• La semaine de Naïm : Gabriel Attal chez les agriculteurs, les JO 2024, le tri sélectif, Alain Duhamel en avance sur son temps

    « Alors, Gabriel, il va voir les agriculteurs et il leur dit quoi ? Il leur dit, « L’agriculture, c’est au-dessus de tout. » La semaine dernière, il a dit, « L’école, c’est au-dessus de tout. » Tout est au-dessus de tout maintenant. Ça y est, la France, c’est plus un pays, c’est un nuage.

    https://www.youtube.com/watch?&v=DeJzgrFVeP0

    #gabriel_attal #emmanuel_macron #France École #Santé #Poubelles #actualités_françaises #école #en_vedette #éducation #politique #Humour

  • #Stanislas : face aux #mensonges de la direction, de nouveaux témoignages

    Homophobie, sexisme, absence d’éducation à la sexualité ou cours religieux obligatoires... Depuis la publication du rapport d’inspection, le directeur de cet établissement privé conteste toute dérive. D’anciens élèves rencontrés par Mediapart répondent.

    https://www.mediapart.fr/journal/france/270124/stanislas-face-aux-mensonges-de-la-direction-de-nouveaux-temoignages
    #lycée #sexisme #homophobie #témoignages #Amélie_Oudéa-Castéra #non-mixité #Frédéric_Gauthier #autoritarisme #catéchisme #rapport #rapport_d'inspection #Philippe_Ariño #homosexualité #manif_pour_tous #thérapie_de_conversion #avortement #anti-avortement #catholicisme #préjugés_sexistes #éducation_à_la_sexualité #contraception #catéchèse #prosélytisme

  • Enrayer la mécanique populiste qui s’est emparée de l’éducation
    https://www.cafepedagogique.net/2024/01/26/259236

    Stéphane Germain, principal de collège et auteur en éducation, revient sur les groupes de niveaux annoncés par voie de presse mais dont les textes d’application tardent à être publiés. « La communication médiatique n’est que de la communication médiatique, qui n’a aucune valeur, tant qu’elle ne se matérialise pas dans la Loi » rappelle-t-il. « Aussi, un fonctionnaire doit naturellement s’interroger sur la normalité de ses actes, lorsqu’on lui demande de faire appliquer des éléments de communication qui n’ont aucune valeur légale. La loi par anticipation, cela n’existe pas. Certains semblent avoir oublié ce principe ». Selon lui, cet exemple est assez significatif du mode de gouvernance actuel. « En matière d’éducation, le gouvernement a délibérément fait le choix de basculer dans le registre populiste et de s’affranchir des procédés républicains de la décision publique. En revendiquant des postures qui vont à l’encontre des valeurs et des principes du service public, les décideurs actuels affichent clairement leur intention de sortir de la logique républicaine. La question qui se pose est de savoir si les acteurs de l’éducation vont les suivre ? »

    #Éducation_Nationale #fonctionnaires

  • L’alerte des chefs d’établissement scolaire sur la mise en place des groupes de niveau
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/24/l-alerte-des-chefs-d-etablissement-scolaire-sur-la-mise-en-place-des-groupes

    L’initiative est rare de la part d’une organisation syndicale représentant des cadres de l’#éducation_nationale peu coutumière des oppositions frontales au ministère. Le SNPDEN-UNSA, largement majoritaire chez les #chefs_d’établissement du public, a remis lundi 22 janvier un courrier « d’alerte » à la ministre de l’éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, sur les #groupes_de_niveau au collège. Cette mesure, décidée en décembre 2023 par Gabriel Attal lorsqu’il occupait encore son poste Rue de Grenelle, est « contraire à nos valeurs » et « engendre de nombreuses difficultés techniques et organisationnelles », dénonce le syndicat. « Il n’y a rien de plus difficile pour des cadres que de porter un projet auquel ils ne croient pas, et contraire à ce qu’ils ont toujours porté », prévient le courrier.

    https://justpaste.it/bwpfl

    La #ségrégation / #relégation est trop franche ?

    #défection ?

    • « Nous sommes à certains moments obligés de procéder à certaines fermetures de classes. Les écoles peuvent être performantes, mais si le nombre d’enfants est trop réduit pour une classe donnée c’est toute l’émulation qui est remise en cause », assure @AOC1978.

      Avant d’être démise, une défense inévitablement pernicieuse des sureffectifs scolaire et de la compétition.

      #école

  • Pourquoi faire de l’éducation populaire au numérique ?
    https://framablog.org/2024/01/24/pourquoi-faire-de-leducation-populaire-au-numerique

    Julie et Romain, les deux cofondateurices de l’Établi numérique, ont fait un travail très intéressant d’introspection sur le sens de leur activité, faire de l’éducation populaire au numérique. Nous sommes ravi⋅es de leur laisser la parole. Dès nos premières discussions, … Lire la suite­­

    #Dans_notre_archipel #Éducation #Émancip’Asso #Enjeux_du_numérique #Claviers_invités

  • « La décision de déconventionner le lycée Averroès, à Lille, est inéquitable et disproportionnée » [sauf à déconventionner Stanislas à Paris, et bon nombre d’autres lycées privés]
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/16/la-decision-de-deconventionner-le-lycee-averroes-a-lille-est-inequitable-et-

    Dans une tribune au « Monde », Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille, s’étonne de la décision de l’Etat de mettre fin à son contrat avec le lycée musulman lillois, alors que son excellence académique est reconnue et que les reproches pouvant être faits à l’établissement sont mineurs.
    16 décembre 2023

    Par un courrier dont la presse a eu la primeur, le préfet du Nord a notifié à l’association Averroès la fin du contrat du lycée du même nom avec l’Etat. C’est par là même son existence qui est mise en cause avec la fin des financements publics et des moyens qui l’accompagnent.
    Le lycée Averroès est le premier établissement musulman à avoir bénéficié d’une contractualisation avec l’Etat en 2008. La démarche alors engagée par ses fondateurs visait justement à placer l’établissement sous le contrôle de la puissance publique.
    Installé à Lille-Sud, dans un quartier prioritaire de la politique de la ville, il accueille plus de 50 % d’élèves boursiers : un record pour un établissement privé. Il a été classé en diverses occasions depuis 2013 parmi les tout premiers lycées en France pour sa performance scolaire. Son excellence académique et sa capacité à faire réussir des élèves issus de milieu modeste, au bac puis dans leurs études supérieures, sont reconnues et saluées par l’ensemble du monde éducatif.

    En octobre 2017, Xavier Bertrand et Gérald Darmanin, lors d’une séance du conseil régional, avaient défendu avec force le #lycée après une prise de parole d’un élu du Front national. Ils avaient expliqué qu’il était normal de compter des établissements musulmans sous contrat, comme il existait des établissements catholiques, protestants ou juifs. Pourtant, à l’époque, le président de l’association [Amar Lasfar] était en même temps le président national de l’Union des organisations islamiques en France (UOIF) et, en 2015, une polémique avait eu lieu autour de propos critiques sur l’établissement scolaire portés par deux anciens enseignants…

    Equité, nuance et respect du droit

    Si la décision préfectorale est confirmée par la justice administrative, qui sera saisie par l’association Averroès, ce sont 470 élèves qui resteront sur le carreau à la fin de l’année scolaire. Dans l’histoire désormais ancienne des contrats d’association entre l’enseignement privé et l’Etat, une telle décision est rarissime. On imagine donc que les motivations qui l’accompagnent sont fortes, attestées, indiscutables, et qu’il n’existe aucune autre option possible que la plus radicale d’entre elles : le #déconventionnement.

    Si je m’exprime ici, c’est au nom de principes pour moi centraux : l’équité, la nuance et le respect du droit. Des principes qui devraient constituer en toutes circonstances la matrice de notre société. Disons-le, ce sont ces principes qui sont en jeu dans le cas présent, quoi que l’on pense, par ailleurs, de la place de l’islam ou de l’#enseignement_privé dans notre pays.

    On ne peut, me semble-t-il, se permettre de donner un avis que si l’on prend le temps de lire et de tout lire. Une analyse posée et nuancée implique de prendre connaissance des dossiers. Avant donc de parler, nous avons regardé – avec Jean-René Lecerf, ancien sénateur (UMP) et ancien président du département du Nord, et Roger Vicot, député socialiste de Lille – l’ensemble des pièces, tant les éléments produits par la préfecture, le ministère de l’éducation nationale, la chambre régionale des comptes, que les réponses apportées par l’association.
    Au total, et sauf bien entendu à ignorer des informations « sensibles » qui ne seraient pas présentes dans le dossier, il nous apparaît en conscience que la décision est tout simplement inéquitable et disproportionnée.

    Un rapport extrêmement favorable

    Inéquitable, car « l’instruction » (comment ne pas utiliser ce terme) conduite contre l’association a majoré les reproches en mélangeant à l’envi les dossiers, les dates et des sources d’origine et de « qualité » très diverses, tout en minorant, voire en ignorant, les appréciations positives. On ne citera ici qu’un exemple : en 2020, le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer a commandé un rapport sur le lycée qui a été mené conjointement par l’inspection générale de l’éducation nationale et la direction régionale des finances publiques.

    Ce rapport est resté longtemps confidentiel [une manie dès qu’il s’agit d’établissement financés publiquement ?] et n’a été communiqué à l’association Averroès que quelques jours avant son audition à la préfecture, le 27 novembre. Ce sont les avocats de l’établissement qui ont dû demander en urgence à la justice administrative d’en imposer l’ accès contre l’avis de la préfecture. On comprend assez bien pourquoi : ce rapport est extrêmement favorable, tant sur les aspects pédagogiques que sur la gestion financière. Il revient même de façon claire, transparente et, disons-le, rassurante sur le dossier du financement qatari du lycée.

    Disproportionnée, car le retrait du contrat avec l’Etat, sans d’ailleurs que le ministère de l’#éducation_nationale ne s’exprime, revient à utiliser une arme ultime qui met en péril l’existence même de l’établissement et le cursus de ses élèves. Pourtant, les reproches qu’il est effectivement possible de faire à l’association et qu’elle reconnaît – comme les délais trop longs dans la transmission des comptes à la tutelle – sont amendables dans le cadre de la contractualisation.

    Un questionnement plus général

    Nous avons d’ailleurs proposé avec mes deux collègues, sans succès, de mettre en place un comité de suivi chargé de s’assurer que les quelques éléments problématiques du fonctionnement de l’association – que l’on retrouve dans de très nombreux autres cas – puissent être pris en compte et réglés.
    On peut comprendre d’une autre manière l’importance que je veux donner ici aux notions d’équité et de proportionnalité : que n’entendrait-on demain si l’Etat portait autant d’attention à tous les établissements privés sous contrat qu’il n’en porte au lycée Averroès depuis sa création, et si des préfets prenaient des décisions identiques à niveau comparable de « problème » ?
    Enfin, on ne peut pas isoler cette décision d’un questionnement plus général sur la manière dont on considère les #musulmans de France et dont on respecte leurs droits. Ils sont pour l’immense majorité d’entre eux français et ne se posent même pas la question de leur appartenance à une République dont ils sont, comme moi, les enfants.

    On ne peut pas sérieusement laisser entendre que les musulmans, ou l’islam, défendent une vision du monde qui n’est pas compatible avec la République, et mettre fin sans aucune mesure ni médiation au contrat d’un établissement qui, justement, a demandé à être placé sous le contrôle de l’Etat. Faire cela serait justement accréditer aux yeux de la société que les musulmans se situent sur le côté de la République.
    Il est plus que temps de revenir à la raison, au droit, aux faits et à la nuance. Sur ce dossier comme sur beaucoup d’autres.

    Pierre Mathiot est professeur de science politique, directeur de Sciences Po Lille. Il s’exprime ici à titre personnel.

  • Loi « immigration » : le risque d’une généralisation des droits différenciés pour les étudiants étrangers

    La loi sur l’immigration inscrit dans le #code_de_l’éducation des #droits_d’inscription plus élevés pour les étudiants non européens. Une mesure qui existe depuis 2019, mais qui était en pratique peu appliquée.

    C’était l’une des mesures les plus décriées du plan « #Bienvenue_en_France », présenté par l’ancienne ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal. Depuis 2019, les étudiants étrangers doivent s’acquitter de droits d’inscription plus élevés que les candidats européens. Plusieurs universités s’étaient jusqu’ici engagées à ne pas mettre en place ce principe, mais la récente loi « immigration », en inscrivant celui-ci dans le code de l’#éducation, rendrait obligatoire son application.

    En déplacement au salon d’orientation postbac de Paris-La Villette, vendredi 12 janvier, #Sylvie_Retailleau, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, reconduite au sein du nouveau gouvernement, a assuré avoir obtenu des engagements « forts » auprès du président de la République, Emmanuel Macron. Une manière de rassurer la communauté universitaire, qui avait fermement condamné les dispositions de la loi « immigration », dont la généralisation des #droits_différenciés. Ceux-ci ne sont pas une nouveauté. Depuis 2019, les étudiants extracommunautaires (hors Union européenne) qui souhaitent s’inscrire à un diplôme national de licence, de master ou de cycle d’ingénieur doivent débourser 2 270 euros pour une licence et 3 770 euros pour un master, contre 170 et 243 euros pour le reste des candidats.

    Le ministère avait cependant accordé, par décret, aux facultés la possibilité d’exonérer de droits d’inscription 10 % de leurs étudiants. Un dispositif que les présidents ont massivement choisi d’utiliser en faveur des candidats extracommunautaires. Ainsi en 2023, 57 % des universités (soit 42 d’entre elles) ont exonéré l’intégralité des étudiants étrangers, selon un décompte publié par l’agence de presse spécialisée AEF. Elles sont 16 (22 %) à en exonérer une partie, selon des critères académiques, de nationalités ou linguistiques. Seules 13 universités (18 %) appliquent complètement les frais majorés.
    Selon la vice-présidente de l’université Paris-II Panthéon-Assas, Emmanuelle Chevreau, à la rentrée 2023, ces frais majorés, mis en place par l’administration précédente, ont concerné 900 étudiants – sur les 3 000 candidats étrangers accueillis. Ces derniers peuvent ensuite faire une demande d’exonération partielle. « Ensuite, 50 % des demandes sont acceptées selon des critères économiques et sociaux. Cette année, seuls 10 % des étudiants en ont fait la demande », indique-t-elle.
    En pratique, rares sont les étudiants qui payent l’intégralité des frais : sur les 96 600 étudiants inscrits à la rentrée 2021, ils ne sont même que 6 %, indique une note du service statistique et analyse de l’enseignement supérieur parue en mars 2023. Près de 17 % en sont totalement exonérés, le reste bénéficiant d’exonérations partielles, décidées par l’établissement ou via des bourses du gouvernement et d’ambassade. A l’université de Limoges, jusqu’en 2021, la présidence avait refusé de faire payer davantage aux étudiants étrangers. Mais la nouvelle équipe, elle, a fait un autre choix. « Nous avons simplement décidé de respecter la loi », souligne le vice-président de l’établissement, Laurent Bourdier, qui réfute « toute considération idéologique ».
    « Nous avons essayé de faire quelque chose d’équilibré en mettant en place plusieurs garde-fous et surtout en jouant sur le jeu des exonérations par le biais d’attribution de bourses d’excellence », détaille-t-il. Sur les 2 000 étudiants étrangers accueillis sur le campus de Limoges, seuls 420 se sont bien acquittés des frais dans leur intégralité. « Le système reste imparfait, il y a eu quelques remous, ça a été difficile d’introduire les droits d’inscription différenciés auprès de nos équipes, reconnaît M. Bourdier. Je ne minimise pas le fait qu’il s’agit de frais importants qui peuvent freiner certains candidats. »
    Ces droits différenciés avaient été présentés par le ministère comme une manne financière devant permettre un meilleur accueil de ces étudiants. « Nous avons un devoir d’exemplarité envers tous ceux qui s’acquittent de ces frais », assure le responsable. A Limoges, ce sont donc 90 000 euros qui sont consacrés à l’accompagnement « individualisé » des étudiants étrangers. Entre 600 000 et 700 000 euros sont dévolus à l’agrandissement du campus international. En tout, les droits d’inscription différenciés rapporteraient environ 900 000 euros à l’établissement.
    D’autres universités arguent qu’elles n’ont pas d’autre choix que d’appliquer ces droits. C’est le cas à l’université de Strasbourg, où pour la première fois, en 2024, l’établissement appliquera les droits différenciés pour les étudiants étrangers puisque le seuil d’exonération de 10 % devrait être dépassé. Une règle a toutefois été décidée : exonérer complètement les étudiants en licence mais faire payer ceux arrivant en master. Certaines universités résistent pourtant tant bien que mal. A Rennes-II, les candidats étrangers représentent 15 % de la population étudiante (23 000) et 85 % d’entre eux sont des étudiants extracommunautaires. Vincent Gouëset, le président de l’université, s’était opposé, dès 2019, à la mise de cette mesure en pointant du doigt la « rupture d’égalité » pour les étudiants étrangers issus de milieux défavorisés. « Le choix de ne pas appliquer ces droits différenciés nous conduit à dépasser le seuil des 10 % autorisé, c’est un choix assumé qui répond aux valeurs d’inclusion et de justice sociale portées par l’établissement, le rectorat en est informé et ne nous a rien dit », déclare le président, conscient que l’adoption de la loi sur l’immigration pourrait pousser le rectorat à lui imposer une application plus stricte des textes.

    https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/15/loi-immigration-le-risque-d-une-generalisation-des-droits-differencies-pour-
    #loi_immigration #étudiants_étrangers #migrations #université #étudiants #inégalités #discrimination

    –-

    ajouté à la métaliste sur les augmentations des #taxes_universitaires prévues en #France dès la rentrée 2019-2020

  • « Faire du brevet l’examen de l’entrée en seconde, c’est la fin programmée du collège unique », Claude Lelièvre

    Invité à préciser ce qu’il entendait par « libéralisme avancé », le président de la République Valéry Giscard d’Estaing (« VGE ») déclarait, sur RTL, le 20 mai 1975 : « Il y a dans la pensée de gauche des éléments positifs importants dont je compte bien m’inspirer ; ce qui fait que, dans l’action libérale avancée, il y a beaucoup d’idées de gauche qui doivent être mises en œuvre. »

    Quelques-unes d’entre elles ont alors défrayé la chronique : création d’un secrétariat à la condition féminine, loi Veil sur l’IVG, abaissement de l’âge de la majorité à 18 ans, regroupement familial pour les immigrés, collège unique.

    On aurait pu penser qu’avec son antienne du « en même temps », la présidence d’Emmanuel Macron s’inscrirait dans cette filiation. On voit clairement qu’il n’en est rien. La loi Veil sur l’IVG a été adoptée avec l’appui de l’ensemble des députés de gauche le 20 décembre 1974 et une minorité de parlementaires de droite.

    A contrario, la récente loi sur l’immigration a été adoptée avec l’appui de l’ensemble des députés du Rassemblement national. Par ailleurs, Michelle Perrot, la grande spécialiste de l’histoire des femmes, a pu se dire « scandalisée » par les propos d’Emmanuel Macron concernant l’affaire Depardieu.

    Rupture avec la « tradition républicaine »

    La conception du « collège unique » est une version française de l’« école de base » suédoise (sociale-démocrate), de la « comprehensive school » (travailliste), de la « Gesamtschule » (sociale-démocrate). Dans le cadre du « libéralisme avancé », le collège unique a été voulu et porté personnellement par Valéry Giscard d’Estaing, mais a rencontré de nombreuses oppositions, en particulier dans son propre camp politique. Encore en octobre 1991, Alain Juppé (alors secrétaire général du RPR) proclamait qu’il fallait « casser le collège unique ». Mais, dans son livre paru en vue de la campagne présidentielle de 2017, il ne prônait plus que quelques aménagements.

    Marine Le Pen, elle, a proposé dans son programme pour l’élection présidentielle de 2022 une arme de « destruction massive » afin d’en finir avec le collège unique : « Le diplôme national du brevet deviendra un examen d’orientation post-troisième. » L’ex-ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, a repris pour l’essentiel cette prescription en annonçant que le brevet serait désormais une condition nécessaire pour entrer en seconde (générale et/ou technologique ?), ce qu’il n’a jamais été jusque-là. Faire du brevet l’examen de l’entrée en seconde, c’est choisir sans appel que le collège doit être une propédeutique au lycée, et non pas la deuxième phase d’une instruction obligatoire (pour tous).

    C’est la fin programmée du collège unique et de son sens originel initié dans le cadre du libéralisme « avancé ». « VGE » avait été très net, en 2001 : « Le débat doit se concentrer sur cette question : quels savoirs donner à cet ensemble de jeunes qui constituent un acquis culturel commun ? On n’a guère avancé depuis vingt-cinq ans. Au lieu d’avoir rabattu tout l’enseignement des collèges vers l’enseignement général, les rapprochant des classes de la 6e à la 3e des lycées d’autrefois, en un peu dégradé, il aurait mieux valu en faire une nouvelle étape de la construction du cycle scolaire. »

    Le renoncement aux ambitions portées par le libéralisme « avancé » dans certains domaines peut parfois aller plus loin et rompre non seulement avec le « libéralisme avancé » mais même avec la simple « tradition républicaine ». On peut en prendre pour exemple significatif la volonté réitérée constamment ces derniers mois par l’ex-ministre de l’éducation nationale d’aller vers une forte « labellisation » ministérielle des manuels scolaires.

    Le choix des manuels scolaires, question vive

    La question du choix des manuels scolaires a été une question vive lors de l’instauration de l’école républicaine et laïque, sous la IIIe République. Le 6 novembre 1879, le directeur de l’enseignement primaire, Ferdinand Buisson, dans une note adressée à Jules Ferry, indique qu’« il y aurait de graves inconvénients à imposer aux maîtres leurs instruments d’enseignement » et qu’« il n’y en a aucun à leur laisser librement indiquer ce qu’ils préfèrent ».

    En conséquence, Jules Ferry signe, le 16 juin 1880, un arrêté qui fait largement appel au concours des maîtres et il souligne que « cet examen en commun deviendra un des moyens les plus efficaces pour accoutumer les enseignants à prendre eux-mêmes l’initiative, la responsabilité et la direction des réformes dont leur enseignement est susceptible ». Le 13 octobre 1881, une circulaire établit, pour les professeurs de collèges et lycées, des réunions mensuelles en leur confiant le choix des livres de classe.

    L’école républicaine instituée sous la IIIe République s’est ainsi distinguée nettement de ce qui l’a précédée et de ce qui l’a suivie dans ce domaine. Par exemple, François Guizot, ministre de l’instruction publique en 1833, a fait paraître des manuels scolaires officiels dans les cinq matières principales de l’école primaire. Et, dès l’arrivée de Philippe Pétain au pouvoir, un décret du 21 août 1940 a mis un terme à l’attitude libérale qui avait prévalu : ce décret ne traite plus de la liste « des livres propres à être mis en usage » mais de celle « des livres dont l’usage est exclusivement autorisé ».

    A la Libération, le 9 août 1944, une ordonnance annule « tous les actes relatifs à l’interdiction de livres scolaires ou instituant des commissions à l’effet d’interdire certains livres ».

    En miroir, on peut rappeler la réponse du ministre de l’éducation nationale Alain Savary à une question écrite de parlementaires en avril 1984 à propos d’un manuel incriminé : « Le ministre ne dispose pas du pouvoir d’injonction lui permettant de faire retirer ni même de faire amender un ouvrage. Il n’exerce aucun contrôle a priori sur le contenu des manuels scolaires et il n’a pas l’intention de modifier la politique traditionnellement suivie à cet égard. Il n’existe pas de manuels officiels, pas plus qu’il n’existe de manuels recommandés ou agréés par le ministère de l’éducation nationale. Il y a eu dans le passé des tentatives allant dans ce sens, avec risques de censure. »

    Oui, dans bien des domaines, on est désormais loin de l’horizon d’un certain libéralisme « avancé » qui se voulait « moderniste » : ce qui se profile, c’est presque sans fard un libéralisme « d’attardés » plus ou moins assumé.

    Claude Lelièvre est l’auteur de L’Ecole d’aujourd’hui à la lumière de l’histoire (Odile Jacob, 2021).

    https://www.lemonde.fr/education/article/2024/01/16/faire-du-brevet-l-examen-de-l-entree-en-seconde-c-est-la-fin-programmee-du-c

    #école #BEPC #collège

    • « Si le récit égalitaire perdure, l’Etat organise une forme d’optimisation scolaire », Laurent Frajerman
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/01/16/si-le-recit-egalitaire-perdure-l-etat-organise-une-forme-d-optimisation-scol

      L’ancien ministre Gabriel Attal avait annoncé, en novembre 2023, avant sa nomination comme premier ministre le 9 janvier, un important train de mesures pour réformer l’éducation nationale, incluant d’aborder la « question du tabou du #redoublement » et de créer des #groupes_de_niveau au collège. Au regard des enquêtes internationales, personne ne conteste plus la baisse du niveau des #élèves français, même de ceux qui figurent parmi les meilleurs.

      L’ex-ministre en avait conclu que l’#enseignement doit se montrer plus exigeant, ce qui correspond à un sentiment très majoritaire. Outre les menaces qu’elles font peser sur la liberté pédagogique, on peut douter que les mesures soient à la hauteur de l’enjeu. Toutefois, ces critiques ne peuvent dissimuler que cela fait plus de dix ans que la dynamique positive qui a démocratisé l’école française a disparu. La panne du modèle actuel, miné par la #ségrégation_sociale et des cures d’#austérité à répétition, impose des changements. Tout l’enjeu étant de savoir si c’est pour revenir aux années 1950 ou pour relancer sa démocratisation.

      Les politiques éducatives menées depuis le général de Gaulle œuvraient pour la scolarisation de tous les élèves du même âge dans une structure identique, dans l’objectif de leur délivrer le même enseignement. En conséquence, les classes ont été marquées par une hétérogénéité croissante, avec son corollaire : une baisse d’exigence, afin de faciliter l’accès de tous les élèves aux anciennes filières élitistes.

      Avec succès, puisque l’#accès_aux_études a été considérablement élargi. Cela s’accompagne du passage presque automatique en classe supérieure. A la fin des années 1960, le redoublement constituait la règle : un tiers des élèves redoublait la classe de CP, contre 1,3 % aujourd’hui. En 2021, seulement 12 % des élèves arrivaient en seconde avec du retard. Devenu résiduel, le redoublement a changé de nature, ne concernant plus que des élèves en forte difficulté, qu’elle soit structurelle ou conjoncturelle.

      Classes moyennes supérieures

      Les enseignants affichent leur scepticisme. Ils ne considèrent pas le redoublement comme une recette miracle, car il peut générer ennui et découragement. Toutefois, ils se trouvent démunis devant l’écart grandissant entre les meilleurs élèves, qu’il faut stimuler, et ceux qui cumulent les difficultés de compréhension. Ils constatent que plus les années de scolarité passent, plus l’échec s’enkyste, moins la notion de travail scolaire ne revêt de sens, générant quelquefois une attitude perturbatrice.

      Gabriel Attal en a tiré d’ailleurs argument pour dénoncer l’absurdité de cette situation et la souffrance qu’elle génère pour les élèves. Nombre d’enseignants vivent une situation d’autant plus ingérable que, paradoxalement, si l’affichage est homogène, le rêve de l’école commune s’éloigne.

      Jusque-là, la sociologie de l’éducation dénonçait les limites de cette politique de massification. Les inégalités sociales étant structurelles, le système est d’abord soumis aux effets de la #ségrégation-spatiale. Quoi de commun entre un collège en éducation prioritaire et un autre situé en centre-ville d’une métropole ?

      Quatre types d’école cohabitent, donc : l’#école_publique normale, celle en #éducation_prioritaire, l’école publique élitiste, et l’#école_privée. Aujourd’hui, avec le développement d’un #marché_scolaire, nous vivons une nouvelle phase. L’Etat aggrave la fracture existante en créant des établissements dérogatoires et de nouvelles #filières_élitistes sélectionnant par les langues, critère socialement discriminant. Pire, il subventionne massivement sa propre concurrence, l’enseignement privé.

      Le privé accueille de plus en plus d’élèves des milieux favorisés, au détriment de la mixité sociale. Les difficultés se concentrent alors dans l’école publique « normale ». Seule à supporter réellement les contraintes de la démocratisation, celle-ci n’en est que plus répulsive pour les classes moyennes et supérieures, générant un terrible cercle vicieux. Si le récit égalitaire perdure, l’Etat organise en réalité une forme d’#optimisation_scolaire au détriment de ceux qui n’ont pas d’échappatoire.

      Depuis une quinzaine d’années, les enquêtes internationales nous alertent sur l’aggravation du poids des #inégalités_sociales dans les résultats scolaires. Ce constat est dissimulé par l’invisibilisation de la #compétition. D’un côté, les notes ont été remplacées par les compétences, de l’autre, elles connaissent une inflation qui, malheureusement, ne reflète pas une hausse du niveau réel. En 2022, 59 % des bacheliers ont obtenu une mention. Ils étaient moins de 25 % en 1997… Le flou qui en résulte bénéficie aux familles les plus informées sur la règle du jeu, ou capables de payer coachs et cours particuliers.

      Politique éducative « discount »

      Le second vice de fabrication de la démocratisation scolaire est son caractère « discount ». Par exemple, l’argent économisé par la quasi-suppression du redoublement n’a guère été réinvesti dans des dispositifs permettant d’épauler les élèves en difficulté. Autrefois, les enseignants encadraient les élèves dans leurs exercices et l’apprentissage du cours en dehors des heures de classe. Aujourd’hui, ce type de travail est généralement confié à des étudiants bénévoles ou à des animateurs ou surveillants peu qualifiés. Même dans le dispositif « Devoirs faits » en collège, la présence d’enseignants est optionnelle.

      De nombreux choix proviennent de la #rationalisation_budgétaire : chasse aux options, suppression progressive des dédoublements de classe. Par exemple, en 2010, un élève de 1re L avait obligatoirement six heures de cours en demi-groupe (en français, langues, éducation civique, mathématiques et sciences). Aujourd’hui, les établissements ont toujours la latitude de créer de tels groupes, mais en prenant dans une enveloppe globale qui se réduit d’année en année et sans qu’un nombre maximum d’élèves ne soit prévu.
      Le pouvoir d’achat des #enseignants a baissé d’environ 20 %, source d’économie massive sur les salaires. Les effets commencent seulement à en être perçus : crise du recrutement, hausse exponentielle des démissions et professeurs en place démotivés par le déclassement de leur métier. Les promoteurs de cette politique leur préfèrent des enseignants précaires et sous-qualifiés, sommés de suivre les injonctions pédagogiques du moment. Remarquons que ces #contractuels sont nettement plus nombreux dans les établissements difficiles de l’enseignement public…

      Depuis 2002, les gouvernements de droite et de centre droit suppriment des postes d’enseignant. Malgré le redressement opéré sous François Hollande, le solde reste négatif, avec moins 36 500 postes. Le second degré a été particulièrement affecté, avec un solde de moins 54 700 postes, au nom de la priorité au primaire. Un maillon essentiel de la chaîne éducative a donc été fragilisé, alors que c’est le lieu de maturation des contradictions du système. Quel sens cela a-t-il d’habituer un élève de REP + à des classes de quinze élèves pour, devenu adolescent, le mettre dans une classe de vingt-cinq au collège ? Ces politiques de ciblage, censées produire des résultats visibles à un moindre coût, créent souvent inégalités et incohérences.

      Aujourd’hui, la France dépense 1 point de moins du PIB pour l’éducation qu’en 1995. Si on appliquait aujourd’hui les ratios en usage à l’époque, le budget consacré à l’avenir du pays augmenterait de 24 milliards d’euros, dont 15,5 milliards d’euros dépensés par l’Etat. Ce sous-investissement chronique se paie par la crise de notre #système_scolaire. Un débat sans arguments d’autorité s’impose donc, sous peine que les idéaux généreux et les politiques cyniques aboutissent définitivement à une école à plusieurs vitesses, dans laquelle les #classes_populaires seront assignées à un enseignement public dégradé.

      Laurent Fajermann est professeur agrégé d’histoire au lycée Lamartine, sociologue, chercheur associé au Centre de recherches sur les liens sociaux, du CNRS

    • Philippe Mangeot (philippe.duke ) sur Instagram :

      Lecture effarée du rapport de l’enquête administrative de l’Inspection générale sur le collège Stanislas, que publie dans son intégralité @mediapart. Toutes les informations qui circulaient sur les pratiques de cet établissement privé sous contrat sont corroborées et objectivées : contournement de la loi et de Parcoursup, pédagogie brutale et assumée comme telle, programmes non respectés, enseignement sexiste et homophobe..

      À ce stade, le scandale n’est pas seulement que la ministre de l’Éducation nationale ait choisi d’y inscrire ses enfants, contournant l’enseignement public au profit d’une école privée où se cultive l’entre-soi. Il est que le ministère dirigé à l’époque par Gabriel Attal a mis ce rapport sous le boisseau depuis qu’il lui a été rendu en juillet dernier, refusant de le rendre public.

      Mais il est également que cette institution privée, qui viole en toute impunité le contrat qui la lie à l’État, est mieux dotée, sur fonds publics, que la quasi-totalité des établissements scolaires publics de Paris, comme l’a révélé en janvier dernier une enquête de @lemondefr. L’argent public favorise Stanislas, c’est-à-dire les familles les plus fortunées : les « trois petits garçons » de Madame Oudéa-Castéra ont coûté plus cher à l’État.que les élèves du public.

      L’anagramme de Stanislas dit une vérité : la complaïisäncé : des pouvoirs publics à l’égard d’un établissement qui devrait n’avoir aucune place dans « l’École de la République », comme dit la ministre, nous salit tous et toutes.

  • « Ne muselez pas le Lycée autogéré de Paris, il m’a permis de me construire »
    https://reporterre.net/Ne-muselez-pas-le-Lycee-autogere-de-Paris-il-m-a-permis-de-me-construire

    Le Lycée autogéré de Paris « m’a permis d’accéder à une vie plus consciente, plus démocratique et épanouie », explique l’auteur de cette tribune, inquiet pour la sauvegarde de l’indépendance de l’établissement.
    Paolo Jacob, élève au Lycée autogéré de Paris de 2014 à 2016, est aujourd’hui documentariste.

    Personnellement, comme une majorité d’élèves, je suis venu au LAP non par affinité politique — je n’avais alors jamais entendu parler d’autogestion —, mais parce que ce lycée m’offrait la possibilité de poursuivre ma scolarité sans être projeté dans le monde du travail, sort que l’on réserve aux mauvais élèves comme je le fus depuis mon entrée à l’école.

    Je me rappelle du principal du collège Jules-Ferry, qui essayait de me convaincre de devenir électricien, métier par ailleurs très honorable, mais qui m’avait été plaqué dessus sans prendre en considération l’adolescent que j’étais. Et pourtant à l’époque, je cultivais déjà quelques passions en dehors de l’école, comme la photographie.
    [...]
    Mon constat, c’est qu’aucun professeur ne s’est penché sur mes difficultés, aucune administration, aucune assistante sociale, psychologue n’est entré en intimité avec l’adolescent que j’étais pour l’aider à sortir de cette torpeur qui dura des années.
    [...]
    Dans le système scolaire traditionnel, nous sommes scindés, nous ne faisons pas partie prenante du collectif, nous n’apprenons pas à réfléchir ni à dialoguer ensemble, à nous sentir coresponsables de l’apprentissage de nos camarades. Nos intuitions, notre curiosité, nos désirs, notre expressivité sont perçus comme des freins à une pédagogie normative.

    Le LAP, au contraire, les valorise. C’est à la fin de ma troisième, alors que mes résultats étaient toujours aussi catastrophiques, que j’entendis parler du Lycée autogéré. J’y entrai en classe de seconde.

    Pour moi, le LAP a d’abord été une respiration. Dans ce nouveau système de valeurs, j’ai pu prendre le temps de trouver mes marques, de m’octroyer des libertés sans en être sanctionné.

    Au LAP, il n’y a nulle autorité pour te faire fermer ton clapet par abus de pouvoir. Nous sommes responsables de notre relation aux autres et ne nous cachons pas derrière une fonction et une hiérarchie. La libre expression laisse à chacun sa place, aux grandes gueules comme aux plus timides, qui sont encouragés à participer lors de rassemblements hebdomadaires.

    Dans ce système où je pouvais exister en tant que personne, ma relation autrefois conflictuelle aux professeurs a aussitôt disparu. Ces derniers sont devenus des alliés dans ma scolarité.
    [...]
    J’ai côtoyé là-bas nombre de lycéens qui ont pu s’octroyer du temps pour approfondir une pratique, bénéficiant d’une infrastructure et de l’accompagnement des professeurs et de leurs camarades pour se mettre à fond dans la musique, la cuisine ou encore le théâtre.

    Moi-même j’ai pu sérieusement travailler ma pratique de la photographie, notamment sous l’impulsion d’une professeure passionnée et curieuse de mon travail. Je passais des heures au laboratoire de photo argentique du lycée. Je m’y perdais, souvent seul et en silence, à la redécouverte des images que j’avais capturées lors de mes excursions dans Paris. Ces moments d’exploration sont à l’origine de mes aspirations actuelles de documentariste.

    #éducation #lycée_autogéré_de_Paris #LAP

    • Comment pouvons-nous encore nous considérer dans une société démocratique si l’enseignement empêche les élèves de se coconstruire dans leurs discours et dans leurs actes ? L’école conventionnelle ne laisse pas de temps à l’intelligence et à l’organisation collective, elle pousse chacun à la docilité, au respect des normes et des croyances établies. Sur quelle vérité repose ce système ? Celle qui croit que l’enfant est inférieur, trop bête pour pouvoir agir et penser avec autonomie ? Quelles études, quels diplômes, quelles contraintes faut-il encaisser avant d’être jugé apte à penser par soi-même ?

      Aujourd’hui, le caractère alternatif du LAP est remis en cause par les institutions. Après le refus du recteur de l’Académie de Paris de renouveler en l’état la convention dérogatoire du lycée (juin 2022), le ministère de l’Éducation a diligenté une enquête administrative pour évaluer sa pédagogie : le temps consacré aux ateliers, espaces de découverte et d’ouverture ne nuit-il pas au temps d’apprentissage académique ? L’absence d’obligation de présence pour les élèves n’est-elle pas nuisible ? Etc.

      Isolés du projet d’ensemble — l’apprentissage de l’autonomie et de l’esprit critique —, les points relevés peuvent sembler problématiques. Mais, personnellement, c’est cette pratique de la liberté et de la joie d’apprendre qui m’a permis d’accéder à une vie plus consciente, plus démocratique et épanouie. À ce titre, l’héritage du LAP est infiniment précieux, et il nous faut sauvegarder son indépendance.

    • Le seul lycée autogéré de Paris doit le rester
      https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/le-seul-lycee-autogere-de-paris-doit-le-rester-20231123_7NFFIEAB6RDYZKHS2

      Les attaques menées depuis 2022 contre le LAP visent à rentabiliser et à normaliser son fonctionnement. Supprimer la libre fréquentation et l’autogestion par la mise en place d’une autorité institutionnelle reviendrait à vider l’expérience de son contenu, dénonce un collectif de personnalités civiles dont Etienne Balibar, Annie Ernaux, Philippe Meirieu, Nancy Huston ou encore Catherine Corsini.

  • La si dérangeante réalité des handicapéEs…
    https://www.questionsdeclasses.org/la-si-derangeante-realite-des-handicapees

    Depuis 2 semaines, le Twitter de l’éduc que je suis semble fortement secoué par une campagne menée par le CUSE, dont je fais partie, ses alliéEs et les personnes handicapées, qui militent pour la scolarisation de touTEs les élèves – notamment handicapéEs – dans l’école publique.

    Le CUSE (Collectif une seule école), le CLHEE (collectif luttes et handicap pour l’égalité et l’émancipation) et handi-social ont dénoncé les appels validistes pour une grève et une manifestation nationales pour dire « non à une inclusion systématique et forcée » et les demandes de plusieurs autres organisations syndicales à ouvrir des places en #IME, alors que ce sont des lieux dénoncés par l’ONU comme des lieux de ségrégation et de maltraitance régulière des enfants handicapéEs, qui n’y suivent quasiment aucun enseignement et restent donc en marge de l’école.
    [...]

    – « je connais quelqu’unE qui travaille dans le handicap » (IME, dispositif #Ulis, etc.)

    Variante : « nous, on connaît la réalité du terrain ».

    Changement pour adopter une posture non validiste : personne ne peut savoir à la place des personnes handicapées ce dont elles ont besoin et ce qu’elles souhaitent. Ni les professionnelLe ni même les proches.

    Il est indispensable d’écouter la parole des handicapéEs qui sont alléEs dans ces structures, et non des professionnelLEs qui parlent à leur place, font à leur place et adoptent par là des postures d’emprise et de domination.

    – « leur place est en IME, avec des professionnels spécialisés et formés pour ça ».

    Variante : « je ne suis pas sûre qu’il y ait de l’intérêt à ce que ces handicapéEs soient à l’école »

    Là encore, on décide, du haut de notre validisme et à leur place, où doivent « être placéEs » les handicapéEs. Et ceci, sans savoir ce qui se passe en IME (et pour cause, peu de communication vers l’extérieur de la part de ces établissements, mais les handicapéEs en parlent et dénoncent les maltraitances et le manque d’enseignements).

    – « on n’a pas choisi d’enseigner à des handicapéEs »

    Propos extrêmement dérangeant, qui voudrait que l’on choisisse à qui l’on enseigne… Aujourd’hui les valides, demain les élèves sans difficultés, ensuite les personnes blanches, et ensuite les garçons ?

    Posture non validiste : on a choisi d’enseigner, et d’enseigner à touTEs les jeunes.

    – « les handicapéEs sont un danger pour les autres » (systématiquement sont sortis des témoignages qui associent sans honte #handicap et violence, qui ne forment en aucun cas l’ordinaire des handicapéEs à l’école).

    Variante : « les handicapéEs font (tout le temps) des crises ».

    Non, la violence ou la « crise » n’est pas une caractéristique inhérente au handicap. On peut écouter les témoignages d’handicapéEs expliquant pourquoi elles/ils ont eu des accès de violence : c’est la maltraitance, l’absence de prise en compte de leurs besoins et de leur sensibilité, qui ont conduit à ces moments de violence.

    – « les autistes sont ingérables ».

    Jugement de valeur, jugement tranché et essentialisant, qui réduit l’enfant, l’élève, à son #autisme. Non, un enfant n’est pas ingérable en soi. Ce sont les conditions d’accueil qui ne lui sont pas favorables, c’est l’institution qui ne sait pas s’adapter pour l’accueillir.

    #école #école_inclusive #enseignants #grève #profs_réacs

    • @Some_Writer_Cat
      https://twitter.com/Some_Writer_Cat/status/1744032292551446912

      Dites vous que le chef de service dun IMPRO (IME pour ado en gros) m’a hurlé dessus jusqu’à ce que je fasse une crise autistique parce que je voulais respecter ma convention de stage et m’a enfoncé en disant qu’il trouvait ça ahurissant qu’on m’ait laissé à l’école au lieu de m’envoyer en IME et qu’il en revenait pas que je sois en L3 et pas en ESAT.
      Imaginez maintenant comment ce type traité les ados de son IMPRO.
      Une collègue de L3 nous a aussi rapporté que dans son grand IME parisien, pointure en ABA, il y avait une salle de punition pour les enfants désobéissant et qu’on leur faisait faire des exercice du type « faire des maths pendant 1 heures sans secouer les mains (comportement inadaptés tout ça) et si les mains secouent zou on recommence à 0 jusqu’à ce que le jeune y arrive ».
      Des exercices pour briser les jeunes et proche de la torture maid bon, les IME c’est bien hein.
      Une autre collègue rapportaient que dans son IME, il fallait montrer 0 émotions devant les enfants et être le plus robotique possible, parce que les émotions perturbent les autistes.
      Mais encore une fois, les IME c’est cool.

      #IMPRO -> #ESAT

    • @MrKeatingreboot
      https://twitter.com/MrKeatingreboot/status/1743927891044245731

      Quand la lutte de #FO consiste à demander des places en institution, que c’est le projet de @gouvernementFR
      (des centaines d’ouvertures d’IME prévus), une idéologie partagée avec l’ED & au bénéfice des asso’ patronales qui gèrent les IME, peut-être qu’on se trompe de camp. 🤔
      Quand bien même on se foutrait du droit des enfants handiEs, des travailleureuses medico-sociales organisent-iels une journée de grève pour revendiquer la baisse des effectifs dans les classes !?
      Même sur le plan strictement syndical, aucun sens : des #AESH vont perdre leur taf !

    • Une grève contre l’inclusion ou pour les droits des élèves en situation de handicap ?
      https://www.cafepedagogique.net/2024/01/18/une-greve-contre-linclusion-ou-pour-les-droits-des-eleves-en-situat

      Si la FSU, CGT Éduc’action, et Sud #éducation appellent à une grève unitaire le 1er février prochain, la Fnec FP-FO – signataire de l’appel à la grève à cette date, a aussi déposé un préavis de grève pour le 25 janvier. « Face aux propos inadmissibles et méprisants de la ministre, la FNEC FP-FO appelle les personnels à être en grève et à manifester sous les fenêtres de Mme Oudéa-Castéra jeudi 25 janvier pour défendre l’École publique, pour revendiquer la création de postes nécessaires, en particulier dans les établissements sociaux et médico-sociaux, pour exiger un vrai statut et un vrai salaire pour les AESH » écrit le syndicat dans un communiqué.

      Loin d’être une mobilisation initiée par les propos de la ministre sur la scolarité de ses enfants dans un établissement privé, le choix de la date coïncide avec un appel à la grève datant du 12 janvier dernier. Une mobilisation prévue contre « l’inclusion systématique et les problèmes qu’elle pose » explique Frédéric Volle, secrétaire général. « Tous les élèves qui peuvent être accueillis à l’école doivent l’être dans de bonnes conditions, avec des AESH. Nous demandons aussi que les élèves qui bénéficient d’une notification MDPH pour effectuer leur scolarité dans des établissements spécialisés puissent trouver une place. Attal avait reconnu qu’il manquait 23 000 postes dans ces établissements. On bafoue les droits de ces élèves ». Un appel à la grève qui suscite émoi et indignation chez de nombreuses parents et personnalités dont l’un des membres du Conseil national consultatif des personnels handicapés, Florian Deygas. Frédéric Volle se défend d’être contre l’inclusion des élèves en situation de handicap. Selon lui, cette grève, c’est au contraire l’occasion « de rappeler et de réaffirmer les droits de ces enfants à bénéficier d’une scolarité adaptées à leurs besoins ».

      #FO

      edit
      Ecole inclusive : alertes sur un système qui craque
      https://seenthis.net/messages/1040363

  • On a de la vedette à #Montpellier :
    https://www.midilibre.fr/2023/12/31/legion-dhonneur-les-artistes-montpellierains-mathilde-monnier-et-vincent-b

    Mathilde Monnier et Vincent Bioulès : deux artistes montpelliérains distingués dans l’ordre de la Légion d’honneur, à l’occasion de la traditionnelle promotion du 1er janvier, dévoilée ce dimanche 31 décembre et publiée au Journal officiel.

    Vincent Bioulès, on est assez fans, dans la famille, depuis qu’on a visité l’exposition qui lui était consacrée au musée Fabre en 2019 :
    https://musee.info/Vincent-Bioules

    #y’a_d’la_vedette

    • Toi qui croyais que Napoléon était un dictateur assoiffé de sang et de pouvoir, tu vas pourtant avoir l’insigne honneur grâce à lui de mettre tes filles ou tes petites filles ou même tes arrières petites filles (sauf si t’es pas français et dans ce cas tu dois demander au grand maitre) dans des écoles qui leur sont réservées pour qu’elles apprennent les manières honorables c-a-d à être de bonnes reproductrices mariées et croyantes et tout ça en uniforme uniforme. Faut avant accepter de te la faire accrocher à la boutonnière même si la liste des pourritures avec légion d’honneur ne donne vraiment pas envie d’en être décoré.

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_d'%C3%A9ducation_de_la_L%C3%A9gion_d'honneur

      L’Empereur, dans une lettre du 15 mai 1807, donna lui-même les grandes lignes de l’éducation qu’il voulait procurer aux jeunes filles : « Élevez-nous des croyantes et non des raisonneuses. » Il préconisait des études simples, visant à « maîtriser la vanité qui est la plus active des passions du sexe » et à faire en sorte que les élèves deviennent des mères de famille modestes.

      #sapin #foutaises #éducation #fillettes

  • Ecole inclusive : le Conseil constitutionnel censure une réforme introduite par l’éducation nationale dans le projet de loi de finances
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/29/ecole-inclusive-le-conseil-constitutionnel-censure-une-reforme-introduite-pa

    Ce dernier prévoyait la transformation des pôles inclusifs d’accompagnement localisés (#Pial) en pôles d’appui à la scolarité (PAS) d’ici 2026. Les Pial, créés lors du premier quinquennat du chef de l’Etat, Emmanuel Macron, par la loi pour une #école de la confiance de 2019, sont surtout un outil de mutualisation et de répartition des 124 000 accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) entre les établissements d’un territoire.

    Leur remplacement par des PAS – dont 100 devaient être créés en septembre 2024, dotés chacun d’un enseignant spécialisé – induisait un changement dépassant largement la seule dénomination. Il s’agissait de repenser l’organisation de l’#inclusion_scolaire et la répartition des compétences entre l’#éducation_nationale et les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), sur lesquelles repose la reconnaissance du #handicap ainsi que la définition des modalités de scolarisation des élèves.

    « Réponse plus rapide et qualitative »

    Les PAS ont été pensés comme une interface entre les équipes éducatives, le secteur médico-social et les familles d’enfants handicapés mais aussi d’#élèves dits « à besoins éducatifs particuliers » – ceux qui n’ont pas de reconnaissance de handicap mais requièrent néanmoins des adaptations. Le PLF prévoyait que les PAS « expertisent les besoins de l’élève », et, surtout, « définissent » et « assurent » une réponse dite « de premier niveau ». Le texte rendait ainsi possible, sans passer par les MDPH, la « mise à disposition de matériel pédagogique adapté », « l’intervention de personnels de l’éducation nationale en renfort » ou encore « de professionnels des établissements et services médico-sociaux ». « Le dispositif offrira une réponse plus rapide et plus qualitative », a défendu le ministre de l’éducation, Gabriel Attal, lors de l’examen du texte.

    La reconnaissance du handicap et l’ouverture du droit à un accompagnement humain restaient toutefois possibles et entièrement du ressort des MDPH. En revanche, et c’était là un bouleversement profond de l’organisation qui prévaut depuis l’instauration de l’école inclusive en 2005, la création des PAS retirait aux #MDPH le pouvoir de définir les modalités de mise en œuvre de l’aide et, notamment, le nombre d’heures durant lesquelles un élève doit bénéficier d’un #AESH en classe. Ces compétences revenaient aux PAS et, donc, à l’Etat.

    https://archive.is/5hxLs

    #loi_de_finances #management #travail

  • #Gramsci, défenseur des subalternes dans « un monde grand et terrible »

    Avec « L’Œuvre-vie d’Antonio Gramsci », Romain Descendre et Jean-Claude Zancarini nous plongent dans les combats et le laboratoire intellectuel d’une figure majeure de la tradition marxiste. Victime du fascisme et opposant au tournant stalinien du communisme, il a développé une pensée encore stimulante.

    « Gramsci« Gramsci, ça vous dit quelque chose ? Il était né en Sardaigne, dans une famille pauvre. À deux ans, une tuberculose osseuse le frappa à la moelle épinière, si bien qu’il ne mesura jamais plus d’un mètre et demi. Vous comprenez ? Un mètre et demi. Et pourtant, c’était un géant ! » Voilà comment, dans Discours à la nation (Les Éditions Noir sur Blanc, 2014), le dramaturge Ascanio Celestini présente le membre fondateur du Parti communiste italien (PCI), martyr du régime fasciste de Mussolini, aujourd’hui considéré comme un monument de la pensée marxiste.

    La même admiration pour « un des plus grands [philosophes] de son siècle » se ressent à la lecture du livre de Romain Descendre et Jean-Claude Zancarini, consacré à L’Œuvre-vie d’Antonio Gramsci (Éditions La Découverte). S’il existe déjà des biographies du révolutionnaire sarde (notamment celle de Jean-Yves Frétigné) ou des introductions de qualité à son œuvre (aux Éditions sociales ou à La Découverte), les deux spécialistes en études italiennes proposent, avec cet ouvrage de plus 500 pages, une enquête lumineuse et inégalée.

    Ils suivent pas à pas l’élaboration de la pensée gramscienne, liée aux événements de sa vie personnelle et militante, elle-même affectée par les soubresauts d’une époque que Gramsci a décrite comme un « monde grand et terrible ».

    Les deux auteurs embrassent ainsi tous les textes produits depuis ses premières années de militantisme socialiste dans les années 1910, jusqu’aux Cahiers de prison rédigés dans les années 1930, en passant par son implication dans le mouvement turinois des conseils d’usine en 1919-1920, puis son engagement comme responsable et chef du PCI dans les années 1920.

    « Sa vie, son action et sa pensée, écrivent Descendre et Zancarini, l’ont conduit à produire un corpus de textes ayant une double caractéristique rare : il conserve aujourd’hui encore une grande pertinence théorique et politique, en même temps qu’il hisse son auteur au rang des plus grands “classiques” européens. »

    Si c’est le cas, c’est parce que Gramsci a suivi une évolution intellectuelle singulière. Nourri de la lecture de philosophes italiens de son temps, il est imprégné d’une culture très idéaliste lorsqu’il découvre le marxisme. Tout en dépassant ses premières conceptions, il a développé une pensée subtile sur l’ordre politique et les moyens de le subvertir, en intégrant l’importance des conditions socio-économiques, mais en accordant toujours un rôle crucial aux idées et à la culture.
    La culture et l’organisation, clés de l’émancipation

    Certes, « Gramsci n’a jamais écrit ni pensé qu’il suffisait de gagner la bataille des idées pour gagner la bataille politique ». Pour autant, les deux auteurs repèrent chez lui une réflexion constante « sur les mots (idées ou images) qui permettent de mettre en mouvement une volonté collective et sur l’articulation entre pensée et action, entre interprétation et transformation du monde ».

    L’émancipation des groupes subalternes est le moteur de Gramsci, au sens où « possibilité [devrait être] donnée à tous de réaliser intégralement sa propre personnalité ». La chose est cependant impossible dans une société capitaliste, sans parler des autres dominations qui se combinent à l’exploitation du prolétariat ouvrier et paysan.

    Pour changer cet état de fait, la prise du pouvoir est nécessaire. Elle requiert des tâches d’organisation auxquelles Gramsci consacrera une bonne partie de sa vie, mais présuppose aussi un minimum de conscience, par les subalternes eux-mêmes, de leur condition, des tâches à accomplir pour la dépasser et de l’idéal de société à poursuivre. C’est pourquoi Gramsci insiste régulièrement dans son œuvre sur l’importance de s’approprier la culture classique existante, afin de la dépasser dans un but révolutionnaire.

    Citant un texte de 1917, Descendre et Zancarini pointent que selon Gramsci, « l’ignorance est le privilège de la bourgeoisie. […] Inversement, l’éducation et la culture sont un devoir pour les prolétaires, car la “civilisation socialiste”, qui vise la fin de toutes les formes de privilèges catégoriels, exige “que tous les citoyens sachent contrôler ce que décident et font tour à tour leurs mandataires” ». Avant que ce contrôle s’exerce à l’échelle de la société, Gramsci pensait nécessaire qu’il se déploie dans le parti révolutionnaire lui-même.

    À la même époque, des auteurs comme Roberto Michels délivrent des diagnostics sans concession sur les tendances oligarchiques qui finissent par affecter les partis de masse, y compris ouvriers. Or Gramsci est attaché à la forme-parti, qu’il juge indispensable pour affronter de manière « réaliste » la domination sociale et politique de la bourgeoisie. Contre tout fatalisme, il veut donc croire en la possibilité d’une dialectique démocratique, propre à éviter les « phénomènes d’idolâtrie, […] qui font rentrer par la fenêtre l’autoritarisme que nous avons chassé par la porte ».
    Un opposant au « tournant sectaire » de Staline

    Certes, Gramsci a été le dirigeant d’un parti de l’Internationale communiste dans lequel on ne plaisantait pas avec la discipline une fois l’orientation tranchée. Mais son attachement à la libre discussion n’était pas feint, et lui-même n’a pas hésité à interpeller de manière critique le parti frère russe, dans une missive d’octobre 1926 fort mal reçue par les intéressés, à l’époque où la majorité dirigée par Staline attendait un alignement sans discussion.

    L’épisode peut se lire comme un prélude à son rejet du « tournant sectaire » imprimé par Staline au mouvement communiste en 1928 – rejet qui l’a placé en porte-à-faux avec ses propres camarades, qui eux s’y sont ralliés. Gramsci était alors incarcéré, et doutait que tout soit fait, à l’extérieur, pour faciliter sa libération. Le constat de son « isolement », affirment Descendre et Zancarini, a en tout cas été « un élément déclencheur de sa réflexion » dans les Cahiers de prison.

    Les deux auteurs restituent bien les conditions compliquées dans lesquelles Gramsci a travaillé, en devant lutter contre la maladie, négocier l’accès aux lectures multiples qui le nourrissaient, et déjouer la surveillance de ses écrits. La ligne qu’il développait était originale, en ce qu’elle s’opposait tout autant au stalinisme qu’au trotskisme, sans se replier sur un réformisme social-démocrate. Mais « cette opposition de l’intérieur [ne devait] surtout pas être comprise ni récupérée par les autorités fascistes. D’où le caractère partiellement crypté – et donc ardu – de l’écriture de Gramsci. »

    Appuyés sur une nouvelle édition en cours des Cahiers de prison, Descendre et Zancarini décryptent comment le penseur sarde a élaboré un réseau de notions telles que « l’hégémonie politique », « la révolution passive », ou encore la « guerre de position » distinguée de la « guerre de mouvement ».

    En raison de la puissance de sa réflexion, ces notions peuvent encore nous aider à penser notre situation politique. Mais les deux spécialistes préviennent : « Le travail théorique de Gramsci ne produit jamais de catégories abstraites, encore moins un système à visée universelle : toute son élaboration critique et conceptuelle […] est en prise sur la réalité internationale autant qu’italienne. »

    Un exemple permet de bien le comprendre. Fin 1930, Gramsci défend auprès des autres détenus communistes une proposition hétérodoxe. Face au régime de Mussolini, estime-t-il, le PCI devrait travailler avec les autres forces antifascistes derrière le mot d’ordre de Constituante républicaine. Puisque « l’inutilité de la Couronne est désormais comprise par tous les travailleurs, même par les paysans les plus arriérés de Basilicate ou de Sardaigne », il s’agit d’un point de départ intéressant pour politiser des masses, avant d’aller plus loin.

    Au-delà du cas italien, il ne croit pas que la crise du capitalisme fournisse les conditions suffisantes à une offensive du prolétariat, du moins à court terme. Le refus du déterminisme économique est renforcé par le constat, préalable aux Cahiers de prison, des différences qui existent entre les pays d’Europe de l’Ouest et la Russie de 1917. Dans les premiers, la société civile et la société politique apparaissent beaucoup plus denses, et les élites dirigeantes sont mieux parvenues à reproduire le consentement des populations.

    C’est ce qui convainc Gramsci que la priorité est à la « guerre de position », c’est-à-dire une période longue d’apprentissages, d’accumulation de force, et d’élaboration d’une « contre-hégémonie ». Il ne croit certes pas à une transition pacifique vers le socialisme. Mais même après la dimension « militaire » de la prise du pouvoir, il estime qu’il restera beaucoup à faire pour qu’émerge un État nouveau, permettant à la société de s’autogouverner. Une « perspective anti-autoritaire et anti-bureaucratique » en contradiction avec l’évolution de l’État soviétique, que Gramsci cible en mettant en garde contre « le fanatisme aveugle et unilatéral de “parti” » et les risques d’une « statolâtrie » prolongée.

    Dans leur conclusion, Descendre et Zancarini rappellent que Gramsci s’était lui-même défini, dans une phrase terrible, comme « un combattant qui n’a pas eu de chance dans la lutte immédiate ». Si ses efforts n’ont toujours pas suffi à ce que triomphe une hégémonie des subalternes, ils lui auront néanmoins assuré une postérité impressionnante dans le champ de la pensée critique, bien au-delà de l’Italie et même de l’Occident.

    Pour les deux auteurs, Gramsci appartient à une génération « broyée dans les affrontements de cette époque, entre fascisme et communisme et au sein même du communisme ». Il se distingue cependant par « la force de [sa] résistance morale et intellectuelle ».

    C’est ce que traduit, à sa façon, le texte théâtral d’Ascanio Celestini par lequel nous avons commencé, et qui se poursuit ainsi : « Je suis en train de parler de Gramsci, le type qui fonda le Parti communiste italien et qui fit un seul discours au Parlement vu qu’ensuite les fascistes l’arrêtèrent et le jetèrent en prison où il passa dix années pendant lesquelles il transforma la pensée socialiste. Il sortit de prison cinq jours avant de mourir et pourtant, près d’un siècle plus tard, il nous rappelle que nous devons nous opposer au pessimisme de la raison en ayant recours à l’optimisme de la volonté. »

    https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/101223/gramsci-defenseur-des-subalternes-dans-un-monde-grand-et-terrible
    #Antonio_Gramsci #marxisme #culture #émancipation #organisation #exploitation #capitalisme #dominations #privilèges #civilisation_socialiste #éducation #ignorance #dialectique_démocratique #autoritarisme #idolâtrie #tournant_sectaire #Staline #hégémonie_politique #révolution_passive #guerre_de_position #guerre_de_mouvement #contre-hégémonie #socialisme #statolâtrie

    • L’Oeuvre-vie d’Antonio Gramsci

      Antonio Gramsci (1891-1937) reste l’un des penseurs majeurs du marxisme, et l’un des plus convoqués. L’Œuvre-vie aborde les différentes phases de son action et de sa pensée – des années de formation à Turin jusqu’à sa mort à Rome, en passant par ses activités de militant communiste et ses années d’incarcération – en restituant leurs liens avec les grands événements de son temps : la révolution russe, les prises de position de l’Internationale communiste, la montée au pouvoir du fascisme en Italie, la situation européenne et mondiale de l’entre-deux-guerres. Grâce aux apports de la recherche italienne la plus actuelle, cette démarche historique s’ancre dans une lecture précise des textes – pour partie inédits en France –, qui permet de saisir le sens profond de ses écrits et toute l’originalité de son approche.
      Analysant en détail la correspondance, les articles militants, puis les Cahiers de prison du révolutionnaire, cette biographie intellectuelle rend ainsi compte du processus d’élaboration de sa réflexion politique et philosophique, en soulignant les leitmotive et en restituant « le rythme de la pensée en développement ».
      Au fil de l’écriture des Cahiers, Gramsci comprend que la « philosophie de la praxis » a besoin d’outils conceptuels nouveaux, et les invente : « hégémonie », « guerre de position », « révolution passive », « subalternes », etc. Autant de concepts qui demeurent utiles pour penser notre propre « monde grand et terrible ».

      https://www.editionsladecouverte.fr/l_oeuvre_vie_d_antonio_gramsci-9782348044809
      #livre

  • La #désinformation qui déstabilise la #démocratie

    « La désinformation est un bouton fantastique sur lequel appuyer pour déstabiliser les démocraties. C’est la #menace la plus sournoise. Parce que la démocratie fonctionne si on a accès à l’#information, pour pouvoir porter un jugement et participer au #débat_public ». C’est ainsi que le professeur adjoint en communication publique et politique à l’ENAP, Philippe Dubois, résumait le problème qui était au coeur du forum La démocratie au temps de la désinformation, tenu le 30 novembre à Montréal.

    La démocratie recule, soulignait d’ailleurs cette année un rapport du Varieties of Democracy Institute de l’Université de Göteborg (Suède) (https://v-dem.net/documents/29/V-dem_democracyreport2023_lowres.pdf), fruit d’une collaboration de près de 4000 experts de 180 pays. La désinformation, la #polarisation et l’#autocratisation se renforcent mutuellement.

    Avec l’ajout récent de la Thaïlande et du Mali, pour la première fois depuis plus de 20 ans, la liste des pays compte plus d’#autocraties que de démocraties : 5,7 milliards de personnes vivent dans des autocraties (72% de la population mondiale) contre 1 milliard de personnes pour les démocraties libérales —soit à peine 13%. Et près d’un tiers du premier groupe vit même au sein d’autocraties fermées (Chine, Iran, Myanmar et Vietnam, par exemple).

    Bref, le niveau de démocratie pour le citoyen mondial moyen est en recul, pour revenir au niveau de 1986. L’Europe de l’Est et l’Asie centrale, ainsi que l’Amérique latine et les Antilles, ont retrouvé leur niveau de la fin de la guerre froide.

    « C’est souvent un idéal que l’on prend pour acquis avec ses opportunités de délibération : presse libre, débats publics, et des institutions publiques pour faire fonctionner cela », avance Philippe Dubois. Ce « modèle le moins pire », comme l’aurait dit Churchill, « a bien souffert lors de la récente pandémie ». Avec ses mesures exceptionnelles et restrictives, la Covid-19 a vu reculer, de manière temporaire, certains droits et libertés. Cela a entaché la confiance dans les institutions démocratiques, et dans leurs acteurs, confiance qui n’était déjà pas si élevée avant la crise sanitaire.

    Or, les #réseaux_sociaux jouent eux aussi un rôle dans cette #régression. Peut-être parce qu’ils répercutent plus les #frustrations et la #colère que la #raison et les #nuances, il y aurait, semble-t-il, plus de cyniques et de mécontents qu’avant. Certaines tranches de la population s’avèrent aussi moins attachées à la démocratie, comme les jeunes, qui s’informent eux-mêmes davantage que les plus vieux par les algorithmes. « Cela ne signifie pas qu’ils rejettent la démocratie. Cela signifie plutôt qu’ils partagent davantage un type de contenu » qui la rejette, note le chercheur.

    L’École des médias de l’UQAM avait mandaté cet été la firme Léger pour sonder la population québécoise sur leurs perceptions sur des enjeux liés à la démocratie et à la désinformation. Le rapport montre que 25% de la population québécoise pense que les gouvernements cachent la réalité sur la nocivité des vaccins —18% pensent que c’est probable, alors que 8% pensent que c’est certain.

    C’est une #méfiance envers les institutions qui augmente, tout comme celle envers les #médias, car selon ce sondage, 44% de la population québécoise pense que les médias manipulent l’information qu’ils diffusent.

    En quête de #littératie_scientifique

    « Nous vivons une #crise_épistémologique avec une remise en question des #figures_d’autorité » constatait, lors du forum du 30 novembre, le professeur au département sciences humaines, lettres et communications de la TÉLUQ, Normand Landry. « Les gens parlent d’#esprit_critique mais c’est un mot galvaudé : où est notre capacité de se remettre en question et de changer d’idées et d’admettre nos erreurs ? »

    D’où l’importance de l’#éducation_aux_médias et de la littératie scientifique, soulignait-on dans ce forum organisé par les Fonds de recherche du Québec. Mélissa Guillemette, rédactrice en chef du magazine Québec Science, note que « moins de la moitié des Canadiens ont des bases solides en science (42%), c’est donc à mettre au premier plan. La littératie en santé au Québec reste elle aussi très faible chez 2 personnes sur 3 et pour 95% des 60 ans et plus, il s’avère même difficile de comprendre un médecin. »

    Les #jeunes ont particulièrement du mal à distinguer le #vrai du #faux. « Les adolescents ont du mal à reconnaître la désinformation. Ils manquent de bons critères d’évaluation pour juger de la qualité d’une bonne information », relève l’étudiante à la maîtrise en sciences de l’éducation de l’Université de Sherbrooke, Élise Rodrigue-Poulin.

    « Chez les enseignants aussi, le niveau de pensée critique varie souvent de faible à moyen. Et lorsque la nouvelle fait appel à trop d’#émotion, la plupart d’entre nous ne sommes plus capables de l’évaluer correctement », ajoute-t-elle.

    La solution serait de s’éduquer à reconnaître la désinformation, mais il faudrait aussi développer du contenu scolaire pour soutenir l’esprit critique chez les jeunes – et par ricochet, le personnel enseignant. Des éléments inclus dans le nouveau programme Culture et citoyenneté québécoise, vont dans ce sens.

    Ce serait toutefois insuffisant. « Le programme a plusieurs points positifs : donner des outils et des critères sur les informations et les médias, et l’explication de ce qu’est la démocratie. Comme enseignante, je trouve ça bon, mais il n’est pas obligatoire cette année et il a été présenté aux enseignants quelques jours avant la rentrée », explique Mme Rodrigue-Poulin. Il doit être implanté dans toutes les écoles en septembre 2024.

    Normand Landry renchérit : « Je salue l’adoption d’un programme mais je le pense moins sérieux dans le soutien à développer ce savoir. Depuis plus de 20 ans, l’#école développe du contenu d’éducation aux médias – par exemple, sur les compétences numériques, adopté en 2019 – mais sans se donner les conditions de déploiement et des ressources pour les enseignants. »

    La désinformation à gogo

    « Nous sommes dans une espèce de jungle et trouver la vérité, c’est un casse-tête. La désinformation, cela ne date pas d’hier mais c’est le volume qui augmente. », rappelle Nicolas Garneau, chercheur postdoctoral en informatique à l’Université de Copenhague.

    Et nous pouvons tous partager de la désinformation. Les réseaux sociaux sont conçus pour nous inviter à générer du contenu – « exprimez-vous », « posez des actions » – à partir de messages qui en appellent à nos #émotions.

    Il faut donc apprendre à se méfier des choix des #algorithmes et développer son esprit critique – « d’où ça sort ? », « quelle est la source de l’info ? »

    « Il ne faut pas oublier que ce sont des modèles économiques basés sur nos données. Ils enregistrent ce que l’on regarde et lorsqu’on s’exprime. Les plateformes exploitent nos #failles_psychologiques », rappelle Emmanuelle Parent, directrice générale et recherche du Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne (Le Ciel).

    Le professeur en journalisme à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal, Jean-Hugues Roy, s’intéresse plus spécifiquement à Facebook. Il remarque qu’il y a beaucoup de contenus viraux —et religieux— qui circulent. Qui plus est, en l’absence de véritables informations – en raison du blocage du contenu des médias par Meta – « il n’y a plus rien de pertinent. C’est un véritable marché aux puces de #contenus_viraux dont certains peuvent être toxiques. Cela peut prendre l’apparence de contenu journalistique, en ajoutant des éléments mensongers et trompeurs uniquement pour faire des clics. »

    Il est temps d’encadrer ces plateformes, poursuit-il. Une démarche entamée par le Canada avec le projet de loi C-18 qui vise à forcer les « géants du web » à indemniser les médias d’information —c’est ce projet de loi qui est la raison du boycottage des médias entrepris en ce moment par Meta au Canada.

    « Ce sont des entreprises privées et on s’attend à ce qu’elles prennent leurs responsabilités ou que les autorités le fassent. Nous avons une agence d’inspection des aliments au Canada, il est possible d’imaginer une agence d’inspection des réseaux sociaux alors que nos vies sont dessus et qu’ils font beaucoup d’argent avec nos données », pense M. Roy.

    Autrement dit, il faut un encadrement de ces outils par l’humain. « Leur raison d’être est de nous donner un coup de main, pas de décider à notre place », tranche encore Nicolas Garneau.

    https://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2023/12/15/desinformation-destabilise-democratie

  • « Loin de créer un “choc des savoirs”, Gabriel Attal va produire un choc d’ignorance », Pierre Merle, spécialiste des questions scolaires
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/12/19/pierre-merle-specialiste-des-questions-scolaires-loin-de-creer-un-choc-des-s

    La réforme souhaitée par le ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, sous l’appellation « choc des savoirs », est fondée sur des diagnostics erronés. Première contrevérité, le collège français n’est nullement « uniforme ». En 2022, les collèges publics scolarisent près de 40 % d’élèves défavorisés. Les collèges privés en scolarisent moins de 16 %. Encore ne s’agit-il que de moyenne ! Dans les réseaux d’éducation prioritaire (REP et REP+), la proportion d’élèves d’origine populaire dépasse parfois 70 % alors qu’elle est souvent inférieure à 10 % dans les collèges privés du centre-ville des capitales régionales.

    A cette #ségrégation_sociale interétablissement, à laquelle correspondent des différences considérables de compétences des élèves, s’ajoute, énonce notamment une étude publiée en 2016 par le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), une ségrégation intraétablissement d’une importance équivalente en raison de la multiplication des #sections bilangues et européennes, des classes à horaires aménagés, des langues rares, etc.

    Vouloir créer des groupes de niveau (faible, moyen, fort) dans des classes déjà homogènes est une triple erreur. D’abord, l’idée (en elle-même bienvenue) de réduire à 15 le nombre de collégiens dans les groupes de niveau d’élèves faibles profitera à des élèves moyens, voire bons, scolarisés dans les collèges très favorisés, au détriment des élèves réellement faibles scolarisés en REP.

    Ensuite, en 2019, une synthèse des recherches publiée par Sciences Po Paris a montré un effet bénéfique de la mixité sociale et scolaire sur les progressions des élèves faibles, sans effet négatif sur les meilleurs. Séparer encore davantage les élèves faibles des élèves moyens et forts ne fera qu’accentuer leurs difficultés d’apprentissage.

    Mixité sociale bénéfique à tous

    Enfin, l’évaluation des expériences de mixité sociale réalisées en France, souligne une note publiée en avril par le Conseil scientifique de l’éducation nationale, se traduit par un accroissement du bien-être de l’ensemble des élèves, y compris celui des élèves favorisés. La mixité sociale favorise aussi le développement des capacités socioémotionnelles, réduit la prévalence des #stéréotypes raciaux et sociaux et, pour les élèves socialement défavorisés, améliore leur insertion professionnelle (note de l’Institut des politiques publiques, publiée en novembre). Autant d’effets bénéfiques à tous les élèves. L’établissement scolaire et la classe sont des petites sociétés. Il faut créer de l’unité, non des groupes de niveau.

    La seconde contrevérité du projet ministériel est d’accréditer l’idée d’un redoublement favorable aux élèves en difficulté. Un large consensus scientifique a montré que cette politique débouche sur un résultat inverse. Le redoublement produit des effets négatifs en termes d’estime de soi, de motivation et d’apprentissages ultérieurs. Les seules exceptions concernent, outre la classe de terminale, les classes de 3e et de 2de dans lesquelles les élèves faibles, en cas de redoublement, sont motivés pour éviter une orientation non choisie.

    Tout comme la création des groupes de niveau, des redoublements plus fréquents pénaliseront les élèves faibles, majoritairement d’origine défavorisée. Alors même que, pour l’école française, le constat principal de l’édition 2022 du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) est l’écart considérable entre le niveau des élèves d’origine défavorisée et favorisée, le ministre Gabriel Attal, loin de créer un choc des savoirs, va produire un choc d’ignorance fondé sur une mise à l’écart encore plus accentuée des élèves les plus faibles.

    Le projet ministériel contient d’autres contradictions. Par exemple, Gabriel Attal souhaite une réforme des programmes et une labellisation des manuels scolaires, non pas en référence avec les cycles actuels de trois ans, mais avec des « objectifs annuels », voire « semi-annuels ». Finalement, après avoir dénoncé une uniformité fantasmée du collège, le ministre veut imposer un rythme de progression identique à tous les élèves alors même que, dès l’âge de 2 ans, les inégalités socio-économiques différencient sensiblement leurs compétences langagières.

    De surcroît, la décision de réformer au plus vite le « socle commun » [de connaissances, de compétences et de culture] signifie que l’expérience des #professeurs, les plus avertis des difficultés des élèves, ne sera pas prise en compte. Gabriel Attal veut renforcer leur autorité et, dans le même temps, a déjà décidé d’une modification des programmes sans même les consulter. Un bel exemple de déni de leurs compétences. Pourquoi, aussi, faut-il changer d’urgence des #programmes déjà réécrits par Jean-Michel Blanquer ? Sont-ils à ce point médiocres ? Et pourquoi la nouvelle équipe ministérielle ferait-elle mieux que l’ancienne ?

    Effets délétères

    Dernier exemple, bien que les résultats de #PISA 2022 montrent une baisse des compétences des élèves en #mathématiques, le ministre a décidé la création, à la fin des classes de premières générales et technologiques, d’une nouvelle épreuve anticipée du bac consacrée aux mathématiques et à la culture scientifique. Le ministre se targue de provoquer un choc des savoirs tout en supprimant une année entière d’enseignement scientifique ! Un projet paradoxal dont la genèse tient à l’absence d’une réelle réflexion sur un problème incontournable : la #crise_de_recrutement des professeurs, particulièrement en mathématiques.

    La réforme Blanquer, en reportant le concours d’accès au professorat de la fin du master 1 à celle du master 2, a réduit l’attractivité déjà insuffisante du métier d’enseignant. Certes, Gabriel Attal souhaite revenir sur cette réforme désastreuse, mais son projet est controversé. Au mieux, une réforme ne s’appliquera qu’à la rentrée 2025. En attendant, le ministre se contente d’expédients tels que le recrutement de #contractuels non formés, choix incompatible avec l’élévation du niveau scolaire des élèves.

    L’analyse du projet ministériel montre les effets délétères des mesures envisagées. Groupes de niveau, #redoublement, fin du collège « uniforme », énième réforme des programmes, renforcement de l’autorité du professeur… ne sont que les poncifs éculés de la pensée conservatrice. Ils ne répondent en rien à la crise de l’école française. En revanche, électoralistes et populistes, ces mesures sont susceptibles de servir l’ambition présidentielle de l’actuel ministre de l’éducation.

    Pierre Merle est sociologue, spécialiste des questions scolaires et des politiques éducatives, et il a notamment publié « Parlons école en 30 questions » (La Documentation française, 2021).

    https://seenthis.net/messages/1031680

    #élitisme #obscurantisme #autorité #école #éducation_nationale #élèves #éducation #groupes_de_niveau #ségrégation #Gabriel_Attal #hétérogénéité #coopération

  • Les matraqueurs à l’hôpital : opération contre-insurrectionnelle - Contre Attaque
    https://contre-attaque.net/2023/12/18/les-matraqueurs-a-lhopital-operation-contre-insurrectionnelle

    18 décembre 2023
    Corruption, Éducation, Technique policière
    Nounours, gilets pare-balles et cagoules : la propagande de Noël dans les hôpitaux

    Il fut un temps où l’on envoyait des clowns pour faire rire les enfants hospitalisés. Aujourd’hui, ce sont des policiers armés, cagoulés et en uniforme, avec des motos qui débarquent à l’hôpital pour les petits malades. Pas sûr que les enfants aient gagné au change.

    Mercredi 13 décembre la BRAV, unité policière ultra-violente parisienne, et la BRI, unité anti-terroriste, se rendent à l’hôpital Necker, un établissement pour enfants à Paris. Les policiers ont mis les grands moyens : un agent déguisé en père Noël est hissé sur un véhicule blindé, d’autres sont en tenues de Batman ou Spiderman, les médias ont été invités… Cette année, petit papa Noël tire des grenades et frappe à la matraque. Cette opération est-elle financée par l’État ?

    Le Parisien écrit que des « représentants de l’AP-HP » étaient « un peu tendus ». Forcément, les manifestations de soignants sont régulièrement gazées et matraquées par ces mêmes policiers qui viennent se faire de la publicité dans leur hôpital au moment de Noël.

    Même mise en scène au CHU de Nantes, preuve qu’il s’agit d’une opération concertée : « Une trentaine d’enfants hospitalisés en pédiatrie, oncologie, soins intensifs ou post-urgences, ont reçu la visite de policiers de Nantes et Saint-Nazaire » écrit Ouest-France. Les enfants ont eu la “chance” de recevoir des cadeaux de la BRI, des CRS qui font régner la violence dans les rues de Nantes et même de la Police aux Frontières, qui traque les étrangers et met des familles en centre de rétention. Des amis du genre humain.

    L’hôpital est mourant. Les enfants malades sont insuffisamment pris en charge à cause du manque de moyens. En septembre, une fillette de six mois est décédée des suites de difficultés respiratoires à Carhaix, faute de place à l’hôpital. Les soignant-es crient leur désespoir depuis des années. Mais la police, qui croule sous l’argent public, profite des fêtes pour déployer sa communication avec l’aide de médias aux ordres, qui diffusent des images pleines d’émotions : la police aime les enfants et leur offre des doudous.

    Quelle autre profession bénéficie de telles opérations médiatiques pour redorer son image ? Il s’agit de propagande sur le dos d’enfants malades. Si les policiers veulent aider l’hôpital et les jeunes patients, pourquoi ne le font-ils pas sur leur temps libre, sans uniforme et surtout sans photographes ? Pourquoi ne refusent-ils pas de réprimer les soignant-es lors des manifestations réclamant plus de moyens pour l’hôpital ?

    L’année dernière, lors d’une opération similaire, la direction de la police nantaise assumait dans Ouest-France : « Cela fait partie de la volonté de rapprochement entre la police et la population. Nous en profitons pour faire découvrir nos métiers et notre matériel ». Les autorités revendiquent donc à demi-mot l’instrumentalisation de petits hospitalisés pour promouvoir un métier de plus en plus contesté. La BRI qui paradait à l’hôpital Necker est aussi celle qui tirait à vue et arrêtait de jeunes adolescents cet été après la mort de Nahel.

    La police dans les écoles, dans les hôpitaux, dans les activités périscolaires : ce cauchemar ne peut avoir lieu sans la collaboration active de soignant-es, de profs, d’animateurs et animatrices. Tout est fait pour endoctriner les enfants dès le plus jeune âge.

    La répression physique de plus en plus insoutenable et dénoncée par la population ne peut s’imposer qu’en préparant les esprits, en rendant légitime la violence de la police. C’est une opération de contre-insurrection : une forme de propagande théorisée par l’État français depuis la Guerre d’Algérie.

    Cette doctrine politique et militaire vise à obtenir le soutien de la population dans le cadre d’un conflit entre les autorités et les forces contestataires. Il s’agit de mener des actions de propagande

  • IA génératives : pour un principe de précaution en #éducation - SNES-FSU
    https://www.snes.edu/article/ia-generatives-pour-un-principe-de-precaution-en-education

    Comme beaucoup d’autres, il prend soin de préciser que « l‘ordinateur qui remplace le prof, c’est une mythologie » (ouf !) ? Une IA sans danger pour les postes ou les métiers donc, simplement capable d’accompagner, de guider, de remédier. Soit une grande partie des gestes enseignants, mais en mieux. En mieux oui, car MIA s’adapte, paraît-il, à chaque élève, sans jamais faiblir, sans rechigner devant des tâches répétitives. Les professeur·es, derrière leur « tableau de bord », pourront alors « suivre de manière plus fine leurs 40 élèves » (sic).
    On voit comment le #techno-solutionnisme permet de contourner la question des conditions matérielles nécessaires pour pouvoir bien faire son métier sans recourir aux applications magiques. Avec par exemple (soyons fous), un nombre d’élèves par classe qui permette de suivre chacun et chacune.

  • Alexis Potschke : « J’ai lu le message du ministre et j’ai peur »
    https://www.cafepedagogique.net/2023/12/12/alexis-potschke-jai-lu-le-message-du-ministre-et-jai-peur

    J’ai lu le message du ministre tout à l’heure, et j’ai peur maintenant, très peur de ce qui vient : ça faisait longtemps que je n’avais pas eu peur comme ça.

    Il y a un passage qui m’a plongé dans une angoisse terrible. Tenez, c’est ce morceau-là :

    « À compter de la rentrée prochaine, les élèves de 6ème et de 5ème seront donc désormais répartis en 3 groupes de niveaux pour leurs enseignements de français et de mathématiques. »

    Ça n’a l’air de rien, comme ça, et quiconque ne sait pas vraiment ce qu’est une classe pourrait même hausser des épaules, trouver cela normal, se dire que j’en rajoute, passer outre. Ah ! ces profs, ils se plaignent tout le temps !

    C’est malgré tout la mise à mort d’une certaine vision de l’enfance. C’est la fin de l’idée des classes hétérogènes ou chacun peut apprendre à chacun et de chacun, où les élèves en réussite peuvent venir en aide aux élèves en difficulté, et où les élèves en difficulté peuvent prendre confiance en eux, s’appuyer sur leurs pairs ; se sentir un peu, de temps en temps, membre d’un groupe qui n’est ni bon ni mauvais, juste un groupe ; savourer leurs prises de parole réussies, travailler ensemble : apprendre des autres et leur apprendre des choses.

    C’est la fin d’un même postulat d’éducabilité. Tous les élèves sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres ! À dix ans, le rouage se met en marche : les uns à droite, les autres à gauche, le bénéfice du doute pour le ventre mou, tout ça, ça se rangera plus tard. Hop ! On classe, on trie ! Mais ce qu’il faut bien avoir à l’esprit, c’est que c’est pour le pire. Que ça ne marche pas.

    Imaginez-vous, dix ans fraîchement révolus, faire votre entrée au collège. Le couperet est tombé quelques semaines plus tôt, vous ne le saviez peut-être même pas, mais : vous êtes un élève en difficulté. Alors voilà : vos camarades seront des élèves en difficulté. Votre enseignant vous fera des cours pour élèves en difficulté. Vous aurez un emploi du temps d’élève en difficulté. Vous avez dix ans, votre avenir a déjà un nom.

    Autour de vous, aussi : essentiellement des garçons. À cet âge, les groupes de niveaux sont aussi, malheureusement, des groupes de genre.

    Vous ne pourrez pas profiter des remarques brillantes de vos camarades, travailler avec eux, apprendre d’eux : non, ce n’est pas la place qui vous a été assignée. Vous êtes en difficulté. Vous aurez toujours l’impression que vos enseignants vous parlent plus lentement qu’aux autres, et de la suspicion en lisant les appréciations sur votre bulletin.

    Le groupe classe, c’est fini. Bienvenue dans le sépulcre des ambitions. Mais que voulez-vous ? C’est ainsi que fonctionne la fabrique des élites. On vous laissera prendre la forme qu’on attend de vous. Vous n’apprendrez que ce qu’on a décidé de vous apprendre – à vous, parce que vous êtes : en d-i-f-f-i-c-u-l-t-é. Tant pis pour le reste !

    #école #élèves #éducation #groupes_de_niveau #ségrégation

    • On arrive au tri classiste et à la ségrégation mise en place déjà au lycée il y a 10 ans. Ça n’était pas clairement écrit, mais j’ai vu celleux qui avaient une bourse relégués dans des classes différenciées, avec des profs et un programme différent et surtout un discours de la direction à leur égard de type « Ah mais non, tu ne peux pas aller dans cette classe, iels ont beaucoup plus d’assurance que toi. » Et j’aurai aimé vous montrer une photo des classes, de ceux avec l’assurance de leur avenir et celleux qui n’en avaient pas, la différence de leurs fringues, leur façon altière de se tenir, de se sentir bien dans leur peau, de s’échanger leur réseau. Les soldats et leurs maitres.

    • Le groupe le plus performant sera affublé du doux nom de « castor » et avec le second groupe, appelés « les chasseurs », ils formeront l’Arc RIP aux Blicains. Quant aux élèves du troisième (et dernier) groupe dénommé « les sauvageons », ils se verront imposer un SNU à vie avec lever du drapeau en pyjama rayé tous les matins jusqu’au bout de leur vie. Par contre, les ceusses qui appartiennent à l’élite castorienne seront eux exemptés de service national universel et, promus aux mérites de leurs géniteurs, ils pourront aller directement pantoufler dans des cabinets de conseil après avoir obtenu leur bac avec mention.

      #école-caserne #saloperies #privilèges_de_classe #classes_ghettos #Gabriel_Attal #consanguinité #endogamie

    • Plus sérieusement, ceci est la conséquence fatale (dans le sens où ça devait arriver un jour) d’un délitement de l’institution #éducation_nationale initié par Sarkozy et finalisé par Blanquer : effectifs pléthoriques dans les classes. Des missions toujours plus nombreuses assignées aux personnels soumis à un feu roulant d’injonctions contradictoires. Résultats : les enseignants se barrent. Le recrutement se tarit. Les relations entre familles et l’institution deviennent de plus en plus conflictuelles. La hiérarchie (du sommet de la pyramide au plus médiocre sous-fifre) va essayer de dissimuler la poussière sous le tapis avec l’idéologie patriotico-laïcarde mais l’illusion fait rapidement long feu.
      Ce processus fait partie d’un dispositif idéologique qui a fait ses preuves dans les pays anglo-saxons, le fameux « starving the beast ».
      A mon avis, les familles « castoriennes » n’hésiteront pas un seul instant et scolariseront leurs progénitures dans le privé, cette attitude étant déjà une tendance lourde. Quant aux deux autres groupes de niveau, ils s’affronteront sur les bancs de l’école publique, les uns zélateurs impénitents de l’idéologie libertarienne, les autres au mieux regarderont par la fenêtre pour faire passer le temps, au pire mettront le feu aux établissements. On fera croire aux familles « chasseurs » que leurs enfants sont l’avenir de la nation et on les enjoindra de faire régner l’ordre raie-pue-blicain au sein de leurs établissements (en dénonçant par exemple les comportements idéologiquement déviants des familles sauvageo-wokistes.
      L’école a toujours été une interface d’une grande porosité entre la société et le pouvoir. Ça ne fait que se confirmer.
      Mon messages aux (ex) collègues qui y croiraient encore : courage, fuyez ou résistez !

    • Un copain de 40 ans, y-a 10 ans : « mais les budgets n’ont jamais été aussi élevés, faut arrêter de vouloir faire grève ou de dire qu’on n’a pas les moyens ». Les budgets à l’époque augmentaient pour prendre en compte l’augmentation du nombre d’élèves si mes souvenirs sont bons. Mais les profs n’étaient pas remplacés, et le pli était donné. 10 ans plus tard, plus personne ne veut devenir prof.

    • Les élèves du groupe « chasseurs » issus en majorité des familles de la classe moyenne déclassée auront bientôt un joli uniforme et s’ils se tiennent sages, ils pourront effectuer leur SNU aux Antilles (ou tout autre DOM-TOM).
      NB : ces familles « chasseurs » auront plébiscité le RN aux présidentielles de 2027.

    • Les jeunes parents, très écolos et socio-conscientisés qui approchent de la 40aine ont vite mis leurs discours sous le boisseau quand il s’est agit de scolariser leur précieuse progéniture là où les prolos autrement glorifiés n’ont pas d’autres choix que de laisser la leur et les « pédagogies alternatives » ont été là bonne excuse toute trouvée et toute offerte, en vrai, pour justifier leur cavalcade vers le privé, bien moins couteuse, socialement que les stratégies anciennes de contournement de la carte scolaire.

    • Ayant bossé (sur un poste adapté) à Angers avec la crème des pédagos dans « l’ingénierie éducative », les collègues ne se cachaient même pas de scolariser leurs rejetons dans le privé catho, parce que bon, hein, le collège (public) de secteur avait « clairement pas le niveau » ... Bel euphémisme en tout cas.

    • « Les groupes de niveau viennent percuter la motivation et l’estime de soi, et donc la réussite scolaire »
      https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/12/17/les-groupes-de-niveau-viennent-percuter-la-motivation-et-l-estime-de-soi-et-

      Les économistes Yann Algan [HEC] et Elise Huillery [Dauphine] estiment, dans un entretien au « Monde », que, pour faire face à l’hétérogénéité des niveaux, il faudrait investir davantage dans la formation des enseignants et dans les compétences sociales et comportementales des élèves.

      .... à partir des évaluations de 6e de 2021, 50 % des élèves de classes sociales défavorisées se retrouveraient dans le groupe des élèves faibles contre seulement 13 % des élèves de classes sociales très favorisées. Les inégalités de genre seraient également marquées : le groupe des élèves forts en français compterait 57 % de filles et celui des forts en maths 56 % de garçons.

      https://archive.is/DwC84

      #PISA #économie #pédagogie_verticale #hétérogénéité #coopération

      "un choc d’ignorance"
      https://seenthis.net/messages/1032763

  • A Good Idea : You Should Draw On The Wall With A Marker
    https://clickhole.com/a-good-idea-you-should-draw-on-the-wall-with-a-marker-second


    Je découvre la revue satirique Clickhole - plein de bonnes idées pour la vie en famille.
    Vive la créativité !

    KidHole - Hey! Here’s a good idea. How about drawing on the wall with a marker? A lion, a castle, a tree, or whatever. Anything you can dream up, draw it right on the wall.

    It’ll be so fun!

    Paper is small and walls are big. Why draw on paper and tape it to the wall when you can draw right on the wall? It’s easier, and it just makes more sense!

    If you’re worried about getting in trouble, just remember that Mommy and Daddy decorate the house all the time, so by decorating the wall with your drawings, you’re being a BIG HELP. You can help them out by drawing on the living room wall, your bedroom wall, or even the kitchen wall, and they will be happy that you did all these chores for them.

    Crayons and paints work, but markers are the best! Especially Mommy’s special stinky markers from the craft drawer, because those ones are permanent.

    And remember, it doesn’t matter if you’re not very good at drawing as long as you try your best—THAT’S what really counts. Even if you just draw a circle with some lines coming out of it, that’d be fine, because then people can have fun guessing what it is. A sun? A lion? Whatever the case, you simply can’t go wrong drawing on the wall.

    So what are you waiting for? Go give your parents a big, special surprise by drawing all over every wall in your house!


    Quelques années après dans les toilettes d’un bar fréquenté par les enfants de l’ère anti-autoritaire

    #enfants #pédagogie #dessin #éducation #parodie #wtf

  • C’est « marrant », sur FB, cette tendance à voir la haine facilement chez les autres...
    Votre compte est restreint pendant 29 jours
    Vos publications précédentes ne respectaient pas nos Standards de la communauté. Vous ne pouvez donc pas effectuer certaines actions, comme publier ou commenter.
    7 déc. 2023
    Votre publication ne respectait pas nos Standards de la communauté concernant les discours haineux
    4 nov. 2023
    Votre commentaire ne respectait pas nos Standards de la communauté concernant les discours haineux
    20 oct. 2023
    Votre publication ne respectait pas nos Standards de la communauté concernant les discours haineux

    #haine #médias #politique #démagogie #censure #morale #société #marabout #dialogue #culture #civilisation #éducation

  • L’éducation à l’évaluation de l’information, un défi sociétal majeur
    https://jouvenot.com/un-defi-societal-majeur-entretien-avec-monica-macedo-rouet-sur-son-ouvrage

    Mônica Macedo-Rouet aborde, dans son dernier ouvrage, un enjeu crucial dans notre ère numérique : l’éducation à l’évaluation de l’information. Dans cette interview, elle nous livre les clés de cette compétence essentielle à développer dès le plus jeune âge.

    Bonjour Mônica Macedo-Rouet, pourquoi avoir écrit ce livre… maintenant ?

    Mônica Macedo-Rouet : Pendant deux décennies après l’invention du Web, l’évaluation de l’information était un sujet relativement marginal. Avec l’arrivée des réseaux sociaux et la propagation des nouvelles fausses, douteuses ou biaisées en ligne, l’évaluation est devenue un défi sociétal majeur et une compétence essentielle à tout un chacun. Il suffit de regarder les exemples de désinformation sur la vaccination contre la Covid-19, les élections présidentielles au Brésil, ou encore la guerre en Ukraine. Or, cette compétence ne s’acquiert pas ou rarement de manière spontanée. Elle nécessite un apprentissage systématique et adapté aux différentes situations et âges de la vie. Mon livre « Savoir chercher : pour une éducation à l’évaluation de l’information » passe en revue un ensemble de recherches réalisées depuis trente ans, au niveau international, pour tenter de comprendre et d’expliciter les conditions d’un enseignement-apprentissage efficaces de la recherche et l’évaluation d’informations. L’évaluation est une compétence complexe, qui ne se résume pas à vérifier la conformité d’une information à certains critères, comme dans une check-list. Aujourd’hui nous avons des pistes prometteuses pour développer cette capacité chez internautes, dès le plus jeune âge. Mais il nous faut des théories plus solides et des preuves empiriques obtenues à travers des études rigoureuses, afin de pouvoir identifier plus précisément les contenus et méthodes les plus efficaces pour former à l’évaluation. C’est un problème actuel et socialement important.

    Une page de votre livre, ou un passage, qui vous représente le mieux ?

    M. M-R. : « Ce livre paraît au moment où le monde entier fait face à une gigantesque crise sanitaire, qui est aussi une crise de l’information (Zarocostas, 2020). Les discours scientifique, institutionnel, populaire et subversif concernant la maladie, sa prévention et ses traitements se juxtaposent de façon chaotique, et chacun peut mesurer l’impact profond des campagnes de désinformation sur les comportements, avec des conséquences parfois dramatiques. Ce contexte illustre de façon grave mais claire l’urgence d’inscrire l’éducation à l’évaluation de l’information comme un objectif prioritaire pour l’éducation des adolescents. Si plusieurs formes pédagogiques peuvent avoir un impact positif sur la culture et les compétences des jeunes, il existe également un risque que des interventions mal configurées aboutissent au mieux à une perte de temps, et au pire aux effets contraires à ceux attendus. Pour maximiser ses chances de réellement contribuer à la formation de l’esprit critique et à l’auto-défense du public face aux périls de l’information en ligne, l’enseignement de l’évaluation de l’information doit reposer sur des bases scientifiques solides. Cependant, il s’agit encore d’un domaine émergent, où beaucoup reste à inventer pour trouver un équilibre entre éducation formelle et informelle, et relever les défis aujourd’hui amplement reconnus d’éducation aux médias et à l’information. Les recherches dans ce domaine doivent se poursuivre en développant les collaborations internationales, la mise en place de méthodologies innovantes de formation et de recherche, et la publication de résultats. Il s’agit d’un enjeu primordial auquel doivent contribuer les chercheurs, les enseignants, les professionnels de l’information, les étudiants et les élèves. » (p. 208)

    Les tendances qui émergent à peine et auxquelles vous croyez le plus ?

    M. M-R. : Je ne sais si l’on peut parler de « tendances » en ce qui concerne l’éducation à l’évaluation de l’information. Les résultats de la recherche montrent que certaines approches pédagogiques ayant fait leurs preuves dans d’autres domaines, telles que l’enseignement explicite, sont celles qui marchent le mieux pour apprendre aux élèves à évaluer la qualité et la crédibilité des informations en ligne. Simplement, il n’est pas évident d’enseigner l’évaluation comme l’on enseigne les disciplines traditionnelles à l’école. Nous avons à la fois moins de recul et plus de diversité en ce qui concerne les savoirs mobilisés par l’évaluation de l’information par rapport aux disciplines scolaires traditionnelles. Si l’on peut parler de « tendance », je dirais que c’est justement le fait de ne pas considérer l’évaluation comme une discipline scolaire qui s’impose ces dernières années. Les recherches sur l’éducation à l’évaluation montrent au contraire qu’il est important d’enseigner l’évaluation dans toutes les disciplines et de mobiliser différents savoirs, formels et non-formels, afin d’augmenter les chances de généralisation de l’évaluation à tous les domaines. Car évidemment on ne veut pas que les élèves évaluent l’information uniquement quand leurs enseignants ou leurs parents le leur demandent. Il faut que chacun puisse s’émanciper par rapport à la désinformation, en sachant « quand » et « comment » évaluer les messages qui nous parviennent, soient-ils diffusés par des influenceurs dans les réseaux sociaux ou par des sources officielles ne dévoilant pas leurs intérêts aux yeux de tous.

    Si vous deviez donner un seul conseil à un lecteur de cet article, quel serait-il ?

    M. M-R. : Bien faire attention à la source des informations quel que soit le sujet que l’on aborde, y compris à propos des méthodes pour apprendre à évaluer l’information. Il existe une multitude de sites, logiciels et services pour apprendre à distinguer « le vrai du faux », vérifier la crédibilité des informations, et identifier les « bonnes sources ». Certains sont basés sur des savoirs professionnels ayant fait leurs preuves dans des domaines spécifiques (ex., Les décodeurs/fact-checking), d’autres relèvent d’initiatives purement commerciales qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’éducation et la formation des individus. Même lorsqu’elles sont fondées sur des savoirs professionnels, ces applications peuvent ne pas être efficaces pour l’apprentissage car elles font l’évaluation « à la place » de l’individu. La seule manière de savoir si une méthode ou un outil est efficace pour l’apprentissage est de se tourner vers des sources qui fondent leurs arguments sur des données objectives. Plusieurs initiatives en ce sens ont vu le jour ces dernières années, tels que les sites « What Works Clearinghouse » (IES, États-Unis), « What the research says » (Becta, Angleterre ; archives), ou encore les notes du Conseil Scientifique de l’éducation nationale (Notes du CSEN, France). Un bémol est que ces sources ne détaillent pas les éléments qui rendent l’enseignement efficace. Il y a donc un travail de « traduction », ou plutôt d’adaptation, des conclusions des études par l’enseignant ou le concepteur d’un site ou service, en pistes d’actions concrètes.

    En un mot, quels sont les prochains sujets qui vous passionneront ?

    M. M-R. : Le rôle du contexte, de la motivation et des croyances personnelles des individus dans l’évaluation de l’information est un sujet que je souhaite développer. Je veux comprendre comment ces aspects non purement cognitifs influencent l’évaluation de l’information et des sources dans la vie quotidienne, que ce soit sur Internet ou dans d’autres lieux et moyens d’information. Un autre sujet est bien sûr l’impact de l’intelligence artificielle sur l’évaluation de l’information et des sources. Pour le moment, ChatGPT par exemple ne permet pas d’identifier les sources des textes générés automatiquement. Quelle est la crédibilité que l’on peut attribuer à ces textes dans ces conditions ? Indépendamment du contenu, peut-on dire qu’un texte est crédible lorsque l’on connait pas l’origine de l’information ? Ces questions seront sans doute au cœur des recherches et débats sur la recherche et l’évaluation de l’information dans les années à venir.

    Merci Mônica Macedo-Rouet.

    Merci Bertrand Jouvenot.

    Le livre : Savoir chercher : Pour une éducation à l’évaluation de l’information, Mônica Macedo-Rouet, C&F Editions, 2023.

    #Mônica Macedo-Rouet #Savoir_Chercher #Education_media_information

  • Grandir informés. Les pratiques informationnelles des enfants, adolescents et jeunes adultes - Les Cahiers pédagogiques
    https://www.cahiers-pedagogiques.com/grandir-informes-les-pratiques-informationnelles-des-enfants-a

    Après son livre Grandir connectés (paru en 2015), Anne Cordier, spécialiste des sciences de l’information et de la communication, a choisi de garder le contact avec les adolescents qu’elle avait rencontrés pour poursuivre son enquête sur les modes d’information des jeunes. Elle croise dans ce nouveau livre les expériences individuelles et des données plus quantitatives, et veut tourner le dos aux fantasmes, aux injonctions et aux querelles stériles sur l’usage des écrans par les jeunes.

    Grandir informés propose « une flânerie » en onze chapitres, à lire dans le sens que l’on veut. Ils traitent de ce qui se passe « à l’école », en famille, ou dans les « écoles de l’information hors la classe » (au travail, dans les loisirs ou en politique) ; ils abordent les émotions, le « paysage informationnel et médiatique », ou encore les « exclusions et privilèges ».

    Chaque chapitre repose sur un ou plusieurs extraits d’entretiens d’Anne Cordier avec l’un ou l’une des jeunes auprès desquels elle enquête, et ce dialogue est ensuite prolongé de ses réflexions et analyses. Le chapitre « Exclusions et privilèges », par exemple, rapporte des échanges avec Zoé, et avec Louise.

    Attardons-nous quand même encore un peu sur la conclusion. Anne Cordier y fait quelques mises au point fortes et plusieurs propositions.

    Première mise au point : « il apparait inconcevable, au regard des enquêtes menées auprès des jeunes publics, d’envisager de faire disparaitre de leur écosystème informationnel et social les réseaux sociaux numériques » (p. 307). Donc, il faut faire avec et, surtout, ne pas laisser les parents seuls face à la responsabilité de prendre seuls en charge cette « éducation sociétale ». Mais sans les disqualifier pour autant.

    Deuxième mise au point : l’injonction paradoxale à laquelle sont soumis les jeunes ‒ être connecté à un espace d’information infini, mais maitriser ses usages, son temps et ses données, une « tâche incroyablement difficile et exigeante » ‒ s’accompagne d’une forme de mépris véhiculé par les discours politiques sur leurs pratiques informationnelles. Or, « on ne fait pas société dans le mépris et la défiance envers l’autre » (p. 308).

    Anne Cordier insiste donc pour que les institutions, au premier rang desquels l’école, prennent en charge l’éducation aux médias et à l’information

    #Anne_Cordier #Education_médias_information

  • [Émissions spéciales] cycle de 3 trois films sur le Métro3
    https://www.radiopanik.org/emissions/emissions-speciales/cycle-de-3-trois-films-sur-le-metro3

    En trois ans, trois films où des citoyen.ne.s se posent des questions fortes et universelles sur ce que devient leur ville avec ces travaux cataclysmiques du Métro 3. On revient sur l’expérience de ce triptyque avec les trois équipes en plateau, et plein d’extraits, de témoignages et de musique.

    Ces films de la série documentaire les #ateliers_urbains peuvent être retrouvés sur le site du Centre Vidéo de #bruxelles ou en teasers sur la chaine des Ateliers Urbains.

    Avec Geoffrey Mauger, Samira Hammouchi, Benjamin Delori, Mokhtaria el Montassir, Halimasadia Ougas, Yeter Yildirim, Louise Labib, Liévin Chemin, Pierre Chemin, Félicien Dufoor, Chérine Layachi, Mohamed (...)

    #histoire #gentrification #schaerbeek #documentaires #éducation_permanente #metro3 #vie_immigrée #vie_commercante #histoire,bruxelles,gentrification,schaerbeek,documentaires,éducation_permanente,metro3,ateliers_urbains,vie_immigrée,vie_commercante
    https://www.radiopanik.org/media/sounds/emissions-speciales/cycle-de-3-trois-films-sur-le-metro3_16924__1.mp3