• Marx, prophète de la décroissance ? · Michael Löwy
    https://www.terrestres.org/2024/12/21/marx-prophete-de-la-decroissance

    Cela m’amène à mon principal désaccord avec Saito : dans plusieurs passages du livre, il affirme que pour #Marx « la non-durabilité environnementale du capitalisme est la contradiction du système » (p.142, souligné par Saito) ; ou qu’à la fin de sa vie, il en est venu à considérer la rupture métabolique comme « le problème le plus grave du capitalisme » ; ou que le conflit avec les limites naturelles est, pour Marx, « la principale contradiction du mode de production capitaliste ».

    Je me demande où Saito a trouvé, dans les écrits de Marx, les livres publiés, les manuscrits ou les carnets, de telles déclarations… Elles sont introuvables, et pour une bonne raison : l’insoutenabilité écologique du système capitaliste n’était pas une question décisive au 19e siècle, comme elle l’est devenue aujourd’hui, avec l’entrée de la planète dans une nouvelle ère géologique, l’Anthropocène, depuis 1945.

    De plus, je crois que la rupture métabolique, ou le conflit avec les limites naturelles, n’est pas « un problème du capitalisme » ou une « contradiction du système » : c’est bien plus que cela ! C’est une contradiction entre le système et « les conditions naturelles éternelles » (Marx), et donc avec les conditions naturelles de la vie humaine sur la planète. En fait, comme l’affirme Paul Burkett (cité par Saito), le #capital peut continuer à s’accumuler dans n’importe quelles conditions naturelles, même dégradées, tant qu’il n’y a pas d’extinction complète de la vie humaine : la civilisation humaine peut disparaître avant que l’accumulation du capital ne devienne impossible.

    #rupture_métabolique #écosocialisme

  • La carte des pensées écologiques

    La carte des pensées écologiques est enfin disponible !

    Il aura fallu des mois de discussions et de travail collectif pour aboutir à cette #carte qui a l’ambition de représenter dans toute leurs pluralités les pensées de l’#écologie_politique en montrant les liens entre ses principaux courants, penseurs et penseuses, luttes et organisations.

    L’objectif premier est de montrer que l’#écologie est un #champ_de_bataille, un terrain où s’affrontent des #idées. En conséquence figurent sur cette carte des « #écoles » pauvres en apports théoriques mais riches en capitaux et en relais d’influence. Comme toute cartographie également, elle fige des positions par nature dynamiques, des espaces mouvants, et impose une vision qui lui est propre.

    Cette citation d’André Gorz résume bien la situation :

    “Si tu pars de l’impératif écologique, tu peux aussi bien arriver à un anticapitalisme radical qu’à un pétainisme vert, à un écofascisme ou à un communautarisme naturaliste”.

    La carte des pensées écologiques n’aurait jamais vu le jour sans un formidable travail de toute l’équipe du média Fracas. Nous avons décidé de la laisser gratuitement en accès libre. Pour soutenir Fracas et avoir la version poster, vous pouvez acheter leur premier numéro directement sur ce lien. Abonnez-vous pour soutenir la presse indépendante !

    La carte des pensées écologiques

    Voici la carte des pensées écologiques. 8 grandes familles, plus de 150 personnalités représentées :

    Les 8 grandes familles des pensées écologiques

    Pour vous y retrouver plus facilement, voici en détail les 8 grandes familles des pensées écologiques, avec leurs autrices et auteurs clés. Si vous souhaitez aller plus loin, plus de 150 noms sont à retrouver sur la carte, et des sources sont disponibles à la fin de cet article.
    1/ ÉCOLOGIES ANTI-INDUSTRIELLES

    Les #écologies_anti-industrielles rejettent le productivisme et l’hyper-mécanisation du travail issus de l’ère industrielle. Elles développent une approche technocritique tout au long du XXe siècle. Critiques du gigantisme de l’appareil productif et de l’État pour les ravages qu’ils causent aux écosystèmes et à la personne humaine, les écologies anti-industrielles prônent la petite échelle et refusent une certaine idéologie du Progrès.

    Elles critiquent vertement la dépossession des populations de leurs propres moyens de subsistance. Elles encouragent enfin le fait de considérer l’industrie et la technique comme un système avec ses logiques propres, dont on ne peut se contenter de critiquer tel ou tel effet pris isolément.

    Autrices et auteurs clés : #Ivan_Illich, #Jacques_Ellul et #Günther_Anders

    2/ ÉCOLOGIES LIBERTAIRES

    Les #écologies_libertaires s’inscrivent en filiation des traditions du socialisme ouvrier anglais et de l’anarchisme, et entretiennent une grande proximité avec les écologies anti-industrielles. L’idéal d’émancipation et d’autonomie des libertaires se trouve régénéré par une analogie : les dominations de l’homme sur l’homme, de l’homme sur la femme et de l’homme sur la nature ne peuvent être prises séparément, et doivent être combattues d’un bloc.

    En conséquence, elles aspirent à la constitution d’éco-communautés et d’institutions autogérées et démocratiques à l’échelon local et défendent des principes fédératifs contre les dynamiques centralisatrices de l’État. La vision de la société s’articule autour du champ, de l’usine et de l’atelier, et d’une démocratie radicale, parfois exprimée par le recours au tirage au sort.

    Autrices et auteurs clés : #Murray_Bookchin, #Kristin_Ross, #Bernard_Charbonneau

    3/ ÉCOFÉMINISMES

    Né dans les années 1970 sous la plume de Françoise d’Eaubonne, l’#écoféminisme est une famille qui propose une analyse de la catastrophe écologique fondée sur le genre et sur l’oppression des femmes sous le capitalisme patriarcal. Nébuleuse aux contours flous, l’écoféminisme se conjugue dès le départ au pluriel, soulignant la diversité des origines géographiques et des influences idéologiques qui composent ce courant : socialisme, spiritualisme, queer, marxisme, pensées décoloniales, etc.

    Elles partagent pour la plupart le constat que, d’une part, le rôle des femmes a été subordonné à une fonction purement reproductive et, d’autre part, que la nature a été associée à l’image de cette femme dominée, que le capitalisme doit soumettre, exploiter, et même violer.

    Autrices et auteurs clés : #Françoise_d’Eaubonne, #Vandana_Shiva, #Starhawk

    4/ ÉTHIQUES ENVIRONNEMENTALES

    Les #éthiques_environnementales émergent au sein de la philosophie de l’environnement aux États-Unis, et explorent, chacune avec des options parfois radicalement différentes, le lien qu’entretient l’homme avec la « nature ». Certaines écoles défendent que les espaces naturels ont une valeur intrinsèque, d’aucunes qu’on ne peut juger de la nature que par son utilité pour l’homme, d’autres encore que nous devons nous concevoir comme une espèce au sein d’une « communauté biotique ».

    Faut-il préserver des espaces vierges ? Faut-il au contraire être les stewards d’espaces dont l’homme ne s’exclue pas ? Les polémiques et conflits n’ont certainement pas manqué au sein de cette famille…

    Autrices et auteurs clés : #Aldo_Leopold, #Imanishi_Kinji

    5/ #ÉCOSOCIALISME

    La famille écosocialiste émerge comme un prolongement du #marxisme mais s’oppose à ses interprétations productivistes portées notamment par l’URSS. En partant de l’insuffisante prise en considération des écosystèmes dans les traditions socialiste et marxiste, il s’agit alors de les dépoussiérer et les adapter au tournant écologique des sociétés, en portant l’idée que l’oppression sociale et la destruction de la nature ont une même et unique cause : le capitalisme.

    Si la socialisation des moyens de production et l’autogouvernance démocratique restent au cœur de ce projet, les écosocialismes proposent une variété de réponses allant d’un interventionnisme fort de l’État à des perspectives davantage autogestionnaires. Certains écosocialismes contemporains, dont la branche étatsunienne, ont même rompu avec une perspective anticapitaliste claire et la tradition révolutionnaire.

    Autrices et auteurs clés : #André_Gorz, #Michael_Löwy, #John_Bellamu_Foster

    6/ ÉCOLOGIES DÉCOLONIALES

    Conceptualisée dans les années 1980, les #écologies_décoloniales pointent l’#impensé_décolonial de l’écologie dominante, à la fois libérale et occidentalo-centrée, qui empêcherait la constitution d’une lutte écologiste pleinement libératrice car internationaliste. Par son universalisme « naturaliste » et raciste, sa vision mortifère de la nature, son extractivisme et son colonialisme producteur de natures appauvries (dont la plantation coloniale est l’emblème), l’Occident est en grande partie responsable de la catastrophe en cours.

    De ce point de vue, une écologie de « transition » qui supplanterait les énergies fossiles par des ressources minières au profit d’énergies renouvelables ne serait pas seulement insuffisante : elle ne ferait que trouver de nouvelles formes au colonialisme.

    Autrices et auteurs clés : #Joan_Martinez_Alier, #Malcolm_Ferdinand

    7/ #CAPITALISME_VERT

    La crise écologique fournit chaque jour de nouvelles preuves de la logique mortifère qui se loge au cœur de la dynamique d’accumulation capitaliste. Pour autant, le capitalisme a aussi ses théoriciens, et ceux-ci ont eux aussi tenté d’intégrer les paramètres écologiques dans leur défense de l’ordre en place.

    Dès lors, il s’agit bien souvent de corriger les « excès » ou les « impensés » du capitalisme en intégrant la dimension environnementale aux échanges marchands (taxes, compensation, technologies vertes…). Certains vont jusqu’à vouloir accélérer la dynamique du système capitaliste, y voyant un moyen de contrôler le Système-Terre dans un sens qui ne nuise pas aux intérêts de la classe possédante.

    Autrices et auteurs clés : #Christiana_Figueres, #David_Keith

    8/ ÉCOFASCISMES

    Les #écofascismes, qui ont émergé à bas bruit depuis les années 1980, sont extrêmement fragmentés. En Europe, ils défendent un éco-différentialisme, soit l’idée d’une humanité divisée en différentes « races » ou civilisations non hiérarchisées mais qui doivent rester séparées, car adaptées à leur environnement immédiat : « chacun chez soi » devient « chacun dans son propre écosystème ».

    Aux États-Unis, le néo-malthusianisme et la xénophobie se doublent d’une apologie des grands espaces vierges, de la wilderness, souillée par l’immigration. Cette obsession démographique se traduit souvent par un repli sur des « bases à défendre », dans des logiques « survivalistes ».

    https://bonpote.com/la-carte-des-pensees-ecologiques
    #visualisation #cartographie #infographie #pensée_écologique #épistémologie #pensées_écologiques #décolonial #ressources_pédagogiques

    ping @reka

  • Marx écologiste - A propos du livre de John Bellamy Foster, Michaël Löwy
    https://www.contretemps.eu/wp-content/uploads/2-CT-22-121-56-59.pdf

    (...) il existe une contradiction inhérente entre le système capitaliste, fondé sur le besoin d’expansion, d’accumulation et de croissance illimitée, et les écosystèmes de la planète. Un facteur particulièrement important dans ce conflit est le poids décisif, dans les économies capitalistes avancées, des intérêts liés aux énergies fossiles et au complexe automobile-industriel, avec tout ce qui en découle (le réseau routier, l’urbanisme, etc).

    (...) le point le plus fort de l’argumentation de Foster au sujet de Marx est sa mise en évidence de la critique par l’auteur du Capital du caractère destructeur du #capitalisme. Pour Marx, la dynamique de ce mode de production irrationnel produit une « rupture irréparable » de l’« interaction métabolique » (Stoffwechsel) des humains avec la #terre – « un métabolisme exigé par les lois naturelles de la vie elle-même » – avec des conséquences dramatiques : perte de fertilité des sols, désertification, déforestation, pollution des villes.

    Lecteur attentif des travaux du chimiste allemand Justus von Liebig, Marx lui rend hommage dans les pages du Capital : son mérite immortel fut d’avoir développé, du point de vue de la science de la nature, « le côté négatif, c’est-à-dire destructeur, de l’agriculture moderne ». Loin d’être « productiviste », comme prétendent certains écologistes hostiles au marxisme, Marx pensait que « tout l’esprit de la production capitaliste est en contradiction... avec les conditions permanentes de la vie exigées par la chaîne des générations successives » (Capital, vol. 3). Cette analyse de la « #rupture_métabolique » suscitée par le capital est une des contributions les plus importantes de Foster à une nouvelle lecture, d’inspiration écologique, des écrits de #Marx.

    #capital #écologie #écosocialisme #John_Bellamy_Foster

    • La Guerre de 14 avait confirmé en grand la destructivité inhérente au capitalisme, déjà pointée pour ce qui est de l’ordinaire des jours par Engels depuis la situation des classes laborieuses en Angleterre.
      La nuée et l’orage de cette première guerre « mondiale » fut très précisément un orage de feu où tout le capital fixe et tout le travail vivant furent orientés et réglés par et pour la « guerre totale ». De cet évènement, des révolutionnaires (et les surréalistes) firent quelque chose.

      On sait depuis plus de 5 décennies que la destructivité du capital relève aussi d’un autre rythme, ce qu’on nomme depuis peu capitalocène.

      Et c’est assez marrant que les écolos comme les appelos voient mis en cause leur anti-marxisme.

      (LM rappele le Libération d’avant 1978 : on publie tout ce qui fait exister l’organe. quant à la ligne générale, la question ne sera pas posée)

  • Le marxisme face au krach écologique - La Vie des idées
    https://laviedesidees.fr/Le-marxisme-face-au-krach-ecologique.html

    Paul Guillibert milite pour un “communisme du vivant”, qui ramène la destruction actuelle des écosystèmes à sa racine capitaliste. Seul le matérialisme historique est apte à répondre à l’urgence écologique, et Marx en son temps ne fut pas indifférent aux revendications du socialisme agraire.

    Tiens pourquoi celui là n’était pas passé sur seenthis alors qu’habituellement ya tout de @la_vie_des_idees.

    #Marx @pguilli #écosocialisme #matérialisme #capitalisme #écologie

  • Le #capitalisme écocidaire
    https://laviedesidees.fr/Foster-Clark-Le-pillage-de-la-nature.html

    À propos de : John Bellamy Foster et Brett Clark, Le pillage de la #nature Éditions critiques. Karl Marx a souvent été considéré par les mouvements écologistes comme un productiviste, fasciné par le progrès technique et insensible à la nature. Pour J. B. Foster et B. Clark, il est au contraire urgent de réconcilier l’écologie politique avec sa critique du capitalisme.

    #Philosophie #écologie #marxisme #exploitation
    https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20221212_ecocide.pdf
    https://laviedesidees.fr/IMG/docx/20221212_ecocide.docx

    • …. le capitalisme non seulement génère la contradiction identifiée par Marx entre les forces de productions et les rapports de productions à l’intérieur de la société, mais également mine ses propres conditions d’existence en détruisant les ressources naturelles, les espaces, les formes de vie dont il dépend …. Non seulement le matérialisme de Marx (dont les auteurs soulignent à juste titre l’héritage épicurien) voit dans l’homme une partie de la nature et dans toute société un métabolisme, un échange constant avec la nature médié par le travail, mais il théoriserait la rupture de ce métabolisme dans le capitalisme.

      #expropriation #longue_révolution_écologique #écologie_politique #écosocialisme #prolétariat_environnemental

    • #Marx écrivait dans #Le_Capital :

      « La société elle-même n’est pas propriétaire de la Terre. Il n’y a que des usufruitiers qui doivent l’administrer en bons pères de famille, afin de transmettre aux générations futures un bien amélioré ».

      #Engels, lui, écrivait à la fin du 19e siècle, dans Dialectique de la Nature :

      « Les faits nous rappellent à chaque pas que nous ne régnons nullement sur la nature comme un conquérant règne sur un peuple étranger, comme quelqu’un qui serait en dehors de la nature, mais que nous lui appartenons avec notre chair, notre sang, notre cerveau, que nous sommes dans son sein et que toute notre domination sur elle réside dans l’avantage que nous avons sur l’ensemble des autres créatures de connaître ses lois et de pouvoir nous en servir judicieusement ».

      Pour pouvoir nous servir judicieusement des lois de la nature, le préalable est donc de mettre un terme à l’organisation capitaliste de l’économie et de la réorganiser sur une base rationnelle et égalitaire. Plus nous tarderons à nous débarrasser la société de la #concurrence, de la course au profit et de la #propriété_privée_des_moyens_de_production, plus la catastrophe écologique risque d’être irrémédiable.

      #communisme

  • #BALLAST • Discussion avec #Paul_Guillibert : vers un « #communisme_du_vivant » ?
    https://www.revue-ballast.fr/discussion-avec-paul-guillibert-vers-un-communisme-du-vivant

    Vous appe­lez à un « com­mu­nisme du vivant ». Est-ce vrai­ment dif­fé­rent de l’#écosocialisme ?

    Il faut com­men­cer par noter les conti­nui­tés. On pour­rait dire, de manière très géné­rale, que les éco­so­cia­lismes dési­gnent les cou­rants de pen­sée qui font du capi­ta­lisme la cause prin­ci­pale de la catas­trophe envi­ron­ne­men­tale et des pro­jets socia­listes sa solu­tion hégé­mo­nique. Comme son nom l’indique, il s’agit de l’inscription dans la tra­di­tion des poli­tiques d’émancipation sociale du XIXe siècle. À cet égard, le terme d’écosocialisme recoupe des tra­di­tions, des cou­rants et des pra­tiques très diverses qui vont de l’écologie sociale de Murray Bookchin à l’écosocialisme mar­xiste de Michael Löwy ou Daniel Tanuro. Mon tra­vail s’inscrit évi­dem­ment dans cette der­nière tra­di­tion. Mais le « com­mu­nisme du vivant » est une spé­ci­fi­ca­tion de l’écosocialisme. Je crois que la tra­di­tion mar­xiste gagne­rait à reven­di­quer plus expli­ci­te­ment l’horizon du com­mu­nisme. Ceci dit, il existe trois inflexions impor­tantes. La pre­mière tient à l’importance qu’on accorde aux muta­tions cos­mo­lo­giques ou aux réflexions onto­lo­giques sur la nature. En par­lant de com­mu­nisme du vivant, je prends comme point de départ l’idée que nos manières de per­ce­voir le monde sont en train de se modi­fier peu à peu. Les caté­go­ries qui nous per­mettent d’identifier les êtres poli­tiques et leur place dans l’espace des dis­cours subissent de pro­fondes trans­for­ma­tions sous l’effet du chan­ge­ment cli­ma­tique, des luttes éco­lo­gistes et des hybri­da­tions post­co­lo­niales. Le com­mu­nisme du vivant élar­git donc la pers­pec­tive de l’écosocialisme en s’interrogeant sur nos modes d’identification de la nature et donc sur la com­po­si­tion éco­lo­gique des sub­jec­ti­vi­tés politiques.

    La deuxième diver­gence tient à l’idée qu’on retrouve chez John Bellamy Foster ou Paul Burkett, par exemple, selon laquelle la crise éco­lo­gique est une consé­quence de plus à mettre au compte du capi­ta­lisme — sans que cela change grand-chose à notre com­pré­hen­sion du capi­ta­lisme lui-même. Le capi­ta­lisme est tou­jours défi­ni comme un sys­tème éco­no­mique fon­dé sur la vente de mar­chan­dises, pour le pro­fit, par des tra­vailleurs humains sala­riés, c’est-à-dire dépos­sé­dés de leurs condi­tions de repro­duc­tion. À son compte, il fau­drait donc ajou­ter une consé­quence néga­tive de plus : la des­truc­tion de la nature, la per­tur­ba­tion des milieux et des éco­sys­tèmes. Il me semble qu’il faut plu­tôt, sui­vant des auteurs comme Andreas Malm ou Jason W. Moore, redé­fi­nir le capi­ta­lisme à par­tir de son rap­port aux natures qu’il trans­forme, à son régime éco­lo­gique. Ceci per­met d’avoir une théo­rie renou­ve­lée de l’historicité du capitalisme.

    • La « nature » n’est donc jamais qu’une codification culturelle du réel parmi d’autres, mais elle peut permettre sous certaines conditions de désigner adéquatement un type de réalités et d’autoriser des traductions conformes dans d’autres codifications culturelles. Les conditions d’apparition de la nature sont toujours culturellement situées. Parler de l’histoire sociale de la nature revient à défendre la coappartenance des pratiques humaines et de leur condition matérielle objective. Les forêts ravagées de l’Oregon où poussent des champignons Matsutsake en sont un bon exemple. Comme l’a montré l’anthropologue Anna Tsing dans Le Champignon de la fin du monde, c’est dans des forêts exploitées puis abandonnées que ces champignons qui ont une très forte valeur ajoutée sur le marché mondial se développent. Pour qu’ils poussent, il faut donc à la fois une histoire autonome (les effets de la mychorization) et une histoire hétéronome ou sociale de la nature (l’exploitation puis l’abandon des écosystèmes). Anna Tsing propose de nommer cette nature qui surgit de manière autonome dans les ruines du capitalisme, après les dégradations humaines des écosystèmes, la « troisième nature ». Ce concept permet d’identifier le résultat historique des symbioses opérées par des agents non-humains dans des contextes de transformation anthropique avancée. Dans des écosystèmes qu’on aurait pu croire définitivement appauvris par l’extractivisme ressurgissent d’anciennes et de nouvelles espèces. Il existe donc différents modes d’êtres de la nature selon les rapports qu’elle entretient à l’histoire du capital : nature sauvage et libre, nature exploitée et transformée par le capital, nature réensauvagée par la puissance d’engendrement des espèces qui la composent.

      #nature #naturalisme #Histoire #multinaturalisme #sciences_sociales #sympoïèse

  • Déclaration de l’Assemblée générale des femmes de Révolution Écosocialiste

    Reconnaître le travail invisible des femmes, combattre les violences faites aux femmes et remettre le Prendre soin au cœur de la société, c’est faire passer la vie avant les profits. C’est le seul remède contre la barbarie raciste, colonialiste, capitaliste, fasciste, patriarcale et écocidaire.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2021/07/02/declaration-de-lassemblee-generale-des-femmes-de-revolu

    #féminisme #ecosocialisme

  • Il y a un éléphant dans la pièce et personne ne le voit

    « Tanuro est parfaitement conscient du fait que la catastrophe a déjà commencé et risque de se transformer, d’ici quelques décennies, en cataclysme. Mais il refuse les postures fatalistes et le pessimisme passif de celleux qui proclament qu’il est trop tard et que le « collapse » est inévitable ; d’où le titre ». Michael Löwy dans une courte préface discute du juste titre de l’ouvrage « Trop tard pour être pessimistes ! », des échecs des conférences climatiques internationales, de solutions à la crise écologique, « une alternative à la course vers l’abîme du changement climatique, sont-elles possible sans « changer de système », c’est-à-dire sans affronter le capitalisme ? », du système d’organisation et de hiérarchisation sociale, des limites de propositions partielles d’alternatives telle le Green New Deal, de changement de « paradigme civilisationnel », de « planification écologique démocratique ». Il conclut : « Son livre est avant tout un appel urgent à l’action, une action collective radicale, c’est-à-dire capable de s’attaquer aux racines du mal : la civilisation capitaliste industrielle moderne. »

    Note sur : Daniel Tanuro : Trop tard pour être pessimiste !
    Ecosocialisme ou effondrement

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/12/08/il-y-a-un-elephant-dans-la-piece-et-personne-ne-le-voit

    #ecologie #ecosocialisme

  • Ecosocialisme : un débat stratégique

    Ceux d’entre nous qui habitent la planète Terre au XXIe siècle sont confrontés à un énorme problème. Notre propre espèce, l’homo sapiens (l’homme moderne), détruit la planète à un rythme toujours plus rapide et plus destructeur.

    Si cela continue, la capacité de la planète à maintenir la vie (la vie humaine en particulier) pourrait disparaître d’ici quelques décennies. Nous sommes les premiers à disposer des informations nécessaires pour comprendre toute l’ampleur de cette crise, et nous sommes probablement les derniers à avoir la possibilité de faire quelque chose pour y remédier. Aucune autre génération n’a été confrontée à un tel défi ni à une telle responsabilité.

    https://entreleslignesentrelesmots.blog/2020/11/19/ecosocialisme-un-debat-strategique

    #ecologie #ecosocialisme

  • L’écosocialisme du XXIe siècle doit-il s’inspirer de Keynes ou d’Orwell ?
    Par Jacques Luzy et Aurélien Berlan
    https://blogs.mediapart.fr/jacques-luzi/blog/171020/l-ecosocialisme-du-xxie-siecle-doit-il-s-inspirer-de-keynes-ou-d-orw

    L’effondrement économique que la crise du coronavirus est en train de provoquer sera, à en croire la plupart des analystes, comparable et même pire que celui engendré par la crise boursière de 1929, qui avait plongé le monde dans la récession, puis dans la guerre mondiale. L’importance des idées de l’économiste John Maynard Keynes dans la mise en place du dispositif socioéconomique ayant permis de la surmonter et d’inaugurer la période faste des Trente Glorieuses, grâce notamment au développement inédit de l’État social, conduit une part conséquente de la gauche (et plus largement de la classe politique et des citoyens) à soutenir un retour à Keynes contre le néolibéralisme dominant depuis les années 1980. C’est l’une des justifications sous-jacentes aux plans de relance économique échafaudés aujourd’hui de par le monde, et notamment aux projets de Green New Deal ou de « pacte vert » au cœur du débat public.

    On peut néanmoins se demander si le désastre écologique en cours, dont la pandémie de la Covid-19 est l’un des innombrables effets et, du point de vue de ses conséquences sociopolitiques probables, une sorte d’« avant-goût », ne barre pas définitivement la route à la planche de salut keynésienne d’un capitalisme régulé de manière étatique et fordiste. Issu du dépassement des limites écologiques lié à la croissance illimitée qui caractérise le capitalisme, ce désastre correspond moins à une crise conjoncturelle qu’à une débâcle structurelle et largement irréversible que l’on peut seulement espérer modérer dans son ampleur, sa vitesse et ses effets sociaux et (géo)politiques délétères. Or, la stratégie keynésienne de sortie de crise suppose la relance de la croissance et a coïncidé historiquement avec la « Grande Accélération » dans la prédation industrielle de la nature – qui constitue la cause « humaine » ultime de la crise actuelle, si du moins on s’en tient à l’explication la plus courante de l’origine « animale » du coronavirus, comme de la plupart des virus qui se multiplient depuis les années 1970, à mesure que cette prédation progresse.

    #Keynes #Orwell #Ecosocialisme #Covid-19 #Effondrement

  • L’écosocialisme du XXIe siècle doit-il s’inspirer de Keynes ou d’Orwell ?, 2020, Aurélien Berlan et Jacques Luzi
    https://sniadecki.wordpress.com/2020/10/20/berlan-luzi-ecosocialisme

    Pour surmonter l’effondrement économique et le désastre écologique en cours, vaut-il mieux « la décence commune » et « l’autonomie matérielle » d’Orwell ou le « machiavélisme économique » et la « délivrance technologique » de Keynes ?

    […]

    Ce texte a été écrit au mois de juin, à destination du Monde diplomatique. Face à tous les partisans d’un retour à Keynes (c’est-à-dire à la relance de l’économie par l’État, promue aujourd’hui notamment par le biais d’un Green New Deal), nous y analysons les présupposés de la position de Keynes (et de la vieille gauche socialiste), qui ressortent nettement d’un texte que le célèbre économiste avait écrit pendant la crise de 1929, et qui dessinait de mirifiques perspectives économiques pour ses petits enfants (nous), faites d’abondance pour tous et de fin du travail grâce à la technologie.

    Aujourd’hui, nous en sommes encore très loin, mais surtout, le désastre écologique nous fait comprendre que ce rêve était calamiteux et qu’il faut donc changer d’imaginaire, à gauche. En comparant les idées de Keynes avec celles de son compatriote et contemporain G. Orwell, nous avons essayé de lancer quelques pistes dans cette direction, tout en rappelant qu’il y avait déjà, il y a un siècle, d’autres manières d’imaginer le dépassement du capitalisme.

    Sans surprise, Le Monde diplomatique ne nous a même pas adressé un message de refus pour notre texte, certes malicieux. Comme quoi, la vieille gauche a encore du chemin à faire pour se libérer des ornières industrialistes dans lesquelles elle s’enfonce (et le monde avec elle) depuis un siècle, et prendre en compte les réalités de la vie sur Terre…

    #écosocialisme #Aurélien_Berlan #Jacques_Luzi #Keynes #Orwell #keynésianisme #gauche #solutionnisme #critique_techno #autonomie

  • « La crise consacre la faillite de l’État en tant que puissance anticipatrice agissant au nom de l’intérêt général »
    https://www.bastamag.net/Effondrement-covid19-ecologie-role-de-l-Etat-autogestion-alternatives

    « Cette expérience de confinement ne préfigure en aucun cas ce que serait un programme écologiste », prévient Corinne Morel Darleux, militante « éco-socialiste » et auteure du livre « Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce » qui a connu un joli succès de librairie. Elle nous invite à remettre en cause « nos schémas d’analyse » pétris de croissance du PIB, et dresse des pistes d’action pour reprendre en main notre avenir devenu subitement incertain. Basta ! : Cette crise sanitaire semble exacerber les (...) #Décrypter

    / A la une, #Gauche_radicale, #Entretiens, #Climat, #Société_de_consommation, #Services_publics, Innovation (...)

    #Innovation_politique

    • Corinne Morel Darleux [1] : Cette crise vient effectivement lever le voile sur beaucoup d’enjeux : le plus flagrant, aujourd’hui, étant l’état de délabrement du système hospitalier. Jusqu’à présent l’alerte était difficile à faire entendre, elle crève désormais les yeux. Si on tire le fil, toute la pelote du « système » vient avec, notamment la question de la délocalisation de la production de biens de première nécessité – ceux liés à la santé bien sûr, mais aussi à l’alimentation, avec ses chaînes d’approvisionnement absurdes qui nous poussent à importer ce qu’on pourrait produire ici, ou à faire appel à de la main d’œuvre d’autres pays… Ce qui explique la situation inquiétante en ce début de saison agricole. Il est beaucoup question des stocks de masques que les pays se disputent entre eux. On observe la même chose sur les produits alimentaires, avec des pays qui stockent pour leurs propres besoins et n’exportent plus.

      C’est ce qui m’a beaucoup marqué, ces derniers jours : nous voyons un effondrement des places financières, mais à l’inverse une très nette croissance des indices sur les bourses de produits alimentaires, qui ont gagné aux alentours de 10% en une semaine… Comme s’il y avait une inversion entre la #valeur_d’usage et la valeur marchande, une sorte de retournement du fameux paradoxe de l’eau et du diamant d’Adam Smith [paradoxe dans la différence de valeur marchande d’un diamant par rapport à l’eau, alors même qu’un diamant n’a aucune valeur d’usage puisqu’il ne sert ni à manger, ni à se soigner, ndlr]. Au fond, c’est très significatif d’un certain retour à la « #matérialité » du monde. Soudain, on se souvient que nos corps sont vulnérables, que nos subsistances sont dépendantes de flux extérieurs et que la première nécessité, c’est de pouvoir se nourrir, se soigner. (...)

      Cela ne me réjouit pas d’être obligée d’en appeler à l’auto-organisation pour pallier l’incurie des pouvoirs publics. Mais je défends l’idée de partir du réel quand on élabore des stratégies politiques. Or aujourd’hui, partir du réel, c’est partir du constat que l’État n’assure plus cette fonction, qu’on le veuille ou non. Nous devons donc apprendre à faire sans, ou a minima « à côté ». Par ailleurs, cela fait quelques années que je découvre le potentiel d’émancipation incroyable de courants anarchistes et libertaires. Pour moi, ce n’est plus seulement un palliatif : l’auto-organisation possède une vraie fonction émancipatrice, qui permet de retrouver une puissance d’action collective. Par les temps qui courent, cela permet de faire de nécessité vertu. (...)

      Nous avons cherché pendant des années à « forcer » cette unité politique, en vain. Nous avons fini par confondre rapport de force et culture du nombre. Cette vision « continentale » est, je le crois, une impasse. L’idée d’archipel consiste plutôt à respecter les spécificités de chacun des îlots existants – qui sont des espaces de résistance, mais aussi d’invention et de construction d’alternatives, qui ont leur identité propre, leur culture et leur vécu politique, et des modes d’actions différents – tout en trouvant le moyen de créer des passerelles entre ces îlots, pour tirer tous dans le même sens. (...)

      La dignité du présent, c’est l’idée qu’il faut mener les combats qui nous paraissent justes aujourd’hui, sans faire trop de paris sur l’avenir. Au fond, cela revient à refuser une vision « utilitariste » de l’action politique. C’est la nécessité de trouver des moteurs à l’action, en termes de luttes sociales et environnementales, ou d’organisation collective, qui soient situés dans le présent, plutôt que dans d’hypothétiques victoires futures ou des échéances électorales à venir. Cet avenir-là est trop incertain. Il est tellement difficile de prévoir ce que cela va donner. On ne peut pas s’engager juste pour gagner à la fin. (...)

      #crise_sanitaire #capitalisme #État #vulnérabilité #produits_alimentaires #écologie_politique #archipélisation #Corinne_Morel_Darleux

  • Repolitiser l’écologie : c’est toujours un champs de bataille ! Les traces - Rencontre des Continents
    http://www.rencontredescontinents.be/Repolitiser-l-ecologie-c-est-toujours-un-champs-de-bataille-L

    Ci-dessous, vous trouverez les traces du cycle (3 rencontres et ateliers) organisé entre janvier et juin 2019 par Rencontre des Continents, Bxl Laïque et Présence et Action Culturelles (PAC), qui ont choisi en 2019 de s’associer pour proposer un cycle de rencontres/ateliers sur le thème suivant :

    Traces et comptes-rendus

    ▶ Rencontre n°1 - 5 avril : L’effondrement : un concept à débattre. Avec Renaud Duterme et Gauthier Chapelle.
    http://www.rencontredescontinents.be/Rencontre-no1-L-effondrement-un-concept-a-debattre.html

    ▶ Rencontre n°2 - 14 mai : Liens entre les enjeux sociaux et écologique à travers le prisme des inégalités et des rapports de domination. Avec Thierry Amougou, Claudine Drion, Luis Martinez

    http://www.rencontredescontinents.be/Rencontre-no2-Liens-entre-les-enjeux-sociaux-et-ecologique-a- ?

    ▶ Rencontre n°3 - 19 juin : Histoire et actualité des stratégies politiques et des luttes. Avec Brigitte Gloire, Daniel Tanuro, Alain Adriaens

    http://www.rencontredescontinents.be/Rencontre-no3-Histoire-et-actualite-des-strategies-politiques

    En guise de RAPPEL :

    Quelle était l’intention de ce cycle ?

    Ce cycle s’est déroulé entre janvier et juin 2019, dans un contexte de mobilisations climatiques sans précédent en Belgique sur les questions sociales et écologiques. Alors que les craintes et interrogations se multiplient, pas seulement sur l’état et le devenir de notre planète, mais aussi sur le fonctionnement du système social et économique dans son ensemble, nous avons souhaité prendre le temps de mieux comprendre ces questions à travers un regard qui articule les enjeus sociaux et écologiques. Le cycle a été structuré de la façon suivante :

    > 3 thèmes « porte d’entrée » différents
    > 3 conférences / rencontres en soirée & 3 ateliers dynamiques d’un 1/2 jour en plus petit groupe.

    #écologie_sociale #écosocialisme

    • https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/210919/lutte-de-classe-et-gilets-jaunes-ou-va-t-par-jacques-chastaing

      ...Ce qui est diffus mais pressenti largement, c’est qu’on sait que soit Macron est renversé et avec lui tout son projet de réaction sociale et anti-démocratique soit on se bat dans son coin et on n’aura même pas des miettes. Ce sera table rase des acquis obtenus depuis 1945. Il n’y a pas de négociation possible pour limiter le recul, il n’y a pas d’élections à attendre : chaque jour qui passe où les confédérations ou fédérations syndicales s’acharnent à essayer de "dialoguer" pour obtenir quelques concessions, du « grain à moudre » et où elles sont rejetées, trompées, humiliées en est une preuve de plus...

    • Oui, mais renverser Macron, qui n’est qu’un domestique du capital, ce n’est absolument pas « renverser avec lui tout son projet de réaction sociale et anti-démocratique ». Les hommes à la tête de l’Etat de la bourgeoisie sont là pour obéir aux exigences de cette dernière, soucieuse d’accroître ses marges et profits dans un contexte de crise et de concurrence exacerbée. Car c’est l’exploitation accrue, l’augmentation du chômage et de la précarité qui permettent à la grande bourgeoisie de continuer à augmenter ses profits... Remplacer Macron par un autre, même issu de la gauche, ne changera en rien cette équation, qui est de nature sociale.
      Pour qu’il en soit différemment, il faudra que les travailleurs remettent concrètement en question le pouvoir sur la société et l’économie de cette minorité de grands possédants qui entraine l’humanité dans l’abime.
      Faire miroiter un changement électoral en guise de solution relève de la chimère et de la diversion.

  • BALLAST | Daniel Tanuro : « Collapsologie : toutes les dérives idéologiques sont possibles »
    https://www.revue-ballast.fr/daniel-tanuro-collapsologie-toutes-les-derives-ideologiques-sont-possi

    Les nom­breux effets du dérè­gle­ment cli­ma­tique sont sous nos yeux. La non linéa­ri­té de ce pro­ces­sus rend les pro­jec­tions futures incer­taines, mais il ne fait aucun doute que le modèle éco­no­mique domi­nant en est l’une des prin­ci­pales causes. Ancien ingé­nieur agro­nome et auteur de L’Impossible capi­ta­lisme vert, Daniel Tanuro défend une alter­na­tive éco­so­cia­liste : une rup­ture radi­cale avec le pro­duc­ti­visme — qui a long­temps impré­gné les cou­rants socia­listes majo­ri­taires. Mais de l’urgence à la catas­trophe, il n’est par­fois qu’un pas, que la col­lap­so­lo­gie fran­chit sans hési­ter : ses par­ti­sans vont affir­mant que l’effondrement de la civi­li­sa­tion que nous connais­sons aura lieu dans un ave­nir très proche, et qu’il est déjà trop tard pour agir des­sus. Tanuro se porte en faux ; nous en dis­cu­tons.

    #effondrements #collapsologie (vs) #écosocialisme

  • Un regard écosocialiste sur l’#effondrement

    J’étais le 20 mars dernier à Genève, dans le lieu auto-géré L’Écurie, à l’invitation du groupe écosocialiste de Solidarités. L’occasion d’échanger sur l’effondrement, ses implications politiques et sociales, en lien avec le système capitaliste. Un moment à la fois studieux et chaleureux, dans une salle qui frémissait encore des ondes punk-rock de Ludwig von 88, entre une affichette de soutien au Rojava et une collection de bicyclettes étonnante. Bref, un très chouette moment, à retrouver ci-après en podcast grâce à la radio indépendante Libradio. De quoi changer de regard sur la Suisse, merci à toute l’équipe ! Fichiers son ci-dessous, belle écoute à vous…


    https://revoirleslucioles.org/un-regard-ecosocialiste-sur-leffondrement
    #écosocialisme #collapsologie #audio #capitalisme #Corinne_Morel_Darleux

  • #technique #écosocialisme #benjamin
    Walter Benjamin, qui propose par ailleurs une nouvelle conception de la technique comme « maîtrise des relations entre la nature et l’humanité », dit dans ses Thèses sur le concept d’histoire :
    « Marx a dit que les révolutions sont la locomotive de l’histoire mondiale. Peut-être que les choses se présentent autrement. Il se peut que les révolutions soient l’acte par lequel l’humanité qui voyage dans le train tire les freins d’urgence »

    in Walter Benjamin, précurseur de l’écosocialisme, de Michael Löwy (https://journals.openedition.org/chrhc/4909), lequel vient de faire paraître un La révolution est le frein d’urgence. Essais sur Walter Benjamin (http://www.lyber-eclat.net/livres/la-revolution-est-le-frein-durgence) (préface : https://blogs.mediapart.fr/michael-lowy/blog/280119/la-revolution-est-le-frein-d-urgence-essais-sur-walter-benjamin). Voir aussi, pour une approche biographique de Walter Benjamin, les trois premiers tomes du Manifeste incertain de Frédéric Pajak (http://www.leseditionsnoirsurblanc.fr/manifeste-incertain-1-frederic-pajak-9782882502797)

  • L’écosocialisme : qu’est-ce donc ?
    http://www.revue-ballast.fr/lecosocialisme

    Beaucoup de professionnels, de leaders d’opinion, de moyens de communication et de centres de pouvoir sont […] sans contact direct avec les problèmes des exclus. […] [Ils] cohabitent parfois avec un discours "vert". Mais aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous empêcher de reconnaître qu’une vraie approche écologique se transforme toujours en une approche sociale, qui doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres. » Ce réquisitoire ne vient pas d’un leader écologiste reconnu mais de l’encyclique Laudato si’ du pape François. Que la critique d’un discours écologique inoffensif — serrons les rangs, victimes et bourreaux pour « lutter contre le réchauffement climatique » — vienne d’un chef religieux pose question. C’est oublier le tranchant d’un courant politique né chez les Verts allemands dans les années 80 : l’écosocialisme. Le mot n’a pas encore fait sa place dans les dictionnaires en langue française mais s’énonce de lui-même : une critique écologiste et socialiste du capitalisme, la préservation de l’écosystème étant incompatible avec une logique économique fondée sur le productivisme et la recherche du profit. L’écosocialisme, une pensée révélatrice de l’inconséquence de l’écologie mainstream ; une pensée alternative au capitalisme . ☰ Par Pierre-Louis Poyau

    #écosocialisme

  • « Les divergences entre écologistes et communistes ne sont pas insurmontables »
    http://www.reporterre.net/Les-divergences-entre-ecologistes-et-communistes-ne-sont-pas-insurmontab

    Peut-être que la vision est plus partagée sur les compétences régionales, mais sur des sujets aussi importants que l’énergie – et notamment le nucléaire – la décentralisation ou l’Europe, les écologistes et les communistes n’ont pas le même corpus d’idées a priori…

    Mais la dynamique de convergence se crée. Le Parti Communiste est en train d’évoluer sur le nucléaire, les lignes bougent. Pourquoi ? Parce qu’on milite ensemble. C’est ce que j’ai appris à l’UNEF [syndicat étudiant, ndlr], où certains étaient très politiques et d’autres non, et où l’arc politique allait de la frange droite du Parti socialiste au Nouveau parti anticapitaliste. Comment faisait-on ? On créait de la convergence parce qu’on créait du contenu politique. Ne pas militer ensemble, au contraire, c’est créer de la divergence.

    Les divergences que vous citez ne sont pas insurmontables. On peut trouver un compromis et créer de la convergence, car il y a une matrice générale : la répartition des richesses, la préservation d’un écosystème qui nous permette de vivre avec les générations futures, les libertés sur le numérique… Autant de fondamentaux sur lesquels les Verts et le PC sont d’accord.

    Et puis, François Hollande a quand même réussi à faire un gouvernement avec Benoît Hamon et Manuel Valls, qui ne partagent à peu près rien. Les compromis politiques pour prendre le pouvoir, on est capable de les faire.

    #communisme #écologie #écosocialisme #politique #élections

  • Marxisme et social-démocratie : petit rétrospective :
    Gauche de droite, Gauche de combat : la social démocratie et nous. — Antoine MANESSIS
    http://www.legrandsoir.info/gauche-de-droite-gauche-de-combat-la-social-democratie-et-nous.html

    ❝La social-démocratie est un terme et une réalité politique polysémiques.

    En effet, définissant un courant politique, le sens du mot change avec l’évolution de ce même courant.

    Fondée par les pères du marxisme, Marx et Engels, la social-démocratie (S-D) fut la forme organisée du mouvementent révolutionnaire. Même si, notons-le, des courants réformistes existaient au sein de la social-démocratie. Des courants plus ou moins contrôlés du vivant des deux fondateurs et du dernier d’entre eux, Engels, qui mourut en 1895. Marx lui-même décrit la naissance de la S-D ainsi :
    « une coalition entre petits-bourgeois et ouvriers [...] enleva aux revendications sociales du prolétariat leur pointe révolutionnaire et [...] leur donna une tournure démocratique. On enleva aux revendications démocratiques de la petite-bourgeoisie leur forme purement politique et on fit ressortir leur pointe socialiste. C’est ainsi que fut créée la social-démocratie. »

  • Parce qu’être de gauche est une conviction qui se partage

    Édités par Alan Shore : https://twitter.com/AlanShore4

    Les tweets du Front de Gauche
    http://paper.li/AlanShore4/1386150128

    Les RSS du Front de Gauche
    http://paper.li/AlanShore4/1387030612

    l’actualité de l’environnement
    http://paper.li/AlanShore4/1387122312

    Les RSS sont une mine d’informations pour tout un chacun. Faites votre propre journal.
    http://paper.li/AlanShore4/1386151797

    Israël, pays d’apartheid
    http://paper.li/AlanShore4/1388929870
    Parce qu’en Israël, c’est l’extrême droite qui gouverne

    #gauche #journaux #FDG #reseaufdg #ecosocialisme #BDS #FreePalestine

    Édité par Alain Niala : https://www.facebook.com/papounay2000

    People should not be afraid of their governments,
    governments should be afraid of their people
    #ReseauFdG news
    http://paper.li/f-1335279694

  • Splendide éditorial d’Hervé #Kempf dans Reporterre sur #EELV et l’#écologie politique en France :

    La question de la participation au #gouvernement torture plus que jamais le parti né en 1984 pour porter sur la scène politique l’interrogation écologiste et la volonté de changement qui en découle. Porter sur la scène politique signifie que l’on entend peser sur les leviers de pouvoir, et accéder à ces leviers de pouvoir. On ne peut donc reprocher à un parti de chercher à gouverner. Mais cela n’a de sens qu’il pèse vraiment. En l’occurrence, ni M. #Canfin, ni Mme #Duflot, ne peuvent démontrer qu’ils pèsent sur la politique gouvernementale en matière d’environnement. Leur présence les contraint même à une solidarité avec toutes les décisions du gouvernement, ce qui les conduit et conduit ce parti à valider des mesures dont on peut juger qu’elles sont inacceptables.

    [...]

    Ne pas peser au gouvernement, mais y être présent, oblige les parlementaires à soutenir les actions nuisibles de ce gouvernement. En fait, EELV est prise dans la stratégie du PS que François Mitterrand avait déjà expérimenté, avec succès, dans les années 1980 : accueillir des ministres communistes au gouvernement pour étouffer ce parti. De même, François Holllande a-t-il attiré des ministres écologistes au gouvernement pour étouffer les écologistes.

    [...]

    A force de céder du terrain sur les choix essentiels, et d’accepter les reculs successifs sur l’environnement, EELV est en train de dilapider son capital, qui est l’idée que ce parti représente l’écologie.

    Car tant à droite qu’à gauche, l’environnement commence à s’intégrer aux politiques : à droite, l’#UDI de Jean-Louis #Borloo et Chantal #Jouanno développe une expertise réelle sur nombre de questions environnementales. Et même si c’est une vérité difficile à admettre, le bilan environnemental du quinquennat Sarkozy n’est au final pas plus mauvais que celui des deux années de M. #Hollande. A gauche, le #Parti_de_gauche avance dans la définition de l’"#écosocialisme" et est présent dans nombre de luttes écogiques de terrain (souvent, d’ailleurs, en bonne intelligence avec les militants locaux d’EELV). Et dans les luttes concrètes, de plus en plus souvent on s’organise indépendamment d’EELV et parfois en opposition avec ce parti.

    Dans cet affaissement du parti écologiste, il reste deux points forts, d’où pourrait partir le renouveau. D’abord, l’ancrage à l’échelle locale. Car si le bilan ministériel est désastreux, le travail dans les municipalités et les régions est souvent très positif. Sans doute est-ce là l’échelle privilégiée de l’action politique écologiste, comme l’indique Antoine Lagneau. Ensuite, le travail au niveau européen : le #Parlement de #Strasbourg est une instance où il est bien plus possible d’influencer les politiques. Il est par exemple évident que Pascal Canfin était bien plus utile au Parlement - où il animait efficacement la bataille pour contrôler les puissances financières - qu’au gouvernement où il administre une aide au développement en peau de chagrin.

    Enfin, il parait indispensable de… réfléchir. La #pensée_écologiste a besoin de se renouveler, de se remettre en question, d’intégrer en permanence les idées nouvelles qui jaillissent du corps social et de l’évolution historique rapide du capitalisme finissant. On sent chez nombre de responsables politiques écologistes une paresse intellectuelle qui explique largement leur médiocre bilan : on ne peut pas élaborer une bonne stratégie si l’on n’a pas une claire vision des choses.

    De ce point de vue, un troisième point d’appui du renouveau écologique doit venir de l’effort de pensée. D’une part à travers un organe de réflexion à longue durée, comme Etopia, en #Belgique, qui explique en partie le succès des écologistes belges. Et d’autre part d’un média, indépendant et qui affirme clairement la priorité historique que représente la crise écologique planétaire. Un média qui alimente en permanence la discussion écologique et nourrisse d’informations originales sa vision du monde. C’est ici le rôle de Reporterre, qui s’intéresse, bien au-delà d’EELV, à toute la communauté écologiste, des anarchistes aux partisans du développement durable, sur le terrain des luttes comme sur celui des cercles de réflexion.

    http://www.reporterre.net/spip.php?article5086

  • "La « décroissance permet de s’affranchir de l’#impérialisme économique »
    http://www.reporterre.net/spip.php?article4546

    Elle débute en 1972 avec la publication du rapport au Club de Rome Les limites de la croissance. En tant que projet de société socialiste anti-productiviste et anti-industraliste, la décroissance est alors proche de l’#écosocialisme qui apparaît dans les mêmes années avec André Gorz. Cette première phase de la décroissance est essentiellement une phase de critique de la croissance : on veut l’abandonner car elle n’est pas soutenable. C’est une phase « écologique ».

    Mais un second courant, porté par Ivan Illich – qui a d’ailleurs refusé de participer au Club de Rome –, est apparu en disant que ce n’est pas parce que la croissance est insoutenable qu’il faut en sortir, mais parce qu’elle n’est pas souhaitable ! C’est la critique du #développement – terme que l’on utilise dans les pays du Sud comme équivalent de la croissance au Nord –, c’est le mouvement post-développementiste. Personnellement, je me rattache à ce courant-là depuis que j’ai viré ma cuti au milieu des années 1960 alors que j’étais au Laos. La fusion de ces deux courants s’est opérée à l’occasion du colloque organisé en février-mars 2002 à l’Unesco « Défaire le développement, refaire le monde ».

    • #Interview de #Serge-Latouche sur l’histoire de la #décroissance et sur son positionnement #politique actuel.

      Et oh, bizarrerie : encore un qui dit vouloir s’éloigner du signifiant « de #gauche ».

      #croissance #économie #socialisme #Ivan-Illich #occidentalisation #sortir-de-l'économie

      L’économie est une religion, et non pas une science. Par conséquent, on y croit ou on n’y croit pas. Les économistes sont des prêtres, des grands ou des petits, des orthodoxes ou des hétérodoxes. Même mes amis Bernard Maris ou Frédéric Lordon – les meilleurs d’entre eux. Les altermondialistes, par exemple, dont la plupart sont des économistes, ont tendance à réduire tous les malheurs du monde au triomphe du néo-libéralisme. Mais ils restent dans le productivisme et la croissance. Or le mal vient de plus loin. La décolonisation de l’imaginaire que je préconise vise précisément à extirper la racine du mal : l’économie. Il faut sortir de l’économie !

      A la différence de mes camarades du journal La Décroissance, qui passent leur temps à exclure, je pense que nous devons faire un bout de chemin avec des gens comme Pierre Rabhi, Nicolas Hulot, le mouvement Slow Food, etc. La décroissance, c’est comme une diligence. Même s’il y a un cheval qui tire à hue et l’autre à dia, l’important est que la diligence avance. Les initiatives des villes en transition et de simplicité volontaire – comme ce qu’Illich appelait le « techno-jeûne » – s’inscrivent aussi parfaitement dans la décroissance.

      Pour moi, elle est à gauche. Mais le débat est biaisé. Comme le dit Jean-Claude Michéa, finalement, ne faut-il pas abandonner la dichotomie droite-gauche qui tient à notre histoire ?

    • @rastapopoulos : tu en conclus quoi... enfin, conclure, c’est aller un peu vite en besogne... disons, tu as des pistes de variables explicatives ?

      Rien d’élaboré de mon côté, juste du vrac pour l’instant, mais j’ai l’impression que l’élection de Hollande et la politique qui a suivi sont des facteurs de grande confusion et de délitement de l’idée même de gauche. Déjà, j’ai été interloquée par la disparition, ou du moins, le silence, de nombres voix ancrées à gauche depuis l’automne 2012. Je ne pense pas qu’il faille en tirer des conclusions.
      Comment critiquer la politique libérale quand elle est appliquée aux forceps par un gouvernement qui se réclame de la gauche ?

      J’en parlais l’autre jour avec @bravepatrie, mais c’était bien plus facile pour beaucoup de monde, voire jubilatoire, de taper sur Sarko. On va dire que le bougre était très inspirant pour le camps d’en face.
      Du danger prévisible de la personnalisation en politique...

      À creuser.

    • Rien d’élaboré de mon côté, juste du vrac pour l’instant, mais j’ai l’impression que l’élection de Hollande et la politique qui a suivi sont des facteurs de grande confusion et de délitement de l’idée même de gauche.

      Je crois que c’est avant tout l’idée de la débacle, de résignation, de #capitulation qui provoque cela. Le manque de soutien de l’opinion publique. Quand tu vois que le rejet du mariage homo mobilise 40% de la population pendant que la banquise fond plus vite que prévu, pendant que la France est mise sous tutelle des banquiers, et que les écolos ou le FDG plafonnent à 5%, c’est dur, tu es obligé de faire des concessions. On peut pas se permettre le luxe de jouer les puristes isolés... Real politik ? Peut être.

      Et puis rien à faire, gauche et extrême-droite dénoncent des choses similaires, pas pour les mêmes raisons, mais . L’extrême-droite se fait un plaisir de récupérer les voix de ceux que la crise a broyés, en recyclant les discours que la gauche anticapitaliste diffusait dans le vide 10 ans en arrière pour alerter en vain sur la crise à venir... Et nous on se tait de peur d’être désormais assimilés à l’extrême droite..
      cf http://seenthis.net/messages/156724

    • A mon sens, la piste du système devenu nihiliste et hors de contrôle versus toutes les structures humaines jugées forcément comme concurrentes est vraiment féconde. Elle explique la confusion actuelle, les recoupements dans les analyses de gens n’ayant à priori rien à faire ensemble... En cela, les analyses de Grasset (dedefensa) sont passionnantes. Même si en effet, elles peuvent sembler ineptes par leur simplisme et leur absence de lien avec tous les corpus idéologiques habituels.

    • @monolecte

      Je ne crois pas que l’élection de Hollande ait démarré quoi que ce soit. Peut-être révélé plus fort.

      En tout cas la critique de la gauche et du fait de s’affilier à elle, à ce terme, ça ne date pas d’hier. Ne serait-ce que dans la mouvance anarchiste, ce sont de vieux débats.

      En ce qui concerne Michéa, je rappelle quand même le fond de sa démarche, au-delà des piques et des passages polémiques : historiquement le mouvement socialiste et le mouvement anarchiste sont complètement dissociés de la Gauche (les libéraux et les radicaux). Ni de gauche, ni de droite, ni libéraux, ni réactionnaires. Tout ceci était clamé noir sur blanc. C’est seulement au moment de l’affaire Dreyfus, que par stratégie, une partie de ces mouvements (pas tous) s’est alliée à la gauche afin de faire front commun contre l’antisémitisme, et contre le risque réel, à ce moment, d’un coup d’état. Sauf que cette liaison a perduré, et les idéaux socialistes (surtout le socialisme ouvrier et utopique, plus proche des anarchistes que le socialisme scientifique) se sont dilués petit à petit dans les partis de gauche, politique, pouvoir, etc.

      Autrement dit :
      1) la vraie gauche est intrinsèquement libérale
      1bis) dans l’autre sens : les théoriciens libéraux étaient des hommes de gauche, croissance, capitalisme, marché, main invisible, foi dans le progrès technique, etc : à gauche
      2) aucun théoricien socialiste (ceux qui ont lancé/popularisé ce terme, au XIXe donc) ne s’est jamais revendiqué de gauche (c’était une insulte chez les Marx, dit l’anecdote)

      D’où le fait de plaider pour se détacher réellement de nouveau de « la gauche », trouver un ou plusieurs autres signifiants rassembleurs, et faire bande à part (quand bien même on lutterait de temps en temps pour une même cause).

      Je ne dis pas que c’est ce qu’il faut faire. Mais je rappelle un peu l’histoire, le pourquoi du comment des gens comme Serge Latouche ou d’autres, embrayent peut-être dans cette direction.

    • @fil

      Pfiou, lu l’article.

      Alors attention : tout en dégommant et mettant en garde avec raison à propos de gens de droites qui s’approchent de la décroissance, l’article est à mon avis plus vicelard que ça. Procédé récurent chez Ariès, il en profite quasiment à chaque chapitre pour faire des amalgames en incluant dans sa critique des gens qui n’ont absolument rien à voir avec la droite, ni le biorégionalisme, paganisme ou autre, mais qui ont critiqué SA manière de voir la décroissance. Notamment tous ceux qui ont critiqué son besoin de créer un parti politique. Il met volontairement dans le même sac, mais la plupart du temps sans nommer personne, des individus (Latouche, Jappe) ou des groupes (des mouvements décroissants plus portés vers l’anarchisme, les animateurs de decroissance.info, etc) avec d’autres individus et groupes de droite, organicistes, naturaliste, blablabla.

      Pour avoir suivi pendant plusieurs années ces débats au moment où ça se montait (les revues des différents courants, le parti, l’assez génial forum de decroissance.info, entre autre), c’est clair qu’il y a un rapport. (L’article en question datant bien du n°1 d’Entropia en 2006.) @bug_in pourra éventuellement témoigner de cette époque aussi. :D

      C’est intéressant hein. Mais ya pas que la critique de la droite dedans quoi.

    • Que peut signifier la proposition de s’éloigner du paradigme droite/gauche ? Il peut à mon avis s’agir de constater qu’à partir du moment où même des intellectuels unanimement considérés comme progressistes qualifient de « gauche » ces convertis à l’économie que sont les politiciens professionnels du PS, alors, prétendre qu’ils se distinguent des politiciens professionnels dits « de droite » est stérile.

      Un paradigme stérile doit être abandonné. Capitalisme, économie et finance sont trois facettes d’un unique système d’exploitation qu’il n’est question ni de sauver, ni de prolonger, ni de ripoliniser.

    • Capitalisme, économie et finance sont trois facettes d’un unique système d’exploitation qu’il n’est question ni de sauver, ni de prolonger, ni de ripoliniser.

      Je suis assez d’accord sur la question de l’urgence.

      Disons que quand le bateau prend l’eau, on peut arrêter de s’interroger sur les opinions politique du mec d’à côté pour savoir si on peut s’autoriser à ramer dans le même sens que lui pour atteindre la berge et se débarrasser du bateau. La question de ce qu’on fera après, ça doit venir dans un second temps..

    • Pour ma part, j’aimerais plus souvent entendre des justifications de la camaraderie qu’on voudrait nous imposer avec cette soit-disant « gauche socialiste » qui prolonge et amplifie l’oeuvre des servants (sincères et assumés) du Capital.

      Car en matière de fréquentations douteuses, c’est un peu facile de pointer du doigt les camarades qui se refusent au panurgisme qui consiste à hurler avec les loups quand c’est pour mieux après se ranger derrière le socialiste providentiel du jour choisi par les patrons du caca-rente.

    • Personnellement, je ne suis pas outillée intellectuellement pour comprendre comment la #décroissance est un truc de #fachos.
      D’ailleurs, je commence à me demander si j’ai bien compris, toute ma vie, ce qu’était un #facho.

      Je trouvais le papier intéressant sur la mise en perspective de la #décroissance qui me semblait être précisément une notion indiscutablement ancrée à gauche... ben là, franchement, je suis très dépassée.
      Je m’en vais crever de ce pas dans mon cimetière des archéo-éléphants de la sous-pensée.

    • Bienvenue au club alors @monolecte. Depuis le début que je fréquente Seenthis, je me fais tancer vertement lorsque je propose certains liens et j’ai fini par m’autocensurer. Ceci dit, mes contradicteurs m’ont permis de faire des recherches complémentaires sur tel ou tel auteur ou blogueur et du moment que j’approfondis mes connaissances, j’y trouve mon compte.
      Maintenant, je reconnais bien humblement que certains ici m’énervent un peu quand ils se posent en donneurs de leçons et prétendent te faire ostraciser un auteur à cause des ses fréquentations.
      Que faisons-nous ici, tous autant que nous sommes ?
      Nous proposons des liens mettant en valeur des articles qui nous ont plu ou interrogé. On peut donner un avis contradictoire sans pour autant humilier. C’est ce que je m’efforce de faire depuis le début. La langue française est assez riche me semble-t-il pour s’exprimer avec courtoisie. Cependant, on sent parfois des non-dits qui sont pire que des attaques personnelles.
      Je sais qu’il peut être difficile de s’exprimer avec sincérité et sans à priori sur les personnes.
      Maintenant quant à savoir ce qu’est un fasciste, ce n’est pas difficile : un fasciste c’est quelqu’un qui a le culte du chef (homme providentiel), qui est fanatisé par un discours simpliste faisant vibrer en lui tout ce qui s’y est cristallisé de frustration, et qui est prêt à commettre les pires crimes sur injonction de sa hiérarchie, son mentor, son gourou, son chef.
      Y en a-t-il beaucoup parmi nous (comme dirait mon chat) qui se reconnaissent dans cette définition ?

    • Par contre, @monolecte, même si moi aussi j’ai mal à la tête à force :-) , j’ai quand même une question car ce que tu dis m’embrouille finalement : je n’ai pas lu dans les interventions quiconque affirmer que la décroissance est un truc de fachos. Que veux-tu dire ?
      Je veux être sûr qu’on lit la même chose.

      La question qui se pose ici, si je résume bien, c’est dans l’état actuel des choses, faut-il faire feu de tout bois pour mettre en oeuvre la décroissance, quitte à cotoyer des « fachos » qui pensent/agissent sur certains aspects un peu comme nous, ou bien faut il veiller à se tenir toujours éloignés d’eux, de peur que la promiscuité nous corrompe, salisse notre âme, voire nous entraine vers le côté obscur de la force ?
      Je suis plus tenté par le premier scénario (je suis plus flippé par le sort de la planète que par la capacité des fachos à nous pourrir), pour d’autres c’est l’inverse.

      En gros on est en train de s’engueuler pour choisir un chemin pour atteindre le même sommet, parce qu’on n’a pas les mêmes filtres personnels : aptitude à l’endurance, l’escalade, la sensibilité au vertige, etc...

    • @baroug : oui, c’est vrai, j’aurais pu développer la dimension historique. En fait, ma définition n’est pas si restrictive que ça car en chacun de nous sommeille un facho. Et si quelqu’un avait la velléité de me dire que je sombre dans le psychologisme à deux balles, qu’il ne perde pas son temps à le faire. Je retourne à mes occupations.