Proposition de loi visant à interdire l’usage de l’#écriture_inclusive
Rapport n° 67 (2023-2024), déposé le 25 octobre 2023
AVANT-PROPOS
I. ÉCRITURE « INCLUSIVE » OU NOVLANGUE EXCLUANTE ?
A. DES PRATIQUES QUI SE DÉVELOPPENT RAPIDEMENT
1. Qu’est-ce que l’écriture dite « inclusive » ?
2. Un phénomène loin d’être marginal
B. UNE DÉMARCHE QUI SOULÈVE DE NOMBREUSES DIFFICULTÉS
1. Une écriture non neutre
2. Une contrainte importante sur une langue déjà menacée
3. Une menace pour l’intelligibilité et l’accessibilité des textes
II. UNE PROPOSITION DE LOI NÉCESSAIRE POUR DISSIPER DES INCERTITUDES JURIDIQUES
A. DES INCERTITUDES JURIDIQUES
1. Quelques grands principes et deux circulaires
2. Une jurisprudence hésitante
B. UNE PROPOSITION DE LOI POUR CLARIFIER LE DROIT
C. LA POSITION DE LA COMMISSION
EXAMEN DES ARTICLES
Article 1er
Interdiction de l’usage de l’écriture dite inclusive dès lors que le droit exige l’utilisation du français
Article 2
Conditions d’application et d’entrée en vigueur de la loi
Intitulé de la proposition de loi
EXAMEN EN COMMISSION
LISTE DES PERSONNES ENTENDUES
RÈGLES RELATIVES À L’APPLICATION DE L’ARTICLE 45
DE LA CONSTITUTION ET DE L’ARTICLE 44 BIS
DU RÈGLEMENT DU SÉNAT (« CAVALIERS »)
LA LOI EN CONSTRUCTION
▻https://www.senat.fr/rap
/l23-067/l23-067.html
#France #interdiction #loi #novlangue #langue #menace #intelligibilité #accessibilité #incertitudes_juridiques #jurisprudence #circulaires #proposition_de_loi
L’écriture inclusive a-t-elle un intérêt ?
►https://www.youtube.com/watch?v=url1TFdHlSI
L’écriture inclusive fait couler beaucoup d’encre et les papiers d’opinions sont foison. Qu’en est-il du côté de la recherche ? Un consensus existe-t-il ?
Et bien j’ai appris des choses ! C’est beau la science.
]]>Enquête sur l’#accessibilité des #écritures_inclusives
Les résultats de l’enquête que j’ai mené sur l’accessibilité des écritures inclusives pour les personnes dyslexiques sont désormais disponibles. Ils sont présentés, ainsi que l’état de l’art et la méthodologie utilisée, dans un mémoire accessible sur cette page web. Ce mémoire marque l’aboutissement de mon stage et initie une suite de travaux qu’il semble nécessaire.
Le mémoire se base sur une enquête en ligne testant la compréhension de plusieurs formes d’écriture genre-inclusives : #double_flexion totale, double flexion partielle (point médian), #néologie, #écriture_épicène et #genre_neutre (par Alpheratz). Le texte testé est une ré-écriture du conte « Les habits de l’Empereur » (celui où « le roi est nu »). Les résultats sont très différenciés - selon l’adhésion des répondant-e-s aux principe de l’écriture inclusive par exemple. Voici un extrait de la conclusion :
« Il existe des grandes tendances de l’impact du contexte socio-politique sur l’accessibilité des écritures inclusives qui interfère avec la complexité des contextes personnels. Cela remet en question la pertinence de l’établissement d’une classification d’accessibilité entre les différentes formes d’écriture inclusive et montre le caractère contingent de l’accessibilité aux écritures inclusives. De plus, il est important de rappeler que cette étude montre aussi que la langue écrite française reste fondamentalement inaccessible aux personnes dyslexiques. »
Pour télécharger le mémoire :
▻https://inclusiviteetdyslexie.files.wordpress.com/2021/09/memoire-v1-4.pdf
▻https://inclusiviteetdyslexie.wordpress.com
#écriture_inclusive #enquête #dyslexie #langue_française #français
Le #6-66 de l’#écriture_inclusive
Avec un #dictionnaire :
▻https://geoprag.org/2021/06/17/petit-dictionnaire-des-mots-autour-de-lecriture-inclusive
Et des #vidéos :
▻https://geoprag.org/2021/06/17/lecriture-inclusive-en-666
dont celle-ci en 66 secondes :
▻https://www.youtube.com/watch?v=4ion8ba3cZ4&feature=emb_logo
Et celle-ci en 6 minutes :
▻https://www.youtube.com/watch?v=BwrL9IAF0fQ&feature=emb_logo
Une chaîne youtube :
https://www.youtube.com/channel/UCGPGicfh9zPFdmkpECYZRSA
Une sélection de #podcast :
▻https://geoprag.org/2021/06/14/lecriture-inclusive-en-6-podcasts
Et des #sources :
▻https://geoprag.org/2021/06/18/les-sources-de-lecriture-inclusive
#Sébastien_Leroux #podcasts #vidéo #6_66 #bibliographie #ressources_pédagogiques #sexisme #double_flexion #féminin #masculin #grammaire_inclusive #accord_de_proximité #nom_nouveau #neutre #pratiques_linguistiques #pratiques #écriture_épicène
]]> Grammalecte est un #correcteur_grammatical et #typographique #open_source dédié à la langue française, pour Writer (#LibreOffice, #OpenOffice), #Firefox & #Thunderbird, Chrome, etc.
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#langue_française #typographie #aide #grammaire #français
Témoignage sur twitter :
Je viens de télécharger grammalecte et je suis bluffé.
Ami·e·s des #coquilles, de l’#écriture_épicène et des logiciels libres, cette #extension pour Firefox et LibreOffice est pour vous
▻https://twitter.com/pierre_bat/status/1381942105682100230
déjà signalé par @cy_altern :
▻https://seenthis.net/messages/849569
Un Genevois crée la première #typo inclusive
Étudiant à la HEAD, #Tristan_Bartolini a inventé plus de 40 caractères typographiques non genrés. Il vient de recevoir le Prix Art Humanité 2020 de la Croix-Rouge.
On aurait adoré ponctuer cet article de mots comprenant des signes typographiques inventés par Tristan Bartolini. Juste pour rendre le propos limpide et distrayant. Mais c’est impossible. Notre clavier ne connaît pas ces caractères-là. Notre clavier est vieux jeu. Mais dans dix ans peut-être, tous les rédacteurs de la planète utiliseront « l’inclusif-ve » pour taper leur prose.
On notera au passage la mocheté de ce « sif-ve » à la fin d’« inclusif-ve ». C’est justement pour éviter ces acrobaties graphiques – et œuvrer pour un monde meilleur – que le jeune Tristan a créé une typo épicène. Et raflé conséquemment le Prix Art Humanité 2020 de la Croix Rouge la semaine dernière.
Coup de foudre pour la typo
Mais reprenons depuis le début. Un CFC de graphisme en poche, Tristan Bartolini se retrouve sur les bancs de la HEAD. Il y découvre les arcanes de la typographie. Coup de foudre. « C’est une activité sans fin, quasi méditative. Il y a toujours une courbe à rectifier. J’adore. On s’immerge corps et âme dans ce travail. D’abord, j’ai redessiné des lettres qui existaient déjà. Et puis j’ai voulu m’échapper de l’alphabet. »
https://cdn.unitycms.io/image/ocroped/1600,1600,1000,1000,0,0/MysotG008QA/2jfqr5KWqw18DwtvRuhipZ.jpg Le Genevois cherche un thème pour son travail de diplôme. « Un thème au service d’une cause, en accord avec mes engagements et convictions. » Une police de caractères inclusive s’impose comme une évidence. « L’idée m’est tombée du ciel. Il y avait beaucoup de débats autour de l’écriture épicène. Elle devenait de plus en plus fréquente dans les documents administratifs, les publicités. Je me suis dit que ce n’était pas qu’une affaire de linguistes, que l’on pouvait amener des solutions graphiques. »
Le concept ? Simple et lumineux : la création de nouveaux caractères non genrés, en lovant deux ou plusieurs lettres. Oui, comme dans le joli bisou du O et du E dans notre vieux « Œ ». Tristan enlace donc le E et le A de Le et La ; le P et le M de Père et Mère ; voire le HO et FE de Homme et de Femme. Adieu barbants tirets, points et parenthèses. Voyez l’osmose typographique. Voyez l’ouverture du champ des possibles entre les deux pôles extrêmes que sont le masculin et le féminin.
https://cdn.unitycms.io/image/ocroped/1600,1600,1000,1000,0,0/AF-AX8fNjq4/6CPz7lUj4bC9A7qgwqyc3c.jpg Encore fallait-il rendre cette étreinte élégante. C’est là que l’art du graphiste entre en scène. Après des mois de cogitations et préalables théoriques, Tristan se met à la création graphique proprement dite en mars dernier, alors que sonne le sinistre clairon du confinement. « Il me fallait une systématique. J’avais un critère de base : la visibilité. Je voulais des caractères évidents, pratiques, faciles d’utilisation. J’ai opéré d’interminables allers-retours, en poussant l’expérimentation au plus complexe pour souvent revenir au plus simple », sourit le jeune homme.
Le début d’un grand chamboulement
À l’orée de l’été, « l’inclusif-ve » déroule une quarantaine de nouveaux signes épicènes, superposables aux terminaisons genrées, pronoms et même à certains mots. C’est ingénieux. C’est poétique. C’est peut-être aussi le début d’un grand chamboulement graphique et sociétal.
https://cdn.unitycms.io/image/ocroped/1600,1600,1000,1000,0,0/i7SHZO0koWo/53vLIeYMKhq9hbsALbfHVW.jpg Et maintenant ? « J’aimerais que ce projet ne soit qu’un début. Ce système de caractères peut s’adapter à d’autres polices d’écriture. Dès lors, ce serait bien que des typographes intègrent mes signes dans leurs propres créations. J’ai simplement créé un outil de communication. D’autres pourraient l’utiliser pour faire passer un message. »
▻https://www.tdg.ch/un-genevois-cree-la-premiere-typo-inclusive-168461901432
#typographie #écriture_inclusive #écriture_épicène #français #langue #écriture #langue_française
Écriture inclusive : un premier bilan de la #controverse
Le 18 septembre 2020, une tribune publiée dans Marianne (▻https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/une-ecriture-excluante-qui-s-impose-par-la-propagande-32-linguistes-listen) signée par 32 linguistes prenait clairement position contre l’écriture inclusive ou, plus exactement, contre l’utilisation des graphies abrégées (par exemple : les étudiant·e·s). Cette tribune se présentait comme une mise au point objective dénonçant une pratique qui, selon ses signataires, « s’affranchit des #faits_scientifiques ».
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Le 25 septembre 2020, une tribune signée par 65 linguistes (▻https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/250920/au-dela-de-l-e-criture-inclusive-un-programme-de-travail-pour-la-lin) prenait le contre-pied de la première, alors que paraissaient en même temps un texte signé par Éliane Viennot et Raphaël Haddad et diverses analyses critiques (▻https://sysdiscours.hypotheses.org/155). Cette controverse pourrait paraître anecdotique. En réalité, on peut en tirer quelques enseignements intéressants sur les langues et leur fonctionnement, ainsi que sur l’utilisation du discours scientifique expert pour fonder des discours prescriptifs (« il faut… il ne faut pas… ») (▻https://information.tv5monde.com/video/l-ecriture-inclusive-pour-mettre-fin-l-invisibilisation-des-fe).
Quelques jalons historiques
Il y a 30 ans, en #France, un mouvement a conduit à la #féminisation des noms de fonctions, de métiers, de titres et de grades. Très vite relayé par les instances politiques, il visait à « apporter une légitimation des #fonctions_sociales et des #professions exercées par les #femmes » (Décret du 29 février 1984). Il a réussi à imposer, dans les usages et jusque sous la coupole de l’#Académie_française (déclaration du 28 février 2019), l’emploi de #formes_féminines qui ont été tantôt créées (une ingénieure, une sapeuse-pompière), tantôt réhabilitées (une autrice, une officière) ou tantôt simplement plus largement diffusées (la présidente, la sénatrice).
Cette #prise_de_conscience a permis de faire évoluer la #langue_française de manière à répondre aux besoins des personnes qui s’expriment en #français. La difficulté à laquelle les francophones font face aujourd’hui concerne les (bonnes) manières d’utiliser ces #noms_féminins dans tous les domaines de la vie : administration, enseignement, politique, création artistique, entreprise, vie quotidienne, etc. L’écriture inclusive désigne non plus la féminisation, mais l’usage de ces noms féminins à côté des noms masculins dans les textes.
L’écriture inclusive, dite aussi #écriture_épicène (en Suisse et au Canada), #écriture_non_sexiste ou #écriture_égalitaire, représente un ensemble de #techniques qui visent à faire apparaître une #égalité, ou une #symétrie, entre les #femmes et les #hommes dans les textes et à adopter un langage non discriminant par rapport aux femmes. Nous choisissons ici de considérer l’écriture inclusive sans l’#écriture_non_genrée, dite aussi neutre ou #non_binaire, qui poursuit un objectif d’inclusion bien sûr, mais également très spécifique : ne pas choisir entre le féminin et le masculin et ne pas catégoriser les personnes selon leur genre.
Les règles qui ne font (presque) pas polémique
Certaines règles de l’écriture inclusive sont largement acceptées et figurent dans l’ensemble des guides. Il n’y a pratiquement pas de divergences concernant les éléments suivants :
(1) Utiliser des noms féminins pour désigner des femmes dans leur fonction, métier, titre ou grade : dire « Madame la Présidente » et non « Madame le Président », « la chirurgienne » et non « le chirurgien », « l’officière de la Légion d’honneur » et non « l’officier de la Légion d’honneur ». Notons que certains noms, malgré des racines connues, ne sont pas encore accueillis sans retenue (par exemple : autrice ou professeuse).
(2) Utiliser l’expression « les femmes » dès qu’on désigne un groupe de femmes et réserver l’expression « la femme » (ou « la Femme ») pour renvoyer à un stéréotype : dire « la journée internationale des droits des femmes » ou « la situation des femmes en Algérie » ; mais dire « cette actrice incarne la femme fatale ».
(3) Utiliser « humain, humaine » plutôt que « homme » pour désigner une personne humaine, comme dans « les droits humains », « l’évolution humaine ».
(4) Toujours utiliser le terme « Madame » lorsqu’on s’adresse à une femme (comme contrepartie féminine de « Monsieur » lorsqu’on s’adresse à un homme) et ne plus utiliser « #Mademoiselle », qui crée une asymétrie, puisque « #Mondamoiseau » est rarement utilisé.
(5) Ne pas nommer une femme d’après la fonction ou le titre de son mari : dire « la femme de l’ambassadeur » et non « l’ambassadrice ».
(6) Utiliser les noms propres des femmes comme on utilise ceux des hommes. Ne pas utiliser le prénom d’une femme lorsqu’on utilise le nom de famille d’un homme, par exemple dans un débat politique (ne pas dire « Ségolène contre Sarkozy », ni « Ségo contre Sarko »). Faire de même pour les noms communs (ne pas dire « les filles de la Fed Cup » et « les hommes de la Coupe Davis »).
Les règles qui suscitent la polémique
D’autres règles suscitent encore des polémiques (en France et en Belgique notamment), parce qu’elles créent des façons d’écrire ou de parler qui paraissent inhabituelles. Les arguments invoqués pour défendre ou pour refuser ces règles relèvent de l’histoire de la langue, de la linguistique, de la sociologie ou de la psychologie du langage, et parfois de l’idéologie. Les études actuelles (une bibliographie est disponible ici : ▻https://osf.io/p648a/?view_only=a385a4820769497c93a9812d9ea34419) nous apportent pourtant un regard scientifique qui devrait nous aider à naviguer dans les méandres de ce sujet.
(1) Utiliser le masculin pour désigner une personne dont on ne connaît pas le genre, comme dans une offre d’emploi : « recherche informaticien (H/F) ». Il est prouvé que cette règle ne favorise pas un traitement équitable des femmes et des hommes. De nombreuses études scientifiques ont montré que l’emploi de termes uniquement au masculin (« un mathématicien, un directeur commercial, un musicien ») engendrait des #représentations_mentales masculines chez les adultes d’une part, mais également chez les jeunes. Même si cet usage est permis par la grammaire française, il semble, par exemple, influencer les #aspirations_professionnelles des jeunes. Il a comme conséquence, notamment, de diminuer le degré de confiance des filles et leur sentiment d’auto-efficacité à entreprendre des études pour ces #métiers). Il donne également l’impression aux jeunes que les hommes ont plus de chances de réussir dans ces métiers : ▻https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2015.01437/full). Dans des secteurs où l’on cherche à créer plus de mixité, comme les sciences et technologies, ou les soins infirmiers, le masculin dit générique devrait être évité.
(2) Utiliser le #masculin_pluriel pour désigner des groupes qui contiennent des femmes et des hommes, comme « les musiciens » pour désigner un groupe mixte. Il est prouvé que cette règle ne favorise pas une interprétation qui correspond à la réalité désignée. Des scientifiques ont montré de manière répétée (et dans plusieurs langues) que, même si la grammaire autorise une interprétation « générique » du masculin pluriel, cette interprétation n’est pas aussi accessible ou fréquente que l’interprétation spécifique (masculin = homme) (▻https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0388000120300619?dgcid=author). Cette différence d’accessibilité a été expliquée par différents facteurs), comme l’apprentissage du genre grammatical, qui suit invariablement la même séquence : nous apprenons le sens spécifique du masculin (masculin = homme) avant son sens générique. En d’autres termes, quand on dit « les musiciens », la représentation mentale qui se forme le plus aisément est celle d’un groupe d’hommes, le sens spécifique du masculin étant beaucoup plus simple et rapide à activer. La représentation mentale d’un groupe de femmes et d’hommes est plus longue à former et plus difficile d’accès. Le #biais_masculin induit par la forme grammaticale masculine a été démontré dans différents contextes et différents pays (par exemple, en France : ▻https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_2008_num_108_2_30971 ; en Suisse : ▻https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/20445911.2011.642858 ; et récemment au Québec). Fait assez rare en sciences, il n’existe, à notre connaissance, aucune donnée contredisant la dominance automatique du sens spécifique du masculin.
Si l’on souhaite activer l’image de groupes mixtes, il est préférable d’utiliser d’autres stratégies que le masculin, comme les doublons : « les chirurgiennes et les chirurgiens ». Malgré ces résultats, certaines personnes, parfois au travers de guides d’écriture, engagent à ne pas utiliser de doublons. Différentes raisons sont avancées, souvent sans réels fondements scientifiques. Par exemple, les #doublons entraveraient la lecture. À notre connaissance, aucune étude ne corrobore cette idée. Il existe une étude qui montre que même si à la première occurrence d’un doublon, la lecture est ralentie, dès la deuxième occurrence, la lecture redevient tout à fait normale (effet d’habituation : ▻https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_2007_num_107_2_30996)). L’idée que les personnes qui utilisent des doublons ne parviendraient pas à réaliser les accords grammaticaux dans les textes est également étonnante, surtout si l’on observe un retour de l’accord de proximité : ▻https://journals-openedition-org.sid2nomade-2.grenet.fr/discours/9542), accord particulièrement adapté à l’utilisation des doublons.
En revanche, des études scientifiques (▻https://doi.apa.org/doiLanding?doi=10.1037%2Fpspi0000094) montrent que l’#ordre choisi pour présenter chaque élément de la paire (« les boulangères et les boulangers » vs « les boulangers et les boulangères ») a un effet sur l’interprétation : l’élément présenté en premier est perçu comme plus central ou plus important : ▻http://epubs.surrey.ac.uk/811895.
(3) Certaines personnes engagent aussi à ne pas utiliser de #formes_abrégées qui permettent de présenter les doublons à l’écrit : « les étudiant·es », « les pharmacien-nes ». Les résultats actuels de la recherche scientifique sont trop limités pour se prononcer de manière définitive à ce sujet. Une étude : ▻https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_2007_num_107_2_30996) a mesuré l’effet des doublons sous forme abrégée sur la lecture. Elle concerne un public d’étudiantes et d’étudiants pour lesquels un léger ralentissement de la lecture était mesuré à la première apparition de ces formes, mais se normalisait ensuite. Pour autant, on ne peut pas conclure de cette étude que l’effet serait identique, ou différent, pour d’autres populations. Et les raisons de l’effet de ralentissement, comme de l’effet d’habituation, ne sont pas encore réellement connues.
Il a également été montré que présenter des métiers sous une forme contractée (à l’époque avec une parenthèse) pouvait augmenter le degré de confiance des filles et le sentiment d’auto-efficacité à entreprendre des études pour ces métiers (▻https://www.persee.fr/doc/psy_0003-5033_2005_num_105_2_29694). La recherche doit néanmoins continuer de tester l’effet de ces #formes_abrégées : en fonction du signe typographique utilisé (tiret, point médian, etc.) ; en fonction des publics de différents âges, niveaux d’éducation, niveaux socio-économiques ; en fonction des types de textes. Seules des recherches complémentaires permettront de proposer des règles mieux informées pour réguler l’usage de ces formes, apparues principalement pour répondre aux limites de signes imposées dans différents domaines (journalisme, Internet…).
(4) Enfin, certains guides recommandent plus de souplesse dans la gestion des #accords. À la règle établie de l’accord au masculin générique (« le frère et les sœurs sont arrivés »), ils suggèrent de laisser la possibilité d’appliquer l’#accord_de_proximité (avec le terme le plus proche : « le frère et les sœurs sont arrivées »), l’#accord_de_majorité (avec l’élément le plus important en nombre : « les sœurs et le frère sont arrivées »), ou un #accord_au_choix. L’argument historique est souvent invoqué, à juste titre : l’accord de proximité s’observe dans les textes anciens à hauteur de 45 % des cas (▻https://books.openedition.org/pusl/26517), mais il reste toujours moins fréquent que l’accord au masculin. L’argument historique ne permet ni de revendiquer un « retour » exclusif à l’accord de proximité, puisqu’il a toujours cohabité avec d’autres formes d’accords. Il ne permet pas non plus de l’exclure, puisqu’il a eu de l’importance. La recherche devrait montrer quels problèmes spécifiques, dans l’apprentissage, la rédaction ou la compréhension des textes, posent ces différents types d’accords.
La guerre de l’écriture inclusive n’aura pas lieu
Les connaissances scientifiques actuelles permettent de clarifier le #bien-fondé de certaines règles qui suscitent des #désaccords. Pour d’autres règles, pourtant défendues ou contestées de manière très assertive, il faut savoir reconnaître que les connaissances actuelles ne permettent pas encore de trancher. La recherche doit continuer à se faire afin d’apporter des arguments aux outils proposés.
La #langue_française n’est pas seulement le domaine des scientifiques. En tant que scientifiques, nous pensons qu’il faut laisser les #usages se développer car ils répondent à des besoins communicatifs et sociaux fondamentaux. Tous les usages ne sont pas appropriés à tous les genres de l’écrit, mais la norme ne doit pas s’imposer de manière étouffante. Faisons confiance aussi aux francophones.
►https://theconversation.com/ecriture-inclusive-un-premier-bilan-de-la-controverse-147630
#écriture_inclusive #choix #neutralité #catégorisation #masculin_générique
]]>Les marqueurs grammaticaux sont des marqueurs de pouvoir : grammaire de l’interpellation – Période
▻http://revueperiode.net/les-marqueurs-grammaticaux-sont-des-marqueurs-de-pouvoir-grammaire-de-
Prolongeant ses études sur le langage d’un point de vue marxiste, Jean-Jacques Lecercle propose ici d’approfondir la théorie de l’interpellation. À partir d’Althusser et de son célèbre article sur les appareils idéologiques d’État, le concept d’interpellation popularisé par Judith Butler est censé décrire la façon dont l’idéologie fait de nous des sujets parlants, des sujets situés dans le social et positionnés dans le discours comme sujets d’énonciation. Pour Lecercle, l’interpellation, le fait d’être désigné par la langue parlée ou écrite, suppose une grammaire de l’oppression et de la résistance, une dialectique sémantique et syntaxique qui articule la soumission à l’ordre établi, les formes de reconnaissance sociale et les expressions d’une négation de l’ordre établi. Lecercle conclut cette exposition magistrale par une théorie du style comme jeu incessant d’interpellation et de contre-interpellation. « Le style, c’est la lutte des classes dans la grammaire. »
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