sociale, numéro 330, octobre 2013, p. 43–56)

    https://www.erudit.org/fr/revues/recma/2013-n330-recma0901/1019456ar

    https://www.erudit.org/fr/revues/recma/2013-n330-recma0901/1019456ar.pdf

    Résumé

    Les positions de #Marx sur les #coopératives_de_production sont bien renseignées. Selon l’économiste, bien qu’elles dépassent la division en deux classes de l’organisation capitaliste, elles ne supplantent pas le capitalisme en tant que forme politique. Sur la base des études disponibles, le présent article rappelle dans une première partie les positions de Marx sur les plans doctrinal et pragmatique. La deuxième partie aborde la #théorie_de_la_valeur, afin de traiter la question du projet politique des #coopératives : béquille du capitalisme ou dépassement de ce dernier. Si Marx traite cette question en évoquant une réunion d’hommes libres avec un plan concerté, la théorie de l’équilibre général avec des firmes autogérées est ici mobilisée. C’est en effet au niveau de l’ensemble de l’économie, de l’#économie comme société, que les rouages de la valeur font la différence, en tombant soit du côté « du marché du travail », soit de celui d’une valeur qui répond à des normes éthiques. En conclusion, quelques enseignements de Marx aident à éclairer la question actuelle de l’#économie_sociale_et_solidaire comme projet politique.

    #mouvement_coopératif #marxisme #communisme_révolutionnaire

    • Très intéressant bien qu’il ne soit pas nécessairement utile d’avoir recours à des formules savantes pour élaborer l’hypothèse que « l’autogestion » en système capitaliste ne se résume en fait à pas grand chose d’autre qu’à de l’auto l’exploitation. :-)

      Pour ma part, 13 années d’expérience concrète et intensive en SCOP me l’auront devinitivement confirmé.

  • Il y a un an (2 mars 2022) : La politique criminelle de Poutine, chef de la bureaucratie russe, face à la pression de l’impérialisme https://journal.lutte-ouvriere.org/2022/03/02/la-politique-criminelle-de-poutine-chef-de-la-bureaucratie-r (#archiveLO)

    Le ministre français des Affaires étrangères, Le Drian, a qualifié Poutine de « semeur de guerres », l’Élysée a parlé de sa « paranoïa » tandis que Biden évoquait son « désir d’empire ». Mais la réalité est que la Russie a vu sa zone d’influence disputée et de plus en plus réduite depuis les années 1990.

    L’impérialisme, surtout l’#impérialisme_américain, le plus puissant, exerce une pression économique et militaire aux marges de la Russie qui crée des rivalités et a déjà provoqué plusieurs guerres. Et si le conflit actuel en Ukraine pourrait être plus grave, il n’en relève pas moins de la même logique.

    Après la dissolution de l’#URSS par ses propres dirigeants en 1991, les républiques ex-soviétiques ont connu une décennie chaotique. Les cercles dirigeants étaient issus de la bureaucratie qui avait usurpé le pouvoir du temps de #Staline, une couche sociale parasitaire de plusieurs millions de membres présents à tous les niveaux de l’appareil d’État. Ils se sont jetés sur tout ce qui dans l’économie pouvait rapporter gros et rapidement. Ils se sont approprié les entreprises les plus rentables et les banques, par des méthodes autoritaires et mafieuses...

    Fortune pour quelques #oligarques, déception pour beaucoup d’autres

    La population des États issus de cette décomposition de l’URSS voyait son niveau de vie s’effondrer à une vitesse vertigineuse. Mais l’enrichissement de quelques hommes à la tête des nouveaux pouvoirs indépendants, ceux qu’on allait appeler les oligarques, a été tout aussi spectaculaire. Cette décennie qui avait des allures de Far-West version orientale se traduisit aussi par la chute des États ex-soviétiques au rang de pays pauvres pour certains, tel le Tadjikistan, et de pays plus ou moins développés mais en voie de régression pour les autres. Au sommet des appareils d’État, les hommes et clans de la bureaucratie les mieux placés pour exploiter la situation à leur profit s’en tiraient brillamment. En revanche les moins chanceux, et surtout la grande masse des bureaucrates petits et moyens qui avaient bénéficié d’une position dominante dans la société soviétique, se retrouvaient déclassés et humiliés.

    C’est dans ce contexte que Poutine arriva au pouvoir en janvier 2000, désigné par son prédécesseur, Eltsine. Ancien officier supérieur du KGB, il s’employa à mettre un coup d’arrêt à cette évolution en rétablissant ce qu’il appela la « verticale du pouvoir ». Pour stopper les volontés indépendantistes qui menaçaient désormais la Fédération de Russie elle-même, il déclencha une deuxième guerre de Tchétchénie, rasa sa capitale Grozny et mit au pas les autorités locales. Il installa dans les régions des gouverneurs à sa botte. Quant aux oligarques, il leur fit comprendre qu’ils devraient eux aussi se soumettre au pouvoir, partager leur mainmise sur certains secteurs stratégiques comme l’énergie, réinvestir en Russie une partie de leur fortune, qu’ils faisaient fuir à l’étranger. Les oligarques qui crurent pouvoir s’y opposer le payèrent, certains de leur vie, d’autres d’années de prison et de la confiscation de leurs trusts. Beaucoup émigrèrent définitivement et les autres firent allégeance pour continuer leurs affaires.

    Si Poutine a ainsi pu rétablir un État fort, c’est fondamentalement parce que le régime autoritaire qu’il incarne depuis déjà vingt-deux ans répond aux intérêts collectifs de sa base sociale, cette bureaucratie qui avait failli tout perdre avec la disparition de l’ancien État. Poutine sut asseoir son pouvoir en permettant aux clans au sommet de l’État de continuer à faire des profits par milliards pour peu qu’ils acceptent son autorité. Mais il le fit aussi en rendant à la bureaucratie dans son ensemble, du haut en bas de la chaîne hiérarchique, la possibilité de vivre de ses prébendes.

    Cette politique était possible du fait de l’héritage de l’#économie_soviétique, des immenses richesses de la Russie. Ses matières premières, le gaz, le pétrole ont vu leur cours exploser dans les années 2000. Les liens subsistaient aussi avec les autres républiques ex-soviétiques qui dataient de l’époque antérieure, celle de l’économie planifiée à l’échelle de l’URSS.

    Retour de l’Etat fort

    Dès les années 1990, l’impérialisme a commencé à avancer ses pions dans tout l’espace ex-soviétique. Le #capitalisme était bien incapable d’assimiler l’économie construite à l’époque soviétique. Mais il était prêt à exploiter ce qui pouvait lui être profitable, c’est-à-dire des marchés où exporter ses capitaux, des matières premières, de la main-d’œuvre qualifiée à moindre coût. Une rivalité s’instaura aussitôt entre la Russie de Poutine, qui cherchait à reconstituer des partenariats avec les ex-­républiques soviétiques en préservant les liens économiques historiques indispensables, et l’impérialisme qui s’efforçait de les attirer aux dépens de la Russie. Symbole de cette politique expansionniste, l’#OTAN, au lieu de se dissoudre comme certains dirigeants américains l’avaient promis à Gorbatchev en 1990, a entouré la #Russie de bases militaires, dans les pays Baltes, en Roumanie, en Pologne.

    La question des relations avec l’#Ukraine, qui a débouché sur la crise de 2014 et en fin de compte sur la guerre actuelle, après d’autres conflits en Géorgie, en Moldavie, en Arménie, illustre cette rivalité. En 2014, l’Union européenne a en effet proposé un accord d’association à l’Ukraine, avec une zone de libre-échange, des mesures de coopération en matière énergétique, nucléaire, etc., à condition que l’Ukraine refuse le partenariat proposé au même moment par la Russie.

    En fait, les États impérialistes, à commencer par les États-Unis, ont évidemment vu la fin de l’URSS d’un œil favorable. Les dirigeants russes qui étaient, de l’aveu de Poutine, tout prêts à coopérer ont dû se rendre compte que l’impérialisme voulait une Russie à genoux, soumise à son bon vouloir et réduite à la portion congrue.

    La #bureaucratie et son chef ne peuvent l’accepter. De plus, avec la crise de l’économie capitaliste, la pression impérialiste s’accroît partout dans le monde, et l’Est de l’Europe ne fait pas exception.

    #Poutine, représentant de l’oligarchie et de toute la bureaucratie russe, est évidemment un ennemi des travailleurs, tout autant que les dirigeants impérialistes. Il est l’ennemi de ceux de son pays comme de ceux de l’Ukraine où il mène la guerre aujourd’hui. Pour autant, la situation actuelle n’est pas due à sa personalité, mais à la guerre économique qui règne sur la planète et qui ne peut manquer, tant que le capitalisme règnera, de se transformer à un moment ou à un autre en guerre tout court.

    #guerre_en_ukraine #impérialisme #oligarchie

  • Antidote au livret A, la startup française Bricks monte en flèche
    https://www.presse-citron.net/antidote-au-livret-a-la-startup-francaise-bricks-monte-en-fleche

    La startup Bricks, fondée l’an dernier à Montpellier, répond à ce besoin. Ainsi, il s’agit d’une plateforme ou l’on peut acheter des « bricks » sur lesquelles on peut ensuite espérer une rémunération. Sur son site, la pépite tricolore promet une rentabilité moyenne de 10,06 % qui a de quoi laisser rêveur.

    Toi aussi, remplace ton livret A par un placement dans une startup.

  • L’extractivisme en récits
    https://laviedesidees.fr/L-extractivisme-en-recits.html

    À propos de : Anna Lowenhaupt Tsing, Friction : délires et faux-semblants de la globalité, La Découverte,. Pourquoi le #capitalisme est-il si chaotique ? demande Anna Tsing depuis les montagnes de Bornéo saccagées par l’exploitation. Aborder les connexions globales et les idéaux universalistes comme de puissantes mises en récit permet de comprendre et de résister.

    #International #nature #écologie
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20210714_friction.docx
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20210714_friction.pdf

  • En #Afrique, le retour des présidents à vie, par Tierno Monénembo (Le Monde diplomatique, décembre 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/12/MONENEMBO/54360

    Le Bénin carbure à la contrebande, par Sabine Cessou (Le Monde diplomatique, janvier 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/01/CESSOU/54506
    #Bénin #Togo #Nigéria #Pétrole #Energies
    #Afrique #Relations_Internationales

    Croissance sans réconciliation en Côte d’Ivoire, par Vladimir Cagnolari (Le Monde diplomatique, octobre 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/10/CAGNOLARI/53965

    Le Tchad, puissance de circonstance, par Delphine Lecoutre (Le Monde diplomatique, juin 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/06/LECOUTRE/55774

    Au Burundi, les racines de la colère, par Pierre Benetti (Le Monde diplomatique, juin 2015)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2015/06/BENETTI/53067

    L’Afrique du Sud lassée de ses libérateurs, par Sabine Cessou (Le Monde diplomatique, juin 2017)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2017/06/CESSOU/57568

    Métamorphoses de la dette africaine, par Sanou Mbaye (Le Monde diplomatique, mai 2015)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2015/05/MBAYE/52950
    #Dette #Dette_publique

    L’Afrique francophone piégée par sa monnaie unique, par Sanou Mbaye (Le Monde diplomatique, novembre 2014)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2014/11/MBAYE/50931

    #DataGueule S5E7 - Le Franc CFA : une monnaie de plomb IRL
    http://irl.nouvelles-ecritures.francetv.fr/datagueule-S5E7-1.html

    Une croissance économique inégale en Afrique de l’Ouest, par Cécile Marin (Le Monde diplomatique, novembre 2014)
    http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/afrique-francophone


    #Monnaie

    Choc pétrolier : les finances des producteurs africains dans le rouge. Par Martin Mateso
    http://geopolis.francetvinfo.fr/choc-petrolier-les-finances-des-producteurs-africains-dans-le-

    L’Angola au secours du Portugal, par Augusta Conchiglia (Le Monde diplomatique, mai 2012)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2012/05/CONCHIGLIA/47660
    #Cemac #Tchad #Angola #Portugal

    Cocktail meurtrier en Afrique centrale, par Gérard Prunier (Le Monde diplomatique, février 2016)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/02/PRUNIER/54746

    La Corne de l’Afrique dans l’orbite de la guerre au Yémen, par Gérard Prunier (Le Monde diplomatique, septembre 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/09/PRUNIER/56229
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/09/PRUNIER/56230

    Transition à haut risque en République démocratique du Congo, par Sabine Cessou (Le Monde diplomatique, décembre 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/12/CESSOU/56889

    "pour de nombreux observateurs congolais, la « communauté internationale » pratique une diplomatie à géométrie variable. « Du point de vue de Joseph Kabila, ces pressions relèvent d’une profonde injustice, dans la mesure où la plupart de ses voisins s’éternisent au pouvoir dans une relative impunité », relève une source diplomatique africaine (5).

    Le secrétaire d’État américain John Kerry a maintes fois mis en garde Kinshasa. Pour Washington, il s’agit de préserver des intérêts stratégiques et de ne pas se couper des jeunes Africains, à la fois nombreux (327 millions de 15-24 ans, 32 % de la population totale) et impatients. En août 2014, en marge du premier sommet États-Unis - Afrique à Washington, le chef de la diplomatie américaine a reçu M. Kabila et trois autres présidents en tête-à-tête pour évoquer la nécessité de respecter la limitation du nombre de mandats. Trois mois plus tard, le Burkinabé Blaise Compaoré était chassé du pouvoir par la rue après vingt-sept ans de présidence. En revanche, le Burundais Pierre Nkurunziza s’est fait réélire en juillet 2015 pour un troisième mandat, sans même changer la Constitution, en recourant à une répression massive. De son côté, M. Denis Sassou-Nguesso, au Congo-Brazzaville, a organisé en octobre 2015 un référendum constitutionnel, suivi en mars dernier de sa réélection, avec un score officiel de 60 % des voix. Contesté par l’opposition, le scrutin a été suivi d’une vague de répression."

    Omniprésence des intérêts étrangers en RDC, par Sabine Cessou (Le Monde diplomatique, décembre 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/12/CESSOU/56890

    « Depuis 2003, plusieurs rapports du groupe d’experts des Nations unies sur les causes économiques du conflit dans l’est de la RDC (2) ont mis en lumière le lien entre les milices armées et l’exploitation, pour le compte de sociétés étrangères, de minerais stratégiques indispensables à la fabrication de certains appareils électroniques comme les téléphones portables. »

    Trafics d’influence en Afrique, par Anne-Cécile Robert (Le Monde diplomatique, janvier 2017)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2017/01/ROBERT/56968
    #Asie #Golfe #Mondialisation #Organisations_internationales #Multinationales

    "Le changement majeur pour l’Afrique contemporaine réside dans une diversification inédite de ses partenaires"

    "Multinationales et puissances étrangères, traditionnellement attirées par les matières premières, sont désormais séduites par la multiplication d’alléchants programmes d’investissement"

    "Grâce aux cours élevé des minerais et des produits de base au début du millénaire, l’Afrique a en effet bénéficié d’une manne suffisante pour entamer son désendettement et lancer de spectaculaires projets financés sur les marchés mondiaux"

    " les pays arabes souhaitent diversifier leurs économies, trop dépendantes du pétrole et du gaz [...]. Dans les années 2000, les États du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, ont pris part au mouvement d’accaparement des terres dans le but d’assurer leur sécurité alimentaire ou de s’inscrire dans la production d’agrocarburants "

    "si cette nouvelle géoéconomie confère des marges de manœuvre aux capitales africaines, leur fournissant des partenaires et des financements, elle demeure le fruit d’une insertion passive dans le concert mondial."

    "Pékin se voit désormais contraint de déroger à sa règle de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays hôtes. Cette réserve, qui contrastait avec le paternalisme des anciens colonisateurs, était plutôt bien perçue. Mais, comme toutes les puissances, la Chine doit protéger ses intérêts et ses expatriés."

    "En 2013, l’opération « Serval », au Mali, a conforté Paris dans son rôle de gendarme du continent. L’ancienne puissance coloniale n’oublie pas les intérêts de groupes tels que celui de M. Vincent Bolloré, souvent sollicité pour assurer la logistique de ses opérations."

    "Les organisations régionales [...] créent des zones de libre-échange sur les bons conseils des institutions financières internationales, mais se révèlent incapables de définir des politiques concertées de développement et une vision des intérêts continentaux. "

    "l’acheminement d’un conteneur du Kenya au Burundi coûte toujours plus cher que de la Belgique ou du Royaume-Uni vers Nairobi "

    Le #Maghreb entre autoritarisme et espérance démocratique, par Hicham Alaoui (Le Monde diplomatique, novembre 2016)
    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/11/ALAOUI/56776

    Les entreprises françaises défiées dans leur pré carré, par Olivier Piot (Le Monde diplomatique, avril 2017)
    https://www.monde-diplomatique.fr/2017/04/PIOT/57344
    #Economie_Statistiques #Statistiques #Traités_commerciaux_APE #Multinationales

    "Dans son dernier livre (13), Alain Deneault dissèque les mécanismes de « perversion du droit » utilisés par un fleuron français. Ses armes, selon ce professeur de sciences politiques à l’université de Montréal ? « La fixation des cours du pétrole et le partage des marchés ; la collaboration avec des régimes politiques officiellement racistes ; la corruption de dictateurs et de représentants politiques ; la conquête de territoires à la faveur d’interventions militaires ; la délocalisation d’actifs dans des paradis fiscaux ; la pollution de vastes territoires au point de menacer la santé publique... »"

    Dictature oubliée en #Guinée-Équatoriale. par Jean-Christophe Servant
    https://www.monde-diplomatique.fr/2021/11/SERVANT/64011

  • #Banco_Palmas

    In 1998, residents from the impoverished Palmeira neighborhood of Fortaleza, Brazil, decided to take their economic future into their own hands. The strategy they took would soon spread to other communities around Brazil: creating a community development bank, governed and managed by local residents, for local needs. Banco Palmas’ founding mission was to help revitalize the local economy, create badly needed jobs, and increase the collective self-reliance of the Palmeira district. The bank’s activities are guided by the principles of solidarity economics.

    One of Banco Palmas’ key innovations has been to issue a neighborhood-scale alternative currency called the “Palma”. Like other local currencies, the Palma was designed to support local commerce by restricting its circulation to the Palmeira neighborhood, preventing money from leaking out of the community.

    The result has been impressive. To date, hundreds of local businesses have signed up to accept Palmas, while the currency has helped strengthen or create thousands of local livelihoods. Moreover, the neighborhood’s spending patterns have seen a dramatic shift since the bank’s founding and the release of the currency. According to one estimate, “In 1997, 80% of [Palmeira] inhabitants’ purchases were made outside the community; by 2011, 93% were made in the district” (from People Money, The Promise of Regional Currencies).

    Another key purpose of Banco Palmas has been to extend basic financial services and access to credit to people excluded from – or exploited by – the conventional banking system. The bank provides micro-credit loans for local production and consumption in either Palmas or the national currency (the Brazilian real). Importantly, loans issued in Palmas are interest free, while others are offered at very low interest rates, providing a much-needed alternative to the kind of predatory lenders that exploit people and businesses in other money-poor communities around the world.

    What’s more, rather than awarding loans based on credit history, proof of income, or collateral – something many people in Palmeira lack – many are issued using a neighbor guarantee system. Banco Palma has been so successful that it has inspired the creation of over 60 similar initiatives throughout Brazil, and spurred the development of the Brazilian Network of Community Banks.

    https://www.localfutures.org/programs/global-to-local/planet-local/local-business-finance/banco-palmas
    #économie #banque #finance #alternative #Brésil #Palmeira #Fortaleza #community_development_bank #économie_locale #travail #emploi #économie_solidaire #monnaie_locale #monnaie_alternative #Palma #crédit #micro-crédit #TRUST #Master_TRUST #banque_communautaire

  • À #Pont-Audemer, les projets locaux se dessinent entre chercheurs, décideurs et citoyens

    Lancer des projets de développement local durable, tels que l’implantation de parcs éoliens ou la restriction de la circulation des voitures à Paris, implique chaque fois de consulter un grand nombre d’acteurs, et en premier lieu, les personnes qui vivent et travaillent sur le territoire concerné.

    Même s’il est évident que la participation de tous est essentielle au bon déroulement du pilotage, de la concrétisation et du développement des projets, la prise en compte des citoyens est particulièrement difficile. Elle exige d’entendre et d’inclure les différents points de vue, et de les concilier tant sur le plan des objectifs et résultats à atteindre que sur les méthodes à mettre en œuvre.

    La convention citoyenne pour le climat nous a récemment donné un exemple criant de la difficulté à dépasser les bonnes intentions et à intégrer les avis et souhaits d’une population. Une difficulté qui peut produire à terme des effets inverses à ceux recherchés si elle n’est pas surmontée.

    Du côté des élus et représentants de l’État, le risque est en effet de tomber dans une vision politique un peu figée des enjeux de développement local. Quant aux chercheurs et scientifiques sollicités pour diagnostiquer et conseiller, le principal écueil est d’être trop abstrait et trop éloigné des attentes et des besoins locaux. Comment repenser alors leur place dans ces processus de décisions ?

    Pour répondre à cet enjeu, il existe une démarche de terrain, inclusive, réflexive et participative appelée la recherche-action. Elle part du postulat que les problèmes environnementaux, sociaux et économiques sont vécus par les acteurs locaux, sur le terrain. Pour les comprendre et mieux les résoudre, agents de l’État, élus, chercheurs et citoyens ont par conséquent intérêt à se regrouper pour réfléchir et produire des savoirs permettant d’agir collectivement en toute connaissance. Cela implique de créer des méthodes de participation où tous sont impliqués de façon équitable.

    C’est dans cette voie que se sont engagés plusieurs acteurs de Pont-Audemer, dans l’Eure, une commune déjà impliquée dans des processus de transition écologique et solidaire et souhaitant aller encore plus loin dans le développement local durable.
    L’expérience de Pont-Audemer

    Entre septembre 2019 et juin 2020, une démarche de recherche-action a été menée collectivement pour nourrir les projets de cette commune. L’université de Caen Normandie a proposé à la ville de Pont-Audemer d’être l’objet d’un module de formation par l’action, le principe étant que les étudiants apprennent en agissant. Cette commune, située au cœur de la Normandie, est assez petite pour être appréhendée en peu de temps. Elle a mené et fait l’objet de nombreux diagnostics préalables à l’action et avait déjà mis en œuvre des opérations entrant dans le cadre de la transition écologique et solidaire.

    Le projet a mis en relation plusieurs catégories d’acteurs : des habitants, des associations, des enseignants-chercheurs, des fonctionnaires étudiants en formation continue, des fonctionnaires territoriaux, le maire, des responsables d’équipements publics comme une médiathèque ou un théâtre, des entreprises et des professionnels de divers secteurs comme des chefs de rayons dans la grande distribution ou des agriculteurs.

    Le travail en commun a fait émerger des axes de travail à privilégier dans le champ de la culture, des circuits courts, des tiers lieux, des modes doux de déplacement et de la mise en valeur du patrimoine naturel, avec en toile de fond l’économie sociale et solidaire.

    Les méthodes de participation et d’implication ont été multiples et diverses : l’observation participante – qui consiste à observer en essayant de se mettre à la place des autres – l’enquête par questionnaire, l’atelier, la réalisation d’entretiens, de réunions régulières… Autant de techniques qui favorisent l’immersion et l’interaction. L’analyse des territoires et des projets potentiels – valorisation des productions agricoles locales, réhabilitation des anciens lieux industriels, préservation des lieux naturels remarquables, implication des populations dans les projets – se fait alors au plus proche des acteurs et des agents, elle vient compléter les approches et raisonnements théoriques.

    Les fonctionnaires étudiants accompagnés par les enseignants-chercheurs accèdent en allant sur le terrain à des connaissances par le vécu. Les échanges avec les acteurs de la vie locale permettent de rendre poreuse la frontière entre les théories et les pratiques.

    Les acteurs expriment la vision du monde (théorie) qui sous-tend leurs choix et actes : entre autres, l’idée d’un développement endogène s’appuyant sur les forces déjà présentes sur le territoire a rassemblé beaucoup de protagonistes. La prise en compte de la pauvreté dans le raisonnement économique, qui d’un point de vue théorique n’est pas si courante, est aussi une préoccupation de bon nombre d’acteurs, dont l’épicerie sociale. Les étudiants et chercheurs remettent quant à eux en question leurs savoirs en les confrontant à la réalité de terrain (pratiques). Les acteurs deviennent chercheurs, les chercheurs deviennent acteurs.

    Concrètement, le travail réalisé sur la capacité de la Risle, la rivière qui traverse Pont-Audemer, à fédérer les habitants, illustre bien l’efficacité de la démarche. Le travail collectif de terrain a permis de rassembler les différents participants autour de l’organisation d’un atelier participatif pour inviter la population à s’exprimer sur le rôle de la Risle dans l’identité de la ville ou sur des idées d’aménagements.
    Partager les réalités du terrain

    Cette recherche-action a toutefois révélé une difficulté pour certains acteurs à changer de posture. Les agents de l’État mis en situation d’étudiants dans le cadre d’un Diplôme universitaire ont dû s’affranchir d’une démarche descendante habituelle.

    Parallèlement, certains acteurs locaux n’attendant plus de solutions qui seraient venues « d’en haut » avaient du mal à intégrer la démarche, en particulier tous ceux qui se sentent délaissés par les politiques publiques et victimes du désengagement de l’État. La prise en compte de la conjoncture a par ailleurs perturbé le calendrier de la recherche-action et les possibilités d’interaction entre les personnes impliqués (élections municipales, Covid).

    Plus généralement, la démarche a mis en évidence des « visions dépolitisées » de la cité, quand par exemple un projet de diffusion de l’usage du vélo vient résoudre un problème ponctuel, conjoncturel, de stationnement et d’embouteillage sans réellement s’insérer dans une pensée plus globale de long terme. Il conviendrait d’envisager plus largement la question de la mobilité en lien avec l’articulation vie professionnelle et vie privée, travail et loisir, travail en présentiel et télétravail, horaires normaux et décalés… En fait, la démarche a parfois révélé un manque de conceptions partagées du monde, qui aident pourtant à l’action collective.

    Mais l’expérience a aussi mis en lumière l’intérêt d’échanger et de collaborer dans la durée. Elle a créé des relations de confiance en encourageant la circulation et le partage de l’information, et la liberté pour tous de prendre des initiatives.

    Les acteurs se sont pris au jeu de la recherche participative, et les chercheurs ont intégré les opportunités et freins rencontrés par les praticiens, devenant ainsi facilitateurs et animateurs. Les différentes approches disciplinaires des chercheurs se complètent par ailleurs pour produire des analyses systémiques et interdisciplinaires entre économie sociale et solidaire et géographie sociale. Cela a permis, si ce n’est de co-construire une vision du monde commune, au moins de partager de manière constructive les réalités vécues sur le terrain.

    https://theconversation.com/a-pont-audemer-les-projets-locaux-se-dessinent-entre-chercheurs-dec
    #développement_local #participation #recherche-action #RAP #recherche-action_participative #transition #transitions #ESS #économie_sociale_et_solidaire #pédagogie #théorie #pratique #développement_endogène #pauvreté #épicerie_sociale #Risle #atelier_participatif #mobilité #action_collective #confiance #circulation_des_savoirs

  • Le néo-populisme est un néo- libéralisme

    Comment être libéral et vouloir fermer les frontières ? L’histoire du néolibéralisme aide à comprendre pourquoi, en Autriche et en Allemagne, extrême droite et droite extrême justifient un tel grand écart : oui à la libre-circulation des biens et des richesses, non à l’accueil des migrants.

    https://aoc.media/analyse/2018/07/03/neo-populisme-neo-liberalisme

    –-> je re-signale ici un article publié dans AOC media qui date de 2018, sur lequel je suis tombée récemment, mais qui est malheureusement sous paywall

    #populisme #libéralisme #néo-libéralisme #néolibéralisme #fermeture_des_frontières #frontières #histoire #extrême_droite #libre-circulation #migrations #Allemagne #Autriche

    ping @karine4 @isskein

    • #Globalists. The End of Empire and the Birth of Neoliberalism

      Neoliberals hate the state. Or do they? In the first intellectual history of neoliberal globalism, #Quinn_Slobodian follows a group of thinkers from the ashes of the Habsburg Empire to the creation of the World Trade Organization to show that neoliberalism emerged less to shrink government and abolish regulations than to redeploy them at a global level.

      Slobodian begins in Austria in the 1920s. Empires were dissolving and nationalism, socialism, and democratic self-determination threatened the stability of the global capitalist system. In response, Austrian intellectuals called for a new way of organizing the world. But they and their successors in academia and government, from such famous economists as Friedrich Hayek and Ludwig von Mises to influential but lesser-known figures such as Wilhelm Röpke and Michael Heilperin, did not propose a regime of laissez-faire. Rather they used states and global institutions—the League of Nations, the European Court of Justice, the World Trade Organization, and international investment law—to insulate the markets against sovereign states, political change, and turbulent democratic demands for greater equality and social justice.

      Far from discarding the regulatory state, neoliberals wanted to harness it to their grand project of protecting capitalism on a global scale. It was a project, Slobodian shows, that changed the world, but that was also undermined time and again by the inequality, relentless change, and social injustice that accompanied it.

      https://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674979529

      #livre #empire #WTO #capitalisme #Friedrich_Hayek #Ludwig_von_Mises #Wilhelm_Röpke #Michael_Heilperin #Etat #Etat-nation #marché #inégalités #injustice #OMC

    • Quinn Slobodian : « Le néolibéralisme est travaillé par un conflit interne »

      Pour penser les hybridations contemporaines entre néolibéralisme, #autoritarisme et #nationalisme, le travail d’historien de Quinn Slobodian, encore peu connu en France, est incontournable. L’auteur de Globalists nous a accordé un #entretien.

      L’élection de Trump, celle de Bolsonaro, le Brexit… les élites des partis de #droite participant au #consensus_néolibéral semblent avoir perdu le contrôle face aux pulsions nationalistes, protectionnistes et autoritaires qui s’expriment dans leur propre camp ou chez leurs concurrents les plus proches.

      Pour autant, ces pulsions sont-elles si étrangères à la #doctrine_néolibérale ? N’assisterait-on pas à une mutation illibérale voire nativiste de la #globalisation_néolibérale, qui laisserait intactes ses infrastructures et sa philosophie économiques ?

      Le travail de Quinn Slobodian, qui a accordé un entretien à Mediapart (lire ci-dessous), apporte un éclairage précieux à ces questions. Délaissant volontairement la branche anglo-américaine à laquelle la pensée néolibérale a souvent été réduite, cet historien a reconstitué les parcours de promoteurs du néolibéralisme ayant accompli, au moins en partie, leur carrière à #Genève, en Suisse (d’où leur regroupement sous le nom d’#école_de_Genève).

      Dans son livre, Globalists (Harvard University Press, 2018, non traduit en français), ce professeur associé au Wellesley College (près de Boston) décrit l’influence croissante d’un projet intellectuel né « sur les cendres de l’empire des Habsbourg » à la fin de la Première Guerre mondiale, et qui connut son apogée à la création de l’#Organisation_mondiale_du_commerce (#OMC) en 1995.

      À la suite d’autres auteurs, Slobodian insiste sur le fait que ce projet n’a jamais été réductible à un « #fondamentalisme_du_marché », opposé par principe à la #puissance_publique et au #droit. Selon lui, l’école de Genève visait plutôt un « #enrobage » ( encasement ) du #marché pour en protéger les mécanismes. L’objectif n’était pas d’aboutir à un monde sans #frontières et sans lois, mais de fabriquer un #ordre_international capable de « sauvegarder le #capital », y compris contre les demandes des masses populaires.

      Dans cette logique, la division du monde en unités étatiques a le mérite d’ouvrir des « voies de sortie » et des possibilités de mise en #concurrence aux acteurs marchands, qui ne risquent pas d’être victimes d’un Léviathan à l’échelle mondiale. Cela doit rester possible grâce à la production de #règles et d’#institutions, qui protègent les décisions de ces acteurs et soustraient l’#activité_économique à la versatilité des choix souverains.

      On l’aura compris, c’est surtout la #liberté de l’investisseur qui compte, plus que celle du travailleur ou du citoyen – Slobodian cite un auteur se faisant fort de démontrer que « le #libre_commerce bénéficie à tous, même sans liberté de migration et si les peuples restent fermement enracinés dans leurs pays ». Si la compétition politique peut se focaliser sur les enjeux culturels, les grandes orientations économiques doivent lui échapper.

      L’historien identifie dans son livre « trois #ruptures » qui ont entretenu, chez les néolibéraux qu’il a étudiés, la hantise de voir s’effondrer les conditions d’un tel ordre de marché. La guerre de 14-18 a d’abord interrompu le développement de la « première mondialisation », aboutissant au morcellement des empires de la Mitteleuropa et à l’explosion de revendications démocratiques et sociales.

      La #Grande_Dépression des années 1930 et l’avènement des fascismes ont constitué un #traumatisme supplémentaire, les incitant à rechercher ailleurs que dans la science économique les solutions pour « sanctuariser » la mobilité du capital. Les prétentions au #protectionnisme de certains pays du « Sud » les ont enfin poussés à s’engager pour des accords globaux de #libre_commerce.

      L’intérêt supplémentaire de Globalists est de nous faire découvrir les controverses internes qui ont animé cet espace intellectuel, au-delà de ses objectifs communs. Une minorité des néolibéraux étudiés s’est ainsi montrée sinon favorable à l’#apartheid en #Afrique_du_Sud, du moins partisane de droits politiques limités pour la population noire, soupçonnée d’une revanche potentiellement dommageable pour les #libertés_économiques.

      Le groupe s’est également scindé à propos de l’#intégration_européenne, entre ceux qui se méfiaient d’une entité politique risquant de fragmenter le marché mondial, et d’autres, qui y voyaient l’occasion de déployer une « Constitution économique », pionnière d’un « modèle de gouvernance supranationale […] capable de résister à la contamination par les revendications démocratiques » (selon les termes du juriste #Mestmäcker).

      On le voit, la recherche de Slobodian permet de mettre en perspective historique les tensions observables aujourd’hui parmi les acteurs du néolibéralisme. C’est pourquoi nous avons souhaité l’interroger sur sa vision des évolutions contemporaines de l’ordre politique et économique mondial.

      Dans votre livre, vous montrez que les néolibéraux donnent beaucoup d’importance aux #règles et peuvent s’accommoder des #frontières_nationales, là où cette pensée est souvent présentée comme l’ennemie de l’État. Pourriez-vous éclaircir ce point ?

      Quinn Slobodian : Quand on parle d’ouverture et de fermeture des frontières, il faut toujours distinguer entre les biens, l’argent ou les personnes. Mon livre porte surtout sur le #libre_commerce, et comment des #lois_supranationales l’ont encouragé. Mais si l’on parle des personnes, il se trouve que dans les années 1910-1920, des néolibéraux comme #von_Mises étaient pour le droit absolu de circuler.

      Après les deux guerres mondiales, cette conception ne leur est plus apparue réaliste, pour des raisons de #sécurité_nationale. #Hayek a par exemple soutenu l’agenda restrictif en la matière de #Margaret_Thatcher.

      Même si l’on met la question de l’immigration de côté, je persiste à souligner que les néolibéraux n’ont rien contre les frontières, car celles-ci exercent une pression nécessaire à la #compétitivité. C’est pourquoi l’existence simultanée d’une économie intégrée et de multiples communautés politiques n’est pas une contradiction pour eux. De plus, une « #gouvernance_multiniveaux » peut aider les dirigeants nationaux à résister aux pressions populaires. Ils peuvent se défausser sur les échelons de gouvernement qui leur lient les mains, plus facilement que si on avait un véritable #gouvernement_mondial, avec un face-à-face entre gouvernants et gouvernés.

      Cela pose la question du rapport entre néolibéralisme et #démocratie

      Les néolibéraux voient la démocratie de manière très fonctionnelle, comme un régime qui produit plutôt de la #stabilité. C’est vrai qu’ils ne l’envisagent qu’avec des contraintes constitutionnelles, lesquelles n’ont pas à être débordées par la volonté populaire. D’une certaine façon, la discipline que Wolfgang Schaüble, ex-ministre des finances allemand, a voulu imposer à la Grèce résulte de ce type de pensée. Mais c’est quelque chose d’assez commun chez l’ensemble des libéraux que de vouloir poser des bornes à la #démocratie_électorale, donc je ne voudrais pas faire de mauvais procès.

      Les élections européennes ont lieu le 26 mai prochain. Pensez-vous que l’UE a réalisé les rêves des « globalists » que vous avez étudiés ?

      C’est vrai que la #Cour_de_justice joue le rôle de gardienne des libertés économiques au centre de cette construction. Pour autant, les règles ne se sont pas révélées si rigides que cela, l’Allemagne elle-même ayant dépassé les niveaux de déficit dont il était fait si grand cas. Plusieurs craintes ont agité les néolibéraux : celle de voir se développer une #Europe_sociale au détriment de l’#intégration_négative (par le marché), ou celle de voir la #monnaie_unique empêcher la #concurrence entre #monnaies, sans compter le risque qu’elle tombe aux mains de gens trop peu attachés à la stabilité des prix, comme vous, les Français (rires).

      Plus profondément, les néolibéraux sceptiques se disaient qu’avec des institutions rendues plus visibles, vous créez des cibles pour la #contestation_populaire, alors qu’il vaut mieux des institutions lointaines et discrètes, produisant des règles qui semblent naturelles.

      Cette opposition à l’UE, de la part de certains néolibéraux, trouve-t-elle un héritage parmi les partisans du #Brexit ?

      Tout à fait. On retrouve par exemple leur crainte de dérive étatique dans le #discours_de_Bruges de Margaret Thatcher, en 1988. Celle-ci souhaitait compléter le #marché_unique et travailler à une plus vaste zone de #libre-échange, mais refusait la #monnaie_unique et les « forces du #fédéralisme et de la #bureaucratie ».

      Derrière ce discours mais aussi les propos de #Nigel_Farage [ex-dirigeant du parti de droite radicale Ukip, pro-Brexit – ndlr], il y a encore l’idée que l’horizon de la Grande-Bretagne reste avant tout le #marché_mondial. Sans préjuger des motivations qui ont mené les citoyens à voter pour le Brexit, il est clair que l’essentiel des forces intellectuelles derrière cette option partageaient des convictions néolibérales.

      « L’hystérie sur les populistes dramatise une situation beaucoup plus triviale »

      De nombreux responsables de droite sont apparus ces dernières années, qui sont à la fois (très) néolibéraux et (très) nationalistes, que l’on pense à Trump ou aux dirigeants de l’#Alternative_für_Deutschland (#AfD) en Allemagne. Sont-ils une branche du néolibéralisme ?

      L’AfD est née avec une plateforme ordo-libérale, attachée à la #stabilité_budgétaire en interne et refusant toute solidarité avec les pays méridionaux de l’UE. Elle joue sur l’#imaginaire de « l’#économie_sociale_de_marché », vantée par le chancelier #Erhard dans les années 1950, dans un contexte où l’ensemble du spectre politique communie dans cette nostalgie. Mais les Allemands tiennent à distinguer ces politiques économiques du néolibéralisme anglo-saxon, qui a encouragé la #financiarisation de l’économie mondiale.

      Le cas de #Trump est compliqué, notamment à cause du caractère erratique de sa prise de décision. Ce qui est sûr, c’est qu’il brise la règle néolibérale selon laquelle l’économie doit être dépolitisée au profit du bon fonctionnement de la concurrence et du marché. En ce qui concerne la finance, son agenda concret est complètement néolibéral.

      En matière commerciale en revanche, il est sous l’influence de conseillers qui l’incitent à une politique agressive, notamment contre la Chine, au nom de l’#intérêt_national. En tout cas, son comportement ne correspond guère à la généalogie intellectuelle de la pensée néolibérale.

      Vous évoquez dans votre livre « l’#anxiété » qui a toujours gagné les néolibéraux. De quoi ont-ils #peur aujourd’hui ?

      Je dirais qu’il y a une division parmi les néolibéraux contemporains, et que la peur de chaque camp est générée par celui d’en face. Certains tendent vers le modèle d’une intégration supranationale, avec des accords contraignants, que cela passe par l’OMC ou les méga-accords commerciaux entre grandes régions du monde.

      Pour eux, les Trump et les pro-Brexit sont les menaces contre la possibilité d’un ordre de marché stable et prospère, à l’échelle du globe. D’un autre côté figurent ceux qui pensent qu’une #intégration_supranationale est la #menace, parce qu’elle serait source d’inefficacités et de bureaucratie, et qu’une architecture institutionnelle à l’échelle du monde serait un projet voué à l’échec.

      Dans ce tableau, jamais la menace ne vient de la gauche ou de mouvement sociaux, donc.

      Pas vraiment, non. Dans les années 1970, il y avait bien le sentiment d’une menace venue du « Sud global », des promoteurs d’un nouvel ordre économique international… La situation contemporaine se distingue par le fait que la #Chine acquiert les capacités de devenir un acteur « disruptif » à l’échelle mondiale, mais qu’elle n’en a guère la volonté. On oublie trop souvent que dans la longue durée, l’objectif de l’empire chinois n’a jamais consisté à étendre son autorité au-delà de ses frontières.

      Aucun des auteurs que je lis n’est d’ailleurs inquiet de la Chine à propos du système commercial mondial. Le #capitalisme_autoritaire qu’elle incarne leur paraît tout à fait convenable, voire un modèle. #Milton_Friedman, dans ses derniers écrits, valorisait la cité-État de #Hong-Kong pour la grande liberté économique qui s’y déploie, en dépit de l’absence de réelle liberté politique.

      Le débat serait donc surtout interne aux néolibéraux. Est-ce qu’il s’agit d’un prolongement des différences entre « l’école de Genève » que vous avez étudiée, et l’« l’école de Chicago » ?

      Selon moi, le débat est un peu différent. Il rappelle plutôt celui que je décris dans mon chapitre sur l’intégration européenne. En ce sens, il oppose des « universalistes », partisans d’un ordre de marché vraiment global construit par le haut, et des « constitutionnalistes », qui préfèrent le bâtir à échelle réduite, mais de façon plus sûre, par le bas. L’horizon des héritiers de l’école de Chicago reste essentiellement borné par les États-Unis. Pour eux, « l’Amérique c’est le monde » !

      On dirait un slogan de Trump.

      Oui, mais c’est trompeur. Contrairement à certains raccourcis, je ne pense pas que Trump veuille un retrait pur et simple du monde de la part des États-Unis, encore moins un modèle autarcique. Il espère au contraire que les exportations de son pays s’améliorent. Et si l’on regarde les accords qu’il a voulu renégocier, quels sont les résultats ?

      Avec le Mexique, on a abouti à quelque chose de très proche de ce qui existait déjà. Dans le débat dont j’ai esquissé les contours, il serait plutôt du côté des constitutionnalistes, avec des accords de proximité qui s’élargiraient, mais garderaient la Chine à distance. De façon générale, l’hystérie sur les populistes au pouvoir me semble dramatiser une situation beaucoup plus triviale, qui oppose des stratégies quant à la réorganisation de l’économie mondiale.

      Est-ce que le rejet de la Chine s’inscrit dans la même logique que les positions hostiles à l’immigration de Hayek en son temps, et de Trump ou des pro-Brexit aujourd’hui ? En somme, y aurait-il certains pays, comme certains groupes, qui seraient soupçonnés d’être culturellement trop éloignés du libre marché ?

      On retrouve chez certains auteurs l’idée que l’homo œconomicus, en effet, n’est pas universel. Les règles du libre marché ne pourraient être suivies partout dans le monde. Cette idée d’une altérité impossible à accommoder n’est pas réservée à des ressentiments populaires. Elle existe dans le milieu des experts et des universitaires, qui s’appuient sur certains paradigmes scientifiques comme le #néo-institutionnalisme promu par des auteurs comme #Douglass_North. Cette perspective suppose qu’à un modèle socio-économique particulier, doivent correspondre des caractéristiques culturelles particulières.

      https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/100319/quinn-slobodian-le-neoliberalisme-est-travaille-par-un-conflit-interne #WWI #première_guerre_mondiale

  • Ce que l’arnaque recèle
    https://laviedesidees.fr/Christian-Chavagneux-Plus-Belles-Histoires-escroquerie.html

    À propos de : Christian Chavagneux, Les Plus Belles Histoires de l’escroquerie, du collier de la reine à l’affaire Madoff, Seuil. L’affaire du « collier de la reine », la pyramide de Ponzi, les montages de Madoff ont été rendus possibles par des structures socio-économiques spécifiques. Ces passionnantes histoires de gogos ont trois composantes : l’escroc, ses victimes, un public.

    #Économie #Histoire #économie_souterraine
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20200907_lascoumes.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20200907_lascoumes.docx

  • TRIBUNE #Covid-19 : l’impératif coopératif et solidaire

    Nous, acteurs, chercheurs, élus, territoires et réseaux de l’ESS des Hauts-de-France appelons à un #engagement véritablement coopératif et solidaire pour sortir par le haut de cette #crise sans précédent.

    Les crises se succèdent à un rythme effréné

    En un temps court, nos sociétés ont été amenées à faire face à une succession de crises majeures que l’on songe à la crise financière internationale de 2008, à la crise sociale et démocratique des gilets jaunes depuis 2018, à la crise écologique qu’incarnent le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité. L’arrivée et la diffusion mondiale du coronavirus fin 2019 et les réponses qui ont été fournies ont cette fois provoqué une crise multidimensionnelle sans précédent.

    À chaque crise, l’État est appelé à la rescousse : il retrouve de sa superbe, n’est plus conspué ni par ceux qui d’habitude idolâtrent la privatisation des gains ni par ceux qui vantent les bienfaits de l’austérité. À chaque crise, qui provoque un accroissement effroyable des inégalités (sociales, territoriales, de logement etc.), des appels solennels à la solidarité et à la coopération sont lancés. Quelques actes philanthropiques trouvent un large écho dans la presse : tel grand groupe décide de réorienter une ligne de production vers des produits de première nécessité sanitaire ; tel autre achète « à ses frais » des équipements en Chine ou ailleurs ; tel autre encore réduit la part des dividendes qui seront versés à ses actionnaires, tandis qu’il profite par ailleurs du filet de protection sociale du chômage partiel assuré par l’État. Telle grande fortune appelle aussi à une redistribution ponctuelle des revenus (souvent financiers) engrangés.

    L’économie sociale et solidaire, un acteur discret de réponse à ces crises

    Une partie de l’économie pourtant, fait de ces appels, là-bas ponctuels, le cœur structurel de son organisation et de son activité du quotidien. Crise ou pas crise, les initiatives solidaires, l’économie sociale et solidaire, les communs interrogent le sens de ce qu’ils réalisent, orientent leurs productions vers des activités d’utilité sociale, qui répondent à des besoins écologiques et sociaux, fondent leurs décisions sur des principes égalitaires, font de la solidarité et de la coopération la grammaire de leur dynamique.

    De nombreuses initiatives citoyennes, comme autant de solidarités auto-organisées, ont été réactives pour répondre à la crise. Souvent à bas bruit, elles ont abattu, et abattent, un travail considérable pour pallier les défaillances industrielles, et assurer, par exemple, la fabrication de masques via de simples machines à coudre, et parfois via des FabLabs et tiers lieux. Des acteurs de l’économie sociale et solidaire jouent un rôle de proximité dans le déploiement des circuits courts alimentaires, proposent des paniers de fruits et légumes en zones urbaines. Des actions autour de l’alimentaire sont démultipliées grâce à des acteurs de tiers lieux en lien avec des métropoles, ou proposent des solutions de plateformes type « open food network ». Des associations maintiennent une continuité des services publics dans le sanitaire et social malgré les risques de non distanciation physique, qu’on songe à l’aide à domicile, aux Ehpad gérés de manière associative, aux IME, aux maisons d’accueil spécialisées, dont beaucoup ont décidé de rester ouverts. Des associations continuent de défendre les sans-abris et les réfugiés, d’autres encore structurent l’entraide de proximité au quotidien. Tous les secteurs économiques sont durement touchés. Les activités culturelles et artistiques sont parmi les plus affectées. Seuls les réseaux de coopération et de solidarité leur permettent de ne pas disparaître de l’espace public. Dans l’urgence de leur survie, et conscientes de leur forte utilité sociale, certains de ses acteurs nouent des appuis politique et économique avec l’économie sociale et solidaire.

    L’État et les collectivités locales et territoriales savent bien d’ailleurs, en temps de crise, qu’ils peuvent compter sur cette économie solidaire de proximité, et plus largement sur ce tissu socioéconomique territorial, pour en amortir les effets, tandis que les mêmes ont parfois déployé une énergie non dissimulée pour réduire, avant la crise, leurs moyens d’agir et l’ont parfois instrumentalisée ici ou là comptant sur elle pour maintenir une paix sociale à moindres coûts.

    Quelles alternatives ?

    Dans quelques semaines ou quelques mois, chacun des grands acteurs économiques multinationaux espérera la reprise du « monde d’avant », un business as usual qui nous a pourtant conduits dans cette situation. Las. Les crises multiples traversées, et celles qui se succéderont certainement dans les années à venir, rendent urgent de repenser l’économie autrement. Mais vraiment autrement. Il est urgent de remplacer les dogmes du vieux monde par de nouvelles manières de penser et de pratiquer l’économie et par de nouvelles manières de vivre la démocratie. Cela est possible. L’économie sociale et solidaire en est un témoin en actes et un acteur décisif de cet après crise. Le logiciel de l’économie « conventionnelle » est suranné : logiciel de la croissance, logiciel du tout marché, logiciel techno-optimiste : non ce n’est pas dans la croissance pour la croissance, dans le marché et dans le lucre qu’on trouvera le salut de tous nos maux. Cette crise en est le plus spectaculaire contre-exemple.

    Il faut donc réhabiliter l’économie soutenable comme organisation sociale qui se donne les moyens de répondre aux besoins sociaux tout en prenant soin de ses patrimoines, écologique, social, démocratique.

    Faire toute sa place aux « corps intermédiaires »

    Les différentes crises révèlent aussi les faiblesses de nos pratiques de la démocratie. En se privant des expertises et des expériences sociotechniques et politiques des acteurs de terrains, des réseaux, des corps intermédiaires, l’État finit par produire des politiques publiques hors sol ou à rebours des urgences. Les associations écologistes alertent depuis de nombreuses années sur l’urgence climatique ; les acteurs du médico-social ne cessent d’exprimer, et bien avant le Covid-19, le manque de moyens pour faire un vrai travail de soin et de care ; les acteurs de la recherche et de la médiation scientifique en lien étroit avec l’économie sociale et solidaire contribuent à éclairer le débat et à redonner à la science sa juste place dans la société : celle qui permet le maintien d’un esprit critique ; les acteurs de proximité de l’économie sociale et solidaire, alertent depuis longtemps sur la fracture sociale (et numérique) à l’origine du mouvement des Gilets Jaunes.

    L’expertise, le regard et l’avis de tous ces corps intermédiaires, constitués de citoyens organisés et structurés, devront être pris en compte dans les choix de politiques publiques de demain.

    Démocratiser et relocaliser l’économie

    Par-dessus tout, il faut démocratiser les économies : ouvrir des espaces de délibération sur l’identification des activités essentielles, sur le pilotage des politiques publiques, en particulier locales ou sur l’impact environnemental et social des entreprises. Il faut repenser la hiérarchie des priorités économiques. Cette idée n’est pas nouvelle : au Québec, dès 1997 un collectif de l’éducation populaire, le « Collectif pour un Québec sans pauvreté » propose au ministre des Finances de l’époque l’élaboration d’un « produit intérieur doux » : il s’agissait, par la délibération démocratique, de trier les activités utiles socialement des activités nuisibles pour les sociétés. Il s’agissait aussi d’appeler à identifier des activités contributrices au bien-être social et qui étaient ignorées des comptes. De nouvelles initiatives vont dans ce sens aujourd’hui et réclament des délibérations collectives pour définir l’utilité sociale des activités.

    La démocratie ne doit plus non plus rester aux portes de l’entreprise. Il est temps de valoriser les gouvernements d’entreprise qui s’appuient sur un véritable équilibre des pouvoirs, qui rénovent les pratiques managériales et qui réinterrogent le sens du travail humain. L’expérience d’une partie des coopératives, des SCIC, CAE etc., qui sont autant de démarches coopératives et de fabriques sociales démocratiques, permet de construire les capacités socio-économiques locales dont les territoires et leurs écosystèmes ont besoin.

    La relocalisation de la production ne doit pas être synonyme de repli sur soi. L’impératif coopératif et solidaire implique un soutien massif porté, notamment, aux systèmes de santé des pays du Sud. Grands perdants de la mondialisation ils seront les plus durement touchés, à terme, par cette crise sanitaire, comme ils le sont et le seront par la crise écologique. Face aux tentations identitaires et autoritaires, ces valeurs et pratiques de solidarité internationale sont une urgence.

    Les activités du care

    Les activités de service de care et de soin, d’intérêt général ne doivent plus être mises entre les mains du marché. Il n’est pas besoin d’épiloguer, la fuite en avant du tout marché pour les activités sociales montre toutes ses failles. Il faut appeler à des partenariats durables État, collectivités locales et territoriales et ESS pour la création et le financement d’un service public du grand âge et de la perte d’autonomie : il doit être financé publiquement et géré par des organismes publics ou à but non lucratif. Il doit permettre une revalorisation structurelle des métiers dont la crise a montré de manière éclatante toute la nécessité, alors qu’ils sont souvent les moins bien considérés et les moins bien rémunérés.

    Coopérer et être solidaire

    Il faut appeler à une coopération et une solidarité plutôt qu’une concurrence et une compétitivité qui loin d’amener le bien-être s’avèrent mortifères. La crise écologique rend d’autant plus urgente et nécessaire la remise en cause de ce modèle. Les initiatives types pôles territoriaux de coopération économiques (PTCE) devront être consolidées, étendues, enrichies. Lorsqu’ils jouent vraiment la carte de la coopération, ils deviennent de véritables projets d’avenir. Ils pourront s’appuyer sur les initiatives solidaires et les communs qui s’expérimentent en continu partout sur les territoires. Les monnaies locales complémentaires pourront aussi en être un vecteur innovant, un repère utile pour orienter production et consommation vers des biens et services soutenables.

    Bien sûr il faut faire tout cela sans angélisme. Si l’économie sociale et solidaire est souvent exemplaire, elle n’est pas toujours exempte de critiques. Des financements, devenus scandaleusement exsangues, ont conduit certains acteurs à l’oubli du projet associatif, à la soumission volontaire à la concurrence, à l’acceptation de la précarisation de l’emploi. Tout cela a parfois pris le pas sur l’affirmation du projet politique et sur la coopération et la solidarité.

    C’est la raison pour laquelle il faut en appeler à des coopérations avec l’État, les collectivités locales et les entreprises locales reconnaissant véritablement les fondements et pratiques de l’économie sociale et solidaire. L’ESS doit aussi se mobiliser, avec d’autres forces sociales, pour éviter un retour au vieux monde et impulser sur une large échelle les dynamiques et les initiatives dont elle est porteuse. La mobilisation doit s’opposer au détricotage de la protection sociale, des solidarités locales, des droits démocratiques. En bref. Elle doit être un appel à prendre soin et développer les communs sociaux des territoires.

    Les crises qui ne manqueront pas d’arriver rendent cette mobilisation impérative.

    Les réseaux, acteurs, personnes signataires du présent texte sont conscients de l’immensité de la tâche, et sont convaincus que seule une coopération de tous les acteurs permettra d’infléchir le mouvement, et d’obtenir des décisions utiles à tous les niveaux politiques, institutionnels et sociaux nécessaires.

    Ils s’emploient à en concrétiser les engagements au sein de leurs réseaux par leurs initiatives respectives.

    https://chairess.org/tribune-covid-19-limperatif-cooperatif-et-solidaire
    #recherche #le_monde_d'après #solidarité #ESS #philanthropie #redistribution #alternative #business_as_usual #démocratie #économie #croissance #économie_soutenable #corps_intermédiaires #expertise #relocalisation #relocalisation_de_l'économie #éducation_populaire #produit_intérieur_doux #bien-être_social #utilité_sociale #care #soin #coopération #concurrence #compétitivité #monnaies_locales #communs #commons

  • « Avec les #magasins_participatifs, changeons de système, pas de climat !« 
    conférence qui a eu lieu le 02.09.2019 à Genève

    Intervenant·e ; Benoît Molineaux et Reto Cadosch, #La_Fève. Johann Zoller, #le_Nid. Annie Benjamin, #Le_Bocal_Local. Organisation : La Fève- #SPP [#Super_marché_participatif_paysan].
    http://libradio.org/?p=6939
    Pour écouter la conférence :
    http://libradio.org/wp-content/uploads/2019/09/Alt_C6_Feve_Master-1.mp3

    #audio #podcast #conférence #supermarché #courses #Genève #Suisse

  • Warnings of a Dark Side to A.I. in Health Care - The New York Times
    https://www.nytimes.com/2019/03/21/science/health-medicine-artificial-intelligence.html

    Similar forms of artificial intelligence are likely to move beyond hospitals into the computer systems used by health care regulators, billing companies and insurance providers. Just as A.I. will help doctors check your eyes, lungs and other organs, it will help insurance providers determine reimbursement payments and policy fees.

    Ideally, such systems would improve the efficiency of the health care system. But they may carry unintended consequences, a group of researchers at Harvard and M.I.T. warns.

    In a paper published on Thursday in the journal Science, the researchers raise the prospect of “adversarial attacks” — manipulations that can change the behavior of A.I. systems using tiny pieces of digital data. By changing a few pixels on a lung scan, for instance, someone could fool an A.I. system into seeing an illness that is not really there, or not seeing one that is.

    _ Software developers and regulators must consider such scenarios, as they build and evaluate A.I. technologies in the years to come, the authors argue. The concern is less that hackers might cause patients to be misdiagnosed, although that potential exists. More likely is that doctors, hospitals and other organizations could manipulate the A.I. in billing or insurance software in an effort to maximize the money coming their way. _

    In turn, changing such diagnoses one way or another could readily benefit the insurers and health care agencies that ultimately profit from them. Once A.I. is deeply rooted in the health care system, the researchers argue, business will gradually adopt behavior that brings in the most money.

    The end result could harm patients, Mr. Finlayson said. Changes that doctors make to medical scans or other patient data in an effort to satisfy the A.I. used by insurance companies could end up on a patient’s permanent record and affect decisions down the road.

    Already doctors, hospitals and other organizations sometimes manipulate the software systems that control the billions of dollars moving across the industry. Doctors, for instance, have subtly changed billing codes — for instance, describing a simple X-ray as a more complicated scan — in an effort to boost payouts.

    Hamsa Bastani, an assistant professor at the Wharton Business School at the University of Pennsylvania, who has studied the manipulation of health care systems, believes it is a significant problem. “Some of the behavior is unintentional, but not all of it,” she said.

    #Intelligence_Artificielle #Médecine #Manipulation #Economie_santé

  • #Nul_homme_n'est_une_île

    ...« chaque homme est un morceau du continent, une partie de l’ensemble. » Nul Homme n’est une île est un voyage en Europe, de la Méditerranée aux Alpes, où l’on découvre des hommes et des femmes qui travaillent à faire vivre localement l’esprit de la #démocratie et à produire le #paysage du #bon_gouvernement. Des agriculteurs de la #coopérative le Galline Felici en Sicile aux architectes, artisans et élus des #Alpes suisses et du #Voralberg en #Autriche, tous font de la politique à partir de leur travail et se pensent un destin commun. Le #local serait-il le dernier territoire de l’#utopie ?


    http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=260888.html
    #agriculture #alternative #agriculture_biologique #Sicile #Italie #agrumes #Galline_felici #localisme #Suisse #commons #communs #film #documentaire #Vorarlberg #Autriche #Alpes #architecture #dignité #coopérative #aménagement_du_territoire #prix_équitable #vente_directe #exode_rural #artisanat #économie_solidaire #EES #pizzo #auto-gestion #mafia #réseau_européen #réseau #Grisons #Bregenzerwald #conscience_européenne #fierté #participation_citoyenne #fête #utopie #Bureau_des_questions_du_futur (1’18’00)

    –—

    #Zwischenwasser (#Bregenzerwald) : Nel comune hanno costruito una scuola in cui hanno aiutato benevolmente gli abitanti e richiedenti asilo
    min. 1’12’15
    #asile #réfugiés

    • “Dalla Sicilia ripartirà tutto”. #Roberto_Li_Calzi: da “Le Galline felici” agli Sbarchi Gas

      “Prodotti bio e naturali a casa vostra. Coltiviamo rispettando la natura, vendiamo rispettando la gente. Creiamo occasioni di occupazione gioiosa rispettando la dignità del lavoro. Promuoviamo lo sviluppo armonico del territorio. Sosteniamo la crescita della concorrenza perché per noi ‘concorrere’ significa correre assieme”. È questa la filosofia che anima il consorzio Le Galline Felici, ideato da Roberto Li Calzi, conosciuto e intervistato da Daniel Tarozzi a Siracusa, tra le ultime tappe del suo viaggio nell’Italia che cambia.

      Dopo diversi anni trascorsi all’estero, Roberto è tornato in Sicilia ed ha iniziato ad acquistare dagli allevamenti intensivi le galline, restituendo loro condizioni di vita dignitose. Da qui il nome “Le Galline felici”, nato ufficialmente nel settembre 2007.

      Il consorzio, che oggi mette insieme più di 15 realtà economiche, riunisce siciliani innamorati della propria terra e determinati ad agire per cambiare. Si tratta di agricoltori dediti all’agricoltura biologica, che lavorano per un’agricoltura rispettosa degli equilibri naturali e da molti anni servono numerosi Gas al centro-nord.

      Roberto Li Calzi racconta che tutto è iniziato una decina di anni fa, proprio quando è entrato in contatto con il mondo dei Gas. “Ho chiesto a mio fratello di insegnarmi ad usare il computer e ho scritto a tutti i gruppi di acquisto presenti in rete offrendo i miei prodotti, principalmente agrumi. Immediatamente hanno cominciato ad arrivare richieste dal Centro-nord. Per qualche anno ho fatto da ponte anche per i prodotti agricoli di altre aziende. Li compravo e li rivendevo senza chiedere commissioni. Ad un certo punto, quindi, creare il consorzio e sistematizzare questo processo è stato quasi naturale” (da “Io faccio così”, pag. 335).

      Da “Le Galline felici” all’associazione culturale Siqillyàh (dall’antico nome arabo della Sicilia), creata da Roberto e altri tra il 2009 ed il 2010 per sperimentare e proporre altri modi di vivere e consumare e divenuta poi una delle più importanti Reti di economia solidale nel sud Italia.

      Tra persone, Gas e altre associazioni, l’Arcipelago Siqillyàh conta oggi circa 600, soci, il 40% dei quali non è in Sicilia. Tra gli obiettivi vi è la valorizzazione dei produttori locali e delle coltivazioni tipiche siciliane. In questi anni Siqillyàh ha inoltre favorito uno scambio nord-sud: i produttori biologici ed etici siciliani creano rapporti commerciali e culturali con i Gas del centro-nord .

      Proprio in quest’ambito si colloca un’altra importante iniziativa ispirata dal lavoro di Roberto Li Calzi: gli Sbarchi Gas, un nuovo modo di vivere gli incontri nazionali di tutti i rappresentanti dei gruppi di acquisto solidale. Il primo Sbarco (il nome si deve proprio a Roberto e si riferisce all’idea di una nave di gasisti che sbarcasse proprio sulle coste siciliane) è stato nel giugno del 2009 a Petralia Sottana, in provincia di Palermo. Tre giorni di festa con concerti, balli, campeggi ed esposizioni che hanno fatto sì che l’incontro venisse ricordato come una piccola Woodstock dei Gas.

      A questo primo Sbarco Gas hanno quindi fatto seguito gli Sbarchi in Piazza e si è contribuito alla creazione della Ressud, rete di economia solidale volta a rafforzare i legami tra i soggetti solidali del Sud nell’ottica di un percorso evolutivo di tutto il movimento nazionale dell’economia solidale.

      Gli obiettivi degli Sbarchi in piazza sono molteplici:
      – dimostrare che l’economia solidale offre risposte per i problemi prodotti dalla globalizzazione e dall’esasperazione del mercato;
      – diffondere questa consapevolezza e le sue pratiche tra la gente “comune” ed in particolare a quelle fasce “contigue” al mondo dell’Economia Solidale (associazioni, ecc.)
      – accrescere il numero dei consumatori consapevoli ed allargare quindi il consumo di beni provenienti da reti di produttori solidali;
      – consentire l’accesso a questo mercato a tutti quei produttori (con le caratteristiche adeguate) finora esclusi da questo mercato;
      – favorire la riconversione colturale (verso il bio) e culturale (verso la solidarietà) dei produttori;
      – stimolare i produttori ad operare in reti e agevolare la costruzione della rete sud sud;
      – favorire il ritorno alla terra di molti giovani (e non solo) disoccupati o insoddisfatti della qualità della propria vita;
      – uscire dalla testimonianza e cominciare a fare statistica;
      – raggiungere quei numeri, quella massa critica che permetta di concretizzare quelli che finora vengono considerate utopie.

      Una molteplicità di obiettivi, dunque, riconducibili ad un unico importante valore: l’importanza della rete, nella consapevolezza che ‘concorrere’ vuol dire correre insieme.

      “Non ci interessano i singoli – afferma Roberto Li Calzi – non cerchiamo gli eroi, ci interessa la rete. Siamo un mosaico, tutti insieme formiamo un quadro, ognuno è fondamentale, ma preso da solo non ha molto significato. Noi stiamo cercando di ribaltare i paradigmi, dimostrare che con le proprie energie si può sostenere la concorrenza e guadagnarci tutti. Sono convinto che dalla Sicilia ripartirà tutto”.

      http://www.italiachecambia.org/2014/01/io-faccio-cosi-10-dalla-sicilia-ripartira-tutto-roberto-li-calzi-da

  • Economie solidaire : Jean-Marc Borello, l’homme qui fait du social un business, Isabelle Rey-Lefebvre et Denis Cosnard, Le Monde (qui lâche son canasson)

    Ce proche d’Emmanuel #Macron préside aux destinées du groupe SOS d’économie solidaire dont le chiffre d’affaires frôle le milliard d’euros.


    Jean Marc Borello à son arrivée pour une réunion avec les candidats du mouvement « En marche ! », à Paris, le 13 mai 2017.

    Et un #hôpital de plus ! Le neuvième à tomber dans l’escarcelle de SOS. Le groupe français d’économie sociale a annoncé, début novembre, la reprise du centre médical La Source, à Saint-Léger-les-Mélèzes (Hautes-Alpes). Au même moment, à Marseille, il a été choisi par la ville pour restaurer et exploiter durant quarante ans le fort d’Entrecasteaux, un site militaire du XVIIe siècle fermé depuis des années. Dans un ou deux ans, il devrait être transformé en lieu d’innovation culturelle. A la clé, 300 emplois, notamment pour des jeunes en difficulté.

    C’est encore le Groupe SOS qui a été désigné, en septembre, par le gouvernement pour prendre en charge des personnes radicalisées, notamment celles de retour de Syrie. Objectif : les sortir de leur parcours extrémiste et les réinsérer. Un centre a ouvert à Paris fin septembre, un deuxième est prévu à Marseille.

    Plus discrètement, SOS a été retenu par le groupe parlementaire La République en marche (#LRM) pour apprendre à une partie de ses députés à s’exprimer dans les médias. Et dans quelques jours, il devrait reprendre Les Brigades vertes, une grosse association de Dardilly (Rhône) chargée d’aider des personnes au revenu de solidarité active (RSA) à trouver un avenir, elle-même en grand péril.

    Un hôpital à redresser, un monument historique à restaurer, des islamistes radicalisés à remettre dans le droit chemin, des élus à former, des réfugiés à héberger… De mois en mois, SOS n’en finit pas de remporter les appels d’offres les plus divers, et de grandir, grandir.

    Au total, le groupe associatif affirme employer à présent près de 18 000 salariés dans 500 établissements, et table, pour 2018, sur un chiffre d’affaires de 948 millions d’euros. Le cap du milliard est en vue. « Cela fera une croissance de 10 % à 15 %, comme les années précédentes », évalue Jean-Marc Borello, installé dans son bureau du 11e arrondissement de Paris. En France, jamais une entreprise de l’économie sociale et solidaire n’avait atteint pareille taille.

    Association milliardaire

    Soudain, le patron de 60 ans se lève et ouvre la fenêtre, histoire de fumer une cigarette en mesurant le chemin accompli depuis la création des premières associations fondatrices de SOS, en #1984. « La valeur liquidative du groupe est désormais voisine de 1 milliard d’euros, notamment parce que notre “truc associatif” est propriétaire de ses murs, glisse-t-il avec satisfaction. Cela veut dire que, si demain on arrêtait tout, on se retrouverait avec 1 milliard. Mais qu’est-ce qu’on en ferait ? »

    Une association milliardaire ! Joli succès pour cet ancien éducateur spécialisé, devenu gestionnaire de boîtes de nuit aux côtés de Régine, puis figure de proue de l’économie sociale, et désormais l’un des #patrons les plus proches d’Emmanuel Macron. Après l’avoir eu comme élève à Sciences Po, le dirigeant de SOS s’est mis à son service durant la campagne présidentielle. Dans la foulée, deux anciens du groupe, Pacôme Rupin et Aurélien Taché, ont été élus à l’Assemblée.

    Quatre mois après l’élection, le président-fondateur lui-même s’est vu confier par le gouvernement une mission sur « l’innovation sociale au service de la lutte contre l’exclusion ». Membre du bureau exécutif de LRM, l’homme fort de SOS préside aujourd’hui la commission chargée de choisir les candidats pour les élections européennes, un poste de confiance. Dans certaines réunions, « il arrive que M. Borello surplombe les ministres, leur coupe la parole », constate Louis Gallois, ancien patron de la SNCF et actuel président de la Fédération des acteurs de la solidarité.

    Mais ce succès ne va pas sans susciter des critiques. M. Borello s’est vu qualifier de « Bernard Tapie », d’« industriel du social ». Certains l’accusent de reproduire dans le monde associatif les logiques prédatrices du capitalisme classique. Et d’avoir constitué, avec SOS, un petit empire géré de façon clanique.

    Pouvoir concentré

    De fait, l’association est verrouillée. Pas de bénévoles, pas d’adhérents hormis une centaine de membres triés sur le volet : magistrats, hauts fonctionnaires, professeurs de médecine qui doivent être parrainés par les trente membres du conseil d’administration… qu’ils ont élus. Le circuit est ainsi bouclé, ce qu’admet le patron. « Bien sûr, il ne suffit pas de payer sa cotisation pour entrer : il faut avoir rendu des services éminents ou être ancien responsable des associations passées dans le groupe. » Le conseil, réuni trois ou quatre fois l’an, a d’ailleurs un rôle mineur, affirme un administrateur des premiers jours.

    « Cette absence de contrôle démocratique, de contre-pouvoir, pose problème dans un domaine comme l’action sociale », juge Patrick Doutreligne, président de l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux. M. Borello se défend : « C’est une association de gestion, elle reste fermée et à l’abri d’une OPA associative. »

    En pratique, le pouvoir paraît concentré entre les mains du président et de quelques dirigeants, liés pour certains d’entre eux par des relations affectives ou familiales. « Oui, il y a autour de Jean-Marc une forme de cour, dont j’ai fait partie, et qui bénéficie parfois de privilèges, notamment d’appartements rachetés au groupe », reconnaît, un peu gêné, un ancien responsable.

    Un château avec piscine et kangourous dans le parc

    Le patron se déplace en voiture avec chauffeur. Il passe des week-ends dans une propriété du groupe, Les Tournelles, à Hautefeuille (Seine-et-Marne), un château avec piscine, jacuzzi, salle de projection, et même des kangourous dans le parc.
    Des signes qui passent mal dans le milieu de l’action sociale et qui contrastent avec le sort des salariés de base. « En fin d’année 2017, j’ai voulu remercier mon équipe qui s’est démenée pour remettre sur pied notre accueil, témoigne une directrice. La hiérarchie a royalement proposé une prime humiliante de 50 euros... »

    Et puis, il y a la façon dont Jean-Marc Borello se comporte avec certains hommes. La scène s’est répétée à de nombreuses reprises. « C’est une sorte de tradition », racontent des habitués. Lors des grandes fêtes qui ponctuent la vie du groupe, M. Borello ouvre le bal sur Gigi L’Amoroso, de Dalida. Lorsque résonnent les premières notes de piano et de mandoline, le patron de SOS choisit dans l’assemblée un des membres du personnel, un beau jeune homme en général, l’entraîne sur la piste et danse avec lui. Quand la chanson s’arrête, il embrasse son partenaire. Parfois sur la bouche.
    « Moi, il m’a même roulé une pelle en public, par surprise, alors que je n’avais rien demandé », témoigne un de ceux passés entre ses bras, encore sidéré. « Il a essayé, mais j’ai tourné la tête à temps pour éviter son baiser », confie un autre. « Comme ses habitudes sont connues dans le groupe, les garçons qui ne veulent pas être pris pour cible sortent de la salle à ce moment-là, ajoutent trois anciens cadres. Mais tous ne sont pas avertis. »

    « Je ne force personne »
    Des baisers ? Jean-Marc Borello assume. « Cela peut choquer, mais nous savons d’où nous venons, c’est-à-dire d’Arcat, du Kiosque, des premières associations de lutte contre le sida. » Du baiser sur la bouche conçu comme un acte militant, et de la fête antidote à la mort. En revanche, il dément tout harcèlement. « Je ne force personne, se défend-il. Cette maison a été fondée sur la protection des plus faibles, et nous avons des procédures très rigoureuses contre ce genre de choses. » Aucune plainte n’a d’ailleurs été déposée.

    « Tous les garçons ne sont pas consentants, corrige un de ceux qui ont assisté à ce type de scène. Mais comment voulez-vous qu’ils se rebellent ? Ils ont face à eux le patron du groupe, un homme imposant, charismatique, qui pourrait être leur père. Le pape de l’économie sociale et solidaire ! S’ils veulent faire carrière dans le secteur, ils n’ont aucun intérêt à ruer dans les brancards. »
    « Je me suis senti agressé, mais je ne voulais pas être à l’origine d’une crise dans notre petit milieu », confirme un des hommes concernés, qui souhaite rester anonyme, comme les neuf témoins qui nous ont décrit ces situations. Et puis, autour d’eux, personne ne semble choqué. « Tu connais Jean-Marc, il est comme ça, avec ses excès… »

    Quant à la stratégie tous azimuts du groupe, elle peut dérouter, elle aussi. Le patron assume. « Certains groupes veulent se concentrer sur leur “core business”. Nous, on en a soixante, de corps, et quand on en a marre, on en change ! », s’exclame-t-il en riant.

    « Dans le domaine social au sens large »

    Aux centres de soin pour les drogués ou les personnes handicapées, aux maisons pour les enfants de la Ddass, se sont ajoutés au fil des ans des hôpitaux, des crèches, des maisons de retraite, des chantiers d’insertion, des boutiques de produits équitables, deux journaux (Respect Mag, Up le mag), une radio (Raje), une agence de média training, un restaurant à Saint-Denis, ou encore le Pavillon Elysée, un lieu de réception ultrachic qui vient de rouvrir après un an de travaux, en bas des Champs-Elysées.

    Derrière cet empilement, il y a une logique, plaide M. Borello : « inventer la société de demain » en multipliant les initiatives « dans le domaine social au sens large ».
    De même, l’ex-patron du Palace revendique l’efficacité économique. « Dans de nombreux secteurs, nous sommes en concurrence directe avec le privé, par exemple dans les maisons de retraite, et on ne peut pas se louper », souligne-t-il. A ses yeux, gagner de l’argent est la clé pour continuer à assurer ses missions au profit d’un public toujours plus large.

    Pour y parvenir, le groupe emploie une méthode bien rodée. D’abord, il dépense moins que d’autres pour payer son personnel, même si les écarts de salaires, initialement limités de 1 à 4, vont désormais de 1 à 15, en comptant certains chirurgiens. « Comme on donne du sens à leur job, on attire les meilleurs élèves des meilleures écoles, sourit le président du directoire. Ils viennent ici travailler plus et gagner moins ! »
    Ensuite, parmi toutes les structures mal en point qui frappent à la porte, il ne reprend que celles qui bénéficient de #subventions sûres ou, surtout, disposent d’un #patrimoine_immobilier. « C’est le critère numéro un », assurent des anciens. Une fois dans le giron du groupe, les structures font l’objet d’une reprise en main vigoureuse. Les dirigeants sont remplacés par de jeunes diplômés des meilleures écoles.

    Gestion par courriel
    Pour Maxime de Rostolan, fondateur de Fermes d’avenir, association qui prône une agriculture biologique, cela s’est bien passé, même s’il a dû lâcher la direction : « Nous avons longuement réfléchi avant d’adhérer à SOS, nous avons eu toutes les réponses à nos questions et, surtout, des moyens financiers pour un tour de France qui a permis de développer le concept », raconte-t-il.
    Une autre association de producteurs, Bio Normandie, a, elle, renoncé au mariage malgré une mauvaise passe financière : « Nous avons tout de suite senti que la seule chose qui intéressait les émissaires de SOS était notre réseau de producteurs et transformateurs, bâti en vingt ans d’activité, mais pas notre fonctionnement ni nos valeurs, et que nous y perdrions notre identité », confie Grégory Tierce, responsable du pôle production.
    Pour l’association bordelaise Mana, spécialisée dans les soins aux réfugiés les plus traumatisés, l’intégration, depuis juillet 2017, se révèle douloureuse. Les traducteurs du bulgare, du roumain, de l’albanais, de l’afghan, qui viennent à l’appui des médecins lors de consultations, ont été priés, pour certains, de devenir #auto-entrepreneurs, d’accepter des #missions facturées à la minute, sans prise en charge de leurs déplacements, sans rétribution si le rendez-vous est annulé, sans protection s’ils doivent se rendre dans des squats où peuvent sévir tuberculose, gale et rougeole… La gestion se passe désormais par courriel et plate-forme informatique, sans contacts humains, ce qui heurte ces travailleurs sociaux très impliqués dans leur tâche.

    Economies d’échelle
    Face aux tensions, Guy Sebbah, le directeur de SOS Solidarités est venu de Paris fin octobre en réunion de crise pour « écouter les salariés », constitués en collectif. Quatre jours plus tard, celle qui avait pris la parole au nom des autres, la psychologue Zineb Mantrach, était remerciée et son contrat non renouvelé à quatre jours de son échéance : « J’ai dû interrompre toutes mes séances et ateliers qui s’adressent à des réfugiés en grande souffrance, traumatisés par des viols, des tortures. »

    Durant notre entretien, elle reçoit un texto : « J’ai besoin de vous. Quand revenez-vous ? », demande une ancienne patiente, enceinte à la suite d’un viol. « Je reçois plein de messages de ce type », explique en pleurant la psychologue.
    Autre levier, le groupe joue la carte des économies d’échelle, en particulier au niveau des achats. A Douai (Nord), où SOS a repris en 2015 un établissement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), « on a pu économiser 70 000 euros par an grâce aux tarifs négociés par le groupe », relate ainsi M. Borello. La même mécanique devrait permettre d’améliorer les comptes des quatre #Ehpad que la SNCF doit transférer à SOS au 1er janvier.

    Groupe SOS : un trésor immobilier évalué à 500 millions d’euros , Isabelle Rey-Lefebvre
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/12/05/groupe-sos-un-tresor-immobilier-evalue-a-500-millions-d-euros_5392949_3224.h

    Groupe SOS : un trésor immobilier évalué à 500 millions d’euros
    Certains dirigeants de SOS ont pu racheter au groupe des appartements à des prix très avantageux.

    Depuis une trentaine d’années, le Groupe SOS s’est constitué un petit empire #immobilier évalué à 500 millions d’euros. Il repose sur un portefeuille hétéroclite de 455 #logements_sociaux et très sociaux principalement situés à Paris, 26 commerces, deux garages, des châteaux, des bureaux à Metz, Marseille et Casablanca, et 48 structures du type résidences sociales, crèches, maisons-relais, foyers de jeunes travailleurs… Tout est logé dans Alterna, filiale à statut coopératif de SOS, dirigée par Frédéric Bailly. « Centraliser l’immobilier permet de mutualiser des compétences pour réaliser des travaux, et de mieux convaincre les banques de nous accorder des prêts », explique Jean-Marc Borello, président du directoire du groupe.

    Un trésor dont les dirigeants de SOS ont parfois su profiter. C’est ainsi qu’un bel immeuble en pierre de taille, au cœur de Paris, destiné initialement à du logement très social, s’est ainsi retrouvé pour moitié la propriété d’Eric Teboul, alors gérant d’Alterna. En juin 2004 et juin 2006, en pleine flambée des prix, il y a acquis cinq appartements pour 2 500 et 3 000 euros le mètre carré, bien en dessous des prix de marché. Guy Sebbah, directeur de SOS Solidarités, y a, lui, acheté, en 2004, un appartement de 74 mètres carrés au prix de 157 000 euros, qu’il a revendu 710 000 euros en 2015. Frédéric Bailly, l’actuel gérant d’Alterna, a pu bénéficier en 2004, dans le même immeuble, d’un appartement de 47 mètres carrés achetés 2 143 euros le mètre carré. A l’époque, le prix moyen dans l’arrondissement s’établissait à 4 910 euros. Une opération similaire a porté sur un appartement d’un immeuble du 18e arrondissement, vendu au directeur de la communication de SOS, Nicolas Froissard.

    « Risque de conflit d’intérêts »

    L’Agence nationale de contrôle du logement social, qui a étudié l’affaire, relève : « En décidant de vendre à des personnes travaillant au sein du Groupe SOS, Alliance Immobilière [ancien nom d’Alterna] a écarté des acheteurs offrant un meilleur prix. Ceci illustre le risque de conflit d’intérêts d’autant que deux de ces ventes se sont traduites par une moins-value pour Alliance Immobilière. » Le groupe se défend en affirmant avoir respecté la valeur donnée par l’administration des Domaines.

    D’où vient le patrimoine d’Alterna ? Il a grandi au fil des acquisitions réalisées pour mener à bien les projets sociaux et financées par d’abondantes subventions (36,1 millions d’euros en 2017), mais aussi de l’intégration d’associations. En rejoignant SOS, elles lui transfèrent leurs actifs, terrains, bâtiments, etc. C’est le cas, par exemple, des Œuvres sociales d’Ormesson et de Villiers, vieille fondation datant du XIXe siècle destinée à l’origine au soin des tuberculeux, à la tête de deux établissements dans le Val-de-Marne, dont une maison d’accueil de 50 places pour personnes lourdement handicapées à Ormesson-sur-Marne.

    La fondation a rejoint SOS en 2010 et son patrimoine immobilier, évalué à 6,5 millions d’euros, a été transféré à Alterna en juillet 2015 : « Très vite, nous avons senti l’intérêt du Groupe SOS pour ce terrain, en plein centre-ville, raconte Jean-Luc Lefeuvre, président du conseil de la vie sociale de l’établissement. Depuis qu’il a mis la main sur cette propriété sans débourser un sou, le président de SOS qui nous avait promis de la maintenir et la réhabiliter veut transférer l’établissement à Villiers, dans un nouveau bâtiment, et vendre le terrain de d’Ormesson, un parc de trois hectares, mitoyen de la mairie ». M. Borello se défend : « Nous discutons avec la maire de l’utilisation future de ce terrain, dont la vente financerait tout juste la construction d’un nouveau bâtiment à Villiers. »

    Mélange des genres

    Alterna vend aussi beaucoup de biens dont elle n’a plus l’usage. Elle a ainsi, entre 2015 et 2017, cédé dix immeubles à la régie immobilière de la ville de Paris, dégageant de belles plus-values, par exemple de 5,4 millions d’euros rien qu’avec les deux immeubles et trois appartements vendus en 2017. Grâce à ces gains et malgré une exploitation déficitaire, les comptes d’Alterna sont bénéficiaires, d’environ 2 millions d’euros en 2017, pour un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros.

    Cela permet à la société de transférer, chaque année, entre 1 et 2 millions d’euros à des entités du groupe à statut commercial, telles que le Comptoir de l’innovation, la société d’événementiel Event It, des incubateurs d’entreprises, la société de BTP Exigences ou encore la société holding SOS Participations.
    Ce mélange des genres a le don d’irriter les contrôleurs de l’Ancols qui, dans leurs rapports de 2003, 2011 et 2016, critiquent ces mouvements de fonds et l’absence de comptabilités séparées sans, toutefois, les sanctionner : « L’activité de logement social, qui bénéficie d’aides publiques sous forme de subventions et d’exemptions fiscales, ne doit pas permettre le soutien d’autres activités même s’il s’agit de l’intérêt général », jugeaient-ils en 2011. « Il faut bien aider au démarrage de ces entreprises d’insertion », justifie M. Borello.

    Isabelle Rey-Lefebvre

    Jean-Marc Borello, l’atout social d’Emmanuel Macron , Patrick Roger, le 17 janvier 2017

    Le président de SOS, numéro un de l’économie sociale et solidaire, est l’un des neuf délégués nationaux du candidat d’En marche !

    Le siège du groupe SOS ne paye pas de mine. Niché au fond d’un passage du quartier de la République, à Paris (11e), à deux pas du Cirque d’hiver, le lieu n’a rien à voir avec ces luxueux bureaux d’affaires dont le clinquant et le tape-à-l’œil font office de carte de visite. Le hall d’accueil a des allures de ruche affairée. C’est le cœur névralgique d’un géant de l’économie sociale et solidaire, qui regroupe plus de 400 établissements, emploie 15 000 salariés et devrait franchir en 2017 le cap du milliard d’euros de chiffre d’affaires.

    A peine son visiteur lui a-t-il été annoncé que le président fondateur, Jean-Marc Borello, surgit, la main tendue, la poignée de main ferme. Il revient tout juste d’un déplacement à Mayotte, où le groupe gère trois établissements, notamment dans le domaine de la protection de l’enfance. En jean et chemise, ce « grand patron » à la carrure de rugbyman et à l’accent méridional, né en 1957 à Gardanne (Bouches-du-Rhône), ne colle pas aux canons du genre.

    Depuis la fin octobre 2016, Emmanuel Macron en a fait un des neuf délégués nationaux de son mouvement, En marche !, de même que Catherine Barbaroux, la présidente de l’Adie, première association de microcrédit en France. Ce sont ainsi deux des principaux acteurs de l’économie sociale et solidaire, connus pour leurs engagements de longue date aux côtés des exclus et leur enracinement à gauche, qui figurent dans le cercle rapproché des « ambassadeurs » du mouvement.

    « Je suis irréductiblement de gauche »

    Voilà qui ne cadre guère avec le cliché abondamment reproduit de l’ex-banquier d’affaires de chez Rothschild, estampillé libéral et voué aux gémonies par une partie de la gauche. C’est pourtant une des facettes méconnues du personnage, qui en nourrissent la complexité. « Bien avant En marche !, j’ai amené Emmanuel voir ce qui se passait dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, il y a quinze ans déjà », raconte Jean-Marc Borello, qui l’a eu comme élève à Sciences Po, où l’ancien éducateur spécialisé prodiguait des enseignements.
    Les deux hommes se sont revus lorsque Emmanuel Macron est devenu ministre de l’économie, en août 2014. Le président du groupe SOS avait préalablement pas mal travaillé sur l’élaboration de la loi de juillet 2014 avec Benoît Hamon, lorsque celui-ci était ministre délégué à l’économie sociale et solidaire. Ils ont alors recommencé à travailler ensemble. Et le voilà à présent intégré dans l’équipe d’En marche !
    « Macron, c’est un vrai bénéfice pour amener les jeunes à réinvestir le débat politique. C’est franchement une belle histoire, s’enthousiasme Jean-Marc Borello. C’est formidable de repartir sur une aventure comme ça. »

    Il avoue avoir toujours à affronter le scepticisme d’une partie de son entourage, notamment parmi ceux qui ont suivi sa trajectoire depuis qu’il intervenait à la fin des années 1970 auprès de jeunes délinquants en région parisienne, aux Ulis (Essonne), avant d’intégrer, après l’arrivée de la gauche au pouvoir, en #1981, la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et les toxicomanies.

    « Je suis irréductiblement de gauche et je suis trop vieux pour changer, se défend-il. Mais on ne pourra pas faire face aux besoins de solidarité, qui sont immenses, si on ne crée pas au préalable de la richesse. » Cette vision, il la développe dans un ouvrage à paraître le 19 janvier, au titre en forme d’oxymore, Pour un capitalisme d’intérêt général (Débats publics, 193 p., 18 euros).

    « Aller voir tout ce qui fonctionne très bien »

    Quel peut être le rôle de ces délégués nationaux issus de l’économie sociale et solidaire dans l’élaboration du projet d’Emmanuel Macron, outre le fait qu’ils disposent d’un important réseau ? « Notre domaine d’intervention, c’est la #lutte_contre_les_exclusions, comment gérer les politiques publiques autour de l’exclusion, du logement, etc., explique Jean-Marc Borello. Je fais remonter les propositions et les demandes du secteur. Il y a des groupes qui travaillent sur le logement, la grande exclusion, l’immigration, le droit d’asile… » Il n’ira pas, toutefois, jusqu’à lever le voile sur ce qui pourrait irriguer les engagements du candidat Macron, que ce dernier devrait présenter le 4 février à Lyon.
    « Nous sommes dans l’idée d’aller voir tout ce qui fonctionne très bien et qu’on n’a jamais été foutu de développer à l’échelle nationale, comment, avec toutes ces initiatives qui ont fait leurs preuves sur le terrain, monter des dispositifs ambitieux, comment faire pour desserrer l’étau administratif et réglementaire pour permettre aux gens d’innover », reprend le patron de SOS.

    Il cite en exemple l’expérience de Cuisine mode d’emploi(s), créée par le chef Thierry Marx pour permettre à des jeunes sans qualification ou à des chômeurs de longue durée d’intégrer les métiers de la restauration. Ou encore celle de Mozaïk RH, fondée par Saïd Hammouche pour aider les jeunes diplômés des quartiers défavorisés à intégrer le monde de l’entreprise.

    Mauvaise polémique
    Et, quand Emmanuel Macron se déplace dans le Pas-de-Calais, rencontre des acteurs locaux intervenant dans le domaine de l’habitat social ou de la précarité, décrit les conséquences sanitaires de la paupérisation de certains territoires, il parle en connaissance de cause, nourri précisément par ces expériences de terrain. Il décrit une réalité qui perdure et, même, va en s’aggravant. Cela lui a valu un tombereau de critiques. Une bien mauvaise polémique, en fait : cette réalité, les acteurs de l’économie sociale et de la prévention ne la connaissent que trop bien.

    « Il y a un vrai mouvement mondial autour de l’entrepreneuriat social, 40 % des sortants de grandes écoles veulent travailler dans l’économie sociale , assure Jean-Marc Borello. Là-dessus, Emmanuel Macron est absolument convaincu. » Ses propositions dans ce domaine pourraient contribuer à rééquilibrer l’image et le corpus programmatique du candidat d’En marche ! Et aussi exercer un réel pouvoir de séduction auprès d’une partie de l’électorat jeune – et moins jeune – à la recherche de nouveaux modes d’engagement.

    #histoire #socialisme #Borello

    • Jean-Marc Borello : itinéraire d’un patron, du milieu de la nuit à la macronie, Laure Bretton et Gurvan Kristanadjaja

      Le fondateur du groupe SOS assiste à une réunion à l’ELysée, le 12 décembre. Photo Bruno Lévy. Divergence
      https://medias.liberation.fr/photo/1181893-le-president-de-la-republique-m-emmanuel-macron-reaoit-une

      Avant de construire son empire, Jean-Marc Borello s’est engagé contre le sida. Celui qui a toujours flirté avec la politique est décrit comme un personnage fascinant.

      Colosse culminant à près de deux mètres, voix rocailleuse et accent marseillais, Jean-Marc Borello, 61 ans, est un #patron déroutant. En trente ans, l’ancien éducateur de rue est devenu le pape - laïc - de l’économie sociale et solidaire (#ESS), un secteur passé à la postérité depuis que François Hollande lui a dédié un ministère, niché au cœur de la forteresse de Bercy. Depuis, toutes les formules superlatives ont été tentées pour décrire Jean-Marc Borello, sorti de l’ombre associative pour devenir un acteur politico-économique majeur. « Bill Gates de l’ESS » quand on veut être gentil. « Bernard Tapie du #social », quand on a quelques doutes sur le bonhomme quand même. Chez Borello, les cheveux mi-longs ont cédé la place à une coupe en brosse grisonnante avec raie sur le côté, le blouson en cuir a été remplacé par un costard. Comme un dernier îlot de résistance au conformisme bourgeois, la cravate se fait rare. Parti d’un engagement militant et personnel - lutter contre les toxicomanies et le sida - il a construit un petit empire comptant aujourd’hui plus de 17 000 personnes . Homme d’affaires accompli, le patron du groupe SOS tranche par une familiarité devenue marque de fabrique. « Jean-Marc », lance-t-il simplement en tendant la main quand on le rencontre.

      A l’origine, rien ne prédestine Jean-Marc Borello à être un homme de pouvoir. Né en 1957 d’un père militaire et d’une mère ouvrière à Aix-en-Provence, il grandit à Gardanne. Pensionnaire et délégué de classe, il se fait renvoyer. Meneur d’hommes mais pas dans les clous. En 1982, sa vision de l’éducation de jeunes en détresse le fait remarquer : il entre à la Mission interministérielle de lutte contre les toxicomanies (Mildeca), nommé par le gouvernement #Mauroy. Le compagnonnage socialiste ne fait que commencer. Deux ans plus tard, il fonde sa propre association, SOS drogue international. [...]

      Depuis trente ans, Jean-Marc Borello a toujours flirté avec la politique. D’abord à Marseille en 1981. Mitterandiste, il entre au cabinet de Gaston Defferre, maireemblématique. Entre 1984 et 1986, il est chef de cabinet de Gilles Trigano, alors délégué aux nouvelles formations auprès du Premier ministre Laurent Fabius. Gravitant dans la galaxie #socialiste parisienne, Jean-Marc Borello rencontre #Bertrand_Delanoë puis #Anne_Hidalgo. SOS coche toutes les cases pour la gauche : le groupe s’occupe de publics défavorisés, s’investit dans l’insertion professionnelle.

      #Harcèlement_sexuel : « Je ne voulais pas de ce baiser mais Borello a le bras long » , Laure Bretton et Gurvan Kristanadjaja —
      https://www.liberation.fr/france/2018/12/20/harcelement-sexuel-je-ne-voulais-pas-de-ce-baiser-mais-borello-a-le-bras-

      Pilier de la #macronie, figure du milieu de l’économie sociale et solidaire ne cachant pas son homosexualité, le président du groupe SOS est accusé de harcèlement et d’#agressions_sexuelles dans son #entreprise. Il se défend en invoquant la « culture du groupe ». « Libération » a recueilli le témoignage d’anciens employés décrivant les comportements déplacés de leur patron, au vu et au su de tous.

      L’idée venait d’en haut, le timing était parfait. Juste avant la journée de lutte contre les violences sexistes et sexuelles du 25 novembre, les milliers de collaborateurs du groupe SOS, géant français de l’économie sociale et solidaire, ont reçu une invitation de leur direction. L’idée ? S’engager personnellement contre le harcèlement et les agressions, notamment homophobes. Depuis trente ans, la lutte contre les inégalités et la solidarité font l’ADN du groupe SOS. Le défi ? Poster sur les réseaux sociaux des photos d’un baiser entre salariés - homme-homme, femme-femme, femme-homme - accompagnées du hashtag #FraternitéChallenge. « Chaque agression est une agression de trop. Il n’est pas question ni de capituler ni de nous y habituer », souligne la newsletter envoyée par le service communication. La direction montre l’exemple, joignant deux clichés d’hommes s’embrassant sur la bouche. Sur l’une des images, le porte-parole LGBT du groupe dépose un baiser sur les lèvres du président du directoire, Jean-Marc Borello. « La liberté c’est le droit. L’égalité, c’est le fait. La fraternité c’est le devoir », souligne le grand patron dans un tweet lançant l’opération. [...]

      Ce qui fait tiquer dans ce #FraternitéChallenge apparu fin novembre, c’est qu’il coïncide avec les avancées d’une enquête que Libération a entamée au début de l’été : plusieurs anciens #salariés accusent Jean-Marc Borello de faits relevant, selon le code pénal, de harcèlement, d’atteintes ou d’agressions sexuelles. Si elle correspond à la raison d’être du groupe SOS, cette campagne de communication virale ressemble aussi à un début de contre-attaque médiatique : fournir des images d’embrassades volontaires pour noyer d’autres gestes non consentis.

      [... ]La scène est devenue un classique des soirées SOS. Du genre que l’on ressasse à la machine à café le lendemain.

      Ce soir de septembre il y a quatre ans, le choix de Borello se porte sur Antoine (1), 22 ans, qui termine un #stage à SOS : « Il m’a invité à danser, en insistant. Il ne voulait pas me lâcher. Je savais ce qui pouvait arriver. On était près du bar, il y avait plein de monde autour. J’ai essayé de résister. Il savait très bien ce qu’il faisait puisque quand il m’a lâché, il a dit à la cantonade : "T’as mis la langue en plus, coquine". » Sauf qu’Antoine ne voulait pas de ce baiser et que personne n’a bronché autour de lui, même si certains des convives ont pu faire des photos de la scène, que Libération s’est procurées. « J’ai assisté au baiser d’Antoine ce soir-là. Nous savions tous que ce n’était pas consenti. Ce genre de comportements était régulier de la part de Jean-Marc Borello », souligne un invité de la soirée baptisée « I love 1984 ».

    • Muriel Pénicaud et Jean-Marc Borello : coup de foudre en macronie
      https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Muriel-Penicaud-et-Jean-Marc-Borello-coup-de-foudre-en-macronie-1642582#

      Ils se sont découverts en juin 2017. Jean-Marc Borello, l’un des fondateurs d’En marche !, tutoie le président de la République depuis Sciences po, quand il lui enseignait les questions sociales pendant la préparation à l’Ena. Muriel Pénicaud vient d’être nommée ministre du Travail. Elle lui commande un rapport sur l’inclusion et l’avenir des emplois aidés. Il accepte : « On m’avait demandé vingt fois, vingt fois j’avais refusé. Là, au lieu de caler une armoire, il a été entièrement appliqué, même ce qui impliquait de modifier la loi. » (...)
      L’AMITIÉ EN POLITIQUE
      Muriel Pénicaud et Jean-Marc Borello : coup de foudre en macronie
      Paris Match | Publié le 19/08/2019 à 12h53
      Anne-Sophie Lechevallier
      Jean-Marc Borello et Muriel Pénicaud le 19 juillet sur le quai d’Orsay, à Paris. Jean-Marc Borello et Muriel Pénicaud le 19 juillet sur le quai d’Orsay, à Paris.
      Frédéric Lafargue / Paris Match
      La ministre du Travail et le président du groupe SOS, un des fondateurs d’En marche !, se sont rencontrés grâce au chef de l’Etat et ne se quittent plus.

      « On est des amis de trente ans qui se connaissent depuis deux ans », s’exclame Muriel Pénicaud, 64 ans. « A partir du moment où on s’est croisés, on a rattrapé le temps perdu », complète Jean-Marc Borello, 61 ans. Ces deux-là auraient pu se rencontrer des milliers de fois durant leurs quarante années de vie professionnelle. Il a fallu attendre Emmanuel Macron. « Nos styles sont très compatibles. Nous sommes libres, définitivement, irréductiblement libres. Et profondément attachés à Emmanuel Macron », constatent-ils, l’un complétant la phrase de l’autre.

      Ils se sont découverts en juin 2017. Jean-Marc Borello, l’un des fondateurs d’En marche !, tutoie le président de la République depuis Sciences po, quand il lui enseignait les questions sociales pendant la préparation à l’Ena. Muriel Pénicaud vient d’être nommée ministre du Travail. Elle lui commande un rapport sur l’inclusion et l’avenir des emplois aidés. Il accepte : « On m’avait demandé vingt fois, vingt fois j’avais refusé. Là, au lieu de caler une armoire, il a été entièrement appliqué, même ce qui impliquait de modifier la loi. »

      Série d’été :L’amitié en politique, version haute fidélité entre Hollande et Sapin

      Un soir, lors d’un dîner organisé chez leur ami commun le chef Thierry Marx, ils se sont raconté leurs vies. Elles ont plus d’un point commun. La ministre du Travail et le président du groupe SOS partagent des « parcours atypiques, loin des chemins académiques ». Pas de grandes écoles. Un engagement précoce pour les jeunes en difficulté (lui comme éducateur, elle dans les missions locales d’insertion). Quelques mois passés dans les cabinets socialistes époque Mitterrand (celui de Martine Aubry pour l’une, de Gaston Defferre pour l’autre). Plusieurs années à la tête d’entreprises (DRH de Danone notamment pour elle et, pour lui, gérant des établissements du groupe Régine, puis fondateur du géant de l’économie sociale et solidaire SOS). Une carte au syndicat, une autre au PS… qu’ils ont chacun gardée six mois. Elle avait 20 ans et est partie quand elle a constaté la place qui était alors réservée aux femmes. Lui, parce que Bertrand Delanoë se présentait à la Mairie de Paris : « Cela m’a ennuyé, profondément, il y avait trop de règles, je n’étais pas fait pour un parti ! »

      "La patience n’est pas notre qualité principale"

      Ils se parlent presque chaque jour, dès six heures du matin. Elle : « Nous sommes sparring partners. La patience n’est pas notre qualité principale. Disons qu’on ne se modère pas du tout l’un l’autre : on s’amplifie, on en rajoute. » Les brunchs du dimanche deviennent des moments de travail « au bout de trois minutes ». Rarement, ils invitent un troisième convive. De toute façon, « on ennuierait le monde entier, se marre Borello, ou alors il en faudrait un troisième passionné par l’entreprise, l’insertion et la réussite du quinquennat ». Ils s’amusent de leur âge, de leur amitié récente (« une amitié politique, ça a l’air d’un oxymore, mais ça peut exister ») et de la politique. « Un monde, considère-t-il, terriblement violent, injuste, pas passionnant, qui rend fou et dont il faut être capable de s’extraire. » Devenue « icône » des Jeunes avec Macron (Les Jam !) depuis qu’elle a posé pour Match en position de tai-chi dans le jardin de l’hôtel du Châtelet, elle a créé avec Jean-Marc Borello et Philippe Grangeon (qui a rejoint l’Elysée) le club des « Vam », Les Vieux avec Macron. « Cent vingt ans d’expérience professionnelle à nous trois ! Cela nous permet d’échanger nos vues sur la société. »

    • ça m’a fait tiquer aussi @colporteur

      Article qui détaille ses démêlées avec la justice dont sa direction du Palace de l’infect Bergé + un extrait wikipedia

      https://www.lemonde.fr/economie/article/2009/06/11/jean-marc-borello-un-patron-sans-but-lucratif_1205675_3234.html

      Jean-Marc Borello est dans les années 1990 administrateur de l’institut des Tournelles, association de protection de l’#enfance. Alors que le directeur de l’institut est soupçonné de viol sur un mineur, Jean-Marc Borello le défend à la barre, convaincu de l’impossibilité d’« histoires de pédophilie » dans cette institution. Le directeur sera condamné à douze ans de prison en 2004.

    • @touti la page que tu indiques (pas wikipedia) exige un login...
      mais voilà l’article

      Jean-Marc Borello : un patron sans but lucratif , 11 juin 2009

      Il fut éducateur spécialisé et homme d’affaires dans le show-biz. Il use aujourd’hui de ses compétences multiples pour développer Groupe SOS, une entreprise en forte croissance qui oeuvre dans le social.

      Carrure de rugbyman, accent chantant du sud de la France, Jean-Marc Borello sait repérer les occasions, foncer et transformer tous ses essais. Tout en jouant collectif. Jeudi 4 juin, il était l’une des vedettes du colloque Entrepreneurs d’avenir, à l’Assemblée nationale. Son Groupe SOS connaît un développement digne des start-up de la belle époque de la Silicon Valley. De 300 salariés fin 2001, il est passé à 2 500 aujourd’hui. Les jeunes les plus diplômés rêvent de se faire embaucher chez lui.

      L’innovation est au coeur de sa réussite. Alors que la crise affecte la plupart des secteurs d’activité, elle est pour lui un accélérateur. « Nous risquons de passer de 25 % à 35 % de croissance », dit-il sans ostentation, dans les vastes combles d’un immeuble du 11e arrondissement, siège du Groupe SOS. A la différence des autres entrepreneurs, Jean-Marc Borello, 52 ans, a choisi le secteur social. Or la crise réduit, certes, le pouvoir d’achat des consommateurs, mais pas « les besoins fondamentaux » des habitants les plus démunis, cibles du Groupe SOS. Des toxicomanes, des sans-abri, des jeunes sans diplôme et sans emploi, sans papiers parfois. Des détenus malades, qui n’ont nulle part où aller quand ils sortent de prison.

      Plutôt que de maximiser le profit pour ses actionnaires, il maximise le service rendu. Le Groupe appartient à des associations sans but lucratif. Lui-même se contente d’un train de vie modeste, disent ses proches. Quand il est devenu salarié du Groupe SOS, il a divisé son salaire par sept.

      C’était en 1998. Avant, il dirigeait bénévolement SOS Drogue international, une association créée en 1984 avec Régine Choukroun, connue pour ses boîtes de nuit, ses restaurants et ses hôtels. Parallèlement, pour gagner sa vie, il dirige le Groupe Régine. Il reprend, à ce titre, le Pavillon Ledoyen, un grand restaurant situé sur les Champs-Elysées, à Paris. Cette expérience s’avère un excellent moyen d’apprendre la direction d’entreprise. Sur le tas et en potassant le « Que sais-je ? » sur les sociétés commerciales, explique-t-il. « Régine n’y comprenait rien non plus. On avait tout pour réussir ! », s’amuse-t-il. « J’étais sur deux univers border line : les exclus et le show-biz », ajoute-t-il, soucieux de donner une certaine cohérence à un parcours des plus atypiques.

      Sa formation d’éducateur spécialisé ne l’avait pas préparé à la gestion d’entreprises. Mais, au lycée d’Aix-en-Provence, ce fils d’un père « militaire de carrière » et d’une mère « catholique, cheftaine scoute et ouvrière » avait développé ses talents d’organisateur. « Pensionnaire, j’ai été renvoyé pour avoir organisé une grève. J’étais de toute façon chef de classe, forcément en première ligne des comités d’action lycéens et tout le temps en bagarre contre le modèle établi », raconte-t-il dans le livre-entretien SOS contre toute attente (Rue de l’Echiquier, 160 p., 14 euros).

      Educateur, Jean-Marc Borello s’intéresse aux cas extrêmes, et en particulier à un jeune déclaré « inassumable en milieu carcéral ». Ses résultats le font remarquer. En 1982, il est nommé chargé de mission à la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt). Il y apprend comment fonctionne l’administration, ses besoins et ses rouages, comment s’y tissent des relations à haut niveau, rencontre Régine, venue offrir ses services et ses moyens pour aider les toxicomanes. Elle lui propose, quelques années plus tard, en 1986, de l’embaucher, alors que la droite revient au pouvoir et qu’il sait ses jours comptés dans un gouvernement de gauche. Mais, dix ans plus tard, en 1996, il écope de six mois de prison avec sursis, en tant que président du Palace. Un réseau de jeunes vendait de l’ecstasy dans son établissement. Le Palace est fermé. Le Groupe Régine ne s’en remet pas.

      C’est l’occasion pour Jean-Marc Borello de se consacrer à plein-temps au Groupe SOS et de l’ouvrir à tous les secteurs de l’économie sociale. Il crée des sociétés d’insertion : un traiteur éthique, un restaurant, L’Usine, une société de location de voitures avec chauffeur, entre autres. « Il casse le stéréotype du demandeur d’emploi perdu pour la société en employant des personnes en insertion dans un groupe événementiel haut de gamme », apprécie Adèle Haentjens, responsable de la Fondation d’entreprise de la Société générale. Il remporte des appels d’offres face à d’autres associations, mais aussi à des groupes privés ayant pignon sur rue.

      Ses sociétés d’insertion se financent à 95 %. En revanche, les associations de service public vivent à 80 % de contrats avec l’administration ou les collectivités locales. Pas de la générosité du public : « La charité, j’exècre », explique Jean-Marc Borello. « C’est une tête chercheuse, toujours en avance », estime-t-on dans l’entourage de Christine Boutin, ministre du logement et de la ville. « Il donne de son temps pour aider les autres entrepreneurs sociaux à réussir », constate Arnaud Mourot, de l’organisation internationale Ashoka.

      En revanche, les associations plus traditionnelles critiquent « ses visées hégémoniques ». Les rumeurs circulent. « En 2001, quand j’ai dit que je rejoignais SOS, on m’a dit de me méfier, que j’allais chez le Bernard Tapie du social », raconte Guy Sebbah, médecin, délégué général Ile-de-France du Groupe SOS. « Le personnage alimente tous les fantasmes. C’est la soutane qui s’émeut des paillettes », résume un bon connaisseur du milieu associatif.

      Les inspections administratives de ses associations se multiplient. Sans que jamais aucune irrégularité n’ait pu être constatée. « Depuis quinze ans que j’entends parler de lui, je n’ai jamais douté de sa profonde honnêteté. C’est un être profondément altruiste », affirme avec force Alain Régnier, préfet et délégué général pour la coordination de l’hébergement des sans-abri auprès du premier ministre.
      Le professionnalisme de ses équipes incite élus et administrations à leur confier de plus en plus de missions. A droite comme à gauche. « Ce n’est pas la politique qui l’intéresse, mais ce qu’on peut en faire », analyse Guy Sebbah. Jean-Marc Borello dit néanmoins qu’il s’engagerait bien à nouveau, mais seulement pour « un sarkozyste de gauche » ! Autre provocation.

      Sans attendre cet événement improbable, il continue d’ouvrir de nouvelles pistes. Comme la création d’une holding pour reprendre des PME en difficulté et les transformer en entreprises d’insertion. Pour maintenir l’emploi, le moyen de lutter le plus efficace contre l’exclusion.

    • Jean-Marc Borello: «Le scandale Orpea est impossible chez Groupe SOS»
      https://www.challenges.fr/politique/borello-le-scandale-orpea-est-impossible-chez-sos_799170

      Le président du Groupe SOS, leader européen de l’économie sociale, publie Mon Bonheur c’est les autres (Débats Publics éd.). Ce patron atypique, natif d’Aix-en-Provence, grande gueule et grand ami d’Emmanuel Macron, y retrace son parcours et son engagement.

    • #Marseille, le labo social de Macron (avec Borello comme ingénieur)
      https://www.lesechos.fr/weekend/business-story/lopa-risquee-de-macron-sur-marseille-1384528

      Un homme-clef joue les hôtes de service ce soir-là. C’est Jean-Marc Borello, l’influent président-fondateur du groupe SOS, un poids lourd de l’économie solidaire. Très présent à Marseille, son groupe a signé un bail emphytéotique de quarante ans avec la municipalité pour faire de la citadelle un espace culturel et le « plus beau rooftop de la ville » d’ici à 2024.
      Macroniste de la première heure, Borello est délégué général adjoint du mouvement En Marche. A ce titre, il a participé à la sélection des candidats aux élections législatives de juin 2017. « Borello est le grand protecteur de Payan », souffle un élu marseillais, ce qu’écarte, toutefois, le maire de la ville d’un revers de main. Même si son groupe ne brille pas toujours par la transparence, l’homme a de l’entregent à revendre et l’oreille d’Emmanuel Macron. Au début des années 2000, il a été son prof à Sciences po, où il était maître de conférences sur les affaires sociales dans la préparation à l’ENA. « Indépendamment de son intelligence brillante, Emmanuel Macron se singularisait par son souci de vérifier, de connaître, de comprendre », se souvient-il.
      Quant à Borello et Payan, ils se connaissent depuis l’époque du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), où ils croisaient William Elman, un Marseillais directeur du cabinet d’Elisabeth Moreno à l’Egalité entre les femmes et les hommes, ou Maxance Barré, l’actuel conseiller politique du président et ancien patron du MJS de la Vienne.

      #culture #économie_solidaire

    • Campagne présidentielle : Jean-Marc Borello, le Bernard Tapie de Macron (dans un canard faf)
      https://lemediaen442.fr/campagne-presidentielle-jean-marc-borello-le-bernard-tapie-de-macron

      Marché des transports à Marseille : c’est cadeau !

      Le 2 septembre 2021, Macron, en pleine campagne électorale non déclarée, met sur la table un milliard pour développer les transports à Marseille. Et hop ! le 15 septembre 2021, Wimoov (Groupe SOS) inaugure sa plateforme marseillaise pour « répondre aux besoins de mobilité des publics les plus fragiles », comme l’indique son directeur régional. Une manière, selon lui, d’accompagner une insertion professionnelle et sociale.

      Parmi les philanthropes partenaires de Wimoov, figurent AGR2 La Mondiale, BNP, Total, divers ministères, GMF, Norauto…

      à rapprocher de la ligne de bus privé vers des quartiers sud financée publiquement

  • MIGRENT

    The publication [#MIGRENT] provides an overview of a few current migrant (and) social entrepreneurial initiatives in Europe. It moves primarily toward the understanding that migrant entrepreneurship is an important tool of socio-economic emancipation, guaranteeing both successful integration of a newcomer while creating an impact to local economic growth. Moreover, it encompasses importance of authenticity and solidarity in entrepreneurial endeavors creating a more just and socially-aware economy in opposition to rather capitalistic realities of our aiming at only profit making. Moreover, we noted an importance of community and civil society support to the empowerment of newcomers and their entrepreneurial steps. The publication integrates examples of migrant entrepreneurship projects or civil society organizations’ initiatives promoting entrepreneurship through so-called Corners of Inspiration.

    [MIGRENT] is also a coined abbreviation that stands for migrant entrepreneurship. It also stands as an umbrella title for all current and future activities conducted by the Centre for Peace Studies when it comes to promotion of, contribution to and development of migrant entrepreneurship, especially social entrepreneurship. [MIGRENT] relies on previous experiences of the Centre for Peace Studies in developing social cooperative for intercultural cooperation known as Taste of Home (Okus doma). [MIGRENT] also embraces new knowledge and experience sharing among migrant and domestic social entrepreneurs. The publication followed an international conference held in April 2017 in Zagreb gathering more than 50 entrepreneurs, volunteers, activists, academics, researchers, journalists and workers of civil society organizations. As many great ideas were shared in this engaging and learning process, this publication reflects on many spoken words and shared experiences, bringing us to the real life of business ideas and entrepreneurial surroundings.


    https://www.okus-doma.hr/en/tekstovi/migrent/migrent-publikacija
    #économie_sociale_et_solidaire #EES #Europe #entrepreneurs #entreprenariat #économie #travail #économie_locale #intégration_professionnelle #guide #manuel

  • Cuba’s Urban Farming Revolution: How to Create Self-Sufficient Cities | Thinkpiece | Architectural Review

    https://www.architectural-review.com/essays/cubas-urban-farming-revolution-how-to-create-self-sufficient-cities/8660204.article

    Havanas’s unique agricultural infrastructure emerged from punishing trade sanctions following the fall of the USSR but today provides an exemplary precedent that could be applied worldwide

    When Cuba found itself abruptly cut off from trade with the Soviet bloc in 1989, the country entered into an economic crisis of unprecedented severity. Already sidelined from international trade due to US embargoes, Cuba became, almost overnight, a country detached from the rest of the world. In the years that followed, the tiny island nation struggled to export sugar and citrus fruits for more critical imports: the cereals, corn and meat that had become the staples of the Cuban diet. This was the beginning of Cuba’s food crisis, a period in which residents lost, on average, access to one third of their daily calories, the government instituted a peacetime austerity programme for food rationing, and most Cubans experienced widespread, inescapable hunger.

    • Le paradigme du « faire » repose sur la conception du travail portée par les hackers. À l’inverse d’une conception dualiste qui sépare vie privée et travail, et dans laquelle le travail est un moyen pour vivre, les hackers proposent d’envisager leurs activités comme un mode de vie. Étudier ce paradigme permet de s’affranchir de la vision post-tayloriste du travail et de son organisation – une vision encore dominante à l’heure actuelle. En s’intéressant aux pratiques duhacking, Michel Lallement montre ainsi comment les hackers expérimentent de nouvelles formes d’organisations collectives avec des coopérations de type adhocratique, mobilisant des experts pour une mission précise. Par ailleurs, à l’échelle de la communauté, l’organisation s’inspire de la tradition anarchiste en se donnant les moyens de décider en toute autonomie. Les décisions sont par exemple soumises au consensus dans le hackerspace de Noisebridge.

  • Ces livreurs à vélo qui construisent des alternatives face aux plateformes qui les précarisent
    https://www.bastamag.net/Ces-livreurs-a-velo-qui-construisent-des-alternatives-face-aux-plateformes

    Le collectif des livreurs autonomes de Paris, le Clap, a lancé une grève des livreurs à vélo des plateformes comme Deliveroo, Foodora, Ubereats, pendant la dernière semaine du mondial. En jeu : des #Conditions_de_travail et des rémunérations toujours plus mauvaises. Mais aussi un projet d’amendement à la loi de réforme de l’assurance chômage qui empêcherait de facto les livreurs travaillant de manière contrainte sous le statut d’indépendant de se voir requalifiés en salariés. Face à la précarisation (...)

    #Résister

    / Indignés de tous les pays..., #Syndicalisme, #Luttes_sociales, #Travailler_autrement, #Technologies_libres, Quel avenir pour nos #Protections_sociales ?, Emploi , Conditions de travail, #Capitalisme, Protections (...)

    #Indignés_de_tous_les_pays... #Quel_avenir_pour_nos_protections_sociales_ ? #Emploi_