• Laélia Véron sur twitter concernant l’#écriture_inclusive :

    (ça date de 2017, je mets ici pour archivage)

    Point sur l’#EcritureInclusive : que chaque personne puisse se faire son avis mais en connaissance de cause, pas se basant sur des intoxs.
    D’abord la question de la féminisation ou l’écriture inclusive n’est pas un délire contemporain contre un "bon vieux français" éternel
    Plutôt que de parler de féminisation on devrait parler de #dé-masculinisation, contre une #masculinisation de la langue (XVIIe-XIXe siècle)
    Non, "autrice" n’est pas une invention, c’était un mot usité jusqu’à que certains décident que la littérature est une affaire d’hommes
    Notre système actuel (le masculin qui l’emporte sur le féminin, le mythe d’un masculin neutre et universel) a mis du temps à s’imposer
    Il y a eu plusieurs étapes de masculinisation du français, étapes fondées sur des raisons non pas linguistiques mais politiques et sexistes
    A l’époque, ces décisions ont été très contestées, Sévigné trouvait que c’était n’importe quoi et se refusait d’écrire ainsi
    La fameuse règle "le masculin l’emporte sur le féminin" (absurde et profondément sexiste) n’a pas toujours existé
    Elle a pendant longtemps été en concurrence avec la règle de la proximité, qui veut qu’on accorde avec l’élément le plus proche
    Qu’est-ce qui vous paraît le plus logique, "Jean et 50 000 filles sont partis" ou "Jean et 50 000 filles sont parties" ?
    Racine employait souvent la règle de la proximité. Est-ce à dire c’était un féministe hystérique déconstructiviste de notre beau français ?
    Racine et l’#EcritureInclusive règle de proximité : « Armez-vous d’un courage et d’une foi nouvelle » (Athalie) (et pas "nouveaux")
    D’autres exs : « Mais le fer, le bandeau, la flamme est toute prête » (Iphigénie) « Mon repos, mon bonheur semblait être affermi » (Phèdre)
    Encore un exemple : « Surtout j’ai cru devoir aux larmes aux prières / consacrer ces trois jours et ces trois nuits entières » (Athalie)
    La règle de la proximité existe dans d’autres langues romanes, comme le portugais ou l’espagnol. Cela n’a pas créé de "péril mortel".
    L’évolution historique peut être régressive : il y avait bien plus de mots féminisés, par exemple pour les métiers, à la Renaissance
    Réponse à une autre intox:l’#EcritureInclusive ne veut pas dire une multitude de . ou de tirets illisibles, qui s’appliquent à tous les mots
    L’écriture inclusive désigne des choix divers, qu’on peut adapter différemment suivant les situations, les publics, etc.
    On peut juste faire attention à employer des mots ou des tournures épicènes ou qui ne marquent pas le genre :"élèves" "personnes", etc.
    On peut facilement à l’oral veiller à dire "à toutes et à tous" (plutôt que "à tous"), c’est juste une habitude à prendre
    On peut revendiquer de féminiser certains noms de métiers : professeure, autrice (ou auteure), députée, écrivaine, etc...
    Pour les personnes qui trouvent ça "moche" : souvent c’est une simple question d’habitude. "Directrice" ne choque plus personne...
    "étudiante" ne vous scandalise plus. Alors que quand certaines l’ont revendiqué, le mot a fait scandale !
    Enfin, on peut employer des tirets/points : par exemple "les étudiant.e.s" à l’écrit, "les étudiants et les étudiantes" à l’oral
    Il y a beaucoup d’intoxs à ce sujet (par exemple le faux texte du Corbeau et du Renard, réécrit -personne ne prétend réécrire les textes-..)
    Cette proposition ne s’appliquerait pas à tous les mots ! On ne revient pas sur "la chaise" ou "le bureau", aux mots inanimés, abstraits...
    Elle s’appliquerait aux mots qui désignent des référents humains, par exemple "les étudiant.e.s" pour un groupe d’étudiantes et étudiantsSi vous lisez certains articles qui appliquent cette proposition, vous verrez qu’elle s’applique à peu de cas et ne défigure pas le texte
    Pour les personnes qui pensent que c’est moche, illisible, c’est votre droit mais sachez qu’on a pensé ça à chaque évolution de la langue...
    Par exemple, en phonétique, la prononciation "esthétique"du mot "roi" c’était [rwé], c’était la populace qui disait [rwa] (comme on le fait)
    Sincèrement, ça vous donne envie de redire [rwé] ?
    Molière : "Lorsqu’un homme vous vient embrasser avec joie ; Il faut bien le payer de la même monnaie". Joie = [jwé]
    N’oublions pas que les évolutions linguistiques sont lentes. Ce qui semble impensable ne le sera sans doute pas pour les générations futures
    Les masculinistes ont mis des siècles à imposer "le masculin l’emporte sur le féminin", normal que l’#EcritureInclusive prenne du temps !
    Contre-intoxs : il ne s’agit pas de réécrire les textes passés + il ne s’agit pas de sanctionner, par ex à l’école, les règles actuelles
    Quand il y a une réforme ou une évolution, généralement il y a une (longue) période de tolérance où on accepte des variations.
    Une objection intéressante : cette proposition viserait à sexualiser les personnes, à faire une différenciation nette hommes/femmes
    et serait donc en contradiction avec des initiatives non genrées. C’est vrai, je pense qu’il serait intéressant d’envisager un "vrai" neutre
    Mais pas un faux neutre masculin, qui n’est qu’une arnaque pour dire que l’homme représente l’universel. La société évolue, la langue aussi.
    Autre objection : il y a +important, on s’en fout de ces histoires-là. Ce n’est pas parce qu’il y a plus important que ce n’est pas important
    J’ai peine à croire qu’on répète à des petites filles "le masculin l’emporte sur le féminin"et qu’elles limitent ça à une règle de grammaire
    Rien ne nous empêche de réfléchir à ces propositions d’écriture inclusive, tout en nous intéressant à autre chose,en menant d’autres combats
    Autre objection : c’est un délire de bourge qui n’intéresse pas les classes populaires et va juste leur compliquer la vie.
    D’abord, spontanément les enfants vont plutôt appliquer la règle de proximité et dire "la juge" (et accorder au féminin) que masculiniser
    Normal c’est plus logique :)
    Les personnes qui s’élèvent contre l’écriture inclusive au nom des classes populaires ne veulent pas simplifier l’orthographe
    Pourtant l’orthographe en français a été construite pour des raisons élitistes, pour qu’elle ne soit pas accessible à toutes et à tous.
    On a choisi les variantes les plus éloignées de l’écriture « des ignorants et des simples femmes », qui avaient très peu accès à l’éducation
    Parmi les différentes variantes orthographiques, l’Académie a toujours choisi la +difficile parce que +élitiste (pas la +logique)
    Donc, il faudrait faire preuve de cohérence. On veut bien la complexité quand on veut être snob, pas quand il s’agit des femmes...
    Ce qui compte pour que les classes populaires maîtrisent la langue, c’est un accès à l’éducation et à la culture égal pour toutes et tous.
    Ce n’est pas une histoire de féminisation ou non de la langue.
    Enfin, quand on voit la violence des réactions que le simple ajout d’un "e" peut susciter, on se dit que, si, c’est important d’y réfléchir.
    Une source rapide et quasi exhaustive, cet article du Monde (en 2012) par A. Chemin : https://www.lemonde.fr/culture/article/2012/01/14/genre-le-desaccord_1629145_3246.html
    L’entretien de M. Candea pour @RevueBallast : https://www.revue-ballast.fr/maria-candea-langage-politique ; à peu près tout E. Viennot : https://www.editions-ixe.fr/content/non-masculin-ne-lemporte-pas-feminin
    + le très bon livre de M. Candea, Y. Chevalier, S. Duverger, A.-M. Houdebine sous la direction de E. Viennot : https://www.editions-ixe.fr/catalogue/lacademie-contre-la-langue-francaise

    https://twitter.com/Laelia_Ve/status/924630632545832960

  • Hackathon écriture inclusive - romy.tetue.net
    http://romy.tetue.net/hackathon-ecriture-inclusive

    Mon compte-rendu du premier hackathon de création d’outils aidant au développement de l’écriture inclusive : 75 participant·es, 25 idées dont une dizaine de projets développés durant le weekend.

    #HackEcritureInclusive #EcritureInclusive #langue_française #incluzor

  • Écriture inclusive : faisons le point autour de la cheminée – 24 jours de web
    https://www.24joursdeweb.fr/2017/ecriture-inclusive-faisons-le-point-autour-de-la-cheminee

    Salut les fées et les lutins ! Si t’as pas entendu parler d’écriture inclusive dernièrement, c’est que tu vis au fond d’une grotte. Et quelle chance, parce que la polémique actuelle nous rebat les oreilles ! Mais y’a des petits trucs qu’il te faut savoir, pour bien faire ton métier dans le Web. Et peut-être as-tu des questions à ce sujet… Faisons le point, veux-tu ? Viens, prends ce plaid et installe-toi au chaud près de la cheminée…

    #ÉcritureInclusive #LangueFrançaise #PointMédian

    • @philippe_de_jonckheere : chacun·e fait comme il veut, mais un seul point par mot suffit. Décortiquer en séparant radical, féminin, pluriel, etc. n’est pas nécessaire : c’est ce que l’on fait en phase d’apprentissage d’une langue. Mais pas dans la pratique courante de l’écrit.

      Ensuite, il n’y a pas concurrence avec les autres règles d’écriture inclusive (accord de proximité, doublets, etc.) : l’usage de point (entre autres) ne sert qu’à raccourcir à l’écrit des formes, qu’il est toujours préférable, oui, d’écrire in extenso, comme le rappelle cet article.

    • @tetue C’est vraiment passionant ce débat et les implications que cela peut avoir pour une personne, qui, comme moi, écrit, presque tous les jours, sont redoutables. Lorsque je ne parviens pas à éviter la nécessité d’un point médian, je vis cela comme un échec et il peut m’arriver de reprendre tout un paragraphe pour retomber sur mes pieds. Du coup, pour ce qui est de la fiction, j’avais coutume d’imprimer, relire-corriger, reporter les corrections et réimprimer une douzaine de fois, et vers la fin, faire des relectures plus spécifiques, une pour la ponctuation, une autre pour la concordance des temps, une autre pour la fluidité, je passe donc désormais à treize, une relecture pour les accords et autres problématiques de genre.

      Et juste parce qu’on parle, je t’avais sollicitée pour une autre problématique, celle des recommadations pour qu’un texte soit dyslexic friendly , l’idée est en train de progresser, je l’espère, dans le cerveau de mon éditeur, pour que mon prochain roman soit composé en suivant, autant que possible, certaines des recommandations que tu m’avais données et autres sources vers lesquelles tu avais pointé. En revanche je crois que le texte en drapeau, non justifié, là ça risque d’être la limite.

      Est-ce que par exemple tu sais si les différentes polices de caractères ont des notes de dyslexic friendliness, si tu me passes l’expression . Et si c’est le cas, est-ce que tu sais quelle est la note (le rang) de Freight ?

    • Rapport au mur portant le graffiti « anarcho-inclusif », je serai plutôt pour garder le masculin pour « Dieu » car « au commencement était le verbe et le verbe s’est fait homme » (et non pas femme). Quant à « maître », ce mot désigne le plus souvent l’homme mâle. Donc accord à la majorité.

      @alain1 : raccourci sur un clavier « ouindoze » : <ALT>0183 ···

  • Le débat sur l’écriture inclusive fait aussi rage au Québec | Le Devoir
    http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/513113/l-ecriture-inclusive-pour-en-finir-avec-les-inegalites-de-genres

    Écrivain·e·s, politicien·ne·s et professeur·e·s français·es confrontent leurs opinions sur l’écriture inclusive à coups de pétitions et de lettres ouvertes depuis plusieurs semaines. Au Québec, ce débat déjà vieux d’une quarantaine d’années polarise toujours les experts.

    #EcritureInclusive #LangueFrançaise #RetardFrançais