• La France secrète de Sylvain Tesson - Le Temps
    https://www.letemps.ch/culture/2016/11/18/france-secrete-sylvain-tesson

    Avec Sur les Chemins noirs, Sylvain Tesson se frotte donc à la matière d’un territoire refoulé – sorte de mauvaise conscience de la modernité –, à sa pierraille, à ses fossiles, à ses ronces, à ses mûriers providentiels qui le désaltèrent. Il épouse la Haute Provence comme l’Angelo de Jean Giono, cet auteur qu’il admire. Vagabonder ainsi, c’est s’égratigner mille fois, c’est-à-dire aussi aiguiser sa phrase, celle qu’il couche dans le carnet à l’heure du cigarillo.

    #Bleu #France #Initiative #Ecrire

  • The Indian Quarterly – A Literary & Cultural Magazine – 10 Rules of Writing

    http://indianquarterly.com/10-rules-of-writing

    Merci Elisabeth Vallet sur FB d’avoir signalé cette perle !
    Et pensée à toutes celles et tops ceux qui écrivent en ce moment.

    Do not write long sentences.
    A sentence should not have more than 10 or 12 words.

    Each sentence should make a clear statement.
    It should add to the statement that went before. A good paragraph is a series of clear, linked statements.

    Do not use big words.
    If your computer tells you that your average word is more than five letters long, there is something wrong. The use of small words compels you to think about what you are writing. Even difficult ideas can be broken down into small words.

    Never use words whose meanings you are not sure of.
    If you break this rule you should look for other work.

    The beginner should avoid using adjectives, except those of colour, size and number.
    Use as few adverbs as possible.

    Avoid the abstract.
    Always go for the concrete.

    Every day, for six months at least, practice writing in this way.
    Small words; clear, concrete sentences. It may be awkward, but it’s training you in the use of language. It may even be getting rid of the bad language habits you picked up at the university. You may go beyond these rules after you have thoroughly understood and mastered them.

    #écrire #écriture

  • Mes premières méthodes de travail, par Oriane | Haute Résolution
    http://hauteresolution.net/blog/articles/la-these-chez-moi-ou-mes-premieres-methodes-de-travail/11

    après le café, la matinée est dévolue aux lectures théoriques et au travail sur texte. L’ordinateur n’est pas allumé. On travaille hors-ligne (oui, c’est important). Pourquoi le matin ? Tout simplement parce que lire m’est plus agréable le matin avec un café chaud…
    L’après-midi est dévolue, après manger, aux mails, puis au travail qui nécessite l’informatique : recherches bibliographiques, travail sur corpus, travail sur les outils, écriture…

    #thèse #écrire #travail #écran #internet #attention

  • About Us | Authors Alliance
    http://www.authorsalliance.org/about

    Authors Alliance promotes authorship for the public good by supporting authors who write to be read. We embrace the unprecedented potential digital networks have for the creation and distribution of knowledge and culture. We represent the interests of authors who want to harness this potential to share their creations more broadly in order to serve the public good.

  • Manifeste pour une écriture libre dans la lignée des Nuits Debout.
    http://www.psychee.org/blog/manifeste-pour-une-ecriture-libre-dans-la-lignee-des-nuits-debout

    Pour une majorité d’entre nous — auteurs et autrices —, le modèle proposé par les industries culturelles ne fonctionne plus. Pire, ce système censé nous protéger n’a fait qu’aggraver la situation. Prenant acte de celle-ci, il est temps de poser les bases d’une alliance et d’inventer des solutions qu’aucune institution, parti, gouvernement ou industrie ne nous apportera. Car sans une refonte complète, ce n’est pas seulement ce système qui court à sa perte : c’est la création tout entière, et avec elle celles et ceux qui la rendent possible.

    #auteurs #autrices #création

    • Si je partage l’idé(ologi)e explicite du manifeste, je m’inquiète de son incarnation. En effet il n’est fait référence aux plate-formes que dans ce cas :

      création et/ou utilisation de plateformes de crowdfunding et de mécénat (pour une œuvre seule et/ou pour soutenir un.e artiste sur la durée)

      La plate-forme n’aurait-elle que pour fonction la recherche de financement pour une marchandise particulière (création ou créatriceur). Il me semble pourtant que le but devrait être la démarchandisation de la création. Pour aller dans ce sens, je planche depuis près d’un an sur la création d’une plate-forme associative alliant des #autriceurs_latino-américain(e)s, des #traductriceurs et des #lectriceurs -je me suis même inscrit sur un mooc pour « maitriser » sql et php :-). L’idée étant de dissocier le revenu des créatriceurs de leur production - en distribuant à parts égales les revenus générés par les cotisations des lectriceurs pour accéder à l’ensemble des oeuvres - tandis que les décisions éditoriales sont prises par l’ensemble des membres (autriceurs, traductriceurs et lectriceurs) de l’association à but non-lucratif propriétaire de la plate-forme.
      Je mets beaucoup d’espoir dans ce modèle, qui me semble adapté pour toute sorte de création, bien que je ne pense pas qu’il permette à qui que ce soit de vivre de son seul clavier... du moins dans un premier temps.

      P.S : Si vous avez quoi que ce soit permettant de créer cette plate-forme (modèle de code pour la créer, idée de contrat ou de conditions d’usage pour formaliser les relations entre les membres et l’association, textes originaux latino-américains et/ou leur traduction, des idées ou des envies pour ce type d’organisation, etc.) je suis preneur.

  • Writing with the machine
    https://www.robinsloan.com/notes/writing-with-the-machine

    Finally got this running: snappy in-editor “autocomplete” powered by a neural net trained on old sci-fi stories.

    (...)
    I’d been reading about #deep_learning for a couple of years, but it wasn’t until a long conversation earlier this year with an old friend (who is eye-poppingly excited about these techniques) that I felt motivated to dig in myself. And, I have to report: it really is a remarkable community at a remarkable moment. Tracking papers on Arxiv, projects on Github, and threads on Twitter, you get the sense of a group of people nearly tripping over themselves to do the next thing — to push the state of the art forward.

    That’s all buoyed by a strong (recent?) culture of clear #explanation.

    #IA #écrire #neural_networks #machine_learning#science-fiction #archives

  • Regulating English with retext-mapbox-standard | Mapbox
    https://www.mapbox.com/blog/retext-mapbox-standard

    Think of it as a pedantic robot that makes sure we write simple English, use consistent terminology, and avoid insensitive language. The project is called retext-mapbox-standard and you can download and use it right now, but we want this to be an example, so that everyone can write helpers to solve their own copyediting issues.

    #programmation #texte #écrire #correction #automatisation

    • – retext-equality: bans gendered language and potential slurs.
      – words to avoid in educational writing.

      Exemple, liste des termes interdits par le second :

         'easy',
         'easily',
         'simply',
         'simple',
         'obviously',
         'just',
         'basically',
         'procure',
         'sexy',
         'insane',
         'clearly'
  • The Value of Not Understanding Everything: Grace Paley’s Advice to Aspiring Writers | Brain Pickings

    https://www.brainpickings.org/2015/06/29/grace-paley-advice-to-writers

    “As a person she is tolerant and easygoing, as a user of words, merciless,” the editors of The Paris Review wrote in the introduction to their 1992 interview with poet, short story writer, educator, and activist Grace Paley (December 11, 1922–August 22, 2007). Although Paley herself never graduated from college, she went on to become one of the most beloved and influential teachers of writing — both formally, through her professorships at Sarah Lawrence, Columbia, Syracuse University, and City College of New York, and informally, through her insightful lectures, interviews, essays, and reviews. The best of those are collected in Just As I Thought (public library) — a magnificent anthology of Paley’s nonfiction, which cumulatively presents a sort of oblique autobiography of the celebrated writer.

  • BALLAST Mona Chollet : « #Écrire, c’est un acte à part entière »
    http://www.revue-ballast.fr/mona-chollet-ecrire


    @mona chez Ballast, c’est quand les grands esprits se rencontrent!

    Cette répartition des rôles est tellement ancrée ! J’ai l’impression que l’#érotisme est foncièrement fondé sur cette distinction que le fait de troubler cet ordre-là, pour les #femmes hétérosexuelles, peut réellement créer des perturbations dans leur vie intime et amoureuse. Elles ont tellement l’habitude que ce qui est érotique soit d’être regardée et d’être un objet de #désir ! Avancer un point de vue, être active ou affirmer un désir — tout cela est assez lié — est perçu de manière agressive. La réalisatrice Claire Denis m’impressionne en cela dans sa manière de filmer les hommes. Je trouve sa démarche très audacieuse et belle, mais c’est assez rare, finalement. Cela reste ingrat pour une femme de s’affirmer comme créatrice. Ça revient à menacer un ordre, et renvoie une image souvent négative et déplaisante. Il faut un certain courage. C’est un sujet sur lequel j’aimerais bien travailler : les rapports entre #féminisme et érotisme. Énormément de femmes la jouent profil bas, et surtout ne voudront jamais se revendiquer comme féministes, ayant trop peur de bouleverser leur imaginaire érotique et leur rapport aux hommes. C’est perturbant de réaliser que nos fantasmes et nos désirs sont modelés par l’imaginaire #dominant, y compris dans ce qu’on croit avoir de plus #intime et de plus personnel.

    • D’une certaine manière, il y a une pensée religieuse qui imprègne le militantisme, y compris chez des gens qui se revendiquent parfois athées militants. Il y a un côté très judéo-chrétien dans l’engagement politique. Ça me paraît complètement stérile, et il ne peut en sortir que des choses très malsaines. Je pense que le nombre d’engagements motivés par une forme de culpabilité ou d’intimidation est très important. Il y a l’idée qu’il ne faudrait pas s’écouter, qu’il faudrait sortir de soi, se faire un peu violence. La glorification du « terrain » dans le militantisme rejoint ce que j’ai écrit sur le journalisme. Il faudrait une théorisation de l’utilité sociale de cela. Dans La Tyrannie de la réalité, je raconte comment, en Mai 68, l’écrivain Jean Sur a eu une forme d’illumination qui a changé sa vie. Il était assez désorienté, et il a demandé conseil à son ami Jacques Berque — grand islamologue et professeur au collège de France —, qui lui a répondu : « Augmentez votre poids spécifique. » Je trouve que c’est un excellent conseil. Je me méfie de la délégation de pensée, de l’homologation qui opère dans les structures militantes.

      Mais tellement. Et je le vois aussi à l’oeuvre même dans des milieux qui revendiquent une militance festive et joyeuse. C’est triste à quel point ça imprègne tout.

  • The Recompiler
    http://recompilermag.com

    The Recompiler is a #feminist #hacker #magazine, launching in Summer 2015. Our goal is to help people learn about technology in a fun, playful way, and highlight a diverse range of backgrounds and experiences. We’re especially interested in infrastructure: the technical and social systems we depend on. We want to share what it’s like to learn and work with technology, and teach each other to build better systems and tools.

  • LE LECTEUR UNE ESPÈCE MENACÉE ?
    Michel Abescat et Erwan Desplanques

    Pas le temps... L’esprit ailleurs... Les amateurs de #livres sont en petite forme. Seuls les best-sellers trouvent voix au chapitre. La lecture passe-temps a-t-elle supplanté la lecture passion ? L’âge d’or de la littérature est-il révolu ? Enquête.

    L’amateur de littérature serait-il devenu une espèce menacée ? Tous les signes sont là. Son habitat se raréfie : à Paris, par exemple, 83 librairies ont disparu entre 2011 et 2014. Et sa population ne cesse de décliner. Selon une enquête Ipsos/Livres Hebdo de mars 2014, le nombre de lecteurs avait encore baissé de 5 % en trois ans. En 2014, trois Français sur dix confiaient ainsi n’avoir lu aucun livre dans l’année et quatre sur dix déclaraient lire moins qu’avant. Quant à la diversité des lectures, elle s’appauvrit également dangereusement, l’essentiel des ventes se concentrant de plus en plus sur quelques best-sellers. Guillaume Musso ou Harlan Coben occupent l’espace quand nombre d’écrivains reconnus survivent à 500 exemplaires.

    Fleuron contemporain de la biodiversité littéraire, l’Américain Philip Roth confiait récemment son pessimisme au journal Le Monde : « Je peux vous prédire que dans les trente ans il y aura autant de lecteurs de vraie littérature qu’il y a aujourd’hui de lecteurs de poésie en latin. » Faut-il préciser que dans son pays, selon une étude pour le National Endowment for the Arts, un Américain sur deux n’avait pas ouvert un seul livre en 2014 ? En début d’année, dans Télérama, l’Anglais Will Self y allait lui aussi de son pronostic : « Dans vingt-cinq ans, la littérature n’existera plus. » Faut-il croire ces oiseaux de mauvais augure ? Le lecteur serait-il carrément en voie de disparition ? Et le roman destiné au plaisir d’une petite coterie de lettrés ? Mauvaise passe ou chronique d’une mort annoncée ?

    La baisse de la lecture régulière de livres est constante depuis trente-cinq ans, comme l’attestent les enquêtes sur les pratiques culturelles menées depuis le début des années 1970 par le ministère de la Culture. En 1973, 28 % des Français lisaient plus de vingt livres par an. En 2008, ils n’étaient plus que 16 %. Et ce désengagement touche toutes les catégories, sans exception : sur la même période, les « bac et plus » ont perdu plus de la moitié de leurs forts lecteurs (26 % en 2008 contre 60 % en 1973). Si l’on observe les chiffres concernant les plus jeunes (15-29 ans), cette baisse devrait encore s’aggraver puisque la part des dévoreurs de pages a été divisée par trois entre 1988 et 2008 (de 10 % à 3 %).

    La lecture de livres devient minoritaire, chaque nouvelle génération comptant moins de grands liseurs que la précédente. Contrairement aux idées reçues, ce phénomène est une tendance de fond, antérieure à l’arrivée du numérique. « Internet n’a fait qu’accélérer le processus », constate le sociologue Olivier Donnat, un des principaux artisans de ces enquêtes sur les pratiques culturelles. Pour lui, « nous vivons un basculement de civilisation, du même ordre que celui qui avait été induit par l’invention de l’imprimerie. Notre rapport au livre est en train de changer, il n’occupe plus la place centrale que nous lui accordions, la littérature se désacralise, les élites s’en éloignent. C’est une histoire qui s’achève ».

    La lecture de romans devient une activité épisodique. En cause, le manque de temps ou la concurrence d’autres loisirs.

    La population des lecteurs réguliers vieillit et se féminise. Il suffit d’observer le public des rencontres littéraires en librairie. « La tranche d’âge est de 45-65 ans, note Pascal Thuot, de la librairie Millepages à Vincennes. Et les soirs où les hommes sont le plus nombreux, c’est 20 % maximum. » Les statistiques le confirment : chez les femmes, la baisse de la pratique de la lecture s’est en effet moins traduite par des abandons que par des glissements vers le statut de moyen ou faible lecteur. Dans les autres catégories, la lecture de romans devient une activité épisodique, un passe-temps pour l’été ou les dimanches de pluie. En cause, le « manque de temps » (63 %) ou la « concurrence d’autres loisirs » (45 %), comme le montre l’enquête Ipsos/Livres ­Hebdo. La multiplication des écrans, les sollicitations de Facebook, la séduction de YouTube, l’engouement pour des jeux comme Call of duty ou Candy Crush, le multitâche (écouter de la musique en surfant sur Internet) ne font pas bon ménage avec la littérature, qui nécessite une attention soutenue et du temps.

    Du côté des éditeurs, ce sont d’autres chiffres qui servent de baromètre. Ceux des ventes, qui illustrent à leur manière le même phénomène de désengagement des lecteurs. Certes les best-sellers sont toujours présents au rendez-vous. Ils résistent. Et les Marc Levy, David Foenkinos ou Katherine Pancol font figure de citadelles. Si massives qu’elles occultent le reste du paysage, qui s’effrite inexorablement : celui de la littérature dite du « milieu », c’est-à-dire l’immense majorité des romans, entre têtes de gondole et textes destinés à quelques amateurs pointus. Pascal Quignard peine ainsi à dépasser les 10 000 exemplaires, le dernier livre de Jean Echenoz s’est vendu à 16 000, Jean Rouaud séduit 2 000 à 3 000 lecteurs, à l’instar d’Antoine Volodine. Providence, le dernier livre d’Olivier Cadiot, s’est vendu à 1 400 exemplaires et le dernier Linda Lê, à 1 600 (chiffres GfK).

    Quant aux primo-romanciers, leurs ventes atteignent rarement le millier d’exemplaires en comptant les achats de leur mère et de leurs amis. « Oui, les auteurs qui vendaient 5 000 livres il y a quelques années n’en vendent plus que 1 000 ou 2 000 aujourd’hui. Et le vivent très mal », résume Yves Pagès, le patron des éditions Verticales. D’autant plus qu’à la baisse des ventes les éditeurs ont réagi en multipliant les titres pro­posés. De moins en moins de lecteurs, de plus en plus de livres ! Entre 2006 et 2013, la production de nouveaux titres a ainsi progressé de 33 %, selon une étude du Syndicat national de l’édition. Comment s’étonner alors que le tirage moyen des nouveautés soit en baisse, sur la même période, de 35 % ?

    “L’auteur est le Lumpenproletariat d’une industrie culturelle qui est devenue une industrie du nombre.” – Sylvie Octobre, sociologue

    La multiplication des écrivains est un autre effet mécanique de cette surproduction. Le ministère de la Culture recense aujourd’hui 9 500 « auteurs de littérature » qui doivent se partager un gâteau de plus en plus petit. Paupérisés, jetés dans l’arène de « rentrées littéraires » de plus en plus concurrentielles — cette année, 589 romans français et étrangers —, confrontés à l’indifférence quasi générale, les écrivains font grise mine. Ou s’en amusent, bravaches, à l’instar de François Bégaudeau, qui met en scène dans La Politesse (éd. Verticales), son irrésistible dernier roman, un auteur en butte aux questions de journalistes qui ne l’ont pas lu, aux chaises vides des rencontres en librairie, à la vacuité de salons de littérature où le jeu consiste à attendre des heures, derrière sa pile de livres, d’improbables lecteurs fantômes.

    Désarroi, humiliation, découragement : « L’auteur est le Lumpenproletariat d’une industrie culturelle qui est devenue une industrie du nombre », tranche la sociologue ­Sylvie Octobre. Editeur, Yves Pagès nuance évidemment : « Heureusement, il y a des contre-exemples qui soulignent l’intérêt de défendre un auteur sur la durée : Maylis de Kerangal, qui vendait moins de 1 000 exemplaires, a vendu Réparer les vivants à 160 000 exemplaires en grand format. » Pour éviter la catastrophe, les auteurs doivent ainsi, selon lui, faire attention à ne pas devenir des « machines néolibérales concurrentielles, s’enfumant les uns les autres sur de faux chiffres de vente ». Et surtout être lucides, et « sortir du syndrome Beckett-Lady Gaga. Il faut choisir son camp : on ne peut pas écrire comme Beckett et vendre autant que Lady Gaga ».

    De tout temps, les écrivains se sont plaints de ne pas vendre suffisamment. « A la sortie de La Naissance de la tragédie, Nietzsche n’en a vendu que 200 exemplaires et Flaubert n’avait pas une plus grande notoriété que celle de Pascal Quignard aujourd’hui, remarque la sémiologue Mariette Darrigrand, spécialiste des métiers du livre. Nos comparaisons sont simplement faussées quand on prend le XXe siècle comme référent, qui était, de fait, une période bénie pour le livre. » A croire selon elle que nous assisterions moins à une crise du livre qu’à un simple retour à la normale, après un certain âge d’or de la littérature, une parenthèse ouverte au XIXe siècle avec la démocratisation de la lecture et le succès des romans-feuilletons d’Alexandre Dumas, de Balzac ou d’Eugène Sue. Elle se serait refermée dans les années 1970-1980, avec la disparition de grandes figures comme Sartre ou Beckett et la concurrence de nouvelles pratiques culturelles (télévision, cinéma, Internet...).

    « La génération des baby-boomers entretenait encore un rapport à la littérature extrêmement révérencieux, confirme la sociologue Sylvie Octobre. Le parcours social était imprégné de méritocratie, dont le livre était l’instrument principal. Cette génération considérait comme normal de s’astreindre à franchir cent pages difficiles pour entrer dans un livre de Julien Gracq. Aujourd’hui, les jeunes font davantage d’études mais n’envisagent plus le livre de la même façon : ils sont plus réceptifs au plaisir que procure un texte qu’à son excellence formelle et ne hissent plus la littérature au-dessus des autres formes d’art. »

    Aujourd’hui, en France, trois films sur dix sont des adaptations littéraires.

    La majorité des auteurs d’aujourd’hui, comme Stendhal en son temps, devraient ainsi se résoudre à écrire pour leurs « happy few » — constat qui n’a rien de dramatique en soi : « Est-ce qu’il y a plus de cinq mille personnes en France qui peuvent vraiment se régaler à la lecture d’un livre de Quignard ? J’en doute, mais c’est vrai de tout temps : une oeuvre importante, traversée par la question du langage et de la métaphysique, n’a pas à avoir beaucoup plus de lecteurs, estime Mariette Darrigrand. Certains livres continuent de toucher le grand public, comme les derniers romans d’Emmanuel Carrère ou de Michel Houellebecq, mais pour des raisons qui tiennent souvent davantage au sujet traité qu’aux strictes qualités littéraires. »

    L’appétit pour le récit, la fiction est toujours là, lui, qui se déplace, évolue, s’entiche de nouvelles formes d’expression plus spectaculaires ou faciles d’accès. Aujourd’hui, en France, trois films sur dix sont des adaptations littéraires. « La génération née avec les écrans perd peu à peu la faculté de faire fonctionner son imaginaire à partir d’un simple texte, sans images ni musique, constate Olivier Donnat. On peut le regretter, mais elle trouve aussi le romanesque ailleurs, notamment dans les séries télé. » Dans la lignée de feuilletons littéraires du xixe siècle, Homeland ou The Wire fédèrent de nos jours plus que n’importe quel ou­vrage de librairie. De l’avis gé­néral, la série télé serait devenue « le roman populaire d’aujourd’hui » (Mariette Darrigrand), la forme « qui s’adresse le mieux à l’époque » (Xabi Molia), parlant de front à toutes les générations, à tous les milieux sociaux ou culturels, avec parfois d’heureuses conséquences (inattendues) sur la lecture (voir le succès des tomes originels de Game of thrones, de George R.R. Martin, après la diffusion de leur adaptation sur HBO).

    En cinquante ans, l’environnement culturel s’est élargi, étoffé, diversifié, au risque de marginaliser la littérature et l’expérience poétique. « Ma génération a grandi sur les ruines d’une période particulièrement favorable au livre, dit François Bégaudeau. Ce n’est pas une raison pour pleurer. Moi je viens de la marge, d’abord avec le punk-rock puis avec l’extrême gauche, j’ai appris à savourer la puissance du mineur : assumons-nous comme petits et minoritaires, serrons-nous les coudes entre passionnés de littérature, écrivons de bons livres et renversons l’aigreur en passion joyeuse. » Car la créativité est toujours là : l’éditeur Paul Otchakovsky-Laurens dit recevoir chaque année des manuscrits meilleurs que les années précédentes. Et le libraire Pascal Thuot s’étonne moins du nombre de titres qu’il déballe chaque année des cartons (environ dix mille) que de leur qualité. « Il ne faut pas sombrer dans le catastrophisme : si les ventes baissent, la littérature française reste en excellente santé, assure Yves Pagès. Sa diversité a rarement été aussi forte et reconnue à l’étranger. »

    Tous espèrent simplement que ce bouillonnement créatif ne tournera pas en vase clos, à destination d’un public confidentiel de dix mille lecteurs résistants, mais trouvera de nouveaux relais et un accueil plus large chez les jeunes. Mais comment séduire les vingtenaires avec des romans à 15 euros quand le reste de la production culturelle est quasiment gratuite sur Internet ? « A la différence des séries télé, les romans sont difficiles à pirater, c’est ce qui les sauve et en même temps les tue », note Xabi Molia. Pour survivre, le roman doit faire sa mue à l’écran, s’ouvrir aux nouveaux usages, chercher à être plus abordable (sans céder sur l’exigence), notamment sur Internet où les prix restent prohibitifs. Peut-être alors ne sera-t-il pas condamné au sort de la poésie en latin...

  • sub-Q Magazine : un nouveau magazine sur les fictions interactives. Ils veulent promouvoir des œuvres avec des sujets différents, et le faire en payant les créateurs.

    https://sub-q.com

    We encourage work from creators of color, creators from the QUILTBAG community, and creators with disabilities. Intersectionality welcome. Internationality welcome.

    In theme, we’re looking for stories that

    Affirm humanity deserves to live
    Smart and fun, with a spirit of joy
    Leave the reader feeling good overall (if the story hurts, let it be a good hurt)
    Use first or third person POV
    Require interaction only when a meaningful choice is being made
    In execution, we’re looking for stories that explore any of these:

    Character configuration, e.g. reader chooses the gender/height/appearance of the main character
    Romance options, e.g.
    A dating simulation nestled in a complete, satisfying narrative
    A BioWare game (Dragon Age, Mass Effect) for reading
    A Princess Bride where you get to romance Inigo
    Unreliable medium, e.g.
    Reader hits a contradiction, then scrolls back up to find the previous story has changed
    Style changes
    Text degrades/becomes less readable OR more readable
    Content reflecting theme, e.g. night scenes different style from day, dog’s POV has no color, etc.
    And beyond plot and style…

    Conservation of Detail: What moments of story should be explored? What should be ignored? What moments should be invested in? What’s the story’s overall metaphor, significance, nuance? Is the cigar just a cigar? Reader decides.
    Dialogue: What’s really being said? What’s the full context? How much should be read between the lines, and how much should be taken at face value? Who’s more reliable–the speaker or the listener? Reader decides.
    Stream of consciousness: Reading is a kind of psychic link–the reader receives thoughts transmitted across time and space. Can the reader speak back? Can the writer anticipate what will be spoken? How much should be expected, and how much should be surprising? Reader decides.
    POV: What if the POV isn’t static? Which narrator is most reliable? Which is the most entertaining? Are they the same thing? Should they be the same thing? Reader decides.
    Genre: What kind of story is it? Is that sentence literal, or metaphorical? Reader decides. Similarly…
    Frame: What’s real? What’s the fourth wall? Should it be broken? What if it’s the only way out? Reader decides.
    This list is meant to inspire, not constrain. All ideas are welcome. We look forward to seeing what you do.

    #literature #QUILTBAG

  • Un planeur dans un champ - 26/07/2015 - ladepeche.fr
    http://www.ladepeche.fr/article/2015/07/26/2150098-un-planeur-dans-un-champ.html

    « J’étais dans une pompe (air ascendant) à 1.000 m sur Aire-sur-l’Adour et, ensuite, je n’ai trouvé que des dégueulantes (zones d’air descendant). J’étais bas (comprendre 150 m), au sud d’Eauze, et je me suis vaché (interpréter par : atterrir dans un champ). J’ai fait une PTL (prise de terrain en L) »

    #vocabulaire

  • BALLAST Laurent Cordonnier : « La #marchandisation des conditions d’existence est totale ! »
    http://www.revue-ballast.fr/laurent-cordonnier

    Je ne connaissais pas cette phrase d’Orwell, mais je la trouve tout à fait juste. Vraiment excellente. C’est très décourageant pour des intellectuels de devoir sans cesse essayer de réarmer leur combat, en faisant remonter à la surface « la très haute intelligence et la très haute #théorie ». On a l’impression que pour gagner un centimètre dans un #débat #politique ou intellectuel, aujourd’hui, il faudrait réapprendre à tout le monde Karl Marx, John Meynard Keynes ou Michal Kalecki, pour commencer « à causer » sérieusement... Les bras nous en tombent. Les années de grandes théories sont passées à la poubelle. Il faut donc s’y prendre autrement. Attaquer plus vite, perdre moins de temps, trouver une porte dérobée, passer par une fissure, adopter des stratégies de contournement. La question est de savoir ensuite si ces stratégies ne sont pas complètement désespérées elles-mêmes. Evidemment, il faut conquérir les esprits, essayer de travailler l’imaginaire de nos contemporains, les interpeller de manière plutôt douce que violente. Même si on peut douter qu’un #roman n’ait jamais changé le monde, surtout les petits qui ne se vendent pas (rires).

    #dystopie

  • AP’s ’robot journalists’ are writing their own stories now
    http://www.theverge.com/2015/1/29/7939067/ap-journalism-automation-robots-financial-reporting

    Des articles de l’associated Press sont maintenant écrits par un « robot »

    So no, computers are not taking journalists’ jobs — not yet, at any rate. Instead, they’re freeing up writers to think more critically about the bigger picture. “One of the things we really wanted reporters to be able to do was when earnings came out to not have to focus on the initial numbers,” said Patterson. “That’s the goal, to write smarter pieces and more interesting stories.”